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Le respect de la conscience humaine
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Dans le débat actuel sur la crise tant morale qu’intellectuelle que nous autres musulmans connaissons de nos jours où notre tradition religieuse est idéologisée et pervertie par les semeurs de haine et de terreur, notre déclaration de résistance face à l’offensive terroriste qui se drape derrière des motifs spirituels gauchis requiert une affirmation de taille.
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C’est l’impératif absolu du respect de la conscience humaine. Cet impératif est non négociable. Il ne saurait faire l’objet de la moindre délibération. Il est le préalable à toute œuvre démocratique, d’abord celle des esprits au niveau individuel comme une révolution opérée dans les mentalités des citoyens, avant de prétendre mener celle des nations entières pour l’émancipation et la liberté. La dignité de l’homme réside dans son aptitude à répondre librement, oui ou non, à l’appel transcendant en homme affranchi et conscient. Le libre choix politique va de pair avec le libre examen métaphysique. Comment peut-on s’imaginer un instant pouvoir contraindre par la coercition ou par la menace, croire imposer par la terreur et la violence ou même par une simple injonction inquisitrice, à ce qui relève en principe d’une adhésion personnelle spontanée, immédiate dans un acte libre d’un être libre ? L’engagement de foi se fait toujours dans l’intimité profonde de la conscience inviolable. Il ne peut y avoir dans ce domaine aucune intrusion d’un tiers. Personne n’est comptable envers quiconque de ses croyances et de ses référents métaphysiques. Seul Dieu sonde les cœurs. Le pire des méfaits serait alors un crime de lèse-conscience. Il est temps donc de finir résolument avec cette conception surannée de vouloir « perpétuer » la foi en l’imposant par un moyen ou par un autre, ou pire encore, contrôler toute velléité de tiédeur ou de renoncement. D’aucuns s’érigent comme des procurateurs zélés pour attester de la pureté originelle du message révélé. D’autres s’autoproclament défenseurs exclusifs de la religion « vraie », et au lieu de l’honorer par un comportement doux et aimant exemplaire, ils la bafouent par leurs exactions meurtrières. Et malheur à celui qui ose mettre en cause les constantes intangibles immuables ! Malheur à celui qui affiche l’outrecuidante mise en doute des vérités établies… Il est irrecevable de nos jours qu’on soit encore dans une vision punitive de l’apostasie, en décidant de châtier le renégat et d’occire tout simplement l’hérétique. Non seulement l’appréciation des rapports entre les êtres ne doit pas être déterminée par leur seul engagement religieux, mais cette approche exclusive – qui n’est en réalité qu’une dépréciation grave de la liberté — relève d’un état d’esprit vicié et altéré.
En l’occurrence, la Majesté de Dieu, Sa Miséricorde et Son inépuisable Bonté ne s’accommodent pas du fanatisme et ne sont pas honorées avec le chauvinisme extrémiste. Bien au contraire, elles laissent place à l’amour théologal puissant et incandescent. Elles donnent libre cours à l’oblation et à l’infinie tendresse. De nombreux versets coraniques militent dans ce sens. Pourquoi ne sont-ils pas médités, intériorisés et appliqués ? Les relations vraies entre les êtres, et notamment celle d’adoration établie avec Dieu Clément et Miséricordieux, doivent être toujours fondées sur l’inclination et l’élan amoureux. Elles n’obéissent à aucune coercition, ni manifeste ni voilée. Elles s’établissent toujours dans le secret insondable de l’âme. Elles sont le fruit du don incommensurable de la foi. En témoigner dans la Cité dans sa vie quotidienne doit se faire, en principe, dans des rencontres sereines et fraternelles en observant une éthique de la discussion et du dialogue franc et respectueux. Ce témoignage s’accompagne, dans ce cas, d’une sollicitude soucieuse et affectueuse du semblable par-delà son appartenance confessionnelle et quelles que soient ses options spirituelles et métaphysiques.
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