« L’Algérie qui bouge »
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Il est le président créateur de
l’Association Algérienne enfance et Familles d’Accueil Bénévoles
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TEMI TIDAFI : LES ENFANTS SONT NES POUR ETRE HEUREUX !
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Briser les tabous, aller à l’encontre des traditions coriaces et implacables n’est pas une mince tâche. Pourtant, pour les enfants abandonnés, nés sous X comme ils sont communément désignés, M. Temi Tidafi, l’un des plus communs des citoyens, a dérogé aux règles et a fini par prendre le taureau par les cornes et a foncé droit sur la législation en vigueur pour le bien-être de cette frange de la population. Un combat de longue haleine pour cet avocat de métier et de vocation puisqu’il prendra sans jamais demander de contrepartie la défense des orphelins. Il commencera ainsi par appeler les concernés les enfants privés de famille. Tout simplement. Pour leur marquer ce respect auquel a droit tout être humain. Surtout quand il est le fruit d’une union dont il ne peut être responsable. Non seulement cela, mais depuis 1983, ces enfants nés dans l’illégitimité ont droit à un peu de compassion que M. Tidafi leur prodigue contre vents et marées, contre une administration rigide, qui œuvre dans la sourde oreille et qui tente par tous les moyens de casser une initiative venue du cœur. A cet appel du cœur, il a été adjoint à force de crier et de taper à toutes les portes, de citoyens surtout, cette réponse d’adhésion spontanée et bénévole ramassée de bouche à oreille non sans cette conviction que c’est pour le bien d’autrui. Comme prôné par notre religion, par Dieu et appliqué depuis des siècles par notre société. Même si le blocage s’est fait une œillère de ce « haram » (péché), cette ambiance de rejet, de non recevoir, est née tant bien que mal, l’Association Algérienne Enfance et Familles d’Accueil Bénévoles, présidée par M.Tidafi, entouré de gens de bonne volonté. L’idée qui a germé au début des années 80 a fini par voir le jour dans un climat des plus austères. Portes fermées, dialogues de sourds, bâtons dans les roues… dans le but de laisser cette action dans l’ombre et tenir les enfants illégitimes dans le secret comme de si rien n’était.
Alors, devant ce refus de voir la réalité de la société en face et de sortir des victimes innocentes de la prison des mentalités rétrogrades, de l’intolérance générale, de petites gens, des artistes et des Hommes de bonne volonté ont uni leurs forces et se sont retroussé les manches afin d’attaquer le chantier de l’amour pour tous, une place au soleil pour tout un chacun, né de parents connus ou inconnus… Des objectifs qui ont eu raison à force de persévérance de toutes les contraintes sociales et traditionnelles qui soient.
Monsieur Tidafi, encouragé par les membres de l’association de plus en plus nombreux au fil des années, de séminaires en rencontres, d’actions multiples et de forcing médiatique, a fini par arriver aux projets initiaux tracés au cours d’assemblées générales dont la dernière remonte à la fin de l’année dernière. Bilan et perspectives devant ce qui, encore et toujours, se met en travers des travaux colossaux réalisés et les bonds en avant réussis dans ce qui allait devenir l’adoption par la kafala ; un rêve devenu réalité après que, aujourd’hui, plus de 1 200 bébés ont pu être placé dans des foyers. Ainsi en est-il après que cette proposition d’adoption avec concordance des noms des parents adoptifs et de l’enfant adopté ( kafil et makfoul ) a été accordé lors d’une fetwa décrétée par le Haut Conseil Islamique( HCI). Fetwa suivie par un décrt promulgué en février 1992 par le gouvernement Ghozali. Des aménagements administratifs qui ne dérogent aucunement aux règles, puisque point de tabbani (adoption pure et simple) interdite en Islam. D’ailleurs, depuis cette intervention, il a été adjoint au nom de l’AAEFAB, « Zaïed » le prénom du fils makfoul par du Prophète Mohamed.
Beaucoup d’heureux depuis, entre parents sans enfants et enfants sans parents. Un foyer pour tous ceux qui ne cessent d’égayer de leurs cris la vie des pouponnières entières.
De ces dernières, deux ont été érigées par l’AAEFAB : Djenenae El Khir de Hadjout (ouverte en 1987) et Amel de Palm Beach. La prise en charge des bébés de la naissance à leur placement n’est pas de tout repos et menace à tout moment de s’arrêter, n’étaient les prospections du président de l’association dans le but de ramasser des fonds d’aide au fonctionnement de ces institutions qui ne bénéficient d’aucune aide de l’Etat. Le cri d’alarme de M. Tidafi qui, malgré de sérieux ennuis de santé, continue de courir les bureaux, d’écrire, de solliciter la solidarité officielle et de la base pour venir au secours de centaines d’enfants.
Des enfants nés pour être heureux mais qui risquent de finir dans la souffrance si ces pouponnières privées, les premières en Algérie, n’ont pas les moyens d’assurer le gîte, du moins à l’aube de leur venue au monde. Alors du slogan : informer pour mieux agir, le président de l’AAEFB, les associations en font leur cheval de bataille dans un combat quotidien, des journées d’étude sont organisées en vue de sensibiliser et de se faire entendre. Parce que dans les maternités des hôpitaux où le plus grand nombre des bébés est recueilli, la situation frôle à la catastrophe. Il y a des bébés qui vivotent dans ce pavillon plus de trois mois sans arriver à être placés en pouponnière. Il y a eu comme ça des actions isolées mais sans suite : la récupération du pavillon Marhaba de Diar Errhma de Birkhadem, ouvert en abri parental au mois de novembre 2000 avec l’aide de la solidarité nationale. En plus de l’octroi de 500 000 DA cette année.
Il y a aussi cette convention triennale signée par l’ex-gouverneur du Grand-Alger à hauteur de 9 millions de dinars mais suspendue depuis. Du côté de l’association, il a été ouvert une école de formation qualifiante en direction des futures berceuses grâce à des échanges avec des associations étrangères qui prennent en charge ces stages. 4 ont eu lieu en France. Un autre projet, celui d’ouvrir un Institut Méditerranéen de la petite enfance dont le siège est prévu au parc zoologique… et qui attend d’âtre concrétisé. Peut-être une prochaine autre victoire après celle d’avoir pu donner dans la légalité un père et une mère à des enfants nés, eux aussi, pour être heureux. C’est tout le bonheur mérité de Tidafi et son équipe.
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article de Saliha Aoues
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