Le chef de l’État a défendu mercredi la loi qui fait triompher les idées de l’extrême droite. Faisant le lien entre immigration et insécurité, il n’a pas pris la peine de mentionner tous les obstacles que doivent affronter les étrangers, directement liés aux défaillances de nos politiques migratoires.
PartoutPartout depuis des mois, on entend dire que l’immigration est un « problème » ou qu’il y a un « problème migratoire » à régler. Emmanuel Macron a repris cette rhétorique mercredi 20 décembre, sur le plateau de C à vous, lors de sa première intervention médiatique suivant le vote de la loi sur l’immigration le 19 décembre.
« Il y a un problème d’immigration dans le pays, parce qu’il y a trop d’immigration clandestine et que ça crée des déséquilibres, des sujets, des pressions », a-t-il déclaré, ajoutant que cette situation « faisait pression sur notre système ». Le chef de l’État a également affirmé qu’il y avait « plus de pression migratoire » en France qu’il y a dix ans.
Personne sur le plateau ne l’a repris sur la réalité des chiffres : 16 % des personnes ayant demandé l’asile en Europe en 2022 l’ont fait en France (contre 25 % en Allemagne), et notre pays est celui qui bénéficie du taux de protection parmi les plus faibles d’Europe (70 % des demandes sont rejetées). Gérald Darmanin lui-même s’en est vanté lors des discussions entourant la loi immigration, lorsque celle-ci n’en était qu’au stade de projet.
Certes, l’Europe – et la France par voie de conséquence – a connu un afflux d’exilé·es, notamment de réfugié·es, en 2015 et au-delà, venus en partie de Syrie et d’autres pays ayant connu les printemps arabes. Là encore, la France ne figure pas parmi les pays qui ont le plus ouvert leurs portes. Alors que l’immigration a progressé de 60 % en Europe de l’Ouest entre 2000 et 2020, elle n’a augmenté que de 36 % en France. L’Allemagne d’Angela Merkel a accueilli plus d’un million de réfugiés, sous les critiques ou les congratulations de certains États parfois, faisant l’honneur de l’Europe en des temps particulièrement sombres.
Lorsqu’Emmanuel Macron affirme haut et fort, à une heure de grande écoute à la télévision, que l’immigration est un « problème » ou engendre des « pressions », il oublie donc de dire que, dans les faits, le nombre de personnes ayant rejoint le territoire français n’est pas suffisamment élevé pour chambouler nos politiques intérieures. Et il crache au passage à la figure de millions d’étrangers en France, qu’ils soient arrivés légalement ou non, qu’ils vivent aujourd’hui sur notre sol avec ou sans papiers, qu’ils travaillent ou non.
Politique de non-accueil
Le vrai problème, c’est la politique de non-accueil mise en place par l’État français, qui conduit de nombreux exilés à survivre dans la rue ou sur des campements indignes, alors que l’hébergement est un droit fondamental. Il faut se rendre sur le terrain pour constater que, dans les camps informelsqui se constituent en région parisienne, se trouvent des femmes, des enfants ou des bébés, des hommes, parmi lesquels des demandeurs d’asile, qui devraient pourtant avoir une place d’hébergement via le dispositif national d’accueil qui le prévoit.
On y trouve également des réfugié·es ayant obtenu la protection de la France, et qui devraient, en toute logique, obtenir un logement pour parvenir à s’intégrer correctement. Comment oublier Omar*, réfugié érythréen rescapé de l’attaque au sabre, sur un camp de Bercy, laissé sans prise en charge jusqu’à ce que les associations d’aide aux migrant·es ne se mobilisent pour lui offrir un semblant de stabilité ? Il aura fallu que Ian Brossat, alors élu à la Ville de Paris, se charge personnellement de son dossier afin qu’il obtienne un logement digne de ce nom.
Confrontés à des situations particulièrement difficiles, certains en perdent la raison et sont condamnés à errer dans les rues de la capitale ou d’ailleurs – on pense à l’assaillant de l’attaque au couteau d’Annecy en juin 2023. Ils doivent subir la précarité, le sans-abrisme, mais aussi le harcèlement policier quasi systématique, comme l’a démontré un récent rapport du Collectif accès au droit (CAD) ; lorsqu’il ne s’agit pas de violences policières, souvent passées sous silence ou ne donnant pas lieu à des poursuites judiciaires.
Belvédère. Roman de Aïcha Kassoul. Casbah Editions, Alger 2023, 142 pages, 900 dinars
Bien sûr, il y a un personnage central qui se raconte et raconte sa vie ainsi que celle de ses proches, surtout la maman et aussi, ce qui est désormais incontournable chez nos romanciers, l'entourage, social, politique et professionnel. Souvent frontalement, parfois en douceur. On n'est jamais assez prudent.
On a donc de tout un peu et un peu de tout, heureusement enveloppé dans une écriture libre et de très haute qualité... pas toujours accessible au lecteur lambda.
On a donc, au fil des pages, une sorte de confessions intimes sur moult sujets parfois se chevauchant. Il est vrai que le personnage central paraît avoir une âme bien tourmentée entre l'hier et l'aujourd'hui, dans une Algérie bousculée, tiraillée, parfois meurtrie, n'ayant pas totalement récupéré sa forme et son esprit, les épreuves du temps colonial puis celles de la décennie noire ayant laissé bien des blessures.
Au fil des pages et tout au long d'une vie, on voit donc défiler les études à Paris, un détournement d'avion par les terroristes islamistes («Airbus djihad») , l'assassinat d'un président, le hirak, le cinquième mandat présidentiel de l'innomé, les oligarques en prison, la succession de l'innomé, les mauvaises pratiques dans la gestion de l'Université, la «vie» au Club des pins, le pouvoir de destruction d'une carrière des réseaux sociaux sur la «Toile»...
L'Auteure : Née en 1944 à Blida, professeur de lettres (Université Alger 2), productrice et animatrice d'une émission littéraire (Radio Chaîne 3), ancienne consule d'Algérie en France (Besançon). De nombreux articles scientifiques et plusieurs ouvrages dont «Alger en toutes lettres» (2003), «L'Algérie en français dans le texte» (1990), «Chroniques de l'impure» (1998) et «Le pied de Hanane» (2009). Prix «Escale littéraire» en 2018 pour son roman «La colombe de Kant».
Extraits : «Les Algérois ont toujours aimé se mêler des affaires des autres» (p 12), «Doctorrr. Roulé dans le vide, le r le faisait doucement marrer» (p 16), «Le marché de la déconstruction reste permanent et juteux, les édiles plus malins que leurs administrés, vision basse et pied sans cesse aux aguets» (p 21), «Au Soudan, je ne sais pas, mais chez nous le chancre de la bondieuserie politique a tout rongé, lentement, avec une efficacité remarquable» (p 35), «C'est quoi ce pays, le sien, où la vie est si terrible que le naufrage par centaines lui est préférable, l'écume des mers aux lèvres, h'rag la vie, t'es déjà mort. Happé par le trou qui creuse derrière et bas l'absence d'un arrière-pays et d'un pays» (p 83), «L'Etat a de la ressource et même de l'humour. Quand ça parle trop de la corruption qui le fait vivre, il crée une commission pour qu'elle fasse taire tout le monde, et quand les disparus font du bruit, il les dissout avec celle qui était censée les retrouver «(p 127).
Avis : Beaucoup plus un exercice de style qu'une histoire. Ou, une autre manière de raconter une histoire. Et, une belle-lettrienne qui maîtrise son écriture.
Citations : «Dans la mécanique du chaos, ce n'est pas faire offense au bon sens que de ruiner ce qui existe, le français condamné à sa disparition et enfilé entre-temps en perles pas rares sur les enseignes des magasins, les menus des restaurants et des cafés. Délectables» (p 21), «(Démission présidentielle). De l'inédit. Dans un pays où mourir sur son fauteuil est, plus qu'un projet, un destin d'homme d'Etat» (p 27), «L'art sur commande ne rend pas service à l'art, aucun mystère là-dessus» (p 50), «La liberté s'apprivoise, mais encore fallait-il supporter ses chaînes, et savoir qu'elles durcissent et finissent par rompre» (p 109), «Un cran d'arrêt, quand s'ouvre le couteau, ça s'entend trop tard» (p 110), «Les histoires sont, comme l'herbe, plus belles chez le voisin» (p 118), «La vengeance, il n'y a que ça, elle est comme le feu, plus il dévore, plus il a faim» (p 123).
Juste une gifle. Roman de Nadjib Stambouli. Koukou Editions, Alger 2023, 133 pages, 1.000 dinars
Derrière un paravent avant et bienveillant se cache, bien souvent, un côté ignoble et odieux. Et, parfois, ça commence sans raison, et c'est le choc, surtout venant d'une personne qu'on n'imagine ni méchante ni brutale. Puis on prend le pli... et les coups deviennent la routine jusqu'à s'étonner quand ils ne pleuvent pas. A peine quelques mois de «lune de miel», après un mariage supposé d' «amour», un époux de niveau intellectuel pourtant supposé élevé (universitaire, pardi !) balance, à sa tendre moitié, elle aussi de niveau intellectuel élevé, non plus un gros bisou, mais une gifle. Sans aucune raison et même s'il y en avait une (un plat un peu trop salé ou un peu trop piquant à son goût ?) en avait-il le droit ? Ou, était-ce seulement l'excuse pour laisser libre cours à son moi profond. Avec le temps, les choses ne s'arrangent pas, le comportement du «bien-aimé» naviguant au gré du temps, de l'humeur et des «envies», entre le câlin, le ton mielleux et la violence. Le traumatisme physique et moral est immense. Il faut alors se confier à d'autres oreilles, ce qui n'est guère facile. D'autres femmes en détresse et en «lutte» contre les violences faites aux femmes. Malgré tout, l'espoir d'une amélioration demeure assez forte... jusqu'au jour où la violence se répète... jusqu'au jour où la violence se retrouve conjuguée à la tromperie. La goutte qui fait déborder le vase et la rupture. Une issue presque heureuse, la «malheureuse» héroïne n'ayant pas encore d'enfant, ayant un travail stable et aussi la maison familiale et une maman qui l'accueille avec joie. Mais toutes les autres ?
L'Auteur : Économiste de formation, journaliste. Il a été directeur de rédaction dans de nombreux journaux (hebdos et quotidiens). Déjà auteur de plusieurs ouvrages dont «Ma piste aux étoiles» (des portraits), «Le comédien», «Le fils à maman ou la voix du sang», «La rancune», «Le mauvais génie» (des romans)...
Extraits : «Il n'est de meilleur lieu qu'une fête familiale pour faire ses emplettes de critiques «(pp 6-7), «Avec tous les êtres chers, on partage les confidences, mais on ne partage pas toutes les confidences avec les êtres chers» (p 28), «Dans les escaliers, on passe devant la dame, pour ne pas la mettre dans la gêne en ayant sa croupe au centre du champ de vision» (p 43).
Avis : L'expérience du journaliste reporter et la sensibilité du commentateur. Claire comme écriture. Précis comme faits. Prenante comme «intrigue» (plutôt une mésaventure). Un livre à lire par toutes celles et tous ceux qui ne supportent pas les «machos», déclarés ou hypocrites.
Citations : «Rien ne raccourcit les distances autant que le vœu de fuir un endroit» (p19), «Une gifle, en soi, ce n'est rien du tout, on s'essuie la joue et c'est oublié. C'est la suite qui est le problème» (p57), «L'amour rend aveugle, peut-être, mais ce n'est pas un somnifère» (p 77), «Le travail est effort, physique ou mental, mais surtout atmosphère» (p77), «La belle vie, c'est être rassasié sans être glouton, c'est être serein pour apprécier le moindre plaisir des sens, offrande du jour ou de la nuit» (p 88).
Les vidéos filmées et diffusées par des soldats israéliens montrant des personnes arrêtées par l’armée israélienne dans le nord de la bande de Gaza suscitent l’indignation quant au traitement réservé aux prisonniers palestiniens. Des témoignages d’hommes libérés renforcent l’inquiétude.
UnUn soldat ne devrait pas filmer ça. Et encore moins le diffuser. Les téléphones portables alliés aux réseaux sociaux font plus de mal à une armée qu’un rapport d’une organisation de défense des droits humains. Parce qu’elles sont vues, postées et repostées.
Depuis le 7 décembre, des photos et des vidéos circulent sur la toile. On y voit des prisonniers palestiniens dans des postures humiliantes. Des files d’hommes menottés et aveuglés. Sur l’une d’elle, le premier, en tête de colonne, est affublé d’un drapeau israélien, une musique moqueuse accompagnant les images.
Dans une autre, des hommes marchent, vêtus uniquement de sous-vêtements, les mains entravées, des soldats autour et derrière eux, des ruines d’immeubles en arrière-plan. Un de ceux qui filment fredonne en hébreu quelques paroles d’un chant de la Pâque juive, célébrant la libération des esclaves juifs par Pharaon et leur départ d’Égypte. Un autre, plus prosaïque, lance en arabe « allez, allez », avant un « fils de pute » en hébreu.
Le droit international humanitaire, tel qu’écrit par les juristes du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), proscrit l’exposition à la curiosité publique et les traitements dégradants de ceux qui ne se battent pas et de ceux qui ont déposé les armes. Ces interdictions s’imposent aussi dans le cas de conflits non internationaux, comme celui de la bande de Gaza actuellement.
D’autres vidéos et photos ont été publiées par des journaux et télévisions israéliennes. Elles n’ont pas été fournies directement par l’armée israélienne. Mais la censure militaire s’imposant aux médias, il est difficile d’imaginer que les publications n’aient pas été approuvées par l’armée.
Elles montrent encore des prisonniers à genoux, têtes baissées, dans ce qui semble être une carrière de sable, alignés devant un fossé. Ou bien entassés à l’arrière d’un camion. Ou encore alignés en rang, assis par terre. La constante est l’absence de vêtements, hormis les slips, les mains attachées, les yeux bandés.
Sollicitée, l’armée israélienne répond qu’il est « souvent nécessaire que les personnes soupçonnées de terrorisme remettent leurs vêtements pour qu’ils puissent être fouillés et pour s’assurer qu’ils ne cachent pas de gilets explosifs ou d’autres armes ».
La méthode n’est pas nouvelle. Contraindre les hommes à se dévêtir est devenu habituel lors de la deuxième Intifada (2000-2005), non seulement pendant les arrestations, mais aux barrages militaires, par crainte d’attentats suicide. Les menottes, le bandeau sur les yeux, sont également dans la norme. Il est inédit, cependant, de voir la diffusion, à cette échelle, de tels clichés.
L’humiliation est une constante du sort des prisonniers palestiniens
« J’ai été arrêté cinq fois pendant la première Intifada [1987-1993 – ndlr], se souvient Raji Sourani, avocat, directeur du Centre palestinien pour les droits de l’homme (PCHR) basé dans la bande de Gaza. À chaque fois j’ai été aveuglé par un bandeau, menotté, battu, humilié. En tant qu’avocat, je défends le droit des prisonniers depuis des décennies. Mais cette fois, même moi, avec mon expérience, je suis effaré. Jamais je n’aurais pensé que ça puisse prendre une telle ampleur. »
Plusieurs médias israéliens avancent que ces hommes sont des membres du Hamas qui se sont rendus dans des zones que l’armée israélienne décrit comme des places fortes du mouvement islamique, comme Jabalia ou Khan Younès.
Premières vérifications des activistes et des organisations de défense des droits humains, et premiers démentis : le travail de géolocalisation démontre que les vidéos dont il est question prouvent qu’elles ont été prises dans un autre quartier du nord de la bande de Gaza. « Dès que nous avons vu les vidéos, nous avons fait deux choses. Nous avons vérifié qu’elles montraient des événements qui s’étaient réellement produits et nous avons géolocalisé les lieux, près d’une école à Beit Lahia », raconte Budour Hassan, chercheuse à l’ONG Amnesty International.
Il s’agit d’un de ces établissements scolaires gérés par l’UNRWA, l’agence onusienne d’assistance aux réfugiés palestiniens, où des milliers de familles sont allées chercher un refuge précaire. Certains hommes ont été contraints, sous la menace, d’en sortir et ont été arrêtés.
Le droit des détenus à n’être pas torturés ou traités de manière inhumaine ou dégradante est absolu et s’applique à toutes les personnes, qu’elles participent ou non aux hostilités.
Amnesty International
Démentie aussi, l’allégation les présentant comme des membres du mouvement islamique. « Nous avons pu identifier certaines personnes et nous avons été également contactés par des gens nous disant : “Cette personne est un civil, cette personne est un journaliste, nous connaissons cette personne du quartier : et non seulement il n’est pas du Hamas, mais il critique le Hamas” », affirme Budour Hassan. « On ne peut pas vraiment identifier tous ceux qui sont sur les photos car l’image n’est pas très claire. Nous avons cependant identifié des personnes âgées et des enfants de moins de 16 ans », ajoute la chercheuse.
Très rapidement après l’apparition des images, un journal basé à Londres, Al-Araby Al-Jedid, reconnaît le chef de son bureau à Gaza, Dia al-Kahlout, et le fait savoir. Le PCHR de Raji Sourani identifie, lui, un de ses collaborateurs, avocat et chercheur.
Ce dernier a témoigné, une fois libéré, des circonstances de son arrestation : « L’armée israélienne a exigé par haut-parleur que les habitants sortent des immeubles et des écoles, femmes d’un côté et hommes de l’autre, relate Raji Sourani, qui a recueilli ses propos. Les femmes ont dû enlever leur voile, les hommes se déshabiller entièrement, à l’exception de leur sous-vêtement. Les soldats étaient très nerveux, ils les ont battus, leur ont craché dessus, puis les ont emmenés à un endroit où étaient déjà rassemblés des centaines de prisonniers. »
Dans un communiqué publié mercredi 20 décembre, Amnesty International rappelle ces faits et cingle : « Ces hommes ont été dépouillés de leur dignité et déshumanisés en violation du droit international. Rien ne peut justifier que l’on se moque des détenus ou qu’on les humilie délibérément. Le droit des détenus à n’être pas torturés ou traités de manière inhumaine ou dégradante est absolu et s’applique à toutes les personnes, qu’elles participent ou non aux hostilités. La torture, les traitements inhumains, les disparitions forcées et les atteintes à la dignité de la personne commis dans des situations de conflit armé et d’occupation sont des crimes de guerre ; lorsqu’ils sont commis dans le cadre d’une attaque systématique ou généralisée contre des civils, ils constituent des crimes contre l’humanité. »
La méthode est donc de ratisser large, pour avoir la chance d’attraper quelques poissons. Le porte-parole de l’armée, Daniel Hagari, l’assume en commentant les images apparues le 7 décembre : « Jabalia et Shejaia sont des centres de gravité, ce sont aussi des camps de réfugiés pour terroristes, et nous les combattons […] Quiconque reste dans ces zones, sort ou rentre de tunnels ou de maisons, nous enquêtons et vérifions qui, parmi eux, est connecté au Hamas, et qui ne l’est pas, en arrêtant tout le monde et en les interrogeant. »
L’armée ne communique pas sur les lieux de détention, ni sur les méthodes d’interrogatoire. Par e-mail, elle se contente de répondre : « Dans le cadre de l’activité des FDI [Forces de défense d’Israël – ndlr] dans la zone de combat, des individus soupçonnés d’être impliqués dans des activités terroristes sont détenus et interrogés. Les personnes dont il s’avère qu’elles ne participent pas à des activités terroristes sont libérées. Les personnes détenues sont traitées conformément au droit international. »
Des récits de torture sur des civils
Douter du storytelling de l’armée israélienne est légitime. Des témoignages des hommes libérés ainsi que des enquêtes publiées le 18 décembre par l’organisation basée à Genève Euro-Med Human Rights Monitor et le quotidien israélien Haaretz font état de mauvais traitements et tortures. Plusieurs sont morts en détention mais « les circonstances du décès ne sont pas claires », écrit Haaretz.
« Nous n’avons aucune idée du nombre de personnes arrêtées, ni de leur sort, hormis pour celles qui ont été libérées, reprend Raji Sourani. Notre avocat correspondant en Israël a contacté le service des prisons. Il lui a répondu qu’il n’avait rien à voir avec les prisonniers de Gaza. Ça signifie que ces prisonniers sont hors du circuit légal. » De fait, une loi permet de sortir les suspects considérés comme « combattants illégaux » du statut de prisonniers de guerre. Votée en 2002 et peu invoquée depuis, elle est susceptible de s’appliquer aux combattants de la bande de Gaza et du Liban.
Depuis l’attaque du Hamas du 7 octobre, qui a tué environ 1 200 personnes, principalement des civils, d’autres mesures d’exception ont été adoptées, qui étendent la durée de détention sans présentation à un juge jusqu’à 45 jours, et sans pouvoir faire appel à un avocat jusqu’à 80 jours.
Tous les hommes relâchés par l’armée israélienne, et donc convaincus de n’avoir aucun lien avec le Hamas ou un autre groupe armé, font état de faim et de soif, de mauvais traitements et de tortures pendant des jours entiers. Les menottes très serrées portées pendant des jours leur ont laissé de profondes coupures au niveau des poignets.
« Ils [les soldats israéliens – ndlr] m’ont cassé des morceaux de verre sur la tête », dit l’un d’eux, interrogé par la télévision Al-Ghad dans la bande de Gaza. Le petit groupe dont il fait partie est visiblement éprouvé. « J’ai subi l’électricité », ajoute un deuxième. « Ils nous traitaient de terroristes, de Hamas », complète-t-il.
Des exécutions sommaires ?
Un groupe d’hommes et d’adolescents relâchés a été rencontré par l’agence de presse Sawa, qui dépend de Press House Palestine, organisation de défense de l’indépendance de la presse. Ossama Odeh, un habitant du quartier de Zeitoun dans la ville de Gaza, raconte qu’après avoir rassemblé les hommes, l’armée israélienne a emmené un petit groupe d’une vingtaine de jeunes gens : « L’armée a commencé de jeter les jeunes hommes dans les basses terres et le bulldozer a commencé de leur jeter du sable jusqu’à ce qu’ils soient enterrés vivants. »
S’il est un moment bien oublié de l’histoire de la guerre de Libération nationale, c’est assurément l’action menée par la cellule FLN d’Es-Sénia (Oran) contre un avion d’Air France qui effectuait la liaison entre Oran et Paris.
J’exprime ici toute ma reconnaissance à Mohamed Fréha qui, il y a quelques années déjà, avait attiré mon attention sur cet événement, alors hors champ historique, personne n’en avait fait mention. En effet, ni le récit national, ni les historiens, ni les journalistes n’ont évoqué «l’explosion en plein vol d’un avion commercial d’Air France !». Mohamed FREHA est bien le seul. Dans son ouvrage J’ai fait un choix, (Editions Dar el Gharb 2019, tome 2) il lui consacre sept pages. Ses principales sources étaient la mémoire des acteurs encore en vie, celle des parents des chouhada et la presse d’Oran de l’époque, (L’Echo d’Oran en particulier). Les archives du BEA (Bureau d’enquêtes et d’analyses pour la sécurité de l’aviation civile), Fonds : Enquête sur les accidents et incidents aériens de 1931 à 1967 et plus précisément le dossier Accidents matériels de 1957 intitulé à proximité de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), Armagnac (F-BAVH) 19 décembre 1957, conservées aux Archives nationales de France, ne sont pas encore consultables. Qu’en est-il des archives de la Gendarmerie française ? Qu’en est-il de celles de la Justice civile et militaire là-bas dont celles des Tribunaux permanents des forces armées (TFPA). Et ici ? Et chez nous ? Il reste à retrouver et travailler les minutes du procès.
C’est ainsi que le jeudi 19 décembre 1957, à 14 heures, affrété par Air France, un quadrimoteur « Armagnac SE » numéro 2010, immatriculé F-BAVH appartenant à la Société auxiliaire de gérance et transports aériens (SAGETA), avait quitté l’aéroport d’Oran-Es-Sénia pour Paris qu’il devait atteindre vers 20 heures. A 18 heures 15, il fut brusquement détourné vers Lyon alors qu’il survolait Clermont-Ferrand. Une déflagration venait de se produire à l’arrière de l’avion au niveau du compartiment toilettes. Selon le témoignage d’un passager, la vue des stewards et hôtesses de l’air, qui couraient dans l’allée centrale vers la queue de l’appareil avec des extincteurs à la main, inspira un moment d’inquiétude. Le vol se poursuivit normalement malgré une coupure d’électricité et la baisse soudaine de la température dans la cabine.
Un petit travail de recherches nous apprend que l’aéronef, l’Armagnac SE, avait une excellente réputation de robustesse. Il était le plus grand avion de transport français jamais construit à ce jour et avait la réputation d’avoir «servi à de très nombreux vols entre Paris et Saïgon (actuellement Ho-Chi-Minh-Ville) lors de la guerre d’Indochine, principalement dans le rapatriement des blessés et des prisonniers». A-t-il été repéré et choisi pour cela ?
Il n’en demeure pas moins que le commandant de bord décida alors de se poser à l’aéroport de Lyon-Bron, rapporte le journaliste du Monde (édition datée du 21 décembre 1957). Toujours selon le commandant de bord : «La robustesse légendaire de l’Armagnac nous a sauvés, car d’autres appareils dont la queue est plus fine auraient certainement souffert davantage ». Une photographie montre bien cette brèche de deux mètres carrés.
Débarqués, les passagers comprennent qu’ils ne sont pas à Orly et l’un d’entre eux remarque une « grande bâche qui recouvre le flanc droit du fuselage ». Ils apprennent qu’ils sont à Lyon et qu’il y avait eu une explosion dans l’arrière de l’avion. Ils sont tous interrogés par les enquêteurs de la police de l’Air. L’hypothèse d’un accident technique est écartée et celle d’une action (un attentat, disent-ils) du FLN s’impose, ce qui provoque l’intervention des agents du SDECE. Et pour cause, c’est bien une bombe qui avait explosé.
Mais il y avait aussi le fait que cet avion transportait 96 passagers et membres d’équipage parmi lesquels 67 étaient des militaires de tous grades, venus en France pour les fêtes de Noël. L’enquête reprend à l’aéroport d’Es-Sénia qui se trouvait, à cette époque encore, au sein d’une base de l’armée de l’Air. Elle est confiée dans un premier temps à la gendarmerie d’Es-Sénia et s’oriente vers le personnel civil algérien, femmes de ménage comprises. Mais les soupçons se portent vers les bagagistes qui étaient dans leur grande majorité des Algériens. Elle aboutit à la découverte d’une cellule FLN à Es-Sénia à laquelle appartenaient, entre autres, des bagagistes.
Dans son récit construit sur la base des témoignages, Mohamed Fréha nous donne des noms et un narratif assez détaillé de l’action de ces militants. Le chef de l’Organisation urbaine FLN d’Oran avait transmis à un membre de la cellule dormante d’Es-Sénia, un ordre du chef de Région. Ils devront exécuter «une action armée spectaculaire.» Lors d’une réunion, le 15 décembre, la décision fut prise de «détruire un avion de ligne en plein vol». Mais il fallait «trouver une personne insoupçonnable de préférence avec un faciès européen». Ce fut un Européen, Frédéric Ségura, militant du Parti communiste, bagagiste à l’aéroport. Mohamed Fréha nous donne six noms des membres de la cellule auxquels il ajoute un septième, Frédéric Ségura. Madame Kheira Saad Hachemi, fille d’Amar Saad Hachemi el Mhadji, condamné à mort et exécuté pour cette affaire, nous donne treize noms dont celui de F. Ségura et présente un autre comme étant le chef du réseau. Ce dernier n’est pas cité par Mohamed Fréha.
Lorsque les militants du réseau avaient été arrêtés l’un après l’autre suite à des dénonciations obtenues après de lourdes tortures, Frédéric Ségura, qui avait placé la bombe, est torturé et achevé dans les locaux de la gendarmerie. Selon un policier algérien présent lors de l’interrogatoire, Ségura n’avait donné aucun nom. «Je suis responsable de mes actes !» avait-il déclaré à ses tortionnaires du SDECE. Son corps n’a jamais été retrouvé. Après l’indépendance, le statut de martyr lui fut certes reconnu, mais son sacrifice n’est inscrit nulle part dans l’espace public d’Es-Sénia. Rien non plus sur cette action. La mémoire est impitoyable quand elle est courte et qu’elle laisse la place à l’oubli. Quant au chef de la cellule, Lakhdar Ould Abdelkader, il aurait trouvé la mort au maquis.
Lors du procès, fin mai 1958, Amar Saad Hachemi el Mhadji, gardien de nuit à l’aéroport, fut condamné à mort et guillotiné le 26 juin 1958. Il avait introduit la bombe, crime impardonnable. Dehiba Ghanem, l’artificier, qui avait fabriqué la bombe artisanale, fut condamné à la prison à perpétuité. Les quatre autres impliqués, Kermane Ali, Bahi Kouider, Zerga Hadj et Salah Mokneche, furent condamnés à de lourdes peines de prison. Quant aux quatre autres, la justice a condamné trois à des peines légères et en a acquitté un. Non seulement ils étaient dans l’ignorance de ce qui leur était demandé (transporter la bombe ou la cacher dans leur local) mais de plus ils n’étaient pas membres de la cellule FLN. Des questions restent en suspens faute d’avoir accès aux archives : l’avion a-t-il été choisi à dessein, à savoir le fait qu’il transportait des militaires ? L’objectif était-il vraiment de donner la mort aux passagers ? Sur cette question, Mohamed Fréha rapporte que, réprimandé par sa hiérarchie, l’artificier répondit : « Non seulement que le dosage n’était pas conforme à la formule, mais également la poudre utilisée était corrompue par l’humidité».
Pourtant, Le correspondant du Monde à Lyon avait alors écrit : «Des dernières portes de la cabine jusqu’à la cloison étanche, le parquet était éventré. Il s’en fallait d’une dizaine de centimètres que les gouvernes n’eussent été touchées, ce qui eut entraîné la perte du quadrimoteur». Enfin et curieusement, le passager avait conclu son témoignage en établissant un lien avec un autre événement survenu une année plus tôt: «Réagissant à la piraterie de la «France coloniale» le 22 octobre 1956, lorsqu’un avion civil qui conduisait Ahmed Ben Bella du Maroc à la Tunisie, en compagnie de Mohamed Boudiaf, Hocine Aït Ahmed, Mohamed Khider et Mostefa Lacheraf est détourné par les forces armées françaises, le FLN voulait une réciprocité spectaculaire».
Spectaculaire ? C’est bien ce qu’avait demandé le chef FLN de la Région. L’action le fut et à un point tel qu’aujourd’hui rares sont ceux qui croient qu’elle a vraiment eu lieu. Il est triste de constater que cette opération qui a causé la mort de deux militants : Frédéric Ségura et Amar Saad Hachemi, n’est inscrite ni dans notre récit national ni dans la mémoire locale. Il nous faut visiter le musée créé par Mohamed Fréha au boulevard Emir Abdelkader à Oran pour y trouver des traces. Ces martyrs et leurs frères du réseau d’Es-Sénia méritent la reconnaissance de la Nation. Peut-être alors que leurs frères d’Es-Sénia et d’Oran leur rendront hommage à leur tour. Inch’a Allah !
par Fouad Souf
*Sous-directeur à la DG des Archives Nationales à la retraite - Ancien chercheur associé au CRASC Oran
Il n'existe pas de relation entre États similaire à celle qui lie l'entité sioniste aux États-Unis d'Amérique, elle est unique. Cette relation semble être si solide que son tissu s'étend et repose sur des liens d'interdépendance couvrant divers domaines de la politique, la sécurité, l'économie, les sciences, la technologie, la culture, et même dans le domaine de la formation historique (l'expérience de la colonisation et la tentative d'élimination des peuples autochtones).
L'ironie de cette relation réside dans le fait que l'entité sioniste semble réellement être un fardeau pour les États-Unis, sur les plans politique, économique et sécuritaire, compte tenu de la position des États-Unis et de leur crédibilité dans le monde. En même temps, l'entité comme Etat est considérée comme un gain net, bénéficiant de la garantie de la sécurité des États-Unis et de sa suprématie stratégique dans les domaines militaire, économique et technologique.
L'ironie se manifeste également dans le fait que l'on parle d'un État très petit, éloigné des États-Unis, dont la population ne dépasse pas quelques millions, avec un produit intérieur brut dépassé par beaucoup de pays. En revanche, les États-Unis sont une grande puissance en termes de géographie, de population, d'économie et de technologie, avec un produit national brut parmi les plus élevés du monde.
Une autre ironie réside dans le fait que les intérêts des États-Unis dans le monde arabe sont plus importants que leurs intérêts dans et avec cet Etat source de conflit, soulignons que le monde arabe avec une population avoisinant les 300 millions de personnes et des ressources pétrolières cruciales pour l'économie mondiale, et occupant une position stratégique dans les relations internationales.
Ce qui attire l'attention, c'est que malgré les avantages en faveur du monde arabe et non cette entité, les États-Unis insistent sur le soutien absolu de cet Etat, sans aucune considération pour les intérêts et les droits des Arabes.
Plus déconcertant encore est que l'entité sioniste, dans ses tentatives d'imposer ses politiques et priorités au Moyen-Orient, va jusqu'à défier les intérêts et les priorités des États-Unis, comme nous l'avons vu sous les administrations Bush père, Clinton et Obama, en s'opposant à faciliter la politique américaine au Moyen-Orient, même pour un gel temporaire de la colonisation ou l'arrêt du changement démographique à Jérusalem, en échange d'énormes concessions politiques, économiques et sécuritaires !
L'explication de la relation particulière qui justifie la résistance «d'Israël» à l'administration américaine peut être attribuée aux facteurs suivants :
1. La tentative «d'Israël» de s'aligner sur les intérêts des États-Unis au Moyen-Orient, en particulier pendant la guerre froide dans les années 1950 et 1980. Cette relation repose donc sur un héritage historique solide de relations, d'intérêts et de visions communes.
2. La présence d'un puissant lobby juif influent dans la société américaine et au sein des centres de décision facilite les politiques sionistes et défend ses intérêts, alors qu'il y a une absence d'un lobby arabe actif et unifié, surtout avec la fragmentation du régime arabe et la dispersion de ses volontés et intérêts.
3. Le sionisme tire son influence de la perspective des élites puissantes aux États-Unis qui considèrent «qu'Israël» fait partie du système de civilisation occidentale, le voyant comme une oasis de démocratie et de modernité dans la région. Selon le slogan, «il n'y a rien de plus occidental que l'Occident lui-même». Cette conviction a été ébranlée après la révélation de la nature raciste et coloniale des sionistes.
4. La nature du système politique américain, qui repose sur plusieurs cercles, en particulier le fait que la pression pour orienter la politique étrangère américaine ne se limite pas à la relation avec le président ou son administration, mais englobe l'influence sur les cercles des électeurs, le Congrès, les médias, les grandes entreprises, les universités et les lobbys.
5. La dispersion et la faiblesse de la volonté et la défaillance de l'administration politique dans le monde arabe, malgré la multitude d'Arabes et de pays et de leurs richesses pétrolières.
6. Il existe un aspect culturel et religieux entre les deux parties qui trouve son existence dans le courant du protestantisme chrétien, répandu dans la société américaine. Ce courant considère la création d'Israël comme un signe parmi les «signes» de la «fin des temps». Par conséquent, ce courant soutient l'existence d'Israël pour diverses raisons.
7. Il y a une sorte de similitude entre l'émergence d'Israël et l'émergence des États-Unis, qui ont également émergé par le biais de l'immigration, de la colonisation et de la force, contre les peuples autochtones de leurs terres d'origine.
Ainsi, en raison de ces facteurs, Israël bénéficie de privilèges qui lui permettent d'opérer au sein de la société américaine et de la politique américaine. Cela explique sa capacité à résister à l'opposition qu'elle soit républicaine ou celle des démocrates, et à s'opposer aux orientations ou de l'influence de n'importe quel courant. Les sionistes opèrent au cœur de la politique américaine, en plaçant leurs priorités au cœur de la stratégie américaine au Moyen-Orient, se considérant comme les seuls alliés stables et fiables des États-Unis dans la région.
Il est important de noter qu'il ne faut pas parier sur le fait qu'un événement particulier avec tel ou tel président américain puisse ébranler la position privilégiée de l'Etat sioniste aux États-Unis. Cela est dû aux liens étroits entre les deux parties, aux relations historiques et distinctives qui les lient, et au fait que la politique fonctionne de manière institutionnelle, basée sur des intérêts et des visions stratégiques plutôt que sur des considérations temporaires ou personnelles.
D'autre part, il est important de souligner qu'une nouvelle vision commence à s'imposer aux États-Unis sur les dessous de la relation avec Israël, marquant le début d'un processus de remise en question de la relation commune, en particulier au sein du public démocrate, des étudiants et de la nouvelle génération. Son développement nécessite une présence arabe plus forte, plus puissante et plus efficace. Ainsi, si l'entité sioniste sans les États-Unis n'est pas une question immédiate, elle n'est pas non plus une question impossible à l'avenir, à la lumière des évolutions internationales et régionales, et à la lumière de la révélation d'Israël en tant qu'entité d'occupation, raciste et fondamentaliste pure et dure, contrairement à ce que les normalisateurs essayent de faire comprendre à leurs peuples. En conclusion, sans une mobilisation palestinienne commune et arabe appropriée, aucun changement significatif ne peut être exploité aux États-Unis ou ailleurs.
L'actualité nous oblige à comparer les conflits en Ukraine et en Palestine, Kiev et Gaza.
A Kiev, on se promène dans les rues, on accueille les dirigeants de l'Occident, chefs d'État, ministres, diplomates, généraux, hommes d'affaires. On dit que les boîtes de nuit sont pleines, et on a même découvert, cet été, les images d'une jeunesse faisant la fête dans des piscines. On ne se réfugie même plus dans le métro. On a fini par comprendre que les lieux officiels, les quartiers résidentiels, les zones de fréquentation, n'étaient pas attaqués.
On prend le train, ou l'avion, pour voyager. Les églises, les monuments, les bâtiments historiques sont là, témoignant du passé slave commun de l'Ukraine et de la Russie. Il y a eu certes des destructions, mais rien à voir avec Gaza. Ici les Russes ont été préoccupés de ne pas insulter l'avenir, de ne pas provoquer une haine éternelle. Ils auraient pu, probablement au début du conflit, causer de grands dommages à Kiev, ils ne l'ont pas fait.
A Gaza il n'y a plus rien, sauf un peuple de résistants
A Gaza, il n'y a plus de mosquées, il n'y a plus d'écoles, il n'y a plus d'universités. A Gaza, il n'y a plus de rues où se promener, il n'y a plus d'immeubles, il n'y a plus de maisons. Ils ont été bombardés, systématiquement, sans pitié, froidement. Il n'y a pas de métro où se réfugier. Les habitants ont essayé innocemment de se réfugier dans les hôpitaux, ou les bâtiments des agences internationales, croyant que certaines règles humanitaires seraient au moins respectées, mais ils ont été bombardés là aussi. Ils ont alors essayé de se réfugier dans les ruines des bâtiments déjà bombardés, en espérant que la foudre ne tombe pas deux fois au même endroit. Mais rien n'y a fait. Ils sont alors partis au Sud comme l'exigeait Israël, mais Israël a bombardé aussi le Sud.
A Gaza, il y a longtemps qu'il n'y a pas de lieu festif comme à Kiev. Y en a-t-il d'ailleurs jamais eu, depuis 30 ans de blocus et de bombardements. Il n'y a plus d'eau, il n'y a plus d'électricité, il n'y a plus de nourriture. Il y a l'odeur putride des corps et de la mort qui monte de partout sans qu'on sached'où elle vient. A Gaza, il n'y a plus rien sauf un peuple de résistants. A Gaza, il n'y a plus de médicaments. Les hôpitaux, quand ils survivent encore, opèrent sans anesthésie, et puis n'opèrent plus. Les médecins, les ambulanciers, les secouristes eux-mêmes sont tués, et aussi les journalistes, et aussi les professeurs, et aussi les femmes, et aussi les vieillards, et aussi... et aussi tout le monde. Israël ne fait pas la discrimination, il tue tout le monde, tout ce qui bouge. Même les siens, quand il pense qu'il le faut. Il a tué trois otages qui s'étaient mis torse nu et avaient brandi un drapeau blanc. L'armée israélienne les a pris pour des Palestiniens, avoue-t-elle, aveu terrible qu'un Palestinien est abattu même les mains levées, même avec un drapeau blanc. Mais ce qu'Israël et les medias affiliés ne veulent pas dire aussi, car dans leur récit l'Israélien est par définition occidental, c'est que les Israéliens ressemblent aux Palestiniens, aux Arabes quand ils sont sans... kippa. Ceci ne rend encore que plus absurde, plus odieux le colonialisme et le racisme israéliens.
Les enfants de Gaza
A Kiev, on s'émeut des enfants du «Donbass» qu'on dit déportés, kidnappés par la Russie. Le procureur général de la Cour pénale internationale s'est senti alors une âme de justicier et a inculpé le président de la Fédération de Russie, à ce sujet, de «crime contre l'humanité». A Gaza, les enfants sont tués par milliers, mais le procureur de la CPI s'est tu. L'Occident politique aussi s'est tu ou a protesté finalement mollement, parlant «de dégâts collatéraux» ou que les «guerres sont nécessairement sales». Israël tue les enfants sans l'ombre d'une compassion. Ne les considèrent-ils pas comme les enfants d'»animaux humains», de la «graine future de terroriste»?
Les enfants blessés sont des dizaines de milliers. A l'hôpital on les opère sans anesthésie. Ils ressentent cette douleur indicible à l'orée de leur vie, les yeux grands ouverts, innocents, incrédules. Le procureur général de la CPI s'est tu. Des centaines d'autres enfants ont disparu, ensevelis quelque part sous les ruines, leurs petits corps faisant désormais partie du mortier des décombres. Le procureur de la CPI s'est tu.
On voit parfois des enfants, miraculeusement indemnes, gratter de leurs petites mains les ruines espérant y trouver leurs parents ou tendre leurs bras suppliants en sanglotant pour chercher un refuge, au moins une explication à toute cette cruauté. Leur mère n'est plus là. Leur père n'est plus là. Les enfants errent dans les décombres de Gaza, cherchant qui peut les recueillir. Ils ont soif et ils boivent l'eau de mer. Ils ont faim. Beaucoup, qui ont échappé aux bombardements, vont mourir de maladie
En Cisjordanie, comme à Gaza, les habitants attendent la peur au ventre les colons armés et les soldats israéliens qui vont venir et décider qui abattre, qui tuer, qui épargner pour l'instant, qui humilier, qui aligner, accroupis, en rangs, nus dans la rue.
Une guerre de pauvres, une guerre de riches
A Kiev, on demande sans arrêt de l'argent à l'Occident, les milliards de dollars coulent à flots, 113 milliards de dollars en novembre 2022, 110 milliards en instance d'approbation par les Etats-Unis et l'Union européenne, 270 milliards d'aide militaire promis par l'ensemble des pays occidentaux en septembre 2023 (*). Mais Israël et l'Occident crient au scandale lorsqu'on apprend que Hamas a reçu quelques millions de dollars. Et jusqu'à présent, on se plaint, à Kiev, de ne pas avoir assez d'armes, de chars, d'obus, de canons, de bazookas, de missiles, d'avions, et d'argent encore et encore. Je me dits que si Hamas avait le centième, non le millième des armes de Kiev, Israël n'y résisterait pas. Cela est évident. Je me dis que si les Palestiniens avaient le millième de l'argent donné à Kiev, ils vaincraient sans coup férir. Je me dis que s'ils avaient l'appui de tout l'Occident comme l'a Kiev, Israël ne résisterait pas comme le font les Palestiniens. J'enfonce une porte ouverte ? Oui, mais cela fait du bien de le dire dans l'océan de mensonges dans lequel on essaie de noyer le combat de Gaza.
A Gaza, on bricole des rockets, des RPG, on se bat avec des armes de fortune, et pourtant on résiste. Pas un pleurnichement, on meurt debout, on s'attaque aux chars à pied, en courant à l'assaut vers eux, et l'ennemi a peur, et l'ennemi recule. De quoi a-t-il peur ? Toute la différence est là. L'ennemi a peur devant une volonté, un désespoir, un espoir, un courage infinis. A Gaza on ne réclame rien. On se bat. On demande seulement aux gens de manifester dans le monde pour Gaza, pour la Palestine. On leur demande de prier pour Gaza. On est en présence d'une détermination incroyable.
La détermination, la conviction c'est d'évidence ce qu'il manque aux dirigeants la plupart repus des Etats arabes voisins. Ils sont comme ces animaux, dans la jungle, qui regardent, immobiles, apeurés, fascinés et tremblants, l'un des leurs être dévoré par les bêtes féroces, dans l'espoir d'être épargnés.
Les deux conflits, Kiev, Gaza, sont différents militairement, humainement. Mais leur simultanéité temporelle amène à réfléchir à la fois sur leurs ressemblances et leurs différences. Certes il y a de chaque côté de l'héroïsme. L'Ukraine n'en manque pas comme la Russie et ils l'ont prouvé dans leur Histoire. Mais de quoi s'agit-il finalement dans le conflit en Ukraine ? Pourquoi se bat-on ainsi à Gaza, pourquoi y a-t-il ici une guerre de pauvres, et là, à Kiev une guerre de riches, à dizaines de milliards de dollars ? S'agit-il, dans les deux cas, à Kiev comme à Gaza, d'une guerre de libération ? Dans les guerres de libération, on s'est battu au début avec des fusils de chasse, des sabres, des machettes. On récupérait les armes sur l'ennemi. Pourquoi l'Ukraine n'est- elle pas capable de mener une guerre de partisans, par exemple au Donbass. La guérilla suppose un appui total de la population, d'y être comme un poisson dans l'eau. Cela amène à s'interroger sur l'appui populaire à Kiev. Sur les sentiments de l'opinion publique russe à l'égard du peuple ukrainien. Russes et Ukrainiens sont-ils à ce point ennemis ? Ou bien, les a-t-on dressés les uns contre les autres ?
Deux poids, deux mesures
A Kiev, et en Israël, il y a le même discours dans les milieux dirigeants. Des deux côtés on dit qu'on combat le terrorisme, pour «défendre la civilisation, les valeurs occidentales», on dit en Israël, qu'on en est «un rempart», face au monde arabe, et à Kiev, un rempart face à la Russie. Kiev et Gaza agissent comme les deux facettes d'un même conflit auquel participe l'Occident.
La Russie a été sanctionnée par «l'Occident politique» pour avoir envahi l'Ukraine, pour avoir violé le droit international. Israël l'a violé cent fois. Les Américains expliquent «qu'il exerce son droit à se défendre» et ils mettent leur veto au Conseil de sécurité chaque fois qu'on veut arrêter le massacre des Palestiniens ou chercher une solution politique. Comme ils le font à Kiev, les principaux dirigeants occidentaux viennent à Tel-Aviv et à Jérusalem, l'un après l'autre, pour soutenir Israël «inconditionnellement».
Chaque jour de guerre d'Israël est un crime de guerre, un crime contre l'humanité, mais on ne songe même pas à interdire à l'État hébreu les jeux olympiques. L'a-t-on fait d'ailleurs un jour, depuis 75 ans que cela dure. Israël participera aux jeux olympiques, drapeaux en tête, mais les athlètes russes eux sont conviés à cacher leur drapeau, à en avoir honte, à ne pas le montrer. Et malheur à un athlète qui refusera de concourir avec un Israélien. Un lutteur algérien a été pour cela suspendu pour dix ans. La Pologne a refusé d'affronter la Russie en éliminatoires de la coupe du monde mais c'est la Russie qui a été suspendue de la compétition.
Quoi qu'il fasse, même s'il s'oppose au monde entier, Israël n'est jamais sanctionné. Les sanctions sont faites pour la Russie, l'Iran, le Yémen, le Venezuela, Cuba, etc. et tous ceux qui soutiendront les Palestiniens. On parle déjà de sanctionner le Yémen du Sud, les Houthis pour avoir déclaré qu'ils attaqueraient les bateaux israéliens jusqu'à ce qu'Israël laisse passer l'approvisionnement de Gaza. Les Occidentaux qui arment Israël, lequel se moque en permanence du droit international, crient que ce droit, que la liberté de commerce sont menacés en mer Rouge par les Houthis. Mais on cherchera à taire, pour l'opinion occidentale, la véritable raison des opérations des Houthis.
Splendide logique d'un Occident en plein délire et qui marche sur la tête. Une phrase a surgi, qui résume désormais la situation d'un monde sous tutelle déclinante de l'Occident: le deux poids deux mesures. Plus besoin de discours, plus besoin d'analyse idéologique ou politique, la phrase résume tout. Il suffit de la dire et tout est dit. Elle désempare l'Occident politique. Elle le rend muet. Elle désamorce toutes ses bombes médiatiques, tous ses mensonges.Tout est devenu clair dans le monde. Mais que de temps, il a fallu pour en arriver à cette conclusion.
Les près de deux millions de Palestiniens citoyens d’Israël subissent une pression croissante de la part de leur gouvernement. Les attaques du 7 octobre précipitent une redéfinition de leur place face à la majorité juive et conduit à s’interroger sur les différentes stratégies de défense de leurs droits en tant que peuple autochtone face à un État colonial.
La couverture médiatique des représailles israéliennes à l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023, s’est à raison concentrée sur le terrible sort des civils de Gaza, soumis à des bombardements face auxquels les mots manquent. Mais la logique de vengeance et de déshumanisation des Palestiniens à l’œuvre dans le cadre de l’offensive israélienne concerne les civils au-delà de Gaza. Elle a produit, de la part des colons comme des forces armées, un niveau inédit de violence en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Elle affecte aussi, et cela a été moins fréquemment remarqué, les Palestiniens dits de « 1948 » ou de « l’intérieur », ceux qui possèdent la citoyenneté israélienne — désignés parfois comme « Arabes israéliens », mais qui sont des « Palestiniens israéliens ». Ils représentent environ 20 % de la population d’Israël.
Le statut de cette population dont le rapport avec Israël est complexe est de longue date débattu, en particulier lors des élections. Il a notamment été au cœur des récentes évolutions constitutionnelles, quand Israël a changé sa loi fondamentale pour souligner le caractère juif de l’État. La phase entamée le 7 octobre marque une nouvelle étape. Elle est caractérisée par une pression accrue sur les Palestiniens de l’intérieur à qui il est demandé de faire preuve d’un surcroit de loyauté envers l’État d’Israël. Depuis lors, toute déclaration ou action de solidarité avec les Palestiniens de Gaza se heurte à la répression, comme l’a souligné un récent rapport de l’association Adalah de Haïfa. Rien qu’en octobre, au moins 161 personnes auraient été l’objet d’enquêtes, convoquées par la police ou arrêtées et mises en accusation. Selon le Comité supérieur de suivi des Palestiniens de l’intérieur, une organisation qui publie les chiffres régulièrement, le 8 décembre le total atteint 221 arrestations, 62 inculpations ainsi que 109 licenciements. Celles et ceux arrêté·es l’ont souvent été au moment de manifestations de solidarité avec Gaza, comme cela a été le cas à Oumm Al-Fahm le 19 octobre 2023, où 12 manifestants ont été interpellés. Les inculpations se font également sur la base de la loi antiterroriste de 2016 qui punit l’incitation au terrorisme, l’identification avec une organisation terroriste ou un comportement inapproprié susceptible de nuire à la sécurité publique.
RÉPRESSION ACCRUE
Selon le site Arabes 48, 99 étudiants arabes ont été poursuivis dans les universités et collèges israéliens entre le 7 et le 27 octobre. Parmi eux, 48 ont vu leurs études suspendues. L’activiste des droits humains Maï Younis, de la ville d’Ara, a été inculpée d’incitation et de solidarité avec le Hamas. La chanteuse Dalal Abou Amna a pour sa part fait l’objet d’une assignation à résidence en raison de la citation du Coran « personne ne prévaut sauf Dieu » qu’elle a publiée sur sa page Facebook. L’actrice Maysaa Abdel Hadi a été inculpée pour un simple message sur les réseaux sociaux scandant « Allons-y comme à Berlin », en référence à la destruction du mur de Berlin.
Cette campagne d’intimidation et de persécution s’accompagne déjà de nouvelles mesures législatives. Un projet de loi visant à modifier la loi antiterroriste a été introduit au Parlement et a été adopté en première lecture. Il vise à criminaliser la lecture de médias désignés comme terroristes, avec une peine d’un an de prison.
Face à la violence des images du 7 octobre, les Palestiniens de l’intérieur se trouvent de fait dans une situation complexe, soumis à des injonctions contradictoires. Chacun dans son for intérieur, mais aussi collectivement, semble en quête d’un équilibre entre le maintien de bonnes relations avec les citoyens juifs et la solidarité avec les Palestiniens de Gaza. À cet égard, trois attitudes différentes se dégagent, symptômes d’une place difficile à trouver.
UNE OPTION PRAGMATIQUE
La première est représentée par le Mouvement islamique dirigé par le député Mansour Abbas (La Liste arabe unifiée). Depuis plusieurs années, il estime qu’Israël continuera d’exister pendant longtemps et qu’il est donc préférable d’adopter une approche pragmatique en s’engageant dans la vie politique israélienne, même si cela signifie participer à un gouvernement de coalition. Peu importe que le gouvernement soit de droite ou de gauche, ce qui compte c’est la possibilité d’influencer ses décisions et d’améliorer la situation des Palestiniens de 1948.
Deux jours après l’attaque du Hamas, Mansour Abbas s’est ainsi adressé à sa direction en exigeant la libération de tous les otages :
Je demande instamment aux dirigeants des factions palestiniennes de Gaza de libérer les prisonniers qui sont entre leurs mains. Les valeurs de l’islam nous commandent de ne pas emprisonner les femmes, les enfants et les personnes âgées.
Malgré une telle position, il est probable que l’option pragmatique est depuis le 7 octobre dans une impasse. En effet, les discours racistes au sein des partis israéliens et la méfiance à l’égard de l’ensemble des voix palestiniennes rendront difficile la reproduction du « gouvernement de changement » dirigé par Naftali Bennett et Yaïr Lapid et qui intégrait le Mouvement islamique de Mansour Abbas.
UNIR LES GAUCHES
La deuxième attitude est incarnée notamment par le Parti communiste et ses alliés. Ceux-ci considèrent le conflit à Gaza comme une extension de la polarisation interne entre le mouvement fasciste de droite représenté par le gouvernement actuel de Benjamin Nétanyahou et le mouvement démocratique. Le PC cherche à élargir sa base populaire pour y inclure les Juifs et les Arabes opposés à la guerre. Le député de la Liste commune Ayman Odeh, représentant cette tendance, lie la guerre actuelle et la réforme judiciaire contestée, souvent décrite comme un coup d’État. Dans un article publié dans Haaretz le 27 octobre, il affirme que « le but du coup d’État était d’expulser les Palestiniens de Cisjordanie, de neutraliser les citoyens arabes et d’empêcher la création d’un État palestinien. Tous ces objectifs sont en train d’être atteints ».
UNE MINORITÉ AUTOCHTONE
Parallèlement à ces deux options, une troisième position, plus diffuse, se dessine et a pris un sens nouveau depuis le 7 octobre. Elle estime que, sur le plan structurel, la minorité palestinienne de l’intérieur est un groupe national ciblé par les institutions de l’État. L’activiste et prisonnier récemment libéré Amir Makhoul explique sur le site d’Al Jazira que l’establishment israélien mène « une campagne d’intimidation contre 48 Palestiniens afin de les empêcher d’entendre le cri de colère contre la guerre ou de solidarité avec les Palestiniens de la bande de Gaza ». De même, le Centre Mada Al-Carmel pour les études sociales appliquées a publié une prise de position affirmant que le gouvernement israélien a « exploité l’état de choc et de guerre, les crises qui en résultent et le gouvernement d’urgence qu’il a formé, pour effacer la marge politique que les Palestiniens utilisaient pour exercer leurs droits les plus fondamentaux ».
Le cadre législatif, en particulier la loi fondamentale israélienne de 2018 qui définit Israël comme un État-nation pour le peuple juif ne peut être ignoré. Selon cette loi, toutes les ressources doivent être utilisées au profit de la majorité juive. Parallèlement, les institutions n’ont pris aucune mesure significative pour freiner la propagation de la criminalité dans les villes et villages où vivent la majorité des Palestiniens de l’intérieur. Au cours de 2023, ce sont déjà 199 d’entre eux qui ont été victimes d’actes violents parfois inscrits dans des logiques de criminalité liées à la corruption d’État.
La stigmatisation structurelle des Palestiniens israéliens — groupe massivement décrit comme dangereux et déloyal, sorte d’ennemi de l’intérieur — est révélatrice d’une tendance inquiétante qui s’inscrit dans un cadre législatif. La campagne d’intimidation et d’abus rappelle la période de régime militaire imposé à cette population de 1948 à 1966. Ce cadre spécifique est resté en place longtemps après. Ce n’est qu’en 2000 que le tribunal militaire de Lod, chargé de la juger, a été aboli.
Dans ce contexte, la troisième tendance développe un parallèle avec d’autres situations coloniales qui marginalisent, répriment ou effacent les minorités dites nationales ou autochtones. Elle cherche à mettre en avant le caractère autochtone des Palestiniens et entend trouver dans d’autres expériences par exemple en Océanie ou dans les Amériques des leviers de mobilisation ou des mécanismes législatifs pour internationaliser la cause et créer de nouveaux droits.
Une commission d’enquête gouvernementale israélienne qui s’intéressait au soulèvement d’octobre 2000 (dans les villages et villes palestiniennes de l’intérieur s’étaient alors multipliées des manifestations de soutien à la seconde intifada) avait dans son rapport de 2003 utilisé les termes « minorité nationale » et « minorité autochtone » pour définir les Palestiniens. Les rédacteurs précisaient :
Premièrement, la population arabe minoritaire en Israël est une population autochtone qui se considère comme dominée par une majorité qui ne l’est pas. […] La forte adhésion à l’héritage ancestral face aux défis posés par la majorité juive, que la population minoritaire palestinienne considère comme une communauté immigrée, a un statut élevé dans la conscience collective. Cette équation — minorité « autochtone » contre majorité « immigrée » — est susceptible d’accroître les tensions. Deuxièmement, la minorité arabe d’Israël est une succession historique de la majorité de la population de la région. […] Même pendant l’expansion de l’entité juive au cours de la période du mandat, le nombre d’Arabes a toujours dépassé deux fois le nombre de Juifs. Et les troubles qui ont fait d’eux une minorité de 20 % de la population du pays n’ont pas été faciles à résoudre. Dans leur révolution contre cela, ils ont en partie exprimé leur refus d’être appelés « membres de minorités » dans le langage des institutions de l’État. Troisièmement, ces troubles sont le résultat de la grave défaite des Arabes dans leur guerre contre l’entité juive et l’État dans lequel ils se sont retrouvés dans la position d’une minorité qui, en réalité et du fait de sa présence, constitue un rappel constant et tragique de leur chute ; ou, pour reprendre les termes d’un de leurs dirigeants, « l’État a surgi sur les ruines de la société palestinienne ». La création de l’État d’Israël, célébrée par le peuple juif comme l’accomplissement d’un rêve depuis des lustres, implique dans sa mémoire historique le traumatisme collectif le plus brutal de son histoire — la « Nakba ».
La Commission d’enquête israélienne avait alors défini les Palestiniens, citoyens d’Israël, à travers des critères objectifs : l’existence du groupe avant la création de l’État et la séquence historique qui a conduit à sa transformation en un groupe dominé. Elle avait aussi relevé des dynamiques plus subjectives : la prise de conscience croissante par ses membres de leur identité nationale, mais avait néanmoins, sans grande surprise, négligé de lier celle-ci au phénomène colonial.
Cette réflexion sur l’autochtonie semble s’ancrer, par exemple au moment des campagnes électorales ou lors de mobilisations comme en octobre 2021, mais ne trouve pas facilement d’expression politique évidente. La perception d’un racisme profondément enraciné dans les institutions qui se traduit de plus en plus sur le plan législatif vient interroger les stratégies des partis politiques, mais aussi les limites des approches, certes critiques, mais qui œuvrent en faveur de l’intégration.
Il est entendu qu’à la suite des attaques du 7 octobre, les appels à une « seconde Nakba » par des responsables politiques israéliens doivent être pris au sérieux et concernent tant les habitants de Cisjordanie, de Jérusalem-Est, de Gaza (dont environ 70 % sont en fait des réfugiés de 1948) que de l’intérieur. S’impose une nouvelle réflexion pour la défense des droits que les Palestiniens ayant la citoyenneté israélienne, confrontés à des logiques et expériences spécifiques, peuvent encourager, en plaidant pour l’internationalisation du conflit et la mise en relief de l’autochtonie du peuple palestinien.
«Notre vie est un voyage. Dans l'Hiver et dans la Nuit. Nous cherchons notre passage. Dans le Ciel où rien ne luit»
Qu'est-il arrivé au grand Louis-Ferdinand Céline, lui qui aurait pu se satisfaire de son chef-d'œuvre «Voyage au bout de la nuit». Il signera son arrêt de mort quand il décidera de s'en prendre aux Juifs en publiant dès 1937 son deuxième pamphlet antisémite «Bagatelles pour un massacre», s'il fut un titre irrévocablement condamné par tout le monde, on ne peut s'empêcher aujourd'hui d'y voir une sentence, un verdict, un diagnostic, une mise en garde au sujet d'un monde truffé d'illusions, de mensonges, de duplicité, de reniement, de lâcheté et de compromission. L'écrivain pestiféré dira : «La seule chose grave à l'heure actuelle, pour un grand homme, savant écrivain, cinéaste, financier, industriel, politicien (mais alors la chose gravissime) c'est de se mettre mal avec les juifs.[...] Faites le clown, l'insurgé, l'intrépide, l'antibourgeois, l'enragé redresseur de torts... le juif s'en fout ! Divertissements... Babillages ! Mais ne touchez pas à la question juive, ou bien il va vous en cuire... Raide comme une balle, on vous fera calancher d'une manière ou d'une autre...» 1 Complètement désabusé, irrémédiablement déçu, Céline s'en prendra pourtant à tout le monde : aux Communistes, aux Français, aux Américains, aux Européens et même à tous les damnés de la terre et aux Juifs... particulièrement aux Juifs.
Néanmoins on ne retiendra que ce crime de lèse-majesté. On mettra sa mutinerie démentielle sous le coup de la frustration, de la paranoïa, de la folie et surtout bien entendu de l'antisémitisme. Il payera très cher son sacrilège. «Fais donc bien gaffe ! Terriblement... Ils appartiennent à la race la plus puissante de l'univers... dont tu n'es de naissance qu'un des domestiques... Ils peuvent pour un mot de traviole te faire virer de ton emploi...te faire crever de faim sans appel...» Quand il dira «Le persécuté c'est moi», Céline sera la risée de tous et pourtant, ils seront plus tard bien nombreux à subir cette «Persécution « et ces «Représailles» typiquement juives.2
Il aura ce courage inouï d'assumer jusqu'au bout ses sentiments. Il dira tout haut ce qu'il pensait tout haut. Posture que peu de personnes pourront assumer et particulièrement la Presse occidentale inconditionnellement pro-israélienne, ces chiens de garde qui constituent les miliciens les plus vils au service d'Israël. Céline n'était pas le seul à avoir décelé le caractère pernicieux de ces infiltrations juives dans le monde de la presse. Adolf Hitler (Mein Kampf) en fera de même : «Ce qui me donna bientôt le plus à réfléchir, ce fut le genre d'activité des Juifs dans certains domaines, dont j'arrivai peu à peu à pénétrer le mystère...Les faits à la charge de la juiverie s'accumulèrent à mes yeux quand j'observai son activité dans la presse, en art, en littérature et au théâtre.»
Le juif Nahum Sokolow fut l'un des pionniers du journalisme en hébreu ; Président de l'Organisation Sioniste Mondiale entre 1931 et 1935, il se consacrera corps et âme à des activités politiques et de propagande en faveur de la cause sioniste, intimement convaincu que la presse et l'information constituaient une arme importante de mobilisation de l'opinion juive. Il considérait celles-ci comme le seul organisme déjà existant de l'Etat juif en création auxquelles il incombera de lourdes responsabilités.
Céline décrivait en 1937 dans son livre «Bagatelles pour un massacre» ce Juif félon qui crie au viol et ameute le monde «La petite histoire lamentable du persécuté juif, la jérémiade juive, [...] Seuls les malheurs de Juifs le touchent à coup sûr ! Le récit de ces «horreurs» le trouve sans méfiance, sans résistance, sans scepticisme. Il avale tout. Les malheurs juifs font partie de la légende...la seule légende d'ailleurs à laquelle croit encore l'Aryen...Suprême miracle !... Quand le volé, le pillard juif hurle au secours, la poire aryenne sursaute d'emblée... C'est ainsi que les Juifs possèdent toute la richesse, tout l'or du monde. L'agresseur hurle qu'on l'égorge ! Le truc est vieux comme Moïse...il fonctionne toujours...»
Les Sionistes veilleront à mettre en pratique la doctrine médiatique et propagandiste de Nahum Sokolow : susciter l'émoi, la compassion mondiale et la mobilisation du monde occidental.
Cette technique nommé «Hasbara» («Explication» en hébreu) préconisée par Nahum Sokolow constituera la feuille de route d'Israël en matière de propagande. Deux semaines après l'attaque du Hamas, le lundi 23 octobre, 150 journalistes internationaux seront conviés à la base militaire de Glilot, dans le nord de Tel-Aviv pour le visionnage d'une compilation de vidéos «d'assassinats et d'exactions du Hamas». Une séance de 40 minutes censée horrifier et rallier les plus sceptiques, les retardataires. Cette communication de propagande institutionnalisée est orchestrée par le gouvernement et l'armée israélienne à travers les ministères des Affaires étrangères et des Affaires stratégiques. La «hasbara» peut prendre différentes formes : diffusion d'images par l'armée, diffusion de vidéos en pre-roll sur YouTube ou dans les jeux vidéo, mise à disposition d'experts pour les médias étrangers, campagne de communication relayée par des influenceurs.
Que valent 40 minutes de prétendus massacres théâtralisés face à une extinction lente et insoutenable de tout un peuple, une sournoise épuration ethnique qui dure depuis 75 ans.
Cette guerre médiatique où « la Pornographie de l'horreur» instrumentalisée à outrance focalisera nos jugements sur l'aspect extrêmement violent des affrontements et aura pour effet d'éluder la question centrale : celle d'une occupation illégitime et criminelle meurtrière qui dure depuis 75 ans, inédite, utilisant les stratagèmes les plus lâches tels qu'ils ont été décrits par Louis-Ferdinand Céline en 1937. Une occupation condamnée depuis des décennies par l'ONU et différentes instances internationales.3
La riposte disproportionnée et largement barbare sur Ghaza où périront pêle-mêle, enfants, femmes, vieillards, journalistes, personnel hospitalier, amenuise énormément les chances d'Israël de gagner cette fois-ci la bataille médiatique. On finira par admettre ce qu'on lit un peu partout dans les médias : La «Nazification d'Israël».
L'association américaine Committee to Protect Journalists (Comité pour la protection des journalistes, CPJ) recensera la mort de plus de 61 journalistes et professionnels des médias à Gaza depuis le 7 octobre. L'un des bilans les plus meurtriers de ce siècle. «Israël éradique le journalisme à Gaza», alertait le 22 novembre dernier Reporters sans frontières (RSF). Bien évidemment, la propagande israélienne et sa «Hasbara» veilleront à ne point aborder ce sujet très sensible. En définitive, le temps finira par confirmer et accréditer les avertissements de Louis-Ferdinand Céline.
Le philosophe Jean-Paul Sartre sera plus avisé quand il publiera en 1946 son livre «Réflexions sur la question juive». Le philosophe existentialiste, tel un sociologue et un psychanalyste présentera l'antisémitisme ou notre incurable et immémoriale méfiance à l'égard du Juif comme une maladie mentale de l'humanité. «Si le Juif n'existait pas, l'antisémite l'inventerait. Il devient évident pour nous qu'aucun facteur externe ne peut introduire dans l'antisémite son antisémitisme. L'antisémitisme est un choix libre et total de soi-même, attitude globale que l'on adopte. La passion antisémite devance les faits qui devraient la faire naître, elle va les chercher pour s'en alimenter, elle doit même les interpréter à sa manière pour qu'ils deviennent vraiment offensants.»4
Estimant avoir une dette à l'égard des Juifs pour quelques indélicatesses qu'on pourrait lui reprocher, Jean-Paul Sartre va plus loin encore, il présente le Juif comme une victime absolue, confronté à un dilemme insurmontable, coincé entre un antisémite pathologique qui le traquera inlassablement tant qu'il trimbalera ostensiblement sa judéité source de tous ses malheurs et entre un Démocrate qui lui propose de manière faussement amicale la Métamorphose, un Démocrate qui ne le respecte pas pour autant, condescendant et méprisant, cherchant à faire de lui une entité abstraite, invisible et intraçable. La deuxième option était loin d'être une proposition méprisante, un affront à l'authenticité du Juif; bien au contraire, c'était une arme absolue que le Juif fera sienne.
Sartre dira : «C'est donc l'idée qu'on se fait du Juif qui semble déterminer l'histoire, non la donnée historique qui fait naître l'idée.» Nul ne peut douter que depuis 1948, ce n'est pas uniquement cette viscérale haine du juif (pathologique, injustifiée) qui animera la colère des Palestiniens mais ce sont bel et bien ces incessantes et flagrantes violations du droit international commises par Israël à l'égard du peuple palestinien. Sartre aurait dû savoir que le premier antisémite c'est Dieu lui même, le Dieu de Moïse et de Jésus. Sartre aurait dû consulter Moïse à propos d'Israël pour vérifier si leur prophète, Juif lui aussi, avait quelques préjugés à l'égard de son peuple, préjugés qui auraient pu susciter les déceptions et les ressentiments du Libérateur hébreu.
«Et l'Éternel dit à Moïse: Dis aux enfants d'Israël: Vous êtes un peuple au cou roide; si je montais un seul instant au milieu de toi, je te consumerais. Ote maintenant tes ornements de dessus toi, et je verrai ce que je te ferai.» (Exode 33:3-5)
«Bagatelles pour un massacre», c'est la réponse rébarbative, irresponsable et insultante de l'Occident face au génocide de Ghaza. Avec une placidité incroyable, on s'évertuera à relativiser, justifier et pour finir cautionner et légitimer l'horreur sioniste.
«Bagatelles pour un massacre», c'est le pied de nez israélien aux multiples condamnations émises par l'ONU depuis 1948.
En Occident, on ne soutient pas Israël parce qu'on aime particulièrement les Juifs, l'histoire nous prouve le contraire par le biais de tous les pogroms dont ils ont fait l'objet. En Occident, on soutient Israël parce qu'on déteste viscéralement les Arabes et les Musulmans. On soutient Israël parce qu'il représente pour l'Occident beaucoup plus d'intérêt par apport aux Arabes dont on pille les ressources depuis des dizaines d'années sans être obligé de leur manifester en retour un soutien quelconque. On ne pourrait même pas qualifier la mobilisation inconditionnelle de certains pays occidentaux de croisade moderne puisque leur allégeance insensée à Israël n'est pas motivée par des considérations d'ordre religieux (Israël tape même sur les chrétiens en Cisjordanie et aspire à un grand Israël rempli uniquement de Juifs).
On soutient Israël parce que les Juifs ont su développer laborieusement toutes les techniques nécessaires qui leur permettent d'impacter les décisions politiques mondiales et d'acheter par tous les moyens possibles la sympathie, l'empathie et l'allégeance des pays occidentaux, à influer voire manipuler et gérer tout ce qui s'avère depuis la 2ème guerre mondiale fondamental : les finances et le nouvel ordre économique mondial, les médias, les arts et la politique, l'art de comploter, d'anticiper et pénétrer les arcanes du Pouvoir, qualités que les Arabes n'ont jamais pu ou su développer hormis bien entendu piller et dilapider les richesses de leurs pays et tabasser leurs peuples. Céline ne délirait pas, il n'y aura pas que la Presse qui sera une chasse gardée juive, tout le monde sera mobilisée pour la cause juive en y employant tous les moyens, même et surtout les plus immoraux.
Céline dira en 1937 «les rares échappés aux grandes hécatombes, qui végètent encore un peu dans les bureaux... les ambassades... doivent donner les preuves quotidiennes de soumission la plus absolue, la plus rampante, la plus éperdue, à l'idéal juif, c'est-à-dire à la suprématie de la race juive dans tous les domaines : culturels, matériels, politiques. Le Juif est dictateur dans l'âme, vingt-cinq fois comme Mussolini. La démocratie partout et toujours n'est jamais que le paravent de la dictature juive.»
Sartre disait en 1946 dans ses «Réflexions sur la question juive» « Pas un Français ne sera en sécurité tant qu'un Juif, en France et dans le monde entier, pourra craindre pour sa vie ».
Aujourd'hui peut-être que Sartre aurait dit, inspiré par ce Droit qui exigeait hier de chacun de nous de dénoncer l'oppression que subissait le peuple juif et surtout après avoir constaté que depuis 1948 des dizaines de résolutions de l'Onu condamnant Israël ont été complètement ignorées, «Pas un Français ni quiconque dans le monde ne sera en sécurité tant qu'Israël persiste à décimer sauvagement le peuple palestinien, à huis clos»
« Il y a des dizaines d'années, j'ai écrit que ceux qui se revendiquent «partisans d'Israël» sont en réalité les partisans de sa dégénérescence morale et de sa probable future autodestruction. Malheureusement, ce jugement semble de plus en plus plausible. »
Noam Chomsky «Palestine - L'état de siège.» (2013)
Notes de Renvoi:
1- Louis-Ferdinand Céline, «Bagatelles pour un massacre», Editions Denoël, Paris, 1937.
2- L'ancien Président américain Jimmy Carter, les professeurs émérites John J. Mearfsheimer et Stephen M.Walt, le réalisateur américain Oliver Stone, l'humoriste Dieudonné, l'écrivain Roger Garaudy, le légendaire Abbé Pierre si vénéré, la célèbre journaliste Helen Thomas correspondante accréditée à la Maison Blanche de 1960 à 2010, la célèbre journaliste Octavia Nasr qui a exercé pendant 20 ans, comme reporter chez CNN, rédacteur-en-chef du département Proche-Orient... et des centaines d'autres personnes ; récemment l'actrice Susan Sarandon, l'actrice mexicaine Melissa Barrera. Coresponsable du département films à la CAA, Maha Dakhil, qui représente Tom Cruise qui s'est opposé à son licenciement, a dû démissionner du conseil d'administration pour avoir comparé l'intervention armée israélienne à un génocide. Elle ne pourra garder son poste d'agent grâce à l'intervention de l'Acteur.
- Voir à ce sujet : «L'incroyable autodafé sioniste» par Mazouzi Mohamed, «Le Quotidien d'Oran» du 26 Juillet 2014.
3- Voir «Ghaza, la Solution finale», par Mazouzi Mohamed, «Le Quotidien d'Oran» du 14 Novembre 2023.
4- Jean-Paul Sartre, «Réflexions sur la question juive», Éditions Gallimard, Paris ,1946.
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