.
.
.
.
.
Je m’appelle Yamina Berrabah, j’ai 47 ans, le bonheur et l’insigne honneur
d’être algérienne. Ce grand pays, si sauvage, si beau, que j’aime de tout mon
cœur, de toutes mes forces. Au point d’avoir consigné mes merveilleux souvenirs,
bien que parfois douloureux, dans un roman autobiographique intitulé :
«
Algériennes à perpétuité » !
.
.
.
Sans commentaire !
.
.
.
BERRABAH, Yamina.
ISBN 2-7475-3960-1
Coll. Ecritures arabes. Paris, L'Harmattan,
Algériennes à perpétuité.
282 p.
2003
Roman.
.
.
.
.
Cependant, il semble que nous sommes toujours «emprisonnés» dans un «casino» labyrinthique où notre ouïe est martelée par ce son assourdissement «faites vos jeux rien ne va plus !».
En fidèles et dévoués héritiers de Jugurtha et d’Abdelkader, nous n’avons jamais cessé de faire le troc de notre sang contre la liberté, et voilà que nous demeurons toujours un gibier de potence!
C’est vrai que nos éminents politologues et économistes excellent dans les études diagnostiques qui nous sont «offertes» sur les colonnes des journaux quant à ce «rien-ne-va-plus», et proposent même des potions magiques qui nous réconfortent et nous font rêver, en vaniteux «pétrolés», du pays d’Alice et de la cité de Platon. Hélas, d’autres «maudites» senteurs exhalées par «les fleurs du mal» de Khalifa consortium, nous laissent intrigués devant le «je-n’étais-pas-intelligent» ou le «si-l’administration-avait-fait-ceci» ou encore «si-les-inspections(teurs)-étaient-formées(es)», etc.
Tous, nous aspirons à l’idéal, en regardant cet «au delà» exemplaire, comme si on cherchait à nous en identifier à travers le miroir magique «armés» par la paresse et l’éternelle critique négative dont le box des accusés n’est autre que la carte présentée dans notre «météo»! Décidément, pour sortir de la lampe d’Aladin, pense Khelfaoui, il nous faut une «rokia» contre ce mauvais oeil qui ne cesse de larguer ses «bombes» paralysant nos cerveaux et nos bras.
.
.
.
par El-Guellil
In "Le quotidien d'Oran" (très belle ville)
du 11-2-07
.
.
.
Tant qu'à y être :Voici comment fabriquer une bombe avec sa tête...
.
L’information
en Algérie c’est comme la viande d’un bœuf trop âgé: il faut l’avaler
morceau par morceau, l’un après l’autre, sinon on s’étrangle.
Ingurgiter cette viande d’un seul coup, vous bloquera la gorge, vous
fera manquer d’air puis vous enverra au ciel sous la forme d’un ballon
dégonflé incapable de justifier ses manques d’ablutions. En voici donc
un exemple: vous vous levez le matin, vous achetez un journal, vous y
lisez la suite du procès « Khalifa » à Blida. On vous y explique qu’un
homme a pu faire sortir 1 milliard deux cents millions d’euros dans des
sacs, pendant que l’Etat ne dormait même pas, sans provoquer pas même
des éternuements, et que cela n’a presque dérangé personne ni a été
perçu comme une atteinte à la sécurité économique de l’Etat, une
infraction aux règles prudentielles des banques algériennes, un risque
pénal ou une impolitesse. Cela s’est fait normalement dans ce pays qui
a été anormalement complice. Jusque-là, tout va bien au pays qui va
mal. Cela vous choque un peu mais pas au point de vous convertir en
avocat ou en médecin sans frontière. Cela heurte légèrement votre sens
des proportions au regard des sommes détournées, mais cela entre dans
le cadre large de ce qui se passe depuis 1962. Donc vous pouvez
refermer le journal et reprendre le poids du monde sur votre dos pour
le transporter jusqu’au prochain crépuscule. Vous pouvez par ailleurs
vous lever le lendemain, acheter un autre journal et y lire une autre
information: sur 700 dossiers « agréés » par une agence nationale
d’aide à l’emploi de jeunes, 13 dossiers seulement ont été acceptés par
les banques algériennes. Le taux est le même un peu partout dans le
reste du pays. La raison ? Les banques ont leurs raisons: il s’agit des
fameuses règles prudentielles quant au financement des primo-projets
peu garantis et peu fiables. Pour des crédits qui balancent entre les
sommes de 50.000 DA et 400.000 DA, les banques algériennes, et
l’Algérie qui les couve, ont des hésitations, craignent des
détournements, prétextent des soupçons et cherchent à ne pas perdre en
misant sur des jeunes qui ont peu d’expérience et pas assez de chance,
ne possèdent presque rien et pas même une chaloupe pour tenter la mer
et l’Espagne. Vous lisez cette information, puis vous reprenez votre
part du poids du cosmos pour le transporter jusqu’à chez vous en fin de
journée. Il n’y a rien d’anormal et cela heurte si légèrement votre
conception égalitariste de l’égalité de chances en Algérie et vous fait
penser brièvement à votre enfant que vous avez accouché mais qui n’est
pas encore né. Le problème, le drame, le crash, l’effondrement, la
dépression nerveuse et l’appel à une meilleure réincarnation même sous
la forme d’un bouchon de limonade aux USA, c’est quand vous mettez côte
à côte l’information du jour avec l’information d’hier. Que doit penser
un Algérien qui met côte à côte le cas de Rafik Khalifa, jeune
Anglo-Algérien de 36 ans, qui a fourni un seul dossier de demande
d’aide à l’emploi pour finir par employer l’Algérie tout entière, et le
jeune Algérien X qui ne demande que 50.000 DA pour acheter un four à
maïs pour justifier son existence face aux yeux de sa mère ? Rien. Cela
conduit tout juste à revenir vers les banques et la culture bancaire en
Algérie. Car il s’agit des mêmes banques qui expliquent qu’il faut être
prudent pour des sommes allant de 50.000 DA à 400.000 DA et ne rien
penser et ne rien voir lorsqu’il s’agit des sommes qui vont de 600.000
à 1 milliard 200 millions d’euros et plus. Le pays est ainsi: il
s’appelle l’Algérie et on peut le distinguer dans le concert des
nations à sa façon d’avoir deux cervelles, deux poids et mesures, deux
mains et dix mille têtes. On est tous Algériens mais on est pas tous
Khalifa. Cela aurait été terrible pour la nationalité de Londres.
.
.
.
.
par Kamel Daoud
In "Le quotidien d'Oran" (très belle ville)
du 11-2-07
.
.
.
.
Les commentaires récents