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Rédigé le 25/10/2022 à 16:57 dans France, Guerre d'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)
Au terme d’une campagne électorale éclair, Rishi Sunak a été élu chef du Parti conservateur britannique et nommé mardi Premier ministre. L’élection de Sunak survient après la démission de Liz Truss, désavouée pour ses propositions économiques désastreuses.
Si son arrivée au pouvoir parvient à rassurer quelque peu les marchés financiers affolés, son plan économique détaillé est grandement attendu pour tenter de faire sortir le Royaume-Uni de la crise. Parallèlement, les conservateurs ont besoin d’une figure sérieuse et compétente capable d’unir le parti et de minimiser les chances de défaites aux législatives de 2024. Le nouveau Premier ministre réussira-t-il son pari risqué, surtout que les échecs de ses prédécesseurs n’ont cessé de discréditer son camp?
Quatre jours se sont écoulés depuis la démission de Liz Truss, et déjà un nouveau Premier ministre lui succède: le troisième en près de deux mois. Arrivé second en septembre face à Mme Truss, il saisit l’occasion de l’échec cuisant de son adversaire et parvient cette fois-ci à atteindre l’accès à Downing Street.
Dimanche, dès l’annonce de l’abandon de Boris Johnson de la course à la tête du parti, la City a poussé un soupir de soulagement. Mais ce n’est que lundi que M. Sunak a été annoncé gagnant, suite au désengagement de Penny Mordaunt, seule candidate concurrente.
Quelles sont les propositions politico-économiques de Sunak pour une sortie de la crise? Petit-fils d’immigrants indiens fortunés, Rishi Sunak est l’ancien chancelier de l’Échiquier du gouvernement Johnson. La plus grande différence entre Truss et Sunak réside dans leurs visions économiques.
Selon The Economist, " Sunak est un expert alors que Truss est un franc-tireur ". Il se veut davantage réaliste et estime qu’"on ne peut réduire drastiquement les taxes sans avoir le contrôle sur l’inflation", critiquant ainsi le mini budget mis en place par Kwasi Kwarteng le 23 septembre dernier.
Misant sur une croissance annuelle de 2,5% en abaissant massivement les impôts pour les plus favorisés, le plan de relance budgétaire du gouvernement Truss a suscité la panique des marchés financiers et la chute vertigineuse de la livre sterling.
L’arrivée de M. Sunak est alors vue comme un miracle tombé du ciel, d’autant plus que les conservateurs espèrent fortement qu’il s’impose comme héros de la situation. Ainsi, sur le plan économique, le nouveau Premier ministre prône " la prudence fiscale " et propose un retour à l’austérité économique à travers la rigueur budgétaire.
Se présentant comme un homme pragmatique et compétent, il sera à la tête d’une administration dont l’objectif serait d’abord de maîtriser l’inflation. Il compte ensuite faire baisser les impôts afin de favoriser l’investissement et finir par stimuler la croissance économique. En vérité, Rishi Sunak s’engage à réduire de 20% la fiscalité d’ici 2030.
Par ailleurs, si le domaine économique est central dans le programme électoral de M. Sunak, celui-ci a pris d’autres engagements concernant le Brexit, l’immigration, la santé ou encore la politique étrangère. Au niveau du Brexit, il soutient le protocole nord-irlandais et s’engage à renégocier toutes les lois post-Brexit qui affectent négativement les entreprises britanniques.
Quant à l’immigration, il souhaite faire voter une loi qui limite l’immigration légale et élargir l’initiative du Rwanda à d’autres pays pour prévenir l’immigration clandestine. Il s’agit d’une initiative prise par Boris Johnson et qui consiste à renvoyer les immigrants clandestins au Rwanda malgré les désaccords de la Convention pour les droits de l’Homme.
Dans le secteur de la santé, il espère redynamiser le NHS (service de santé publique), baisser les temps d’attentes et empêcher l’exode des médecins les plus qualifiés par la hausse de leurs revenus. Enfin, pour la politique étrangère, il entamera un rapprochement avec l’UE, malgré son euroscepticisme, ainsi qu’avec la Chine (selon le quotidien The Times), afin d’améliorer les relations commerciales britanniques.
Accusé d’avoir accéléré la chute de Boris Johnson, Rishi Sunak n’était pas largement apprécié au sein de son parti. Cependant, l’expérience Truss et les désastres économiques qui ont suivi ont consolidé sa crédibilité, notamment pour les questions financières. Celui qui exprimait depuis quelques mois son scepticisme pour le plan économique de son adversaire, "tiré d’un conte de fée", a prédit la panique des marchés et la dégringolade de la monnaie nationale.
La page Truss est tournée. Celle de Sunak s’ouvre. Une ère de prudence économique et d’orthodoxie financière s’annonce. Avec le désengagement de Boris Johnson, la figure la plus à même de relever le pays de sa crise est M. Sunak, avec qui les conservateurs peuvent espérer regagner quelque peu une certaine crédibilité au sein de son électorat. Son défi majeur reste toutefois de gagner les élections législatives en 2024, alors que l’opposition travailliste a 36 points d’avance.
https://icibeyrouth.com/monde/143184
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Rédigé le 25/10/2022 à 16:15 dans Divers | Lien permanent | Commentaires (0)
AAprès quatre ans de délibérations et d’échanges entre les parties, le Comité contre la torture des Nations unies a condamné le Maroc pour la séquestration du Germano-Marocain Mohamed Hajib et pour les graves sévices qu’il lui a fait subir durant plusieurs années.
u moment où le Maroc et l’Allemagne élargissent leur coopération antiterroriste, c’est une affaire dont ils se seraient largement passés. Une information qui implique les deux États et qui va soulever les ciments de l’État profond marocain. Un coup de tonnerre dans un ciel encombré de fake news et de manipulations en tout genre.
L’ancien détenu politique Mohamed Hajib, l’ennemi public numéro 1 des services de renseignement marocains, a bel et bien été séquestré, torturé par des agents de l’État et condamné arbitrairement à dix ans de prison (une peine ramenée à cinq, puis à sept) à une époque, en 2010, où le régime marocain se prévalait de vivre sous une « ère nouvelle », une époque débarrassée, disait-on, des années de plomb de Hassan II.
L’ONG Alkarama, basée en Suisse, et qui s’est chargée de la défense de ce Germano-Marocain, vient de rendre publique par voie de communiqué une décision du Comité contre la torture des Nations unies concluant que Mohamed Hajib a été condamné en 2010 à dix ans de prison pour de « prétendus actes terroristes » sur la « seule base d’aveux extorqués sous la torture ».
Cette décision onusienne dont Middle East Eye a obtenu une copie, rendue le 12 juillet 2022 mais connue seulement il y a quelques jours, était très attendue par les deux parties opposées : l’État marocain et Mohamed Hajib.
Depuis qu’il a été arrêté en 2010, jusqu’à sa libération en 2017, Mohamed Hajib n’a cessé de clamer qu’il a été embarqué dans une invraisemblable histoire à la suite d’une expulsion déguisée d’Allemagne.
Il a toujours accusé Berlin et Rabat d’avoir conclu un pacte secret, et manifestement illégal, afin de le priver de sa nationalité allemande pour avoir seulement visité le Pakistan.
Or Hajib n’a jamais été jugé et encore moins condamné. Ni au Pakistan, où il était parti pour devenir prédicateur dans la mouvance tablighie, ni, encore moins, en Allemagne.
Jusqu’à aujourd’hui, il n’a jamais existé de preuve l’impliquant dans un quelconque acte terroriste.
D’où le caractère arbitraire de la décision de la police allemande de le faire voler vers le Maroc en 2010, en dépit de sa nationalité germanique, prévenant dans la foulée son homologue marocaine de son arrivée.
Hajib a été séquestré à l’aéroport de Casablanca, où il est admis aujourd’hui qu’il a été torturé par des agents de la Direction générale de la sûreté du territoire (DGST, plus connue sous son ténébreux acronyme de DST), puis par des agents de la Brigade nationale de police judiciaire (BNPJ), dans leur siège du quartier de Maarif à Casablanca, dirigée alors par le défunt Abdelhak Khiam.
L’affaire Hajib est sensible et symptomatique d’un état d’esprit parce qu’elle implique les services secrets de deux États qui se seraient mis d’accord pour accabler un innocent
Selon l’ONU, Hajib a été également et constamment brutalisé par les fonctionnaires des différentes prisons où il a séjourné.
L’État marocain, au contraire, a toujours nié les faits. Il a affirmé dans ses réponses au Comité qu’il n’avait jamais soumis à la torture cet ex-activiste tablighi, que tous ses droits avaient été respectés et qu’en réalité, il était un membre du « salafisme jihadiste ».
Le Comité contre la torture de l’ONU avait donc à trancher entre ces deux versions. Il a fini par admettre que Hajib, qui a constitué un volumineux dossier truffé de témoignages, certains, écrits, provenant de l’ambassade d’Allemagne à Rabat, d’attestations médicales et de divers autres documents, a été torturé par les services de sécurité marocains et par les gardiens de prison.
Il est probable, mais pas certain, que les experts onusiens aient eu accès à des documents confidentiels des services de renseignement allemands datant de 2010 et dans lesquels il est question de la « disparition » de Hajib après son retour au Maroc. Après s’être rendu compte de leur méprise, les Allemands auraient essayé de s’enquérir du sort de Hajib, mais la machine de répression de l’État marocain était déjà en marche.
L’affaire Hajib est sensible et symptomatique d’un état d’esprit parce qu’elle implique les services secrets de deux États qui se seraient mis d’accord pour accabler un innocent.
Elle est explosive parce que le Maroc s’est embarqué dans cette galère pour simplement rendre service à un pays ami, l’Allemagne, soucieux de se débarrasser d’un tablighi à une époque où ses coreligionnaires étaient mal vus parce que confondus avec les salafistes jihadistes. Jamais la mouvance tablighie n’a été impliquée dans un quelconque acte terroriste.
Depuis 2018, date du dépôt de la plainte de Hajib auprès du Comité contre la torture, l’État marocain s’est rendu compte qu’il allait payer seul les pots cassés de cette incroyable histoire. Il a donc mis tout son poids, policier, judiciaire et diplomatique, dans la balance pour éviter d’être condamné pour torture par l’ONU.
Le parquet général du royaume, la BNPJ et les deux plus importants services de renseignement marocains, la DST et la DGED (contre-espionnage), ont collaboré étroitement pour essayer de convaincre les opinions publiques, marocaine et internationale, de la dangerosité de Hajib.
Comme Mohamed Hajib anime une très visitée chaîne YouTube, le prétexte a vite été trouvé pour l’acculer avec de fausses informations et le présenter auprès de l’ONU comme un dangereux terroriste.
Au Maroc, des dizaines d’articles, voire des centaines, tous à charge, ont été écrits ces dernières années contre lui. Des vidéos maladroitement manipulées pour lui faire dire ce qu’en réalité il ne disait pas ont essaimé sur les différents sites.
À l’étranger, des médias complaisants et connus pour leur proximité avec Rabat ont été sollicités pour présenter le Germano-Marocain comme un danger public. Un obscur procureur général d’un petit État américain, l’Utah, un certain Sean Reyes, a été mis à contribution pour partager sur son compte Twitter un article d’un média financé par le Maroc qui taxait Hajib de « terroriste ».
Pour appuyer leurs accusations, les services de renseignement marocains ont fourni au Comité contre la torture les témoignages de deux anciens détenus, Bouchta Charef et Hassan Khattab, qui, dans des interviews diffusées dans des médias proches des services secrets, se sont réclamés ouvertement du salafisme jihadiste et ont reconnu leur culpabilité dans des affaires de terrorisme. Pour mieux impliquer Hajib.
Ils ont ainsi assuré avoir fomenté des complots avec lui alors qu’ils se trouvaient incarcérés dans différentes prisons. Des vérifications faites par MEE montrent que si les deux reclus salafistes et le tablighi ont bien été incarcérés, pour de très courtes périodes, dans les mêmes établissements pénitentiaires, ils étaient logés dans différentes ailes et ils ne se sont que rarement croisés.
D’ailleurs, devant une si grosse et grossière ficelle, le Comité n’a pas retenu ces deux témoignages dans ses attendus.
Signe que les autorités marocaines étaient inquiètes de la décision finale du Comité contre la torture, la DST a payé de sa personne pour aller au charbon.
Elle a déposé, en son nom et sans passer par les canaux diplomatiques, et à trois reprises, des plaintes pénales contre Mohamed Hajib auprès du parquet de Duisbourg, la ville allemande où il réside. Du jamais vu ! Des plaintes allant de l’antisémitisme supposément proféré dans les vidéos diffusées sur sa chaîne YouTube au terrorisme.
Mais c’était compter sans la sérieuse et méthodique justice allemande. Étonné devant une telle sollicitude marocaine, le parquet de Duisbourg a fait appel à des experts, des linguistes, des islamologues et des orientalistes, pour traduire et déchiffrer les vidéos de Hajib objets de l’ire des autorités sécuritaires marocaines.
Or tout le monde est arrivé à la même conclusion : le jeune tablighi a fait usage de sa liberté d’expression et les faits reprochés par la DST étaient manipulés. Toutes les plaintes de la DST ont été rejetées.
Une grosse déconvenue pour son directeur, Abdellatif Hammouchi, l’homme qui, avec le conseiller royal Fouad Ali El Himma, et en l’absence du roi, gouverne le Maroc à coups de trique et de procès qui se terminent systématiquement par l’incarcération des prévenus, qu’ils soient journalistes, activistes des droits humains, youtubers ou simples commentateurs sur les réseaux sociaux.
Une grosse déconvenue pour le directeur de la DST, Abdellatif Hammouchi, l’homme qui, avec le conseiller royal Fouad Ali El Himma, et en l’absence du roi, gouverne le Maroc à coups de trique et de procès qui se terminent systématiquement par l’incarcération des prévenus, qu’ils soient journalistes, activistes des droits humains, youtubers ou simples commentateurs sur les réseaux sociaux
Même Interpol a fini par retirer de sa base de données la notice rouge visant Hajib après s’être convaincu qu’il s’agissait d’une persécution politique. Une autre gifle pour le patron de la BNPJ, Mohamed Dkhissi, qui est en parallèle le chef du Bureau central national (BCN) Interpol, la représentation de cette organisation internationale de police criminelle au Maroc.
Pour comprendre la folle obsession des autorités marocaines envers Hajib, il faut se rappeler que dans les trois griefs reprochés à l’Allemagne dans un communiqué daté de mai 2021 et annonçant le rappel de l’ambassadrice du royaume – qui avait marqué une crise profonde entre Rabat et berlin –, figure Mohamed Hajib.
Même s’il n’est pas cité explicitement, il est fait clairement allusion à son cas quand le ministère marocain des affaires étrangères accuse Berlin de « complicité à l’égard d’un ex-condamné pour des actes terroristes, notamment en lui divulguant des renseignements sensibles communiqués par les services de sécurité marocains ».
Finalement, tout ce tintamarre a été inutile. Le Comité contre la torture de l’ONU a fini par condamner l’État marocain. Dans sa décision, longue de quinze pages, il lui demande d’identifier et de juger les tortionnaires coupables des sévices subis par Hajib, lui enjoint de l’informer des suites de cette affaire « dans un délai de 90 jours » et l’exhorte à « veiller à ce que des violations analogues ne se reproduisent pas ».
Le Comité contre la torture des Nations unies a soumis au Maroc, pour commentaire, la longue enquête, citée dans son rapport final, publiée par MEE en mai 2021 sur Mohamed Hajib.
Rabat n’a pas souhaité répondre.
Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leur auteur et ne reflètent pas nécessairement la politique éditoriale de Middle East Eye.
Rédigé le 25/10/2022 à 12:17 dans Maroc | Lien permanent | Commentaires (0)
De 1954 à 1962, plusieurs centaines de milliers de soldats français combattent en Algérie. Près de 23 000 y trouveront la mort, plus de 60 000 y seront blessés et davantage encore en reviendront marqués à vie. Retour sur la date du 18 octobre 1999 marquant la reconnaissance officielle de la guerre d’Algérie part l’État français.
" J'ai eu le plaisir de participer à ce film diffusé hier, lors de la cérémonie nationale d'hommage aux anciens combattants aux Invalides. 18 octobre 1999 - 18 octobre 2022. Bon visionnage ! "
http://www.micheldandelot1.com/
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Rédigé le 25/10/2022 à 02:05 dans France, Guerre d'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)
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Rédigé le 25/10/2022 à 01:47 dans Chansons, Québec | Lien permanent | Commentaires (0)
Agnès Levallois, maître de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique, répond aux questions de « L’Orient-Le Jour ».
Le prince héritier d’Arabie saoudite Mohammad ben Salmane et le président russe Vladimir Poutine participent à une rencontre à l’occasion du sommet du G20 à Osaka, le 28 juin 2019. Photo d'archives AFP
Depuis l’annonce de l’invasion russe en Ukraine, de nombreux pays du Moyen-Orient, traditionnellement alliés aux États-Unis, ont décidé d’adopter des positions conciliantes vis-à-vis de la Russie. La dernière décision de l’OPEP+ de réduire sa production de pétrole semble s’inscrire dans cette dynamique. Mis à part la Syrie qui soutient pleinement la politique de Vladimir Poutine, le Moyen-Orient se distingue par son jeu d’équilibrisme entre les deux camps.
En dehors des considérations d’alliances politiques et stratégiques, les pays du Golfe mettent en avant des impératifs économiques pour justifier leurs décisions. Ils cherchent ainsi à s’imposer comme des acteurs à part entière.
L’ESA Business School accueille le 25 octobre un colloque sur le sujet intitulé « Les conséquences de la guerre en Ukraine pour le Moyen-Orient ». Parmi les participants, Agnès Levallois, maître de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique et copilote de l’Observatoire sur le monde arabo-musulman et le Sahel. Elle se penche pour L’Orient-Le Jour sur ces bouleversements en cours, l’ambiguïté stratégique d’une partie du Moyen-Orient et l’autonomisation inédite des politiques étrangères.
Dans un article pour la Fondation pour la recherche stratégique, vous expliquez que le Moyen-Orient est fracturé par le conflit ukrainien. Pourriez-vous développer cette idée ? S’agit-il de nouvelles fractures ou d’une exacerbation d’une scission préexistante ?
Je pense que la guerre en Ukraine confirme des tendances qui étaient déjà à l’œuvre dans la région. On retrouve d’un côté les alliés inconditionnels de la Russie – l’Algérie et la Syrie – et de l’autre des pays cherchant surtout à préserver leurs intérêts. Il y a notamment une autonomisation des politiques extérieures de la part de pays comme l’Arabie saoudite qui n’ont pas à prendre parti pour la coalition occidentale ou les Russes. En choisissant de ne pas appliquer les sanctions demandées par les Occidentaux, ils font part d’une volonté de placer les intérêts nationaux au premier plan. Cela se traduit notamment par le choix de Riyad de ne pas augmenter la production de pétrole, contrairement à ce que souhaite Joe Biden. Cette décision a été perçue comme un soutien aux Russes qui bénéficient de cette politique. Un choix qui satisfait la majorité de la population dans ces pays où la Russie continue de profiter d’une image globalement positive.
Quelques mois après le début du conflit et les difficultés de la Russie dans cette guerre, comment les positions ont-elles évolué dans la région ?
Le support des pays du Moyen-Orient n’est pas conditionné par les résultats des affrontements. Le recul de la Russie sur le terrain n’a ainsi pas eu de réel impact dans le positionnement de ces derniers. Ils ne cherchent pas à se placer du côté des gagnants mais simplement à préserver leurs alliances. La Syrie n’a ainsi pas changé de position depuis le début du conflit, ce qui s’explique par sa dépendance envers Moscou. Elle a soutenu et continue à soutenir la Russie. Les pays du Golfe continuent quant à eux d’appliquer leur doctrine de « pragmatisme commercial », à savoir profiter, engranger des bénéfices grâce à l’augmentation des prix du pétrole ; ne surtout pas choisir entre les Russes et les pays occidentaux – et essayer de rester à distance des deux.
Les pays producteurs de pétrole sont les grands gagnants de l’invasion russe sur le court terme, mais qu’ont-ils à y gagner sur le moyen terme ?
À court terme, les pays du Golfe cherchent à engranger le plus de bénéfices possible, le but est premièrement économique. À moyen terme, l’objectif est de garder une relation avec la Russie tout en maintenant des liens avec le camp de Washington, et de diversifier les partenariats stratégiques. Ils cherchent ainsi à montrer qu’ils ne sont pas seulement dépendants des pays occidentaux. On assiste à une autonomisation des politiques étrangères des pays de la région qui entendent aujourd’hui défendre leurs intérêts avant tout, allant jusqu’à prendre une certaine distance avec les Américains.
Le choix de l’Arabie saoudite de ralentir sa production de pétrole apparaît comme un cadeau offert à Poutine. Quelles en sont les raisons ? Riyad a également récemment annoncé une aide humanitaire à Kiev, comment expliquer ce double discours ?
La relation entre Biden et le prince héritier saoudien Mohammad ben Salmane (MBS) n’est pas au beau fixe. MBS tente notamment de prendre sa revanche après les déclarations de Biden suite à l’affaire Khashoggi. Malgré les excuses du président américain, il y a eu une perte de confiance entre les deux hommes. Pour l’Arabie saoudite, les récents événements sont une façon de démontrer qu’elle poursuit sa propre stratégie, qu’elle n’est plus obligée de suivre la position exigée des Américains. Il est important de retenir que pour l’Arabie saoudite comme pour ses voisins, cette guerre n’est pas la leur et ils n’ont aucun intérêt à prendre parti pour l’un ou l’autre des camps. L’aide saoudienne apportée à l’Ukraine entre tout à fait dans cette analyse, à savoir garder des relations des deux côtés : une relation avec Poutine dans le cadre de la politique pétrolière, tout en apportant une aide humanitaire à l’Ukraine. Jusqu’à quand cela sera possible, c’est une question à laquelle nous n’avons pas la réponse. Cela dépendra du temps que durera le conflit.
Peut-on aujourd’hui parler du début d’un Moyen-Orient postaméricain ?
Le Moyen-Orient est en évolution et la guerre en Ukraine fait apparaître des tendances et des évolutions géopolitiques déjà en place auparavant. Ce conflit les démontre, les confirme et les accentue. Aux États-Unis, les démocrates ont clairement montré une certaine défiance vis-à-vis des Saoudiens. Cela ne veut cependant pas dire qu’ils souhaitent se retirer de la région, ils y ont trop d’intérêts. Si on peut parler de désengagement, le retrait n’est quant à lui nullement envisagé. Pour les pays du Golfe, la même logique est en place ; on recherche une relation plus équilibrée, moins dépendante, sans couper les ponts. On assiste donc à des évolutions durables, accentuées par la guerre en Ukraine, mais dont on ne doit pas exagérer l’importance.
OLJ / Propos recueillis par Pauline VACHER, le 23 octobre 2022 à 15h00
https://www.lorientlejour.com/article/1315502/-la-guerre-en-ukraine-accentue-les-evolutions-geopolitiques-en-cours-au-moyen-orient-.html
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Rédigé le 25/10/2022 à 00:59 dans Ukraine | Lien permanent | Commentaires (0)
« Une langue différente est une vision de la vie différente. »1 « On est autant de personnes qu'on parle de langues. »2
Le monde se métamorphosant - globalisation tant multiforme que multidimensionnelle oblige ! - en un simple village planétaire sous l'influence des effets de la mondialisation, des médias et des technologies de l'information et de la communication..., l'apprentissage des langues étrangères est devenu - on ne peut plus - une exigence impérative pour ses habitants, les « villageois planétaires », afin d'en faire un bon usage dans l'établissement des relations humaines : sociales, économiques, culturelles, cultuelles et intellectuelles...
En effet, la maitrise des langues étrangères, cette condition sine qua non pour la création des passerelles interculturelles, est le sésame pour découvrir de part et d'autre la culture et la civilisation de l'Autre et pouvoir s'exprimer correctement et aisément avec ce dernier pour créer, chemin faisant, des liens socioculturels et civilisationnels voire économiques, car « une langue vous place dans un couloir de la vie. Deux langues vous ouvrent toutes les portes »3 ...
Il tout à fait clair que de nos jours, le phénomène de la mobilité des êtres humains s'est généralisé par le flux migratoire du Sud vers le Nord, le tourisme tous azimuts, le changement volontaire de lieu de vie (de pays en pays voire de continent en continent) et notamment les activités de recherche et manifestations scientifiques universitaires... La maitrise des langues étrangères s'est alors imposée comme le visa inconditionnel pour les séjours de part et d'autres des passerelles interculturelles, comme le souligne le philosophe Ludwig Wittgenstein « les limites de ma langue sont les limites de mon univers ».
Ainsi, un vent favorable est venu, récemment, propulser la vitesse du voilier de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique pour lui permettre non seulement d'atteindre les quais magnifiques de la terre promise mais surtout de s'y amarrer en précurseur ! Deux actions ont déjà ajusté le gouvernail du projet d'établissement : la maitrise de la langue de Shakespeare par le corps enseignant et la toute première mesure de l'opération « zéro papier » qui vient de concerner, dans un premier temps, les thèses de doctorat en version papier qui seront dorénavant - au grand soulagement des doctorants - exclusivement en version électronique ! Désormais, les enseignants-chercheurs sont donc appelés à perfectionner leur niveau de compétence en langue anglaise soit en ayant une licence ou en obtenant le niveau B2/C1...
Pareillement, consciente de ces défis, l'université algérienne avait intégré dans ses structures, au sein de ses services communs, les Centres d'Enseignement Intensif des Langues (CEIL), afin de permettre tant aux étudiants qu'aux corps enseignants voire les externes de l'université l'apprentissage des langues étrangères suivant le CECRL, Cadre Européen Commun des Références pour les Langues dont les niveaux de compétence sont au nombre de six (A1, A2, B1, B2, C1 et C2).
Cette structure, qui s'est même impliquée avec l'environnement social et économique de l'université, et dans le but de proposer une prestation dont la démarche qualité est sa boussole de navigation, est devenue partenaire dans un projet européen intitulé « EL@N ». L'objectif de ce projet qui se résume dans « la modernisation de l'enseignement des langues étrangères dans les centres de langues des universités algériennes », est composé par un consortium de six universités algériennes (Ouargla, Guelma, Biskra, Bejaia, UST Oran, et Tlemcen), trois universités européennes (Espagne, France et Italie) et une université turc. Ainsi et à la fin de ce projet, prévue fin 2023, une dissémination aura pour but de mettre à niveau tous les centres de langue des universités algériennes et dont la responsabilité incombera à l'Université Kasdi Merbah de Ouargla...
Si le projet de la modernisation de l'enseignement des langues étrangères au niveau des CEILs coïncide tant avec l'implication de ces derniers dans l'accompagnement du perfectionnement du corps enseignant dans la langue anglaise que la décision des pouvoirs publics d'instaurer l'enseignement de cette langue internationale par excellence à partir de la troisième année primaire, il n'en demeure pas moins que l'organisation de ces structures mérite d'être actualisée ! Aussi, dans un souci de perfectibilité et afin de leur permettre d'accomplir les missions qui leur incombent, le statut fixant les obligations tant du coordinateur pédagogique et le service pédagogique que des enseignants qui y interviennent et du comptable... qui constituent l'ossature du CEIL, a besoin - à notre humble avis - d'être revitalisé...
Parallèlement, et ayant l'outrecuidance de penser que le train de la réforme de l'université algérienne est bien en marche, je me permets - naïvement mais sincèrement - d'oser avancer qu'il serait souhaitable que les voiles du bateau aient comme vent favorable une force exprimée en nœuds suivants :
- Intégrer parmi les critères de recrutement des Maitres Assistants, la maitrise des langues étrangères
- Instituer la condition de la maitrise de l'anglais (B2 ou la licence) pour l'habilitation
- Instituer la condition de la maitrise de deux langues étrangères dont l'anglais (B2 ou licence) pour le professorat
- Intégrer dans le cycle de formation LMD un volume horaire global pour l'apprentissage de la langue anglaise de telle sorte : la licence (A2), Master (B2) et Doctorat (C2)
Trois années suffiraient pour que les collègues enseignants-chercheurs aient soit la licence d'anglais ou le niveau C2 (la formation au CEIL offrant la possibilité d'obtenir deux niveaux par an).
Enfin, et comme l'ont démontré les chercheurs Hanh Thi Nguyen et Guy Kellogg, de l'université de Hawaï, qui ont prouvé que lorsque leurs étudiants apprennent une langue, ils développent de nouvelles façons de comprendre une culture différente de la leur à travers l'analyse des stéréotypes culturels. Ils expliquent ainsi que « l'apprentissage d'une nouvelle langue implique non seulement l'acquisition d'éléments linguistiques, mais aussi l'intégration de nouvelles façons de penser et de nouveaux comportements »4.
Alors VIVEMENT les langues étrangères ! Amen...
*Docteur. Maitre des Conférences « HDR », Directeur du CEIL / Université Kasdi Merbah Ouargla
Notes :
1- Federico Fellini, réalisateur de cinéma et scénariste italien
2- Proverbe hongrois
3- Frank Smith, producteur de radio, écrivain, auteur de poésie, et vidéaste, réalisateur
4- Amy Thompson, Professeur de linguistique appliquée et titulaire de la chaire de langues, littératures et linguistique du monde, West Virginia University
par Khelfaoui Benaoumeur
Docteur. Maitre des Conférences « HDR », Directeur du CEIL / Université Kasdi Merbah Ouargla
Lundi 24 octobre 2022
http://www.lequotidien-oran.com/?news=5316177
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Rédigé le 24/10/2022 à 08:27 dans Culture, Divers | Lien permanent | Commentaires (0)
La cérémonie de clôture du XXe congrès du Parti communiste s’est ouverte sur l’image curieuse de l’ex-président de la République chinoise Hu Jintao (2003-2013) quittant sa place auprès du numéro un, M. Xi Jinping, fermement escorté vers la sortie : simple malaise, comme a fini par dire la presse chinoise, ou geste autoritaire de M. Xi pour acter la fin de toute influence de l’ex-patron ? Ce qui est sûr, c’est que l’actuel président a obtenu son troisième mandat, que la charte du Parti stipule désormais « le rôle central du camarade Xi Jinping » (gare donc à qui le critique !) et que les organes dirigeants, fortement renouvelés, ne contiennent que des fidèles.
M. Xi a changé quatre des sept membres du Comité permanent, la plus haute instance, en faisant monter l’ex-dirigeant du Parti de Shanghaï, qui a confiné avec force sa ville pendant deux mois et qui devrait être nommé premier ministre l’an prochain. Le Bureau politique, réduit à 24 (contre 25), ne comprend plus une seule femme et reflète les préoccupations du moment : la « sécurité » militaire mais aussi intérieure, alimentaire, technologique… Le mot est revenu comme un leitmotiv dans le discours d’ouverture. M. Xi a resserré les rangs. Mais s’entourer de « bons camarades » n’est pas une garantie de réussite au moment où les signes de faiblesse s’accumulent.
Vers un troisième mandat de Xi Jinping à l’issue du XXe Congrès du Parti communiste
Quand, en 2018, M. Xi Jinping introduit dans la Constitution ses « pensées sur le socialisme à la chinoise » et la possibilité d’être élu à vie, nul n’imagine que la préparation du XXe Congrès, qui se tient le 16 octobre, sera agitée. Le malaise de la classe moyenne, le sort de Taïwan, les relations avec les États-Unis et la Russie, ont mis en évidence des failles jusque-là discrètes.
«Nous devons faire de la survie notre objectif principal (1). » L’alarme du très puissant fondateur de Huawei, M. Ren Zhengfei, a fait l’effet d’une minibombe dans le landerneau communiste chinois. Ce patron peu habitué à livrer ses pensées visait son groupe, bien sûr. Mais tout le monde a compris que le diagnostic allait bien au-delà, et il est rare qu’un dirigeant connu se montre publiquement aussi pessimiste. Surtout au beau milieu du mois d’août, quand les hauts dirigeants du Parti communiste chinois (PCC) se retrouvent en conclave dans la station balnéaire de Beidaihe, en pleine préparation du XXe Congrès.
Un congrès qui s’annonce hors norme. Son chiffre rond, témoin de la longévité du parti au pouvoir, y invite. Plus fondamentalement, il va marquer une rupture avec la tradition établie depuis la mort de Mao Zedong, en 1976, en désignant pour la troisième fois le même secrétaire général, M. Xi Jinping — jusqu’ici, on ne pouvait exercer plus de deux mandats. Enfin, cette réunion se déroule alors que le pays doit relever une série de défis internes (baisse de la croissance, Covid et politique de confinement total, pollution) et externes (relations dégradées avec les États-Unis, avec les voisins en mer de Chine, guerre russe en Ukraine), sans oublier les tensions avec Taïwan.
Il a fallu attendre début septembre pour en connaître la date : le 16 octobre, cinq ans, jour pour jour, après le XIXe Congrès. Cette précision de métronome est censée montrer aux 96,7 millions d’adhérents, aux 2 300 délégués de toute la Chine convergeant alors vers Pékin, et même aux simples citoyens que la direction aborde cette échéance avec sérénité. Il est vrai que, si l’essentiel des orientations et surtout de la composition de l’équipe dirigeante n’était pas réglé, le rendez-vous aurait été retardé. Car, contrairement à ce que l’on entend souvent en Occident, il y a débat au sein du saint des saints communiste. Feutré voire secret, mais réel. Cette année, les sujets de friction ne manquent pas — plus nombreux que ne s’y attendait le « président de tout », comme on surnomme parfois M. Xi pour signifier que rien de ce qui est important ne lui échappe.
Parmi les points de tension figurent les questions économiques et sociales. Certes, le bilan de sa décennie apparaît tout à fait honorable : une moyenne de 6 % de croissance, même si le taux à deux chiffres n’est plus de mise ; une éradication de la pauvreté absolue, même si la Chine reste au soixante-douzième rang mondial en termes de richesses par habitant, selon le Fonds monétaire international (FMI) ; la construction d’infrastructures modernes (chemin de fer, autoroutes, aéroport) dans un pays immense qui en manquait cruellement ; une montée en gamme réussie des productions, à tel point que, par exemple, la valeur ajoutée chinoise dans un iPhone d’Apple, qui s’élevait à 3,6 % il y a quinze ans, atteint aujourd’hui plus de 25 % (2).
Toutefois, cet exemple même prouve que l’industrie demeure dépendante des technologies étrangères, notamment pour les semi-conducteurs de la dernière génération conçus à Taïwan et pour les logiciels. La guerre économique américaine lancée par le président Donald Trump et renforcée par son successeur Joseph Biden, avec son cortège d’interdictions d’importations et d’exportations, compromet sérieusement l’avenir. Huawei, à la pointe mondiale pour la 5G et les réseaux de télécommunication, s’est ainsi fait couper les ailes.
Pourtant, loin de l’image véhiculée par les médias, « Xi Jinping a davantage ouvert l’économie au commerce extérieur et aux investissements », note l’économiste américain David Dollar, chiffres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) à l’appui. En 2020, précise-t-il, « la Chine a dépassé les États-Unis pour l’accueil des investissements directs étrangers (IDE) : 253 milliards de dollars d’entrées, contre 211 milliards. Ils ont encore augmenté en 2021, notamment dans le secteur des services et de la haute technologie » (3). Chez les capitalistes, les profits servent de guide, plus que l’idéologie, et un marché de plus d’un milliard de consommateurs, cela ne se refuse pas. Ces capitaux étrangers se dirigent vers les branches à plus forte valeur ajoutée, tandis que les productions d’assemblage se délocalisent au Vietnam (comme Apple), en Malaisie ou au Bangladesh, qui « offrent » des salaires nettement moins élevés.
Reste que l’économie patine : au deuxième trimestre 2022, la croissance est restée atone (0,2 %) — du jamais-vu depuis trente ans. La baisse du commerce mondial et la stratégie zéro Covid, qui paralyse des métropoles et des régions entières, expliquent, pour partie, ces faiblesses. Tout comme l’arrêt brutal de la folle construction immobilière des dernières décennies conduisant à une bulle que le pouvoir veut faire éclater en douceur, sans y parvenir tout à fait.
S’y ajoutent la volonté de contrôle des géants de l’économie numérique qui avaient étendu leurs tentacules financiers, tel Alibaba (4), et les investissements devenus inefficaces dans les infrastructures publiques. Ainsi les trente-trois mesures de soutien fiscal et budgétaire (plus de 500 milliards d’euros) prises par le gouvernement en avril, puis en juin, n’arrivent pas à enrayer le ralentissement. David Dollar prend le cas significatif des chemins de fer : « Les premières lignes ferroviaires à grande vitesse desservaient des couloirs densément peuplés et étaient largement utilisées ; mais des investissements plus récents ont étendu le réseau dans des zones peu peuplées où il est peu utilisé. » Nul doute, comme il le suggère, que « davantage de services sociaux, pour les migrants [les ruraux venant travailler dans les villes], les personnes âgées et la population rurale, pourraient être financés en réduisant ces investissements inutiles dans les infrastructures » (5). La remarque ne vaut d’ailleurs pas seulement pour la Chine.
Au total, le chômage grimpe dangereusement, notamment pour les jeunes qualifiés : près d’un sur cinq (19,6 %) ne trouve pas d’emploi. Or, au pays de l’enfant unique, la situation est explosive. Si le contrat social — promesse d’avenir meilleur contre monopole du PCC — est entamé, l’avenir sera compromis (lire « La classe moyenne a besoin d’être rassurée »). On comprend que les plus hauts fonctionnaires et cadres du parti, qui jouent leur destin personnel, ne suivent pas comme un seul homme les directives du « président de tout »…
L’autre sujet de préoccupation s’appelle Taïwan. Le refus de laisser l’île déclarer son indépendance fait quasiment l’unanimité au sein du PCC et sans doute dans la société. En revanche, la façon de traiter Taipei est contestée, M. Xi n’apparaissant pas forcément comme le plus va-t-en-guerre. Certains, notamment dans les milieux militaires, estiment que Pékin devrait frapper vite et fort « avant que les États-Unis se servent de Taïwan pour faire à la Chine ce qu’ils ont fait avec l’Ukraine à la Russie, une guerre interposée », explique un cadre de l’armée de terre, aujourd’hui reconverti, qui trouve le président trop indécis. D’autres, défendant la même idée, estiment que le pays doit continuer à se préparer militairement (6). Les derniers, beaucoup plus discrets, regrettent que le président ne s’en tienne pas au « profil bas » de feu Deng Xiaoping et ne fasse pas preuve de patience. En fait, trois événements ont changé la donne taïwanaise au cours de ces dernières années.
En Chine, M. Xi a inclus l’unification du territoire dans son vaste projet de rajeunissement du pays. Taïwan est donc considéré comme la « pièce manquante (7) » à ramener dans le giron le plus rapidement possible. Selon la doctrine précédente, le temps jouait en faveur d’un rattachement jugé inéluctable, et il n’y avait aucune raison de précipiter l’affaire.
Dans l’île, les habitants ont tiré les leçons de la mise au pas de Hongkong. Ils en ont conclu que la formule « un pays, deux systèmes » prétendant assurer leur autonomie démocratique n’était qu’un slogan destiné à leur faire avaler la pilule d’une centralisation à outrance. Cela a d’ailleurs permis à Mme Tsai Ing-wen, au bilan social contesté, de se faire réélire triomphalement présidente en janvier 2020. Ce qui a encore amplifié les appréhensions de Pékin.
Aux États-Unis, la frénésie antichinoise et l’importance géostratégique de l’île poussent les dirigeants à sortir de la politique de reconnaissance d’« une seule Chine », en vigueur depuis 1979 (8). Un mois après la visite de Mme Nancy Pelosi à Taipei, l’administration Biden a annoncé une livraison d’armes d’un montant de 1,1 milliard de dollars. Le président lui-même a déclaré que « les États-Unis défendraient l’île (9) » en cas d’invasion — ce qui est perçu comme une incitation à déclarer l’indépendance. Dans la foulée, la commission des affaires étrangères du Sénat, composée d’élus démocrates et républicains, a adopté, le 14 septembre dernier, une nouvelle loi sur la politique pour Taïwan (Taiwan Policy Act). Elle comporte des mesures mettant en cause le statu quo, parmi lesquelles l’intégration de l’île en tant qu’« allié majeur non membre » de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) (10) au même titre que le Japon, l’Australie ou la Corée du Sud, et l’octroi d’une aide militaire de 4,5 milliards de dollars en quatre ans. Certes, la loi doit être adoptée en séance plénière au Sénat, puis à la Chambre des représentants, avant sa promulgation par M. Biden. Mais, sur cette question, démocrates et républicains sont sur la même longueur d’onde, et la peur sécuritaire des dirigeants chinois en est décuplée. Or la peur est rarement bonne conseillère.
Tout cela conforte M. Xi dans sa volonté de se tourner vers le monde non occidental et singulièrement l’Asie. S’il n’a pas réussi à contenir la puissance militaire et stratégique de Washington dans la région, il est parvenu à y consolider ses liens via le partenariat économique régional global (PERG), le plus grand accord de libre-échange jamais conclu, avec les pays de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Anase, plus connu sous son acronyme anglais Asean), l’Australie, la Corée du Sud, le Japon et la Nouvelle-Zélande. « En 2012, les États-Unis étaient le plus grand marché pour les produits chinois », note David Dollar ; dorénavant, ils sont supplantés par les pays du PERG. Cette interdépendance économique amène la plupart des dirigeants de l’Anase à refuser de choisir entre Washington et Pékin, malgré les pressions de chaque camp.
La Chine pousse également ses pions du côté de l’Asie centrale. Pour sa première visite à l’étranger depuis deux ans et demi, le président Xi s’est rendu au Kazakhstan puis en Ouzbékistan, dans la ville mythique de Samarkand, où se tenait, début septembre, le sommet de l’Organisation de coopération de Shanghaï (OCS). Celle-ci a pour particularité de réunir quatre des cinq républiques centrasiatiques (Kazakhstan, Kirghizstan, Ouzbékistan, Tadjikistan), la Russie, la Chine, l’Inde, le Pakistan, membres de plein droit, auxquels se joignent les observateurs : Azerbaïdjan, Arménie, Cambodge, Népal, Sri Lanka, Mongolie, Turquie (membre de l’OTAN), Égypte, Qatar, Arabie saoudite et Iran, qui a demandé son adhésion.
Les dirigeants chinois citent souvent ce groupe de Shanghaï comme modèle de leur conception d’un nouvel ordre international, sans domination occidentale, où des pays s’opposant sur certains sujets parfois vitaux (l’Inde avec le Pakistan sur le Cachemire, ou l’Iran et l’Arabie saoudite…) peuvent travailler ensemble sur d’autres, ou en tout cas dialoguer.
Le sommet de septembre a surtout été marqué par la guerre russe en Ukraine et les rencontres bilatérales entre M. Vladimir Poutine et le président chinois d’une part, le premier ministre indien d’autre part. Peu de choses ont filtré, si ce n’est que le président russe a déclaré à M. Xi : « Nous apprécions fortement la position équilibrée de nos amis chinois quant à la crise ukrainienne (…). Nous comprenons vos questions et vos inquiétudes à propos de la guerre (11). » On n’a pas de précision sur les « inquiétudes chinoises » — la presse de Pékin étant restée silencieuse. On sait, en revanche, que le premier ministre indien, M. Narendra Modi, a clairement assuré que « l’heure n’est pas à la guerre », et reçu à peu près la même réponse : « Je connais vos inquiétudes. »
En fait, l’invasion de l’Ukraine contredit l’inviolabilité de la souveraineté nationale à laquelle la Chine est attachée. M. Wang Wenbin, porte-parole du ministère des affaires étrangères, a redit, en marge de l’assemblée générale de l’Organisation des Nations unies, que Pékin « appelle les deux parties à cesser le feu et à négocier (12) ». D’autant que la guerre perturbe les projets du président Xi de valorisation d’un monde multipolaire reconnaissant la puissance de l’empire du Milieu. Pékin ne veut pas s’aliéner totalement l’Occident ni laisser les États-Unis et leurs alliés écraser économiquement et diplomatiquement la Russie, qui s’oppose à l’ordre américain. L’équilibre est difficile à tenir.
Celui-ci est en tout cas fort discuté dans les rangs du PCC, où des personnalités de premier plan ont ouvertement contesté les choix actuels (13), tel que Hu Wei, vice-président du Centre de recherche sur les politiques publiques du Bureau du Conseil d’État, Gao Yusheng, diplomate et ancien ambassadeur en Ukraine, ou encore Sun Liping, ex-professeur à l’université Tsinghua (Pékin).
Les critiques ne se limitent pas aux relations sino-russes. Elles touchent, de plus en plus ouvertement, tous les aspects de la vie sociale. La répression et la censure, qui se sont renforcées, ne suffisent pas à les étouffer, comme l’explique Sun Liping dans un texte délicieusement intitulé « Pourquoi les moutons ne veulent pas être attachés » (14) : ils « ne veulent pas nécessairement faire quelque chose de mal (…). Mais il suffit de voir à quel point un mouton est heureux quand il est délié, comment il s’enfuit, et vous comprendrez à quel point les moutons n’aiment pas être attachés ». Reste à savoir si les délégués au XXe Congrès se montreront de bons bergers !
lundi
24 octobre 2022
La cérémonie de clôture du
Rédigé le 24/10/2022 à 07:19 dans Chine | Lien permanent | Commentaires (0)
Quelle incidence sur la Cause palestinienne après le récent revirement de la position australienne, qui a décidé de ne plus reconnaître El Qods-Ouest comme la capitale d'Israël ? Si on sait l'exploiter, c'est un gain immense pour les Palestiniens, qui cherchent à renforcer leurs rangs suite à la « Déclaration d'Alger», et pour tous les amis de la Cause palestinienne. Quatre ans après la décision de l'ancien gouvernement australien de reconnaître El Qods Ouest comme capitale d'Israël, et annoncer dans ce sillage de transférer l'ambassade d'Australie de Tel-Aviv vers la ville Sainte, la ministre australienne des Affaires étrangères, Penny Wong, a rectifié la trajectoire de la politique extérieure de son pays, en déclarant, le 18 octobre dernier, que la question du statut d'El Qods devait être résolue dans le cadre de négociations de paix entre Israël et le peuple palestinien et «non dans le cadre de décisions unilatérales». Affirmant que l'Australie «ne soutiendra pas une approche qui compromet cette perspective», et que «l'ambassade d'Australie a toujours été, et reste, à Tel-Aviv». Cela explique globalement la nouvelle position de l'Australie à propos de cette reconnaissance, influencée par la même position de l'administration américaine, sous la conduite de Trump, mais qui n'a jamais fait l'unanimité au sein de la communauté australienne, et a provoqué d'énormes ennuis dans les relations avec l'Indonésie voisine, notamment sur le plan économique avec un gel temporaire des accords de libre échange entre les deux pays. Comme quoi les causes justes survivent toujours à l'arbitraire. Bien sûr, bien que la ministre australienne des Affaires étrangères a tenu à souligner que «cette décision n'est pas un signe d'hostilité à l'égard d'Israël», cela n'a pas manqué de provoquer le courroux d'Israël, qui a convoqué dans la journée même du 18 octobre l'ambassadeur australien. Alors que le ministre palestinien des Affaires civiles, Hussein al-Cheikh, de son côté, a salué la décision de l'Australie concernant El Qods et son appel en faveur de la solution à deux États et sa garantie selon laquelle la souveraineté future d'El Qods dépend d'une solution permanente basée sur la légitimité internationale. Mais, c'est sur le plan régional, arabe, surtout, où l'on s'attend à ce que cette décision australienne fasse ses effets. D'autant que le Sommet d'Alger, qui inscrit la Cause palestinienne au cœur de ses travaux, se prête parfaitement pour prendre des décisions fortes qui consacrent un soutien, sans faille, à la solution à deux Etats, avec El Qods comme capitale palestinienne. Et pourquoi pas l'inscrire comme préalable à toute «normalisation», comme c'était la devise à l'époque, et faire revenir sur leurs décisions les pays qui ont suivi cette voie ? On peut toujours rectifier des politiques qui ne cadrent pas avec les principes humains ou de la légalité internationale. L'Australie peut-elle être plus arabe dans ses positions sur ce registre que les pays arabes ?
par Abdelkrim Zerzouri
Dimanche 23 octobre 2022
http://www.lequotidien-oran.com/?news=5316216
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Rédigé le 23/10/2022 à 15:37 dans Israël, Palestine | Lien permanent | Commentaires (0)
L'agent de Salman Rushdie a déclaré qu'il avait perdu l'usage d'un œil et d'une main après la tentative d'assassinat perpétrée contre l'écrivain le 12 août 2022. AFP/Herbert Neubauer
Andrew Wylie, le puissant représentant de l'auteur des Versets sataniques a accordé un entretien à nos confrères espagnols d'El Pais dans laquelle il donne des nouvelles plus ou moins rassurantes de la santé de son client.
Poignardé le 12 août aux États-Unis, l'écrivain britannique Salman Rushdie a depuis perdu la vue d'un œil et l'usage d'une main, entre autres graves séquelles, a indiqué son agent au quotidien espagnol El Pais. «Il a perdu la vue d'un œil... Il a eu trois blessures graves au cou. Il est handicapé d'une main car les nerfs de son bras ont été sectionnés. Et il a environ 15 autres blessures à la poitrine et au torse», a déclaré Andrew Wylie à El Pais dans un entretien publié ce week-end des 22 et 23 octobre. «Ses blessures étaient très profondes (...) C'était une attaque brutale» mais «il va vivre», a-t-il ajouté, détaillant ainsi pour la première fois l'état de santé de l'écrivain depuis plusieurs semaines, sans indiquer s'il se trouve toujours à l'hôpital.
À lire aussiSalman Rushdie poignardé : son agresseur félicité par la presse iranienne
Le 12 août, Salman Rushdie s'apprêtait à s'exprimer lors d'une conférence dans le nord de l'État de New York (nord-est) quand un homme a fait irruption sur scène et l'a poignardé à plusieurs reprises, notamment au cou et à l'abdomen. Évacué en hélicoptère vers un hôpital, l'auteur des Versets sataniques avait dû être brièvement placé sous respirateur avant que son état s'améliore.
Le principal suspect, Hadi Matar, Américain d'origine libanaise alors âgé de 24 ans, avait été arrêté immédiatement après les faits et a plaidé non-coupable lors de son procès qui s'est ouvert mi-août devant un tribunal de Mayville, dans l'État de New York.
L'attaque avait choqué en Occident mais avait été saluée par des extrémistes de pays musulmans comme l'Iran ou le Pakistan. L'écrivain est poursuivi depuis 33 ans par une fatwa du Guide suprême iranien le condamnant à mort.
Par Figaro avec AFP
Rédigé le 23/10/2022 à 13:43 dans Divers | Lien permanent | Commentaires (0)
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