uelques semaines après l’accession de M. Emmanuel Macron à l’Élysée, un de ses partisans, l’actuel président de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale, résuma la politique économique et sociale qui allait suivre : « Objectivement, les problèmes de ce pays impliquent des solutions favorables aux hauts revenus (1). » Ces privilégiés prouveraient ensuite leur reconnaissance envers leur bienfaiteur puisque, entre 2017 et 2022, du premier tour d’une élection présidentielle à l’autre, M. Macron vit son score chez les plus riches passer de 34 % à 48 %. Quand la gauche est au pouvoir, elle démontre rarement autant de maestria à satisfaire son électorat…
Le chef de l’État ayant également accru sa popularité auprès des électeurs de plus de 65 ans d’un scrutin présidentiel à l’autre, on mesure la portée du « courage » dont M. Macron se gargarise lorsqu’il cherche à convaincre le pays d’accepter une « réforme » des retraites dont les principales victimes seront les classes populaires, qui ont très majoritairement voté contre lui. Alors que sa remise en cause des conquis sociaux épargnera le capital, tout comme les retraités (même les plus aisés), elle imposera donc deux années de travail supplémentaires aux ouvriers, dont l’espérance de vie en bonne santé est inférieure de dix ans à celle des cadres supérieurs (2). Pour ceux que le salariat a souvent usés, épuisés, cassés, la ligne d’arrivée recule à nouveau. Le temps du repos, des projets, des engagements choisis sera mangé par le travail obligatoire ou par le chômage.
Et pour quelle raison cette mesure qu’aucune urgence n’appelle ? Parce que le choix du pouvoir n’est pas de remédier à la déliquescence des hôpitaux et des écoles, mais d’« abaisser le poids des dépenses de retraite » dans l’économie nationale au moment où, par ailleurs, les dépenses militaires vont s’envoler (le ministre des armées prévoit qu’elles auront doublé entre 2017 et 2030). Le projet de civilisation que de telles priorités dessinent est suffisamment sordide pour que, contrairement à ce qu’on observa lors d’un autre mouvement social immense ressemblant à celui en cours, même certains des médias les mieux disposés envers le pouvoir aient dû (provisoirement) rendre les armes (lire le texte d’Annie Ernaux « Relever la tête »).
Décidée à persévérer malgré tout, la première ministre Élisabeth Borne s’inquiète néanmoins que son texte puisse « donner du grain à moudre au Rassemblement national ». Le président qui l’a nommée n’a pas ce souci. « En 2027, a-t-il expliqué en décembre dernier, je ne serai pas candidat, je ne serai donc pas comptable de ce qui arrivera (3). » La postérité pourra donc bien retenir de sa présidence arrogante qu’elle aura servi de marchepied à Mme Marine Le Pen, l’avenir de M. Macron est assuré. Si dans les semaines qui viennent il écrase la résistance populaire et conquiert ses galons de « réformateur » auprès de la droite et de la Commission européenne, il pourra ensuite discourir à Davos ou au Qatar, et prétendre à la direction d’Uber, de BlaBlaCar ou d’une banque d’affaires internationale.
(2) Selon l’Observatoire des inégalités, l’espérance de vie à 35 ans des cadres, sans problèmes sensoriels et physiques, est de trente-quatre ans, contre vingt-quatre ans chez les ouvriers.
Le président Macron a invité l'association Choisir la Cause des femmes, dont Gisèle Halimi est une des fondatrices, à un hommage le 8 mars à cette grande dame. Je vous adresse ci-dessous la lettre remarquable que lui a adressée Violaine Lucas, présidente de l'association Choisir la Cause des femmes. Ce serait la dénaturer que de la commenter. Je vous laisse en prendre connaissance.
Ce 2 mars 2023, le président Macron a invité l'association Choisir la Cause des femmes, dont Gisèle Halimi est une des fondatrices, à un hommage le 8 mars à cette grande dame. Empêtré dans une réforme des retraites rejetée par les trois-quarts de la population, entouré d'une kyrielle de ministres ou de conseillers mis en examens (dont l'un treize fois) ou démissionnaires suite à un comportement pour le moins inconvenant, il se souvient soudainement du nom de Gisèle Halimi. Sans doute espère-t-il par cette manoeuvre grossière redorer son blason auprès de l'électorat féminin qui sans aucun doute ne se laissera pas tromper quant au but de l'opération. Serait-ce encore une fois le même mépris que celui dont il a fait preuve à l'égard des "illettrées " de GAD en septembre 2014 lorsqu'il était ministre de l'Economie ?
Le 8 mars 2023, 106ème anniversaire de la 1ère manifestation des femmes à Petrograd (Saint-Petersbourg) et du début de la révolution russe, il compte rendre hommage à Gisèle Halimi, décédée le 28 juillet 2020. Il y a eu depuis cette date le 8 mars 2021 et le 8 mars 2022, mais à ces dates, les sondages n'étaient pas aussi catastrophiques pour Emmanuel Macron, donc exit Gisèle Halimi. Qu'on ne nous avance pas comme excuse le confinement Covid, car les 3 confinements ont eu lieu du 17 mars au 11 mai 2020, du 30 octobre au 15 décembre 2020 et du 3 avril au 3 mai 2021, donc pas de 8 mars dans ces périodes.
Je vous adresse ci-dessous la lettre remarquable que lui a adressée Violaine Lucas, présidente de l'association Choisir la Cause des femmes. Ce serait la dénaturer que de la commenter. Je vous laisse en prendre connaissance.
Présidence de la République
Palais de l’Elysée
Paris, le jeudi 2 mars 2023
Monsieur le Président de la République
Ce jeudi 2 mars 2023 vous avez adressé une invitation officielle pour une cérémonie d’hommage à Gisèle Halimi au Palais de justice de Paris, le 8 mars 2023, à l’association Choisir la Cause des femmes qu’elle a fondée avec Simone de Beauvoir et que j’ai l’honneur de présider.
Le choix que vous opérez en organisant en dernière minute cet hommage national à la féministe Gisèle Halimi, ce 8 mars 2023, nous semble relever d’une instrumentalisation politique. Elle ne trompera personne. En effet, la veille, votre contre-réforme des retraites, qui pénalise particulièrement les femmes, se sera heurtée à un mouvement de protestation massif dans tout le pays sous la forme d’une journée de grève reconductible. Et, le 8 mars, une grève des femmes prendra le relais pour dénoncer à son tour une réforme particulièrement injuste pour elles ainsi que l’a admis un de vos ministres, M Riester, le 23 janvier dernier.
Rendre hommage à l’occasion de la journée internationale des luttes pour les droits des femmes à l’une des plus grandes combattantes françaises pour la dignité des femmes et des peuples, serait une idée de bon sens si elle n’arrivait de façon aussi inattendue, après deux ans et demi d’atermoiements, et au moment d’un grand mouvement social auquel elle aurait, sans aucun doute possible, pris une part active.
Gisèle Halimi nous a quittés le 28 juillet 2020. Depuis près de trois ans, vous n’avez cessé de vous défausser derrière une série d’excuses destinées à ne pas rendre hommage à l’avocate aux combats radicaux : luttes féministe, sociale, anticapitaliste, anticolonialiste, antiraciste, anti-impérialiste, cause palestinienne. Si l’on y ajoute sa condamnation de toutes les formes de violences policières, comme celle qui a marqué la répression du mouvement des gilets jaunes, Gisèle Halimi n’est pas exactement une féministe consensuelle. Nous avions pris notre parti de vos états d’âme.
Malgré toute l’admiration et la reconnaissance que nous avons pour notre fondatrice et notre amie, Gisèle Halimi, ce 8 mars 2023, Choisir la cause des femmes, son association, ne participera pas à votre cérémonie précipitée et au rabais.
Ce 8 mars 2023, nous aurons d’autres choses à faire que de vous servir de caution féministe au moment où la France populaire, celle de la relégation sociale, celle des banlieues et des provinces que vous méprisez, se soulèvera contre le monde que vous incarnez.
Monsieur le Président de la République, ce 8 mars 2023, avec toutes les féministes, c’est Gisèle Halimi elle-même qui sera absente de votre hommage.
Violaine Lucas Présidente de Choisir la cause des femme
Téhéran a manifesté son soutien au Front Polisario dans le but de se rapprocher de l'Algérie et de gagner en influence au Maghreb
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AFP/HO/PRÉSIDENCE IRAN - Membres du Corps des gardiens de la révolution islamique iranienne (IRGC)
En conséquence, le gouvernement iranien a pu détourner son attention vers de nouveaux objectifs à son programme, notamment l'expansion de son influence dans plusieurs régions géostratégiques. L'une des plus importantes est le Maghreb, où Téhéran cherche à prendre pied grâce à son soutien au Front Polisario et au déploiement des forces des Gardiens de la révolution en Mauritanie.
Cette démarche du régime des Ayatollahs inquiète le Maroc. La crise diplomatique entre Rabat et Alger ne semble pas près d'être résolue, et la souveraineté sur le Sahara reste une ligne rouge entre les deux administrations. C'est dans cette situation que l'Iran veut utiliser à son avantage son soutien au pays d'Abdelmajdid Tebboune et, en même temps, faire pression sur Rabat.
La présence militaire accrue de l'Iran en Mauritanie est un autre signe du soutien du régime à l'Algérie. Selon des sources consultées par les médias d'Assabah, les Gardiens de la révolution ont reçu des instructions pour étendre leur activité dans plusieurs pays africains, la Mauritanie étant le plus important, mais pas le seul. Le Sénégal est un autre pays qui connaît déjà une augmentation de la présence de ses forces, ce qui a conduit, il y a une décennie, à des affrontements entre Iraniens et Sénégalais, et à la rupture des relations diplomatiques entre Téhéran et Dakar.
En outre, les Forces Al Quds - la branche armée du Jihad islamique - cherchent également à établir des relations et une coopération plus étroites avec le Polisario. Les observateurs estiment que la Mauritanie figure en tête de la liste des priorités du gouvernement iranien afin de se positionner progressivement au Maghreb. Cependant, ils notent également que la Mauritanie n'a pas l'intention de permettre l'avancée de l'Iran, car ils voient une intention claire du pays dirigé par Ali Khamenei d'impliquer leur pays dans une guerre avec le Maroc dans laquelle ils ne veulent pas entrer.
Le Maroc, qui est l'un des leaders régionaux, craint l'expansion non seulement des forces iraniennes, mais aussi de ses idées extrémistes. Il existe une intention de répandre le chiisme en Afrique du Nord et d'imposer sa vision. Par conséquent, Rabat a une double préoccupation et tente de contrer l'influence religieuse de l'Iran. Mais si cette préoccupation est double, la menace l'est aussi. Toute activité iranienne est précédée de l'approbation, voire du soutien de l'Algérie, qui semble déterminée à pousser à bout ses liens avec l'Iran.
La tendance à Alger est très claire. L'Iran tend à devenir un allié de poids des Algériens au fur et à mesure que ceux-ci approfondissent leurs relations avec la Russie. Ses manœuvres à Béchar coordonnées avec les forces de Moscou ne sont que le début de ce qui devrait être le premier de plusieurs exercices qui auront lieu en 2023. Ces manœuvres, que l'Algérie entendait garder secrètes, ont été confirmées par le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, qui a également annoncé que d'autres exercices militaires devraient avoir lieu dans la région proche de la frontière avec le Maroc en novembre prochain.
À l’aune de leur affrontement en demi-finale de la Coupe du monde, Middle East Eye se penche sur l’histoire des relations franco-marocaines jusqu’à nos jours.
Le parcours fantastique du Maroc jusqu’à la demi-finale de la Coupe du monde a surpris et électrisé les spectateurs de Rabat à Reykjavik.
Samedi, les Lions de l’Atlas sont entrés dans l’histoire en tant que première équipe arabe ou africaine à atteindre les quarts de finale de la compétition avec une victoire renversante 1-0 face au Portugal.
Sur les réseaux sociaux, il n’a pas échappé aux internautes que les deux formidables succès contre l’Espagne et le Portugal sont des victoires contre des pays avec lesquels le Maroc partage une longue histoire de liens conflictuels.
Les siècles de tensions avec l’Espagne remontent à l’époque de la conquête islamique de l’Andalousie, lancée depuis les côtes marocaines, jusqu’au colonialisme espagnol du XXe siècle en Afrique du Nord.
Et c’est là-dessus qu’entre en scène le dernier opposant du Maroc : la France.
Bien que 1 800 km séparent les deux pays, ils partagent une histoire qui remonte à plus d’un millénaire et qui évoque des pirates basés au Maroc faisant la traite d’esclaves français, une conquête européenne au XXe siècle émaillée de batailles brutales et de rébellions, puis une relation commerciale étroite dans plusieurs secteurs aujourd’hui.
À l’aune du match France-Maroc de ce mercredi, voici ce qu’il faut savoir de l’histoire des relations entre les deux pays.
Conquête islamique et pirates barbaresques
Lorsqu’il a été confirmé que la France affronterait le Maroc en demi-finale, les blagues ont fusé sur les réseaux sociaux, comparant le parcours des Lions de l’Atlas à la conquête islamique de l’Espagne et du Portugal au Moyen Âge.
« On a conquis la péninsule Ibérique et sommes prêts à combattre la France », a tweeté un internaute, comparant le Maroc en 732 et 2022.
D’autres ont publié des cartes de la région au début du VIIIe siècle avec la France préparée pour l’invasion.
En 711, les forces musulmanes lancèrent l’invasion de l’Europe depuis les côtes marocaines, menées par Tariq ibn Ziyad, Amazigh converti à l’islam qui gouvernait Tanger.
En quelques années, une grande partie de l’Espagne et du Portugal d’aujourd’hui tomba sous domination islamique.
Sous les ordres de la dynastie omeyyade, les forces arabes et berbères avancèrent plus au nord, obtenant le contrôle de la Septimanie, une région qui correspond à peu près à l’actuel Languedoc-Roussillon, dans le sud de la France.
Ils menèrent également des raids sur l’est de la France, envahissant Lyon et Autun. Ce ne fut qu’après une défaite décisive face aux forces franques à la bataille de Poitiers en 732 que les musulmans furent repoussés. En 759, une grande partie de la France moderne avait été reprise par les Francs.
Les frères Barberousse et Sayyida al-Hurra : trois corsaires musulmans qui défièrent l’Europe
Les forces musulmanes revinrent dans la région au Xe siècle pour construire une forteresse en Provence, près de Saint-Tropez. Plus tard, les empires almoravide et almohade menacèrent les frontières françaises après avoir pris le contrôle de la péninsule Ibérique musulmane.
Pendant plusieurs siècles après cela, la France maintint des relations commerciales avec le Maroc, rare État musulman indépendant en Afrique du Nord à ne pas être tombé sous la domination directe de l’Empire ottoman.
Un sujet de litige majeur pour les deux pays fut les corsaires barbaresques : des pirates (pour beaucoup des réfugiés musulmans ayant fui l’Espagne après la Reconquista) qui opéraient en Afrique du Nord et tourmentaient les navires européens, en partie pour se venger de l’expulsion des musulmans ibériques.
Plusieurs opérations furent lancées depuis Salé et Rabat au Maroc, notamment des raids sur les villes côtières européennes, y compris en France, pour capturer des esclaves à vendre au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.
En 1629, l’amiral français Isaac de Razilly bombarda Salé, détruisant trois navires corsaires et obtenant la libération des esclaves français du Maroc.
Deux ans plus tard, le traité franco-marocain de 1631 fut ratifié, accordant aux sujets français des droits préférentiels au Maghreb.
Prise de contrôle française
Les tensions avec les corsaires barbaresques se poursuivirent jusqu’au milieu du XVIIIe siècle, avec d’autres bombardements français sur Salé et Rabat en 1765.
Plus tard cette année-là, la France lança sa première tentative d’invasion du territoire marocain avec le bombardement de Larache, qui fit entre 200 et 300 morts.
Après une brève période de paix, la guerre franco-marocaine éclata en 1844 après le soutien du Maroc à la résistance algériennecontre l’invasion française.
Les offensives françaises sur Tanger et Essaouira, et à la bataille de l’Isly à la frontière algérienne, contraignirent les Marocains à démarquer la frontière et mettre fin à leur alliance avec le chef de la résistance algérienne, l’émir Abdelkader.
Un conflit européen majeur et prélude à la Première Guerre mondiale, connu sous le nom de crise de Tanger, eut lieu en 1905 lorsque l’Allemagne se querella avec la France et la Grande-Bretagne pour savoir qui devait contrôler ce pays d’Afrique du Nord.
L’empereur allemand Guillaume II débarqua à Tanger et déclara son soutien à un Maroc indépendant. Cette crise se résolut en 1906 après la conférence d’Algésiras donnant lieu aux accords du même nom et accordant à la France un certain contrôle sur les affaires du pays, avec des garanties concernant le commerce pour toutes les autres nations.
Un an plus tard, le décès du docteur français Émile Mauchamp à Marrakech servit de prétexte pour lancer une conquête militaire à grande échelle du Maroc. L’énorme dette publique de ce dernier fut également un facteur clé pour la colonisation française.
Maroc-Portugal : une histoire mouvementée de conquêtes et de rois assassinés
Une seconde crise marocaine connue sous le nom de crise d’Agadir éclata entre les puissances européennes en 1911 lorsque les troupes françaises progressèrent au Maroc, en violation des accords d’Algésiras, ce à quoi l’Allemagne répondit en envoyant son propre navire de guerre à Agadir.
Le Maroc devint officiellement un protectorat français par le traité de Fès en 1912, et certaines régions du pays furent cédées à l’Espagne.
Contrairement à l’Algérie, intégrée à la France, le Maroc n’était techniquement pas une colonie mais un protectorat : le sultan du pays demeura le chef d’État.
Mais les colons européens ne tardèrent pas à s’emparer de larges pans de l’agriculture marocaine : un tiers des terres cultivées au Maroc tombèrent entre les mains des Européens alors qu’ils ne dépassèrent jamais les 7 % de la population.
Les Français prirent également le contrôle de la police d’État, de la taxation des principaux ports marocains et des ressources naturelles, notamment les mines de phosphate dans la province de Khouribga.
Quelque 40 000 Marocains furent envoyés sur le front lors de la Première Guerre mondiale, combattant dans toutes les batailles majeures du conflit.
Un combat brutal pour l’indépendance du Maroc
La France se heurta à une résistance locale dès le début de son invasion : des milliers de Marocains furent ainsi tués en combattant pour l’indépendance.
En 1912, les commandants français réprimèrent violemment une mutinerie de soldats marocains à Fès, faisant 800 morts. Des tribus amazighes assiégèrent ensuite la ville, avant d’être vaincues lors d’une vague de répression qui fit 600 morts supplémentaires.
La France déclara la guerre à plusieurs régions qui refusaient de se plier aux suzerains européens, notamment aux Zayans et aux Rifains.
La guerre des Zayans, menée par la population amazighe de la région de Khénifra, s’étendit de 1914 à 1921. La bataille d’Elhri fut une première victoire notable pour les Zayans, dirigés par Mouha Ou Hammou Zayani, où plus de 600 soldats d’obédience française furent tués.
La tribu fut finalement contrainte de se soumettre au régime français en 1921.
La guerre du Rif, qui débuta en 1921, opposa initialement les combattants amazighs de la région montagneuse du Rif aux forces coloniales espagnoles.
Après que les Rifains eurent écrasé l’armée espagnole lors de la bataille d’Anoual, infligeant à l’armée espagnole l’une des pires défaites de son histoire moderne, la France entra dans la guerre en 1925 et mit un terme à l’éphémère république du Rif.
C’est à cette époque que le mouvement nationaliste marocain fut initié. Au début des années 1930, un mouvement de protestation visait un décret du sultan soumettant les communautés amazighes au droit coutumier et non au droit islamique.
Vers la fin de la Seconde Guerre mondiale, les Marocains commencèrent à croire en la possibilité de l’indépendance, notamment après le soutien en faveur de cette idée exprimée par le président américain Franklin D. Roosevelt lors de la conférence de Casablanca en 1943.
Le Parti de l’Istiqlal fut créé en 1943 pour promouvoir l’indépendance vis-à-vis de l’occupation française.
Le sultan Mohammed V se déclara favorable à l’indépendance. À l’approche d’un discours qu’il devait prononcer à Tanger en 1947, les autorités françaises tentèrent de perturber son voyage en tuant des centaines de civils à Casablanca lors d’un massacre brutal dans un quartier résidentiel.
Une centaine de Marocains furent également tués par les forces françaises dans la même ville à la suite d’un soulèvement anticolonial en décembre 1952.
Le sultan indépendantiste fut contraint de s’exiler à Madagascar en 1954. Son remplacement par son cousin Mohammed ben Arafa suscita de nouvelles protestations de la part des nationalistes.
Après une escalade de la violence entre les forces coloniales et les nationalistes marocains, Mohammed V rentra d’exil en novembre 1955 et le Maroc fut déclaré indépendant.
D’ennemis à partenaires
Après l’indépendance, le roi Hassan II, fils de Mohammed V, initia un processus de marocanisation en cédant à des propriétaires marocains des biens appartenant à des étrangers, notamment à des Français.
Certains chercheurs soutiennent que cette marocanisation s’apparentait à un « protectorat 2.0 », dans le cadre duquel les membres de l’élite du pays se voyaient confier le contrôle de l’économie.
Depuis l’indépendance, le Maroc et la France entretiennent des liens généralement amicaux.
La France et l’Espagne, un autre ancien occupant, sont de loin les premiers partenaires commerciaux du Maroc. Les deux pays représentent respectivement 21 % et 22 % de ses exportations enregistrées l’an dernier.
En réalité, le Maroc est la première destination des investissements français en Afrique. La grande majorité des grandes entreprises françaises ont des filiales au Maroc, notamment 33 des 40 entreprises cotées au CAC 40.
L’éducation est un autre domaine clé de cette alliance pérenne : les écoles françaises sont très présentes au Maroc et les classes moyenne et supérieure continuent en grande majorité d’y envoyer leurs enfants.
Coupe du monde : les Maghrébins de France se rangent derrière le Maroc malgré leur amour pour les Bleus
Environ 33 % des Marocains parlent français, selon l’Organisation internationale de la francophonie. Le français demeure par ailleurs ancré dans de nombreux aspects de la vie, y compris le gouvernement et les médias.
L’an dernier, une campagne a été lancée pour réclamer le remplacement du français par l’anglais comme langue étrangère officielle du pays dans le but d’élargir les horizons de la jeunesse.
On estime à plus d’1,5 million le nombre de personnes d’origine marocaine vivant en France, ce qui représente la plus grande part de la diaspora marocaine.
Au sein de cette population figurent 750 000 ressortissants marocains, qui forment le deuxième groupe d’immigrés non européens en France, derrière les Algériens.
Plusieurs stars de la sélection marocaine sont nées en France, notamment l’ailier Sofiane Boufal et le sélectionneur Walid Regragui.
En dépit de plusieurs décennies de liens étroits, les relations entre les deux pays se sont quelque peu détériorées l’an dernier après que la France a refusé des visas d’entrée aux migrants marocains dans plusieurs secteurs.
Ces tensions ont coïncidé avec un réchauffement des relations de la France avec l’Algérie, avec laquelle le Maroc est en désaccord sur le sort du territoire contesté du Sahara occidental.
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Par
Rayhan Uddin
Published date: Mercredi 14 décembre 2022 - 13:30 | Last update:1 day 4 hours ago
Le 28 novembre 2017, à Ouagadougou, le président français Emmanuel Macron prenait un engagement, devant 800 étudiants, à l’aube de son premier mandat.
Cet engagement revêt encore aujourd’hui une importance très particulière puisqu’il visait à restituer les œuvres pillées à l’Afrique durant la colonisation.
« Le patrimoine Africain doit pouvoir être exposé en Afrique » et « je ne peux pas accepter qu’une large part du patrimoine culturel de plusieurs pays africains soit en France », avait déclaré le chef de l’Etat, émettant le vœu « que d’ici cinq ans, les conditions soient réunies pour des restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain en Afrique ».
Pour dresser un état des lieux de la situation, Macron a nommé dès 2018, deux experts pour étudier et livrer leurs recommandations sur la restitution des œuvres africaines.
Il s’agit de Bénédicte Savoy, historienne d'art et membre du collège de France, et Felwine Sarr, écrivain et universitaire sénégalais, qui ont été désignés pour examiner les conditions dans lesquelles les œuvres pourront être rapatriées et mises à l'abri dans leurs pays d'origine.
Mais cinq ans plus tard, il semblerait que les processus de restitution, qui requièrent une base législative, soient bien plus complexes et que seules quelques œuvres aient pu retrouver leur terre d’origine.
Selon une étude du journal Le Monde, pas moins de 90 000 objets appartenant à l’Afrique, sont toujours, à ce jour, détenus par des musées publics français et considérés comme « inaliénables ».
Le 24 décembre 2020, une loi relative à la restitution de biens culturels à la République du Bénin et à la République du Sénégal est définitivement adoptée par le parlement français et permet aux deux pays récupérer, dans la foulée, les 26 œuvres du trésor d’Abomey, demandées par le Bénin, et le sabre dit d’El Hadj Omar Tall et son fourreau par le Sénégal.
Réclamé de longue date par la Côte d’Ivoire, le Djidji Ayokwé, tambour emblématique d’une tribus locale, est pour sa part en cours de restauration, avant d’être rendu à Abidjan.
De son côté, la couronne de Ranavalona III, dernière reine de Madagascar, a été renvoyée vers Antananarivo en novembre 2020 mais sans que la loi nécessaire à l’officialisation de cette restitution n’ait été votée, et donc sans aucun cadre légal officiel.
Le Mali, le Tchad et l’Ethiopie réclament quant à eux plusieurs milliers d’œuvres leur appartenant dont la plupart sont exposées au musée du Quai Branly.
Selon le rapport rendu à Emmanuel Macron en novembre 2018, et rédigé par Bénédicte Savoy et Felwine Sarr, pas moins de 85 à 90% du patrimoine africain se trouve en dehors du continent.
Le musée du Quai Branly est naturellement le plus concerné puisque sur les 70 000 œuvres qui y sont exposées, les deux tiers ont été acquises entre 1885 et 1960 et relèvent donc potentiellement d’une spoliation de patrimoine.
Mais au delà des œuvres d’art, il existe d’autres « objets » qui sont détenus par la France grâce à des procédés historiques très contestables.
Le dossier le plus emblématique de ces dernière année reste sans aucun doute la question des crânes de résistants algériens exposés au musée de l’Homme et dont 24 ont été rendus à Alger en juillet 2020.
La requête officielle, émise par les autorités algériennes en décembre 2017 avait pu aboutir grâce au travail minutieux de l’archéologue et historien algérien Ali Farid Belkadi.
En 2011, le chercheur a identifié 68 crânes ayant appartenu à des combattants anticolonialistes algériens dans le célèbre musée situé au cœur du Trocadéro à Paris.
Les autorités françaises avaient pris pour habitude, à l’époque coloniale, d’envoyer en métropole, les têtes décapitées de ceux qu’ils considéraient comme des ennemis, pour les entreposer, leur conférant la valeur d’un trophée de guerre.
À l’issue de ses travaux d’identification, Ali Farid Belkadi, a pris l’initiative de rédiger une pétition réclamant « le rapatriement en Algérie des restes mortuaires de résistants algériens conservés dans les musées français ».
Parmi les têtes momifiées, figurent notamment « les crânes appartenant à Mohamed Lamjad Ben Abdelmalek, dit Chérif "Boubaghla", à Cheikh Bouziane, chef de la révolte des Zaatchas, à Moussa El-Derkaoui, à Si Mokhtar Ben Kouider Al-Titraoui », précise la pétition.
Mais en octobre dernier, une enquête du New-York Times, a révélé que sur les 24 crânes, seuls 6 avaient pu être formellement identifiés comme appartement à des résistants algériens, semant le doute sur la nature des autres restes humains rendus à l’Algérie.
Cinq ans après sa promesse, Emmanuel Macron apparaît ainsi bien loin de l’objectif qu’il s’est fixé, à savoir, le retour des bien africains, sur leur continent d’origine.
Les autorités algériennes n’ont pas apprécié le dîner « privé » du président Macron à Oran le 26 août dernier et ont fermé l’hôtel où il s’est tenu. Une procédure judiciaire serait en cours contre son propriétaire, l’homme d’affaires Mohamed Affane.
L’hôtel Liberté, où s’est déroulé le dîner-débat d’Emmanuel Macron avec des membres de la société civile locale, a été fermé le 14 septembre dernier par l’administration de la wilaya d’Oran. La raison officielle de non-respect du « cahier des charges d’exploitation » ressemble davantage à des représailles contre son propriétaire, l’homme d’affaires et mécène Mohamed Affane, que deux autres établissements, lui appartenant, ont aussi été mis sous scellés. La maison familiale oranaise d’Yves Saint-Laurent qu’il a rénové en musée, et récemment ouverte au public, a également subi une mesure conservatoire de fermeture.
Le sort judiciaire de Mohamed Affane paraissait toujours incertain près de deux semaines après la cessation de toutes ses activités. « Il y a une procédure ouverte contre lui, croit savoir un avocat d’affaire à Oran, mais il se trouve à l’étranger et ne peut pas y répondre pour le moment. » « C’est le lieu où devait se tenir ce dîner privé qui a fait problème », estime Houari Attouchi, militant associatif à Oran, pour expliquer la chute brutale de Mohamed Affane.
« Emmanuel Macron sorti des radars »
Kamel Daoud, l’écrivain oranais, chroniqueur au magazine Le Point et soutien assumé du président français, est à l’origine de l’invitation d’Emmanuel Macron à ce dîner privé. Il a choisi l’hôtel de son ami Mohamed Affane. Les services de sécurité algériens ont appris tardivement le projet de ce dîner à l’hôtel Liberté et auraient exprimé le vœu qu’il se tienne ailleurs, à proximité du restaurant gastronomique du quartier de Essidikia (ex-Gambetta) où la délégation qui accompagnait le président français a dîné ce même soir.
La première interprétation des représailles qui ont frappé l’homme d’affaires oranais suppose qu’il n’a pas répondu avec « le zèle souhaité » à l’invitation pressante des autorités algériennes de renoncer à organiser ce dîner privé. Le point de vue officiel du côté algérien, évincé du plan de table, aurait aussi aggravé son cas.
« Cela s’est passé comme si le président Macron était complément sorti des radars pendant plus de deux heures durant sa visite en Algérie », rapporte un journaliste local. Il n’y avait pourtant pas d’enjeux de « subversion », les figures oranaises du Hirak, toutes sous poursuites judiciaires, n’étaient pas conviées et les convives présents au dîner ne sont pas connus pour être en dissidence ouverte avec le régime du président Tebboune.
Le milieu des affaires tétanisé
Profil atypique dans le milieu oranais des affaires, Mohamed Affane peut difficilement obtenir des soutiens parmi ses collègues tétanisés par la peur d’être arrêtés au nom de la lutte contre « l’affairisme ».
Toutefois, cette semaine, le président Tebboune a tenu des propos rassurants pour les investisseurs en Algérie et rappelé que les responsables de l’administration doivent lever les obstacles bureaucratiques pour les favoriser. Un discours contredit par l’affaire Mohamed Affane.
L’ancien patron de la DST, actuelle DGSI, invite la France à «cesser de se mêler de ce qui ne nous regarde pas» et à «se faire plus respectueuse des autres pays souverains». Dans cette interview exclusive qu’il a accordée à Algeriepatriotique, Yves Bonnet estime qu’en dehors d’une amélioration de la relation personnelle entre les deux présidents Macron et Tebboune, le bilan de la visite que le pensionnaire de l’Elysée a effectuée en Algérie «reste médiocre».
Algeriepatriotique : La visite de Macron en Algérie a fait couler beaucoup d’encre, les uns considérant qu’elle a été couronnée de succès, quand d’autres estiment que c’est au mieux un «non-événement» au pire un «fiasco». Quelle est votre analyse sur ce déplacement ?
Yves Bonnet : Le déplacement de M. Macron en Algérie est probablement motivé par deux ordres de considérations : l’attente permanente d’une clarification des relations attendues entre deux Etats dont les intérêts s’entrecroisent sur les plans humain, économique et politique, qui doit être précédée d’un travail diplomatique et politique bilatéral plus ou moins intense, selon le niveau des demandes réciproques et l’opportunité d’obtenir des livraisons de gaz plus importantes. Je suis enclin à considérer que cette dernière considération prime sur la première, compte tenu de l’annonce tardive, voire inopinée du déplacement. Si tel est le cas, en dehors d’une amélioration de la relation personnelle entre les deux présidents, le bilan reste médiocre.
Les relations entre l’Algérie et la France «sont tout sauf banales», a affirmé le président de la Fondation de l’islam de France à notre site. Comment jugez-vous ces relations ?
Je suis d’accord sur le fait que les relations entre nos deux pays sont tout sauf banales. Je plaide depuis toujours pour un concordat qui poserait des règles exceptionnelles de relations comme la suppression de l’obligation du visa pour des professions entières : hommes de loi, médecins et personnels de santé, fonctionnaires de niveau A, entrepreneurs inscrits dans une chambre franco-algérienne, professions artistiques, ONG agréées dans les deux pays. Par ailleurs, un office de la jeunesse franco-algérien serait le bienvenu. Le tout enserré dans un cadre permanent.
Le président Macron alterne entre déclarations lénifiantes et propos suscitant la colère d’Alger. Agit-il ainsi par maladresse et excès de volubilité sans préparation préalable de ses discours ou par calcul politicien, selon vous ?
Je ne peux évidemment pas me prononcer sur les raisons qui poussent le président [Macron] à souffler alternativement le chaud et le froid sur les relations franco-algériennes. En revanche, je peux attester de ce qu’il est coutumier d’«allers et retours» de sa pensée sur nombre de sujets. Par exemple, en fermant une centrale nucléaire et en décidant de la réduction de la fourniture d’électricité nucléaire puis en revenant précipitamment sur ses décisions, en demandant la réouverture des centrales mises hors circuit. Manifestement, sa pensée n’est pas fixée et il oscille sur de nombreux sujets entre propos et prises de position contradictoire. C’est même une marque de son process intellectuel.
Comment voyez-vous les relations entre nos deux pays à l’avenir ? Chemine-t-on vers le règlement du contentieux historique ou celui-ci risque de durer encore longtemps ?
Personnellement, non.
L’Algérie réclame l’extradition d’un certain nombre d’activistes dont elle juge qu’ils portent atteinte à la sécurité et à la stabilité de l’Algérie à partir du territoire français. Macron pourrait-il répondre positivement à cette demande contre de la sauvegarde des intérêts français bousculés en Algérie ou se servira-t-il de ces éléments comme moyen de pression, d’après vous ?
L’approche mémorielle de la relation franco-algérienne n’est qu’une manière d’éluder les vrais problèmes, comme la coopération militaire, les échanges au niveau de la recherche médicale, agronomique, scientifique et technique, la gestion des ressources en eau, la concertation diplomatique et tous les sujets que nous impose l’existence d’une communauté algérienne forte de plusieurs millions de personnes. Je regrette de n’avoir jamais senti le grand vent d’une coopération concrète entre nous.
La décision de réduire le nombre de visas accordés aux Algériens comme mesure de rétorsion pour forcer le gouvernement algérien à établir les laissez-passer consulaires aux sans-papiers vous semble-t-elle judicieuse ? Qu’a-t-elle apporté à la France dans ce dossier ?
Nous sommes confrontés aux mêmes menaces et nous devons leur répondre en totale concertation, allant jusqu’à la remise à l’Algérie des indésirables qui abusent de nos lois. J’ai dit plus haut ce que je pense de la politique des visas. Ces propositions ne sont pas nouvelles, je les ai soumises en leur temps à Gaston Defferre [ministre de l’Intérieur sous Mitterrand, entre 1981 et 1984, ndlr]. J’ai seulement oublié les journalistes qui doivent évidemment pouvoir se déplacer sans restrictions.
Un imam marocain est en fuite après un imbroglio politico-judiciaire qui s’est soldé par une décision autorisant son expulsion. Entretemps, le Maroc s’est ravisé et a annulé le laissez-passer consulaire. Comment expliquez-vous la volte-face marocaine ?
Je ne l’explique pas.
Cette affaire a sérieusement éclaboussé le gouvernement Borne et le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin dont l’autorité est remise en cause. Quelle sont les suites possibles à ce feuilleton de l’été ?
Je n’accablerai pas le gouvernement car au sujet de la triche, c’est souvent le tricheur qui gagne et l’imam en question joue avec nous depuis toujours. Il aurait fallu l’expulser quand il a refusé la nationalité française, mais M. Darmanin n’était pas né à la vie politique.
Quelles sont les suites possibles à ce feuilleton ? Que peut la France face à ce dilemme, ni ne pouvant emprisonner le prédicateur marocain fugitif, car n’ayant commis aucun acte criminel, ni le laisser en liberté car véhiculant un discours jugé antirépublicain et complotiste ?
Il est difficile de répondre à cette question, par ailleurs pertinente, car c’est une partie à trois, au moins, entre l’intéressé, la France et le Maroc.
La France traverse une période à tout le moins difficile depuis la survenance de la pandémie du Covid-19 jusqu’au déclenchement de la guerre en Ukraine. Comment jugez-vous les décisions du gouvernement français par rapport à ces deux crises, pensez-vous qu’il porte une responsabilité dans l’état actuel de la France en proie à une grande précarité énergétique et à l’érosion du pouvoir d’achat ?
J’appartiens à l’opposition au président et à son gouvernement. En conséquence, je m’inscris en faux contre leur politique mondialiste destructrice de nos services publics, de notre système éducatif, de notre politique énergétique et alignée sur Bruxelles. Leur responsabilité dans l’état actuel de la France, qui est – soyons gentils – préoccupant, est évidemment écrasante. D’une manière générale, la France devrait se faire plus respectueuse des autres pays souverains et cesser de se mêler de ce qui ne nous
Il y'a quelque chose de plus fort que la mort : c'est la présence des absents dans la mémoire des vivants et la transmission, à ceux qui ne sont pas encore, du nom, de la gloire, de la puissance et de l'allégresse de ceux qui ne sont plus, mais qui vivent à jamais dans l'esprit et dans le cœur de ceux qui se souviennent». Jean d'Ormesson (1925-2017), académicien, journaliste et philosophe français
Il y'a du tragique quand un supposé maitre des horloges perd la notion de temps en prétendant vouloir regarder un passé lointain en face. Il est vrai, il est loin de ses terres ; il est sur une terre de braves qui mettrait les plus téméraires mal à l'aise. Il y a, ensuite, de l'ubuesque lorsque l'agresseur, fut-il au passé, donne des leçons de bon voisinage, de coopération et de respect mutuel à l'agressé. Il y a, enfin, du peu honnête, lorsqu'on esquive la seule et unique question qui attend réponse depuis déjà très longtemps et qu'on parle, invariablement, de tout autre sujet avec aisance et abondance.
Le Président Français, Emmanuel Macron, a effectué, la semaine passée, une visite au pays des martyrs, que l'Elysée, pour des raisons inavouables, s'empressait à qualifier de visite officielle et non d'Etat. Je n'attendais personnellement pas beaucoup de cette visite, les experts de tous bords savent pertinemment qu'Emmanuel Macron, Jupitérien qu'il est, n'est pas genre à descendre de son nuage, et de traiter avec autrui d'égal à égal, il ne le fait pas avec ses compatriotes, il n'y a aucune raison qu'il le fasse avec nous autres Algériens.
La visite de Macron, même si elle reste décriée par une partie de l'opinion française, est mue, principalement mais pas uniquement, par deux dossiers que sont l'énergie et le rapatriement des Algériens.
Pour l'énergie et même s'il s'attarde, maladroitement, pour faire croire que la France n'a pas besoin de gaz Algérien, puisque la part du gaz dans son mix énergétique est à peine de 10% et que la part du gaz Algérien ne dépasse pas le 8%. Ce qu'il n'avoue pas, par contre, c'est que pour son mix énergétique, compte tenu de l'état des centrales nucléaires françaises, dont 31 sur 56 en arrêt, il a besoin d'électricité qu'il compte puiser de l'Allemagne qui, à son tour, a besoin de gaz. Il veut du gaz pour le troquer contre de l'électricité Allemande.
Concernant le rapatriement au pays des Algériens de France et en prévision de Paris 2024, surtout mais pas seulement, Monsieur Macron voudrait avoir l'appui de l'Algérie pour accepter le rapatriement des Algériens coupables de crimes et délits en France, qui, plus est, consacre le retour triomphal de la double peine.
En retour, il a peut-être quelque chose à proposer : ceux à qui la France offre une tribune pour dénigrer le pays ou mieux encore, ceux qui sont dans tout l'espace Européen. Il est connu pour être très persuasif Monsieur Macron.
Je retiens, comme certains de mes compatriotes, peut-être ai-je tort, quelques passages, lourds de sens, soigneusement préparés par Monsieur Macron et savamment scénarisés devant les caméras.
Il y'a d'abord, la fameuse formule tendant à flatter l'égo des Algériens et titiller leur fibre révolutionnaire pour la liberté des peuples à disposer d'eux même et la sacralité du principe de non-agression, en affirmant que le peuple Algérien n'accepterait pas une guerre, injuste selon lui, comme celle de la Russie contre l'Ukraine. Les Algériens n'ont pas besoin d'être aiguillés pour décider de la lecture des évènements de ce monde ; ils sont connus pour être constants et cohérents et pratiquent peu ou pas du tout le jeu de bascule auquel s'adonnent à souhait d'autres.
Il y'a ensuite, ses propos sur la question mémorielle « Nous sommes sommés en permanence de choisir entre fierté et repentance. Je veux la vérité et la reconnaissance ».
Monsieur Macron oppose fierté et repentance, comme pour dire, fière qu'il est, qu'il n'est pas question, ou qu'il n'est plus question, de repentance. Quand il dit vouloir la vérité je ne pense pas qu'il veuille opposer la vérité au mensonge de la France, il est le Président Français en exercice. Quand il évoque la reconnaissance je ne pense également pas qu'il veuille dire la reconnaissance de la France envers l'Algérie pour ses richesses spoliées pendant plus d'un siècle, ou dans un autre sens, la reconnaissance de la France des crimes atroces commis, pendant des décennies, contre le peuple Algérien, contre son identité, ses croyances et sa culture.
Quand Monsieur Macron évoque « Une histoire d'amour qui a sa part de tragique ». Il s'adonne avec une légèreté impardonnable à une sorte de parallèle qu'il est le seul à voir, il n'y a ni du tragique dans l'amour, ni de l'amour dans le tragique. Il nous présente, en fait, une sorte de mélange entre les syndromes de Stockholm et celui de lima où, globalement, l'agresseur et l'agressé se prennent en sympathie. Les français ont peut-être aimé le pays, ils ont surement aimé l'Algérie, mais en cela point de blâme, point de remontrances, qui n'aimerait pas le pays du miel et du lait, qui n'aimerait pas l'Algérie ! mais, ils n'ont jamais aimé ses enfants, ils n'ont jamais accepté ses maitres. Les algériens, eux, ont aimé des français. Ils ont bien aimé Maurice Audin, Henri maillot, Fernand Iveton ou encore Pierre Vidal Naquet (historien de métier et de vocation). Ils ont beaucoup aimé Claudine Chaulet, Raymonde Peschard dite Taous ainsi que d'autres, moins connues, en les personnes de Reine Raffini ou Jocelyne chatain. Mais les algériens, contrairement à ce que voudraient faire croire beaucoup, n'ont jamais aimé la France au point de vouloir se l'approprier.
Quand il parle du dossier de l'immigration, au lieu de rassurer les Algériens, qu'il prétend considérer comme des amis, sur la mise en place de procédures transparentes et équitables dans ce sens, qui tiennent compte de l'histoire des deux pays, des accords actés toujours en cours, des liens tissés à travers le temps et des intérêts partagés entre les deux communautés, Monsieur Macron parle d'immigration choisie et cite les artistes, les sportifs, les chercheurs et autres. Il veut troquer les meilleurs grâce à leur pays contre les médiocres à cause de la France.
Lorsqu'il annonce, enfin, la création d'une commission mixte d'historiens pour, entend-on, aplanir les dissensions et affronter avec courage le passé, il oublie, sciemment, que la censure, ne peut rien contre l'histoire, les historiens ne travaillent pas à la carte, n'historient pas à la demande. Et ce n'est pas des historiens, même brillants, installés comme des fonctionnaires, qui viendraient à bout d'un phénomène sociologique nourri par une histoire douloureuse qui revient sans cesse à l'imaginaire collectif même chez ceux qui ne l'ont jamais connu. Il est ici question de transmission transgénérationnelle, où une génération devient dépositaire, consciemment, d'une souffrance qui ne lui est pas infligée directement mais dont elle révèle l'existence, la persistance et des fois, compte tenu de circonstances présentes, même l'amplification. Là aussi il veut troquer la vérité du moment par une supposée vérité à venir.
Vous pouvez, Monsieur le Président, malgré vous peut-être, vous montrer orgueilleux, vous pouvez vous montrer condescendant, les français eux même vous dépeignent et trouvent ainsi, mais eux ils peuvent et doivent vous accepter, ils vous ont élu puis réélu, pas le peuple Algérien.
« Nous avons décidé de retirer de notre site la tribune du politiste Paul Max Morin sur le récent voyage d’Emmanuel Macron en Algérie, publiée jeudi 1er septembre. Ce texte reposait sur des extraits de citations qui ne correspondent pas au fond des déclarations du chef de l’État. Si elle peut être sujette à diverses interprétations, la phrase « une histoire d’amour qui a sa part de tragique » prononcée par M. Macron lors de la conférence de presse n’évoquait pas spécifiquement la colonisation, comme cela était écrit dans la tribune, mais les longues relations franco-algériennes. Le Monde présente ses excuses à ses lectrices et lecteurs, ainsi qu’au président de la République. »
C’est le message que découvrent les internautes depuis hier soir lorsqu’ils cliquent sur l’article titré « Réduire la colonisation française en Algérie à une histoire d’amour parachève la droitisation d’Emmanuel Macron sur la question mémorielle », publié dans Le Monde le 1er septembre, en fin de matinée.
« Idéologie coloniale »
Paul Max Morin, chercheur associé au Centre de recherche politique de Sciences-Po, y réagissait aux propos tenus par le président français lors de sa récente visite de trois jours en Algérie. « C’est une histoire d’amour qui a sa part de tragique », avait notamment affirmé le président français.
Paul Max Morin constate d’abord qu’en « cinq ans, la colonisation sera passée, dans le verbe présidentiel, d’un “crime contre l’humanité” (2017) à “une histoire d’amour qui a sa part de tragique”. Le chercheur estime ainsi que « la droitisation du paysage politique français a amené Emmanuel Macron à durcir sa ligne ».
La phrase présidentielle s’inscrirait ainsi « dans la continuité d’une idéologie coloniale qui n’a jamais cessé d’utiliser des euphémismes pour masquer les réalités sociales et politiques ». Et l’auteur de Les Jeunes et la guerre d’Algérie (PUF) de citer les violences, l’accaparement des terres, les enfumades, la pratique de la terre brûlée, ou encore l’indigénat et les ratonnades, la torture et les bombardements.
Le chercheur critique également l’annonce de la création d’une nouvelle commission d’historiens, « qui laisse entendre que le travail de recherche et de précision sur les faits n’aurait pas été effectué ». Paul Max Morin rappelle par ailleurs que toutes les archives sur la colonisation française et la guerre d’Algérie n’ont pas été ouvertes.
«Il y'a quelque chose de plus fort que la mort : c'est la présence des absents dans la mémoire des vivants et la transmission, à ceux qui ne sont pas encore, du nom, de la gloire, de la puissance et de l'allégresse de ceux qui ne sont plus, mais qui vivent à jamais dans l'esprit et dans le cœur de ceux qui se souviennent». Jean d'Ormesson (1925-2017), académicien, journaliste et philosophe français.
Il y'a du tragique quand un supposé maitre des horloges perd la notion de temps en prétendant vouloir
regarder un passé lointain en face. Il est vrai, il est loin de ses terres ; il est sur une terre de braves qui mettrait les plus téméraires mal à l'aise. Il y a, ensuite, de l'ubuesque lorsque l'agresseur, fut-il au passé, donne des leçons de bon voisinage, de coopération et de respect mutuel à l'agressé. Il y a, enfin, du peu honnête, lorsqu'on esquive la seule et unique question qui attend réponse depuis déjà très longtemps et qu'on parle, invariablement, de tout autre sujet avec aisance et abondance.
Le Président Français, Emmanuel Macron, a effectué, la semaine passée, une visite au pays des martyrs, que l'Elysée, pour des raisons inavouables, s'empressait à qualifier de visite officielle et non d'Etat. Je n'attendais personnellement pas beaucoup de cette visite, les experts de tous bords savent pertinemment qu'Emmanuel Macron, Jupitérien qu'il est, n'est pas genre à descendre de son nuage, et de traiter avec autrui d'égal à égal, il ne le fait pas avec ses compatriotes, il n'y a aucune raison qu'il le fasse avec nous autres Algériens.
La visite de Macron, même si elle reste décriée par une partie de l'opinion française, est mue, principalement mais pas uniquement, par deux dossiers que sont l'énergie et le rapatriement des Algériens.
Pour l'énergie et même s'il s'attarde, maladroitement, pour faire croire que la France n'a pas besoin de gaz Algérien, puisque la part du gaz dans son mix énergétique est à peine de 10% et que la part du gaz Algérien ne dépasse pas le 8%. Ce qu'il n'avoue pas, par contre, c'est que pour son mix énergétique, compte tenu de l'état des centrales nucléaires françaises, dont 31 sur 56 en arrêt, il a besoin d'électricité qu'il compte puiser de l'Allemagne qui, à son tour, a besoin de gaz. Il veut du gaz pour le troquer contre de l'électricité Allemande.
Concernant le rapatriement au pays des Algériens de France et en prévision de Paris 2024, surtout mais pas seulement, Monsieur Macron voudrait avoir l'appui de l'Algérie pour accepter le rapatriement des Algériens coupables de crimes et délits en France, qui, plus est, consacre le retour triomphal de la double peine.
En retour, il a peut-être quelque chose à proposer : ceux à qui la France offre une tribune pour dénigrer le pays ou mieux encore, ceux qui sont dans tout l'espace Européen. Il est connu pour être très persuasif Monsieur Macron.
Je retiens, comme certains de mes compatriotes, peut-être ai-je tort, quelques passages, lourds de sens, soigneusement préparés par Monsieur Macron et savamment scénarisés devant les caméras.
Il y'a d'abord, la fameuse formule tendant à flatter l'égo des Algériens et titiller leur fibre révolutionnaire pour la liberté des peuples à disposer d'eux même et la sacralité du principe de non-agression, en affirmant que le peuple Algérien n'accepterait pas une guerre, injuste selon lui, comme celle de la Russie contre l'Ukraine. Les Algériens n'ont pas besoin d'être aiguillés pour décider de la lecture des évènements de ce monde ; ils sont connus pour être constants et cohérents et pratiquent peu ou pas du tout le jeu de bascule auquel s'adonnent à souhait d'autres.
Il y'a ensuite, ses propos sur la question mémorielle « Nous sommes sommés en permanence de choisir entre fierté et repentance. Je veux la vérité et la reconnaissance ».
Monsieur Macron oppose fierté et repentance, comme pour dire, fière qu'il est, qu'il n'est pas question, ou qu'il n'est plus question, de repentance. Quand il dit vouloir la vérité je ne pense pas qu'il veuille opposer la vérité au mensonge de la France, il est le Président Français en exercice. Quand il évoque la reconnaissance je ne pense également pas qu'il veuille dire la reconnaissance de la France envers l'Algérie pour ses richesses spoliées pendant plus d'un siècle, ou dans un autre sens, la reconnaissance de la France des crimes atroces commis, pendant des décennies, contre le peuple Algérien, contre son identité, ses croyances et sa culture.
Quand Monsieur Macron évoque « Une histoire d'amour qui a sa part de tragique ». Il s'adonne avec une légèreté impardonnable à une sorte de parallèle qu'il est le seul à voir, il n'y a ni du tragique dans l'amour, ni de l'amour dans le tragique. Il nous présente, en fait, une sorte de mélange entre les syndromes de Stockholm et celui de lima où, globalement, l'agresseur et l'agressé se prennent en sympathie. Les français ont peut-être aimé le pays, ils ont surement aimé l'Algérie, mais en cela point de blâme, point de remontrances, qui n'aimerait pas le pays du miel et du lait, qui n'aimerait pas l'Algérie ! mais, ils n'ont jamais aimé ses enfants, ils n'ont jamais accepté ses maitres. Les algériens, eux, ont aimé des français. Ils ont bien aimé Maurice Audin, Henri maillot, Fernand Iveton ou encore Pierre Vidal Naquet (historien de métier et de vocation). Ils ont beaucoup aimé Claudine Chaulet, Raymonde Peschard dite Taous ainsi que d'autres, moins connues, en les personnes de Reine Raffini ou Jocelyne chatain. Mais les algériens, contrairement à ce que voudraient faire croire beaucoup, n'ont jamais aimé la France au point de vouloir se l'approprier.
Quand il parle du dossier de l'immigration, au lieu de rassurer les Algériens, qu'il prétend considérer comme des amis, sur la mise en place de procédures transparentes et équitables dans ce sens, qui tiennent compte de l'histoire des deux pays, des accords actés toujours en cours, des liens tissés à travers le temps et des intérêts partagés entre les deux communautés, Monsieur Macron parle d'immigration choisie et cite les artistes, les sportifs, les chercheurs et autres. Il veut troquer les meilleurs grâce à leur pays contre les médiocres à cause de la France.
Lorsqu'il annonce, enfin, la création d'une commission mixte d'historiens pour, entend-on, aplanir les dissensions et affronter avec courage le passé, il oublie, sciemment, que la censure, ne peut rien contre l'histoire, les historiens ne travaillent pas à la carte, n'historient pas à la demande. Et ce n'est pas des historiens, même brillants, installés comme des fonctionnaires, qui viendraient à bout d'un phénomène sociologique nourri par une histoire douloureuse qui revient sans cesse à l'imaginaire collectif même chez ceux qui ne l'ont jamais connu. Il est ici question de transmission transgénérationnelle, où une génération devient dépositaire, consciemment, d'une souffrance qui ne lui est pas infligée directement mais dont elle révèle l'existence, la persistance et des fois, compte tenu de circonstances présentes, même l'amplification. Là aussi il veut troquer la vérité du moment par une supposée vérité à venir.
Vous pouvez, Monsieur le Président, malgré vous peut-être, vous montrer orgueilleux, vous pouvez vous montrer condescendant, les français eux même vous dépeignent et trouvent ainsi, mais eux ils peuvent et doivent vous accepter, ils vous ont élu puis réélu, pas le peuple Algérien.
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