Oui, tu leur diras que l’amour existe et qu’il a toujours un après Il faut s’aimer très fort et ça ne s’apprend pas. On a vingt ans, trente ans et puis un jour soixante Et pour s’aimer toujours, toi tu leur diras Ça ne s’apprend pas Ça ne s’apprend pas Il y a d’abord l’aube dans le lointain des jours Des corps qui se désirent comme de jeunes loups Affamés et rompus au rythme de l’amour Puis les serments du temps qui au fil des jours S’effritent comme le mur que lézarde le temps Des temps qui se retrouvent, des temps qui s’effilochent On a peur, on se traque et pourtant… Toi, tu leur diras que l’amour existe Et qu’il y a toujours un après Un temps où l’on se voit comme on est Un temps où l’on se reconnaît Et où l’on se rend grâces d’avoir survécu au naufrage du temps À la grâce de Dieu qui nous a donné la vue L’amour aveugle que d’autres ont ignoré Toi, tu leur diras que l’on peut aimer Que si le corps se lasse il y a d’autres vertus Pour un prince des ténèbres qui a pu nous tenter Combien de tendresse, combien de déchirements Mais pour aimer, il faut être un enfant Il faut tant de candeur, tant d’étonnement Oui, tu leur diras que le bateau appartient à l’écume Et l’écume au port Où l’on revient toujours…
omantique avant tout, Darwich n’a jamais eu pour ambition d’être la voix du nationalisme arabe. Lui voulait être un poète de l’amour. La mystérieuse Rita, dont le nom a fait le tour du monde arabe grâce à Marcel Khalifé, est évoquée dès les premiers recueils (La Fin de la nuit, Les oiseaux meurent en Galilée…). En 1995, Darwich raconte enfin l’histoire de cette danseuse juive (nommée Tamar dans la réalité), rencontrée autrefois au bal du Parti communiste israélien, dont il était adhérent. La guerre des Six-Jours (1967) aura eu raison de leur intense idylle… « Entre Rita et mes yeux : un fusil. Et celui qui connaît Rita se prosterne. Adresse une prière. A la divinité qui rayonne dans ses yeux de miel. » Rita incarne l’amour impossible. A travers elle, Darwich, toujours très métaphorique, pleurait à la fois la femme et sa terre bafouée. le poème revient sur l’histoire d’amour (tragique?) qu’aurait vécu le jeune Darwich, musulman palestinien, avec Rita, une juive israélienne…
Entre Rita et mes yeux, un fusil Et celui qui connaît Rita se prosterne Et adresse une prière à la divinité qui rayonne dans ses yeux de miel Moi, j’ai embrassé Rita quand elle était petite Je me rappelle comment elle se colla contre moi Et de sa plus belle tresse couvrit mon bras Et moi, je me rappelle Rita Ainsi qu’un moineau se rappelle son étang Ah Rita! Entre nous, mille oiseaux, mille images D’innombrables rendez-vous criblés de balles par un fusil Le nom de Rita prenait dans ma bouche un goût de fête Le corps de Rita dans mon sang était célébration de noces Et deux ans durant, je me suis perdue dans Rita Et deux ans durant, Rita a dormi sur mon bras Nous prêtâmes serment autour du plus beau calice, nous brulâmes dans le vin de (nos) lèvres et nous ressuscitâmes. Ah Rita! Qu’est-ce qui aurait pu éloigner mes yeux des tiens, Hormis le sommeil et les nuages couleur de miel, avant ce fusil ? Il était une fois Ô silence du crépuscule Au matin, ma lune a émigré, loin dans ces yeux couleur de miel Et la ville a balayé tous les aèdes…et Rita. Entre Rita et mes yeux, un fusil.
MAHMOUD DARWICH
Mahmoud Darwich et Rita
MJahmoud Darwish - Algerie 1983 محمود درويش في الجزائر
Bleu. Et à l’intérieur de ce bleu un soupçon de vert, nappes grises de nuages étayés contre l’air, comme si dans l’idée de pluie l’œil pouvait saisir ce que dit n’importe quel moment donné sur terre. Appelle-le ciel. Et de cette façon décrire tout ce que nous voyons, comme si ce n’était rien que l’idée de quelque chose que nous avions perdu en nous. Car nous pouvons commencer à nous souvenir de la terre dure, du silex reflétant les étoiles, des chênes ondulant tordus par la violence de l’air, et ainsi de suite jusqu’à la plus petite graine, découvrant ce qui pousse au-dessus de nous, comme si à cause de ce bleu il pouvait y avoir ce vert qui s’étend, miracle innombrable en ceci, le plus silencieux moment de l’été. Les graines parlent de cette occurrence, définissent l’éruption de l’air et de la terre dans cette profusion de hasard, les forces aveugles de notre propre défaut de savoir ce que c’est que nous voyons, et simplement en parler c’est voir comme les mots nous trahissent, comme on n’éclaircit rien par l’énonciation, pas même ces mots que je suis ému de prononcer au nom de ce bleu et de ce vert qui s’évanouissent dans l’air de l’été. Impossible d’en entendre davantage. La langue nous retire pour toujours du lieu où nous sommes, et en aucun lieu nous ne pouvons être en repos dans les choses qui nous sont données à voir, car chaque mot est un ailleurs, une chose qui bouge plus vite que l’œil, tout comme ce moineau bouge, tournoyant dans l’air où il n’a pas de chez-lui. Je ne crois, alors, à rien que ces mots puissent te donner, et cependant je peux les sentir parler à travers moi, comme si cela seul était ce que je désire, ce bleu et ce vert, et dire à quel point ce bleu est devenu pour moi l’essence de ce vert, et plus que la pure vision de cela, je voudrais que tu sentes ce mot qui a vécu au fond de moi tout le jour, ce désir pour rien que le jour même, et comme
il a poussé au fond de mes yeux, plus fort que le mot dont il est fait, comme s’il ne pouvait jamais y avoir d’autre mot qui s’empare de moi sans éclater.
Paix pour les crépuscules qui s’avancent, paix pour le pont, paix pour le vin, paix pour les lettres qui me cherchent et montent dans mon sang, y emmêlant le vieux chant et la terre, les amours, paix pour la ville au petit jour quand s’éveille le pain, paix pour le fleuve des racines, pour le Mississippi : paix pour la chemise de mon prochain, paix dans le livre comme un sceau de vent, paix pour Kiev et son grand kolkhoze, paix pour les cendres de ces morts et de ces autres morts, paix pour le fer noir de Brooklyn, paix pour le facteur qui se rend de maison en maison comme le jour, paix pour le chorégraphe qui crie ses paroles dans un entonnoir, aux volubilis, paix pour ma main droite qui ne veut écrire que Rosario : paix pour le Bolivien secret comme une pierre d’étain, paix pour que tu te maries, paix pour toutes les scieries du Bío Bío, paix pour le cœur écartelé de l’Espagne guérillera : paix pour le petit musée du Wyoming où le plus doux est un coussin avec un cœur brodé, paix pour le boulanger et ses amours et paix pour la farine : paix pour tout le blé à naître, pour tout l’amour qui cherchera la frondaison, paix pour tous ceux qui vivent : paix pour toutes les terres et les eaux.
Je prends congé, je rentre chez moi, dedans mes rêves, je retourne à cette Patagonie où le vent frappe les étables et où l’Océan disperse la glace. Je ne suis qu’un poète et je vous aime tous, je vais errant par le monde que j’aime : dans ma patrie on emprisonne les mineurs et le soldat commande au juge. Mais j’aime, moi, jusqu’aux racines de mon petit pays si froid. Si je devais mourir cent fois, c’est là que je veux mourir, si je devais naître cent fois, c’est là aussi que je veux naître, près de l’araucaria sauvage, des bourrasques du vent du sud, des cloches depuis peu acquises. Que personne ne pense à moi. Pensons à toute la terre, frappons amoureusement sur la table. Je ne veux pas revoir le sang imbiber le pain, les haricots noirs, la musique : je veux que viennent avec moi le mineur, la fillette, l’avocat, le marin et le fabricant de poupées, que nous allions au cinéma, que nous sortions boire le plus rouge des vins.
Je ne veux rien résoudre.
Je suis venu ici chanter, je suis venu
afin que tu chantes avec moi.
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Paz para los crepúsculos que vienen, paz para el puente, paz para el vino, paz para las letras que me buscan y que en mi sangre suben enredando el viejo canto con tierra y amores, paz para la ciudad en la mañana cuando despierta el pan, paz para el río Mississippi, río de las raíces: paz para la camisa de mi hermano, paz en el libro como un sello de aire, paz para el gran koljós de Kíev, paz para las cenizas de estos muertos y de estos otros muertos, paz para el hierro negro de Brooklyn, paz para el cartero de casa en casa como el dia, paz para el coreógrafo que grita con un embudo a las enredaderas, paz para mi mano derecha, que sólo quiere escribir Rosario: paz para el boliviano secreto como una piedra de estaño, paz para que tú te cases, paz para todos los aserraderos de Bío Bío, paz para el corazón desgarrado de España guerrillera: paz para el pequeño Museo de Wyoming en donde lo más dulce es una almohada con un corazón bordado, paz para el panadero y sus amores y paz para la harina: paz para todo el trigo que debe nacer, para todo el amor que buscará follaje, paz para todos los que viven: paz para todas las tierras y las aguas.
Yo aquí me despido, vuelvo a mi casa, en mis sueños, vuelvo a la Patagonia en donde el viento golpea los establos y salpica hielo el Océano. Soy nada más que un poeta: os amo a todos, ando errante por el mundo que amo: en mi patria encarcelan mineros y los soldados mandan a los jueces. Pero yo amo hasta las raíces de mi pequeño país frío. Si tuviera que morir mil veces allí quiero morir: si tuviera que nacer mil veces allí quiero nacer, cerca de la araucaria salvaje, del vendaval del viento sur, de las campanas recién compradas. Que nadie piense en mí. Pensemos en toda la tierra, golpeando con amor en la mesa. No quiero que vuelva la sangre a empapar el pan, los frijoles, la música: quiero que venga conmigo el minero, la niña, el abogado, el marinero, el fabricante de muñecas, que entremos al cine y salgamos a beber el vino más rojo.
Je vois que vous pleurez, car c'est le moment pour moi de partir.
Ne pleurez pas...
Vous êtes tristes parce que je suis parti mais je suis heureux de vous avoir rencontrés. Combien de chiens, chats et oiseaux comme moi meurent chaque jour sans rencontrer quelqu'un de spécial comme vous ?
Je sais que mon départ vous attriste, mais je devais y aller maintenant. Je vous demande de ne pas vous blâmer, pour rien. Je vous ai entendu sangloter que vous auriez dû faire autre chose pour moi. Ne dites pas cela, vous avez fait beaucoup pour moi ! Sans vous je n'aurais rien connu, appris de la beauté que je porte en moi aujourd'hui. Vous devez savoir que nous les animaux vivons le présent intensément : nous profitons de chaque petite chose, chaque jour, et oublions vite le mauvais passé.
Notre vie commence quand nous connaissons l'amour, le même amour que vous m'avez offert, mes anges. Sachez que quant vous trouvez un animal gravement blessé, et que vous n'avez qu'un peu de temps dans ce monde, vous offrez un amour énorme en accompagnant nos derniers jours .
Aucun d'entre nous n'aime être seul, sauf quand nous réalisons qu'il est temps de partir.
Pour nous il est important que l'un de vous soit à nos côtés , nous caresse et nous tienne la patte, nous aide à aller en paix. Cessez de pleurer ...
Je serai heureux. J'ai en mémoire le nom que vous m'avez donné, la chaleur de votre maison qui est devenue mienne. Je garde dans mon cœur le son de vos voix ...
Je porte en moi toutes les caresses que vous m'avez données. Tout ce que vous avez fait était très précieux pour moi et je vous en suis reconnaissant,
Je ne sais pas comment vous le dire, parce que je ne parle pas votre langue, mais sûrement dans mon regard, vous pouvez voir ma gratitude. Je souhaite une chose, que vous recommenciez à sourire. Rappelez-vous à quel point nous vivions bien ensemble, Revivez comme moi tout le bien que nous partagions à tout moment. Et ne dites pas que vous n'adopterez pas un autre animal, car vous avez beaucoup souffert de mon départ. Il y en a beaucoup comme moi qui attendent des humains comme vous Donnez-leur ce que vous m'avez donné, ils en ont besoin tout comme moi
Vous serez des anges pour nous les animaux.
Sachez que sans des gens comme vous, nos existences seraient très difficiles . Suivez votre noble tâche, maintenant c'est à moi d'être votre ange. Je vous accompagnerai dans vos chemins de vie et vous aiderai à soutenir les autres comme moi.
Sans vous je n'aurai pas connu les beautés que j'ai vécu. Ce soir, quand vous regarderez le ciel et que vous verrez une étoile , je veux que vous sachiez que je suis là ; Merci pour votre Amour ...
Il existe un lieu spécial pour les gens comme vous, nous nous y retrouverons Je vous attends ! "
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AUTEUR INCONNU
Humains mes cousins
Humains, mes cousins; après vous avoir côtoyés quelques temps je retourne où me mènera le vent;
Je n'ai pas compris vos paroles de paix vous qui, indéfiniment, réinventez la guerre je n'ai pas compris vos blasphèmes alors que vous discourrez de poèmes; pourquoi fuyez-vous la lumière et préférez-vous, à la vérité, les secrets ?
Humains, mes cousins; je vous laisse à votre destin et je reprends mon chemin
"ما الأبدية إلا ربيعًا مضيئًا، عندما يأتي الربيع، تغمرك الزهور والضوء، الياقوت يصبح الأرض، واللؤلؤ هو الغلاف الجوي، الفيروز هو العشب، والماء يصبح واضحا وضوح الشمس. فيه الورود مرتبة بشكل متناغم في صحبة جيدة وزهور منثورة. يقول من يستنشق ياسمين الربيع: «ليس المسك مسكًا، ولا الكافور كافورًا في الحقيقة».
Ce petit mot qui t'accompagnera. Je sais combien tu gardais dans ton cœur nos deux jeunes années d'amitié, de joies, de partages, d'insouciance aussi. Le temps aura si vite passé mais les souvenirs restent intacts. Ainsi de notre rencontre, de tes mots, de ton sourire. Toutes nos pensées voyagent vers toi, les tiens, tes proches. J'aurai tant aimé traverser la Grande Bleue, retoucher les rivages de la Terre de Tunisie où nous avons vécu plus de 4 ans, avant de partir à Madrid, en 1968 ... Hammamet, de 1964 à 1968 nous accueillait si souvent, les samedi et dimanche ; inoubliable ! Avec notre affection, notre amitié Je te serre dans mes bras, mon frère Nejib !
Cristian
Je vivrai par-delà la mort, Je chanterai à vos oreilles Même après avoir été emporté, Par la grande vague de la mer Jusqu’au plus profond de l’océan. Je m’assiérai à votre table Bien que mon corps paraisse absent, Je vous accompagnerai dans vos champs, Esprit invisible. Je m’installerai avec vous devant l’âtre, Hôte invisible aussi. La mort ne change que les masques Qui recouvrent nos visages.
...
Et celui qui a lancé sa chanson au vent La chantera aussi aux sphères mouvantes.
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KHALIL GIBRAN
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Et ma mort sera douce.
Je tomberai comme un pétale de coquelicot Que personne n’a cueilli. Je m’éteindrai sans peine, Comme les pétales des marguerites Qui disent « elle ne m’aime pas » Ou « un peu ». Je fermerai les yeux facilement Comme une cerise qui roule sur la blancheur du melon Je m’éteindrai chaudement Comme un oreiller rouge sur un drap blanc Et ma mort sera douce Tant je t’aime.
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Y mi muerte será dulce Me caeré como pétalo de ababol Que nadie cogió. Me apagaré sin pesadumbre Como los pétalos de las margaritas Que dicen «no me quiere» O «me quiere». Cerraré los ojos fácilmente Como rueda una cereza sobre la blancura del melón Me apagaré calidamente Como almohada roja sobre sábana blanca Y mi muerte será dulce De tanto amarte
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JALEL EL GHARBI
" Ode en rouge et blanc "/ " O d a e n b l a n c o y r o j o "
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Un chant pour le chant pour les oiseaux de l’impossible
le vent aveugle incrusté dans le miroir le froid brûlant nos yeux
un chant pour féconder le silence
la rencontre des opposés et les blessures du manque
un chant pour la quadrature du cercle
le corps de l’aube dans la proximité du rire de dieu
pour l’air l'éternité
la fleur
l’abeille la seconde amoureuse de l’amour
un chant dans une poignée de ciel bleu
et l’invisible berceau de la vie plus loin que le lointain
l’enfance ne vieillit jamais dans la mémoire du vivant
un chant pour la prime étoile sur la main
le cœur et dans l'éveil le sommeil de chaque vivant
...
J’écoute l'inachevé
de l’ Eden du possible
à l’insu du temps
pour boire
l’âme du jasmin
tel un astre de nuit
proche et lointain du néant
j'écoute la pulsion de la terre
le chant du peuple mutant
émerveillé
je caresse l’ineffable
l’indicible
le dedans et le dehors
et je danse
sur la circonférence de la rose plurielle
....
Laissez-moi dans l’exil
voyager parmi les étoiles d’eau
les gémissements de l’air
laissez-moi là-bas dans le poème
au cœur de l'infini à Alep
l’espérance désespérée
la détresse couchée sur les murs
nous reviendrons ô terre
et la vie enfantera ce qu'elle recèle encore de merveille
dans chaque souffle qui anime l’humain
lave les rêves de la rose...
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AHMED BEN DHIAB
" Lune Andalouse "
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A l'aube cristalline d'un jour nouveau sous les fastes de la voie lactée, bénie par le baiser cuivré de la lune, telle une épure, dans sa robe de neige au parfum d'oranger
elle chante...
Sur son visage d'aurore, ses lèvres , pétales de bougainvillées psalmodient le pouls de l'Andalousie , qui naît et meurt dans la beauté du chant....
Cœur d'ambre, cils baissés, le timbre est voilé; le souffle se fait complainte jusqu'au firmament, hymne sacré, mélopée originelle... Les corps frémissent, s'élancent, des mains et des pieds rythment les douleurs et les joies, noces de l'ombre et de la lumière, vertiges de la mort et de la vie...
L'appel de la guitare, éternité d'amour, attire les transes de l'absolu, la quête spirituelle, quand souffle l'esprit et l'innocence du monde... La voix, couleur de flamme, est rhapsodie, le chant, poème, amour et ruisseau de miel blond, murmure ou fulgurance de l'orage...
C'est l'heure des étoiles, ruche de silence, errance éternelle du cœur et de l'âme... Dans la douceur féminine de la nuit, oasis parfumé de la terre andalouse, le cri sauvage du soleil s'élève aux matins transparents du monde, fusionne sangs et origines à ces chants de solitude, exil ancestral...
A l'aube cristalline d'un jour nouveau, Telle une épure, Dans sa robe de neige au parfum d'oranger
On m’a privé d’eau, d’huile, Du sel de mes galettes, Des rayons du soleil, De la mer, Du goût du savoir, Et d’un amour parti il y a vingt ans Que j’aimerais tant croiser une seconde On m’a dépouillé de tout Du seuil de la maison et des fleurs du balcon On m’a dépouillé de tout Excepté : De mon cœur De ma conscience Et de ma bouche Mon orgueil après qu’on m’a mis aux fers Est plus violent que toute la folie de leur brutalité Un million de soleils dans mon sang Défient les diverses obscurités Je franchis les sept cieux Grâce à ton amour Oh peuple des drames outranciers Car je suis ton enfant, né de ton sang Par mon cœur, Par ma conscience Et par ma bouche Nos mains sont bien fermes Et celle de l’oppresseur Si ferme qu’elle puisse paraître, Est toujours tremblante
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مليون شمس في دمي.. سلبوني الماء,والزيت وملح الأرغفة وشعاع الشمس,والبحر, وطعم المعرفة وحبيبا -منذ عشرين- مضى أتمنى لحظة أن أعطفه سلبوني كل شيء: عتبة البيت,وزهر الشرفة سلبوني كل شيء غير.. قلب وضمير, وشفة..!! كبريائي وأنا في قيدهم, أعنف من كل جنون العجرفة في دمي مليون شمس تتحدى الظلم المختلفة وأنا أقتحم السبع سماوات بحبي لك يا شعب المآسي المسرفة فأنا ابنك..من صلبك.. قلبا, وضميرا, وشفة..!! يدنا ثابتة,ثابتة.. ويد الظالم مهما ثبتت.. مرتجفة!!
دقيقتان من الأبدية ______________ يحتاج الشاعر إلى ظل أنيس، إلى ملاك حميم، يحتاج إلى صوته الخالص ليتقبل المأزق، ويداعبَ الألم الرابض عند قدميه بالقرب من الكلب الذي يحلم. يحتاج أيضا إلى عزلات رحيبة مثل سيبيريات*. يحتاج الشاعر إلى عصفور يومي، إلى حنو الأشجار. يحتاج إلى ملاك حقيقي يحفظ عن ظهر قلب مرثياته، قصائدَه التي استحوذ عليها الصمت -وتلك التي أسر بها للريح-، يوقن بأنه بكلمة، بحركة يمكن أن يغير مدار نجم أو قدَر شخصية رُئِيتْ تموت منذ قرون في نهاية مسرحية تراجيدية. يحتاج إلى ملاك حقيقي يشهد له باعتزاز أنه خبر الكتابة بالسومرية، أنه أنشد ببراعة صدى حلم ڤيرجيلي و حَوَّلَ إلى ألفية هنينةً بارقة من أبريل. يحتاج إلى ملاك حقيقي يؤمن به ويعده بدقيقتين من الأبدية، ما يكفي من وقت ليتثبت ما إن وجدتْ رسومُه الجدارية اليتيمة التي كان يلقيها أحيانا على مسمع ظله نظرةً إنسانية حيث سيكتمل أخيرا حنينها إلى التلاشي ورغبتها القديمة في الإنمحاء حتى آخر قافية.
. *جمع سيبيريا نص للشاعر الفرنسي ريموند فارينا Poème de Raymond Farina, traduit en arabe par Atlas Hader
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Texte original:
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Le poète a besoin d’une ombre à ses côtés, d’un ange familier, besoin de sa voix pure pour accepter l’impasse, caresser la douleur endormie à ses pieds tout près du chien qui rêve. Il a besoin aussi de solitudes vastes comme des Sibérie. Le poète a besoin de l’oiseau quotidien, de l’affection des arbres. Il a besoin d’un ange vrai sachant par cœur ses élégies, ses vers que le silence a pris -& ceux qu’il a confiés au vent-, certain qu’il peut d’un mot, d’un geste, changer l’orbite d’une étoile ou le destin d’un personnage qu’on voit mourir depuis des siècles à la fin d’une tragédie. Il a besoin d’un ange vrai qui fièrement attestera qu’il sut écrire en sumérien, scander avec exactitude l’écho d’un rêve virgilien & convertir en millénaire un lumineux instant d’avril. Il a besoin d’un ange vrai qui croit en lui, qui lui promet deux minutes d’éternité, juste le temps de vérifier si ses graffiti orphelins, qu’il lisait parfois à son ombre, ont trouvé un regard humain où pourra s’accomplir enfin leur nostalgie des poussières, leur vieux désir de s’effacer jusqu’à la dernière syllabe.
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RAYMOND FARINA
poète français (Extrait de La gloire des poussières, Editions Alcyone)
«Moi qui n'ai jamais fait de mal à personne ! C'est une triste récompense de tant de travaux, de peines, de fatigues. Quel ennui, quelle tristesse, en pensant à tous mes anciens voyages, et comme j'étais actif il y a seulement cinq mois ! Où sont les courses à travers monts, les cavalcades, les promenades, les déserts, les rivières et les mers... Adieu mariage, adieu famille, adieu avenir, ma vie est passée, je ne suis plus qu'un tronçon immobile...»1.
Au-delà des sentiments de révolte et de désespoir qu'ils expriment, ces mots pourraient presque à eux seuls expliquer pourquoi tout une légende, un véritable mythe se sont constitués autour de celui qui les a prononcés avant son dernier soupir rendu à l'hôpital de la Conception de Marseille, le 10 novembre 1891, Arthur Rimbaud. Personnage controversé, à la fois poète, voyageur et trafiquant d'armes, Rimbaud a soulevé la plus vive admiration par ses œuvres précocement géniales. La légende voudrait même que Victor Hugo l'ait salué par ces mots : le « Shakespeare enfant »2. C'est dire l'admiration que Rimbaud, mort à l'âge de trente sept ans, a suscité autour de lui. Eminemment influencé par Hugo, une chose non négligeable, sans doute en existe-t-il d'autres, le sépare de ce dernier : l'Algérie ou plutôt la cause algérienne. Commentant Ernest Renan qui défendait l'idée selon laquelle la langue française obligeait à l'expression d'une raison politique qui ne pouvait être que démocratique car celle-ci était formée par la raison, Roland Barthes affirme, dans sa leçon inaugurale prononcée au Collège de France, en 1977, que l'erreur de Renan était historique et non structurale. Selon lui, elle l'est dans le sens où la langue comme performance de tout langage n'est ni réactionnaire, ni progressiste, mais fasciste, car, dit-il, le fascisme, ce n'est pas d'empêcher de dire, c'est d'obliger de dire3.
Sans doute que la poésie échappe à cette obligation. Du moins, c'est l'hypothèse que l'on pourrait formuler concernant le poème Jugurtha rédigé par Arthur Rimbaud alors âgé de quatorze ans. La correspondance entre un journaliste et un ancien professeur ayant exercé dans le collège, celui de Notre-Dame à Charleville, où fut scolarisé Rimbaud, nous apprend que ce poème fut composé dans le cadre d'un concours académique dont le sujet était «ce seul mot» : Jugurtha4. En fait, le sujet aurait été tout autre à en croire le témoignage du directeur du Collège, M. Abbé Morigny, rapporté par Berrichon Paterne, l'un des premiers biographes de Rimbaud. Quel était donc ce sujet ? « Messieurs », s'écria le principal du Collège en s'adressant aux concourants, « voici le sujet ; je dicte... Abdelkader ! »5.
Dans l'ouvrage qu'il a consacré à l'œuvre de Rimbaud, intitulé « Notre besoin de Rimbaud », Yves Bonnefoy écrit que pour comprendre Rimbaud, non seulement il faut le lire mais il convient aussi de séparer sa voix de tant d'autres voix, qui se sont mêlées à elle6. Nul besoin pour nous de procéder à cette séparation, car ce qui nous importe ici, ce n'est pas le poème à proprement parler mais son histoire. A ce propos, longtemps on a cru que ce poème qui aura finalement pour titre Jugurtha et non Abdelkader, avait été perdu, jeté aux vieux papiers lors du transfert à Lille des archives de l'académie de Douai, comme l'affirma le secrétaire de l'académie de Lille à Jean Bourguignon et Charles Houin, auteurs aussi d'une biographie sur Rimbaud. Il est à noter que si Rimbaud nomme Jugurtha, ses guerres menées contre Rome et sa trahison par Bocchus, à aucun moment il ne cite le nom de Abdelkader, il y fait allusion en évoquant sa lutte pour l'indépendance. En fait ce poème est le lieu d'une apologie, celle de la résistance des Algériens contre l'occupation romaine et française. Au moment où ce concours a lieu, l'Algérie est bien là, présente dans l'imaginaire de Rimbaud. Elle l'est au travers de l'image dépréciative, barbaresque et ensauvagée véhiculée dans les manuels scolaires. Elle l'est aussi au travers de la figure du père de Rimbaud, sous-lieutenant, colonialiste, mobilisé en Algérie, en 1841, et qui sera nommé chef de Bureau arabe et affecté au poste de Sebdou, en juin 1847, cinq mois avant la reddition de l'Emir Abdelkader. Le père ayant quitté le domicile familial alors que Rimbaud n'avait que six ans, outre les dits et non-dits d'autres sources de façonnement liées à la figure du père, viennent nourrir l'imaginaire fantasmatique construit autour de l'Algérie. De quoi s'agit-il ? D'écrits, plus précisément d'une « quantité de documents français-arabes sur les expéditions d'Algérie dont un manuscrit rédigé par le père lui-même et qui comprend également un grand nombre de plans »7. A ces documents rangés dans le grenier, s'ajoute un legs de la famille paternelle, en l'occurrence, une traduction du Coran avec le texte arabe en regard et une grammaire arabe revue et corrigée entièrement par le père qui avait une connaissance parfaite de la langue arabe. En fait, ce poème est le lieu où se joue une double confrontation. Celle de Jugurtha et Abdelkader contre les occupations romaines et françaises et celle du père contre la mère, une mère castratrice contre qui Rimbaud va se révolter et dont le portrait nous est dépeint comme suit : «Madame Rimbaud était une mère très pieuse et très rigide, remplie d'énergie et de ténacité impitoyable sur le chapitre de la discipline nécessaire à la réalisation de ses idées».8
Même si, comme le fait remarquer Hédi Abdel-Jaouad, Rimbaud a écrit pour le père et contre la mère, il ne souscrivait pas à son idéologie colonialiste9, loin s'en faut même. Par ce poème, en sus de prendre fait et acte pour les Algériens, Rimbaud s'inscrit aussi en faux contre les représentations péjoratives de l'Algérie dont nous avons fait part un peu plus haut et contre le regard qu'un écrivain comme Victor Hugo portait sur la colonisation qu'il voyait comme «la marche de la civilisation sur la barbarie». L'œuvre de Rimbaud, sa vie, son destin ont marqué plus d'une génération d'écrivains algériens dont Kateb Yacine10. D'ailleurs, Ismail Abdou n'a-t-il pas écrit à ce propos : « Qui a créé cet Algérien et cet écrivain [Kateb Yacine], qui l'a aidé le premier ? On dit que c'est Rimbaud. Oui c'est vrai... »11.
Notes
1 - Cité in, Bourguignon (Jean.), Houin (Charles.), Vie d'Arthur Rimbaud, Paris, Payot, 1991, pp. 182-1983.
2 - Ibid., p. 83.
3 - Barthes (Roland), Leçon, Paris, Seuil, 1978, p. 14.
4 - Rimbaud (Arthur.), Correspondance, Paris, Fayard, 2007, p. 735.
5 - Berrichon (Paterne), Arthur Rimbaud Le poète (1854-1873), Paris, Mercure, p. 38.
6 - Bonnefoy (Yves), Notre besoin de Rimbaud, Paris, Seuil, 2009, p. 67.
7 - Bourguignon (Jean.), Houin (Charles.), Vie d'Arthur Rimbaud, op. cit., p. 53.
8 - Ibid., p. 60.
9 - Hédi (Abdel-Jaouad), Rimbaud et l'Algérie, Edif 2000, p. 119.
"Tous les hommes que tu as connus Te disaient qu'ils ne voulaient plus Donner les cartes pris comme dans un piège C'est dur de retenir la main D'un homme qui cherche plus loin Qui veut atteindre le ciel pour se livrer Et qui veut atteindre le ciel pour se livrer
Puis ramassant les cartes Qui sont restées là sur la table Tu sais qu'il t'a laissé très peu pas même son rire Comme tous les joueurs il cherchait La carte qui est si délirante Qu'il n'aura plus jamais besoin d'une autre Qu'il n'aura plus jamais besoin d'une autre
Un jour penchée à ta fenêtre Il te dira qu'il veut renaître Au monde que ta tendresse lui cache Et sortant de son portefeuille Un vieil horaire de train il dit Je t'avais prévenue je suis étranger Je t'avais prévenue je suis étranger
Maintenant un autre étranger semble Vouloir que tu ignores ses rêves Comme s'ils étaient le fardeau d'quelqu'un d'autre Tu as vu cet homme déjà donner Les cartes avec son bras en or Mais maintenant tu vois sa main est figée Oui maintenant tu vois sa main est figée
Mais tu n'aimes pas regarder Un autre homme fatigué Déposer toutes ses cartes comme une défaite Tandis qu'il rêve jusqu'au sommeil Dans l'ombre tu vois comme une fumée Une route qui monte derrière sa tête Une route qui monte derrière sa tête
Tu lui dis d'entrer et de s'asseoir Et en te retournant tu vois Que la porte de ta chambre reste ouverte Et quand tu prends sa main il dit N'aie pas peur ma tendre amie Ce n'est plus moi oh mon amour l'étranger Ce n'est plus moi oh mon amour l'étranger
J'ai attendu toujours certain De te revoir entre les trains Bientôt il va falloir en prendre un autre Oh je n'ai jamais eu tu sais Pas le moindre plan secret Ni personne pour me conduire Et tu te demandes ce qu'il cherche à dire Oui tu te demandes ce qu'il veut dire
En bas au bord du fleuve demain Je t'attendrai si tu veux bien Là tout près du pont qu'ils construisent Puis quitte le quai pour un wagon-lit Tu sais qu'il cherche un autre abri Qu'il n'avait jamais été un étranger Qu'il n'avait jamais été un étranger
Et tu dis d'accord Le pont ou bien ailleurs Je viendrai
Puis ramassant les cartes Qui sont restées là sur la table Tu sais qu'il t'a laissé très peu pas même son rire Comme tous les joueurs il cherchait La carte qui est si délirante Qu'il n'aura plus jamais besoin d'une autre Qu'il n'aura plus jamais besoin d'une autre
Un jour penchée à ta fenêtre Il te dira qu'il veut renaître Au monde que ta tendresse lui cache Et sortant de son portefeuille Un vieil horaire de train il dit Je t'avais prévenue je suis étranger Je t'avais prévenue je suis étranger"
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