Dernière reine de l’Egypte antique
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L’Egypte, pays situé au nord-est du continent africain, entre la mer Méditerranée au nord, la presqu’île du Sinaï et la mer Rouge à l’est, le désert libyque à l’ouest, et le Soudan au sud, est le plus ancien (avec la Mésopotamie) foyer de civilisation du monde.
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Au temps des premières pyramides
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Ce pays, qui s’étend sur un peu plus de mille kilomètres des côtes méditerranéennes jusqu’à son voisin soudanais, est, pour paraphraser l’historien grec Hérodote (484-425 av. J-.C), «un don du Nil». Ce très long fleuve, le plus long du monde (6700 km), prenant ses sources dans la région des Grands lacs (Afrique australe), alimenté par les pluies tropicales, arrose l’Egypte par ses eaux et les limons qu’il charrie et fait de sa célèbre vallée des terres parmi les plus riches et les plus fertiles du monde. Par ce fait naturel exceptionnel et avec la conjugaison d’autres facteurs (situation géographique, facteurs humains etc.), ce pays a vu la naissance de l’une (sinon la première) des plus anciennes civilisations humaines. Les crues de ce fleuve majestueux et le climat conjugués au labeur des hommes permettaient trois récoltes annuelles, ce qui a abouti à la longue à accumuler les richesses et des surplus conduisant à un essor urbain rapide et presque unique par sa splendeur et son rayonnement.
Déjà, au début du quatrième millénaire avant l’ère chrétienne, la
période historique y avait débuté avec l’invention de la plus ancienne
écriture connue (avec, bien sûr, l’écriture cunéiforme mésopotamienne),
les hiéroglyphes (ou écriture sacrée), qui permettaient de dater et de
transcrire les événements pour la postérité passant ainsi de la période
préhistorique à la période historique proprement dite.
Cette contrée a vu le concentration de tribus qui se sont sédentarisées
et bâtissant, avec le temps, une civilisation urbaine par l’émergence
de cités et de villes nombreuses comme Thèbes, Memphis, This, Kais,
Héliopolis, Abydos… Une forme d’organisation politique et sociale vit
le jour avec l’apparition des royautés dans le Delta (ou Basse Egypte,
au nord) et au sud (la Haute Egypte), bientôt réunies vers -3600 pour
former un Etat fort symbolisé par les constructions majestueuses des
pyramides entre autres
L’empire d’Egypte a connu, depuis, plusieurs étapes, des évolutions qui
l’ont conduit à imposer sa domination sur toute la région s’étendant au
nord de la Phénicie (Palestine et Liban actuels) et même jusqu’aux
monts Taurus (sud de l’Asie mineure ou Turquie). Evidemment, les
périodes de prospérité alternaient avec les périodes de décadence, ce
grand pays subissant à son tour les invasions d’autres peuples (les
Hittites et les Peuples de la Mer venus du nord, ou la conquête des
Berbères arrivés de l’ouest). Plus tard, ce fut au tour des Perses
d’imposer leur volonté pendant une courte période. Les Macédoniens
arrivèrent ensuite, conduits par l’un des plus grands stratèges
militaires de l’histoire, Alexandre le Grand (356-323 av. J-.C), qui a
érigé la ville qui porte encore son nom, Alexandrie, vite devenue l’une
des plus grandes villes et ports de la Méditerranée. Ses héritiers, les
Lagides (306-30 av.J.-C.), formèrent la dynastie régnante à laquelle
appartient Cléopâtre, leur dernière ascendante avec laquelle se termine
cette lignée royale d’origine grecque.
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L’Egypte et le monde méditerranéen au 1er siècle av J.-C.
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L’Egypte était encore, en ce dernier siècle avant l’ère chrétienne, une
riche contrée mais avait beaucoup perdu de sa puissance. Plus grave,
elle était sans défense et exposée aux velléités hégémoniques des Etats
voisins et surtout du plus grand empire du monde méditerranéen, Rome
qui avait asservi la plupart des peuples antiques. Certes, la
civilisation égyptienne était toujours brillante, le pays produisait
encore énormément de denrées agricoles qu’il exportait, mais
connaissait aussi une décadence politique irrémédiable que la dynastie
régnante des Ptolémée n’avait pu arrêter, et pour cause, les
dissensions internes étaient fortes et les rivalités au palais royal
minaient le pouvoir central impopulaire.
Entre-temps, à l’ouest du Bassin méditerranéen, l’empire romain
s’agrandissait inexorablement, et tel un rouleau compresseur avait
victorieusement annexé la Numidie et la Maurétanie, la péninsule
Ibérique, la Gaule et l’Angleterre (appelée Albion), les territoires de
la Belgique et au-delà, ainsi que la Germanie et une grande partie de
l’Europe centrale. Les territoires au sud-est du Vieux Continent
(Grèce, les Balkans) étaient aussi tombés aux mains des Romains qui
ambitionnaient de conquérir les fertiles terres de la Mésopotamie et de
la Phénicie et les provinces voisines en Asie de l’ouest.
L’impérialisme romain ne connaissait aucune limite et nul Etat n’était
en mesure de lui faire face. Bien au contraire, les légions romaines
inspiraient la crainte et la terreur chez les peuples anciens et les
différents gouvernements sollicitaient l’amitié romaine et se mettaient
sous sa protection convaincus qu’il était préférable d’avoir Rome comme
amie que comme ennemie. L’Egypte n’allait pas déroger à la règle. A
cette époque, elle était gouvernée par Ptolémée XII, un monarque
dégénéré et impopulaire et qui vivait au milieu d’une cour accaparée
par la cupidité et minée par la corruption et la débauche. Ce n’est pas
par hasard si ce souverain ait été renversé par sa propre fille
Bérénice IV, en -58, pour s’emparer du trône durant trois années.
L’intervention étrangère symbolisée par Rome lui permit de reprendre
les rênes du pouvoir, et il en profita pour perpétrer nombre
d’assassinats dont celui de sa propre fille qui était la demi-soeur de
Cléopâtre, la future (et aussi la dernière) reine d’Egypte).
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Arrivée de Cléopâtre au pouvoir et lutte fratricide
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Cléopâtre (dont le nom signifie «la gloire de son père») était née durant l’hiver 69-68 avant l’ère chrétienne, à Alexandrie, d’une concubine égyptienne selon certains chroniqueurs pas toujours tendres avec elle. Elle avait assisté étant jeune aux événements survenus dans le palais royal et en fut profondément marquée, ce qui la poussa plus tard à user des mêmes méthodes pour garder seule le pouvoir. En effet, quand son père mourut en -51, il prit soin de partager le gouvernement entre elle et son frère, le turbulent et faible Ptolémée XIV qu’elle épousera d’ailleurs, car les coutumes étaient ainsi à cette lointaine époque. Malgré cela, une sourde rivalité pour le pouvoir les divisait et cela se termina par une guerre ouverte dans laquelle Ptolémée sortit victorieux. Alors, il entreprit de chasser sa sœur qui se réfugia avec quelques fidèles dans le Sinaï attendant une occasion propice pour rentrer en Egypte et prendre sa revanche, et par la même, récupérter le trône royal usurpé par son frère et mari.
Quand ces événements eurent lieu, Cléopâtre avait tout juste 18 ans. Les chroniqueurs et les historiens la décrivaient comme une reine douée de beaucoup d’intelligence, armée d’une volonté inébranlable, sûre d’elle et décidée. Elle avait l’esprit vif et une vaste culture dont elle usait dans la cour et avec les ambassadeurs. Elle était, également, polyglotte et passait de l’usage d’une langue à une autre sans difficultés. Son atout et sa principale qualité étaient sa beauté prodigieuse dont la renommée a traversé toutes les époques et son charme était aussi proverbial dans l’Antiquité. Elle a été toujours considérée comme la plus belle femme du monde. Autre trait que lui reconnaissaient les anciens : l’amour de sa patrie dont elle voulait sauvegarder l’indépendance coûte que coûte et reconstruire la puissance perdue et bâtir de nouveau la splendeur ancestrale. C’était son rêve et son ambition, et malgré ses fastes, contrairement à son père et à son frère, elle était aimée du peuple qui lui pardonnait ses nombreuses frasques.
L’occasion favorable pour elle pour revenir aux affaires politiques s’est présentée avec l’arrivée des cohortes romaines conduites par l’un des plus grands stratèges politiques et militaires de l’histoire, Jules César (101-44 av.J.-C.), passé par-là presque par hasard, alors qu’il guerroyait contre son rival le Grand Pompée. Ce dernier, réfugié à Alexandrie, fut décapité sur ordre de Ptolémée qui croyait faire plaisir à César et s’attirer, ainsi, ses faveurs et sa reconnaissance. Bien au contraire, le futur maître de Rome le châtia impitoyablement et occupa le pays. Loin de la capitale, Cléopâtre était, néanmoins, au courant de ce qui se passait grâce à ses espions qui la tenaient au courant de l’évolution des événements. Elle se fit conduire, un jour, en usant de stratagème dont elle avait le secret, auprès du généralissime romain qui fut subjugué par sa beauté légendaire, l’épousa (ils eurent un garçon qu’ils appelèrent Ptolémée-Césarion) et, enfin, la replaça sur le trône de l’Egypte après avoir chassé son frère. A cette date, elle avait tout juste vingt ans et, lui, était dans sa cinquantième année.
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Cléopâtre, maîtresse de l’Egypte (44-30 av. J.-C.)
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Assurée du soutien de l’armée romaine, Cléopâtre ne perdit pas de temps et se débarrassa vite de ses ennemis qu’elle assassinait sans état d’âme, ce qui était la règle en ces temps-là. Puis, elle entreprit d’organiser l’Egypte en encourageant l’agriculture, en assainissant le commerce, et en réformant les finances projetant de replacer son pays dans une situation meilleure et conforme à son histoire millénaire et à sa civilisation sans doute la plus évoluée à une certaine époque. Cléopâtre partit à Rome en -46 pour rejoindre son mari, y resta deux ans mais était profondément détestée par les habitants qui craignaient son ascendant sur Jules César. Ce dernier, d’ailleurs, fut assassiné par ses ennemis en -44, et elle dut s’enfuir vers l’Egypte de peur d’être elle aussi la victime d’une action homicide.
Les événements se succédant à une allure vertigineuse, une guerre civile éclata dans l’empire romain entre trois prétendants riveuse : Octave Auguste, le fils adoptif de César, Marc Antoine, son ami et compagnon de guerre, et un arriviste, ignare mais richissime, Lépide. Tous les trois se partagèrent les territoires de Rome. L’Egypte échut à Marc Antoine qui, à son tour, aima profondément la veuve de César, l’épousa, eut trois enfants d’elle (parmi eux Cléopâtre Séléné qui épousa plus tard le roi berbère Juba II de Maurétanie), et entra en guerre contre le futur empereur Octave Auguste. Ce conflit armé dura quelques années et se termina par la grande et fatidique bataille maritime près de l’île d’Actium (en mer Egée) en 31 av. J.-.C. Cette défaite scella le sort de Marc Antoine qui se donna la mort. Apprenant cette funeste nouvelle et celle du désastre naval de son armée et refusant de tomber aux mains du vainqueur, Octave Auguste, qui lui vouait une haine farouche et voulait l’humilier en figurant dans son triomphe (ainsi était la coutume à Rome), Cléopâtre se suicida en se faisant piquer par un aspic. Ainsi, finit l’épopée de la reine la plus célèbre de l’Antiquité (et sans doute du monde) et qui venait d’avoir 38 ans à peine. Avec sa disparition tragique, l’Egypte perdit définitivement son indépendance et devint une simple province vassale de Rome et pourvoyeuse de blé et d’esclaves pour sa puissante maîtresse durant plusieurs siècles.
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23-04-2008
Mihoubsi Rachid
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Les descendants de Cléopâtre
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Cléopâtre a eu des descendants : un fils de César, qu'elle a nommé Césarion, et 3 enfants (deux garçons - une fille) de Marc-Antoine (successeur de César): Alexandre-Hélios, Ptolémée, et Cléopâtre-Sélénée. Le pharaon Ptolémée XII laissait à sa mort le trône à ses deux enfants, sa fille Cléopâtre et son fils Ptolémée, pensant qu'unis sous les liens du mariage, ils régneraient ensemble. Les mariages entre frère et sœur étaient alors en usage en Égypte. Ni l'un ni l'autre n'entendent partager le trône, et Ptolémée s'empresse d'enfermer sa sœur. Cléopâtre, jolie, ambitieuse et fort intelligente, voit dans l'arrivée de César à Alexandrie, l'appui qu'elle peut tirer de Rome. Elle se fait conduire jusqu'à César, enroulée dans un magnifique tapis. César tombe amoureux de Cléopâtre et lui offre de la protéger dans son palais. Ptolémée se noie dans le Nil lors d'une bataille. César remet le trône d'Égypte et de Chypre à Cléopâtre. Elle lui donne un fils, Césarion. César fut assassiné en 44 (av. J.C.). Cléopâtre décida, deux ans après la mort de César, de couronner Césarion roi. Il gouvernerait conjointement avec elle. Le jeune garçon ressemblait beaucoup à son père. Il était vif, brillant et charmant. César mort, son ancien lieutenant, Antoine, et son héritier, Octave se partagent l'Empire: l'Occident à Octave, l'Orient à Antoine. Cléopâtre rencontre Antoine qui fut ébloui non seulement par le faste et la splendeur de cette reine d'Égypte, mais aussi par sa beauté, son intelligence et son esprit. En 36 av. J.C. ils se marient. Quelques années plus tard, Cléopâtre donne naissance à des jumeaux, un garçon et une fille, nommés Alexandre-Hélios et la belle Cléopâtre-Sélénée qui épousa en l'an 20 av. J.-C. Juba II roi de Mauritanie.
Ils bénéficièrent de titres royaux et furent faits monarques des territoires d'Antoine. Plus tard elle donne naissance à un autre garçon, Ptolémée.
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