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En conclusion de ce paragraphe : II - L'Algérie terre de déchirement , il convient de relativiser, sur certains points, l'opposition de d'Albert Camus à l'indépendance de l'Algérie.
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En premier lieu, il faut rappeler que Camus est mort le 4 janvier 1960, c'est à dire deux ans et demi avant l'indépendance. Il est possible que sa position ait évolué. En effet dans un texte rédigé en 1959, devant faire parti de son ouvrage le Premier Homme, Camus décrit le rêve qu'il fait d'une Algérie future. Celle-ci sera en rupture avec l'Algérie coloniale. La terre algérienne sera enlevée à ceux qui s'en sont accaparés injustement pour être rendue aux pauvres. Camus attachait de l'importance à ce texte au point de considérer qu'il pouvait servir de finale à son livre le Premier Homme.
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En second lieu, Camus doutait de l'objectivité de son jugement quand il s'exprimait sur l'Algérie. En janvier 1956 quand il lanca à Alger son Appel pour une trêve civile en Algérie, il déclara :
" Sur le fond du probléme algérien, j'aurais d'ailleurs [...] plus de doutes, peut-être, que de certitudes à exprimer " (II, 992).
En 1958 il réitéra ses doutes en écrivant :
" Je peux me tromper ou juger mal d'un drame qui me touche de trop près " (II, 901).
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En troisième lieu, il convient de rappeler l'attachement affectif profond de Camus pour la terre algérienne et aussi pour sa mère et pour les siens. Cette terre, le noblesse de sa famille, la pauvreté de son milieu social sont la source de ce qu'il est, de ce qu'il ressent. La crainte que les siens et lui-même n'aient pas leur place dans une Algérie indépendante lui fait écrire en juillet 1958 :
" L'algérie m'obsède. Trop tard, trop tard... La terre perdue, je ne vaudrais plus rien " C3, 251).
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Enfin, il convient de rendre justice à Albert Camus pour ses multiples interventions en faveur des militants nationalistes algériens, arrêtés et condamnés. Si durant ses dernières années, il n'a plus pris officielement la parole, il a continié à agir pour sauver des vies humaines et préserver un avenir franco-algérien menacé.
Rogez Quillot dans son commentaire des Chroniques algériennes, signale un grand nombre de ses interventions (II, 1840 à 1846). Au jeune algérien qui l'avait interpellé à Stokholm, il fit allusion à ses interventions en lui disant :
"Je puis vous assurer cependant que vous avez des camarades en vie aujourd'hui grâce à des actions que vous ne connaîssez pas " (II, 1882).
Il aurait pu lui redire ces mots, avec plus de vérité encore, au dernier jour de sa vie.
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Notes :
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Les citations des écrits d'Albert Camus, sont extraites de deux volumes de la "Bibliothèque de la Pléiade". Ces citations sont notées des chiffres romains I ou II, suivis de la numérotation de la page (ou des pages) :
I - Thêatre; Récits, nouvelles, 1962 (réédition du 4èmetrimestre 1974)
II - Essais, 1965 (réédition du 1er trimestre 1981)
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Les réflexions de Camus sont extaites de ses Cahiers :
C2 - Carnets II - Réflexionx de janvier 1942 à mars 1951 (Gallimard, 1964).
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Ile de rachgoun, Beni Saf
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Vue sur la méditérranée, Bidar, Msirda, Tlemcen
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