Dans l’ombre du naufrage survenu au large de Calais, 75 personnes ont perdu la vie au large des côtes libyennes, le 17 novembre. Avec plus de 1 300 vies perdues depuis janvier sur l’une des routes les plus dangereuses du monde, l’année 2021 est d’ores et déjà plus meurtrière que chacune des trois années précédentes.
Il existe désormais un climat de terrorisme médiatique en Algérie. Un climat de terreur sournois et discret. Il y a une sorte d’extension de l’impunité, du droit au scandale et du droit à l’outrage et la fatwa qui font que tout est permis. Du coup, on aboutit à un climat de crainte, d’inquiétude, de retour de l’arbitraire, de chasse à l’homme et de loi de gangs. En effet, malgré le matraquage, l’affaire de l’arrestation de quelques bloggeurs et journalistes, dont Abdou Semmar, n’arrive pas à être «transformée» en une affaire de «justice» qui suit son cours, mais de justice détournée. Le traitement médiatique scandaleux fait par une chaine TV qui bénéficie de tous les privilèges, le fait de filmer des gens qui sont présumés innocents et de porter atteinte à leur image, a laissé conclure, très vite, à la volonté de lynchage, de règlement de compte personnel et de message politique pour «les autres» leaders de contestation.
On a beau ne pas vouloir céder au corporatisme, mais quand un islamiste vous menace de mort et appelle à votre assassinat et qu’il finit par vivre libre et heureux et continuer ses prêches haineux, malgré deux procès que vous avez intentés, alors qu’un blogueur est traité comme un poseur de bombe, c’est qu’il y a un problème. Pour ce haineux islamiste, la justice s’est déclarée «incompétente» à Oran. Pour le blogueur, elle l’est universellement.
Quand vous déposez plainte contre une personne qui vous accuse dans un livre, publié par un éditeur algérien, d’être membre des GIA et que votre plainte dort dans un tiroir et que Abdou Semmar & Cie est traité, avec célérité, comme un terroriste capturé dans un maquis, c’est qu’il y a problème. Et ce problème, on le connaît tous. Et ce n’est qu’une illustration personnelle.
Quand on diffame un politique du RCD, en le désignant, par un journal islamiste à grand tirage, comme apostat pour les apprentis tueurs, c’est qu’il y a problème. Et rien ne vous protège contre ces nouvelles katibates médiatiques, leurs partis, leaders, hallucinés et juges inquisiteurs. Le commissariat politique a changé de camp.
Mais aussi il faut dire que dans le cas de Abdou Semmar et des autres, il y a dérive et dérive scandaleuse. Que ces présumés innocents aient porté atteinte à des personnes ou usé des nouveaux réseaux pour des œuvres basses comme certains le soutiennent, on peut le traiter par la loi, selon la loi et par un juge, pas par des médias. Il ne s’agit pas de remplacer le service de presse de l’antique DRS, par un autre, «civil», au bout du compte. Et on doit aussi analyser ce phénomène pour ce qu’il est : une défaite de l’éthique et du sens. C’est le métier de journaliste, en Algérie, qui en sort défait et encanaillé. Par ceux qui en usent pour filmer leurs collègues menottés pour régler leur compte et pour ceux qui, parce que la presse n’est plus ce qu’elle était et n’ose plus ce qu’elle osait, ont versé dans la facilité et les populismes des oppositions, le non éthique que permet internet. Les uns valent les autres parfois et les uns ont plus de pouvoir de nuisance que les autres, c’est tout. Le capital de prestige du journalisme algérien des années 90 en sort dilapidé. On est dans le paparazzi politicien, la lapidation, l’outrage, la diffamation, l’exagération, le plagiat et la facilité irresponsable. Le FLN est passé des «historiques» à l’usage de la chaine et du cadenas pour fermer un Parlement, le journalisme est passé de Said Mekbel à l’usage de la caméra qui insulte et de la page Facebook qui diffame.
Il se trouve aussi que ces arrestations interviennent avant le 5ème mandat, ont visé le spectacle plus que le souci d’application de la loi, juste après le feuilleton triste et comique de l’APN et dans un climat de perte de centre de décision. Cela pousse à conclure.
Cette affaire intervient aussi dans une sorte de retour des vieux diables du pays. Entre médias islamistes qui fabriquent des apostats pour mieux les faire tuer, et médias populo-nationalistes qui fabriquent des «traitres», on est dans un retour, sous d’autres formes, du FIS et DRS et de leurs méthodes. On coupe toujours des têtes, des langues, des mains, on viole et on accuse. C’est cela la réalité triste et inquiétante. C’est ce qui fait peur en Algérie. C’est ce qui rappelle les années de sang et les mémoires meurtries : la chasse, la décapitation, la manipulation, la défaite de la loi et la possibilité d’être tué dehors, dans la rue en sortant d’un café. D’être assassiné par une caméra ou le marteau d’un halluciné. Quand je lis ce que publient, quand je regarde ce que filment certains, je comprends le sentiment de peur qu’éprouvent beaucoup. On parle avec impunité d’apostat, on désigne du doigt des ennemis à abattre, on ment et on diffame avec une telle facilité que j’ai peur pour ce pays. Quand je vois qu’on peut arrêter, mettre en prison sans s’expliquer, qu’on peut filmer en jugeant avant les tribunaux, qu’on peut laisser un ex-Emir des maquis terroristes avouer qu’il a tué un soldat algérien, sans qu’il soit inquiété et qu’un islamiste est traité comme un diplomate avec immunité et qu’un bloggeur est accusé de tous les maux du pays, j’ai peur pour l’avenir. Quand je vois ce même blogueur user des réseaux pour plagier, diffamer et publier sans vérifier, j’ai peur pour ce qui nous reste de sens de la vérité et du réel et de la justice. Car, désormais, chacun est, d’une manière ou d’une autre, le prochain désigné à être filmé menotté, à être diffamé, à être jugé par un caméraman ou une page Facebook. Il y a une peur, comme durant les années 90, de ce retour de la terreur en Algérie et des instruments de la terreur.
par Kamel DAOUD
Jeudi 14 octobre 2021 http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5268245
Un jour, peut-être, il y aura en divers endroits du littoral algérien des monuments sobres et modestes qui rendront hommage aux âmes englouties par les flots. Le passant s'arrêtera et, contemplant la Méditerranée, il pensera avec émotion à ces femmes, à ces enfants et à ces hommes, Algériens ou autres, qui ont perdu la vie en tentant de quitter leur pays pour gagner l'Espagne ou l'Italie puis un quelconque point d'Europe. Les embruns dénoueront alors sa poitrine et il pleurera en silence sur ces anonymes qui rêvaient, non pas du paradis, mais juste d'un enfer plus supportable que leur quotidien.
Un jour, peut-être, un président prononcera un long discours où il s'excusera au nom de la république de tant de mépris pour celles et ceux qui ont décidé de défier la mort en embarquant dans des rafiots surchargés. Il dira que le silence à leur égard ; le silence à l'égard des corps repêchés et de ceux qui ne furent jamais retrouvés ; le silence vis-à-vis de ceux qui ont disparu en Libye et que leurs familles cherchent encore ; ce silence à l'égard des interpellés sur les plages par les carabiniers ou la Guardia civil qui signifiait « gardez-les, vous nous rendrez service », ce silence, donc, ce président bien élu en dira l'acte d'accusation et prononcera une phrase dédiée à la postérité : « comment avons-nous pu accepter que nos enfants meurent ainsi ? »
Un jour, peut-être, cet exode continu sera désigné selon sa juste nature : une tragédie nationale. Un échec national. Avec ou sans visa, partir est un échec. Et quand le départ est encouragé car l'on ne sait pas quoi faire de vous, parce qu'en réalité, on vous pousse à partir, parce que l'on est incapable de vous offrir une économie qui fonctionne et crée des emplois, un système de santé qui soigne et une société qui aide et apaise plutôt que de sermonner, alors ce départ est bien plus que cela. Il s'agit d'un gaspillage humain. D'un nettoyage. Ou, osons ce mot, d'un sacrifice.
Un jour, peut-être, un économiste en mal de calculs singuliers se penchera sur cette interrogation : que vaut la vie d'une Algérienne ou d'un Algérien ? A combien de barils d'or noir peut-on l'évaluer ? A combien de mètres cube de gaz naturel peut-on la comparer ? Combien coûte la vie d'un noyé en Méditerranée ? Certains disent que celles et ceux qui partent sont sans instruction, sans diplômes, qu'ils fuient parce que leur vie au pays est un échec. Nous savons tous que c'est faux. Qui se souvient de cet octogénaire, plus vieux à l'époque que Bouteflika alors président, qui fut intercepté dans un botti au large d'Annaba ? Avoir vécu sous la colonisation, avoir connu l'indépendance et décider tout de même de quitter son pays : cela se passe de commentaire.
Un jour, peut-être, on cessera de dire de ces gamins qui partent qu'ils sont des enfants gâtés, qu'ils ne veulent pas travailler, qu'ils rêvent à la facilité et à de gros salaires en devises fortes. C'est un beau discours pour se donner bonne conscience. C'est toujours la faute de l'autre, et surtout, de la victime.
Un jour, peut-être, on prendra la mesure de l'héroïsme de ces êtres humains que l'on affuble aujourd'hui de tant de mots honteux : harragas, migrants, clandestins, illégaux... Il faut du courage pour partir de chez soi. Il faut du courage pour traverser le désert puis la mer. Il faut du courage pour partir « là-bas » en sachant très bien ce qui vous y attend. Le temps, l'époque, ne sont plus aux mirages et aux fantasmes. Internet et les témoignages de ceux qui ont réussi à fendre les frontières sont là pour tout dire. Les camps de rétention, la traque policière, les logements glauques, les petits travaux, la délinquance qui tente, les réseaux criminels ravis par l'existence de viviers humains où ils peuvent puiser et qui se renouvellent sans cesse. Ceux qui partent savent mais, pour eux, il n'y a plus de choix possible.
Un jour, peut-être, les Européens seront moins égoïstes et comprendront que fermer les frontières, user et abuser des visas n'est pas la solution. Que donner la possibilité aux gens d'aller et de venir est la meilleure approche. Le visa crée la traversée illégale, le clandestin et le travailleur au noir. La circulation facilitée crée des norias, des gens qui vont et viennent mais qui restent dans leur pays. Mais une condition majeure suspend ce raisonnement : que ce pays ne soit pas à la dérive. Qu'il ne soit pas une punition au quotidien.
Un jour, peut-être, la Méditerranée, mer nourricière et berceau de civilisations ne sera plus cet immense mouroir qu'elle est aujourd'hui. La pauvreté, les guerres, les dictatures et les régimes d'exception ne seront plus la marque infamante de l'Afrique. Il est permis de rêver. Il est permis de l'espérer.
Comment crois-tu qu'ils sont venus? Ils sont venus, les poches vides et les mains nues Pour travailler à tours de bras Et défricher un sol ingrat
Comment crois-tu qu'ils sont restés? Ils sont restés, en trimant comme des damnés
Sans avoir à lever les yeux Pour se trouver tout près de Dieu
Tous ensemble Ils ont vois-tu, plein de ferveur et de vertu Tous ensemble Bâti un temple à temps perdu
Comment crois-tu qu'ils ont tenu? Ils ont tenu, en étant croyants et têtus Déterminés pour leurs enfants À faire un monde différent Les émigrants
Comment crois-tu qu'ils ont mangé? Ils ont mangé, cette sacré vache enragée Qui vous achève ou vous rend fort Soit qu'on en crève ou qu'on s'en sort
Comment crois-tu qu'ils ont aimé? Ils ont aimé, en bénissant leur premier né En qui se mélangeait leurs sangs Leurs traditions et leurs accents
Tous ensemble Ils ont bientôt, créé un univers nouveau Tous ensemble Sans holocauste et sans ghettos
Comment crois-tu qu'ils ont gagné? Ils ont gagné, quand il a fallu désigner Des hommes qui avaient du cran Ils étaient tous au premier rang Les émigrants
Comment crois-tu qu'ils ont souffert? Ils ont souffert, certains en décrivant l'enfer Avec la plume ou le pinceau Ça nous a valu Picasso
Comment crois-tu qu'ils ont lutté? Ils ont lutté, en ayant l'amour du métier Jusqu'à y sacrifier leur vie Rappelez-vous Marie Curie
Tous ensemble, avec leurs mains Ils ont travaillé pour demain Tous ensemble Servant d'exemple au genre humain
Comment crois-tu qu'ils ont fini? Ils ont fini, laissant un peu de leur génie Dans ce que l'homme a de tous temps Fait de plus beau fait de plus grand Les émigrants
Alors que le polémiste Eric Zemmour, potentiel candidat à la présidentielle, remet sur le tapis la question des prénoms français en affirmant que s’il sera élu, il interdirait les prénoms étrangers à la culture française, la classe politique ne manque pas de rebondir sur le sujet. Le dernier en date est le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, qui a lui aussi évoqué le sujet.
Lors de son passage samedi 11 septembre dans l’émission « On est en direct » sur France 2, Éric Zemmour, répondant à une question de l’animatrice, a affirmé que s’il gagnait aux élections présidentielles d’avril 2022, il instaurerait des mesures strictes pour limiter les prénoms musulmans et « limiter leur religion à la foi et à la pratique ». Il ajoute qu’un français peut donner le nom Mohamed « en 2e prénom ». Éric Zemmour précise qu’il voudrait rétablir la loi de 1803 sur les prénoms en France.
Éric Zemmour veut interdire les prénoms musulmans ou étrangers en France
Éric Zemmour est revenu à la charge sur RTL le 14 septembre, indiquant qu’il était nécessaire d’« interdire les prénoms étrangers » en général, « pas seulement musulmans », faisant référence à la nécessité de rétablir la loi sur les prénoms de 1803. Introduite par Napoléon, abrogée en 1993, elle a « parfaitement fonctionné » jusque-là, selon le polémiste.
« Ce qui me gêne, c’est qu’au bout de 3 générations, on appelle encore ses enfants Mohamed. [Pour ces personnes], c’est une catastrophe parce qu’objet de discrimination. Je pense que c’est une erreur aussi d’autoriser les Kevin et Jordan », affirme Zemmour au micro de RTL.
« Je suis très fier que mon deuxième prénom soit Moussa », réplique Gerald Darmanin
Invité dans la matinée de ce jeudi 15 septembre sur RTL, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin a été invité à revenir sur ses origines algériennes sur fond de la polémique concernant les prénoms lancée par Éric Zemmour. « Vous êtes ravi de vous appeler Gérald ou vous auriez préféré que votre deuxième prénom soit Moussa ? » a interrogé l’animatrice le ministre de l’Intérieur.
« Mon grand-père était harki. Il s’est battu en 1940 pour la France. Il a libéré Saint-Amand-Les-Eaux des Allemands, et dans trois semaines, j’ai l’honneur d’inaugurer une rue à son nom : adjudant-chef Moussa Ouaki », répond Gerald Darmanin. « Je suis très fier que mon deuxième prénom soit Moussa », ajoute-t-il.
Elle sera la première femme noire – et quelle femme ! – à entrer au Panthéon, temple républicain des « grands hommes ».
Dans dix ou vingt ans, lorsque des historiens chercheront à comprendre le début de la décennie 2020 et les évolutions de la société française, ils retiendront ce moment comme symbolique : l’entrée au Panthéon, le 30 novembre 2021, de Joséphine Baker. Plus qu’une simple décision « opportuniste » — comme le suggèrent certains éditorialistes dans la presse française — du président de la République Emmanuel Macron, cette décision est le reflet d’une société qui change et qui regarde (enfin) son passé dans toutes ses dimensions.
Dans le même mouvement, l’hommage qui va être rendu à Gisèle Halimi aux Invalides début 2022, à quelques semaines des commémorations de la fin de la guerre d’Algérie et des accords d’Evian, est un second symbole fort qui fait sens. La France change. Et il était temps.
Signe fort
Dans un éditorial récent, le journal Le Monde précisait que ce geste ne serait « qu’électoral » si cette panthéonisation et la cérémonie n’étaient pas accompagnées « d’actes destinés à faire vivre concrètement une promesse républicaine trop souvent trahie par les inégalités sociales et géographiques et les discriminations ». Ne nous leurrons pas, une cérémonie n’a jamais changé une société, mais une telle cérémonie adresse un signe fort au pays (et au reste du monde) sur ce qu’est et sur ce que doit être la France. Mais aussi sur la manière de regarder pleinement et entièrement son histoire et son passé, avec ses faces d’ombre et de lumière. Et Le Monde de conclure que la République doit « honorer son message en s’ouvrant résolument à la diversité pour donner sa chance à chacun, quelle que soit la couleur de sa peau ».
ELLE FUT PLEINEMENT FRANÇAISE, MILITANTE, FEMME, LIBRE ET NOIRE
Choisir Joséphine Baker — et depuis plusieurs mois, en réalité, la décision était prise et la volonté présidentielle engagée —, c’est aussi rendre hommage à une figure « symbole », à une personnalité engagée et militante qui ne peut se réduire au « régime de bananes » que les grincheux sans culture ni réflexion dénoncent sans même prendre le temps de relire son parcours et ses engagements. Elle fut pleinement française, militante, femme, libre et noire. Elle fut de tous les combats, a su imposer sa marque sur le temps et les arts, sans jamais renier qui elle était.
Ironie de l’histoire — et des commémorations —, celle que le maréchal Lyautey ne voulait pas pour illustrer les affiches de l’Exposition coloniale internationale de 1931 et à qui on va retirer le titre de « reine des Colonies » pour l’événement, car « trop américaine » et trop libre aux yeux du lobby colonial, va entrer au Panthéon quasi jour pour jour quatre-vingt-dix ans après la fermeture des portes de cette immense exposition qui avait glorifié l’empire et comptabilisé plus de 33 millions d’entrées.
Elle sera néanmoins l’icône de l’affiche des chemins de fer, ouvrant un rideau sur le temple d’Angkor Vat, les palais soudanais et pavillons maghrébins, que les Français et toute l’Europe découvrirent cette année-là. Elle était déjà dans le destin ambigu de cette France coloniale qui ne savait déjà pas comment croiser ses idéaux de pays des droits de l’homme et son « destin » impérial.
Symbole de la France
Elle n’était pas encore française — elle le deviendra en 1937 avec son mariage — mais trônait déjà dans les imaginaires de la France. Elle portait en elle une telle liberté, qu’il était bien complexe d’en faire le symbole d’un empire qui avait du mal avec ce mot. Après guerre, elle s’engage avec rigueur et régularité contre la racisme en Afrique du Sud et aux États-Unis.
À l’occasion d’un voyage à Saint-Louis, sa ville natale, en 1952, elle va dénoncer la ségrégation raciale : « Je suis allée en France, vrai pays de la liberté, de la démocratie, de l’égalité et de la fraternité. Là, mon âme fut en paix, mais je finis par me demander pourquoi à Saint-Louis, qui fut un temps une colonie française, les personnes de couleur n’ont pas les mêmes droits… alors qu’à Paris nous sommes aimés et respectés en tant qu’êtres humains et que la population des deux villes est majoritairement blanche. »
Elle avait quitté l’Amérique et le Missouri un quart de siècle plus tôt, en 1925, et elle n’avait pas encore 20 ans. Très vite, elle fut la star adulée ou détestée (par plusieurs critiques) du Music-Hall, des scènes du Théâtre des Champs-Élysées, des Folies Bergère ou du Casino de Paris. À chaque fois, elle faisait l’événement. Avant de devenir le symbole d’une famille-tribu « arc-en-ciel » de douze enfants, adoptés aux quatre coins du monde, elle va devenir la muse de moult artistes (on pense à l’exceptionnel coffret de lithographies Le Tumulte noir, de Paul Colin en 1927, où le tout-Paris des années vingt est là, au sens propre et comme au sens figuré). Avec, comme icône de référence, Joséphine Baker et sa ceinture de bananes, silhouette de liane aussi sauvage qu’élégante, devenue l’héroïne de plusieurs films — pas tous exceptionnels, mais populaires —, engagée dans des tournées internationales et surtout devenant le symbole de la France aux quatre coins du monde.
Une icône qui parle au présent
Ses tournées pour « remonter le moral des troupes » lors de la drôle de guerre sur le front de l’Est ont marqué les imaginaires, tout autant que son engagement dans la Résistance — en transmettant des documents lors de ses tournées en Afrique du Nord et dans le Levant –, qui lui vaut d’être décorée par le général de Gaulle en personne. Bien entendu, certains lui reprocheront ses faibles critiques, au moment des décolonisations, contre les guerres engagées par la France en Indochine, au Cameroun, en Algérie ou à Madagascar. Mais les combats de cette femme — la première « femme noire » à être admise dans le mausolée républicain – ne peuvent se hiérarchiser comme si elle devait être à la fois Marianne et la « mère de tous les combats » pour la liberté. Elle a sans aucun doute choisi ses luttes, contre l’intolérance et le racisme, c’est son parcours, ses choix.
Il faut noter que cette figure populaire et exemplaire est un choix quasi unanime et incontestable. Il est complexe pour l’ultra-droite identitaire et les conservateurs de droite de récuser une telle personnalité. Une icône qui, certes, vient du passé, mais qui parle au présent : elle a opté pour la nationalité française en 1937 et a toujours défendu les valeurs de la République, reconnaissante envers le pays qui lui avait donner « sa chance ».
Dans les travaux sur La France noire — notamment le livre collectif publié en 2012 et la série de films Noirs de France pour France 5 —, nous lui avions rendu hommage ; de même, elle était une des figures de deux séries de petits films que nous avions réalisés avec Lucien Jean-Baptiste et Rachid Bouchareb pour France Télévisions — pour la série Frères d’armeset la série Artistes de France — ; enfin, elle figure au cœur du recueil Portraits de France remis à Emmanuel Macron au début de 2021 pour accompagner les élus de France dans leurs choix pour baptiser des rues et des bâtiments. Fin 2021, comme Gisèle Halimi, elle figurera dans l’exposition que nous préparons (Portraits de France) au musée de l’Homme pour accompagner ces deux hommages de la nation, car elle est devenue une figure incontournable de notre récit français.
Tout au long de son histoire et de sa vie artistique ou militante, elle n’a jamais été dupe des stéréotypes exotiques (et sexuels) qui étaient associés à sa personne. Elle qui fut une « groupie » du général de Gaulle, elle fut aussi de la marche de 1963 pour les droits civiques aux côtés Martin Luther King, mais aussi de Fidel Castro, en 1966, à La Havane, lors de la conférence tricontinentale de solidarité des peuples du tiers-monde.
Paris, carrefour du monde
Incroyable destin qui avait commencé avec un régime de bananes autour de sa taille sur la scène parisienne. C’est à l’automne 1925 que La Revue nègre présentée au théâtre des Champs-Élysées, dont la danseuse vedette est la jeune Africaine-Américaine Joséphine Baker, avec l’orchestre de jazz dirigé par Claude Hopkins dont l’un des musiciens est Sidney Bechet, va la faire entrer dans l’Histoire et notamment dans celle du music-hall. Dans la dernière scène du spectacle, Joséphine Baker et Joe Alex exécutent leur fameuse « Danse sauvage », qui n’est pas sans rappeler Habib Benglia, qui, en 1924 était apparu le corps peint avec un masque africain dans À l’ombre du mal à la Comédie des Champs-Élysées.
C’EST LA VÉNUS NOIRE QUI HANTA BAUDELAIRE
Le public, la presse, les critiques en font l’événement culturel de l’année. Le journaliste André Levinson, malgré son mépris des Arts nègres, déclare : « Certaines poses de miss Baker, les reins incurvés, la croupe saillante, les bras entrelacés et élevés en un simulacre phallique, évoquent tous les prestiges de la haute stature nègre. » Et de conclure : « C’est la Vénus noire qui hanta Baudelaire. » Au même moment, Paris est devenue la nouvelle capitale mondiale de la culture noire. Venant des Antilles, des États-Unis ou d’Afrique, les intellectuels, les artistes et les musiciens s’y croisent pour offrir une nouvelle esthétique du monde qui va bouleverser les imaginaires.
Aux côtés de Joséphine Baker, les sœurs Nardal (originaires de Martinique, et elles aussi dans le recueil Portraits de France) organisent des rencontres et des salons autour des « cultures noires » dans la capitale. Elles rassemblent les plus grands intellectuels de la diaspora noire, comme le sénateur haïtien Jean Price-Mars ou l’écrivain René Maran, alors que les artistes africains-américains Palmer C. Hayden et William H. Johnson quittent New York pour la France, faisant du pays le point de rencontre de la diaspora noire dans le monde.
Paris est devenu le carrefour du monde, au Tam-Tam, près de la place Saint-Michel, ou à La Casbah, rue Saint-André-des-Arts, se produisent Didouche Sayah ou Aïssa Djermouni, devant le tout-Paris. La capitale accueille des artistes africains-américains qui installent une « vogue noire » sans précédent. Le jazz, la biguine, le black bottom et les rythmes afro-cubains s’imposent dans les cabarets et enfièvrent les nuits parisiennes tout au long des années vingt. En 1924, Jean Rézard des Wouves ouvre le Bal nègre, rue Blomet. L’endroit devient rapidement un lieu de référence, accueillant tous les Antillais de l’avant-garde musicale, comme le guitariste Pollo Malahel ou le clarinettiste Robert Clais.
Comme l’écrit l’historienne des arts Sylvie Chalaye, cette représentation du corps noir qui se fixe sur Joséphine Baker et s’affirme alors comme un nouvel idéal physique, s’annonçait en fait depuis le début du siècle, popularisée par les boxeurs, les artistes et figurants des grands shows ethniques. La Revue est aussi, à sa manière, un espace de rencontres entre l’Amérique, les Caraïbes et l’Afrique, car Habib Benglia et Féral Benga sont aux côtés de Joséphine Baker, mais aussi de Joe Alex et Darling Légitimus, qui a tout juste 18 ans.
Rendre hommage à Joséphine Baker, c’est aussi rendre hommage à celle qui va symboliser cette « France noire » qui est depuis un siècle partie prenante des nos identités collectives. Un conseiller de l’Élysée déclarait récemment que la « leçon globale donnée par Joséphine Baker, c’est celle d’une conquête d’émancipation et de liberté par la volonté, le choix absolu de la France éternelle et universelle », mais c’est aussi beaucoup plus. C’est aussi le symbole que la France accepte d’ouvrir ses imaginaires aux « autres ». Et cela, c’est une révolution.
J’ai deux amours chantait Joséphine Baker, et dans ces deux amours chacun peut se retrouver, y compris dans ce désir de « faire France » avec une plus grande part de diversité « assumée ». « C’est toujours le présent qui se célèbre lui-même en consacrant tel ou tel fantôme tutélaire », écrivait Régis Debray en décembre 2013 dans une tribune pour l’entrée de Joséphine Baker au « panthéon des grands hommes ». Se moquant de la vertu de certains qui gémiront et des identitaristes de tout bord qui crieront au scandale.
ON PEUT AIMER LA FRANCE, ASSUMER SES CHOIX DE VIE ET SE REVENDIQUER COMME UTOPISTE
Qu’importe, Joséphine, avec sa croix de guerre, sa médaille de la Résistance et ses bananes nous parle aussi d’une France qui est tout sauf lisse. Dans la préface qu’elle écrit de sa main au portfolio Le Tumulte noir, un texte publié avec son écriture souple et graphique à la fois, elle constatait : « Depuis que la Revue nègre est arrivée au Gai Paris, je dirais qu’il fait de plus en plus noir à Paris. » Elle nous prouve que l’on peut aimer la France, être militante, assumer ses choix de vie et se revendiquer comme utopiste du monde. Frédéric Dabi, directeur général opinion de l’institut de sondages Ifop, pense que l’effet de cette panthéonisation sera « marginal », je pense qu’il a tort.
Nul doute que Zemmour eût préféré s'appeler Dupont ou Martin. Mais voilà il se nomme Eric Zemmour et quand on porte un tel nom, on s'abstient de donner des leçons de francité à une invitée prénommée Hapsatou.
Mais avant de rappeler cette histoire de prénoms que n'aime pas le cancre de l'Histoire j'ai le plaisir d'apprendre qu'il vient d'être une nouvelle fois condamné...
« Olive », le billet de Maurice Ulrich
Si Picasso s’était appelé Paul au lieu de Pablo, la peinture française aurait sans doute été grandie. Il aurait peint les batailles de Poitiers ou de Roncevaux plutôt que Guernica. Si Zinédine Zidane s’était appelé Marcel ou Robert, on ne sait combien de buts il aurait marqués, en plus d’un score tout juste honorable. Modigliani aurait dû s’appeler Amédée, ce qui sonne tout de même mieux qu’Amedeo, si ce n’est pour nos oreilles, au moins pour celles, très sensibles, d’Éric Zemmour. Il veut des prénoms français. Pas de Kevin ni de Jordan, c’est une chose, mais surtout pas de Mohammed, de Farida, de Samir, de Leila, d’Aïcha… La question est à ce point importante qu’elle est débattue pendant des heures sur nos chaînes d’info. OK. Mais, et les noms alors ? Zemmour, ça ne sonne pas vraiment comme Dupont ou Durand, voire Ducon. Normal, c’est un nom berbère. Il veut dire Olivier. Alors nous, ça ne nous gêne pas qu’Éric s’appelle Zemmour, mais ce serait quand même mieux pour lui s’il s’appelait Éric Olivier, Olive pour les intimes.
Allez paye Zemmour pendant ce temps
on se marre bien
L’islamophobe Eric Zemmour condamné
par la Cour de Cassation
La Cour de Cassation a rejeté ce mardi le pourvoi en cassation d’Eric Zemmour et confirmé sa condamnation “pour appel au rejet et à la discrimination des musulmans en tant que tels”, l’obligeant à dédommager une nouvelle fois l’association CAPJPO-EuroPalestine qui a porté plainte contre ses propos islamophobes lors de l’émission “C à vous”, diffusée sur la chaîne de télévision France 5, le 6 septembre 2016.
La Cour de Cassation, a confirmé le jugement du Tribunal de 1ère instance et de la Cour d’Appel de Paris, qui avaient condamné Eric Zemmour pour “provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée.”
La Cour de Cassation a estimé que l’argument de la liberté d’expression mis en avant par Eric Zemmour ne pouvait être retenu face à ses propos :
« Nous vivons depuis trente ans une invasion, une colonisation, qui entraîne une conflagration », « Dans d’innombrables banlieues françaises où de nombreuses jeunes filles sont voilées, c’est également l’islam, c’est également du djihad, c’est également la lutte pour islamiser un territoire qui n’est pas, qui est normalement une terre non islamisée, une terre de mécréant. C’est la même chose, c’est de l’occupation de territoire”. “Je pense qu’il faut leur donner le choix entre l’islam et la France »
Déjà condamné à verser 3 000 euros d’amende et à dédommager l’association CAPJPO-EuroPalestine des frais de justice qu’elle avait engagés, l’islamophobe récidiviste, qui n’en est pas à sa première condamnation, devra la dédommager à nouveau.
Honte aux médias qui continuent à lui tendre des micros pour déverser sa haine et son appel au rejet des musulmans !
CAPJPO-EuroPalestine
Eric Zemmour le 6 juillet 2015 à Bruxelles | Emmanuel Dunand / AFP
Avec ma tête de juif errant et mon nom à faire rougir une carpe farcie, en toute logique, mes parents auraient dû me prénommer Schlomo, Mordechai ou Jacob. Par crainte que l'histoire ne bégaye, ils ont préféré nous affubler, mon frère et moi, de prénoms assez passe-partout pour ne point éveiller les toujours possibles soupçons. C'était là une attitude assez commune chez les familles juives européennes qui toutes portaient en elle les traumatismes de la déportation. On ne tenait pas à attirer l'attention et, en cas de malheur, avec ces prénoms neutres au possible, on pourrait peut-être échapper à la prochaine rafle.
Peut-être que les parents de Zemmour en firent de même : au lieu que leur dernier-né ne s'appelle Samuel ou Nathan, ils le prénommèrent Eric. Il est vrai que d'aller dans la vie en portant le nom d'Isaac Zemmour peut s'avérer être, dans certains cas, une véritable source d'emmerdements. Déjà que le seul vocable de Zemmour porte en lui des sonorités qui sentent bon le couscous à l'agneau, les cigarettes au miel ou les sandwichs au thon baignés à l'huile d'olive. Rajoutez-y un prénom aux consonances un tantinet hébraïques et vous êtes bon pour finir commercial auprès d'un fabricant de harissa. Ou doublure de Roger Hanin dans un film d'Alexandre Arcady.
Nul doute que Zemmour eût préféré s'appeler Dupont ou Martin. Eric Martin. Qui sait si à cette heure-ci, avec un patronyme pareil, il ne serait pas déjà rédacteur en chef au Figaro Magazine. Ou président de l'Assemblée nationale. Ou encore, chef de rayon chez Leroy Merlin. Seulement voilà, Zemmour s'appelle Zemmour, Zemmour est aussi juif que Sagalovitsch peut l'être –chacun dans son style– et cet héritage, s'il ne protège pas, hélas, de la connerie, impose qu'on ne puisse pas venir fanfaronner à la télé pour vilipender une invitée qui aurait le malheur de se trimballer avec un prénom qui ne sente pas bon les volcans d'Auvergne.
Qu'un Français bon teint eût tenu de telles paroles, c'eût déjà été de trop mais qu'un schnorrer comme Zemmour qui doit être autant gaulois que Rika Zaraï et Popeck réunis, en vienne ainsi à donner des leçons de francité, c'est non seulement risible, grotesque et absurde mais c'est en plus une sorte de crachat que Zemmour s'adresse à lui-même.
Que croit-il donc ce petit éditorialiste –je l'ai croisé un jour, il m'arrive à peine à la taille, moi qui dépasse à peine le mètre-soixante-dix– qui s'en va déposer chaque jour de la semaine, ici et là, sa petite chronique pleine de fiel et de ressentiment ? Qu'à force de rouler des pelles à toutes les Mariannes de l'Hexagone, de s'époumoner à chanter l'inaltérable gloire du coq français, de louer, la voix tremblante, la beauté inoubliable du Ballon d'Alsace ainsi que le goût de la cuisine picarde, de dénoncer l'immigrant, voleur de richesses, sous toutes ses formes, d'apparaître comme le parfait zélote de l’identité française en péril, il va finir par faire oublier cette tâche originelle dont son nom est le parfait étendard ?
Quand un juif commence à se comporter de la sorte, quand il entend inscrire ses pas dans la communauté nationale au point d'oublier d'où il vient, quand il passe son temps à célébrer à outrance les charmes d'un pays où, quoi qu'il fasse, il sera toujours considéré comme un étranger, lorsqu'il en rajoute des tonnes afin de mieux convaincre le Gaulois de souche de sa parfaite allégeance à la nation française, c'est que ce juif-là est soi fou, soit sot. Soit les deux à la fois.
Être raciste et juif est une aberration métaphysique. Quand on porte dans son nom, quand on charrie dans son sang, dans sa chair même, les magnificences et les blessures d'un peuple qui aura connu, tout au long de son histoire, les pogroms et les bûchers, le sang des déportations et l'arbitraire de l'exil, la mise au rebut et l'enfermement au sein de ghettos insalubres, la constante stigmatisation et la vindicte de nations égarées dans l'enfer du nationalisme, on ne vient pas à la télévision dire à une invitée qui porte le joli prénom d'Hapsatou: «Votre mère a eu tort de vous appeler ainsi. Elle aurait dû prendre un prénom du calendrier et vous appeler Corinne par exemple, ça vous irait très bien... C’est votre prénom qui est une insulte à la France. La France n’est pas une terre vierge. C’est une terre avec une histoire, avec un passé. Et les prénoms incarnent l’histoire de la France.»
D'ordinaire, rien n'excuse une pareille infamie mais quand elle émane d'un juif, elle se teinte d'une telle irréalité qu'on ne sait plus si on doit en rire ou en pleurer. Tu n'as donc toujours pas compris mon petit Zemmour que le jour où tes idées viendraient à devenir celles de la majorité ambiante, le jour où tes glorieux camarades prendront le pouvoir, le jour où tes amis du Rassemblement National et autres groupuscules identitaires plastronneront à la tête de l’État et rêveront à une France enfin blanche et catholique, tout Zemmour que tu as été, tout servile que tu te seras montré, tout «frankaoui» que tu auras essayé d'apparaître, tu seras le premier à dégager et à monter dans un convoi pour Drancy, Pithiviers, Struhof, toutes ces aimables destinations où, naguère, des sbires versés dans la même fureur nationaliste que la tienne envoyèrent à la douzaine de pauvres petits juifs comme toi ?
Tu penses vraiment qu'à force de te vautrer dans ces fanges du nationalisme le plus fielleux qu'il soit, à rêver de Clovis, de Charlemagne et de Mireille Mathieu, à effeuiller avec amour et ferveur les pages de l'histoire de France, ton nom, tes origines, ton appartenance religieuse finiront pas disparaître au profit d'une identité franco-française qui malgré tout tes efforts, tes courbettes, tes révérences, ne sera jamais la tienne ? Jamais.
Dans leur livre « Beurettes, un fantasme français », Sarah Diffalah et Salima Tenfiche racontent les difficultés des femmes issues de familles maghrébines à trouver leur place en France.
LES ECRIVAINS DE « L’OBS ». Dans « Beurettes, une fantasme français », notre camarade Sarah Diffalah et la chercheuse Salima Tenfiche donnent la parole à des femmes issues de l’immigration maghrébine. Loin des clichés.
Les cheveux qu’on s’évertue parfois à lisser, l’ambiguïté dont on joue quand on n’a pas une « tête d’Arabe » ou de Kabyle, les « Tu viens d’où ? » qui agacent ; le «déchirement» entre la vie intime, avec les parents, et la sphère sociale, avec les amis, les collègues ; un islam qu’on pratique à la carte ou auquel on ne croit pas ; la honte de soi, le «français cassé » d’un père, les mots arabes d’une mère, et un appartement de pauvre…
Trois ans durant, elles ont joué les cheffes d’orchestre avec un chœur de femmes françaises issues de l’immigration maghrébine. Sarah, Salima, Aïda, Dalia et les autres, qu’elles soient journaliste, chercheuse, avocate, politicienne ou actrice, font entendre une musique bien éloignée des clichés sur la « beurette » – bimbo orientale ou voilée soumise – qui existaient déjà à l’époque de la colonisation. Il était temps.
Dans leur livre « Beurettes, un fantasme français », Sarah Diffalah et Salima Tenfiche racontent les difficultés des femmes issues de familles maghrébines à trouver leur place en France.
Être une « beurette », être un « beur » : en l’espace de quarante ans, ces expressions qui désignaient les enfants d’immigrés maghrébins ont vu leur sens bouleversé, perverti. Il naissent en 1980, rappellent Sarah Diffalah et Salima Tenfiche, co-autrices du livre Beurettes, un fantasme français, paru aux éditions du Seuil. Au départ, c’est une station sur les ondes, Radio Beur, qui voit le jour en 1981. Puis le terme devient iconique lors de la marche pour l’égalité et contre le racisme,
Aujourd’hui, le mot « beurettes » est dans le top des recherches effectuées sur les sites pornographiques et s’apparente à une insulte. Comment en est-on arrivé là ? Sarah Difallah, journaliste à L’Obs, et Salima Tenfiche, doctorante en études cinématographiques spécialisée dans le cinéma algérien contemporain et chargée de cours d’histoires à l’Université Paris-Diderot, reviennent sur la genèse de leur ouvrage et sur l’évolution d’un adjectif violent.
Ni sexualisée ni voilée
Elles sont amies depuis toujours, ont grandi côte à côte, mais n’ont jamais vraiment abordé la question de leurs origines, à part autour d’anecdotes. « Il nous arrivait de rire des pratiques de nos familles, mais sans plus », se souvient Sarah. À 30 ans, elles passent une nuit complète à rattraper ces discussions perdues : les vacances dans la famille l’été, l’histoire de celle-ci, leur rapport aux traditions… et s’interrogent : « Pourquoi n’en avait-on jamais parlé avant ? Est-on dans le déni de notre identité, de notre culture d’origine ? On s’est demandé pourquoi ce n’était pas quelque chose qu’on voulait valoriser. Peut-être était-ce lié au fait qu’en France, être arabe avait mauvaise presse… On se rendait compte, l’une et l’autre, qu’on ne s’était jamais vraiment livrées sur notre intimité dans nos entourages pro et perso parce qu’on voyait qu’être arabe en France englobait beaucoup de clichés : il fallait être soit la fille des quartiers à grande gueule, soit la femme hyper sexualisée, soit la femme voilée. Nous, on n’était rien de tout ça. Et quand on disait qui on était, ce qu’on faisait, nos interlocuteurs nous répondaient, interloqués : “Ah, j’aurais pas dit ça.” Alors si on se censurait comme ça, d’autres femmes avaient peut-être vécu la même chose, et envie d’en parler ? »
Dans sa préface au livre, l’autrice Alice Zenitzer raconte d’ailleurs qu’un lecteur lui avait fait remarquer que son personnage de Naïma, dans L’Art de perdre (paru aux éditions Flammarion, 2017), n’était pas réaliste. C’est en effet une femme libre, qui fume, boit et couche avec des hommes. De fait, le trait aurait été « forcé ». L’écrivaine, qui rappelle sa filiation, lit ces lignes un verre de vin à la main, une cigarette en bouche, en compagnie d’un homme qui n’est pas son mari. Ce récit résume bien Beurettes, qui interroge : qui a-t-on le droit d’être lorsqu’on est une femme d’origine maghrébine en France ?
Slalomer entre les clichés
Le terme « beurettes » arrive vite dans le processus d’enquête. Pour Sarah Diffalah et Salima Tenfiche, c’est « un terme à l’ancienne, un peu désuet », qu’elles n’utilisaient pas. Sarah Diffalah se souvient d’un 14 juillet où elle a vu passer un tweet de site porno qui proclamait fièrement que le mot était en top des demandes de vidéos. « Avant, on l’utilisait pour parler d’une fille d’immigrés très bien intégrée, un symbole d’intégration républicaine qui avait suivi des études, qui ne faisait pas de vagues… Et tout à coup, il devenait synonyme d’une fille trop maquillée, trop féminine, trop vulgaire, le stéréotype de ce qu’on appelle “la beurette à chicha” », explique-t-elle.
LE CORPS ET LA VIE DES FEMMES ARABES SONT TOUJOURS UN PEU L’OBJET D’UN ACCAPAREMENT, SOIT PAR LA SOCIÉTÉ, SOIT PAR LA COMMUNAUTÉ
Ce n’est que l’un des poncifs qui touchent les femmes arabes. On les découvre tous grâce à des femmes de tous âges qui témoignent d’une vie à chercher leur place, en dehors des cases dans lesquelles on les attend. Des femmes qui jonglent entre une société française qui continue de les voir à travers le prisme de clichés et de familles maghrébines qui portent parfois le poids des traditions. « Le corps et la vie des femmes arabes sont toujours un peu l’objet d’un accaparement, soit par la société, soit par la communauté. Il faut qu’on fasse d’elles des femmes comme ci ou comme ça. Et ce qui leur est demandé est contradictoire. »
Les questions de la sexualité et de l’intimité occupent une place importante dans le livre. Avoir ou non des relations sexuelles avant le mariage est l’un des sujets qui tiraillent le plus. L’une des interviewées ressent encore de la culpabilité, huit ans après, pour avoir fait l’amour avant d’être mariée.
Au fil des récits, on s’aperçoit que la sexualité des jeunes femmes arabes est observé bien au-delà de leur sphère intime, presque comme si leur vie privée « regardait » aussi les familles, voire la communauté toute entière. Elle est le symbole d’un respect ou d’une trahison vis-à-vis de ces dernières. L’une d’elles explique s’être « sentie coincée entre l’image de la bonne fille musulmane et ses désirs de femme autonome et émancipée de ses parents ».
Sarah Diffalah réagit : « Elle traduit sa peur de prendre une décision qui pourrait contribuer à stigmatiser encore davantage sa communauté. » Très jeunes, les femmes sont tenues de prendre des positions lourdes de responsabilités. Mais malgré le poids du sacré, ou simplement du fonctionnement de la famille : « Toutes les femmes que nous avons interrogées sont libres, mais sont prises par des tensions. »
« Une fille maghrébine qui a réussi »
Ce positionnement entre désirs personnels, société environnante et héritage culturel est rendu d’autant plus difficile que l’histoire est souvent tue. D’ailleurs, plusieurs femmes évoquent la « honte » de leur origine, au point d’avouer : « Je vivais mon arabité comme une laideur. » Alice Zenitzer écrit d’ailleurs : « Quand j’ai publié L’Art de perdre, d’une certaine manière, j’ai renoncé à cette possibilité d’avancer masquée : j’ai dit de façon publique quelle était ma filiation, la géographie familiale, et tous les regards qui se sont portés sur moi lorsque je faisais la promotion de ce livre ont été des regards posés sur une demi-rebeue. » Ce livre, justement, traite de la recherche des origines d’une jeune femme qui découvre le rapport de sa famille à la guerre d’Algérie.
POUR RENOUER AVEC NOS CULTURES, ON A BESOIN DE RETROUVER NOTRE HÉRITAGE
Ne pas posséder son histoire complique l’acceptation de soi, postulent Sarah Diffalah et Salima Tenfiche. « Avec Salima, on s’est rendu compte qu’autour de nous les gens connaissaient mieux le passé colonial que nous. Il y a un déficit de mémoire dans l’espace public comme dans l’espace intime, du fait des traumatismes. Pour renouer avec nos cultures, on a besoin de retrouver notre héritage », expliquent les autrices. Dévoiler l’histoire de ces origines aux enfants, leur donner les clés, pourrait faciliter ce chemin.
Écrire ce livre a été l’occasion d’encourager la parole des femmes et de les rendre visibles. Pour Sarah Diffalah, « avancer » sur ces questions passe aussi par le fait de réorienter l’imaginaire commun, notamment en donnant des rôles au cinéma à des femmes maghrébines sans que leur filiation ne soit un « sujet » dans l’œuvre réalisée. Ce dont témoigne d’ailleurs Sabrina Ouazani, via son personnage de Charlotte dans la série Plan Cœur.
Ou simplement en arrêtant de désigner les femmes arabes comme « des filles d’origine maghrébine qui ont réussi ». La cheffe d’orchestre Zahia Ziouani est souvent présentée via sa géographie familiale, avec le sous-entendu que son parcours vers la réussite en est d’autant plus étonnant. Sarah Diffalah rebondit : « On peut être arabe, mélomane et aimer Mozart, ça n’est pas bizarre ! »
L’important n’est pas tant où j’étais le matin du 11 septembre 2001. Ça aurait pu être dans n’importe quel magasin grande surface, comme celui où je travaillais comme préposé à l’entretien. J’avais 19 ans et, en quelques heures, j’ai vu le monde changer. À la télévision, comme tout le monde, mais aussi dans les allées de ce magasin de Beauport.
Ce souvenir demeure clair, même si ça fait 20 ans. En débarquant dans la salle de pause, tout le monde était agglutiné autour de la télévision, ce qui n’était jamais le cas. Le tout dans un étonnant silence.
Au début, c’était les questions. Un accident? C’était incompréhensible. Puis un deuxième avion. J’étais devant la télé lorsque le deuxième a foncé dans l’autre tour. Ça ne pouvait plus être des accidents. Pas obligé de raconter le reste, vous connaissez l’histoire.
Je me souviens que plusieurs craignaient le début d’une troisième guerre mondiale. Sur Internet, les forums croulaient sous les prédictions de Nostradamus, des rumeurs de futures attaques du Moyen-Orient, des complots mondiaux, des scénarios de ripostes américaines apocalyptiques – les réseaux sociaux n’ont rien inventé.
Les critiques envers les États-Unis sont aussi devenues controversées. Souligner les erreurs américaines au Moyen-Orient était maintenant vu comme un appui à Al-Qaïda. Ou presque. L’accusation venait rapidement. La nuance dans le débat public est devenue difficile pendant un moment.
Je me souviens de plusieurs messages qui ressemblaient à « J’ai toujours été critique de la politique américaine, mais je n’ai jamais souhaité la mort d’Américains. » Comme si ce n’était pas déjà une évidence.
Le patriotisme américain a connu un rebond. Le Spider-Man de 2002 se devait de se tenir devant un énorme drapeau américain, comme tous les héros des films américains de cette époque (ça arrive encore, mais c’est moins intense).
On l’oublie parfois, mais le Sommet des Amériques, à Québec, a eu lieu à peine cinq mois avant, en avril 2001. Un moment phare du mouvement altermondialiste, un mouvement très critique envers les États-Unis, envers l’impérialisme américain.
L’altermondialisme n’est pas mort avec le 11 septembre, il y a eu plusieurs actions après – dont l’opposition à la guerre en Irak –, on pourrait même dire que c’est toujours là en fait, puisque cette idée de justice sociale n’a jamais cessé d’alimenter de grands mouvements, mais quelque chose a changé cette journée-là. La vision du monde a changé.
Au-delà de la politique internationale, l’image qui me revient toujours en tête en repensant à cette journée est le regard d’un collègue de travail.
Collègue de travail insulté
Je crois qu’il était Libanais, si ça se trouve, ses racines n’étaient même pas du Moyen-Orient, mais de la Tunisie ou de l’Algérie. Toujours est-il que selon une partie de la clientèle, il avait trop l’air arabe – pour ce que ça veut dire.
Ça n’a pas pris beaucoup de temps. Peu après l’effondrement des tours, il a commencé à se faire insulter par des clients et des clientes. Au point que le directeur lui a suggéré de prendre ça off le reste de la journée. Pour sa propre sécurité.
Son regard était un mélange d’incompréhension, de peur, de doute, de choc. Je crois bien qu’il a attendu une ou deux semaines avant de revenir travailler. Pour rapidement lâcher ce travail devenu trop public pour lui. Être commis dans un magasin était devenu à risque.
J’ai parfois l’impression que cette haine n’a jamais quitté certaines personnes. Des « maudits arabes » on est passé à « l’islamismo-gauchiste ». Un racisme primaire qui essaie de se convaincre qu’il est contre le mal et non contre du monde aussi ordinaire que vous et moi.
La vengeance est un plat qui nous constipe l’esprit et la remontée du racisme est un triste legs de l’attentat de New York.
Malgré les beaux discours, ce n’est pas la justice qui a motivé les actions américaines post-attentat. Attaquer l’Irak, avec de fausses preuves, en est un exemple. Les déboires actuels en Afghanistan aussi.
Les États-Unis ont perdu leur aura de plus grande puissance du monde le 11 septembre 2001 non pas parce que des avions ont attaqué des symboles américains, mais parce que sa réponse n’était pas digne d’une grande puissance.
Aujourd’hui, nous célébrons un triste anniversaire. Il y a 20 ans, une terrible attaque terroriste secouait les États-Unis et le monde entier. Nous t’expliquons cet événement historique.
QUE S'EST-IL PASSÉ CE JOUR-LÀ?
La face du monde a changé à tout jamais le 11 septembre 2001. J’étais alors en 6e année du primaire et juste en voyant le visage de mon père, puis de mon enseignante, j’ai su que quelque chose de très grave venait d’arriver.
Ce jour-là, quatre avions américains remplis de gens innocents ont été détournés de leur destination par des personnes mal intentionnées qui s’étaient vu confier une mission par un monsieur nommé Oussama ben Laden. Retiens ce nom, c’est important pour la suite.
Des avions détournés et transformés en bombes!
Les quatre avions ont donc été infiltrés par des personnes qui se sont fait passer pour des voyageurs. Une fois à bord, ils ont pris le contrôle de l’avion pour aller percuter des édifices aux États-Unis. Cela faisait des années que certains d’entre eux se préparaient à cet attentat en suivant des cours de pilotage notamment.
En fait, un avion s’est écrasé dans un champ en Pennsylvanie, un État américain à moins de deux heures de vol du Québec. Il visait la Maison-Blanche, mais n’a pas réussi à atteindre sa cible. Un autre s’est écrasé à Washington contre le Pentagone. Ça, c’est un édifice qui abrite le cœur des opérations de l’armée américaine. C’est donc un symbole fort qu’on a attaqué.
Et avec les deux autres avions, on a attaqué un autre symbole très, très fort de l’identité américaine : le World Trade Center, à New York. Il s’agit d’une série de 7 bâtiments liés à l’argent et au monde de la finance, donc c’est un symbole important de l’économie américaine…la plus importante du monde à cette époque.
Parmi les 7 bâtiments, il y avait deux gratte-ciel similaires et très près l’un de l’autre. On les appelait les tours jumelles. Ce sont ces deux tours que les avions ont frappées. Les images ont été spectaculaires, les tours ont pris en feu, puis elles se sont effondrées dans un énorme nuage de fumée et de poussière. Imagine le désastre…en plein centre-ville de New York!
Des milliers de victimes!
Tout ça s’est passé un mardi avant-midi. Ça veut dire qu’il y avait plein de gens au travail au World Trade Center et au Pentagone. Il y avait des gens dans les bureaux et dehors, tout autour, ça grouillait de monde…ces attaques ont été meurtrières.
Les attentats du 11 septembre ont fait près de 3000 morts et près de 6000 blessés. C’est énorme. Des hommes, des femmes, des enfants, qui voyageaient, travaillaient, flânaient, faisaient leurs courses…ont été tués. Des pompiers aussi, les premiers à être arrivés sur les lieux… il y en a beaucoup qui sont morts en combattant les flammes ou quand les tours se sont effondrées.
Les 19 personnes responsables des attaques sont évidemment mortes aussi. Elles étaient prêtes à se sacrifier pour leur cause. On appelle ça des kamikazes. Ils faisaient partie du plan élaboré par Oussama ben Laden et son organisation, nommée Al-Qaïda.
Al-Qaïda, c’est une organisation qui regroupe des extrémistes religieux de confession musulmane qui se servent de la violence pour faire entendre leur point de vue.
On a qualifié cet événement d’attentat terroriste parce que le but, au-delà de tuer plein de gens d’un coup, c’est d’intimider, d’inspirer la terreur chez les gens, de lancer un avertissement et de prétendre qu’on est le plus fort.
Psst! Attention! Tous les musulmans ne sont pas des extrémistes religieux. En fait, les premières victimes des extrémistes musulmans, qu’on appelle aussi «djihadiste» sont…les musulmans qui pratiquent leur religion avec modération ou qui sont non pratiquants.
POURQUOI?
Vite comme ça, on a l’impression qu’il y a les bons d’un côté et les méchants d’un autre. Les Américains victimes des méchants terroristes musulmans. Sauf que c’est un peu plus compliqué que ça.
Après la fin de la 2e Guerre mondiale, les relations entre les différents pays de la planète ont changé.
Les États-Unis et la Russie, deux pays géants, ont imposé des modèles de la société complètement différents et les autres pays ont dû choisir un camp. Les Russes et les Américains ne s’aimaient pas beaucoup et étaient un peu en compétition pour qui deviendrait plus fort. Donc les Américains et les Russes se livrent alors une guerre sans jamais s’attaquer directement. C’est ce qu’on appelle la guerre froide. Et tout le monde est pris là-dedans.
Les États-Unis ont des alliés comme la France, le Royaume-Uni, le Canada et Israël, alors que la Russie s’allie avec des pays comme le Venezuela, la Chine, l’Arabie saoudite, l’Iran…des pays qui n’ont pas une super belle feuille de route en matière de droits fondamentaux.
L'importance de la guerre du Golfe
Pendant cette période, les États-Unis font des interventions militaires importantes dans des pays comme le Vietnam, mais aussi dans les pays arabo-musulmans du Moyen-Orient. Il y a eu entre autres la guerre du Golfe qui s’est déroulée. On l’appelle ainsi parce qu’elle se déroule dans le golfe Persique, principalement en Irak.
Cette guerre-là a beaucoup déstabilisé la région et fâché des gens comme Oussama ben Laden, qui s’était donné comme mission de se venger des États-Unis. C’est comme ça qu’il a mis en branle différents plans pour faire souffrir les États-Unis et leurs alliés et le point culminant de cette escalade de violence, c’est les attentats du 11 septembre 2001.
Les véritables victimes de tous ces actes violents sont les civils, ceux qui vivent dans ces pays et qui se retrouvent à payer de leur vie pour des conflits politiques entre différents pays. Il y a eu près de 3000 morts aux États-Unis le 11 septembre 2001. Mais il faut aussi penser que les interventions américaines ont également fait des centaines de victimes innocentes au Moyen-Orient. Les grands perdants de ces conflits, ce sont en général les populations.
PHOTO ARCHIVES ASSOCIATED PRESS, MARK LENNIHAN
DE NOMBREUSES CONSÉQUENCES
Le 11 septembre ça a bouleversé nos vies et façonné le monde actuel. Il y a d’abord eu la réaction du gouvernement américain. Le président de l’époque, George W. Bush, a promis de retracer et punir tous les terroristes et ceux qui les protègent. Tout ça a mené à de longues guerres dans différents pays comme l’Afghanistan pour détruire toutes les menaces terroristes potentielles. Les Américains ont d’ailleurs trouvé et éliminé Oussama ben Laden, le chef d’Al-Qaïda.
Des gestes de vengeance…
Le problème c’est qu’Al-Qaïda, ce n’est pas la seule organisation terroriste sur la planète! Il y en a plusieurs, comme le groupe armé État islamique, qui n’aiment pas les États-Unis pour toutes sortes de raisons et il y a toujours des gens qui ont le goût de se battre pour leur donner une leçon. Cela donne lieu à des attaques terroristes dans d’autres pays alliés et le cycle de violence et de vengeance ne finit plus.
Du racisme…
Ensuite, il y a eu des mesures concernant l’immigration. On a tranquillement assisté à la naissance de ce qu’on appelle l’islamophobie, c’est-à-dire la peur des musulmans, et ça se traduit entre autres par de la discrimination envers des personnes totalement innocentes qui n’ont rien à voir avec le terrorisme.
Certaines personnes qui ne comprennent pas bien la différence entre la religion musulmane et le terrorisme religieux mettent tout le monde dans le même panier. Cela crée beaucoup de méfiance et d’injustices.
On nous surveille davantage!
Le 11 septembre 2001, ça a aussi mené à une grosse, grosse surveillance d’à peu près tout le monde!
On a davantage de surveillance dans les aéroports parce que c’est là que les terroristes se sont infiltrés pour commettre les attentats. Détecteurs de métal, fouille de bagages, scan corporel, contrôle serré des liquides, passeports et documents de voyage plus élaborés...tout ça a été mis en place à la suite des événements du 11 septembre.
Certains gouvernements se sont aussi donné des pouvoirs spéciaux pour mettre des citoyens sur écoute ou surveiller leurs informations personnelles (adresse, activité sur internet, historique des voyages, etc.)
Aujourd’hui, le site où se trouvaient les tours jumelles est devenu un lieu de commémorations appelé «Ground Zero». On y retrouve un musée et les noms des personnes mortes durant les quatre attaques sont inscrits sur le site.
On a également reconstruit des tours pour montrer que la vie continue, même si on a l’impression que le monde comme on le connaissait s’est arrêté le 11 septembre 2001.
Psst! Fais l’exercice avec les adultes autour de toi. Demande-leur où ils étaient le 11 septembre 2001. Je suis certaine qu’ils s’en souviennent!
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