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La lecture de la note ci-dessus irrita le dey au dernier point; sa réponse portait cependant l’empreinte de la modération. Il rappelait seulement :
1° l’affaire Bacri et les sept millions payés par le gouvernement français, et dont la régence et ses sujets n’avaient encore rien touché ;
2° les fortifications élevées par les Français à La Calle ;
3° la violation des traités de la part de la France, qui accordait des pavillons, des passeports et sa protection à des sujets des puissances étrangères qui n’avaient point de traités avec la régence.
Dès ce moment commença le blocus d’Alger et des côtes. La division navale qui se trouvait dans ces parages fut renforcée par les vaisseaux la Provence, le Trident et le Breslaw. De son côté, le dey ordonna au bey de Constantine de détruire les établissements français en Afrique, et notamment le fort de La Calle, qui fut ruiné de fond en comble, le 21juin, après que les Français l’eurent évacué.
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L’escadre s’occupa d’abord de resserrer dans le port d’Alger les corsaires algériens. Cependant quelques felouques parvinrent, à la faveur de la nuit et de leur faible tirant d’eau, à se soustraire à la surveillance des croiseurs, et causèrent de vives inquiétudes au commerce français. Le brick l’Arlequin fut capturé par elles à la hauteur d’Adra. Le 3 septembre, le navire le Macchabée, parti de Marseille avec un convoi qui se rendait au Sénégal, fut séparé de l’escorte par un fort coup de vent; à la hauteur du cap de Gate, il fut attaqué par une balancelle algérienne, qui s’en empara et le conduisit à Oran. Le lendemain, le brick de guerre le Cuirassier rencontra le corsaire et le navire capturé; la balancelle, qui était bien disposée pour la marche, parvint à se réfugier dans le port d’Oran; mais le Macchabée fut repris avec les neuf pirates qui le montaient. Le 14 et le 16 septembre, la corvette la Cornélie, la gabare l’Hécla et le brick le Faune, détruisirent des bâtiments algériens chargés de grains et de sel, malgré le feu très vif qui partait du rivage. Quelque temps après, la division navale chargée du blocus fut démembrée par le départ des vaisseaux la Provence, le Trident et le Breslaw, que l’on expédia dans le Levant. M. Collet mit son pavillon de commandement sur la frégate l’Amphitrite.
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Fatigué du blocus, le divan décida que la division mouillée dans le port d’Alger tenterait d’en sortir. Si cette entreprise avait eu le succès qu’on en attendait, la France aurait été forcée de modérer ses prétentions et de conclure au plus tôt un traité avec le dey. Le commandant Collet fit avorter cette entreprise, et sa conduite, dans cette circonstance, couronna sa belle carrière.
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Onze bâtiments de guerre algériens, dont une frégate de 44 portant pavillon de grand amiral, quatre corvettes de 20 et 24 six bricks ou goélettes de 16 et 18, ayant en tout 3,260 hommes d’équipage, sortirent du port d’Alger dans la nuit du 4 octobre 1827, avec la mission de se livrer à la piraterie dans la Méditerranée et même dans l’Océan. Ils se dirigèrent vers l’ouest, serrant de près la côte. M. le commandant Collet rallia à lui la frégate la Galatée, les bricks le Faune, la Cigogne, et la goélette la Champenoise, et refoula l’escadre algérienne dans le port, après l’avoir bien maltraitée. Le vent était fort et la houle portait à terre; cependant, la frégate du commandant reconduisit l’ennemi à coups de canon jusque sous les batteries de la baie. Le combat s’engagea vivement à midi et demi; à deux heures et demie, l-escadre algérienne se mit sous la protection de ses batteries, et pendant la nuit elle rentra dans le port.
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Le dey, qui comprenait toute l’importance de cette tentative, avait promis cent mille piastres à l’équipage qui s’emparerait d’une des frégates françaises, et mille piastres fortes par canon, indépendamment d’un riche caftan et d’un sabre de prix pour le commandant. Toutes ces promesses restèrent stériles. Les Algériens furent repoussés et avouèrent quatorze morts et soixante-deux blessés.
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