Cependant que les flots exhalent leurs soupirs, Sur les fûts brisés zigzaguent les hirondelles; Le terrain caillouteux resplendit d'asphodèles Qui naissent au printemps vierges de souvenirs.
Pénétrant de leur or les vagues de saphir, Les rayons moribonds du soleil étincellent Je rêve. Expire au loin le chant des tourterelles Où suis-je ? A Tipaza ? Dans le pays d'Ophir ?
Le soir tombe. La nuit voilera les ruines Mais surgit Séléné, riche en clartés divines Bientôt donc renaîtront tous les dieux disparus,
Et le pas souverain des légions romaines, Et, proches de la mer où chantent les sirènes, L'ombre de Jean Grenier et l'ombre de Camus.
Jean Bogliolo Professeur de lettres classiques au Lycée Gautier (Jean Bogliolo écrivait Tipasa avec un Z. C'était toléré.)
Un autre poème, de Jean-Claude Xuereb :
Longtemps il écouta aux portes du silence Les grincements du temps en bruits venus d’ailleurs Il scruta le regard aveugle de la nuit Au rêve égaré d’une criblure d’étoiles
Il avait depuis toujours pris rendez-vous Aux rives du néant où bat l’éternité Ne le pleurons pas son destin s’est accompli.
Jean-Claude Xuereb est intervenu aux Journées « Albert Camus et René Char : en commune présence », et « Audisio, Camus, Roblès, frères de soleil : leurs combats ».
Je lis à présent ces lignes qui semblent être extraites d'un magazine pour une invitation au voyage alors que je les ai trouvées au début de Noces suivi de L'été. Elles ne sont pas signées. « Tipasa, c'est à 69 kilomètres d'Alger. Une cité romaine dont ne subsistent que des vestiges envahis par la végétation des absinthes, des géraniums et des griffes-de-sorcière. Imaginez des ruines à pic sur une falaise que vient battre une eau claire, brasillant sous l’éclatante lumière méditerranéenne. Tel est le site magnifique où Albert Camus a célébré dans sa vingtième année ses "noces" avec la nature. »
Face aux accusations de torture qui se multiplient, Israël a annoncé avoir commencé le transfert de détenus du camp militaire de Sde Teiman vers d’autres lieux de détention. Enquête sur une geôle d’exception, où plusieurs dizaines de personnes ont perdu la vie.
Mise en garde
Cet article fait état de tortures, sa lecture peut être difficile et choquante.
Diaa Al-Kahlout est l’ombre de lui-même, « tout à la fois vivant et mort » depuis qu’il est revenu de ce qu’il surnomme « Guantánamo » :le camp militaire de Sde Teiman, dans le désert du Néguev, dans le sud d’Israël, à une trentaine de kilomètres à l’est de la bande de Gaza.
Cette base de l’armée israélienne, où sont détenus sans jugement ni inculpation des centaines de Palestiniens arrêtés à Gaza depuis le 7 octobre 2023, est le nouveau symbole des violations massives des droits humains perpétrées par Israël au nom de la « lutte contre le terrorisme ». Comme Guantánamo, à la pointe de l’île de Cuba, est devenue l’emblème des dérives des États-Unis après les attentats du 11 septembre 2001.
Diaa Al-Kahlout y a passé trente-trois jours, cet hiver, sous le matricule 059889, avant d’être convoyé en bus, un bandeau sur les yeux, avec une centaine d’autres prisonniers, jusqu’au point de passage de Kerem Shalom, au sud-est de Rafah, et de recouvrer la liberté dans un état très dégradé, méconnaissable, tenant à peine sur ses jambes.
« J’ai perdu 45 kilos, je vois très mal alors que ma vision était excellente, j’ai de graves problèmes de santé, au dos, à la poitrine, je n’arrive plus à dormir »,raconte le journaliste, chef du bureau de Gaza pour Al-Araby Al-Jadeed (The New Arab), un média en ligne basé à Londres, financé par une société qatarienne.
Il témoigne à visage découvert pour Mediapart, depuis l’Égypte où il a fui et où il attend, désorienté, avec sa femme et leurs cinq enfants, un visa pour le Qatar en se demandant, avec angoisse, « s’il est possible de se reconstruire après ça ».
Chaque jour, chaque nuit, Diaa Al-Kahlout revit les atrocités subies « comme [s’il était] encore en prison » : les coups, les punitions, la privation de nourriture, de sommeil, de toilettes. « Nous n’avons pas été traités comme des êtres humains. »
Il se revoit, à moitié nu ou vêtu d’un pyjama gris, affublé d’une couche-culotte, les yeux bandés, la bouche bâillonnée par un ruban adhésif, les pieds entravés, les mains attachées, dans le dos ou vers le haut, les poignets entaillés par les menottes en acier. Forcé à rester pendant des heures, dit-il, debout ou à genoux, ou encore suspendu par les poignets. Agonisant de douleur. Certain de mourir là. Coupé du monde, des siens.
Durcir au maximum les conditions de vie des prisonniers palestiniens
Ces dernières semaines, les témoignages de détenus libérés et de lanceurs d’alerte ayant travaillé sur place se multiplient, à l’instar de ceux recueillis par Mediapart. Tout comme les alarmes émanant d’associations de défense des droits humains israéliennes et palestiniennes.
Ces témoignages décrivent des abus et tortures systémiques, allant jusqu’à la mort de plusieurs dizaines de prisonniers, dans le camp de Sde Teiman, où aucun observateur extérieur n’a pu accéder – pas même le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), interdit d’accès à toute prison israélienne depuis le 7 octobre.
La prison de Sde Teiman
Cette base militaire qui accueille désormais un camp de détenus est située dans le désert du Néguev, à une trentaine de kilomètres de la frontière avec Gaza.
Dans cette geôle d’exception, l’arbitraire est poussé à l’extrême, grâce à une loi israélienne de 2002 qui confère à l’armée le pouvoir d’enfermer pendant quarante-cinq jours sans mandat d’arrêt une personne qui aurait « participé directement ou indirectement à des actes hostiles contre l’État d’Israël, ou est membre d’une force perpétrant des actes hostiles contre l’État d’Israël », avant de la libérer ou de la confier à l’administration pénitentiaire israélienne (IPS) : c’est la loi sur les « combattants illégaux », un statut hors du droit international.
L’arbitraire est encouragé aussi par la figure suprémaciste juive du gouvernement de Benjamin Nétanyahou, le ministre de la sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, chargé du système pénitentiaire, qui a donné le mot d’ordre après les attaques du Hamas : durcir au maximum les conditions de vie des Palestiniens derrière les barreaux.
Sous pression, l’armée israélienne, qui assure à Mediapart « respecter la dignité des détenus » et « se conformer au droit israélien et international », dit traiter les accusations de torture « très sérieusement ».D’après elle, soixante-dix enquêtes de la police militaire ont été ouvertes « à propos d’incidents ayant donné lieu à des soupçons d’infractions pénales »,pas seulement à Sde Teiman.
Signe d’un infléchissement, une semaine après l’annonce par le chef d’état-major de l’armée de la création d’une « commission consultative » chargée d’examiner les conditions de détention, Israël a déclaré avoir commencé le transfert de sept cents détenus de Sde Teiman vers la prison militaire d’Ofer, en Cisjordanie occupée et de Ktzi’ot, dans le Néguev ; cinq cents autres devraient être transférés dans les prochaines semaines (sachant qu’il en reste actuellement sept cents, d’après une source militaire contactée par Mediapart).
L’avocat de l’État israélien l’a indiqué mercredi 5 juin à la Cour suprême d’Israël, saisie par plusieurs ONG exigeant la fermeture immédiate de ce « trou noir sans foi ni loi où les droits humains fondamentaux des détenus sont bafoués ».Il a promis à la plus haute juridiction du pays, au nom du gouvernement, que les conditions de vie à Sde Teiman allaient être améliorées et que le site allait être transformé en un centre de détention de courte durée seulement, sa vocation initiale, pour y trier les détenus (dont le nombre maximum a été fixé à 200) et y conduire des enquêtes préliminaires.
Oneg Ben Dror, de Physicians for Human Rights Israel (PHRI), l’une des ONG à l’origine de la plainte devant la Cour suprême, a accueilli la nouvelle avec soulagement, sans pour autant crier victoire. « Depuis le 7 octobre, la torture atteint des niveaux sans précédent, dans toutes les prisons, celles de l’administration pénitentiaire comme celles de l’armée,explique-t-elle. D’autres centres de détention sont similaires, comme celui d’Ananot, à l’est de Jérusalem. Des milliers de familles ignorent si leurs proches sont morts ou vivants. Israël refuse de nous préciser le nombre de décès en détention, comme de dire dans quels camps sont détenus les prisonniers, ce qui relève de disparitions forcées, un crime contre l’humanité au sens de la convention de Rome. »
« C’est du jamais-vu !, abonde Tal Steiman, du Comité israélien contre la torture. Des mineurs, des personnes âgées, d’autres souffrant de handicap, de blessures de guerre, des femmes, des professionnels de santé, des journalistes sont arrêtés jusque dans des zones protégées, des écoles, des hôpitaux, et soumis à la torture. Avant le 7 octobre, les tortures que nous documentions se produisaient généralement dans le cadre d’enquêtes, d’interrogatoires des services de sécurité, mais pas à un tel niveau en détention. Elles ne ciblaient pas un public aussi large. »
Auprès de Mediapart, l’armée israélienne évoque trente-six détenus morts dans ses installations depuis le début de la guerre. Un chiffre en deçà de la réalité, selon Oneg Ben Dror, qui a organisé plusieurs manifestations devant Sde Teiman. « Un camp pire que Guantánamo,appuie son collègue Nadji Abbas. En vingt ans, vingt personnes y ont perdu la vie. Là, c’est plusieurs dizaines en quelques mois. »
Dans leur plainte déposée le 23 mai, PHRI ainsi que quatre autres organisations israéliennes de défense des droits humains (le Comité contre la torture, Acri, HaMoked, Gisha) égrènent les multiples abus et tortures, physiques et psychologiques, infligés aux prisonniers palestiniens. Des coups entraînant des fractures, des hémorragies internes, des punitions arbitraires, des chirurgies sans anesthésie, des violences sexuelles...
« Forcés de rester les yeux bandés pendant des heures, même lors d’un traitement médical ou lorsqu’ils défèquent, ils sont maintenus dans des positions douloureuses pendant des jours et constamment menottés au point d’entraîner des blessures telles que certains d’entre eux doivent être amputés. Plusieurs cas ont été documentés »,rapporte Oneg Ben Dror.
Début avril, le journal israélien Haaretz a rendu publique la lettre d’un médecin de Sde Teiman alertant les ministres de la défense et de la santé ainsi que le procureur général d’Israël. « Deux prisonniers ont eu des amputations des jambes à cause de blessures dues aux entraves, un événement courant », écrit le médecin qui évoque « des dilemmes éthiques difficiles » et « des pratiques non conformes à la loi ».
Le même mois, l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens, l’Unrwa, a livré un rapport accablant faisant état de traitements inhumains, cruels et dégradants, à l’encontre de détenus gazaouis, parmi lesquels plusieurs de ses employés. Quantité d’abus physiques, sexuels, psychologiques ont été rapportés, notamment le fait que des soldats urinaient sur des détenus, les obligeaient à se comporter comme des animaux, leur demandaient de boire dans les toilettes, lançaient des chiens contre eux, y compris sur des enfants, frappaient leurs parties génitales.
Un homme, âgé de 41 ans, raconte avoir été contraint de s’asseoir « sur quelque chose qui ressemblait à un bâton métallique brûlant et c’était comme du feu », lui causant des brûlures à l’anus. Il dit avoir vu un détenu mourir après l’insertion d’un bâton électrique dans l’anus.
Des hommes et des femmes ont déclaré avoir été obligés de se déshabiller devant des soldats masculins pendant les fouilles et avoir été photographiés et filmés alors qu’ils étaient nus. « Un soldat nous a enlevé nos hidjabs, ils nous ont pincées et ont touché nos corps, y compris nos seins,décrit une détenue de 34 ans. Nous avions les yeux bandés et nous sentions qu’ils nous touchaient, qu’ils nous poussaient la tête vers le bus. Ils disaient : “Bitch, bitch.” Ils ont dit aux soldats d’enlever leurs chaussures et de nous frapper au visage avec. »
L’armée israélienne rejette toutes ces accusations et affirme à Mediapart n’avoir reçu « aucune plainte concrète de la part de détenus ou d’avocats ».Elle précise que « les détenus sont menottés en fonction du niveau de risque et de leur état de santé » et qu’ils font l’objet chaque jour d’« un examen pour s’assurer que les menottes ne sont pas trop serrées ».
Elle assure que « chaque détenu reçoit des couvertures, un matelas et des vêtements adaptés au climat », qu’il bénéficie de « trois repas par jour, basés sur des quantités approuvées par un nutritionniste pour maintenir sa santé »,que l’eau est « régulièrement accessible », qu’« un suivi médical individuel est effectué pour chaque détenu, selon les besoins, et si nécessaire, des procédures médicales sont organisées régulièrement »,que ces soins sont apportés par « un personnel médical qualifié ».
Guerre psychologique
En mai, auprès de CNN et du Guardian, d’anciens employés de Sde Teiman ont témoigné à leur tour sous couvert d’anonymat de la violence inouïe qui s’exerce dans le camp militaire. Ils décrivent un complexe carcéral divisé en deux zones, ce que corroborent les témoignages recueillis par Mediapart.
Dans la première, plusieurs dizaines de Palestiniens soupçonnés d’être des terroristes ou d’avoir des liens directs ou indirects avec le Hamas sont entassés dans des enclos sales et pestilentiels où ils endurent, yeux bandés, mains liées, des contraintes physiques extrêmes. Dans la seconde, un hôpital de campagne, administré par le ministère de la santé israélien, a été improvisé après le refus des hôpitaux civils d’admettre des patients gazaouis. Des détenus, en couches-culottes, y sont attachés à leur lit et nourris avec des pailles.
Leur témoignage fait écho à celui, récent, sur Radio France, d’un chirurgien israélien entré dans ce camp militaire, à la demande de l’armée : « Les patients n’ont pas de noms. Ils sont disposés sur deux rangées. Il y a entre quinze et vingt détenus. Ils sont tous attachés et restent allongés sur des lits. Ils ne peuvent pas bouger. Ils ont les yeux bandés. Ils sont nus. Ils portent des couches. »
Chef du bureau de Gaza, pour Al-Araby Al-Jadeed, Diaa Al-Kahlout était l’un des derniers journalistes à couvrir la guerre au nord de l’enclave lorsqu’il a été arrêté le matin du 7 décembre 2023 avec ses frères Taher et Mohammed, ainsi que neuf beaux-frères et voisins dans la maison familiale (qui sera brûlée par l’armée israélienne) à Beit Lahia.
Une arrestation humiliante – « ils ont détruit notre dignité » – comme en ont attesté des vidéos virales sur les réseaux sociaux, filmées et diffusées par des soldats israéliens, notamment via 72 Virgins – Uncensored, un canal Telegram aux mains d’une unité chargée des opérations de guerre psychologique, selon le quotidien israélien Haaretz.
On y voit des dizaines de Palestiniens, dont Diaa Al-Kahlout, en sous-vêtements, dans le froid, tête baissée ou les yeux bandés, à genoux ou assis sur le sol en rang, sous la garde de militaires, rue Al-Souk à Beit Lahia ou encore au milieu des ruines, comme à Jabaliya.
« Ils nous frappaient, nous traitaient de cafards, de rats, nous crachaient dessus, en se prenant en photo avec leurs kalachnikovs et nous », se souvient Diaa Al-Kahlout. « Étant journaliste, pas terroriste », le père de famille ne se doute pas du calvaire qui l’attend.
« Entassés comme des bêtes » dans un camion, ils sont conduits à la base israélienne de Zikim, à 1 kilomètre de Gaza, au sud de la ville d’Ashkelon. Il y est interrogé par l’armée puis par le Shin Bet, le service de sécurité israélien, toujours les yeux bandés et accroupi, sur son travail journalistique, ses sources, notamment ses contacts avec des dirigeants du Hamas à Gaza. De nouveau, il est battu, moqué, raconte-t-il. « Ils me disaient : tu es un terroriste, fils de chien. »
Une douzaine d’heures plus tard, il est transporté en bus à Sde Teiman, jeté dans une cage surpeuplée, au sol en asphalte, entourée de fils barbelés. Il découvre « Guantánamo », perd la notion du temps, compte les jours à partir du lever et du coucher du soleil…
Forcés de chanter « Vive Israël »
Pendant vingt-cinq jours, il est contraint en position agenouillée de l’aube à la nuit, a le droit d’aller aux toilettes une seule fois par jour, reçoit très peu de nourriture, quelques tranches de pain, de la confiture, du fromage, du thon, un peu d’eau, aucun traitement médical. Il n’a pas le droit de parler à ses codétenus. « Si l’un d’entre nous parlait ou bougeait, il était puni, frappé, forcé à rester debout, les mains levées au-dessus de la tête et menotté pendant plusieurs heures », raconte-t-il.
Au vingt-cinquième jour, poursuit-il, il a été emmené, bandeau sur les yeux, dans un véhicule militaire qui roule une quinzaine de minutes avant de s’arrêter. Il est violemment débarqué dans une pièce. Des soldats lui ordonnent de se dévêtir afin qu’il mette une couche, puis de se rhabiller. Il s’exécute, se prépare à endurer un nouvel interrogatoire sur son travail de journaliste.
Il finit en réalité suspendu au plafond avec d’autres détenus dont Mohsen, un membre de sa famille, qu’il reconnaît péniblement. Il tient la position du shabeh pendant six longues heures, ce qui lui cause de terribles douleurs au dos, aux épaules, et ravive sa hernie discale.
Quand les militaires le détachent, il vacille. Il reçoit de l’eau puis atterrit dans une nouvelle cellule. Il ne le sait pas encore mais il y a là deux professionnels de santé de Jabaliya, dans le nord de Gaza : Ahmed Muhanna, le directeur de l’hôpital Al-Awda, et Mohammed Al-Ran, un chirurgien de l’hôpital indonésien. Pendant huit jours, ils croupissent là, subissent de multiples maltraitances, certains sont forcés de chanter Vive Israël.
Au trente-troisième jour, il est mis dans un bus avec une centaine de détenus, parmi lesquels un vieil homme atteint de la maladie d’Alzheimer dont il se demande encore comment il a pu survivre. Il est battu par une soldate parce qu’il ne regarde pas le sol. Au point de passage de Kerem Shalom, les militaires les pressent de détaler et de courir côté palestinien. Des agents de l’Unrwa, l’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens, et du CICR les accueillent.
Diaa Al-Kahlout apprend que la date du jour est le 9 janvier 2024, que sa maison a été bombardée, que son beau-père a été tué, que son père et sa femme ont été blessés…
Il vit aujourd’hui sous médicaments, dans « une terreur perpétuelle »,ne se sent « plus capable mentalement de reprendre le travail », ce qui accentue son traumatisme, car il ne peut plus « informer le monde du génocide de [son] peuple » : « Le monde extérieur ne voit que 10 % de la réalité à Gaza. En tant que journalistes, nous n’avons pu partager que des bribes d’actualité. »
Abu Khaled aussi se sent affecté « dans son psychisme et sa vie sociale », « en fait, détruit » depuis qu’il a été détenu vingt-cinq jours dans plusieurs camps militaires à Nahal Oz, près de Gaza, puis près de Jérusalem : « Je n’oublierai jamais », affirme-t-il. Infirmier, il revenait de l’hôpital indonésien où il travaillait, lorsqu’il a été violemment arrêté au poste de contrôle de Netzarim, le 20 novembre 2023.
Conduit les yeux bandés dans une première geôle de l’armée israélienne, puis ballotté dans quatre autres centres militaires, il a subi durant près d’un mois tortures, intimidations, harcèlement : « Je me demande comment cela se fait que je sois encore vivant »,dit-il.
« Il n’y avait aucun respect ni aucun comportement humain dans la façon dont j’ai été traité par l’armée israélienne. Nous ne sommes ni des êtres humains ni même des animaux. Nous ne sommes pas des êtres vivants pour eux. Je n’ai pas pu communiquer ni informer ma famille et ma femme de ce qui m’était arrivé. J’ai été insulté, battu quotidiennement, privé de sommeil, ils m’ont mis des coups de pied au visage et aux jambes. J’étais forcé de rester à genoux, les mains attachées. Nous étions bien cent cinquante, sans endroit pour se doucher, sans possibilité d’aller aux toilettes quand on en éprouvait le besoin. »
Abu Khaled ne parvient pas à aller au bout de son témoignage, demande à faire une pause : « Je suis épuisé, ils m’ont volé ma dignité. » Relâché le 14 décembre 2023 selon le même procédé que Diaa Al-Kahlout – « Ils nous ont entassés dans un bus avec d’autres détenus, menottés par les mains et par les pieds, et ils nous ont emmenés au passage de Kerem Shalom et demandé de courir vers la zone palestinienne », dit Abu Khaled –,il survit aujourd’hui sous une tente en plastique avec sa femme, leurs trois enfants et ses parents à Khan Younès après avoir été réfugié à Rafah puis de nouveau déplacé par les bombes. « Ils nous ont dit d’aller dans les camps de réfugiés de Rafah, que nous n’avions pas le droit de retourner vers le nord. »
Chaque nuit, il se réveille en sursaut, en sueur. Hanté par ce qu’il a vécu, vu. Il songe à tous les Gazaouis morts dans « les camps de la torture ». Comme Adnan Al-Bursh, un chirurgien de premier plan, figure d’Al-Shifa, le plus grand hôpital de l’enclave, situé dans la ville de Gaza. Assiégé du 18 mars au 1er avril par l’armée israélienne, Al-Shifa a été réduit en cendres et en décombres, et des charniers y ont été découverts, ainsi qu’à l’hôpital Nasser de Khan Younès.
Adnan Al-Bursh y était directeur du service d’orthopédie. Il est mort après plus de quatre mois de détention dans la prison d’Ofer, en Cisjordanie occupée. Il avait été capturé en décembre en même temps que dix autres professionnels de la santé, lors de l’invasion terrestre du camp de réfugiés de Jabaliya par l’armée israélienne. Il soignait nuit et jour les blessés qui affluaient à l’hôpital Al-Awda, ne s’accordait qu’une heure de répit le matin pour faire du sport près de la plage. Son corps n’a toujours pas été restitué par les autorités israéliennes. « Il aimait la vie », a répété son neveu dans un entretien à CNN.
La plage du débarquement en Normandie nous fait, 80 ans après, irrésistiblement penser au sable de la bande de Gaza. Pourquoi ?
Jusqu'à présent nous regardions les images de la deuxième guerre mondiale distraitement, avec l'intérêt pour des archives. Avec la guerre en Ukraine, en Europe, cette guerre redevient terriblement présente. On découvre, non seulement de nouveaux aspects de son histoire mais on s'aperçoit à quel point celle-ci a été tronquée. On voit bien mieux à présent, comment la boucherie de la première guerre mondiale a préparé celle de la deuxième. Et combien la deuxième guerre mondiale n'a jamais été terminée et pourrait justifier à son tour une troisième. On se pose alors, aujourd'hui, des questions qu'on ne s'est jamais posé tant l'Histoire nous paraissait définitivement écrite, des questions qui ont été éludées, passées sous silence, escamotées. Par exemple qu'a apporté cette deuxième guerre mondiale de bien à l'humanité ? N'a- t-elle pas été, elle aussi, une grande boucherie comme l'a été la première ? Et comme le serait fatalement une troisième, celle-là, véritablement, la « der des ders».
Faux problèmes, fausses questions? Pas si sûr car elles pourraient nous servir dans la quête de la paix aujourd'hui.
Ce contexte du retour de la guerre en Europe amène forcément, de tous côtés, à une relecture de la deuxième guerre mondiale. Le sujet est évidemment vaste et dépasse le cadre de cet article. Quelques points cependant:
Les accords de Munich
La référence à la «paix honteuse « des accords de Munich de septembre 1938, comme c'est matraqué sur les médias «bien-pensants», est l'un des thèmes centraux des va-t'en guerre et de la propagande occidentale anti-russe actuelle. On répète sur toutes les chaines accréditées que céder à Poutine en Ukraine serait pareil à «la capitulation honteuse des accords de Munich où l'Angleterre et la France avaient reculé devant Hitler» en lui cédant les Sudètes et en permettant quelques mois plus tard, en mars, la dislocation de la Tchécoslovaquie. La référence est claire à la Crimée et au Donbass annexées actuellement par la Russie.
On rappelle à cette occasion à qui veut l'entendre, les fameuses paroles de Churchill qu'il n'a en réalité jamais prononcées. Il aurait alors commenté ainsi les accords de Munich: « Le gouvernement (du Royaume Uni) avait le choix entre la guerre et le déshonneur ; il a choisi le déshonneur et il aura la guerre. ». On compare ensuite Vladimir Poutine à Hitler. C'est désormais la règle pour tout dirigeant perçu comme adversaire de l Occident: Nasser, Saddam, Geddafi. Cela devient lassant, mais passons.
Cette comparaison avec «Munich» est totalement fausse. L'Histoire est désormais mieux connue, bien loin de la version officielle occidentale: À l'issue de la première guerre mondiale, l'Allemagne est humiliée .Par le traité de Versailles, on lui ôte les Sudètes et les 3 millions d'allemands qui y vivent. Le nazisme instrumentalise cette question, et un engrenage se met en marche qui aboutit à la guerre. Il y avait donc derrière un problème historique réel. Ceci illustre bien comment les solutions par la guerre créent de nouvelles guerres et font le lit de tous les systèmes d'oppression humaine .A cette époque, la proposition de l' URSS de s'opposer à l'annexion des Sudètes par l'Allemagne se heurte au refus de la Pologne de laisser passer les troupes soviétiques sur son sol. La Pologne se sentait en effet (déjà !) plus de sympathie «pour un pays occidental comme l'Allemagne « que pour l'URSS, «slaves arriérés et asiatiques». En 1934, elle avait signé avec l'Allemagne un pacte de non-agression.. Churchill, ultracolonialiste connu, antibolchevique acharné a, lui aussi, plus d'atomes anglo-saxons crochus, culturellement et historiquement, avec l'Allemagne, qu'avec la Russie et il veut orienter les nazis vers l'URSS, ce qui arrivera en 1941.
En attendant, l'URSS, seul régime socialiste de la terre, se trouve seule, non préparée, exsangue après une longue guerre civile. Elle veut gagner du temps: elle cherche à neutraliser toutes ces manœuvres en signant un pacte de non- agression avec l'Allemagne.
Voilà la véritable histoire de ce pacte qu'on ressort maintenant sans cesse dans une remise en cause évidente des résultats de la deuxième guerre mondiale. Ce révisionnisme historique est spectaculaire dans ces cérémonies du débarquement, à travers l'absence de la Russie mais la présence, par contre, des pays qui ont combattu l'URSS, aux côté des nazis, ou ont collaboré avec eux: la Roumanie, la Finlande, la Grèce, l'Italie, la Suède, etc. Étrangement, ils sont tous entrés dans l'OTAN, parfois certains d'entre eux précipitamment ces deux dernières années. Ils sont tous, vaincus de la deuxième guerre mondiale, Allemagne en tête, dans l'alliance antirusse actuelle.
Plus étrangement encore, une sorte de passerelle historique se réalise avec la guerre contre Gaza où on retrouve l'Allemagne fournir en armes Israel, comme elle en fournit en Ukraine. Bien de ces pays européens ont participé activement à la persécution des juifs y compris les Bandéristes d'Ukraine, qui ont fourni l'ossature des forces occidentalistes et russophobes ayant pris le pouvoir en Ukraine. Est-ce simple coïncidence ou bien la deuxième guerre mondiale n'est-elle pas terminée? Revient-elle sous différentes formes, idéologique, militaire, politique ? Le président Poutine aurait-il raison lorsqu'il parle d'une lutte contre les héritiers des nazis dans tout l'Occident ? Ces cérémonies en hommage au débarquement ressemblent plus à une nouvelle alliance guerrière qu'à la célébration de la fin d'une guerre.
D'évidence, aujourd'hui, tous les efforts sont faits donc pour réviser l'Histoire de la deuxième guerre mondiale. Ce révisionnisme est un élément important de la propagande anti-russe dans le conflit en Ukraine. Le but est de minimiser, de dévaloriser l'apport essentiel de l'URSS, de ses sacrifices avec ses 27 millions de morts. Démographiquement, elle ne s'en est jamais remise. Ceci est à rapprocher du nombre des pertes occidentales: États Unis 418 000, Royaume Uni 450 000, France 560 000.. Quand on lit ces chiffres, on ressent à quel point il est indigne de vouloir réviser ainsi l'Histoire et à quelle déchéance en est arrivée une certaine propagande occidentale.
Mais les avanies de la propagande historique donnent parfois des effets amusants: autant les occidentaux tenaient à dire «les Russes», parlant de l'URSS, pendant la période du communisme et de la guerre froide, autant ils tiennent à aujourd'hui à distinguer entre l'URSS victorieuse de la guerre et la Russie actuelle. Le conflit en Ukraine est passé par là. Staline, le Georgien, tenait pourtant, lui-même, à rendre hommage au «rôle dirigeant joué par la nation russe» parmi les nations soviétiques».
Les mensonges du débarquement
Les tentatives idéologiques de réviser l'Histoire de la deuxième guerre mondiale sont manifestes dans les demi-vérités, les omissions, les mensonges du récit officiel occidentaliste sur le débarquement.
Le débarquement en Normandie, intervient le 6 juin 1944 moins d'un an avant la fin de la guerre, le 8 mai 1945. Ce n'est donc que cinq ans après le début de la guerre, que les USA et l'Angleterre ouvrent enfin le deuxième front demandé par les Russes. Jusqu'au débarquement, l'URSS avait porté seule le poids de la guerre. Elle avait fixé les deux tiers des troupes de la Wehrmacht. De plus c'étaient les troupes allemandes les plus jeunes, les mieux entrainées, les mieux équipées. 85% des troupes allemandes ont été détruites sur le front Est.
Certes le débarquement va contribuer à la victoire, l'accélérer, mais l'Allemagne était quasiment vaincue par l'URSS. Les alliés de l'URSS iront, en fait au secours de la victoire. Ils voudront surtout empêcher l'URSS, qui va alors de succès en succès, d'arriver avant eux jusqu'en Europe occidentale. Ils sont d'autant plus inquiets que la résistance y est dirigée un peu partout par les partis communistes: en France, en Grèce, en Yougoslavie, en Italie etc.. La résistance a mené une lutte héroïque et terriblement difficile dans ces pays contre le nazisme et ses collaborateurs, et y bénéficie d'un prestige immense. Le premier acte des armées occidentales sera de la désarmer comme en France et en Italie, ou de la combattre, comme en Grèce. On en apprend d'ailleurs, aujourd'hui, de bien belles au sujet de ce débarquement. Les États-Unis humilient le Général de Gaulle jusqu'à ne pas l'informer du débarquement dans son propre pays. Ils veulent même administrer directement la France. Le Royaume Uni et les États-Unis n'ont que mépris pour ce pays qui s'est rendu et où le gouvernement de Vichy a collaboré avec Hitler intensément, notamment économiquement, et a même participé aux persécutions contre les Juifs. C'est l'URSS de Staline qui exigera la présence du General de Gaulle à la table des vainqueurs de la guerre. L'ingratitude humaine est insondable.
On apprend que la bataille d'Angleterre, cet épisode mythique de la deuxième guerre mondiale a fait 30 000 morts pendant toute la deuxième guerre mondiale. Il y en a eu probablement deux fois plus à Gaza en 7 mois.
Dans les troupes américaines régnaient un régime d'apartheid avec une séparation stricte, sur laquelle veillait scrupuleusement le commandement militaire, entre les noirs et les blancs. Les noirs vivaient dans des baraquements spéciaux. Même dans les voitures et les camions militaires, les blindés, les chars il n'y avait jamais de promiscuité des blancs avec les noirs. Le général américain, commandant l'entrée des troupes alliées dans Paris, a ordonné qu'aucun soldat noir n'y participe. Le président Roosevelt pouvait alors célébrer «la défense des valeurs occidentales, de la liberté, de la démocratie et de la civilisation».
Comment s'étonner que les plus grands des massacres coloniaux du 20eme siècle soient survenus juste après la fin de la deuxième guerre mondiale et se soient prolongés jusqu'aux années 90, et jusqu'à présent. C'est d'ailleurs à ce moment, la fin de la 2eme guerre mondiale, que l'Etat d'Israel est fondé, chez des Arabes trop faibles, pour qu'ils puissent s'y opposer efficacement. À ce sujet, Maxime Rodinson , note, en 1967, que «la suprématie européenne avait implanté, jusque dans la conscience des plus défavorisés de ceux qui y participaient [à l'émigration en Palestine], l'idée que, en dehors de l'Europe, tout territoire était susceptible d'être occupé par un élément européen « et il précise: «L'Etat d'Israel est un fait colonial» Le génocide de Gaza n'est-il pas finalement, la continuation logique de ces massacres coloniaux de l'après-guerre.
GAZA
La plage de ce débarquement de Normandie ressemble étrangement au sable de Gaza. Elle avait été elle aussi baignée de torrents de sangs, à la différence, que là il y avait des soldats qui combattaient à armes égales, et là des hommes des femmes des enfants désarmés, livrés à des bourreaux que seule la fatigue de tuer pouvait arrêter. Ce 8 juin, 270 morts palestiniens dans l'opération israélienne à Gaza pour libérer 4 otages. 270 civils tués, tirés comme à la chasse. Les jours précédents, il en était de même, le même rite monstrueux: chaque jour l'ogre venait prélever son tribut de sang, de préférence celui des enfants. Dans les rues d'Israel, on danse de joie à l'annonce de la nouvelle de la libération des 4 otages. Comme pour une victoire dans un match de football. Danses échevelées, païennes. Dans des medias occidentaux admiratifs, on parle d'une attaque menée avec le» talent habituel des forces spéciales israéliennes,», de quasi surhommes, d'une opération telle un film hollywoodien. A la différence que les morts eux sont bien réels, et qu'ils ont été abattus, sans gloire et sans risques, comme «des animaux humains « pour reprendre l'appellation du ministre de la défense israélien.
Sont-ils fous? Sont-ils inconscients? Sont-ils malades de haine ? Sont-ils déments? Quel avenir se réservent-ils ainsi dans l'Histoire du monde? Dans quelle planète vivent-ils. Le réveil un jour, et il viendra nécessairement, risque d'être terrible.
4 otages israéliens libérés pour 40 000 morts palestiniens. Cela fait cher l'otage à la bourse d'Israel et des médias occidentaux qui exultent et font des émissions spéciales sur «cet évènement». Et après, on dira qu'Israel ne pratique pas le racisme et l'apartheid.
Le 7 Octobre avait été mensonges et affabulations, cela le monde entier le sait désormais. De la même manière, Israel ment sans vergogne aujourd'hui sur les otages. De la même façon qu'il n'avait pas dit que la plus grande partie des victimes du 7 Octobre étaient des militaires, il ne dit pas que la moitié au moins des otages sont des soldats israéliens. Les grands médias occidentaux sont très discrets sur cela, preuve d'un point sensible Ce sont donc des prisonniers de guerre, si tant est qu'on puisse parler de guerre au sujet d'un massacre, et ils le sont au même titre que les 10 000 prisonniers palestiniens qui croupissent, certains depuis des décennies dans les prisons israéliennes; des milliers de Mandela. Ces tueries de masse, on le comprend maintenant à la persévérance du premier ministre israélien, sont la stratégie même du sionisme. Tuer les Palestiniens jusqu'à ce qu'ils ne puissent même songer à se révolter, à vivre debout. C'était la logique des grands massacres coloniaux, qui vont se poursuivre au lendemain même du débarquement.
Sétif et Gaza
La France gaulliste a fêté la libération par une orgie de sang en Algérie : 45 000 morts algériens dans les villes de Sétif et Guelma, le 8 Mai 1945. Ils sont coupables d'avoir demandé aussi leur libération mais du colonialisme. Ils mourraient alors, sans que personne ne puisse les voir, ils étaient bien seuls, pendant qu'à Paris, Londres et New-York on dansait de joie dans les rues.
Le gouvernement français, dès la libération de la France, va partir à la reconquête du Vietnam. Celui-ci croyait avoir gagné sa liberté en résistant au Japon et ses alliés de l'Axe. La division Leclerc, celle-là même qui venait d'entrer dans Paris avec l'armée américaine, est envoyée au Vietnam pour combattre Ho Chi Minh. Ce sont là les valeurs proclamées, «de liberté, d'égalité et de fraternité, de «la France éternelle», suivant l'expression, toute fraiche à ce moment, du Général de Gaulle. 80 ans après, Israel aussi va «libérer» les palestiniens en les tuant en masse au nom de la défense des mêmes valeurs occidentales. Face à l'un des plus grands massacres depuis 1945, le président Macron dira, le 6 juin, le jour même de l'anniversaire du débarquement, que «ce n'est pas raisonnable de reconnaitre maintenant l'Etat palestinien».
Ironie de l'Histoire
La célébration de l'anniversaire débarquement a été le théâtre d'une grande opération en trompe l'œil historique et d'affabulations idéologiques. Mais ironie de l'Histoire, quelques jours après, le président Macron, maitre de cérémonie de cette célébration, se trouve en face de la plus grande crise, peut-être, que connait le pays depuis 1945. Il dissout en catastrophe l'Assemblée nationale française. D'un coup toutes les dorures des cérémonies du débarquement sont vite oubliées et reléguées à ce qu'elles sont: une comédie historique avec de faux semblants, avec de faux acteurs, avec de faux héritiers. Du coup, les problèmes non réglés de la deuxième guerre mondiale réapparaissent: nationalismes occidentaux, relations avec le monde non occidental, déclin de l'hégémonie occidentale etc.. Tous ces faux héritiers du combat glorieux contre le nazisme sont rappelés à l'ordre: en terminer réellement avec la deuxième guerre mondiale, c'est empêcher de nouveaux bains de sang, c'est empêcher la guerre. C'est faire la paix en Ukraine. C'est faire la paix en Palestine
La balle a effleuré le héros sans tuer le salaud. Trump est en passe de devenir un héros. Héros pour un monde divisé en deux : d’un côté les sots et de l’autre les puceaux.
Les sots sont les plus nombreux, c’est sur eux que le salaud compte pour allumer ou éteindre le feu et se faire passer pour un héros.Trump l’a échappé belle, mais cela n’enlève rien à son impact criminel : il a enflammé le Capitole et proclamé Jérusalem, capitale pour Israël
Il n’est pas un héros, loin s’en faut ! Mais bel et bien un salaud.
PARIS, 16 Juin (AFP). – Ils étaient plus de 800.000 à traverser la Méditerranée pendant l’été 1962, fermant la parenthèse de 130 années de présence française en Algérie pour recommencer leur vie de zéro dans une métropole qui les accueillait plutôt froidement.
Colons fortunés ou petites gens, descendants de Français, d’Espagnols, d’Italiens ou de Maltais, ils rentraient «au pays», en métropole. Ils sont aujourd’hui deux millions en France, y compris les «harkis», ces anciens supplétifs de l’armée française, et ils viennent de commémorer en week-end à Marseille cet épisode tragique du rapatriement. La guerre est perdue, les accords d’Evian ont été signés en mars 1962, ratifiés par référendum en avril en métropole par 90% de oui. L’indépendance de l’Algérie est effective en juillet. A Oran, 1.500 pieds-noirs sont massacrés. Les Français d’Algérie ne voient plus qu’une seule alternative: «la valise ou le cercueil». Les bateaux sont pris d’assaut, on organise un pont aérien. Les rapatriés laissent derrière eux leurs maisons, leurs terres, leurs commerces, leurs cimetières et les souvenirs de leur enfance. Ironie de l’Histoire, les ancêtres de ces nouveaux exilés avaient gagné l’Algérie le plus souvent pour fuir la France. Un petit peuple en quête d’opportunités et d’espaces neufs avait emboîté le pas aux militaires qui avaient conquis Alger en 1830. Ils étaient rejoints, au fil des péripéties de l’Histoire, par les bannis de la révolution de 1848, les Alsaciens chassés par la guerre de 1870, les exilés de la Commune.
Arrivée en catastrophe
Durant l’été 1962, les rapatriés débarquent en catastrophe à Marseille et s’installent d’abord dans le Sud de la France, qui leur rappelle leur pays perdu. Puis drainés par la croissance économique, certains remontent prudemment vers les villes du Nord. D’autres choisissent l’Espagne, les Etats-Unis ou des pays «neufs» à coloniser, l’Argentine, l’Afrique du Sud, le Canada. Aujourd’hui encore, les «pieds-noirs» sont installés pour les deux tiers au Sud de la France, le reste vivant principalement dans la région parisienne. Face à l’exode massif de l’été 62, la France est d’abord prise au dépourvu. «Beaucoup sont des vacanciers», affirme alors le secrétaire d’Etat aux Rapatriés Robert Boulin. L’afflux inattendu de 10.000 rapatriés par jour en moyenne engorge ports et aéroports, lycées et casernes, transformés en dortoirs de fortune. On donne à chacun quelques centaines de francs et un billet de train pour éparpiller sur le territoire ces réfugiés qui ont laissé derrière eux un patrimoine évalué à 50 milliards de francs de 1962. Là-bas, ils étaient fonctionnaires, exploitants agricoles, petits salariés et commerçants. Ils débarquent en France avec un modeste pécule de 5.000 francs par famille en moyenne, et une mauvaise réputation. En métropole, on a d’eux l’image d’exploiteurs, de racistes, de putschistes, et de fauteurs de guerre. On les associe aux attentats commis par l’Organisation de l’armée secrète (OAS) en France et en Algérie, à la guerre d’Algérie et à ses milliers de morts, tout ce que la France voudrait oublier. Dans un pays souffrant d’une pénurie de logements, on accueille les nouveaux venus avec méfiance, voire avec hostilité. Ils sont d’abord regroupés dans des baraquements. Leur désespoir fait monter le taux national de suicides en 1962. La France du plein emploi a pourtant les moyens de les accueillir. Au fil des ans, leur intégration s’est révélée exceptionnelle, et les réussites individuelles exemplaires. Plus éduqués que la moyenne des Français, poussés par le désir d’une revanche sociale, et n’ayant plus rien à perdre, les anciens pionniers de la Metidja ont contribué au développement de l’agriculture dans le Midi. Détenteurs d’un droit de vote dès leur arrivée, ils deviennent un poids électoral non négligeable, surtout dans le Sud. L’organisation le Recours, dont le président Jacques Roseau sera assassiné en 1993, utilise la pression électorale des rapatriés pour gagner des avantages en leur faveur, obtenant trois lois d’indemnisation en 1970, 78 et 87. Aujourd’hui, à la différence des «harkis» dont l’intégration est encore douloureuse, les pieds-noirs se sont fondus dans la société française, gardant la nostalgie d’un pays qui leur est désormais interdit.
La montée de l'extrême droite nationaliste en Europe constitue l'un des développements politiques les plus préoccupants de notre époque, suscitant une vague de préoccupations au sein des communautés, des partis politiques et des organisations de défense des droits de l'Homme. Cette tendance est illustrée par l'élection de leaders tels que Giorgia Meloni en Italie et Geert Wilders aux Pays-Bas, ainsi que par les ambitions de Marine Le Pen en France pour les élections présidentielles de 2027. Bien que ces figures diffèrent dans leurs contextes nationaux et leurs approches, elles partagent une vision commune caractérisée par un nationalisme fervent, une opposition virulente à l'immigration et une critique acerbe des élites politiques et économiques.
Giorgia Meloni, à la tête du parti «Frères d'Italie», incarne un virage significatif dans la politique italienne, autrefois dominée par des coalitions centrées ou de gauche. Son accession au pouvoir en 2023 marque une réorientation vers une politique de réaffirmation de l'identité nationale italienne et de fermeté accrue sur l'immigration, offrant une voix à ceux qui se sentent trahis par les promesses non tenues de la mondialisation.
Ce phénomène n'est pas isolé à l'Italie; aux Pays-Bas, Geert Wilders, leader du Parti de la liberté (PVV), incarne une autre facette de cette montée de l'extrême droite. Connu pour ses positions anti-immigration et anti-Islam, Wilders a capitalisé sur les craintes culturelles et sécuritaires, en proposant des mesures radicales pour « protéger » l'identité nationale néerlandaise, témoignant d'une frustration croissante vis-à-vis de l'establishment politique. Simultanément, en France, Marine Le Pen prépare activement sa campagne pour les élections de 2027. En ajustant son discours pour paraître plus modérée et acceptable aux électeurs centristes, elle tente de consolider son électorat traditionnel tout en attirant de nouveaux sympathisants. Cette stratégie de « dédiabolisation » du Rassemblement National vise à élargir son attrait tout en maintenant une ligne dure sur l'immigration et la critique des élites. Par ailleurs, la présence d'Éric Zemmour et de son parti Reconquête' contribue à cette dynamique en renforçant l'extrême droite française avec un discours encore plus virulent, forçant ainsi Le Pen à moduler son image pour rester compétitive.
Cette montée de l'extrême droite ne peut être comprise sans examiner les contextes économiques et sociaux globaux qui la favorisent. La mondialisation, bien qu'ayant apporté des avantages économiques significatifs, a également engendré des perturbations majeures, exacerbant les inégalités sociales et créant un terreau fertile pour les mouvements populistes. Les crises économiques récurrentes, comme la crise financière de 2008 et les récentes turbulences économiques provoquées par la pandémie de COVID-19, ont amplifié le sentiment de précarité et d'insécurité parmi les citoyens européens. Les politiques d'austérité, souvent perçues comme imposées par des institutions supranationales telles que l'Union européenne, ont nourri le ressentiment contre les élites politiques, perçues comme déconnectées et incapables de protéger les intérêts des populations locales. Dans ce climat de frustration, les mouvements d'extrême droite exploitent le mécontentement général en utilisant des discours nationalistes et identitaires. Ils désignent souvent les migrants comme responsables des difficultés économiques et des menaces à l'identité culturelle, offrant ainsi des explications simplistes à des problèmes complexes. Ce recours aux boucs émissaires renforce les divisions sociales, attisant la peur et la méfiance envers les étrangers et les communautés perçues comme « autres ». Le discours populiste de l'extrême droite s'articule autour de l'opposition entre le « peuple » et les élites, perçues comme corrompues et déconnectées de la réalité.
Cette perspective manichéenne alimente une méfiance croissante envers les institutions démocratiques et les principes de la démocratie libérale. En insistant sur la corruption et l'incompétence des élites, les leaders d'extrême droite érodent la confiance dans les structures démocratiques, suggérant que seules des politiques radicales peuvent redresser les injustices subies par le « vrai peuple ». Cette approche contribue à une polarisation croissante et à une érosion du consensus démocratique.
Les conséquences de cette montée de l'extrême droite sont profondes et multiples. En prônant une identité nationale stricte et en utilisant les migrants comme boucs émissaires, ces mouvements exacerbent les divisions ethniques et culturelles, ce qui peut entraîner une augmentation des tensions sociales et des actes de violence raciste. La rhétorique populiste de l'extrême droite menace également l'intégrité des institutions démocratiques en sapant la confiance dans les processus électoraux et en promouvant des tendances autoritaires. En focalisant le débat public sur des questions d'identité nationale et de sécurité, ces mouvements détournent l'attention des véritables enjeux économiques et sociaux, retardant ainsi la mise en œuvre de solutions constructives et inclusives pour des problèmes tels que les inégalités économiques, le changement climatique et la gestion des migrations. La montée de l'extrême droite en Europe pose un défi sérieux à la coopération internationale. Les politiques nationalistes et protectionnistes prônées par ces mouvements peuvent entraver les efforts de collaboration transnationale sur des questions cruciales. Le nationalisme économique et le protectionnisme compliquent les relations commerciales et affaiblissent les alliances économiques.
Les défis mondiaux tels que le changement climatique, la sécurité collective et la gestion des migrations nécessitent une coopération internationale. Les politiques isolationnistes et les attitudes hostiles envers les institutions supranationales risquent de saper les efforts collectifs nécessaires pour aborder ces problèmes de manière efficace. L'extrême droite exacerbe les divisions ethniques et culturelles en désignant les migrants et les minorités comme boucs émissaires des difficultés économiques et sociales.
En alimentant la xénophobie et le nationalisme, ces mouvements fracturent le tissu social et aggravent les tensions communautaires. Ils préconisent des politiques d'exclusion et de protectionnisme qui non seulement accentuent les inégalités mais aussi minent le dialogue interculturel et la relation entre les différentes composantes des sociétés Européennes et les nations du monde.
Depuis la dissolution de l'URSS, en 1991, le paysage politique mondial a subi des transformations profondes. Les événements qui ont suivi ont souvent été perçus, par les analystes occidentaux, comme la fin de la Guerre froide et le début d'une nouvelle ère de domination américaine. Francis Fukuyama a même popularisé l'idée de la « fin de l'histoire », suggérant que la démocratie libérale occidentale avait triomphé comme forme définitive de gouvernement.
L'ascension des États-Unis : Dans les années 1990, les États-Unis ont effectivement consolidé leur position de superpuissance unique. Ils ont dominé les sphères politique, économique et militaire mondiales. Les interventions américaines en Irak (1991), en Yougoslavie (1999), et plus tard en Afghanistan (2001) et en Irak (2003) ont illustré leur capacité à projeter leur puissance à travers le monde.
Élargissement de l'OTAN :
L'OTAN s'est élargie vers l'est, intégrant plusieurs anciens pays du Pacte de Varsovie et même des républiques ex-soviétiques. Cet élargissement a été perçu par la Russie comme une menace directe à sa sécurité et à son influence régionale. Cette perception a contribué à la détérioration des relations entre la Russie et l'Occident, marquée par des crises comme celle de la Géorgie (2008) et l'annexion de la Crimée par la Russie (2014).
Le retour de la Russie :
Sous la présidence de Vladimir Poutine, la Russie a cherché à réaffirmer son influence globale et régionale. Poutine a consolidé le pouvoir central, restauré la stabilité économique relative après le chaos des années 1990, et entrepris une modernisation militaire. Les interventions militaires en Géorgie, en Ukraine, et en Syrie ont montré la volonté de la Russie de contester l'hégémonie américaine et de protéger ses intérêts stratégiques.
L'émergence de la Chine :
Simultanément, la Chine a poursuivi une croissance économique rapide, devenant la deuxième plus grande économie mondiale. Sous la direction de Xi Jinping, la Chine a adopté une politique étrangère plus assertive. L'initiative « la route de la soie » et les investissements massifs, en infrastructure, à l'échelle mondiale illustrent sa quête d'influence. Sur le plan militaire, la Chine a modernisé ses forces armées et adopté une posture plus imposante en Mer de Chine méridionale.
Contestations et nouveaux équilibres :
La montée en puissance de la Russie et de la Chine a remis en question l'unipolarité américaine. Ces deux pays ont formé des alliances stratégiques, notamment à travers des institutions comme l'Organisation de Coopération de Shanghai (OCS) et les BRICS, cherchant à créer un contrepoids à l'influence occidentale.
L'Algérie, avec son histoire riche de lutte pour l'indépendance et son rôle de leader dans le Mouvement des Non-Alignés, joue un rôle unique dans la quête d'un monde multipolaire. Depuis son indépendance en 1962, l'Algérie a défendu des principes de souveraineté nationale, de non-ingérence et de soutien aux mouvements de Libération.
Héritage historique :
L'Algérie a acquis une légitimité et une reconnaissance internationales, en soutenant des mouvements de Libération en Afrique, en Asie et en Amérique latine. Sa propre lutte contre le colonialisme français a servi d'inspiration à de nombreux peuples opprimés. Cette position a consolidé l'Algérie comme un acteur clé dans le Mouvement des Non-Alignés, qui cherchait à éviter l'alignement avec les blocs de l'Est ou de l'Ouest pendant la Guerre froide.
Souveraineté et non-ingérence :
L'Algérie a constamment défendu la souveraineté nationale et la non-ingérence dans les affaires intérieures des autres pays. Cette position est particulièrement pertinente dans un monde où les interventions étrangères sont fréquentes. En promouvant ces principes, l'Algérie cherche à garantir que les pays africains et du Tiers monde puissent déterminer leur propre destin sans pression extérieure.
Développement économique et coopération régionale :
L'Algérie met également l'accent sur le développement économique et la coopération régionale. Par exemple, elle a soutenu des initiatives économiques africaines et panarabes visant à renforcer les infrastructures, améliorer la sécurité alimentaire et énergétique, et favoriser l'intégration économique régionale. Les projets de gazoduc transsaharien, qui relie le Nigeria à l'Europe via l'Algérie, de la route transsaharienne et de la route qui relie Tindouf à la Mauritanie en sont des exemples concrets.
Rôle dans les Organisations internationales :
L'Algérie est active au sein de diverses organisations internationales et régionales. Au sein de l'Union africaine, elle plaide pour une plus grande autonomie et une voix plus forte pour les pays africains sur la scène mondiale. Elle soutient également les efforts de paix et de sécurité sur le continent, en servant de médiateur dans des conflits régionaux comme au Mali.
Défis contemporains :
Cependant, l'Algérie fait face à des défis internes, notamment économiques, sociaux et politiques. La diversification de son économie, dépendante des hydrocarbures, est une priorité pour assurer une croissance soutenue et réduire le chômage. Politiquement, le pays doit naviguer entre les demandes de réformes démocratiques et la stabilité.
L'Algérie continue de jouer un rôle significatif dans la promotion d'un monde multipolaire. En défendant les principes de souveraineté et de non-ingérence, et en soutenant le développement économique et la coopération régionale, l'Algérie aspire à un ordre mondial plus équitable. Sa position historique et ses actions contemporaines témoignent de son engagement à représenter les intérêts du Tiers monde et à contribuer à une gouvernance mondiale plus équilibrée.
L'intégration régionale entre l'Algérie, la Tunisie et la Libye, ainsi que le soutien à la Palestine, sont des éléments clés dans la politique extérieure de l'Algérie et de ses voisins.
Intégration régionale :
Contexte : - Algérie, Tunisie et Libye partagent des liens historiques, culturels et économiques forts. Leur coopération pourrait créer une dynamique régionale bénéfique pour l'ensemble du Maghreb et du Sahel.
- Cette intégration vise à stabiliser la région, à promouvoir la sécurité et à stimuler le développement économique.
2. Avantages de l'intégration :
- Sécurité et stabilité :
La coopération entre ces pays peut aider à lutter contre les menaces transfrontalières comme le terrorisme, le trafic de drogues et la migration illégale.
- Développement économique : En combinant leurs ressources et leurs marchés, ces pays peuvent attirer plus d'investissements et favoriser la croissance économique. Des projets communs dans les domaines de l'énergie, de l'infrastructure et du commerce peuvent stimuler leurs économies respectives.
- Coopération régionale : L'intégration peut servir de modèle pour une coopération plus large au sein du Maghreb et du Sahel, renforçant ainsi la stabilité et la prospérité de la région.
3. Défis :
- Contexte politique instable : La situation politique en Libye demeure fragile, ce qui complique les efforts d'intégration régionale.
- Différences économiques et politiques : Les disparités économiques et les divergences politiques entre les trois pays peuvent poser des obstacles à une coopération harmonieuse.
Soutien à la Palestine :
1. Position historique :
- L'Algérie a été un fervent soutien de la Cause palestinienne depuis son indépendance. Le pays a constamment plaidé pour la reconnaissance de l'État palestinien et le droit des Palestiniens à l'autodétermination.
- La Tunisie et la Libye partagent également cette position, soutenant la Palestine dans divers forums internationaux.
2. Importance actuelle :
- La reconnaissance de l'État palestinien reste une question cruciale dans la politique étrangère de nombreux pays de la région. Soutenir la Palestine est perçu non seulement comme un acte de solidarité, mais aussi comme un impératif moral et politique.
- La paix à Gaza et dans l'ensemble des territoires palestiniens est essentielle pour la stabilité du Moyen-Orient. Les efforts pour parvenir à une solution juste et durable au conflit israélo-palestinien sont d'une importance capitale.
3. Initiatives diplomatiques :
- Les pays de la région, y compris l'Algérie, la Tunisie et la Libye, continuent de soutenir les initiatives diplomatiques visant à établir une paix durable et à promouvoir la reconnaissance de l'État palestinien.
- Ils participent activement à des forums internationaux et régionaux pour défendre les droits des Palestiniens et encourager les négociations de paix.
En conclusion, l'intégration régionale entre l'Algérie, la Tunisie et la Libye, couplée à leur soutien indéfectible à la Palestine, représente une stratégie multidimensionnelle visant à promouvoir la paix, la sécurité et le développement économique dans une région aux défis complexes. Ces initiatives reflètent une vision d'un futur plus intégré et plus stable pour le Maghreb et le Sahel, tout en honorant les principes de justice et de solidarité internationale.
L'Algérie, en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, joue un rôle important dans les débats internationaux sur la réforme de cet organe. Son plaidoyer pour une représentation accrue de l'Afrique au Conseil de sécurité reflète son engagement envers les intérêts du continent et la justice internationale.
Contexte de la Représentation africaine :
1. Injustice historique :
- L'Afrique, avec ses 54 pays, est sous-représentée au Conseil de sécurité. Actuellement, aucun pays africain n'est membre permanent, et seuls trois sièges non permanents sont réservés pour l'Afrique.
- Cette situation est perçue comme une injustice historique, compte tenu de l'importance du continent sur la scène internationale et des défis spécifiques qu'il doit relever.
2. Appels à la réforme :
- L'Union africaine et plusieurs pays africains, dont l'Algérie, plaident pour une réforme du Conseil de sécurité qui inclurait des membres permanents africains avec droit de veto. Cette position est formalisée dans le « Consensus d'Ezulwini », adopté en 2005.
- Cette réforme est considérée essentielle pour refléter les réalités géopolitiques actuelles et assurer une représentation équitable de toutes les régions du monde.
Rôle de l'Algérie :
1. Leadership diplomatique :
- En tant que membre non permanent, l'Algérie utilise sa position pour défendre les intérêts africains et plaider pour une réforme du Conseil de sécurité.
- Elle met en avant la nécessité d'une représentation équitable et d'une meilleure prise en compte des problèmes africains, tels que les conflits, le terrorisme, et les défis économiques et sociaux.
2. Initiatives et partenariats :
- L'Algérie travaille en étroite collaboration avec d'autres pays africains et des blocs régionaux pour promouvoir une réforme du Conseil de sécurité.
- Elle participe activement à des forums internationaux et régionaux pour sensibiliser à l'importance de cette réforme et mobiliser le soutien des autres membres de l'ONU.
3. Vision pour l'avenir :
- L'Algérie envisage un Conseil de sécurité plus inclusif et représentatif, capable de répondre efficacement aux défis globaux. Une telle réforme contribuerait à renforcer la légitimité et l'efficacité de l'ONU.
- La réforme du Conseil de sécurité est également perçue comme un moyen de promouvoir la paix et la sécurité en Afrique, en donnant au continent une voix plus forte dans les décisions internationales.
En conclusion, l'Algérie, en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, joue un rôle crucial dans le plaidoyer pour une représentation accrue de l'Afrique. Ce positionnement est en ligne avec son engagement historique en faveur de la Justice internationale, de la souveraineté des nations et du développement équitable. La réforme du Conseil de sécurité reste une priorité pour l'Algérie et ses partenaires africains, dans le but de créer un système international plus juste et plus représentatif.
Deux moments sont unis par une vision commune : Le 19 mai 1956 a marqué un jalon important dans l'histoire de l'Algérie en tant que « signal fort » de l'engagement de l'élite intellectuelle dans la lutte pour la Libération du pays. À travers leur pensée critique, leur activisme et leur courage, les intellectuels algériens ont joué un rôle crucial dans la lutte pour l'Indépendance et la Justice. Près de sept décennies plus tard, le 19 mai 2024 est devenu un autre « signal fort » pour l'Algérie, mais cette fois dans un contexte différent. L'élite intellectuelle du pays s'est engagée dans une nouvelle forme de combat, axée sur l'innovation, la créativité et la construction d'une Algérie nouvelle et prospère. Plutôt que de se battre contre un pouvoir colonial, ces intellectuels se consacrent à façonner un avenir meilleur pour leur pays à travers l'avancement technologique, économique et social. L'innovation est devenue un moteur essentiel de la transformation de l'Algérie, avec des esprits brillants travaillant ensemble, pour relever les défis du 21ème siècle. De la Technologie de pointe aux initiatives entrepreneuriales, en passant par les avancées scientifiques et environnementales, l'élite intellectuelle de l'Algérie s'efforce de faire avancer le pays sur la scène mondiale. En embrassant le changement et en encourageant la créativité, ces intellectuels continuent de porter haut le flambeau de l'excellence et de l'innovation en Algérie. Leur engagement envers une Algérie nouvelle, moderne et prospère illustre la puissance de la pensée intellectuelle au service du bien-être de la nation. Le 19 mai 2024 restera donc gravé comme un autre moment clé dans l'histoire de l'Algérie, cette fois en tant que « signal fort » de la détermination et de l'engagement de son élite intellectuelle à construire un avenir meilleur pour tous les Algériens.
Le parallèle entre le 19 mai 1956 et le 19 mai 2024
Le 19 mai 1956 marque une date emblématique dans l'histoire de l'Algérie. Cette journée est devenue une pierre angulaire, illustrant l'influence puissante et décisive de l'intelligentsia algérienne dans la lutte pour l'Indépendance. En avançant vers le 19 mai 2024, cette même date se transforme pour incarner un nouvel engagement : celui de l'élite intellectuelle dans l'innovation pour forger une Algérie nouvelle. Cet article se propose d'explorer cette trajectoire remarquable, en se concentrant d'abord sur « L'impact puissant de l'élite intellectuelle sur la lutte de Libération de l'Algérie», remarquable comment ; les étudiants, les penseurs et les écrivains ont, non seulement, inspiré mais ont également activement participé à la Révolution. Ensuite, nous examinons comment cet héritage se perpétue à travers « La continuité de l'héritage : comment l'élite intellectuelle conduit l'innovation en Algérie», démontrant la manière dont cette même énergie et cet engagement sont désormais canalisés vers la transformation et la modernisation du pays. Enfin, nous discutons de «La libération au progrès : le rôle de l'élite intellectuelle dans la formation d'une nouvelle Algérie», en mettant en lumière l'importance cruciale de l'identité de cette élite dans la redéfinition de l'unité nationale et de la promotion d'une vision progressiste pour l'avenir. Ainsi, cet article entend non seulement célébrer le passé glorieux de l'Algérie mais aussi envisager un avenir prometteur, façonné par les mains et les esprits de son élite intellectuelle.
Le rôle de l'élite intellectuelle algérienne, dans sa lutte pour la libération de la domination coloniale française ne peut être surestimé, servant de force essentielle pour façonner le paysage politique et galvaniser le soutien à l'Indépendance. Les étudiants, à travers leurs écrits, leurs discours et leur activisme politique, ont joué un rôle déterminant dans l'articulation des aspirations du peuple algérien et dans l'élaboration du discours de Libération. Ils ont non seulement fourni les fondements idéologiques du mouvement, mais ont également joué un rôle important sur la scène internationale, recueillant des soutiens et attirant l'attention sur la Cause algérienne. Leurs efforts visant à utiliser la Culture, la Littérature et les médias comme outils de résistance ont créé un puissant récit d'identité nationale et de lutte, qui a trouvé un écho, à la fois, au niveau national et mondial. Cette avant-garde intellectuelle a réussi à élever la lutte pour l'indépendance au-delà de la simple contestation politique jusqu'à une croisade morale et existentielle pour le droit à l'Autodétermination. Par leur impact profond sur les domaines intellectuel et pratique de la lutte de Libération, ces dirigeants ont souligné le rôle indispensable des élites intellectuelles dans l'élaboration du cours des mouvements nationaux et la réalisation du changement politique.
En Algérie, le rôle de l'élite intellectuelle, dans la conduite de l'innovation ne peut être surestimé. La politique général de l'Etat, à travers le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique soulignent comment ce segment de la société pourrait jouer un rôle central dans l'orientation du pays, en particulier dans les domaines de la Science, de la Technologie et de la Réforme sociopolitique. L'élite intellectuelle algérienne, comme le souligne, la nouvelle politique du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique doit être, à l'avant-garde du plaidoyer en faveur d'une économie de connaissance modernisée qui exploite les riches ressources et le capital humain du pays pour être compétitif à l'échelle mondiale. Grâce à cette nouvelle vision futuriste, la participation à l'élaboration des politiques, la Communauté universitaire contribue à une vision de l'Algérie de connaissances et de savoir axée sur l'innovation. Les fruits de cette nouvelle politique commencent à se faire sentir sur le terrain. Leurs efforts ont non seulement jeté les bases des progrès technologiques, mais ont également favorisé une culture de pensée critique et de créativité essentielle à une innovation durable. De plus, l'engagement de l'élite intellectuelle avec les communautés universitaires et professionnelles mondiales a facilité l'échange d'idées et de meilleures pratiques, enrichissant ainsi l'écosystème d'innovation algérien. La poursuite de cet héritage est cruciale pour la prospérité future de l'Algérie, suggérant qu'un soutien continu à l'Education et l'Enseignement supérieur, à la Recherche et à un environnement intellectuel ouvert sur l'international sera essentiel pour nourrir la prochaine génération d'innovateurs.
L'élite intellectuelle algérienne a joué un rôle central dans le parcours du pays de la libération au progrès, agissant en tant qu'architecte d'une nouvelle vision sociétale et défenseur d'un État moderne. Ces intellectuels ont non seulement joué un rôle déterminant dans la lutte pour l'Indépendance, mais ont également joué un rôle crucial dans la phase post-libération, où le défi est passé de se débarrasser du joug du colonialisme à la construction d'une nouvelle identité nationale et la structure de gouvernance. Les intellectuels, tirant parti de leur éducation, de leur compréhension de la Société algérienne et de leur exposition aux idées politiques mondiales, ont lancé des débats et des discussions sur le type de nation que l'Algérie devrait devenir. Ils envisageaient un pays non seulement libéré de la domination coloniale, mais également progressiste, doté de politiques et de systèmes en place qui reflétaient les aspirations de sa population. Cette vision englobait un large éventail de secteurs, notamment l'Education, l'Economie et la Gouvernance, suggérant des réformes visant à éradiquer les vestiges de l'influence coloniale et à favoriser un environnement propice à la croissance et au développement.
La contribution de l'élite intellectuelle, ne se limite pas à la seule sphère idéologique ou politique. Ils étaient activement impliqués dans le secteur éducatif, réformant les programmes pour y inclure l'histoire et la culture nationales, auparavant marginalisées sous le régime colonial. Il s'agissait d'une démarche stratégique visant à construire un sentiment d'identité nationale et d'unité au sein de la population algérienne, essentiel au progrès de la nation. En outre, ces intellectuels se sont engagés dans des dialogues mondiaux, attirant l'attention internationale sur les défis et les réalisations de l'Algérie, assurant ainsi une place au pays dans la Communauté mondiale. Leurs efforts soulignent le rôle important que les élites intellectuelles puissent jouer dans l'élaboration du destin d'une nation, de la libération au progrès, démontrant que la bataille pour l'âme d'une nation se livre non seulement sur les champs de bataille mais aussi dans l'esprit de son peuple et dans les idées qu'il défend adopter.
Le 19 mai 1956, dans le feu de la lutte pour l'Indépendance, l'Algérie a témoigné d'un événement mémorable qui a marqué l'histoire de son combat libérateur : l'engagement, sans faille, de son élite intellectuelle aux côtés du peuple, dans la quête de sa liberté. Ce jour-là, un signal fort fut envoyé au monde entier, démontrant que la bataille pour l'indépendance de l'Algérie transcendait les champs de bataille pour s'ancrer profondément dans les esprits et les cœurs de ceux qui rêvaient d'une nation libre et souveraine. L'élite intellectuelle de l'époque, composée de lycéens, d'étudiants, d'écrivains, de poètes, d'artistes et de penseurs, a joué un rôle crucial dans la mobilisation des consciences, l'éveil des esprits et la diffusion des dynamiques de liberté et d'égalité.
Avançons rapidement vers le futur, le 19 mai 2024 s'apprête à marquer un autre jalon dans l'histoire de l'Algérie, mais cette fois, dans un contexte radicalement différent. À l'aube du centenaire de la Révolution Algérienne, le pays se trouve à un carrefour crucial, cherchant des voies pour une transformation vers une « Algérie Nouvelle ». Cette transformation ne concerne pas uniquement l'économie ou la politique, mais aussi une révolution dans les mentalités, l'éducation, la science et la technologie. Le signal fort de 2024 réside dans l'engagement renouvelé de l'élite intellectuelle algérienne dans un combat d'une autre nature : l'innovation. Ce 19 mai 2024, l'Algérie aspire à célébrer l'innovation comme moteur de son développement et de son épanouissement dans le concert des nations. L'élite intellectuelle, aujourd'hui composée de chercheurs, d'innovateurs, d'entrepreneurs et d'enseignants, est appelée à jouer un rôle de premier plan dans cette nouvelle ère. L'objectif n'est plus seulement de libérer le territoire, mais de libérer le potentiel créatif et intellectuel de la nation, de promouvoir une économie basée sur la connaissance et l'innovation, et d'assurer un avenir durable pour les générations futures. La mission de cette élite est double. D'une part, elle doit œuvrer à placer l'Algérie sur la carte mondiale de l'innovation, en développant des technologies, des solutions et des idées qui répondent, non seulement, aux défis locaux mais aussi globaux. D'autre part, elle a la responsabilité d'insuffler une culture de l'innovation au sein de la société algérienne, en encourageant l'esprit critique, la créativité et l'entrepreneuriat chez les jeunes Algériens - Collégiens & Lycéens & Etudiants -.
Le parallèle entre le 19 mai 1956 et le 19 mai 2024 souligne une continuité dans l'engagement de l'élite intellectuelle algérienne, tout en mettant en lumière l'évolution des défis auxquels le pays est confronté. Les deux moments sont unis par une vision commune : celle d'une Algérie Innovante souveraine, fièrement et tournée vers l'avenir. Le 19 mai 2024 représente donc une opportunité pour l'Algérie de réaffirmer sa foi en l'avenir, en s'appuyant sur son élite intellectuelle pour piloter cette transition vers une « Algérie Nouvelle ». Une Algérie qui, tout en honorant son passé, regarde avec confiance vers l'avenir, prête à relever les défis du XXIe siècle et à jouer un rôle actif et innovant sur la scène internationale.
Le Nil des Vivants. Roman de Mohamed Abdallah Apic Editions, Alger 2023 411 pages, 2.000 dinars
L'histoire de base ? Très simple ! Deux romanciers, deux cousins qui ne se connaissent pas. L'un vit à l'étranger et l'autre vient de l'Egypte profonde. Seul point commun, le souvenir d'un même univers avec sa beauté, ses grandeurs et ses mesquineries, ses réussites et ses travers. Qui se rencontrent dans leur ville natale Le Caire. C'est par leur métier qu'ils seront appelés à se rencontrer car ils sont tous deux nominés à un prix littéraire. Nour Hichem et Sherif Badraoui racontent la même histoire, mais sans plagiat. A l'évidence, chacun a raconté l'histoire de son père, en osmose avec son époque et avec tous les bouleversements y afférents. Avant cette rencontre, Hichem et Shérif ne se connaissaient pas. Alors que Yahya et Nermine sont leurs grands-parents respectifs avec leur père Hichem et Mamdouh Badraoui.
Tout le roman est ficelé sur le passé des deux frères Hichem et Mamdouh qui ont cru à cette nouvelle époque pleine de bouleversements. Le Caire ? Quelle ville ! Une ville «ayant su se créer une arène entre la mâchoire du désert» Et, avec son fleuve «surgit d'ailleurs».
Mais Le Caire, c'est aussi et surtout son peuple, avec des femmes et des hommes aux destinées chargées de mystères millénaires.
Le Caire, c'est Alexandrie, c'est Oum Keltoum, Chahine, Tewfiq El Hakim, Ahmed Chawki, Cheikh Imam, Fouad Nedjm... C'est Nasser, le nassérisme, le Café Isfet, le quartier El Gamaliyya. C'est l'Egypte. Car, ce roman parle de l'Égypte. Non l'Égypte des brochures touristiques, non l'Égypte figée dans le temps, non une Égypte faite de clichés. C'est, au contraire, une Égypte en mouvement perpétuel, ouverte à tous vents, une Égypte des années 60 puis 70, avec un détour vers les années 2000, une Égypte qui a connu un tournant révolutionnaire puis post-révolutionnaire majeur avec l'arrivée du néo-libéralisme et tous les effets que ce dernier a pu avoir sur la société égyptienne dans son ensemble.
Tout y est et tous (dont une bonne partie du monde arabe : la Syrie, la Palestine, l'Irak, le Liban, Beyrouth, Sabra et Chatila, la révolution algérienne, la science politique, la gestion d'entreprise, le Coran, le cinéma, l'écriture, le journalisme) s'y croisent au risque de nous y perdre.
L'Auteur : Mathématicien de formation, né en 1997 à Tlemcen. Déjà auteur de quatre romans : «Aux portes de Cirta» en 2019, «Souvenez-vous de nos sœurs de la Soummam» en 2018 et «Entre l'Algérie et la France, il n'y a qu'une seule page», en 2017. Et, surtout, «Le vent a dit son Nom» en 2021, roman qui a remporté le Prix Assia Djebar 2022 et le Prix Ahmed Baba de la Rentrée littéraire du Mali 2023. Il a même publié, en 2020, à l'occasion du centenaire de la naissance de Mohammed Dib, un roman sur l'auteur de «La grande maison», intitulé «Le petit tlemcénien»
Table : Un peu plus qu'un regard/ Ce qui s'est passé/ Une œuvre immense. Un héros ordinaire, l'Homme/ Destinée/Le légendaire fleuve
Extraits : «Pour certains littérateurs, surtout les dramaturges d'ailleurs, il a toujours été impératif de se séparer des chanteurs, des danseuses, de toutes celles et ceux qui seraient susceptibles de porter l'anathème sur les respectables créateurs» (p 24), «Le monde de l'art est ainsi fait. Il surprend, il choque, il met parfois mal à l'aise. Et celui qui ne peut pas encaisser cette réalité est plus à blâmer que le créateur de l'œuvre en question» (p309), «Nous étouffons un peu plus chaque jour sous le poids d'interdits qui n'ont plus lieu d'être, de normes archaïques utilisées pour nous museler, en somme de tout un arsenal qui nous rend notre propre air irrespirable. Dans ce contexte, le seul rôle qui puisse revenir à l'art, c'est de monter un début de chemin à suivre, de suggérer un sentier, ô combien sinueux, vers la liberté» (p 333).
Avis - Un véritable «pavé» qui nous entraîne au Caire, ville incroyablement vivante mais bien compliquée. Un mélange de temps, de gens et de situations qui ne facilite pas la lecture. Et un titre (renversé pour un contenu renversant) qui est une référence au «Livre des morts», connu dans l'Égypte antique (un recueil de poésie mortuaire destiné aux hauts dignitaires du pouvoir).
Citations : «La question de ce qui nous pousse à écrire est si profondément ancrée dans la démarche d'un écrivain que, lorsqu'un confrère la pose, on est tenté de garder la parole plus que de raison» (p 22), «Le Caire, c'est un mouvement fait ville» (p 36), «Le rôle et la valeur d'une génération ne sont pas autonomes de ce qui l'a précédée et de ce qui lui succède : ils ne se révèlent pleinement qu'au fur et à mesure de l'avancée du temps, de l'histoire» (p53), «En Egypte, on enrobe les vérités les plus dures dans l'humour le plus léger» (p75),«Souvent, le meilleur moyen de changer le monde, c'est de travailler en lui et avec lui» (p145), «Le savoir, c'est être au fait que la tomate est un fruit. La sagesse, c'est de ne pas mettre la tomate dans sa salade de fruits» (p152), «Aujourd'hui, il apparaît que même certaines de nos créations littéraires, celles que nous prenons pour le paroxysme de la créativité humaine sont en réalité des œuvres collectives» (p275), «Être libre, c'est ne pas te demander si la moindre de tes opinions peut te valoir un séjour en prison, ou pire, des menaces sur tes proches.
Et tant que l'art moderne n'a pas éclairé un chemin vers une plus grande liberté, il est condamné à n'être que futilité» (p 334).
Le Monde arabe dans la longue durée. Un printemps des peuples ? Essai de Samir Amin. Editions Apic, collection Disonances, Alger 2011, 255 pages, 750 dinars (Fiche de lecture déjà publiée en Oct. 2019, in www .almanach-dz.com/relations internationales/ bibliotheque d'almanach. Seulement pour rappel).
L'impérialisme n'est pas mort. Il est toujours là, aux abois, toujours aussi violent bien que plus pernicieux. «Il ne veut ni le progrès social, ni la démocratie» dans les pays du Sud (pays arabes y compris). «Les laquais qu'il remplace au pouvoir quand il gagne la bataille resteront les ennemis de la démocratie».
Les Etats-Unis et l'Europe veulent «tout changer pour que rien ne change !». «Il y a une duplicité permanente dans le langage des dirigeants de la triade impérialiste (Etats-Unis, Europe occidentale, Japon)».
Un langage que l'on croyait disparu des ouvrages et des réflexions scientifiques mais qui perdure, grâce (pas «à cause», comprenez-moi bien !) à des universitaires et chercheurs, toujours sur les barricades, comme Samir Amin, indécrottable «révolutionaire» des amphis. Un «animal politique», comme il se définit lui-même et c'est tout à son honneur, chez qui il est difficile de séparer la réflexion intellectuelle de ses combats et de ses options politiques. Qui (se) pose beaucoup de (bonnes) questions sur l'avenir du monde arabe, sur ses «printemps» passés, actuels et à venir, presque tous ratés, selon lui. Qui s'inquiète, à juste titre d'ailleurs, aujourd'hui, de la récupération des luttes des peuples, par l'islam politique, par les «dictatures conservatrices («favorisées par Washington») et/ou par «l'internationale de l'obscurantisme» qui ne veut pas se libérer de la «vision passéiste». Mais, peu de réponses ! En attendant, la «désorientation mentale» (René Naba), du monde arabo-islamique continue.
Avis - Un «has beeen ?» du succès qui revient en force avec les derniers soulèvements des «peuples» arabes. A lire, bien que difficile à comprendre par le large public qui a une autre vision du monde moderne et par une partie des citoyens, de la place de la religion dans la démocratie moderne. Hélas ! Dommage !
Volonté de massacrer des migrants à l’arme lourde et racisme primaire : Mediapart a pris connaissance de la correspondance de l’ancien directeur de la sécurité de la multinationale du ciment, un ancien militaire qui a été candidat du Front national à des élections locales.
AuAu lendemain du double séisme politique provoqué par l’écrasante victoire du Rassemblement national (RN) aux élections européennes, puis par l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron, la même question revient parmi une partie de l’électorat tenté par le vote d’extrême droite : le parti de Marine Le Pen, désormais aux portes du pouvoir, s’est-il vraiment dédiabolisé, comme il ne cesse de le faire paraître dans sa communication ? A-t-il abandonné ses oripeaux racistes et criminels du passé, comme l’assurent ses dirigeant·es ?
Les enquêteurs de la douane judiciaire, un service spécialisé placé sous la tutelle du ministère des finances, ont peut-être des raisons d’en douter, à en croire la correspondance qu’ils ont saisie en 2020 dans le cadre de leurs investigations sur Lafarge, la multinationale française mise en cause dans une affaire de financement du terrorisme islamiste.
Désir de massacre de migrants à l’arme lourde et racisme primaire : des mails émanant de l’un des cadres dirigeants de la société, dont Mediapart a pu prendre connaissance, font froid dans le dos tant ils en disent long sur le danger de l’extrême droite et la porosité de ses idées dans les hautes sphères des mondes militaire et économique.
Jean-Claude Veillard, leur auteur, est un homme respecté dans son milieu professionnel d’origine : l’armée. Né en 1953 en Eure-et-Loir, il a été incorporé à l’âge de 16 ans à l’École des mousses, puis est devenu fusilier marin dans les commandos. En 1982, il a intégré l’École navale comme officier spécialisé. Il rejoint ensuite le Commandement des opérations spéciales (COS), une unité d’élite de l’armée française, qu’il quitte en 2008 bardé d’honneurs, de gloire et de médailles pour rejoindre le géant français du ciment, le groupe Lafarge, comme directeur de la sécurité.
C’est un poste sensible et exposé, pour lequel il devra notamment assurer l’interface avec les principaux services de renseignement français (la DGSE, la DGSI ou la DRM), Lafarge étant implanté dans de nombreux pays à risque. Mais parallèlement à son activité professionnelle, Jean-Claude Veillard cultive une passion politique : le Front national de Marine Le Pen, aujourd’hui le Rassemblement national.
En mai 2014, il l’annonce tout de go à l’un de ses amis : « Concernant mon engagement personnel, j’ai franchi le pas et je suis maintenant clairement au Front. » Il lui rappelle qu’il a été quelques semaines plus tôt cinquième sur la liste du FN aux municipales à Paris. « Mais à Boboland, le combat est difficile »,regrette-t-il. La liste du candidat d’extrême droite dans la capitale, Wallerand de Saint-Just, n’a pas dépassé 6,2 %.
Mais à l’aube des élections européennes, toujours en 2014, il se réjouit cette fois de l’opportunité pour son parti « d’être enfin présent au Parlement européen en nombre suffisant ». Le péril est, dit-il, immense : « La France mais également l’Europe sont aujourd’hui colonisées. » Il ajoute : « Dans le XVe arrondissement seulement, la population africaine est passée à 47 000 personnes et elles pondent tous les jours de magnifiques futurs Français… Comment expliquerons-nous à nos petits-enfants que nous avons abandonné notre belle nation ? »
Des blagues racistes et des désirs de crimes
Quelques jours plus tard, il fait suivre par mail à ses contacts une « blague » raciste, faussement attribuée à l’humoriste Gaspard Proust. Celle-ci vise deux ministres du président socialiste François Hollande, Najat Vallaud-Belkacem et Christiane Taubira, cibles récurrentes de l’extrême droite : « Confier l’Éducation nationale à une Marocaine musulmane ou la justice à une indépendantiste guyanaise, c’est comme confier vos enfants à un pédophile ! »
Au lendemain de l’attentat islamiste ayant décimé en janvier 2015 la rédaction de Charlie Hebdo, Jean-Claude Veillard écrit à un proche : « Je ne serai jamais Charlie et je ne me joindrai jamais à la bobocratie pleurnicharde […]. Si les musulmans se prétendent solidaires de la France et des Français, je leur propose, pendant la durée du deuil national, de nous prouver leur loyauté en dévoilant leurs femmes et en se rasant. Je serai alors avec eux […]. S’ils ne font pas cette démarche, c’est bien qu’ils placent l’islam avant la France. Alors je confirme ma position derrière l’arme et non devant. »
Il se plaint qu’un bon « millier de salopards » seraient « en liberté sur le territoire national, un bon millier soutenu et protégé par 5 millions de sympathisants ».Il tranche, poursuivant dans sa confusion entre musulmans et terroristes : « Il faut qu’ils choisissent leur camp, la France ou l’islam, mais les deux ne sont pas compatibles. »
Manifestement obsédé à l’idée de devoir prendre les armes contre ceux qu’il considère comme des ennemis, Jean-Claude Veillard s’épanche le 10 août 2016 auprès d’un ami sur les migrants, ne cachant pas des envies criminelles. « Personnellement, j’en ai marre de payer pour tous ces traîne-savates. Ils feraient mieux de développer leur pays que de venir nous envahir. Ils sont indépendants depuis 50 ans pour la plupart, mais il faut toujours que ce soit le vilain blanc colonialiste qui les nourrisse », commence-t-il, avant de poursuivre : « Tu ferais mieux d’armer la 12,7 pour les envoyer par le fond et sauver ainsi quelques espèces marines qui en ont bien besoin en Méditerranée. » Son ami lui répond : « Pour la 12,7, ce n’est pas l’envie qui m’en manque, mais bon… »
Selon le site du ministère de la défense, la 12,7 est une arme automatique lourde « capable de traiter des objectifs terrestres (personnels, véhicules faiblement protégés) ou aériens (hélicoptères, avions à basse altitude) ».Jean-Claude Veillard, qui n’a pas donné suite à nos demandes d’entretien, n’en ignore rien, vu ses états de service militaires.
L’ancien directeur de la sécurité de Lafarge est depuis plusieurs années dans la tempête judiciaire pour avoir fait partie des responsables du groupe qui ont consenti au financement entre 2013 et 2015 de groupes terroristes dans le but de continuer de faire tourner une usine stratégique basée en Syrie.
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