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Hippone, tu n’es plus sur la mer !
Tes chevaux ont cessé d’être des hippocampes !
Tes rivages ne sont plus que chiendent et scorpions !
Ton Augustin aurait souffert, comme moi bientôt dans Alger,
Et se serait écrié à la vue de sa ville vandalisée :
« C’est être petit que de regarder comme un grand mal, ces écroulements de bois et de pierres, et ces morts d’hommes mortels ! »
Où s’est-elle envolée ta triple gloire : crétoise, phénicienne et numide ?
Tu t’es jetée dans les bras de Donat, dont t’arracha ton fils le plus célèbre,
Qui trois fois convoqua les conciles salvateurs,
Juste avant que d’Espagne les Alains mêlés de Goths
Ne fondent sur ton peuple au bord du schisme :
dévastation, pillage, meurtres, supplices, incendies,
horreurs impitoyables envers le sexe, l’âge et la foi !
Ton Augustin mourut au cours du siège de sa ville cathédrale,
Livrée aux flammes et à la destruction.
Hippone, belle Hippone, tu ne te relèveras pas...
Oh ! On a bien relevé ici et là quelques colonnes, signalé quelque emplacement !
Tes vestiges ne sont qu’amoncellements de pierraille et de fûts :
Il faut savoir deviner, oser imaginer, presser sur la mémoire.
Il faut avoir appris à voir avec le cœur !
Tes mosaïques racontent mieux ta noblesse « Royale » :
Amours vendangeurs, Néréïdes, dauphins et coquillages.
Donatisme ni Arianisme ne t’ont jamais empêchée
De jouir du soleil ni de la mer !
A Calama Guelma, Esculape et Neptune disent assez,
Dans le silence monumental et cyclopéen de leurs simulacres du théâtre,
Comme le Triomphe de Vénus,
Combien ces terres étaient jadis l’enjeu de toutes les aventures,
Dont celles de l’esprit et de l’étude.
La statue d’écolier, baptisée « Augustin enfant » nous conduit à Madaure...
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Vincent-Paul Toccoli
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