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L'outrage fait à M. Deval fut vivement senti en France. Malgré l’opposition formidable qui existait alors contre le gouvernement, on vit avec joie partir les bâtiments qui devaient venger l’insulte faite. La division navale dont le Moniteur avait annoncé le départ était commandée par M. le capitaine de vaisseau Collet; elle se composait du vaisseau le Diadème, des frégates l’Aurore, la Cybèle, la Vestale, la Constance, la Marie Thérèse, commandées par MM. de Villaret-Joyeuse, Maret, d’Oysonville, Lenormant de Kergrist et Fouque, capitaines de vaisseau; des bricks le Cuirassier, le Faune, l’Adonis, de la gabare le Volcan, des goélettes la Torche, l’Alsacienne et l’Étincelle; en tout treize bâtiments.
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La goélette la Torche, commandée par M. Faure, capitaine de frégate, mouilla en rade d’Alger le 11juin 1827, et remit au consul Deval des dépêches du gouvernement français, qui lui ordonnaient de quitter sa résidence. Celui-ci se rendit à bord le 15, et fit publier une ordonnance qui enjoignait à tous les Français résidant à Alger de quitter cette ville et de s’embarquer immédiatement. De son côté, le dey s’empressa de les prévenir que son intention n’avait été ni d’insulter la France ni de se mettre en guerre avec elle; que ses discussions avec le consul lui étaient purement personnelles, et qu’ils pouvaient rester paisiblement dans ses états, où il les protégerait de tout son pouvoir. Malgré ces protestations, l’ordre du consul fut exécuté : M. Jobert et sa famille, ainsi qu’un prêtre, en tout sept personnes, se rendirent à bord de l’escadre. Alors une note diplomatique fut remise au dey par l’intermédiaire du consul de Sardaigne. Le commandant Collet y tenait un langage digne de la France; mais, il faut le dire, Louis XIV, vainqueur des Algériens, leur avait imposé des conditions moins humiliantes lorsqu’il eut à venger, non pas seulement une insulte, mais la mort de son consul, mis à la bouche du canon. On en jugera par le texte même de cette note :
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« 1° Les principaux personnages de la régence, à l’exception du dey, se rendront à bord du commandant pour faire, au nom de ce prince, des excuses au consul français.
2° A un signal convenu, le palais du dey et tous les forts devront arborer le pavillon français et le saluer de cent un coups de canon.
3° Les objets de toute nature, propriété française, embarqués sur les navires ennemis de la régence, ne pourront être saisis.
4° Les bâtiments portant pavillon français ne pourront plus être visités par les corsaires d’Alger.
5° Le dey, par un article spécial, ordonnera l’exécution dans le royaume d’Alger des capitulations entre la France et la Porte ottomane.
6° Les sujets et les navires des états de Toscane, de Lucques, de Piombino et du Saint-Siège, seront regardés et traités comme les propres sujets du roi de France. »
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