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L'opposition de Camus à l'indépendance de l'Algérie est venue aussi de la crainte qu'il avait de voir un régime totalitaire l'emporter en Algérie. Il l'a dit à Emmanuel Roblés, qui, relatant cette conversation, a écrit au sujet de Camus :
" Il pensait qu'une tendance fasciste, à l'intèrieur du Front, risquait de l'emporter " ( Cité par Emmanuel Roblés dans l'ouvrage de Mouloud Feraoun, Journal, Seuil, 1962, p.204, note 2 ).
Camus qui avait toujours lutté contre les régimes totalitaires ne pouvait pas donner son appui à un parti qui risquait d'imposer un tel régime en Algérie. A ses yeux, en effet :
" aucun des maux auquels on prétend remédier le totalitarisme n'est pire que le totalitarisme lui-même " (II, 1904).
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L'opposition de Camus à l'indépendance de l'Algérie est venue enfin et surtout de la crainte qu'il avait qu'une telle indépendance ne provoque le départ de la communauté française d'Algérie. Il pressent dès 1958 que ce départ sera inévitable si l'Algérie de demain est :
" dirigée par les chefs militaires les plus implacables de l'inserruction " (II, 899).
Lui qui a milité pour la libre expression des populations musulmanes en Algérie et pour qu'elles ne se sentent pas étrangères dans leur propre pays, milite à présent pour que des Français comme lui, qui se sentant Algériens, puissent demeurer en Algérie sans y être considérés comme des étrangers.
Mais il a commis l'erreur de penser que la population française et la population musulmane avaient un enracinement identique en Algérie. Il écrit :
" Les Français d'Algérie sont, eux aussi et au sens du terme, des indigènes " (II, 1013).
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En fait, l'enracinement des deux populations était fort différent. Il aurait fallu que Camus reconnaisse cette différence pour admettre qu'au regard de la justice, la population arabo-berbère musulmanr, qui vivait depuis toujours sur le terre algérienne, et qui, du fait de la colonisation, n'avait pas de patrie ni de nationalité propre, avait droit à une patrie et à une nation et que ce droit était plus fondamental que le droit des Français d'Algérie à demeurer en Algérie.
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Les accords d'Evian de mars 1962 reconnaîtront aux Français d'Algérie le droit d'y demeurer en y acquérant la nationalité algérienne sans perdre leur nationalité française. Mais à la suite des meurtres et des destructions commises par l'OAS et en raison de l'insécurité qui régna en Algérie durant l'été 1962, peu d'entre eux firent valoir leur droit à la nationalité algérienne.
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