Françoise Chandernagor déroule un nouveau chapitre de la vie de Cléopâtre-Séléné, fille de Cléopâtre et Marc-Antoine, née à Alexandrie en 40 av. J.-C. et seule survivante de sa lignée. Après avoir évoqué l'enfance de Séléné en Egypte (Les Enfants d'Alexandrie) puis sa jeunesse prisonnière à la cour d'Auguste-Octave à Rome (Les Dames de Rome), Françoise Chandernagor reprend ici son héroïne à ses 20 ans, lors de son mariage avec Juba II roi berbère de Maurétanie, né vers 52 av. J.-C à Hippone. La Maurétanie (''le pays des Maures'' qui correspond au Maroc et à l'Algérie d'aujourd'hui) était sous domination romaine. Il s'agit donc d'un mariage décidé par Octave. Juba est, comme Séléné, orphelin et dernier d'une lignée détruite par Rome où il a grandi dans une captivité dorée.
À son arrivée à Césarée de Maurétanie (actuelle Cherchell en Algérie), Séléné découvre que Juba est beau, intelligent, cultivé, riche et puissant. Malgré une nuit de noces désastreuse, les jeunes mariés s'apprivoisent petit à petit et l’amour est au-rendez vous. Ils sont, tous deux, au confluent des cultures grecque, égyptienne, romaine et berbère et souhaitent recréer une lignée, construire une dynastie pour préserver la souveraineté de la Maurétanie au sein de l'Empire Romain. Séléné, soutenue par Juba, s'attache à développer les arts et la culture en son royaume.
Points forts
Le bagout de Françoise Chandernagor : son écriture vivante, ses pointes d'humour.
Les descriptions des paysages, des monuments, de la bibliothèque de Juba à Césarée.
Le personnage de Juba : premier encyclopédiste avant Pline, explorateur, constructeur, guerrier.
Le canevas historique rigoureux (dates, batailles, complots, personnages).
La liste des principaux personnages à la fin du volume pour situer chacun dans leur rôle et comprendre les liens familiaux extraordinairement complexes des Julio-Claudiens. L'auteur elle-même dit qu'en dessiner un arbre généalogique lisible est impossible.
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Points faibles
Certes en l'absence d'écrits historiques avérés, de journaux intimes, de confidences qui auraient traversé les siècles, « pourquoi n'aurait-il pas été permis à l'historienne de laisser rêver la romancière ?» (F.Chandernagor). D'accord. Mais, ici, en ce qui concerne les sentiments amoureux de Séléné, l'imagination de la romancière est un peu envahissante.
En deux mots...
En fait, ce roman historique, qui parfois me lassait un peu, m'a finalement séduite grâce aux vingt dernières pages (Note de l'auteur) qui approfondissent les sources, les questionnements de l'auteur et ses choix de présentation des personnages et des situations historiques. Après ces explications circonstanciées et intéressantes, j'ai décidé “d'oublier” les passages qui -sans en être- frôlent le roman de gare.
Un extrait...
« La Région est en paix. Les domaines royaux sont florissants, les Musulames restent tranquilles, les Massaesyles silencieux, et les Gétules, invisibles. Avec l'aide des affranchis venus de Grèce qui occupent le bâtiment administratif construit devant le théâtre, sur la placette qu'on appelle pompeusement « le Forum », la reine peut gouverner. Juba lui a délégué tous ses pouvoirs sur la partie orientale du royaume. Pour la première fois, elle émet une monnaie à son seul nom - avec son profil d'un côté, et le petit temple d'Isis de l'autre. Basilissa Kleopatra...Sitôt régente, elle entreprend de nouveaux travaux. Elle veut faire de Césarée la perle de l'Afrique. » (p.253)
[Retour de Juba à Césarée après son exploration de la côte atlantique] « Les navires maurétaniens reprirent la route du nord : Agadir, les îles Purpuraires, puis Sala, récupérant au passage les soldats et les vaisseaux que le roi n'entendait pas laisser à demeure. À Migdol-Essaouira, Juba maintint cependant une forte colonie d'artisans pour produire de la pourpre qu'il voulait vendre en Europe. Partout, il élevait des autels aux Dieux Maures, Dii Maures, ou à Hercule, deus patrius, « dieu de la patrie », affirmant ainsi clairement la souveraineté maurétanienne sur la côte nouvellement découverte. Le reste du temps, sur le pont de sa trirème, il dictait des notes de voyages qu'il remettrait en ordre à Césarée : il comptait publier ses découvertes dans un livre qu'il intitulerait simplement Libyca, « De l'Afrique ». » (p.287)
L'auteur
Françoise Chandernagor, vice-présidente de l'Académie Goncourt, a quitté la magistrature en 1993 pour se consacrer entièrement à l'écriture. Elle a publié une pièce de théâtre, deux essais et dix-sept romans dont L'Allée du Roi, Julliard, 1981; L'Enfant des Lumières, De Fallois, 1995; La Première épouse, De Fallois, 1998; La Chambre, Gallimard, 2002; aux éditions Albin Michel, La Reine oubliée: Les Enfants d'Alexandrie, 2011, t.1, Les Dames de Rome 2012, t.2, L'Homme de Césarée 2021, t.3, Le Jardin des Cendres, t.4 à paraître sans date précise, clôturera cette tétralogie.
Le 6 décembre 2023, il est tué chez lui par un bombardement de l'armée israélienne, avec son frère, sa sœur et leurs enfants... Nous avons mis en musique une traduction française de son poème pour lui rendre hommage, et comme il nous le demandait : raconter son histoire, leur histoire, notre histoire.
Il vous appartient de vivre ! HK chante le dernier poème de Refaat Alareer poète palestinien de Gaza
tait l’un des fondateurs de We Are Not Members, un projet qui avait pour mission de mettre en contact de jeunes écrivains palestiniens avec d’autres écrivains dans le reste du monde. Il encourageait ces auteurs à écrire en anglais. Leurs textes ont été publiés dans Gaza Writes Back et Gaza Unsilenced.
Le 1er novembre dernier, il a posté ce qui est son dernier poème If I must die.
Months After Israel Killed Poet Refaat Alareer, His Daughter & Infant Grandson Die in Gaza Airstrike
Trois mousquetaires des renseignement français, Clair, qui n’a de clair que le nom, Guérin et Caprioli, ont publié un livre intitulé La DST sur le front de la guerre contre le terrorisme. Quand les barbouzes français commencent à parler de la lutte antiterroriste, il faut s’accrocher ! Ce livre ne nous éclaire sur rien du tout, c’est juste un coup de pub pour redorer le blason des services français et tenter de mettre de la gloire là où il n’y en a jamais eu. Les thèses qui y sont développées sont toutes remises en cause par un de leurs chefs, Yves Bonnet, qui reconnaît, lui, l’efficacité des services de renseignement algériens et de l’armée algérienne dans la vraie lutte antiterroriste, à l’opposé des guignols français qui flirtent avec les barbus.
Parlons donc de votre lutte antiterroriste, Messieurs les barbouzes français. Quand mon pays l’Algérie luttait contre le terrorisme dans les années 1990, la France soutenait les égorgeurs du peuple algérien. D’ailleurs, c’est une tradition dans le pays des «droits de l’homme» et des «Lumières» de soutenir les terroristes de tout poil, on l’a vu notamment avec la Syrie et Al-Nosra qui y faisait «du bon boulot», dixit Monsieur sang contaminé Laurent Fabius. Rappelons qu’il y avait dès les années 1980 à Paris un bureau de recrutement pour envoyer des djihadistes se battre contre l’Union soviétique en Afghanistan. Ces bureaux de recrutement n’ont jamais cessé de fournir des mercenaires dans toutes les guerres impérialistes, la dernière en date étant l’Ukraine.
On a vu aussi le soutien indéfectible de la France aux islamistes en Libye. C’était chouette, n’est-ce pas, la dislocation de la Libye ? C’était une belle balade pour BHL, l’intellectuel Tefal, comme l’appelle Pierre Conesa. En détruisant la Libye, la France de Sarkozy a provoqué une véritable catastrophe sécuritaire dans la région. L’instrumentalisation des groupes terroristes au Sahel, notamment le Mujao, par les Français et leurs éternels vassaux du Makhzen, les esclaves marocains, a déstabilisé tout le Sahel. Aujourd’hui, l’Algérie est la garante de la stabilité dans cette zone. Sans elle, la région serait dévastée et les terroristes islamistes seraient déjà en Europe !
Continuons à analyser la «lutte» antiterroriste des services de renseignement français. Quel est le rôle exact de Pierre Le Doaré, alias le colonel Clément, chef d’antenne de la DGSE à Alger, dans le détournement de l’Airbus A 300 d’Air France assurant le vol Alger-Paris ? Ou dans l’assassinat des moines de Tibhirine avec la bisbrouille entre Juppé et Marchiani ? Qui a pondu ce bobard du «qui-tue-qui» cher à Jean-Baptiste Rivoire et à ses copains dont les calomnies ont coûté la vie au journaliste Didier Contant ? En outre, ces Messieurs les barbouzes pourraient-ils nous expliquer pourquoi ils ont soutenu le GIA, Dhina, Zaoui, etc. et manipulé le terrorisme en jouant avec le feu qui a fini par brûler la France ?
Quant aux «exploits» des services de renseignements français, on a surtout vu des manipulations et des mensonges de toutes sortes pendant que mon peuple se faisait égorger. Le peuple algérien, ses vaillants soldats, gendarmes, policiers, tous se battaient pied-à-pied contre l’hydre islamiste qu’ils ont terrassée. Pendant ce temps, la France hébergeait les terroristes du FIS. Nous n’oublions pas le rôle de François Mitterrand, le socialo revanchard, ex-pétainiste, le «résistant» de la dernière heure, dans la tragédie algérienne. Il voulait que l’Algérie soit démantelée.
Parlons-en de la lutte antiterroriste dont ces barbouzes se prétendent experts, puisque leur livre vante les mérites de la DST sur le front de la guerre contre le terrorisme. Quand donc ont-ils fait la guerre contre le terrorisme ? L’Algérie a demandé de nombreuses fois d’extrader des terroristes réfugiés en France bien avant les terroristes de Rachad et du MAK. En vain. Nous avons toujours essuyé un refus. Leur lutte contre le terrorisme consiste à accueillir le GIA, Rachad, et autres criminels sanguinaires, parce que les terroristes islamistes obéissent aux services secrets français qui, eux-mêmes, exécutent l’agenda de l’empire. Une nouvelle fois, que font tous les massacreurs de mon peuple en Occident ? Pourquoi, si ce n’est parce qu’ils sont leurs nervis et qu’ils sont chargés de mettre en œuvre leurs agendas visant à détruire les Etats-nations et leurs armées. Quant aux valets bousbiriens de la France, le Maroc n’était-il pas une base arrière du terrorisme ? Faut-il encore rappeler Abdelhak Layada planqué au Maroc ? Que faisaient les dirigeants du FIS au Maroc ?
Nous avons connu la décennie rouge et noire, ces années de sang et de deuil qui restent gravées dans notre chair. Ceux qui ont vécu cette tragédie sont marqués à jamais. Dans quelle lutte antiterroriste étiez-vous engagés à cette époque, Messieurs les «héros» ? Aucune. Et depuis ? Quand avez-vous lutté contre les terroristes ? Jamais ! J’ai questionné tout le monde, des agents de renseignement, des militaires, des experts, et même des lampadaires et des arbres. A la question «les services français ont-ils combattu le terrorisme ?» J’ai obtenu la même réponse : non. Au contraire, tout le monde m’a répondu que vous aviez toujours baigné dans le terrorisme jusqu’au cou. Vous avez toujours soutenu les terroristes islamistes, depuis les frères musulmans et leur mosquée à Munich, jusqu’à Daech et Al-Qaïda. Ce sont vos janissaires, votre armée de l’ombre. Vous avez besoin de cette armée pour accomplir vos basses œuvres, alors arrêtez votre cirque.
Avez-vous connu ce que mon peuple a vécu, ce contre quoi nos braves militaires, nos braves policiers, nos braves gendarmes ont combattu ? Non. Notre peuple s’est mobilisé dans son ensemble, les GLD, les gardes communaux, les moudjahidine, les groupes d’autodéfense, tout un peuple s’est soulevé contre une idéologie mortifère que vous avez encouragée, financée, et que vous avez créée ! Tout comme le wahabisme a été créé par vos amis britanniques. Qui a créé Al-Qaïda, si ce ne sont vos maîtres américains, comme l’a reconnu Hillary Clinton ? Daech, pareil. Et vous les Français, vous avez soutenu tous ces groupes terroristes en tant que toutous de l’OTAN, parce que les Américains sont vos maîtres, ainsi que les Israéliens. Que connaissez-vous de la douleur ressentie face au terrorisme ? Rien. Mon peuple en a souffert le premier. L’Algérie était votre laboratoire. Vous êtes même coupables du massacre de votre propre population, lorsque vos jouets barbus vous ont explosé en pleine figure. Et qu’avez-vous proposé pour déradicaliser les terroristes ? Le «bâton japonais» ou caresser des hamsters. Vous pensez apprivoiser des terroristes qui mettent des bombes dans les métros et se font exploser dans la foule avec ces idioties ? Foutaises !
Bien sûr, dans ce bouquin, pas un mot sur les coups tordus des services français allant du Rainbow-Warrior avec le frère de Ségolène Royal, ex-compagne de Flamby «l’alacrité», aux différents scandales tels que les fadettes, les frégates de Taïwan, les écoutes, etc. qu’on aurait du mal à compter tant ils sont nombreux. Ah ! Il est beau le renseignement français avec Bernard Bajolet mis en examen. C’est glorieux de voir poursuivi par la justice l’ex-chef de la DGSE et ancien mentor de François Hollande, quand celui-ci était en stage à l’ambassade de France en Algérie dans les années 1970.
L’Algérie n’a de leçon à recevoir de personne en matière de lutte antiterroriste ou en quelque matière que ce soit, encore moins de vous et d’une feuille de chou du Makhzen, puisque Jeune Afrique a relayé cette «œuvre majeure». Et nous vous résisterons, Messieurs les barbouzes, soyez-en sûrs, c’est un devoir envers nos martyrs que vous traitez de terroristes, notamment sur le plateau de TV5 Monde où une pseudo-journaliste, Clémentine Pawlotsky, vous interroge en parlant du «Front national de libération» pour le FLN qui, je le rappelle à cette cruche, signifie Front de libération nationale ! Vous êtes tellement obnubilés par l’arrivée de l’extrême-droite au pouvoir que vous voyez le Front national partout. Or, il n’est pas en Algérie, et s’il y a été un jour, à l’époque où vous et vos Le Pen, vos Massu et vos paras torturiez nos martyrs, nous vous en avons chassé à coups de pied ! Vous n’avez jamais digéré le fait que l’on vous ait éjectés d’Algérie, et c’est cela le sens de vos écrits et tout ce qui anime vos gesticulations sur les plateaux de télévision.
Vous pensiez sans doute que nous ne riposterions pas face à vos mensonges. Eh bien, vous vous êtes trompés. Nous remettons les pendules à l’heure pour honorer la mémoire des martyrs du devoir national, ces braves qui ont donné leur vie en combattant le terrorisme : nos vaillants soldats issus de notre glorieuse armée et nos services de renseignement qui vous hantent. Vous avez pourtant tout essayé pour briser l’armée, la colonne vertébrale de l’Etat algérien. Vous n’y arriverez jamais ! Il suffit de voir cette armée se produire dans les parades comme celle que nous venons d’admirer à l’académie militaire de Cherchell ce 1er juillet pour comprendre que rien ne peut venir à bout de notre ANP, digne héritière de notre glorieuse ALN. Et nous sommes fiers de rendre hommage à notre drapeau national pour lequel tant de martyrs sont tombés mais aussi d’honorer le drapeau palestinien pour lequel des dizaines de milliers de martyrs sont en train de tomber en ce moment par les armes que votre pays, la France, livre à l’entité sioniste criminelle d’Israël, cette autre émanation d’un fascisme déchaîné.
C’est grâce à vous si l’extrême-droite prend le pouvoir en France. Elle vous représente parce que dans la matrice des renseignements français figure le colonialisme. Vous êtes les enfants légitimes de l’OAS, Messieurs les barbouzes. Il n’y a rien de glorieux à être le serviteur d’un régime fasciste comme le vôtre. Et je vous interdis de traiter de terroristes nos martyrs de la Guerre de libération nationale, nos braves moudjahids de la Révolution algérienne que vous avez massacrés avec votre armée coloniale criminelle ! Comme vous avez encouragé à massacrer notre peuple avec une idéologie islamiste mortifère que vous avez soutenue et financée, et que vous persistez à soutenir encore aujourd’hui !
Tous les Algériens, l’armée dans son ensemble, les policiers, et le peuple vous maudissent pour vos actes criminels contre l’Algérie et vos complots ourdis dans les cercles occultes occidentaux et sionistes qui sentent le soufre. Nous ne l’oublierons jamais. Quant à votre livre, il dégouline du sang de mon peuple. Ce bouquin ne vaut pas un clou et devrait figurer dans toutes les latrines de France et de Navarre, au moins il y serait d’utilité publique. Et réfléchissez au retour de manivelle qui s’est mis en place : la France, ce pays construit sur le mensonge et le génocide algériens, va bientôt disparaître et il n’en restera que des cendres. Et pendant que vous gémissez sur votre sort, la grande Algérie fête ses 62 ans d’indépendance.
Si le Rassemblement national (RN) a choisi de demeurer dans l’ambiguïté sur l’Ukraine et l’Europe, il est plus loquace sur l’Algérie. Au-delà du rapport particulier de la France à ce pays, ce dernier est convoqué surtout pour parler de la France et du rapport de celle-ci au monde et à sa mémoire coloniale. Il s’y révèle les approximations d’une perception du monde brouillée par des obsessions identitaires et la permanence des filiations antisémites et xénophobes.
Xavier Driencourt, Jordan Bardella, Marine Le Pen, Jean-Marie Le Pen
Cet accord avait été conçu alors pour freiner l’installation des Algériens en mettant fin à la clause de libre circulation contenue dans les accords d’Évian du 18 mars 1962. Depuis, il a été de fait expurgé des avantages concédés aux Algériens et cela au fil de trois avenants négociés en 1985, 1994 et 2001. Surtout, l’obligation de visa instaurée à la fin des années 1980 a de fait aligné les Algériens sur les autres ressortissants du Sud. Il en est resté surtout un avantage accordé aux étudiants légalement installés en France qui leur ouvre la possibilité de s’établir dans une activité non salariée. Par certains aspects, cet accord désavantage même les Algériens puisqu’il leur barre l’accès aux nouveaux dispositifs : passeports talents, cartes pluriannuelles, titre de séjour pour motifs humanitaires, droit au travail et changement de statut des étudiants internationaux par la carte de séjour « recherche d’emploi ou création d’entreprise » ou encore les mécanismes légaux de régularisation1.
La preuve que cet accord n’est pas le facilitateur prétendu de l’immigration des Algériens ni un obstacle au contrôle de celle-ci, c’est que la part des Algériens dans l’immigration en France (12,5 %) est quasiment la même que celle des Marocains (11,9 %) alors que ces derniers ne bénéficient pas d’un tel accord et que leur migration vers la France est plus tardive.
UNE MISE À DISTANCE EST AUSSI DIFFICILE QUE SOUHAITÉ
Pourquoi donc cette persistance à vouloir faire de cet accord un épouvantail ? C’est qu’en plus de réactiver la thématique clivante de l’immigration en la dramatisant, il convoque l’image d’un pays particulier, l’Algérie, dont le rapport à la France est particulier. Il relève de la politique intérieure dans les deux pays où il est autant instrumentalisé par l’un comme par l’autre. Quand l’Algérie est convoquée, c’est pour en faire le marqueur de clivages politiques à activer voire à hystériser dans la société française. Le fait est qu’au-delà des instrumentalisations croisées de son héritage, la colonisation a produit des proximités particulières entre les deux pays.
L’Algérien reste donc l’étranger dont la mise à distance est aussi difficile que souhaité. Il encombre la mémoire et sa présence, trop imbriquée à la France, est incommode à détacher. Aussi, dans l’ordre de l’incitation à la haine de l’étranger, l’Algérien occupe le haut de l’échelle de la détestation. Il est le bouc émissaire et l’épouvantail.
Feinte ou réelle, la normalisation du RN s’est faite sur beaucoup de sujets. Mais pas sur la colonisation. Sa défense y est même un critère de légitimation. Marine Le Pen qui dit avoir pris des distances politiques avec son père continue à l’encenser pour sa défense de « l’Algérie française ». Celle-ci est également le plus ancien terrain de convergence avec une partie importante de la droite qui, comme le sénateur républicain Bruno Retailleau, soutient que « la colonisation, c’était de belles heures ! ». La rancœur à l’égard de l’ancienne colonie nourrit une agressivité principielle à son égard. La revendication de Driencourt d’imposer un rapport de force avec l’Algérie n’est pas nouvelle. Elle est aussi ancienne que l’indépendance de 1962. Elle fonde une stratégie de la tension qui ne se prive pas de faire usage de l’obstruction quand se profile un apaisement.
LES OCCASIONS MANQUÉES DE VALÉRY GISCARD D’ESTAING
En 1975, le nouveau président Valéry Giscard d’Estaing, « centriste modernisateur », mais ne revenant toujours pas sur son parti-pris pour l’Algérie française comme il l’exposera explicitement 25 ans plus tard dans sa biographie autorisée2, avait préféré saborder les faramineux contrats avec une Algérie dont les revenus avaient explosé en raison du choc pétrolier de 1973 et qui s’engageait dans un ambitieux programme d’industrialisation. Le président Houari Boumediene dont la légitimité révolutionnaire était suffisamment forte pour ne pas craindre la surenchère nationaliste anti-française, avait déclaré : « à qualité égale, l’Algérie choisira la France3 . »
Reçu très chaleureusement en Algérie où il se rend à la demande pressante du patronat, Giscard d’Estaing s’emploiera pourtant à un alignement marqué de la France sur le Maroc notamment en s’engageant à ses côtés sur la question du Sahara occidental. Cela, malgré l’opposition d’une partie de son gouvernement dont le premier ministre Jacques Chirac qui l’accuse de compromettre par cet alignement les intérêts français et de s’être « même déchainé » contre l’Algérie4. Inscrite dans son parcours politique personnel5, cette hostilité était renforcée et instrumentalisée par l’influent Michel Poniatowski, le numéro deux du gouvernement et dont les liens étaient avérés avec les ultras de l’Algérie française. Les relations entre les deux pays plongent dans la tourmente et l’Algérie se tournera vers les pays du bloc socialiste et l’Allemagne fédérale.
Trente ans ans plus tard, quand le président Jacques Chirac, difficilement soupçonnable de « laxisme face à l’immigration », arrive à s’entendre sur un traité d’amitié avec Abdelaziz Bouteflika, le plus francophile des présidents algériens et au fort tropisme occidental, l’extrême droite et la droite dure torpillent la possibilité de l’accord par une « action de commando ». Celle-ci a consisté à faire voter en catimini, dans le dos de Chirac, un texte sur « les aspects positifs de la colonisation » qui ne pouvait que fragiliser Bouteflika devant ses conservateurs.
UNE GUERRE DE CIVILISATION
Cette stratégie de la tension et de l’obstruction avec l’Algérie participe d’une prophétie autoréalisatrice de guerre civilisationnelle, complémentaire et s’alimentant mutuellement avec celle des islamistes que droite et extrême droite prétendent combattre. Elle conforte ceux qui, dans le régime algérien, cultivent une hostilité envers la France pour mieux justifier l’enfermement de leur peuple hors du monde. Une guerre dont les enjeux sont surtout internes à la France. L’encensement de la colonisation est aussi une adresse, aujourd’hui, à la société française. Faire référence à l’Algérie française, c’est convoquer de façon explicite, mais aussi subliminale son héritage idéologique et son univers mental. C’est remettre au-devant de la scène les « valeurs » qui avaient alors fondé le rapport de domination colonial et par lesquelles voudraient se justifier aujourd’hui, à l’intérieur de la société française, les rapports de domination et d’exclusion.
Le RN cherche à se défausser désormais de l’antisémitisme. Celui-ci a pourtant été structurel à la colonisation qui en a été un incubateur plus important qu’en métropole. On peut remonter à Édouard Drumont, auteur de La France juive, figure majeure de l’antisémitisme qui, à défaut de pouvoir être élu député en métropole où il résidait, le sera à Alger où l’ont appelé les colons pour faire de l’antisémitisme leur emblème. Au même moment, c’est le directeur de la Ligue antijuive qui est élu maire d’Alger. Tout au long de l’occupation de l’Algérie, dans ses villes les plus importantes, les colons ont le plus souvent élu des députés, des sénateurs et maires qui, plus que d’être de sensibilité antisémite, en étaient militants à l’instar des plus connus comme Émile Morinaud, député-maire de Constantine et secrétaire du Groupe Antisémite, Jules Molle député-maire d’Oran et ses successeurs de La Ligue Latine antijuive notamment le maire pronazi, l’abbé Lambert. Ils ont organisé des pogroms et même après la défaite de Vichy ont refusé que les juifs retrouvent le statut de citoyenneté octroyé par le décret Crémieux.
De l’histoire ancienne ? Cette déclaration de Pierre Poujade dont Jean Marie Le Pen était alors le porte-parole, est également ancienne : « Tu es en France (…). Est-ce que tu t’es mélangé à la communauté française ? Non. (…). C’est toi le raciste puisque tu n’as pas voulu te mélanger. Tu es venu profiter de la communauté française, de tout ce qu’elle t’a apporté, de cette générosité (…) et tu es resté là, dans ta secte. »6 Pierre Poujade s’adressait aux juifs en général, et à Pierre Mendès France en particulier. En effet, ce dernier avait eu le tort, en plus de sa judéité, d’avoir initié un processus de décolonisation. Plus personne n’oserait en France tenir publiquement de tels propos à l’égard des juifs, ou alors se ferait condamner.
Mais cette même diatribe, ne l’entend-on pas régulièrement et publiquement, avec différentes variations, dans la bouche des dirigeants du RN et de ses sympathisants à l’adresse des immigrés d’origine musulmane ? Le RN n’a pas changé. D’hier à aujourd’hui, c’est le même antisémitisme qui l’irrigue. C’est la cible qui a changé. Aujourd’hui, c’est le sémite arabe qui est ciblé.
ALI BENSAAD
Professeur des universités, Institut français de géopolitique, université Paris 8.
Que s’est-il passé le 7 octobre ? Ça s’est cassé, ce qui est de notre ressort s’est cassé. On ne cesse depuis de se le repasser. De le ressasser comme si depuis ce n’était pas assez que d’y être passé.
C’était prévisible que le Rassemblement national (RN) déroule un certain nombre de points de son programme sur ce qui l’obsède depuis des décennies. La double nationalité contestée était déjà dans le viseur du père Le Pen, voilà qu’elle revient avec force, il fallait s’y attendre.
Face à la levée de boucliers, le RN a finalement reculé, comme il le fait d’une manière très inattendue dans cette campagne des législatives pour presque tous ses projets forts.
Au départ tous les binationaux devaient être exclus des « postes sensibles » (aucune précision n’a été donnée sur leur nature réelle) puis avec un bégaiement de panique Jordan Bardella déclare que cela ne concernerait qu’une centaine de postes pour en arriver finalement à une dizaine.
Comme la confusion n’était pas assez grande, un membre éminent du RN fait une grosse bourde par un message sur X en estimant que Najat Vallaud-Belkacem n’aurait jamais dû être ministre. Il estime que les postes de ministres ne peuvent être accordés aux détenteurs d’une autre nationalité.
– Jordan Bardella : Un parcours universitaire chaotique Révélé à quelques jours du scrutin
À quelques jours du second tour des élections législatives en France, les révélations sur le parcours universitaire de Jordan Bardella, président du Rassemblement National (RN), font grand bruit.
Selon Le Canard Enchaîné, les archives de l’université de la Sorbonne mettent en lumière un parcours marqué par de mauvaises notes et un abandon de la faculté.
Un parcours chaotique à la Sorbonne
Après avoir exploré ses origines maghrébines, les médias français se concentrent désormais sur la performance académique de Bardella. En trois années à l’université, Jordan Bardella n’a validé que sa première année de licence en géographie. Cela fait suite à un échec à l’entrée de Science Po Paris, où il avait présenté un sujet sur la guerre d’Algérie lors du concours.
Bardella avait alors opté pour une licence en géographie, complétée par une double licence en histoire et espagnol. Cependant, ses notes étaient loin d’être brillantes, avec une moyenne de 5/20. Il a ensuite abandonné la double licence, mais a réussi à valider son premier semestre avec 10,5/20 et le second avec 12,75/20 après des examens de rattrapage en 2014.
Des résultats décevants et un abandon
La situation s’est encore dégradée pour Bardella, avec des notes de 5/20 et 2,6/20 aux semestres 4 et 5, et 5/20 en monde arabe. Il ne s’est présenté qu’à une seule épreuve sur l’Union européenne, où il a obtenu une note de 1,8/20.
Ce parcours universitaire contrasté est surprenant pour celui qui avait obtenu son Bac ES avec mention “très bien” dans un lycée catholique.
En 2016, Jordan Bardella est devenu assistant parlementaire du député RN Jean-François Jalkh, puis responsable de la communication sur les réseaux sociaux de Florian Philippot.
Réactions et conséquences
Ces révélations suscitent des réactions diverses à quelques jours d’un scrutin crucial où le RN espère voir Bardella succéder à Gabriel Attal au poste de Premier ministre, en cas de majorité absolue.
La publication de ces détails académiques pourrait influencer l’opinion publique et alimenter le débat sur les compétences et la préparation de Bardella pour des responsabilités nationales majeures.
Alors que les bombardements de Tsahal se poursuivent inexorablement à Gaza, la chercheuse Maroua El Naggare fustige l’hypocrisie et le silence assourdissant des milieux universitaires d’ordinaire prompts à organiser des conférences et des colloques appelant le Nord à se remettre en question.
« Lycée Descartes, Rabat, Maroc. Cultivons la différence et non l’indifférence ! » Cette formule venait célébrer la diversité culturelle et ethnique de ce lycée français, fier de réunir en son sein des élèves venant des quatre coins du monde. Très jeune, j’ai vite compris que la différence appréciée est celle des banquets, de la danse, de la musique, des habits traditionnels et des mets typiques. Celle des cartes postales folkloriques et exotiques.
Ce lycée si ouvert à la différence, bien avant la fameuse loi de 2005, invitait les jeunes filles qui se couvraient les cheveux et portaient des jupes longues à prendre la porte. Ainsi, je ressentais de la honte lorsque ma mère venait aux réunions scolaires ou quand elle croisait mes amies, car elle ne ressemblait pas aux autres mamans. Elle le portait, elle, ce vilain bout de tissu qui couvrait ses beaux cheveux et qui la faisait passer pour une revenante du Moyen Âge. Je vivais ainsi toute ma scolarité en mode binaire.
Célébrer la différence en cultivant l’indifférence
Le bac en poche, la plupart de mes amies d’enfance s’envolent pour l’Europe, poursuivre leurs études. Je reste et je fréquente l’université marocaine. Un autre monde s’ouvre. Je me réconcilie avec mon arabité, parler foi n’est plus tabou, ni signe de régression intellectuelle. La seconde intifada, puis le 11 septembre 2001 vont marquer la naissance de la génération M, selon l’appellation de Shelina Janmohamed. Cette génération de Musulmans Millennials qui navigue entre plusieurs langues et cultures entend bien prendre activement part au monde tout en embrassant sa foi. Cette génération, en dépit des étiquettes, du matraquage médiatique visant à diaboliser l’islam, résiste et croit en sa capacité à changer le monde, à commencer par le sien. L’optimisme du Printemps arabe donne des ailes mais l’euphorie est de courte durée.
Je suis en Allemagne plutôt bien accueillie. À l’université, mon voile ne fait froncer les sourcils de personne, au contraire, je suis la bienvenue sur les photos. Diversité oblige, je le comprendrais plus tard, la naïveté des premiers temps passée. Encore une fois, on célèbre la différence tout en cultivant l’indifférence. Mon premier semestre allemand est terni par le meurtre d’une jeune femme, égyptienne, dont je partage le prénom et qui résidait également en Allemagne. Marwa El Sherbini, jeune pharmacienne, est confiante dans ce pays de droit que justice lui sera rendue. Elle refuse de courber la tête et de passer outre les insultes islamophobes et raciales qu’un individu lui lance alors qu’elle accompagne son petit garçon sur une aire de jeux. Elle porte plainte. Dans le palais de justice, Marwa est tuée devant son enfant de trois ans par son agresseur. La surprenante lenteur des officiers allemands pour la secourir donne des sueurs froides. On se dit que c’est un cas isolé. On poursuit son chemin, on oublie.
En 2015, l’Allemagne accueille les flux de migrants en provenance de Syrie. Le syndrome du bon Samaritain passé, le ton change, se durcit. Les langues se délient, allons bon ! C’est la liberté d’expression quand même. La rhétorique du bon ou mauvais musulman reprend de la vigueur. La règle d’or reste la même, comme le disait un homme politique français : « Quand il y en a un ça va. C’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes. »
Sourire, c’est résister
Je pourrais encore évoquer les micro-agressions du quotidien, les attentats de Hanau, la pandémie du Covid-19 et la guerre en Ukraine mais rien ne surpassera Gaza. Il y a un avant et un après Gaza. D’autres l’ont dit mieux que moi. Gaza c’est comme un miroir qui met l’homme face à sa vérité. Cela est d’autant plus frappant en milieu académique et en particulier dans les humanités, disciplines d’habitude friandes et volubiles en concepts révolutionnaires.
La mode c’est la décolonialisation des savoirs. On mange Frantz Fanon, on boit Edward Said, on respire AudreLorde, on dort James Baldwin et on rêve Thomas Sankara. On est de toutes les conférences, de tous les colloques, de tous les ouvrages appelant le Nord à se remettre en question, à s’engager dans une poétique de la relation à la Édouard Glissant pour un monde plus juste, plus égalitaire. Pour la survie de la planète, du vivant. Mais au sujet de Gaza, c’est le silence assourdissant. Les voix les plus élevées à dénoncer le racisme structurel et institutionnel sont devenues soit aphones soit se fendent de commentaires si creux, que le silence semble plus supportable. Malgré le génocide, Gaza a permis de distinguer les adeptes du verbiage de ceux qui, malgré la répression et les multiples intimidations exercées dans les pays des droits humains et de la liberté d’expression, restent droits, intègres, font un avec l’ensemble de l’humanité.
Pour moi, vivre en tant que musulmane, en plus des observations rituelles, c’est, malgré le climat hostile, le fait de ne pas sombrer dans l’indifférence ou, pis, de répondre à la haine par la haine. Je pense que malgré la colère et la tristesse profonde que beaucoup ressentent face à un monde à moralité variable, la foi du musulman s’exprime dans les petits gestes du quotidien, celui de saluer son voisin, de céder sa place dans un moyen de transport, tenir la porte à autrui, de partager son repas, de garder le sourire… Je finirais sur le sourire et sur cette vidéo circulant sur les réseaux sociaux et qui illustre le mieux ma compréhension de l’islam. La vidéo montre de jeunes manifestants propalestiniens sourire à la caméra au moment de leur arrestation. Sourire, c’est puiser dans ses dernières ressources la force pour aller de l’avant, c’est la certitude qu’avec l’épreuve vient la facilité (sourate Ach Sharh, 94 :5).
Maroua El Naggare
Docteure en littératures francophones et comparées, Maroua El Naggare a occupé des postes d’enseignement et de recherche au Maroc puis en Allemagne où elle réside depuis plusieurs années.
Le chef du Mossad se rend à Doha pour parler de Gaza (source proche des négociations)
Une délégation israélienne dirigée par le chef du Mossad, David Barnea, est en route pour Doha pour des pourparlers sur un accord de trêve à Gaza et la libération des otages, a indiqué jeudi à l'AFP une source proche des négociations.
Le chef des services de renseignements israéliens "rencontrera le Premier ministre qatari pour des discussions visant à rapprocher les parties d'un accord à Gaza", a déclaré cette source sous couvert d'anonymat en raison du caractère sensible des discussions.
16H40
Israël transfère à l'Autorité palestinienne une part des recettes douanières retenues
Israël a repris le transfert vers l'Autorité palestinienne d'une partie de l'argent qu'il perçoit pour elle en taxes douanières, partiellement gelé sur fond de guerre dans la bande de Gaza, ont rapporté des sources israéliennes et palestiniennes.
D'après des médias locaux, ce feu vert pour les mois d'avril à juin a été accordé par le ministre israélien des Finances Bezalel Smotrich après la légalisation annoncée la semaine dernière par Israël de cinq avant-postes de colonies en Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis 1967.
Jeudi, M. Smotrich a indiqué avoir approuvé le versement de 530 millions de shekels en faveur de l'Autorité palestinienne pour le mois de juin (environ 131 millions d'euros). Un porte-parole a déclaré à l'AFP que cela faisait suite au transfert "il y a six jours" de 435 millions de shekels (107 millions d'euros) versés pour avril et mai.
Le Premier ministre palestinien Mohammed Mustafa avait indiqué mercredi lors d'une réunion ministérielle à Ramallah, en Cisjordanie occupée, qu'Israël avait transféré "435 millions de shekels du fonds des taxes douanières pour les mois d'avril et de mai".
Cette somme représente environ l'équivalent d'un mois de perception de taxes, selon M. Mustafa.
D'après lui, l'Autorité doit encore obtenir six milliards de shekels (1,4 milliard d'euros).
Le Premier ministre palestinien a affirmé que son gouvernement continuait à oeuvrer pour obtenir le reste des fonds retenus, notamment nécessaires pour "les salaires des employés, des fournisseurs et les prestataires de service" du gouvernement.
Selon certains économistes, ces sommes représenteraient près de 60% des revenus de l'Autorité.
Israël perçoit les taxes douanières pour le compte de l'Autorité palestinienne en vertu d'accords lui conférant le contrôle exclusif des frontières palestiniennes et de la collecte des taxes afférentes.
Ces textes, signés dans le cadre des accords d'Oslo, étaient censés s'appliquer cinq ans, jusqu'à la création d'un Etat palestinien mais l'économie palestinienne en est encore tributaire.
Après l'attaque du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre, Israël a cessé de reverser l'intégralité de ces recettes douanières, arguant refuser de financer le mouvement islamiste palestinien.
Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas avait alors refusé de recevoir l'argent qu'il estime arbitrairement amputé de la part attribuable aux Gazaouis.
Les employés de l'Autorité ne perçoivent plus la totalité de leurs salaires depuis des mois et l'Autorité multiplie les appels à l'aide.
En juin, M. Smotrich avait décidé de transférer quelque 35 millions de dollars (8,5 millions d'euros) des fonds gelés de l'Autorité palestinienne aux victimes israéliennes du "terrorisme", ce que Washington avait qualifié de "décision incroyablement erronée".
16H40
Israël mobilise une équipe pour négocier la libération des otages retenus à Gaza
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a décidé jeudi de mobiliser une délégation pour négocier la libération des otages retenus à Gaza, a rapporté son bureau, au lendemain de l'annonce par le Hamas de nouvelles "idées" pour mettre fin à la guerre.
"Le Premier ministre a fait part au président (américain Joe) Biden de sa décision de dépêcher une délégation pour poursuivre les négociations en vue de la libération des otages", a indiqué son bureau dans un communiqué, sans préciser où doivent avoir lieu ces discussions.
"Il a rappelé qu'Israël était avant toute chose déterminé à mettre un terme à la guerre seulement si tous ses objectifs sont remplis", est-il précisé.
Mercredi, le mouvement islamiste palestinien Hamas a affirmé avoir envoyé aux médiateurs de nouvelles "idées" pour mettre fin à la guerre dans la bande de Gaza, ravagée par près de neuf mois de conflit.
Le Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007, a précisé avoir évoqué ce sujet avec des responsables du Qatar et d'Egypte et eu des contacts avec la Turquie.
Israël a confirmé qu'il "évaluait" des "commentaires" du Hamas sur un accord visant à une libération des otages retenus à Gaza, et qu'il répondrait aux médiateurs.
La guerre dans la bande de Gaza a été déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre en Israël, qui a entraîné la mort de 1.195 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP d'après des données officielles israéliennes.
Durant l'attaque, 251 personnes ont été enlevées, dont 116 sont toujours retenues à Gaza, parmi lesquelles 42 sont mortes, selon l'armée.
En réponse, Israël a lancé une offensive sur Gaza ayant fait jusqu'à présent 38.011 morts, essentiellement des civils, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza dirigé par le Hamas.
Le 31 mai, le président américain Joe Biden avait évoqué une proposition d'accord, qu'il a présentée comme étant israélienne, impliquant un cessez-le-feu et la libération de tous les otages.
15H00
Israël légalise trois avant-postes de colonies en Cisjordanie occupée (ONG israélienne)
Israël a approuvé la légalisation de trois avant-postes de colonies et l'expansion d'autres implantations israéliennes en Cisjordanie occupée, a rapporté jeudi l'organisation israélienne anti-occupation "La paix maintenant".
Le Conseil de planification supérieur, responsable de la construction israélienne en Cisjordanie, a approuvé "hier et aujourd'hui l'expansion de colonies au coeur de la Cisjordanie et la légalisation de trois avant-postes: Mahane Gadi, Givat Hanan (Susya East) et Kedem Arava, considérés comme des 'quartiers' de colonies existantes", a indiqué "La paix maintenant" dans un communiqué.
Une délégation israélienne dirigée par le chef du Mossad, David Barnea, est en route pour Doha pour des pourparlers sur un accord de trêve à Gaza et la libération des otages, a indiqué jeudi à l'AFP une source proche des négociations.
Le chef des services de renseignements israéliens "rencontrera le Premier ministre qatari pour des discussions visant à rapprocher les parties d'un accord à Gaza", a déclaré cette source sous couvert d'anonymat en raison du caractère sensible des discussions.
Le directeur de l’agence de renseignement du Mossad, David Barnea, s'exprimant lors du sommet mondial de l'Institut international de lutte contre le terrorisme (ICT), à Herzliya, le 10 septembre 2023. (Crédit : Gil Cohen-Magen/AFP)
Magen/AFP)
Une délégation israélienne dirigée par le chef du Mossad, David Barnea, est en route pour Doha pour des pourparlers sur un accord de trêve à Gaza et la libération des otages, en s’appuyant sur la proposition actualisée d’accord de cessez-le-feu sur les otages que le Hamas a soumise hier, a indiqué jeudi au Times of Israel un officiel israélien.
Le chef des services de renseignements israéliens « rencontrera le Premier ministre qatari pour des discussions visant à rapprocher les parties d’un accord à Gaza », a déclaré une source à l’AFP.
Mokrani, la retraite d'Algérie. Essai de Mohamed Fadhel Mokrani. El Qobia éditions, Alger 2024, 122 pages, 1 000 dinars
C'est vrai, « il n'est jamais aisé de raconter l'histoire quand il s'agit de celle de ses propres ancêtres ». Encore plus lorsque la dite histoire bien que chargée de gloire, est alourdie de douleur, de déchirements, d'exils et de larmes.
Et, l'histoire de la famille (El) Mokrani l'est pleinement. Elle a commencé en 1871 avec la révolte (en fait une insurrection, courte mais une des plus meurtrières... avec 340 combats, la France ayant mobilisé près de 200.000 soldats) contre la colonisation du pays par la France... et ne s'est terminée... qu'en 1962... avec Mohamed Aboulkacem Boumezrag, footballeur de son état et responsable au sein du Fln en France. Né en 1911, il n'était autre que le propre petit-fils d'Ahmed Boumezrag et le fils de Boumezrag El Ouennoughi El Mokrani. C'est lui qui a été le démarreur, le moteur puis l'animateur de la fameuse équipe de foot, porte-drapeau du Fln et ambassadrice de la lutte du peuple algérien dans le monde.
1830-1962... une très longue période, celle de la « nuit coloniale ». Avec, au départ de la saga, un vendredi 5 mai 1871 qui vit El Hadj Mohamed Ben Ahmed El Mokrani, entouré de trois cent cavaliers, conduire un contingent de huit mille cavaliers. Après son décès au combat, c'est son frère Ahmed Boumezrag qui lui succéda. Lundi 2 octobre 1871, le combat va reprendre... malgré de « nombreuses soumissions et redditions »... ailleurs.
La suite est marquée par la route de l'exil... vers la Tunisie... parallèlement aux combats menés. Durant toute la période de l'insurrection, la résistance a couvert une zone dont le centre est la Medjana et dont l'étendue est estimée à 600 km d'est en ouest et à 760 km du nord au sud. Pour sa part, la caravane des Mokrani (surtout les femmes et les enfants, environ 500 personnes réparties en 150 tentes) parcourait plus de 1750 km de son fief, la Kâala des Béni Abbès) à la frontière tunisienne où elle allait se réfugier.
Le 20 janvier 1872, Ahmed Boumezrag est fait prisonnier. Il sera déporté en Nouvelle-Calédonie en septembre 1874 où il y croisera Louise Michel, la communarde française
Boumezrag ne sera libéré qu'en janvier 1904. Il revient à Alger le 19 juillet, en compagnie de son fils et son neveu enfin retrouvés... En janvier 1905, malade (32 ans de bagne), il décèdera... sans avoir jamais retrouvé ses parents qu'il avait tant tenu à mettre à l'abri en Tunisie (et où beaucoup de descendants y demeurent encore). Il fut inhumé au cimetière de Belcourt (actuel Belouizdad).
L'Auteur : Né à Gafsa (Tunisie). Etudes en Tunisie et en Belgique. Cadre supérieur dans une compagnie aérienne. Déjà auteur de deux ouvrages.
Extraits : « La date du 5 mai 1871 marquait donc un tournant, un point de non-retour. Il y avait donc un avant et un après le 5 mai 1871 » (p 27), « Les relations entre tribus algériennes et tunisiennes ne se résumaient certainement pas dans les razzias menées habituellement d'autre de la frontière ou dans les crises dues à l'occupation des pâturages ou à l'enlèvement de troupeaux mutuels.
Les populations vivant près des frontières sont souvent parentes et alliées et se réclament des mêmes tribus ou des mêmes confédérations de tribus » (p 46), « Dans cette famille, même les femmes se transformaient en vraie guerrières quand, à l'appel du sacrifice, elles s'invitaient à la bataille » (p 54), « Les Mokrani se sont, plus tard, totalement fondus dans la société tunisienne mais gardent toujours une mémoire vive et une conscience totale de leur passé glorieux et de leur appartenance à la terre algérienne. Fiers de leur passé et de leur origine, ils sont nombreux à avoir choisi de rentrer en Algérie après l'Indépendance » (p 83).
Avis - Un ouvrage qui fourmille de détails intéressants sur la résistance à la colonisation des Mokrani. Une saga passionnante plus qu'un ouvrage d'Histoire. D'où une lecture ininterrompue.
Citation : « La guerre ne se conduit pas uniquement par le canon, une part essentielle revient à la propagande de guerre destinée à saper le moral de l'ennemi » (p 48)
La gloire des vaincus. Roman de Saïd Saad (Préface de Abderrahmane Mekhlef). Editions El Qobia, Alger 2024, 223 pages, 1100 dinars
Dans sa longue marche pour « rendre hommage à des oubliés de l'histoire » l'auteur revisite cette fois-ci la ville d'Alger en 1872 avec son bouleversement du tissu urbain.
Tout ceci à travers le parcours d'un tout jeune journaliste parisien (qui rêve de suivre l'exemple de son père qui avait combattu contre l'occupant prussien), qui s'est « exilé » en Algérie.
Travaillant pour un journal assez « ouvert », il s'en va découvrir (« accrédité » auprès d'un contingent de l'armée), sur le terrain, les réalités de la colonisation, la politique d'extermination menée par l'armée française, les Arabes réduits à la famine, la spoliation des terres, les massacres odieux des populations qui osent se révolter... et les condamnations à mort ou au bagne lors de procès expéditifs (à Cayenne ou en Nouvelle-Calédonie où s'y trouvent aussi des « communards »).
Mais aussi, il fait connaissance de combattants algériens (il avait été fait prisonnier et relâché... car, par le passé, il avait aidé un des combattants algériens prisonnier à s'évader). De retour à Alger, il démissionne du journalisme car ne voulant plus être associé aux contre-vérités publiés... pour se consacrer à l'écriture de sa « vérité », ce qu'il a vu et entendu. Il s'en ira même à effectuer un séjour à Nouméa pour enquêter sur le vie des exilés forcés, tout particulièrement les Algériens. Un manuscrit qui ne sera jamais accepté par les éditeurs.
L'Auteur : Né en 1955 en Kabylie. Etudes en langues étrangères, traducteur puis journaliste à l'Aps (Algérie presse service) durant 32 ans. Grand reporter spécialisé, il a été, aussi, correspondant permanent de presse à Londres. A déjà publié plusieurs romans.
Extraits : « A quoi bon continuer à mettre sa foi en des choses dont on est sûr qu'elles ne pourront jamais se réaliser ? Les Français devaient comprendre que cette terre ne leur appartient pas, c'est la nôtre » (p 73), « Ces hommes bien armés sortis des hautes écoles militaires et solidement charpentés, étaient prêts à la conquête d'autres territoires.(...). Leur mot d'ordre : Exterminer les indigènes et faire place aux colons » (p 77).
Avis - Un roman historique assez bien documenté
Citations : « Les journaux, c'est comme une vieille tuyauterie à travers laquelle coulent non pas à flots, rarement, mais coulent toujours, les discours trompeurs, provocateurs et dangereux de ceux qui nous gouvernent » (p 167),« A quoi bon couper une branche quand le mal attaque les racines mêmes de l'arbre ? » (p 188).
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