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Dans la province de Constantine régnait un calme auquel nous avions été peu accoutumés dans les autres parties de lae conquête. Les chefs des tribus, les gouverneurs de villes venaient, en foule, faire leur soumission; parmi ces derniers on remarqua surtout le caïd de Mila, petite ville placée à douze lieues de Constantine, sur la route du port de Djidjelli, et qui commande aussi les plaines de la Medjanah. L’investiture en fut donnée au caïd, et plus tard les troupes françaises vinrent y former un établissement permanent. Mila était destiné à devenir un poste important, comme base d’opérations, toutes les fois que les intérêts de lapolitique française exigeraient une intervention du côté de Stora, ou dans la direction des Portes de Fer.
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Bientôt après, le gouverneur général ordonna au général Négrier de faire une reconnaissance sur Stora. Cette opération, entreprise pour compléter la recherche d’une plus courte voie de Constantine à la mer, devait s’effectuer à travers un pays tout à fait inconnu, et dans lequel les Turcs eux-mêmes n’avaient pas osé s’aventurer depuis longtemps. Elle fut néanmoins accomplie avec un plein succès, et, contre toute espérance, on put l’étendre jusqu’au rivage. La colonne franchit les montagnes qui séparent le Rummel du bassin de Stora, et, n’apercevant point d’ennemis, s’avança jusqu’aux ruines de Rusicada. Cette marche hardie inquiéta les Kabyles, qui harcelèrent à son retour l'expédition, à laquelle pourtant quelques-uns de leurs chefs vinrent porter des assurances de paix. Dans cette rencontre les auxiliaires indigènes combattirent sous les drapeaux français, et furent presque seuls atteints par l’ennemi. La distance parcourue n’offrit à la marche des troupes aucune difficulté sérieuse le pays traversé était boisé, fertile et beau; l’établissement sur les ruines de la cité romaine demeura dès lors résolu; dès lors aussi, commença l’exécution de la route qui, par le camp de Smendou et celui de l’Arrouch, conduit, en trois marches, de Constantine à son port naturel.
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Trompé par des espérances que ses partisans lui faisaient trop légèrement concevoir, Ahmed Bey qui, depuis sa chute, errait dans le désert avec les cavaliers de quelques tribus qui ne l’avaient pas abandonné, s’était d’abord avancé dans le Djérid, non loin du point ou Abd-el-Kader avait, pendant quelque temps, dressé ses tentes. Il chercha ensuite à se rapprocher de Constantine, et n’en était plus qu’à cinq journées, lorsque le général Négrier, avec toutes ses forces disponibles, se porta au-devant de lui, comprenant bien qu’un tel voisinage jetterait de l’incertitude parmi les partisans français, et empêcherait les Arabes de se soumettre. Cette démonstration suffit pour faire reculer l’ancien bey, qui continua depuis ses intrigues, mais dont les tentatives restèrent toujours sans résultat.
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