Dominique de Villepin : "La légitime défense n'est pas un droit à une vengeance indiscriminée"
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Rédigé le 14/10/2023 à 20:35 dans Israël, Palestine | Lien permanent | Commentaires (0)
LaLa guerre entre Israël et le Hamas pourrait très bientôt entrer dans une troisième phase. Après les attaques terroristes perpétrées par la branche armée de l’organisation palestinienne le 7 octobre, puis les bombardements et le siège de la bande de Gaza menés en représailles, Tsahal pourrait passer à l’offensive terrestre.
C’est ce que laissaient présager les messages intimant aux Gazaoui·es de fuir vers le sud ainsi que les images de chars massés à la frontière entre Israël et l’enclave palestinienne. C’est ce que semblent confirmer les déclarations, samedi 14 octobre en fin de journée, de l’armée israélienne, qui a dit se préparer à une vaste campagne à Gaza incluant une « attaque intégrée et coordonnée par voie aérienne, maritime et terrestre ».
Les troupes israéliennes ont déjà envahi à deux reprises la bande de Gaza : en 2009 lors de la deuxième phase de l’opération « Plomb durci », puis en 2014 lors de l’opération « Bordure protectrice ». Dans le premier cas, elles y avaient combattu durant quinze jours ; dans le second cas, pendant dix-neuf jours. Les deux avaient conduit à des milliers de morts palestiniens et des dizaines de morts israéliens.
L’offensive en préparation pourrait être d’une tout autre ampleur. Israël aurait massé environ 400 000 soldats et plus de 300 chars pour cette opération, dénombre John Spencer, titulaire de la chaire d’études sur la guerre urbaine du Modern War Institute (MWI) de l’académie militaire de West Point, aux États-Unis.
La géographie des lieux, la nature des combats, la détermination et le degré de préparation des combattants du Hamas, mais également l’enjeu des victimes civiles palestiniennes et celui des otages israélien·nes sans doute détenu·es à Gaza font que si elle était effectivement décidée, cette opération terrestre représenterait pour les troupes israéliennes « le plus grand défi de leur vie », assure John Spencer, lui-même ancien officier d’infanterie.
Première question déterminante : celle des armes dont disposent les combattants qui se trouvent à Gaza.
Les attaques menées par la branche armée du Hamas le 7 octobre dernier ont démontré que l’organisation était parvenue, en dépit des blocus de la bande de Gaza, à accumuler un très important arsenal de roquettes et de missiles afin d’attaquer des cibles se trouvant à des dizaines de kilomètres, sur le territoire israélien. Dès les premières heures de son attaque, le Hamas a revendiqué avoir tiré une première salve de 3 000 roquettes (l’armée israélienne évoquant pour sa part un chiffre, relativement proche, de 2 500). D’autres salves ont eu lieu depuis.
À l’issue de la guerre qui avait opposé Israël au Hamas en avril et mai 2021, des officiers israéliens estimaient que l’organisation disposait encore d’environ 8 000 roquettes. Elle a eu deux ans et demi pour compléter son arsenal.
Même si conduire des frappes à distance contre des villes israéliennes est très différent de faire face à une offensive terrestre en milieu urbain, une partie de cet important stock pourrait tout de même être utilisé en cas d’incursion de Tsahal à Gaza. Ces roquettes pourraient servir, en particulier, à frapper des postes de commandement et d’autres points de rassemblement de troupes et de matériel à l’arrière du dispositif israélien.
Et ces derniers seront probablement nombreux : étant donné le nombre de soldats qui pourraient entrer dans Gaza, Tsahal devra nécessairement organiser « un soutien arrière massif et des zones de transit », note le site spécialisé The Drive. Or ces zones « seront remplies de carburant et de munitions explosives, ce qui en fera des cibles particulièrement intéressantes » pour ses adversaires.
Israël compte certainement sur son système de défense aérien (le fameux « Dôme de fer ») pour se prémunir de telles attaques, mais celui-ci a ses limites, comme les événements du 7 octobre l’ont démontré.
L’organisation semble avoir, là encore, l’arsenal adapté. Elle disposait déjà, lors de l’opération israélienne « Bordure protectrice » de 2014, de nombreuses armes antichar incluant des missiles antichar russes Malioutka et Kornet, et des lance-roquettes RPG-29, relativement modernes et très faciles à déplacer.
Ces armes peuvent singulièrement compliquer les manœuvres des soldats cherchant à progresser en milieu urbain. « Lors de la bataille de Marioupol [en Ukraine] en 2022, quelques milliers de défenseurs ont utilisé des lance-missiles Kornet, NLAW et Javelin, ainsi que d’autres missiles antichar pour détruire de nombreux véhicules russes », parvenant, malgré leurs effectifs réduits, à « retenir plus de 12 000 soldats russes et finalement tenir leur ville pendant plus de quatre-vingt jours », rappelle John Spencer, de l’académie militaire de West Point, dans un article récent.
Ces batailles en milieu urbain sont, historiquement, extrêmement éprouvantes, tant pour les assaillants que pour les combattants retranchés. « Vous ne pouvez pas vous reposer, il y a une pollution sonore permanente, des bruits, les ruines partout, des difficultés à se ravitailler, à manger, boire de l’eau potable. C’est un combat sans repos », rappelle l’historien militaire – et chroniqueur chez Mediapart – Cédric Mas. Il s’agit probablement de l’un des facteurs expliquant qu’Israël ait appelé des centaines de milliers de réservistes – afin de permettre des rotations régulières de soldats se fatiguant rapidement.
D’autant que la forme des probables combats à venir – une opération dite de « contre-insurrection » – sera au désavantage de Tsahal. « C’est la configuration la plus compliquée » pour des armées régulières, pointe Cédric Mas. « Les villes sont un terrain difficile qui agit comme un égalisateur de puissance : les armées régulières perdent leur avantage », analyse notre chroniqueur, qui convoque à l’appui plusieurs exemples historiques. « Très peu d’opérations de contre-insurrection en milieu urbain ont réussi. Et quand elles ont réussi, cela a toujours été avec un coût humain très lourd pour les civils – qu’on pense à la deuxième bataille de Falloujah [en 2004], à la reconquête de Mossoul [en 2016-2017] ou encore à la reconquête de Saïgon après l’offensive du Têt. »
Outre les roquettes et les armes antichar du Hamas, les unités israéliennes qui pénétreront dans la bande de Gaza ont toutes les chances d’être également ciblées par des embuscades, des snipers, des engins explosifs improvisés et des attaques kamikazes.
La campagne de bombardement de Gaza déjà en cours devrait, de ce point de vue, encore compliquer la tâche de l’armée israélienne. « Cela a été expérimenté pendant la guerre d’Espagne, lors de la bataille de Stalingrad et ailleurs : quand vous faites des ruines, vous faites autant d’abris supplémentaires pour les défenseurs [de la ville]. Prendre des ruines est encore plus difficile que prendre des bâtiments qui sont sur pied », rappelle Cédric Mas.
Jeudi 12 octobre, les forces armées israéliennes ont annoncé avoir largué 6 000 bombes en cinq jours sur la bande de Gaza. Ce déluge de feu s’est poursuivi depuis. Les décombres, gravats, carcasses de voitures et autres objets jonchant le sol après les bombardements pourraient se transformer en terrain propice pour dissimuler pièges chargés d’explosifs et autres mines.
Autre particularité, sans doute déterminante, de la bataille qui s’annonce : le sous-sol de Gaza est parcouru de centaines de tunnels, s’étendant sur des dizaines de kilomètres. Le réseau qu’ils constituent, jalonné de bunkers, est tellement élaboré qu’il est parfois surnommé « le métro de Gaza ».
À la différence des tunnels utilisés pour pénétrer sur le territoire israélien – qui ne servent généralement qu’une fois –, ceux s’étirant sous la bande de Gaza sont fortifiés, mieux équipés et probablement plus adaptés à une présence prolongée.
Ce réseau pourra servir doublement aux combattants du Hamas : à des fins offensives, « pour manœuvrer les attaquants sous terre, et pour rester à la fois cachés et protégés afin de mener des attaques surprises », et à des fins défensives, « pour se déplacer entre les positions de combat afin d’éviter la puissance de feu de Tsahal et ses forces au sol », prédit John Spencer.
Combattre sous terre a des implications très concrètes. Outre que les soldats n’y sont pas libres de leurs mouvements et qu’ils s’exposent à de possibles guet-apens, ils ne peuvent par définition pas y disposer d’appui aérien, et les communications y sont très limitées.
Cette configuration rappelle la bataille de Mossoul, en 2017. La reprise de la ville, sous laquelle l’État islamique avait également creusé de nombreux tunnels, avait pris neuf mois et mobilisé plus de 100 000 soldats irakiens. À un prix humain et matériel extrêmement élevé : à l’issue de la bataille, la ville n’était quasiment plus que ruines.
Le Hamas a eu tout le temps nécessaire pour piéger l’ensemble du réseau [de tunnels souterrains].
« Les dirigeants [du Hamas] s’y cachent, ils y ont des centres de commandement, les utilisent pour le transport et pour leurs communications. Ils sont électrifiés, éclairés et disposent de voies ferrées », détaille Daphné Richemond-Barak, enseignante à l’université privée Reichman de Herzliya (Israël) et autrice d’un livre sur la guerre en milieu souterrain (Underground Warfare, Oxford University Press, 2018).
Elle émet plusieurs hypothèses sur ce qui pourrait attendre les militaires israéliens qui tenteraient d’y entrer. « Le Hamas a eu tout le temps nécessaire pour piéger l’ensemble du réseau. Il pourrait simplement laisser les soldats pénétrer dans le réseau de tunnels puis tout faire sauter », avance-t-elle, ou encore « kidnapper [les soldats lors d’attaques surprises] ».
Ce réseau de tunnels servira-t-il uniquement au Hamas à des fins militaires ou ses bunkers pourraient-ils également constituer des abris pour les civils palestiniens ? Cela reste à déterminer. Dans une vidéo mise en ligne le 12 octobre, un porte-parole des forces armées israéliennes assure que « ce ne sont pas des bunkers pour les civils de Gaza ; c’est uniquement fait pour permettre au Hamas et aux autres terroristes de continuer de tirer des roquettes vers Israël ». La réalité pourrait être plus complexe, avec un Hamas qui pourrait laisser des civils y entrer par endroits, non pas pour les protéger mais afin de compliquer encore la tâche des soldats israéliens qui voudraient détruire ces tunnels.
Pour se frayer un chemin dans ce dédale souterrain, et plus globalement dans ce milieu urbain très dense et jalonné de pièges, les forces armées israéliennes pourraient également utiliser leurs technologies les plus sophistiquées en matière de drones et de robots. Tsahal disposerait en effet de petits véhicules sans pilote utilisés pour les repérages et de drones conçus pour se déplacer (et même tuer, si l’on en croit certains clips promotionnels dystopiques) à l’intérieur de bâtiments.
Des explosifs spécifiques, dits « anti-bunker » (« bunker buster » en anglais), permettent théoriquement de détruire des cibles souterraines. Ils sont conçus pour s’enterrer profondément dans le sol avant d’exploser – les modèles les plus récents allant théoriquement jusqu’à 30 mètres sous terre. Ce type de bombe cause des dégâts massifs, risquant en particulier de faire exploser les fondations d’habitations alentour, avec un risque de dégâts civils particulièrement élevé en milieu urbain. Israël a acheté des bombes de ce type, de modèle GBU-28, aux États-Unis dès 2005. Ses forces armées les ont déjà utilisées dans la ville de Rafa, au sud de Gaza, en 2009.
« Dans tous les cas, cela sera terriblement meurtrier », prédit Cédric Mas. L’historien relève que l’issue de cette bataille ne sera pas qu’une question de victoire ou de défaite militaire. « Une guerre des images va se jouer, dans les perceptions des opinions internationales, et plus [l’offensive israélienne à Gaza] va durer, plus il risque d’y avoir d’images qui vont annihiler l’horreur des crimes du Hamas et rendre l’opération contre-productive. Parfois, certains succès militaires sont des défaites politiques. »
Justine Brabant
14 octobre 2023 à 19h34
https://www.mediapart.fr/journal/international/141023/gaza-des-combats-souterrains-et-terriblement-meurtriers-s-annoncent
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Rédigé le 14/10/2023 à 19:55 dans Israël, Palestine | Lien permanent | Commentaires (0)
Dans le cadre de notre enquête sur le Maghreb, nous publions ci-dessous l’opinion de M. Kateb Yacine, jeune poète, romancier et dramaturge algérien, considéré comme le plus doué des écrivains de son pays. Son roman « Nedjma », paru en 1957 aux Editions du Seuil, a connu un succès mérité. Nous estimons que l’opinion de ce représentant éminent des intellectuels algériens a une valeur documentaire ; nous lui ouvrons nos colonnes à ce titre, tout en laissant à son auteur l’entière responsabilité de certaines de ses affirmations.
Les machines lieuses sont entrées en action. Le battage commence. Un savant tintamarre éloigne les sauterelles. C’est déjà la moisson, et ses bilans problématiques. Enfin la terre a parlé. Les marchands s’impatientent. Les chiffres pleuvent. Faites vos jeux !
Boulahrouf n’est pas homme à oublier son alphabet. L’infatigable Boumendjel y va de sa faucille (1). Mais l’oncle d’Amérique étend son bras trop long sur Perrette séduite, et sur son pot au lait, ce Maghreb fabuleux qui fait perdre la tête. Tant que le pot n’est pas brisé, tous les rêves sont permis.
La France nous apporta le choc des temps modernes. Elle déversa en Algérie et dans tout le Maghreb des troupes, des colons, des capitaux, des techniciens, une plèbe mécontente et son escorte d’apatrides, enfin les réfugiés de ses provinces perdues, comme l’Alsace et la Lorraine en 1871, comme les compagnons du général de Gaulle au temps où ils luttaient contre la paix des braves proposée par Vichy. Passons.
Donc l’Algérie avait bon dos. Ses nouveaux occupants proliféraient au point de tout accaparer, les terres et les villes, les postes de commande et les petits emplois. D’où l’administration directe et le refoulement final des Algériens qu’on avait oubliés. Ils n’étaient pas tous morts, et leur évolution s’était faite à grands pas. La France en était fière, d’une fierté pensive. Elle tira les verrous. Mais on entrait par les fenêtres. Il n’aurait pas fallu nous faire chanter la Marseillaise.
Les premiers étudiants d’Afrique du Nord ne tardèrent pas à découvrir le caractère contradictoire de la tutelle française, selon qu’elle était vue d’Alger ou de Paris. Comme le Nord et le Sud, avant et après la guerre de Sécession, ces deux points cardinaux se renvoyaient toujours des ombres mal affranchies. La seule chance des Maghrébins résidait dans leur nombre. Autant dire une malédiction. Par le seul fait d’exister, ils étaient une menace. Il arriva pourtant que les futurs nationalistes des trois pays voyagèrent dans la métropole, y eurent des amis, communiquèrent entre eux, et s’instruisirent en langue française.
Paradoxalement, le seul fait d’enrôler des fellahs algériens dans des armées modernes fit beaucoup pour les éveiller. On crut trouver une piétaille. On travaillait pour l’A.L.N. Et il en fut de même pour le prolétariat, les cadres syndicaux formés en France.
Le temps a fait son œuvre. La France ne peut plus exploiter le Maghreb. Elle ne peut plus faire la guerre en Algérie, ni vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué, d’autant que l’ours a fréquenté le cirque. Il faut savoir ensevelir les espérances illégitimes. Le Cimetière marin de Valéry devrait venir aux lèvres du général, et lui faire proférer devant un olivier de haute taille ce grand vers de dix pieds :
« Le vent se lève : il faut tenter de vivre ! »
Comme le fondateur de l’Ancien Testament « n’a pas choisi Son peuple à cause du Lieu, mais le Lieu à cause de Son peuple », le Maghreb ne veut plus du temple colonial. Nous ne sommes pas pour autant en guerre sainte.
On trouve dans nos rangs des chrétiens et des juifs. Ils représentent des centaines de milliers d’hommes qui ont choisi de vivre dans leur nouvelle patrie.
La nation algérienne considère ces hommes comme le trait d’union indispensable avec l’œuvre française, abstraction faite du régime balayé à jamais par la révolution. Le 11 décembre 1960, en guise de réponse à tout référendum, passé ou à venir, l’Algérie a plébiscité les seuls chefs qu’elle connaisse. Que Messali essaie ses offices en plein air, sous la puissance protectrice, et l’on fera le compte de ses fidèles !
Déjà l’ancienne Mauritanie, la Numidie de Jugurtha, dressait les peuples d’Afrique du Nord contre l’empire fondé par Rome. Et la défaite de Jugurtha portait en germe, déjà, un Maghreb victorieux : la résistance était possible. La lutte serait longue, et les péripéties ne comptaient pas dans une guerre de partisans, une guerre de tous et de chacun, une guerre où le temps travaille à unifier les rebelles et absorber les conquérants. Quand viennent les Arabes, les mêmes réalités s’opposent tout d’abord à leur domination. On voit une juive berbère organiser les embuscades et rallier autour d’elle tout ce qui vit, tout ce qui respire, dans les profondeurs de l’Aurès. On trouve alors dans ces montagnes d’humbles villages administrés comme des républiques ! C’est la commune villageoise, gérée par les Anciens et farouchement jalouse de son indépendance... La Kahina mourra sans désarmer. Ses dernières paroles témoigneront pourtant d’une volonté de paix. C’est que, pour elle et pour ses guerriers, il n’y a plus d’envahisseurs à combattre, mais une souche nouvelle enracinée au Maghreb. Il n’y a plus qu’un seul et même peuple, haut en couleurs, où l’Islam ne s’oppose aux traditions locales que le temps nécessaire à sa pénétration. Il faut lire Ibn Khaldoun pour comprendre à quel point les structures sociales du Maghreb correspondaient à l’idéal égalitaire des musulmans. Mais l’Islam était divisé.
Les peuples du Maghreb épousèrent à peu près toutes les querelles de leur temps, et furent le plus souvent pour des réformes radicales. Ils rejetaient la décadence des dynasties dites civilisées, leurs prétentions contradictoires à ériger leurs rejetons en descendants du prophète.
Cependant le Maghreb survivait à la crise, et mesurait non sans orgueil ses dimensions nouvelles, dans la poussière des conquérants. Devant les ruines de Rome et de Carthage, les mosquées restaient debout. Les cavaliers arabes surgis du Sahara et coupés de leurs bases avaient donc réussi, là où la force des empires s’était anéantie. Pourquoi ? A cause de l’Islam ? L’impopularité de la puissance turque vint prouver le contraire. La religion ne pouvait être la cause unique du succès. Il faut chercher ailleurs, et revenir à Ibn Khaldoun, à la sociologie.
Quand Rosa Luxembourg notait en Algérie, au centre du Maghreb, les survivances multiples d’un communisme primitif, elle sacrifiait sans doute à ses principes marxistes, mais elle mettait le doigt sur le point précis où le droit musulman (Sidi Khlil) coïncide parfaitement avec les traditions et les usages codifiés depuis la nuit des siècles, à travers tout le territoire. Ce droit Kanoun, interprété à merveille dans la législation maghrébine de l’Islam, c’est bel et bien du socialisme : terres indivises, partage des récoltes, mise en commun des moyens de production, biens habous, greniers collectifs encore intacts au Sahara, et surtout dans l’Aurès.
Une autre théoricienne, Germaine Tillion, qui navigue loin de Marx, a compris ce Maghreb obscur, sauf quand elle parle de « clochardisation ». L’extrême détresse des fellahs ne dégénère pas, même chez les troglodytes. Elle explose au contraire. Nous le verrons plus loin.
Mais retournons aux Turcs. Ils n’étaient pas venus renforcer les Arabes, en missionnaires de l’Islam. Le Maghreb vit en eux tout simplement des occupants, au sens brutal du terme. Ils rappelaient aux occupés la lourde machine romaine, ses impôts, ses tueries, et sa justice expéditive. Ils n’eurent de remarquable que leur marine. Elle fit beaucoup pour écarter l’intervention européenne. Ce n’était qu’un sursis.
Le Maghreb était piétiné. Les Arabes devinrent les seuls frères musulmans, humiliés eux aussi par la puissance turque. Ce rapprochement permit bientôt d’unir toutes les tribus qui eurent pour chef Abd El-Kader, d’est en ouest, jusqu’au Riff, et ce fut la riposte à l’invasion du 5 juillet 1830.
Les Français n’eurent aucun mal à écraser les Turcs impopulaires. Le burnous rouge des caïds n’eut même pas à se retourner. Ce n’était, somme toute, que la relève d’un empire. La conquête s’étendit. La France était perplexe, le Parlement houleux, mais on flairait la bonne affaire, et Bugeaud l’emporta. On se rua sur l’Algérie et sur ses terres collectives, acquises à vil prix. Les Algériens furent décimés, en dix-sept ans de lutte inégale et féroce.
Après la chute d’Abd El-Kader, la résistance continuait, avec des hauts et des bas. Il y eut des vides tragiques, où les sirènes de la défaite retentissaient à n’en plus finir. La Tunisie et le Maroc tombèrent sous le joug. Le Maghreb semblait mort. Il n’avait plus que ses prières pour rentrer en lui-même. Ainsi l’Islam reprit racine, et sa coloration sociale fut évidente. Le Maghreb n’eut même pas le pain amer des prolétaires. Il habita dans des cavernes, où on le trouve encore.
De ces cavernes surpeuplées, de ces sordides bidonvilles, on n’entend pas le solennel discours de Constantine. L’ordonnance du 7 mars 1944 tombe dans l’indifférence. Le peuple est décidé à ne plus se nourrir de promesses. On traque les militants. Et les prisons vont se remplir : le 8 mai 1945, les cloches de la victoire annoncent pour l’Algérie la Saint-Barthélémy.
C’est l’une des années les plus cruelles de notre histoire : un hiver rigoureux, les récoltes compromises, la famine, le typhus, la légion, les milices, les soldats revenus de Cassino, de Normandie, pour trébucher sur les cadavres et les jarres brisées. Cela sous le pouvoir du général de Gaulle, l’homme qui pensait depuis longtemps, nous dit-il aujourd’hui, à l’émancipation des colonies. Mais pourquoi n’avoir pas, comme les Anglais avec Nehru, fondé dans l’euphorie de la France libre un Maghreb associé ? Pourquoi avoir tourné le dos à Ho Chi Minh et lui avoir fermé l’Union française ?
La pacification recommençait à Saigon. Le Maghreb n’avait plus qu’à méditer cette leçon et à tourner la page. Tous les yeux se fixaient sur le lointain Vietnam. Bientôt l’Afrique du Nord allait suivre l’exemple.
Le soulèvement des Tunisiens fit rire les militaires. On se moquait des fellagas, petits coupeurs de routes. Et le Maghreb entra dans la tempête.
Encore une fois, qu’on se souvienne des journées de décembre. Ces foules résolues, le marteau à la main, avec leurs loques teintées de sang, et leurs drapeaux tombés du ciel, on ne peut plus les ignorer. Elles sont venues comme un miracle. Elles ont dicté leur volonté sous les balles des fauteurs de haine, et les rafales des régiments ameutés une fois de plus. On a pu voir enfin d’où venait la violence, après cette guerre de cent trente ans.
Un nouveau Melun n’est nullement exclu. A qui la faute ? Nous voulons la clarté. Du côté adverse, on marche vers la paix comme dans un tunnel chargé de dynamite. Psychose du plastic ? Allons donc ! De tels épouvantails n’effraient que les touristes. Un peu de fièvre, il faut le dire, serait de bon augure. Hélas ! aucune bombe ne semble harceler des émissaires fourbus avant la course. On n’a jamais tant voyagé pour si peu de distance : tous les chemins, nécessairement, passent par la rencontre Abbas-de Gaulle, et mènent au Maghreb, sur la base intangible d’une Algérie indépendante.
Kateb Yacine
https://www.monde-diplomatique.fr/1961/05/KATEB_YACINE/24240
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Rédigé le 14/10/2023 à 18:13 dans Maghreb | Lien permanent | Commentaires (0)
Message d’un groupe d’étudiants du Département de français de l’université Al-Aqsa de Gaza, à l’adresse du Président E. Macron.
Monsieur le Président de la République française,
Nous, Palestiniens de Gaza de tous sexes et de tous âges, avons vécu et vivons encore, une vie d’esclaves et d’opprimés sous l’occupation israélienne. Cette occupation qui massacre et bombarde aveuglément les civils palestiniens, petits et grands, jeunes ou vieux, femmes ou enfants sans distinction aucune, ne cesse d’opprimer notre peuple, nous Palestiniens. La souffrance du peuple palestinien n’a pas cessé depuis les 3 grandes offensives militaires israéliennes entre 2008 -2014. Elles ont fait des milliers de victimes innocentes, elles n’ont pas été sanctionnées et 2 millions d’habitants vivent dans une grande prison à ciel ouvert à cause du blocus imposé par Israël depuis 13 ans et sans que cela ne pose de problème à la communauté européenne et mondiale.
Mais surtout à vous, Monsieur le Président de la France. La France, le pays des droits de l’homme. Mais où sont les droits de l’homme pour nous les Palestiniens ? Où sont les droits de l’homme quand Israël occupe illégalement nos terres et tue nos femmes et nos enfants ? Malheureusement, aujourd’hui, Israël continue ses crimes contre Gaza et son peuple et ne respecte aucune des résolutions de l’ONU. Israël avec ses gouvernements précédents et actuels, se proclame seul Etat démocratique dans la région. Mais ce n’est pas la réalité. Israël est un état d’apartheid, un Etat criminel envers le peuple palestinien.
Monsieur le Président de la république françaises, est-ce que ce n’est pas le moment pour la France, l’Etat des droits de l’homme, d’adopter une position claire face à ce qui se passe en Palestine ? Est-ce que ce n’est pas le temps d’une intervention française pour mettre fin au terrorisme israélien et au génocide du peuple palestinien ?
La France doit cesser de fermer les yeux et faire honneur à ses valeurs et à ce qui a fait la grandeur de votre pays pour prendre une décision radicale face à Israël ! Le peuple Palestinien ne demande qu’une protection internationale, et la vôtre en l’occurrence ! Nous ne voulons pas d’une intervention militaire comme vous l’avez faite au Mali et en Libye. Nous vous demandons seulement de nous protéger et de sauver nos âmes de ce terrorisme israélien. Ne nous tournez pas le dos, Monsieur le Président. Prenez vos responsabilités en ayant le courage d’imposer à Israël l’arrêt total de ce génocide.
http://www.micheldandelot1.com/des-etudiants-de-gaza-s-adressaient-a-macron-en-2019-a176906014
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Rédigé le 14/10/2023 à 15:36 dans Israël, Palestine | Lien permanent | Commentaires (0)
Le porte-parole de l’Union juive française pour l
a paix (UJFP) a eu l’amabilité de répondre à nos questions sur la guerre qui fait rage au Proche-Orient. Pierre Stambul décrit la situation catastrophique qui prévaut à Gaza, suite aux bombardements israéliens, et fustige les médias occidentaux qui ne parlent que des victimes israéliennes. Pour lui, si le Hamas a réussi son attaque-surprise du 7 octobre, c’est parce qu’il a retenu la leçon de ses «échecs passés». «L’extrême-droite suprémaciste qui dirige Israël se moque des vies humaines, y compris de celles des Israéliens emmenés à Gaza», fait-t-il remarquer, tout en comparant le gouvernement israélien actuel à l’OAS. Interview.
Algeriepatriotique : Une propagande de guerre s’est mise en place dès après l’attaque du Hamas sur Israël. Pouvez-vous nous décrire la situation réelle qui prévaut au Proche-Orient actuellement ?
Pierre Stambul : Une grande militante de Gaza est chez moi. Je reçois à tout moment des nouvelles et des vidéos de Gaza. On voit des tours de 15 étages pulvérisées les unes à la suite des autres, des quartiers entiers totalement détruits, les enfants cherchent dans les gravats un souvenir de ce qu’était leur vie. Un ami très cher a perdu deux de ses fils. Un autre a sa maison transformée en refuge pour plus de 100 personnes, mais il n’y a plus d’eau ni de nourriture. A Jabalia, dans l’hôpital Al-Awda, on soigne tant bien que mal les blessés. L’ordre d’évacuation donné par l’armée israélienne est synonyme de mort pour eux.
Et pourtant, les médias occidentaux ne parlent que des victimes israéliennes ou des Français morts là-bas. Pendant un court instant, les civils d’une société coloniale, Israël, ont connu l’horreur de ce qu’est une guerre. Les Palestiniens vivent ça depuis des décennies. Amnesty International dit que le Hamas a commis des crimes de guerre. Je les crois, mais quand ils expliquent qu’Israël est un Etat d’apartheid, là, les médias s’insurgent. Quand l’armée israélienne affirme que des «bébés ont été décapités», les démentis de CNN n’ont plus d’effet. Le ministre israélien Yoav Galant affirme que les Palestiniens sont des «animaux humains» et quelque chose qui ressemble de plus en plus à un génocide peut commencer.
Pour les dirigeants israéliens, les Palestiniens sont des terroristes. Qui a expulsé tout un peuple en 1948 ? Qui occupe illégalement la Cisjordanie ? Qui a transformé Gaza en une cage bouclée par terre, par air et par mer depuis 17 ans ? Tant que ce colonialisme écrasera la Palestine, Israël ne sera pas en sécurité.
Quelle lecture faites-vous de l’attaque d’envergure menée par les résistants palestiniens, une première depuis la guerre d’octobre en 1973 ?
J’étais au Caire le 7 octobre avec un petit groupe. Nous avions l’autorisation française d’aller à Gaza, il nous manquait l’autorisation égyptienne. Des Palestiniens étaient avec nous. Tout le monde a été surpris par l’attaque du 7 octobre. Gaza est une société très pluraliste, où on entend souvent des critiques extrêmement vives contre les deux gouvernements palestiniens rivaux. Cette attaque – survenue le lendemain du 50e anniversaire de l’attaque égyptienne sur le canal de Suez qui est jour férié en Egypte –, a été perçue avec soulagement à Gaza. Enfin les Palestiniens cessaient de subir. Le droit international dit que, en cas d’occupation et d’oppression, un peuple a le droit de résister, y compris par la lutte armée. Vous le savez bien en Algérie. Enfin, face au rouleau compresseur colonial, face au silence et à la complicité des dirigeants occidentaux et de la plupart des dirigeants arabes, les combattants de Gaza disaient «ça suffit !».
Je suis juif. Mes parents ont été des résistants au nazisme. Mon père, déporté à Buchenwald, a été un des très rares survivants du groupe Manouchian, aujourd’hui célébré en France. Peu avant sa mort, il m’avait dit : «Nous savions que, si nous combattions, nous étions condamnés à mort, et si nous ne combattions pas, nous étions aussi condamnés à mort. Alors nous avons choisi de combattre.» C’est l’état d’esprit des Gazaouis.
Israël a-t-il été surpris par l’offensive du Hamas ou a-t-il, comme le disent certains, laissé faire pour justifier une invasion terrestre et une occupation de Gaza ?
La version que j’ai eue de l’attaque du 7 octobre est la suivante : très peu de gens étaient au courant. Le Hamas a tiré les leçons d’échecs passés. Les téléphones, surveillés, n’ont pas servi. Il y a des «espions» à Gaza. On ne devient pas espion par vocation. Un pêcheur, capturé par les Israéliens et emmené à Ashdod, nous avait expliqué ce que les services israéliens lui avaient dit : «Tu sais, ta mère a un cancer et il n’y a pas de médicaments anticancéreux à Gaza, mais si tu travailles pour nous, on pourra la soigner.»
Cette fois-ci, ça n’a pas marché. Des hackers ont neutralisé pendant quelques heures toute l’informatique de l’armée israélienne. Les avions n’ont pas pu décoller. Les combattants palestiniens ont pu assez facilement détruire la barrière de haute technologie. Ils ont été surpris de rencontrer très peu de résistance. Certains ont pénétré assez profondément en Israël.
La réalité est-elle plus compliquée ? Je ne sais pas. Par contre, clairement, ce qui est à l’œuvre à présent, c’est une nouvelle Nakba [exode palestinien de 1948, ndlr].
Comment voyez-vous la suite des événements ? Allons-nous vers l’escalade ou les deux parties l’éviteront-elle dans les jours à venir, selon vous ?
Si le monde occidental et le monde arabe ne signifient pas clairement à Israël qu’il doit immédiatement arrêter son offensive, on va vers un massacre terrible et des centaines de milliers de Gazaouis qui auront survécu vont se retrouver sous des tentes dans le Sinaï. L’extrême-droite suprémaciste qui dirige Israël se moque des vies humaines, y compris de celles des Israéliens emmenés à Gaza. L’histoire a montré récemment, en Libye ou en Irak, que quand on laisse une société être détruite, les catastrophes s’enchaînent. Les Palestiniens n’ont qu’une seule revendication : que le droit international leur soit appliqué. Ils sont aujourd’hui en danger de mort, comme société. Et l’histoire a montré, prenons l’exemple des peuples autochtones d’Amérique ou d’Australie, qu’une société peut être détruite.
Comment jugez-vous l’alignement zélé de l’Occident sur les thèses israéliennes ?
Certains pensent que cet alignement vient d’un sentiment de culpabilité vis-à-vis des juifs. C’est faux. S’il est incontestable que l’Europe est coupable de siècles d’antijudaïsme chrétien et d’antisémitisme racial qui ont mené au génocide nazi, ça n’a rien à voir avec le soutien à Israël. D’ailleurs, l’idéologie des dirigeants israéliens actuels est plus proche de celle de ceux qui ont réalisé le génocide que de ceux qui l’ont subi – dont ma propre famille.
Non, l’Occident soutient Israël parce que c’est leur Etat. C’est un exemple de reconquête coloniale, c’est un morceau d’Occident installé au Proche-Orient. C’est devenu un laboratoire des technologies de pointe, de la surveillance et de l’enfermement des populations réputées dangereuses. C’est l’endroit où les armées et les polices du monde entier viennent «se former». Israël est indispensable pour dominer et vassaliser la région.
Mais vous ne m’interrogez pas sur les dirigeants du monde arabe. Comme juif français, je me permets de dire que la complicité de ceux qui ont établi des relations avec Israël en laissant le peuple palestinien se faire massacrer est une honte absolue.
Nelson Mandela disait que l’Afrique du Sud ne serait pas libre tant que la Palestine ne le serait pas. Le monde arabe serait-il amnésique ?
Ces deux complicités – l’Occident et la majorité du monde arabe – et des décennies d’impunité d’Israël expliquent le massacre en cours.
Les Etats-Unis ont envoyé un porte-avions vers l’est de la Méditerranée. Jusqu’où ira Washington dans son appui politique et logistique au régime de Tel-Aviv, d’après vous ?
Le soutien absolu des Etats-Unis pour Israël – et l’Egypte, ainsi vassalisée – est une question stratégique : tenir cette région du monde. Trump ou Biden, c’est pareil, ils veulent faire disparaître la Palestine et permettre expulsion et annexion. Il ne faut pas croire que c’est pour répondre à une demande des juifs des Etats-Unis – 40% des juifs du monde entier. Aux Etats-Unis, de nombreux juifs pensent qu’Israël est un Etat d’apartheid. Mais le lobby sioniste est extrêmement puissant et il est animé par des chrétiens évangélistes très puissants. Et antisémites.
Si d’aventure nous utilisions le mot «résistants» en France pour décrire les combattants palestiniens, nous serions passibles de prison. Comment expliquez-vous cette frilosité du pouvoir français ?
Il y a bien longtemps en France que les libertés fondamentales – manifester, faire grève, etc. – sont menacées. Et bien longtemps que la parole raciste s’est libérée comme aux pires heures de notre histoire.
Il est symptomatique de voir que, sur la Palestine, un pas supplémentaire est franchi. Fini les positions «équilibrées» de De Gaulle ou Chirac.
Nos dirigeants ont entrepris de criminaliser l’antisionisme, d’interdire les réunions ou les manifestations de soutien à la Palestine.
Les télévisions et la plupart des médias ne donnent qu’un seul point de vue. Même des mairies de gauche se plient au discours ambiant : Palestine = terrorisme.
Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, qui interdit les manifestations, est un drôle de défenseur des juifs. Son livre sur Napoléon reprend des stéréotypes sur les juifs usuriers qui veulent dominer le monde.
Et, à Strasbourg, des membres de mon association, l’Union juive française pour la paix, sont arrêtés parce qu’ils manifestent pour la Palestine. Le monde à l’envers.
Des rabbins comme David Weiser et des penseurs juifs prédisent une fin proche d’Israël. Qu’en pensez-vous ?
Mon association, l’UJFP, est antisioniste. Nous pensons que le sionisme est un crime contre les Palestiniens. Pour les juifs, c’est une insulte à leur mémoire, à leur histoire, à leurs identités.
Historiquement, jusqu’à la guerre de 1967, les juifs religieux étaient étrangers ou hostiles au sionisme, parce que la religion n’avait aucun aspect territorial. C’est une religion messianique.
Quant aux juifs laïques – dont je suis –, ils estimaient que leur émancipation comme minorité opprimée passait par celle de l’humanité.
On essaie de masquer cette opposition juive au sionisme qui existe aussi en Israël.
Je ne sais pas prédire l’avenir. Je fais un parallèle entre les dirigeants israéliens et l’OAS que vous avez bien connue. Elle a tué des milliers d’Algériens et elle est largement responsable de l’exode des Français et des juifs d’Algérie. Pour les Israéliens, la politique criminelle actuelle est une impasse.
Interview réalisée par Mohamed El-Ghazi et Karim B.
octobre 14, 2023 - 11:26
Rédigé le 14/10/2023 à 15:06 | Lien permanent | Commentaires (0)
l'Algérie poursuit les opérations de récupération de pièces archéologiques de son patrimoine historique de l’étranger.
Cette fois-ci, c’est une épée de l’Emir Abdelkader qui a pu être récupérée, selon un communiqué du ministère de la Culture paru ce lundi.
La ministre de la Culture et des Arts Soraya Mouloudji a reçu la visite de l’ambassadeur d’Algérie en France, Said Moussi qui lui a remis l’épée récupérée qui devait être vendue aux enchères en France, d’après le communiqué du ministère.
L’acquisition de cette pièce archéologique « à haute valeur historique » a été effectuée le 8 octobre dernier par les services de l’ambassade d’Algérie en France, indique le ministère de la Culture dans son communiqué
La récupération a été possible suite à la découverte de l’opération de vente aux enchères de la pièce en question par le biais de la cellule de veille récemment créée au niveau du ministère de la Culture, ajoute la même source.
L’Algérie récupère une épée de l’Emir Abdelkader fabriquée en argent
Cette cellule est chargée du suivi et de la restitution des biens culturels nationaux à l’étranger, précise le communiqué du ministère de la Culture.
L’épée de l’Emir Abdelkader qui a été récupérée est fabriquée en argent, précise le ministère de la Culture. Longue de 107 cm, elle date de la période entre 1808 et 1883, souligne la même source.
Le ministère indique que la récupération intervient suite aux orientations du président de la République Abdelmadjid Tebboune pour le renforcement de la protection du patrimoine national, la sauvegarde de la mémoire collective et la restitution des biens culturels à l’étranger.
L’épée en question et les documents l’accompagnant seront exposés dans les collections nationales avec les autres pièces archéologiques et artistiques récupérées par le ministère de la Culture en coordination avec les représentations diplomatiques algériennes à l’étranger.
Au courant de l’année 2023, l’Algérie a déjà récupéré des pièces archéologiques de l’étranger dans le cadre des opérations conduites par le ministère de la Culture.
En juillet dernier, l’Algérie a récupéré un fusil datant du 19e siècle qui était destiné à être vendu aux enchères à Zurich, en Suisse. L’opération a été menée par l’ambassade d’Algérie à Berne avec la participation des membres de la communauté algérienne en Suisse.
Par: Zine Haddadi
https://www.tsa-algerie.com/lalgerie-recupere-une-epee-de-lemir-abdelkader-de-france-photos/
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Rédigé le 14/10/2023 à 14:21 dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0)
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Rédigé le 14/10/2023 à 12:00 dans Israël, Lejournal Depersonne, Paléstine | Lien permanent | Commentaires (0)
Alors que sa caméra donne à voir Alger, Franssou Prenant fait entendre les dires et les écrits de personnages français commentant ou justifiant l’invasion du pays de 1830 à 1848.
« De la conquête », documentaire de Franssou Prenant. LA TRAVERSE
Découvrir un film de la trop rare Franssou Prenant (née Françoise Prenant en 1952), c’est entrer dans un univers doux-amer où les cauchemars de l’histoire se déroulent en rubans d’images et de sons. Monteuse de métier, formée à l’Institut des hautes études cinématographiques (l’ancienne Fémis, cette grande école parisienne), la cinéaste a réalisé une dizaine de films, a travaillé comme scripte avec Robert Bresson (Le Diable probablement, 1977), monté des films de Raymond Depardon et de Romain Goupil. Dans ses toutes jeunes années, elle incarne l’héroïne d’Albertine ou les Souvenirs parfumés de Marie-Rose (1972), de Jacques Kébadian, joyeux tract sur la liberté sexuelle.
Si Franssou Prenant a raconté la Guinée (L’Escale de Guinée, 1987) ou le Liban sous l’angle de l’exil (Sous le ciel lumineux de son pays natal, 2001), l’Algérie reste son pays de cœur : elle a passé trois années à Alger, à l’adolescence (de 1963 à 1966), avec ses parents partisans de l’Algérie libre, délaissant les bancs de l’école pour la cinémathèque qui venait d’ouvrir. Trois de ses films forment ainsi un triptyque algérien : I Am Too Sexy for My Body, for My Bo-o-dy (2012) est une captation de danses et de chants ; les deux suivants plongent dans les déchirements des conflits en dissociant textes et images, Bienvenue à Madagascar (2015) et De la conquête, qui sort ce 11 octobre après avoir été programmé, au printemps, au Cinéma du réel, à Paris, où une rétrospective était consacrée à la cinéaste.
Il ne faut pas prendre au premier degré le titre du film, De la conquête, lequel sonne comme un traité politique. S’il ravive la mémoire tragique de la colonisation de l’Algérie par la France, de 1830 à 1848, ce documentaire opère par fragments et impressionne par sa puissance formelle : en super-8 muet le plus souvent, Franssou Prenant confronte ses plans paisibles de la ville d’Alger ou du désert du Sahara à la dureté des textes et déclarations de personnages français du XIXe siècle, commentant le désastre de l’invasion en cours.
Le film fait ainsi résonner le langage fleuri des généraux, des intendants, des écrivains et des théoriciens (Victor Hugo, Ernest Renan, Charles Fourier, Alexis de Tocqueville…), dont on ne découvrira le nom qu’au générique de fin. Ce florilège mortifère est dit en voix off par une dizaine d’interprètes, acteurs, plasticiens, écrivains, metteurs en scène (Christophe Clavert, Jean Rolin, Aristide Bianchi, Lamine Ammar-Khodja, Marcel Bozonnet…). Alger et ce qu’il en reste se révèlent à l’image, tandis que sont énoncés les pillages de l’époque, les destructions des bâtiments et d’ornements. La ville vue par la cinéaste relève du morcellement, du kaléidoscope mouvant, avec ses couleurs, ses ombres, sa vision éclatée, tel ce plan trouble aux couleurs chaudes, laissant deviner bateaux et maisons en front de mer, vus à travers les percées d’un mur de terrasse.
Entraîné dans un flux maîtrisé de paroles, le spectateur ne cherche pas tant à identifier « qui parle » qu’à absorber les mots, à en mesurer la portée mais aussi l’insoutenable froideur. « Voilà, mon brave ami, comment il faut faire la guerre aux Arabes : tuer tous les hommes jusqu’à l’âge de 15 ans, prendre toutes les femmes et les enfants (…), les envoyer aux îles Marquises ou ailleurs, en un mot anéantir tout ce qui ne rampe pas à nos pieds comme des chiens. » On n’osera ici rapporter les comptes rendus des sinistres « enfumades », lesquelles consistaient à allumer des feux de broussailles devant des grottes, en vue d’asphyxier les populations rebelles qui se trouvaient réfugiées à l’intérieur.
Si l’autocritique perce entre les lignes, elle se voit rabotée par le ton supérieur du colonisateur : « Nous avons débordé en barbarie les Barbares que nous venions civiliser. » Ou encore : « Les pauvres diables se souviendront de notre visite. Que veux-tu, nous leur apportons les lumières, seulement nous leur faisons payer la chandelle un peu cher. » Des éclats de résistance nous parviennent enfin, notamment de l’émir Adbelkader (1808-1883), qui combattit avec force les troupes françaises, avant de se rendre, en 1847.
Par Clarisse Fabre
https://www.lemonde.fr/culture/article/2023/10/11/de-la-conquete-reveille-les-fantomes-de-la-colonisation-de-l-algerie_6193764_3246.html
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Rédigé le 14/10/2023 à 11:51 dans colonisation | Lien permanent | Commentaires (0)
La quinzaine de membres, amis et sympathisants de l'association réunis autour de deux des fondateurs : le président (chemisette blanche) Jacques Pradel, et en tee-shirt gris Jacki Malléa. L'Indépendant - V.P
Fondée en novembre 2008, l'Association nationale des Pieds-noirs progressistes et leurs amis organisent du 13 au 15 octobre à son assemblée générale à Perpignan. Conférences-débats vont émailler ces deux journées axées autour "de la nécessité d'émanciper le présent du passé colonial".
Les locaux syndicaux de la CGT à Perpignan accueillaient ce vendredi 13 octobre en matinée les divers représentants régionaux de l'Association nationale des Pieds-noirs progressistes et leurs amis. Des Perpignanais bien sûr, mais également des membres venus de Toulouse, Marseille, Montpellier, Grenoble, Paris...
Présidée par l'un des fondateurs de l'association, Jacques Pradel, natif de Tiaret dans l'Orani), co-présidée par Jacki Malléa, né lui à Guelma, une réunion de présentation a rassemblé une quinzaine d'anciens et de sympathisants. Elle a permis aux organisateurs de rappeler leur Charte des valeurs et objectifs. "Nous sommes tous issus d'horizons différents, mais nous partageons tous, je crois, la même analyse du système colonial imposé par la France au peuple algérien", soulignait Jacques Pradel. "Nous avons aussi en commun un engagement fort pour un avenir d'estime et d'amitié entre Français et Algériens, et de coopération entre les deux états".
Jacki Malléa insistait sur "la nécessité d'émanciper le présent du passé colonial" et de "lutter contre la glorification de ce passé par ce que nous appelons les "nostalgériques", ces nostalgiques de l'Algérie française". "Nous nous devons de dénoncer les manœuvres de toutes natures des nostalgiques du passé, figés sur des positions rétrogrades et revanchardes. Notre rôle est de transmettre aux nouvelles générations de nos deux pays des initiatives bienveillantes allant dans le sens de la réconciliation et de la solidarité", concluaient les membres de l'association.
Ce samedi 14 octobre : conférences-débats au Centre culturel à Cabestany au 1 chemin de Saint-Gaudérique. Renseignement au 0683980503 (Jacki Malléa).
colonial des Nostalgériques" - lindependant.fr
Pour une Histoire Franco-Algérienne
Authentique : Une Coalition Française Contre l’Alliance des « Pieds-Noirs » et le Parti de Le Pen
Article écrit par Algérie-Focus qui est un journal électronique algérien.
France – De nombreuses personnes en Algérie ont l’impression que tous les « pieds-noirs » partagent une idéologie commune, qu’ils sont soit partisans de l’Organisation de l’Armée Secrète (OAS), soit membres de cette organisation, soit nostalgiques de « l'Algérie française ».
Cependant, des activistes français s’efforcent de changer cette perception en rappelant que tous les Français d’Algérie ne partagent pas cette idéologie et qu’il y a des individus parmi eux qui ont soutenu la guerre d’indépendance algérienne. Cet article mettra en lumière les actions de ces activistes et les enjeux qui se dessinent.
Une Lutte Contre la Nostalgie
de « l'Algérie Française »
Pour beaucoup d’Algériens, le passé colonial français en Algérie est une période douloureuse marquée par la guerre d’indépendance et les actions de l’OAS, une organisation terroriste qui s’est opposée à l’indépendance. Cependant, certains groupes et associations en France cherchent à contrer la menace croissante des thèses d’extrême droite qui glorifient la colonisation française et sont promues par des cercles proches de l’extrême droite. Ces cercles sont attachés au rêve d’une « Algérie française ».
Parmi les acteurs engagés dans cette lutte, on trouve des intellectuels et des associations, notamment l’Association des Progressistes des « Pieds-Noirs » et de leurs Amis. Ces acteurs sont particulièrement actifs dans les bastions des partisans de « l’Algérie française » dans le sud-ouest de la France, en particulier à Perpignan, où le parti de Marine Le Pen est au pouvoir. Le parti s’efforce de réhabiliter les anciens terroristes de l’OAS, responsables de la mort de nombreux Algériens et même de Français qui ne suivaient pas leur plan de « terre brûlée » après le 19 mars 1962.
Assemblée Générale de l’Association
des Progressistes des « Pieds-Noirs »
et de leurs Amis
Le 13 octobre 2023, l’Association des Progressistes des « Pieds-Noirs » et de leurs Amis a tenu son assemblée générale à Perpignan. Cet événement a réuni des historiens tels qu’Alain Ruscio et Éric Savarès, et a attiré l’attention sur les efforts pour contrer la montée de l’extrême droite en France, en particulier dans les régions liées à « l’Algérie française ». Les intervenants ont mis en avant l’importance de rétablir la vérité historique et de promouvoir l’amitié entre les peuples des deux rives de la Méditerranée.
Les « Pieds-Noirs » Qui Rejettent la Nostalgie de « l’Algérie Française »
Au cœur de cette lutte se trouvent des « pieds-noirs » qui rejettent la nostalgie de « l’Algérie française » et évitent de glorifier le colonialisme. Ces individus s’efforcent de promouvoir l’amitié entre les peuples des deux côtés de la Méditerranée, de soutenir les immigrés algériens, les binationaux franco-algériens et les Français d’origine algérienne, et de lutter contre le racisme sous toutes ses formes, y compris l’islamophobie déguisée.
L’auteur de l’article, Jacques Bradel, a évoqué la pression exercée par certains « pieds-noirs » pour susciter la nostalgie de « l'Algérie française », tout en défendant leurs intérêts matériels. Ces intérêts incluaient des compensations pour les biens qu’ils avaient laissés derrière eux lorsqu’ils ont quitté l’Algérie en 1962.
La Lutte Pour une Histoire Franco-Algérienne Authentique
Ce contexte a perduré jusqu’à l’amnistie des dirigeants de l’OAS en 1964, 1966 et 1968. Après cela, des associations privées ont été créées par les anciens dirigeants de l’OAS, contribuant à la glorification de l’Algérie française. Cependant, l’extrémisme de certaines de ces associations, comme l’ADIMAD-OAS, a été remis en question, surtout après l’assassinat de l’un de ses membres, Jacques Rosso, en 1993, lorsqu’il a abandonné son idéologie.
Face à la montée de groupes proches de l’extrême droite et de la glorification de la colonisation en Algérie, un mouvement opposé s’est formé. Il prône la nécessité de « révéler la vérité sur l’histoire de la France en Algérie, 132 ans de colonisation et de guerre ». Ces acteurs militent pour sensibiliser le grand public à la lutte contre le fascisme et s’efforcent de promouvoir une « histoire franco-algérienne authentique ». Selon eux, ces questions sont « essentielles dans la lutte contre l’extrême droite en France aujourd’hui ».
La lutte pour une histoire franco-algérienne authentique est une réponse aux tentatives de glorification de la colonisation et de l’extrême droite en France. Les « pieds-noirs » et leurs alliés cherchent à rappeler que tous les Français d’Algérie ne partagent pas la même idéologie et que des individus parmi eux ont soutenu la lutte pour l’indépendance de l’Algérie. Cette lutte pour la vérité historique et contre le racisme sous toutes ses formes est plus pertinente que jamais.
SOURCE : Pour une Histoire Franco-Algérienne Authentique : Une Coalition Française Contre l'Alliance des "Pieds-Noirs" et le Parti de Le Pen - Algérie Focus (algerie-focus.com)
Par micheldandelot1 dans Accueil le 14 Octobre 2023 à 07:49
http://www.micheldandelot1.com/perpignan-nous-luttons-contre-la-glorification-du-passe-colonial-des-n-a214889249
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Rédigé le 14/10/2023 à 11:33 dans France, Guerre d'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)
Depuis samedi, plus d’un million de personnes ont consulté et partagé nos contenus et nos cartes pour essayer de penser la rupture historique de la guerre de Soukkot. Si vous pensez que ce travail mérite d’être soutenu, nous vous demandons de penser à vous abonner à la revue.
Historiquement, le monde arabe a toujours eu des positions marquées sur le conflit israélo-palestinien. Au cours des trente dernières années, deux principaux groupes se sont distingués. D’un côté les pays qui avaient officialisé des accords de paix avec Israël et reconnu son existence. C’était l’Égypte et la Jordanie. Face à eux, existait ce que l’on nommait le camp du refus. Aujourd’hui, la dynamique a sensiblement évolué puisque plusieurs pays ont signé les accords d’Abraham en décembre 2020, marquant une nouvelle phase de relations avec Israël : les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Maroc et le Soudan. Malgré cette ouverture, un camp du refus demeure, principalement structuré par l’axe de puissance iranienne dans la région. Il englobe des pays tels que l’Irak, la Syrie et, dans une certaine mesure, le Liban, principalement en raison de l’influence du Hezbollah.
Les Émirats arabes unis, tout comme Bahreïn bien que d’une manière plus modeste, ont établi des relations diplomatiques avec Israël par le biais des Accords d’Abraham. Cette démarche les distingue de certains de leurs voisins. Contrairement au Maroc, les Émirats arabes unis n’ont pas eu de présence de population juive importante dans leur histoire récente. Leur position géographique et leur puissance régionale en font toutefois des acteurs clefs de la crise diplomatique ouverte par la guerre de Soukkot. La tenue des Accords d’Abraham dépend en partie de la réaction d’Israël face à certaines situations. Cela peut limiter les Émirats dans leurs actions, tout en leur offrant une opportunité de jouer un rôle de médiateur dans la région. En termes de géopolitique régionale, le Qatar se distingue par son rôle de soutien financier de premier plan du Hamas, créant ainsi un point de tension potentiel avec les Émirats arabes unis. Malgré cette rivalité, les deux pays restent paradoxalement parmi les zones les plus stables en cas de tensions régionales accrues : Dubaï, en particulier, est considérée comme un bastion investi par l’ensemble des parties prenantes à tous les conflits régionaux, voire internationaux. Une question cruciale est de savoir quel serait le seuil, en termes de victimes palestiniennes à Gaza, en Cisjordanie ou au Liban, qui pousserait les Émirats arabes unis, mais aussi le Maroc, à reconsidérer les Accords d’Abraham. Bien qu’il soit difficile d’évaluer un tel seuil, ces accords, difficiles à conclure, seraient probablement maintenus, sauf en cas de catastrophe d’une ampleur inimaginable. À long terme, il est peu probable que ces pays rompent totalement leurs liens avec Israël. Ces États pourraient adopter toute une gamme de discours nuancés pour signaler leur préoccupation, leur condamnation tout en cherchant à proposer des solutions diplomatiques, de façon à signaler leur nouveau rôle de puissance médiatrice régionale.
En termes de géopolitique régionale, le Qatar se distingue par son rôle de soutien financier de premier plan du Hamas, créant ainsi un point de tension potentiel avec les Émirats arabes unis.
HUGO MICHERON
L’Arabie saoudite occupe aujourd’hui une position très singulière et elle est fragilisée par la guerre de Soukkot. Sous la direction de Mohammed ben Salmane (MBS), elle avait amorcé une politique audacieuse de rapprochement et de normalisation avec Israël. Cette démarche aurait pu être concrétisée cet automne ou en 2024. Mais une escalade du conflit pourrait suspendre durablement cette dynamique et, par extension, remettre en cause une grande partie de la stratégie suivie jusque-là par le prince héritier, dont l’argument principal auprès de la communauté internationale a été que la région serait plus stable et plus calme sous sa houlette. En réalité, malgré ces promesses, l’Iran continue de disposer de moyen d’atteindre indirectement Israël via le Hamas et le Hezbollah et donc de perturber les plans du rival saoudien. La question de la capacité réelle de l’Arabie saoudite à juguler la situation actuelle est posée et la réponse à celle-ci déterminera fortement les tendances dans la nouvelle période que cette crise semble dessiner. Dans l’immédiat, la position d’un Iran fragilisé par les manifestations et les protestations populaires a été renforcée. Mais on voit difficilement comment Israël ne chercherait pas, en même temps que de « détruire le Hamas » à réduire également à la capacité que l’Iran a de semer indirectement la terreur sur le sol israélien. Bref, malgré ses atouts financiers et diplomatiques, l’Arabie saoudite doit réfléchir à la manière de gérer cette situation complexe. Pour l’instant, les déclarations de la diplomatie saoudienne, appelant à l’intervention de la communauté internationale après avoir souhaité jouer le rôle d’hégémon régional, pourraient être perçues comme un signe de faiblesse.
La position algérienne mérite aussi d’être évoquée. Très vite, le pays a tenu un discours très ferme de soutien au Hamas. Pourtant, elle n’appartient pas à l’axe de puissance iranienne. Elle a adopté dès le début, des positions très similaires à cet axe, pour trois raisons. D’abord, il y a une question de voisinage : la position algérienne tient en grande partie à ses tensions diplomatiques avec le Maroc. L’Algérie a vivement critiqué les Accords d’Abraham et utilise le soutien au Hamas pour mettre son voisin en difficulté, alors que celui-ci peine à concilier ses engagements diplomatiques avec la volonté populaire, largement en faveur du Hamas. Ensuite, la diplomatie algérienne suit une direction de plus en plus ouvertement anti-occidentale. On l’a vu dans d’autres contextes, comme avec la guerre en Ukraine, où l’Algérie a immédiatement soutenu la Russie, rappelant ainsi ses liens historiques avec l’URSS. Enfin, historiquement, l’Algérie se trouve dans le camp du refus lorsqu’il s’agit de la question israélo-palestinienne. Mais ce facteur historique n’est pas le seul en jeu : la dynamique politique interne joue également un rôle crucial. L’actuel régime algérien fait face à une population majoritairement jeune, confrontée à de hauts taux de chômage. Celle-ci est par ailleurs animée d’un ressentiment profond envers Israël : utiliser le conflit externe pour canaliser une partie de la frustration politique interne permet de réduire la pression sur le régime. C’est une tactique ancienne et éprouvée — que la guerre de Soukkot ramène au premier plan.
Pour l’instant, les déclarations de la diplomatie saoudienne, appelant à l’intervention de la communauté internationale après avoir souhaité jouer le rôle d’hégémon régional, pourraient être perçues comme un signe de faiblesse.
HUGO MICHERON
Au sein du camp du refus, la situation du Liban interpelle singulièrement à cause du poids que le Hezbollah y a acquis. Devant l’ampleur des massacres commis par le Hamas en Israël, il est très possible que la guerre ne se limite pas à Gaza, ce qui pourrait réenclencher un certain nombre de dynamiques au Moyen-Orient. De fait, si l’attention est principalement centrée sur Gaza et Israël, ces attaques ont été orchestrées depuis longtemps, avec des préparatifs en partie menés à Beyrouth. Dans cette crise, il faut souligner la triangulation entre le Hamas, le Hezbollah et, dans une certaine mesure, certains acteurs de la crise syrienne. L’implication potentielle du Hezbollah pourrait pousser Israël à cibler le Liban, ce qui ferait entrer la guerre de Soukkot dans une nouvelle dimension. L’ampleur des massacres commis par le Hamas, les enlèvements et leur perception en Israël ont déjà introduit une rupture.
Une ombre plane sur cette carte et sur cette étude, qui détaille de manière systématique la prise de position de chaque pays : la place de la Russie, qui profite notamment du rôle décroissant de l’Europe. La Russie, qui avait été relativement silencieuse dans la région depuis la chute de l’URSS, en grande partie sous influence américaine, a refait surface comme une puissance majeure depuis une dizaine d’années. Cela a été particulièrement évident lors de la guerre en Syrie, où Moscou a joué un rôle prépondérant, surpassant même les États-Unis dans sa capacité à influer sur le cours de la guerre, notamment en intervenant directement au sol pour sauver son allié, Bashar al-Assad. Malgré son rôle de modérateur de l’influence iranienne, la Russie est souvent perçue comme étant en collusion avec l’Iran sur de nombreux fronts. Dans le cas de la guerre de Soukkot, elle semble pour l’instant adopter une approche de neutralité, se positionnant davantage comme un intermédiaire. C’est ce qu’elle a fait valoir le 10 octobre pendant la visite du Premier ministre irakien au Kremlin, au cours de laquelle Vladimir Poutine a pointé du doigt les échecs américains dans la région et l’incapacité des États-Unis à régler la crise, tout en appelant à la désescalade. Ce dernier terme n’est pas neutre dans la bouche de Poutine : c’est l’élément de langage qu’ils essayent d’imposer pour l’Ukraine afin d’obtenir une reconnaissance du statu quo.
L’implication potentielle du Hezbollah pourrait pousser Israël à cibler le Liban, ce qui ferait entrer la guerre de Soukkot dans une nouvelle dimension.
HUGO MICHERON
Rien d’illogique là-dedans : le comportement de la Russie au Moyen-Orient est influencé par ses intérêts en Ukraine, en particulier par sa stratégie visant à affaiblir l’Occident, notamment l’Europe. C’est que, dans la crise actuelle, l’Europe, malgré son soutien financier important à l’Autorité palestinienne, semble manquer de poids politique et diplomatique dans la région. Bien qu’elle finance une grande partie de l’infrastructure de l’Autorité palestinienne, ses efforts n’ont pas conduit à la création d’un État palestinien capable de stabiliser la situation, mais plutôt à une expansion des colonies en Cisjordanie. Si l’on revient au début des années 2010, la guerre civile syrienne a été un moment déterminant. Initialement, l’Europe avait une influence significative en Syrie, mais à la fin du conflit, celle-ci avait considérablement diminué, comme l’illustre le processus d’Astana, qui a vu la Russie, l’Iran et la Turquie se réunir pour discuter de la situation en Syrie. Alors même que ces trois pays poursuivaient des intérêts et des objectifs divergents en Syrie, ils se sont entendus sur un point : celui d’écarter les Occidentaux — et en premier lieu, les Européens — du règlement de la crise et, plus généralement, des affaires régionales. On en voit les conséquences aujourd’hui à l’aube de la guerre de Soukkot, mais aussi en Afrique subsaharienne et au Maghreb.
Le 11 octobre, Mohammed Ben Salman et Ebrahim Raïssi, le président iranien, ont échangé un coup de téléphone pendant lequel ils ont évoqué « l’escalade militaire en cours à Gaza ». Le prince héritier saoudien a insisté sur les efforts diplomatiques du royaume pour mettre fin à l’escalade. Il a rappelé la « nécessité d’adhérer aux principes du droit humanitaire international », exprimant son inquiétude quant à « la situation humanitaire désastreuse à Gaza ». Enfin, il a redit le soutien inébranlable de l’Arabie Saoudite à la « défense de la cause palestinienne et son soutien aux efforts visant à parvenir à une paix globale et équitable qui garantisse les droits légitimes du peuple palestinien. »
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Le Secrétaire Général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit, rejette la violence « des deux côtés » et appelle à une résolution juste au conflit israélo-palestinien. Des échanges auraient aussi eu lieu entre la Ligue arabe et la Russie pour trouver une solution au conflit.
Après l’Iran (dont nous avons étudié ici le positionnement), l’Algérie a été le deuxième pays à prendre position d’une manière claire, en condamnant d’une manière unilatérale l’État d’Israël — considéré comme le seul responsable « d’attaques brutales » — et en revendiquant le droit des Palestiniens à combattre « l’occupation sioniste ».
Dans un communiqué officiel diffusé sur les réseaux sociaux par le compte du Ministère des affaires étrangères algérien, on peut lire :
« L’Algérie suit avec une grande préoccupation l’évolution des attaques brutales d’Israël sur la bande de Gaza, qui ont coûté la vie à des dizaines de fils et filles innocents du peuple palestinien, tombés en martyrs face à la persistance de l’occupation sioniste dans la politique d’oppression et de persuasion qu’elle impose au courageux peuple palestinien.
L’Algérie condamne fermement ces politiques et pratiques qui violent les règles humanitaires les plus élémentaires et les références de la légitimité internationale.
Dans ce contexte, l’Algérie renouvelle sa demande d’une intervention immédiate de la communauté internationale à travers les instances internationales compétentes pour protéger le peuple palestinien de l’arrogance et du crime que l’occupation zioniste a érigé en caractéristique de cette coopération.
L’Algérie renouvelle également sa conviction que l’occupation coloniale sioniste est au cœur du conflit arabo-israélien et que la fin des fléaux et tragédies adverisites résultant de ce conflit réside incontestablement dans la réponse aux droits nationaux légitimes du peuple palestinien et dans son habilitation à établir son statut indépendant sur les frontières de 1967 avec Al-Quds Al Sharif [l’un des noms arabes de Jérusalem] comme capitale.
Alger, Le 7 octobre 2023 »
La diplomatie saoudienne a été particulièrement active depuis le début de cette séquence. Dès le 7 octobre, à 14:15 (heure de Paris), le royaume a publié le communiqué suivant :
« Le royaume d’Arabie Saoudite suit de près l’évolution de la situation inédite entre un certain nombre de factions palestiniennes et les forces d’occupation israéliennes, qui ont eu comme résultat un haut niveau de violence sur plusieurs fronts.
Le royaume appelle à une cessation immédiate de l’escalade entre les deux camps, la protection des civils et de la retenue.
Le royaume rappelle ses avertissements répétés quant aux dangers d’une explosion de la situation due à l’occupation continue, la privation des droits légitimes du peuple palestinien, et la répétition systématique des provocations contre ses lieux saints.
Le royaume renouvelle son appel à la communauté internationale à assumer ses responsabilités et à activer un processus de paix crédible qui conduise à une solution à deux États qui établisse la paix et la sécurité dans la région et protège les civils. »
Par la suite, l’Arabie Saoudite a publicisé nombre d’entretiens téléphoniques entre son ministre des Affaires étrangères, Faisal bin Farhan, et ses homologues dans le monde entier : Josep Borrell, haut représentant de l’Union européenne ; Anthony Blinken pour les États-Unis ; Ayman Safadi, pour la Jordanie ; Sameh Shoukry pour l’Égypte ; Mohammed bin Abdulrahman Al Thani pour le Qatar ; Catherine Colonna ; Hanke Bruins Slot pour les Pays-Bas. Le 9 octobre, Faisal ben Farhan s’est à nouveau entretenu avec Anthony Blinken.
Le deuxième communiqué indique notamment : « Au cours de cet appel, les deux ministres ont discuté du danger que représente la poursuite de l’escalade militaire à Gaza et dans ses environs, de l’importance d’œuvrer pour désamorcer les tensions et de la nécessité pour la communauté internationale d’agir collectivement pour réduire les répercussions de cette crise d’une manière qui préserve la paix et la sécurité internationales. »
Le 9 octobre, Mohammed ben Salman s’est aussi entretenu avec Mahmoud Abbas, Président de l’Autorité palestinienne. Pendant cet appel, le prince héritier aurait notamment : « insisté sur le fait que le royaume continue de soutenir le peuple palestinien dans la quête de leurs droits légitimes, leur aspiration à une vie digne, à la réalisation de leurs espoirs et de leurs aspirations, et l’aboutissement d’une paix juste et durable ». Le même jour, Mohammed ben Salman a aussi échangé avec le roi Abdallah de Jordanie et le Président égyptien Abdel Fattah Al-Sisi. Dans les deux cas, les deux dirigeants ont rappelé leur attachement aux droits des Palestiniens.
Le 9 octobre, le ministère des Affaires étrangères de Bahreïn a publié ce communiqué : « Le ministère des Affaires étrangères a souligné la nécessité d’arrêter immédiatement les combats en cours entre le mouvement palestinien Hamas et les forces israéliennes, avertissant que les attaques lancées par le Hamas constituent une escalade dangereuse qui menace la vie des civils, exprimant son profond regret pour la grande perte de la vie et des biens, ses condoléances aux familles des victimes et ses vœux de prompt rétablissement aux blessés.
Le ministère a également exprimé la dénonciation du Royaume de Bahreïn face aux enlèvements de civils à leur domicile comme otages, rapportés dans certains rapports, appelant à mettre fin à l’escalade et à éviter les violences qui menacent la sécurité et la stabilité régionales et laissent présager des conséquences désastreuses pour la région.
Le ministère des Affaires étrangères a appelé la communauté internationale à intervenir et à assumer ses responsabilités pour mettre fin aux combats et assurer une protection complète aux civils qui ne devraient pas être la cible d’un conflit en vertu du droit international humanitaire, et à faire progresser les efforts visant à instaurer la paix, la stabilité et la sécurité pour tous les peuples de la région.
Le ministère a affirmé que le Royaume de Bahreïn soutient les efforts visant à mettre fin aux combats et à l’escalade et à parvenir à une solution politique par le dialogue et les négociations et à un règlement pacifique final du conflit conformément à la solution à deux États et aux résolutions de légitimité internationale. »
Comme l’Arabie Saoudite ou la Jordanie, la diplomatie égyptienne est très active depuis le 7 octobre. Sameh Choukri, le ministre égyptien des Affaires étrangères, a échangé avec vingt de ses homologues : Allemagne, Arabie Saoudite, Canada, Émirats arabes unis, Espagne, France, Grande-Bretagne, Hongrie, Iran, Italie, Jordanie, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Qatar, Russie, Slovénie, Turquie et Union européenne. Il a également échangé avec Philippe Lazzarini le Commissaire général de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) et le Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient.
Dans les résumés de ces échanges comme dans ses communiqués, l’Égypte appelle les deux parties à « faire preuve de retenue » et demande une « désescalade ». L’Égypte insiste aussi sur le rôle humanitaire qu’elle entend jouer dans la crise.
À l’heure actuelle, les Émirats arabes unis ont publié deux communiqués successifs. Mohammed ben Zayed a également fait montre d’une intense activité diplomatique, en s’entretenant par exemple de la situation avec Bachar al-Assad.
Le 7 octobre, le premier communiqué se présentait ainsi : « Les Émirats arabes unis ont exprimé leur profonde préoccupation face à l’escalade de la violence entre Israéliens et Palestiniens, ont souligné la nécessité de mettre fin à cette escalade et de préserver la vie des civils, et ont présenté leurs sincères condoléances à toutes les victimes tombées lors de cette escalade.
Le ministère des Affaires étrangères a confirmé dans un communiqué que les Émirats arabes unis appellent à faire preuve d’un maximum de retenue et à un cessez-le-feu immédiat pour éviter des répercussions dangereuses.
Le ministère a indiqué que les Émirats arabes unis, en sa qualité de membre non permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, appellent à la nécessité de réactiver immédiatement le Quatuor international pour relancer le chemin de la paix israélo-arabe, et exhortent la communauté internationale à faire progresser tous les efforts déployés pour parvenir à une paix globale et juste et empêcher que la région ne soit entraînée vers de nouveaux niveaux de violence, de tension et d’instabilité. »
Le 8 octobre, alors que l’ampleur du bilan humain de l’attaque du 7 octobre commence à être mieux connue, un deuxième communiqué est publié. Il est plus précis que le précédent : « Le ministère a souligné que les attaques du Hamas contre les villes et villages israéliens proches de la bande de Gaza, y compris les tirs de milliers de roquettes sur les centres de population, constituent une escalade sérieuse et grave. Le ministère est consterné par les informations selon lesquelles des civils israéliens ont été enlevés comme otages à leur domicile. Les civils des deux côtés doivent toujours bénéficier de la pleine protection du droit international humanitaire et ne doivent jamais être la cible d’un conflit.
Les Émirats arabes unis ont exprimé leurs condoléances aux familles des victimes et ont exhorté à tous les efforts diplomatiques pour empêcher une confrontation régionale plus large.
En outre, le ministère déplore profondément la perte de vies israéliennes et palestiniennes à la suite de la flambée de violence, et appelle les deux parties à désamorcer et à éviter une expansion de cette violence odieuse avec des conséquences tragiques affectant la vie et les installations des civils.
Les Émirats arabes unis ont souligné que la communauté internationale doit travailler ensemble pour empêcher que la violence ne risque d’entraîner une plus grande instabilité et des retombées, y compris l’implication d’autres groupes.
Les Émirats arabes unis ont réaffirmé que la communauté internationale doit rester déterminée face à ces tentatives violentes visant à faire dérailler les efforts régionaux en cours visant au dialogue, à la coopération et à la coexistence, et ne doit pas permettre que la destruction nihiliste s’empare d’une région dont les habitants ont déjà suffisamment souffert de la guerre. et un traumatisme.
Le ministère a souligné que les Émirats arabes unis restaient en contact étroit avec tous les partenaires régionaux et internationaux pour désamorcer rapidement la situation, rétablir le calme en Israël et dans les territoires palestiniens et reprendre les négociations pour un règlement final dans le cadre des paramètres de la solution à deux États pour les Palestiniens et les Israéliens, qui méritent de vivre dans la paix et la dignité. »
Le 7 octobre, à 14:30 (heure de Paris), le gouvernement irakien publie le communiqué suivant : « L’Irak affirme sa position ferme, en tant que peuple et gouvernement, à l’égard de la question palestinienne. Il se tient aux côtés du peuple palestinien dans la réalisation de ses aspirations et l’obtention de ses pleins droits légitimes, et l’injustice ou l’usurpation de ces droits ne peuvent pas produire une paix durable. Les opérations menées aujourd’hui par le peuple palestinien sont le résultat naturel de l’oppression systématique qu’il subit depuis l’Antiquité de la part de l’autorité d’occupation sioniste, qui n’a jamais adhéré aux résolutions internationales et de l’ONU. Il invite la communauté internationale à prendre des mesures pour mettre fin aux graves violations et rétablir les droits légitimes du peuple palestinien, qui souffre toujours de l’occupation, des politiques de discrimination raciale, du blocus, de la violation des lieux saints et des valeurs et principes humanitaires. Nous mettons en garde contre une escalade continue dans les territoires palestiniens. Parce qu’elle aura une incidence sur la stabilité de la région, nous appelons également la Ligue des États arabes à se réunir d’urgence pour discuter de l’évolution de la situation dangereuse dans les territoires palestiniens. »
Le 10 octobre, Vladimir Poutine a reçu Mohammed Shia Al-Sudani, le premier ministre irakien, au Kremlin où la situation en Israël a été évoquée. Pendant cette rencontre, Poutine a déclaré que l’explosion de violence en Israël montrait l’échec de la politique américaine au Moyen-Orient.
Ayman Safadi, le ministre des Affaires étrangères jordanien se montre très actif depuis le début de l’attaque du Hamas.
Sa page Twitter comptabilise ses échanges avec vingt-trois de ses homologues : Allemagne, Arabie Saoudite, Australie, Autriche, Canada, Chypre, Espagne, Émirats arabes unis, États-Unis, France, Irlande, Italie, Japon, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Qatar, Royaume-Uni, Slovénie, Suède, Turquie, et Union européenne. Il a également échangé avec l’un des principaux responsables de l’Autorité palestinienne, Hussein al-Sheikh. Le résumé des échanges est assez similaire d’un communiqué à l’autre : Ayman Safadi et son homologue « ont passé en revue aujourd’hui, lors d’un appel téléphonique, la situation dans la ville de Gaza et ses environs, ainsi que les efforts déployés pour stopper la détérioration. Safadi a souligné la nécessité d’intensifier les efforts visant à réduire l’escalade, à protéger les civils, à respecter le droit international humanitaire et à trouver une perspective politique pour réaliser la paix. »
Par ailleurs, le ministère a publié un communiqué le 7 octobre à 13:50 (heure de Paris) dans lequel il alertait des risques de l’escalade tout en se montrant très critique de la politique israélienne en Cisjordanie, et des attaques contre les lieux saints musulmans et chrétiens.
Le 7 octobre à 15:10 (heure de Paris), le ministère des Affaires étrangères du Koweït publiait le communiqué suivant : « Le ministère des Affaires étrangères exprime la profonde préoccupation de l’État du Koweït concernant les récents développements et l’escalade en cours dans la bande de Gaza et les territoires palestiniens occupés, qui résultent de la continuation des violations et des agressions flagrantes commises par les autorités d’occupation israéliennes contre le peuple palestinien frère.
Le ministère des Affaires étrangères confirme l’appel de l’État du Koweït à la communauté internationale, et en particulier au Conseil de sécurité, pour assumer ses responsabilités, arrêter la violence en cours, fournir une protection au peuple palestinien frère, et mettre fin aux pratiques provocatrices des autorités d’occupation, notamment les violations continues de la sainteté de la mosquée Al-Aqsa bénie, et la politique d’expansion coloniale.
Le ministère des Affaires étrangères réaffirme la position constante et de principe de l’État du Koweït de se tenir aux côtés du peuple palestinien frère et de le soutenir jusqu’à ce qu’il obtienne tous ses droits, le plus important étant son État indépendant sur les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale. Il met en garde contre le fait que la continuation du cycle de violence sans l’arrêter et sans punir ceux qui en sont responsables pourrait saper les efforts de paix et la solution des deux États. »
Dans un contexte interne particulièrement confus, il n’y a pas eu de communiqué officiel du gouvernement. D’un côté, depuis les élections législatives du 15 mai 2022, le processus de constitution d’un nouveau gouvernement est complètement bloqué. C’est donc le gouvernement sortant de Najib Mikati qui assure toujours l’intérim dans un pays dévasté par la crise économique et l’inflation. La situation est encore plus compliquée depuis le 31 octobre 2022, date à laquelle le mandat du président Michel Aoun a pris fin, sans que son successeur n’ait été élu. La situation qui dure depuis presqu’un an n’est toujours pas réglée.
La seule déclaration officielle vient donc de Abdallah Bou Habib, le ministre des Affaires étrangères, qui a indiqué : « Je suis à l’étranger aujourd’hui, mais je reste en contact avec le Premier ministre à qui le Hezbollah a promis qu’il n’interfèrerait pas avec ce qui se passe (en Israël). […] Si Israël ne nous harcèle pas, il ne sera pas harcelé en retour, et (le Hezbollah) à n’interviendra pas pour le moment ». Le ministre a également déclaré qu’il n’y aurait pas d’évolution tant qu’Israël « se défendait », ajoutant que « Dieu seul savait » ce qui pourrait arriver s’il décidait « d’étendre la guerre » (source L’Orient Le Jour).
De son côté, le Hezbollah a publié un communiqué le 7 octobre. Il y écrivait notamment que l’attaque du Hamas était « une réponse décisive aux crimes de l’occupation et aux agressions continues contre le sacré et la dignité. Elle prouve encore une fois que la volonté du peuple palestinien et les armes de la Résistance sont la seule option pour faire face à l’ennemi et à l’occupation. Ils constituent un message au monde arabe et musulman, ainsi qu’à la communauté internationale, surtout ceux qui cherchent à normaliser leurs relations avec l’ennemi, pour dire que la cause palestinienne ne meurt pas ».
Il ajoute : « Nous appelons les peuples de notre nation arabe et musulmane dans le monde à annoncer leur soutien au peuple palestinien et aux mouvements de résistance qui affirment leur union sur le terrain, à travers le sang, la parole et l’action ».
L’organisation a conclu son communiqué en affirmant que « la direction de la Résistance islamique au Liban suit les développements sur le terrain palestinien de près et avec grand intérêt. Elle est en contact direct avec la direction de la résistance palestinienne de l’intérieur et de l’extérieur et évalue constamment avec elle la situation et le déroulement des opérations. […] Nous appelons le gouvernement ennemi sioniste à tirer les leçons des faits que la résistance palestinienne a imposés sur le terrain. »
Pour l’instant, aucune des factions se disputant le pouvoir en Libye n’a pris la parole à propos de l’attaque du 7 octobre.
Le Maroc a déjà publié deux communiqués après l’attaque du 7 octobre.
Le premier est paru quelques heures après le début des massacres : « Le Royaume du Maroc exprime sa profonde préoccupation suite à la détérioration de la situation et au déclenchement des actions militaires dans la bande de Gaza et condamne les attaques contre les civils d’où qu’ils soient.
Le Royaume, qui n’a eu de cesse de mettre en garde contre les répercussions du blocage politique sur la paix dans la région et contre les risques de l’aggravation des tensions qui en résulte, appelle à un arrêt immédiat de tous les actes de violences et à un retour à l’apaisement, tout en évitant toutes les formes d’escalade pouvant saper les chances de la paix dans la région.
Le Royaume du Maroc, dont le Souverain, SM le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste, préside le Comité Al Qods, souligne que le dialogue et les négociations demeurent la seule voie pour parvenir à une solution globale et durable à la question palestinienne, sur la base des résolutions de la légalité internationale et du principe des deux États, tel que convenu au niveau international. »
Le second est paru le lendemain, et démontre une claire volonté d’agir dans le champ diplomatique. « Sur Instructions de SM le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste, le Royaume du Maroc, président de la session actuelle du Conseil de la Ligue des États Arabes au niveau ministériel, a appelé à la tenue d’une réunion d’urgence du Conseil au niveau des ministres des Affaires étrangères arabes pour la concertation et la coordination au sujet de la détérioration de la situation dans la bande de Gaza et du déclenchement d’actions militaires visant les civils, ainsi que pour la recherche des moyens pour l’arrêt de cette dangereuse escalade.
D’intenses concertations se déroulent pour la tenue de la réunion au cours de cette semaine au siège de la Ligue des États Arabes au Caire. »
Le 7 octobre, le ministère des Affaires étrangères du sultanat d’Oman a publié le communiqué suivant : « Le Ministère des Affaires Étrangères suit avec intérêt et inquiétude l’escalade découlant de la poursuite de l’occupation israélienne illégitime des territoires palestiniens.
Le ministère des Affaires Étrangères surveille attentivement et est préoccupé par l’escalade en cours entre les Palestiniens et les Israéliens en raison de la continuation de l’occupation israélienne illégitime des territoires palestiniens, et des attaques israéliennes continues contre les villes et villages palestiniens, ce qui menace d’avoir des répercussions graves et une intensification de la violence.
Le Ministère appelle les deux parties à exercer la plus grande retenue et souligne la nécessité de protéger les civils. Il réaffirme que la communauté internationale et les parties internationales soutenant les efforts pour relancer le processus de paix doivent intervenir immédiatement pour stopper l’escalade en cours et se conformer aux règles du droit international. Le Ministère rappelle également et souligne la nécessité stratégique de trouver une solution juste, complète et durable à la question palestinienne, basée sur la solution à deux États et le droit à l’autodétermination du peuple palestinien, en établissant leur État indépendant avec Jérusalem-Est comme capitale. »
Le 7 octobre, le Qatar a publié un communiqué dans lequel il indiquait notamment : « L’État du Qatar exprime sa profonde inquiétude face à l’évolution de la situation dans la bande de Gaza et appelle toutes les parties à la désescalade et à la plus grande retenue. Le ministère des Affaires étrangères tient Israël pour responsable de l’escalade actuelle en raison de ses violations constantes des droits du peuple palestinien, la dernière en date étant les incursions répétées dans la mosquée Al-Aqsa sous la protection de la police israélienne. »
À l’heure actuelle, le Soudan n’a publié aucun communiqué sur la situation en Israël.
Le 8 octobre dans la soirée, le compte de la présidence syrienne publiait le message suivant sur les réseaux sociaux : « Le président Bachar el-Assad a reçu un appel de Son Altesse le Sheikh Mohammed ben Zayed Al Nahyan, président des Émirats Arabes Unis, au cours duquel ils ont discuté des développements dans les territoires palestiniens occupés et de la situation dans la région. »
C’est à ce jour le seul commentaire officiel du gouvernement syrien.
Le 8 octobre 2023, la Tunisie a quant à elle publié le communiqué suivant : « La Tunisie exprime son soutien total et inconditionnel au peuple palestinien et rappelle que ce que certains médias qualifient de bande de Gaza est une terre palestinienne qui est sous occupation sioniste depuis des décennies, et que le peuple palestinien a le droit de la récupérer et de récupérer toute la terre de Palestine, et qu’ils ont également le droit d’établir leur État indépendant, dont la capitale est Al-Quds Al-Sharif [Jérusalem], la première des deux qibla [direction vers laquelle un fidèle musulman doit se tourner lorsqu’il prie] et la troisième des deux saintes mosquées.
La Tunisie appelle également toutes les consciences vivantes du monde à se tenir aux côtés du peuple palestinien et à se souvenir des massacres perpétrés par l’ennemi sioniste contre notre peuple arabe en Palestine et même contre la nation tout entière. Le monde entier ne doit pas oublier les massacres perpétrés par l’ennemi à Al-Dawayima, dans la ville d’Al-Sheikh, à Deir Yassin, à Kafr Qasem, à Khan Yunis, à la mosquée Al-Aqsa, à la mosquée Ibrahimi et ailleurs. Il ne doit pas non plus oublier les centaines de morts et les milliers de personnes qui ont été déplacées de leurs maisons et privées de leurs terres. Ils doivent se souvenir de ces dates et reconnaître le droit à une résistance légitime à l’occupation. Ils ne considèrent pas cette résistance comme une agression ou une escalade.
La Tunisie appelle également la communauté internationale à assumer ses responsabilités historiques pour mettre fin à l’occupation brutale de toute la Palestine et de son intégralité. Les forces d’occupation sionistes violent les droits du peuple palestinien, qui défie totalement toutes les lois et valeurs religieuses. »
Nasreddin Amer, secrétaire adjoint à l’information du mouvement Ansar Allah — les Houthis — a déclaré au magazine Newsweek : « Au Yémen, nous soutenons le peuple palestinien par tous les moyens possibles et nous n’abandonnerons pas le peuple palestinien opprimé et sa résistance, qui le défend et a le droit de le faire. […] La possibilité d’une participation directe au soutien de la résistance dépend de l’évolution de la situation sur place. Nous suivons de près la situation sur place et sommes en contact permanent avec la résistance. »
L’émirat islamique d’Afghanistan, sous le contrôle des Talibans depuis août 2021, se montre très actif sur les réseaux sociaux depuis le début de l’attaque terroriste menée par le Hamas.
Le 7 octobre, le ministère des Affaires étrangères afghan publiait le communiqué suivant : « L’Émirat islamique d’Afghanistan suit de près les récents événements qui se sont déroulés dans la bande de Gaza et considère que tout ce qui se passe est le résultat de l’agression israélienne et de la violation permanente du caractère sacré de la mosquée Al-Aqsa et des lieux saints pour les musulmans. Il considère que la défense par le peuple palestinien de sa liberté et de l’indépendance de son pays et sa résistance à l’occupation sont vraiment légitimes pour lui. L’Émirat islamique d’Afghanistan affirme son soutien et son appui à la création d’un État palestinien indépendant sur ses terres historiques, qui est un droit légitime, historique et légal du peuple palestinien à défendre l’indépendance du pays, et lance un appel aux pays islamiques et à l’Organisation de la coopération islamique, La communauté internationale, en particulier les pays qui ont une influence évidente dans la région, doit s’opposer à l’agression israélienne contre le peuple palestinien innocent et coopérer pour résoudre la question palestinienne sur la base de l’octroi de droits légitimes aux Palestiniens. »
Le jour même, et au cours des jours suivants, le gouvernement afghan publie d’autres messages similaires. Le 10 octobre, Abdul Qahar Balkhi, porte-parole du ministère des Affaires étrangères afghan qualifie par exemple la riposte israélienne à Gaza « de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. »
Le gouvernement taliban a par ailleurs nié que des combattants afghans seraient en route vers Israël après la publication de nombreux messages sur les réseaux sociaux suggérant que ceux-ci seraient en route.
On peut lire sur le site du ministère des Affaires étrangères du Bangladesh un court message daté du 8 octobre : « le Bangladesh appelle à un cessez-le-feu urgent des conflits armés entre Israël et la Palestine ».
Dans un communiqué datant du 9 octobre, le sultanat de Brunei s’est dit « profondément préoccupé par la récente escalade de la violence » et a appelé à la fin des hostilités, avant de réitérer sa solidarité avec le peuple palestinien.
Le 8 octobre, l’Indonésie a officiellement déclaré : « La racine du conflit, à savoir l’occupation des territoires palestiniens par Israël, doit être résolue, conformément aux paramètres convenus par les Nations unies. »
L’Iran a été le premier pays à soutenir officiellement l’attaque du Hamas.
Lors d’une cérémonie de diplomation d’élèves officiers samedi, le Guide Suprême de la République islamique d’Iran a déclaré : « Ceux qui soutiennent le régime usurpateur [Israël] ont répandu des rumeurs au cours des derniers jours qui placent l’Iran derrière ce qui s’est déroulé. Ils ont tort. Nous défendons la Palestine. Nous embrassons les fronts et les mains des organisateurs intelligents et rusés de la jeunesse palestinienne, mais ce qui s’est passé a été fait par les Palestiniens eux-mêmes ».
De son côté, le président iranien Ebrahim Raisi a déclaré dimanche 8 octobre que l’Iran apportait son soutien à la « légitime défense de la nation palestinienne ».
Le 9 octobre, Iran, le journal officiel du gouvernement iranien a publié une image célébrant la mort de mille israéliens : on y voit un jeune homme portant keffieh et brassard au couleur de la Palestine arborant un ballon gonflable — sur le modèle des ballons de fêtes d’anniversaire — affichant « 1K » (pour mille).
Dans un communiqué datant du 8 octobre, le ministère des Affaires étrangères malais a déclaré : « La cause première doit être reconnue. Les Palestiniens ont été soumis à une occupation illégale prolongée, à un blocus et à des souffrances, à la profanation d’Al-Aqsa, ainsi qu’à la politique de dépossession aux mains d’Israël en tant qu’occupant ». Kuala Lumpur estime que « l’incohérence des mesures prises à l’égard du régime israélien » fragilise le droit international. Elle appelle à une politique plus cohérente vis-à-vis de ce qu’elle qualifie de « situation d’appartheid » et dénonce des « traitements disproportionnés » ainsi qu’une « hypocrisie flagrante » face aux situations d’apartheid et de violation des droits humains.
Le 7 octobre à 16h (heure de Paris) Anwaar ul Haq Kahar, le premier ministre pakistanais par intérim avant les élections qui doivent se tenir prochainement, a publié le message suivant : « Le cœur brisé par l’escalade de la violence au Moyen-Orient, qui souligne la nécessité urgente de résoudre la question palestinienne. Nous appelons à la retenue et à la protection des civils. Une paix durable au Moyen-Orient réside dans une solution à deux États avec un État de Palestine viable, contigu et souverain, fondé sur les frontières d’avant 1967, avec Al Qods Al-Sharif [Jérusalem] en son cœur. »
Le 8 octobre 2023, le président turc Recep Tayyip Erdogan a demandé à Israël et au Hamas de « soutenir la paix » et d’épargner les civils, indiquant que la Turquie était « à faire tout ce qui est en son pouvoir pour mettre fin aux affrontements dès que possible ».
Par ailleurs, des manifestants ont participé à une marche pour le Hamas devant la mosquée de Fatih, en Turquie.
Les relations entre Israël et les anciennes Républiques socialistes soviétiques sont anciennes et s’intègrent dans la stratégie diplomatique israélienne dite « Doctrine de la périphérie ». Au lendemain de la proclamation de l’État hébreu le 14 mai 1948, David Ben Gourion, dont le pays est assailli par les armées des pays arabes, cherche à créer des liens avec des pays musulmans non-arabes, au premier rang desquels la Turquie et l’Iran. Les relations avec ces deux pays se détériorent à l’occasion de la révolution islamique iranienne de 1979 et de l’arrivée au pouvoir de l’AKP en 2002. À partir de la chute de l’Union soviétique en 1991, Tel Aviv se tourne vers les républiques nouvellement indépendantes d’Asie centrale.
Des relations diplomatiques sont établies en 1992 avec l’Ouzbékistan, le Kirghizstan, le Tadjikistan et le Kazakhstan, en 1993 avec le Turkménistan. La région abrite par ailleurs des minorités juives anciennement établies. Le dernier recensement de la population soviétique en 1989 en recensait plus de 65000 en Ouzbékistan, 18000 au Kazakhstan, 10000 au Tadjikistan, 6000 au Kirghizstan, et 2000 au Turkménistan.
À l’exception du Turkménistan qui n’a pas réagi à l’heure actuelle, les anciennes RSS affichent une position commune en appelant à la désescalade.
Le 7 octobre, le ministère des Affaires étrangères azerbaidjanais a publié sur X (anciennement Twitter) le communiqué suivant : « Nous condamnons la violence contre les civils dans la zone de conflit israélo-palestinienne. Nous exprimons nos condoléances pour les pertes tragiques de vies humaines parmi de nombreux civils, tant en Israël que dans la bande de Gaza. Nous appelons à une désescalade urgente de la situation. »
Le 08 octobre, l’agence de presse Kazinform rapportait les propos suivants, attribués à Aibek Smadiyarov, un représentant du ministère des Affaires étrangères kazakhstanais : « Nous exhortons les parties à rechercher des instruments politiques pour résoudre la situation de manière pacifique et à ne pas recourir à des actions qui pourraient conduire à une nouvelle escalade de la situation non seulement entre les deux Etats, mais aussi au Moyen-Orient dans son ensemble ».
Le 09 octobre, un communiqué du ministère des Affaires étrangères kirghize indiquait que « La République kirghize suit avec inquiétude et inquiétude l’escalade du conflit israélo-palestinien, qui a fait de nombreuses victimes et destructions. Nous appelons les parties à cesser les hostilités et à entamer dès que possible un dialogue politique et diplomatique afin de parvenir à la paix, de protéger les civils et de stabiliser la situation au Moyen-Orient. »
Le lendemain, mardi 10 octobre, Bichkek indiquait que selon l’ambassade kirghize en Israël (sise à Ankara), aucun kirghize parmi les 56 ressortissants présents sur le territoire israelien n’avait été blessé par les combats.
Le 09 octobre, le ministère des Affaires étrangères de la République d’Ouzbékistan a exprimé « sa vive inquiétude face à l’escalade de la situation dans la zone de conflit israélo-palestinienne, qui a fait de nombreuses victimes parmi la population civile et a considérablement compliqué la situation dans l’ensemble du Moyen-Orient. »
Avant d’adresser ses condoléances aux familles des victimes, le ministère a appelé les parties belligérantes à « prendre toutes les mesures nécessaires pour mettre rapidement fin à la confrontation armée et résoudre la crise par des moyens politiques et diplomatiques. »
Le 08 octobre, le ministère des Affaires étrangères tadjik a publié le communiqué suivant : « La forte escalade des tensions au Moyen-Orient, qui a entraîné d’importantes pertes civiles et la destruction de logements et d’infrastructures sociales, a été accueillie avec une grande inquiétude au Tadjikistan. Le ministère des Affaires étrangères de la République du Tadjikistan condamne fermement les actes de violence et appelle les parties à mettre immédiatement fin à la violence et à engager un dialogue pour normaliser la situation. »
Ramzan Kadyrov a diffusé sur sa chaîne Telegram le message suivant : « J’appelle la communauté internationale à prendre au moins une fois à l’unanimité une décision juste concernant la situation en Palestine. J’appelle les dirigeants des pays musulmans à créer une coalition et à appeler ceux que vous appelez amis, l’Europe et l’Occident tout entier, à ne pas bombarder des civils sous prétexte de détruire des militants.
Nous soutenons la Palestine. Et nous sommes contre cette guerre qui, contrairement à d’autres conflits, peut évoluer vers quelque chose de plus.
Je suis moi-même allé en Israël. Et notre délégation pacifique a été directement confrontée à des tentatives de provocation ouverte. C’est pourquoi j’appelle à l’arrêt de la guerre et de toute forme d’escalade de la situation. Si nécessaire, nos unités sont prêtes à agir comme forces de maintien de la paix pour rétablir l’ordre et contrer tout fauteur de troubles. »
Aucune déclaration officielle n’a été faite à l’heure actuelle.
AUTEURHugo MicheronDATE
https://legrandcontinent.eu/fr/2023/10/12/les-pays-arabes-et-musulmans-dans-la-guerre-de-soukkot-cartographier-une-rupture-x/
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Rédigé le 13/10/2023 à 20:33 | Lien permanent | Commentaires (0)
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