.
Pour éviter la confusion, et afin de faciliter la marche de ce grand nombre de navires de tout rang, de toute allure, la flotte de guerre fut divisée en trois escadres, dites de bataille, de débarquement et de réserve, désignation qui indique assez le rôle que chacune d’elles devait remplir. Le convoi, composé de navires marchands, chargés du transport de différents approvisionnements et d’une petite portion de troupes qui n’avaient pu être logées a bord des bâtiments de l’état, fut aussi divisé en trois sections; enfin les navires destinés à prendre l’armée sur les grands vaisseaux pour la conduire à terre, forma une section spéciale, sous le titre de flottille de débarquement. Lorsque toutes ces dispositions d’ordre eurent été arrêtées, l’embarquement des troupes commença; et le général en chef leur adressa la proclamation suivante:
.
.
« SOLDATS,
.
L’insulte faite au pavillon français vous appelle au-delà des mers; c’est pour le venger que vous avez couru aux armes, et qu au signal donné du haut du trône, beaucoup d’entre vous ont quitté le foyer paternel.
.
Déjà les étendards français ont flotté sur la plage africaine; la chaleur du climat, la fatigue des marches, les privations du désert, rien ne put ébranler ceux qui vous ont devancés. Leur courage tranquille a suffi pour repousser les attaques tumultueuses d’une cavalerie brave mais indisciplinée; vous suivrez leur glorieux exemple.
.
Soldats, les nations civilisées des deux mondes ont les yeux fixés sur vous; leurs vœux vous accompagnent ; la cause de la France est celle de l’humanité; montrez-vous dignes de cette noble mission. Qu’aucun excès ne ternisse l’éclat de vos exploits; terribles dans le combat, soyez justes et humains après la victoire votre intérêt le commande autant que le devoir. Longtemps opprimé par une milice avide et cruelle, l’Arabe verra en vous des libérateurs; il implorera notre alliance. Rassuré par votre bonne foi, il apportera dans nos camps le produit de son sol. C’est ainsi que, rendant la guerre moins longue et moins sanglante, vous remplirez les vœux d’un prince aussi avare du sang de ses sujets que jaloux de l’honneur de la France.
.
Soldats, un prince auguste vient de parcourir vos rangs; il a voulu se convaincre lui-même que rien n’avait été négligé pour assurer vos succès et pourvoir à vos besoins. Sa constante sollicitude vous suivra dans les contrées inhospitalières où vous allez combattre. Vous vous en rendrez dignes en observant cette discipline sévère qui valut à l’armée qu’il conduisit à la victoire l’estime de l’Espagne et celle de l’Europe entière.
.
Le lieutenant général commandant en chef l’expédition,
Comte DE BOURMONT »
.
.
.
.
.
Les commentaires récents