Le monarque républicain a pris une décision seul, il se retrouve maintenant seul. En son pouvoir souverain et sans partage, le roi avait joué la France en un coup de poker, il l'a fracassée. Il voulait une majorité absolue, il a pulvérisé son parti. Il voulait la stabilité institutionnelle de son pouvoir, il se retrouve face à un risque de désordre encore pire qu'il ne l'était auparavant.
La France est passée à côté du désastre, le parti fasciste n'a pas la majorité absolue tant espérée par lui. Mais je souhaiterais me prononcer avec un recul et une parole extérieurs à la liesse des partisans et électeurs qui se sont mis en barrage pour contrer la peste noire de l'histoire. La porte a été fermée, au loup mais il n'a pas fui, il est encore plus fort et attend son heure. Pourquoi un tel pessimisme, ou une réserve ? Car la joie qui s'exprime n'est en fait qu'un soulagement que le RN n'ait pas obtenu la majorité absolue. Cette joie n'a pas encore laissé place à la raison qui va lui remettre le regard sur la réalité. Regardons les résultats avec un esprit distancié et analysons le comment et le pourquoi un homme seul a tenté une telle folie. Il s'agira beaucoup plus de lui, dans cet article, car c'est l'homme qui dirigera la France pour encore trois ans.
Le Rassemblement National a perdu ?
Je n'ai peut-être pas compris l'arithmétique. Il avait 89 sièges, il en a maintenant 143. Curieuse défaite. Le camp présidentiel comptait 245 sièges, il se retrouve avec 156 sièges. Le Président a porté un coup fatal à ce qu'il restait encore de viable dans le parti qui l'avait porté au pouvoir. Le RN n'attendait que cela, c'est déjà un obstacle qui n'est plus sur son chemin pour la suite.
Quant au grand gagnant de ces élections, Le Nouveau Front Populaire compte désormais 174 sièges. Le NFP, ce n'est pas celui dont les membres s'écharpent, depuis des mois, avec des noms d'oiseaux et qui se sont mis d'accord en quatre jours avec des tas de bisous? Pourtant les longs gourdins cachés derrière leur dos sont visibles à un kilomètre. Un siècle de bagarre dans la gauche, les fameuses « deux gauches irréconciliables », et quatre jours pour une réconciliation, ce n'est pas un mariage précipité ?
Le dernier mariage que la gauche avait célébré datait du début du règne de Mitterrand en 1981. Il avait fini très rapidement par un divorce violent.
Le Président Macron a joué la France par un coup de poker, elle n'a pas été ruinée, a évité la catastrophe mais hypothéqué ses chances dans un avenir incertain.
Un décompte en sièges plus catastrophique que ce qu'il était avant la dissolution, il me faut beaucoup d'imagination pour qualifier le résultat de victoire.
Une déraison incompréhensible
Il n'avait prévenu personne si ce n'est informer la Présidente de l'Assemblée Nationale et le Président du Sénat comme l'impose la constitution. Ils n'avaient aucun pouvoir de bloquer sa décision. De plus il ne les avait avertis que très tardivement, à la vieille de sa décision. Puis la colère de la classe politique comme celle de la population s'était manifestée dès l'annonce d'une dissolution incomprise et dangereuse. Aucun espoir qu'elle ne cesse désormais, juste après la fête.
Emmanuel Macron avait pris acte des résultats catastrophiques des élections européennes. Il avait alors pensé que la nouvelle force du Rassemblement National allait décupler sa capacité de blocage. Mais comment cela se peut-il puisque l'élection européenne n'avait absolument aucun effet sur le nombre de sièges dans l'Assemblée nationale ?
Jupiter redescend de l'Olympe
L'image du dieu mythologique et son règne absolu est assez classique et nous pouvons la reprendre à bon compte. C'est d'ailleurs le Président Emmanuel Macron lui-même qui souhaitait être un « Président jupitérien » dans un entretien en 2016, accordé au magazine Challenges' au moment de sa conquête du pouvoir.
Ses deux prédécesseurs avaient eux aussi été poursuivis par une qualification qui collera à leur image. Nicolas Sarkozy avait été « l'hyper président », celui qui avait théorisé qu'il fallait « créer chaque jour un événement pour que chaque jour nécessite une intervention de la parole présidentielle ». Il était partout, se mêlant de tout et ne laissant aucun espace d'intervention à son gouvernement. C'est pourtant exactement ce que fera Emmanuel Macron.
Quant à François Hollande, il s'est qualifié lui-même de Président « normal » pour se démarquer de l'exubérance de son prédécesseur. Emmanuel Macron, son ministre de l'Economie, avait vécu une normalité du Président qui avait provoqué la fronde de ses partisans et le harcèlement des journalistes qui ont fini par l'étouffer (en amplifiant le rejet populaire à son égard) jusqu'à son abandon d'une nouvelle candidature. C'est la raison pour laquelle Emmanuel Macron avait estimé qu'il fallait éviter les deux écueils et redonner à la fonction la dignité de son rang. Il voulait restaurer l'horizontalité jupitérienne du pouvoir et prendre de la hauteur par rapport aux médias avec lesquels il souhaitait avoir « une saine distance ».
Il voulait se démarquer des deux autres Présidents mais il a créé une déclinaison commune en devenant un « hyper président anormal et rejeté ». Tout cela est démoli, Jupiter redescend de son Olympe.
Le syndrome du premier de la classe
La montée fulgurante d'un homme jeune et sa stupéfiante réussite, en si peu de temps, pour devenir Président de la République avait été jugée comme exceptionnelle. L'homme avait été salué dans son exploit et une route lui était désormais tracée.
Selon ses propres mots, il voulait « gouverner autrement », sortir du tunnel de la « vieille politique » et mettre fin aux blocages des partis politiques qu'il avait connus avec François Hollande face à la crise des « frondeurs » de son propre camp. Il voulait intégrer la France dans le mouvement mondial de la « Start-up nation », redonner à la France sa capacité à s'ouvrir au monde, à créer les conditions de sa modernité et sortir du traditionnel combat historique et stérile entre la gauche et la droite. Il voulait des « premiers de cordée », c'est-à-dire placer au sommet de la pyramide ceux qui ont la capacité de créer, d'innover et d'entraîner un « ruissellement vers le bas », c'est-à-dire au profit des autres. Il avait cru que c'était l'excellence qui gouvernait le monde. Il avait oublié que si cette dernière était indispensable par le dynamisme d'une jeunesse diplômée et la compétence de hauts cadres, il fallait un projet politique qui crée les conditions d'adhésion et d'entrainement d'une société. Il avait cru qu'un pays se gouvernait comme une entreprise.
Ni à droite ni à gauche, nulle part
Pour arriver à cet objectif ambitieux, Emmanuel Macron voulait écarter les corps intermédiaires et créer un centre puissant. Dans toutes ses déclarations, une expression qui va lui coller à la peau « en même temps ». Chaque décision se voulait être ni-ni, ni les vieilles lunes de droite ni celles de gauche. Il avait cru alors avoir trouvé ce territoire central si recherché et jamais réellement découvert, celui qui unit une société. Un fantasme de la politique française qui avait fait dire à François Mitterrand aux journalistes : « le centre est au fond du couloir, à droite ». Puis une autre fois, « curieux que ce centre qui vote à droite ».
Son projet de créer ce centre mythique fut alors d'affaiblir les deux partis de gouvernement qui alternaient au pouvoir depuis 1981, avec l'arrivée de François Mitterrand et de les attirer vers lui. Il avait réussi à débaucher un certain nombre de leurs cadres, séduits par ce jeune homme aux visions d'avenir. En fait, ils souhaitaient surtout quitter deux partis en déclin et prendre leur chance avec un nouveau souffle promis. Ainsi il a détruit les traditionnels partis républicains et de gouvernement. À gauche, le Parti Socialiste et à droite, Les Républicains, qui sont devenus des coquilles presque vides. Il devrait s'en mordre les doigts car ils auraient été ses chances actuelles d'une éventuelle coalition en sa faveur.
À s'acharner à détruire l'existant politique, il n'a créé ni le « ni-ni », ni le « gouverner autrement », ni construire un centre solide. Finalement, il est arrivé nulle part.
Le pouvoir et la solitude du Prince
Goethe affirmait que «la solitude est enfant du pouvoir » et Machiavel que « le pouvoir corrompt, le pouvoir absolu corrompt absolument» (Le Prince, 1513).
Bien entendu, pour Emmanuel Macron on doit écarter la corruption dans le sens de l'appropriation matérielle illégale mais retenir celle de l'esprit. Pour sa défense, on peut également dire que la lourde responsabilité et les décisions quotidiennes importantes pour gérer les affaires de l'Etat nous rapprochent d'une seconde affirmation de Goethe « toute production importante est l'enfant de la solitude ». On doit aussi écarter l'image du pouvoir isolé dans le Palais de l'Elysée. « La république est dans ses meubles » disait Mitterrand lorsqu'il avait reçu des chefs d'Etat, à Versailles. Tous les édifices prestigieux ont été la propriété de la noblesse de sang et d'argent, construits par le fruit du labeur et du talent du peuple. Installer les hommes du pouvoir républicain et leurs administrations dans ces palais est la marque de la magnificence de l'Etat, donc celle du peuple. Cependant, en sens contraire, on peut reprocher à tous les Présidents de la cinquième république d'avoir été envoutés par la puissance qui les isole davantage. Tous les intimes et compagnons qui ont permis au Prince d'accéder au pouvoir ont vécu avec le temps son éloignement progressif et un enfermement dans sa certitude d'être la source de développement et de la protection du pays.
Et maintenant, que peut la solitude ?
Une remarque préalable, cet article est rédigé avant qu'une décision soit prise par Emmanuel Macron. Qu'importe, d'une part il est peu probable que la décision soit prise demain et par ailleurs, cela permet d'analyser toutes les options possibles dans une telle situation. Une seconde dissolution ? La constitution ne le lui permet pas avant un an. La démission ? Emmanuel Macron a déclaré qu'il ne l'envisage pas. Et puis, ce serait donner les clés de la Présidence de la république à Marine le Pen, en considération du mode de scrutin.
Un gouvernement de techniciens ? Il le pourrait, comme ce fut le cas très souvent en Italie, mais ce n'est pas la culture politique française. Certains prétendent que la seule exception fut le Premier ministre Raymond Barre mais ils ont oublié que celui-ci avait des ancrages politiques et une expérience d'élu, maire de longue date de la ville de Lyon, troisième métropole de France. Si l'image du technicien lui était attribuée c'est parce qu'il fut un grand professeur d'économie (le plus grand disait-on à cette époque).
La recherche d'une coalition majoritaire qui lui serait favorable ? À constater l'effort immense pour la gauche de construire le Nouveau Front Populaire alors que les positions politiques de chacune des composantes sont aussi éloignées que les étoiles entre elles. La coalition ne tiendrait pas plus longtemps que les promesses du menteur. J'ai bien peur que la gauche ne s'enthousiasme trop tôt et s'éloigne du chemin de l'unité. Elle est loin d'être atteinte malgré cette soirée de victoire.
La nomination du leader du parti majoritaire ? L'usage le voudrait mais il n'est pas obligé. Il aurait donc le choix entre Bardella et Mélenchon ? Pour une victoire, j'en ai connu des plus stables et durables.
Nommer un Premier ministre en dehors des partis majoritaires ? Dès la première motion de censure, il serait balayé comme une feuille au vent d'automne. Utiliser tous les autres pouvoirs que lui confère la constitution ? Ils sont puissants mais le Président serait alors obligé de refuser tous les textes gouvernementaux ou du Rassemblement National.
Le blocage permanent est-il dans le rôle de la fonction et de l'intérêt de la France pendant une année, avant la prochaine dissolution ? En conclusion, donner les clés à un jeune premier de la classe qui n'avait aucun parcours politique (dans le sens du militantisme), aucun parti politique enraciné dans les territoires et aucun projet autre que celui du rêve chimérique de détruire l'existant, c'était assurément donner un gros jouet à un enfant gâté. Il l'a fracassé.
Contraints de quitter la moitié nord de la bande de Gaza sous la menace de l’offensive terrestre de l’armée israélienne, les Palestiniens ne disposent pas des moyens de subsistance les plus élémentaires.
En pleurs, la directrice de l’école de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, ne trouve pas les mots faire comprendre le chaos. Alors elle se contente de convoquer un chiffre : 15 000 réfugiés palestiniens ont trouvé asile dans son seul établissement en l’espace de 24 heures.
Tous sont partis dans l’extrême urgence, sans provisions, du nord de l’enclave palestinienne. Tous ont fui l’offensive terrestre imminente de l’armée israélienne. Très vite, le chiffre est monté à 22 000, et d’autres arrivent encore.
Au bout de la détresse
Impossible de faire face, alors que 1,1 million de personnes vivent dans la partie nord du territoire. « Je suis la responsable de ce centre de mise à l’abri, et je ne peux rien leur offrir, ni eau, ni nourriture », se désespère-t-elle, gilet bleu de l’UNRWA (l’agence de l’ONU chargée des réfugiés palestiniens) sur le dos. « S’il vous plaît, je vous en supplie, sauvez Gaza. Il meurt, il meurt, il meurt », lance-t-elle dans son SOS via une vidéo diffusée en ligne samedi soir.
Son cri témoigne de l’aggravation d’une situation déjà intenable, depuis l’ordre lancé vendredi 13 octobre par l’armée israélienne d’évacuer « tous les civils de la ville de Gaza de leurs domiciles vers le Sud, pour leur propre sécurité et protection ». Dimanche 15 octobre, sous la pression de cet ultimatum, le nombre de personnes déplacées a considérablement augmenté, atteignant le million, pour une population totale de 2,3 millions d’habitants.
La rivière Wadi Gaza sert de ligne de démarcation à cette injonction. Cela faisait peu de temps qu’au prix d’efforts titanesques des Palestiniens et de la communauté internationale, l’eau coulait de nouveau dans son lit. Le symbole de renaissance servira finalement de limite au sud de laquelle la population devrait être épargnée par les frappes et le déploiement des troupes dont l’objectif est de « liquider » le Hamas, organisation islamiste responsable de l’attaque sanglante lancée le 7 octobre contre Israël.
« Je me retrouve à remettre en question le silence du monde »
« On a l’impression que le droit à la vie a été éteint », résume Hussein Owda, père de famille délogé trois fois en une semaine par le déluge de bombes, avant d’atterrir lui aussi dans l’école de Khan Younès. De son appartement flambant neuf du quartier d’Al-Karama, dans la ville de Gaza, tout d’abord. Totalement pulvérisé. Ensuite de la maison voisine des parents de sa femme. « Par un miracle du sort, j’ai réussi à extraire ma voiture des décombres et nous nous sommes enfuis, notre pare-brise brisé, nos sièges couverts de verre brisé. » Enfin la famille a pris la route un peu plus au sud pour rejoindre un parent qui logeait déjà 13 autres ménages.
C’est à ce moment qu’est tombé l’ordre israélien, appuyé par l’intensification des frappes. « Notre survie, si nous pouvons l’appeler ainsi, signifie préserver nos signes vitaux, mais la question demeure : survivrons-nous réellement ?, s’interroge-t-il. J’ai toujours été contre la violence, aspirant à la paix et défendant l’humanité et les droits. Au milieu de cette immense impuissance et de cette injustice profondément enracinée, je me retrouve à remettre en question le silence du monde. »
Mourir bombardé ou assoiffé
Pour l’heure, l’Égypte, seule voie de sortie vers le sud, via le poste frontière de Rafah, freine autant qu’elle peut l’accueil de camps de réfugiés dans le Sinaï. Le Caire place tous ses efforts diplomatiques dans l’acheminement de l’aide humanitaire internationale, non garanti à ce stade par Israël, qui exerce un « blocus total » sur la bande de Gaza. Le président Abdel Fattah Al Sissi propose d’organiser prochainement un « sommet régional et international sur l’avenir de la cause palestinienne », mais refuse « le déplacement de populations qui vise à en finir avec la cause palestinienne aux dépens des pays voisins ».
À Khan Younès, le plus extrême dénuement pousse certains à envisager l’impensable, témoigne Monther Shoblaq, directeur général du plus important service des eaux du territoire palestinien, dont la structure ne fonctionne plus depuis six jours. Tout le monde n’a pas eu la chance, comme lui, de rejoindre une maison familiale. « Une majorité de la population a décidé de rester dans la ville de Gaza et ailleurs dans le Nord. Pire, certains, arrivés jusqu’ici, envisagent même d’y retourner. » Dimanche après-midi, la Maison-Blanche affirmait qu’Israël lui avait annoncé le rétablissement de l’eau dans le sud de Gaza.
Les anges ne meurent pas Repose en paix Razane Ziad Medoukh
Les haineux ont tiré sur ton cœur blanc Ils ont touché ton corps fragile Ils ont atteint ton visage enfantin Ta robe blanche devient rouge et ensanglante Toi l’infirmière ambulancière volontaire Toi qui soignait les blessés sur les frontières Toi, tu n’avais jamais peur de leurs balles réelles Toi la secouriste sans fatigue Toi, l’engagée pour ta cause juste Toi, la pacifiste sans haine Toi l’humaniste par excellence Toi, la voix des opprimés Toi, qui sauvait les vies bénévolement Toi, la lune de notre retour Toi, la force et le courage de la jeunesse déterminée Toi, la dignité de tout un peuple Aux larmes dans tes obsèques Ton enterrement est un honneur pour ton combat Un grand hommage pour ton soutien aux blessés Les ennemis de la vie ont abattu une ange sur terre Silence, on tue les infirmières à Gaza ! Silence, on assassine les innocents de Gaza ! L’injustice se poursuit ! Ton sourire est résistance Ton rêve inachevé est combat Ton courage est un défi du blocus immortel Tes mains douces sont révolution Ta patience est liberté Ta colère est droit Ton aide aux blessés est un cri légitime contre l’injustice Ton assassinat est une honte pour cette occupation aveugle Ta mort est une honte pour ces instances officielles Ta disparition est une honte pour ce monde qui se dit libre Ton départ est une perte pour Gaza et pour les braves solidaires Mais ces occupants aveugles n’apprennent rien de l’histoire : Ces criminels de guerre ne connaissent rien de cette réalité : On n’enterre pas la lumière éternelle Ils ont oublié que les anges ne meurent pas Repose en paix Razane Toi, force , ténacité , et espoir pour la Palestine ! Toi, la colombe de la paix palestinienne !
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ZIAD MEDOUKH
Razane Al Naijar , infirmière palestinienne de 21 ans, lâchement exécutée le 1er Juin 2018 d'une balle dans le coeur par une tueuse sioniste, originaire de Boston, servant dans la force de défense israélienne (Fdi) ...!
Ziad Medoukh est un professeur de français, écrivain et poète palestinien d’expression française. Titulaire d’un doctorat en sciences du langage de l’Université de Paris VIII, il est responsable du département de français de l’Université al-Aqsa de Gaza et coordinateur du Centre de la paix de cette université. Il est l’auteur de nombreuses publications concernant la Palestine, et la bande de Gaza en particulier, ainsi que la non-violence comme forme de résistance. Il a notamment publié en 2012 Gaza, Terre des oubliés, Terre des vivants, un recueil de poésies sur sa ville natale et son amour de la patrie. Ziad Medoukh a été fait chevalier de l’ordre des Palmes académiques de la République française en 2011. Il est le premier citoyen palestinien à obtenir cette distinction. En 2014, Ziad Medoukh a été nommé ambassadeur par le Cercle universel des ambassadeurs de la paix. Il a remporté le premier prix du concours Europoésie en 2014 et le prix de la poésie francophone pour ses œuvres poétiques en 2015.
Voici son dernier message datant du 14/10/2023
" Bonsoir de Gaza
Il est 21h ce samedi 14 octobre 2023
Situation dramatique et tragique à Gaza
Cet après-midi j'ai évacué ma femme et mes enfants au sud de la bande de Gaza
Moi, j'ai décidé de rester chez moi
Dans des conditions humanitaires insupportable malgré les menaces israéliennes de commencer une opération terrestre ce soir.
Un choix très difficile, mais au moins sauver ou essayer de sauver des âmes, car personne n'est à l'abri à Gaza.
Je vous écris ce petit message pour vous dire que je tiens bon pour le moment
C'est vrai mon coeur saigne car je suis séparé de ma famille, et je suis horrifié par ces bombardements et ces attaques sanglantes
Mais je ne vous cache pas : résister à Gaza chez-moi face aux menaces, la peur et l'angoisse est un honneur, une dignité et une vie.
Priez pour moi, pour nous tous à Gaza
Pardonnez moi
Je vous aime tous
Ziad, le simple citoyen palestinien de Gaza, l'optimiste et le digne. "
LaLa guerre entre Israël et le Hamas pourrait très bientôt entrer dans une troisième phase. Après les attaques terroristes perpétrées par la branche armée de l’organisation palestinienne le 7 octobre, puis les bombardements et le siège de la bande de Gaza menés en représailles, Tsahal pourrait passer à l’offensive terrestre.
C’est ce que laissaient présager les messages intimant aux Gazaoui·es de fuir vers le sud ainsi que les images de chars massés à la frontière entre Israël et l’enclave palestinienne. C’est ce que semblent confirmer les déclarations, samedi 14 octobre en fin de journée, de l’armée israélienne, qui a dit se préparer à une vaste campagne à Gaza incluant une « attaque intégrée et coordonnée par voie aérienne, maritime et terrestre ».
Les troupes israéliennes ont déjà envahi à deux reprises la bande de Gaza : en 2009 lors de la deuxième phase de l’opération « Plomb durci », puis en 2014 lors de l’opération « Bordure protectrice ». Dans le premier cas, elles y avaient combattu durant quinze jours ; dans le second cas, pendant dix-neuf jours. Les deux avaient conduit à des milliers de morts palestiniens et des dizaines de morts israéliens.
L’offensive en préparation pourrait être d’une tout autre ampleur. Israël aurait massé environ 400 000 soldats et plus de 300 chars pour cette opération, dénombre John Spencer, titulaire de la chaire d’études sur la guerre urbaine du Modern War Institute (MWI) de l’académie militaire de West Point, aux États-Unis.
La géographie des lieux, la nature des combats, la détermination et le degré de préparation des combattants du Hamas, mais également l’enjeu des victimes civiles palestiniennes et celui des otages israélien·nes sans doute détenu·es à Gaza font que si elle était effectivement décidée, cette opération terrestre représenterait pour les troupes israéliennes « le plus grand défi de leur vie », assure John Spencer, lui-même ancien officier d’infanterie.
Arsenal important du Hamas
Première question déterminante : celle des armes dont disposent les combattants qui se trouvent à Gaza.
Les attaques menées par la branche armée du Hamas le 7 octobre dernier ont démontré que l’organisation était parvenue, en dépit des blocus de la bande de Gaza, à accumuler un très important arsenal de roquettes et de missiles afin d’attaquer des cibles se trouvant à des dizaines de kilomètres, sur le territoire israélien. Dès les premières heures de son attaque, le Hamas a revendiqué avoir tiré une première salve de 3 000 roquettes (l’armée israélienne évoquant pour sa part un chiffre, relativement proche, de 2 500). D’autres salves ont eu lieu depuis.
À l’issue de la guerre qui avait opposé Israël au Hamas en avril et mai 2021, des officiers israéliens estimaient que l’organisation disposait encore d’environ 8 000 roquettes. Elle a eu deux ans et demi pour compléter son arsenal.
Même si conduire des frappes à distance contre des villes israéliennes est très différent de faire face à une offensive terrestre en milieu urbain, une partie de cet important stock pourrait tout de même être utilisé en cas d’incursion de Tsahal à Gaza. Ces roquettes pourraient servir, en particulier, à frapper des postes de commandement et d’autres points de rassemblement de troupes et de matériel à l’arrière du dispositif israélien.
Et ces derniers seront probablement nombreux : étant donné le nombre de soldats qui pourraient entrer dans Gaza, Tsahal devra nécessairement organiser « un soutien arrière massif et des zones de transit », note le site spécialisé The Drive. Or ces zones « seront remplies de carburant et de munitions explosives, ce qui en fera des cibles particulièrement intéressantes » pour ses adversaires.
Israël compte certainement sur son système de défense aérien (le fameux « Dôme de fer ») pour se prémunir de telles attaques, mais celui-ci a ses limites, comme les événements du 7 octobre l’ont démontré.
L’organisation semble avoir, là encore, l’arsenal adapté. Elle disposait déjà, lors de l’opération israélienne « Bordure protectrice » de 2014, de nombreuses armes antichar incluant des missiles antichar russes Malioutka et Kornet, et des lance-roquettes RPG-29, relativement modernes et très faciles à déplacer.
Ces armes peuvent singulièrement compliquer les manœuvres des soldats cherchant à progresser en milieu urbain. « Lors de la bataille de Marioupol [en Ukraine]en 2022, quelques milliers de défenseurs ont utilisé des lance-missiles Kornet, NLAW et Javelin, ainsi que d’autres missiles antichar pour détruire de nombreux véhicules russes », parvenant, malgré leurs effectifs réduits, à « retenir plus de 12 000 soldats russes et finalement tenir leur ville pendant plus de quatre-vingt jours », rappelle John Spencer, de l’académie militaire de West Point, dans un article récent.
Combattre dans des ruines, une difficulté supplémentaire pour Tsahal
Ces batailles en milieu urbain sont, historiquement, extrêmement éprouvantes, tant pour les assaillants que pour les combattants retranchés. « Vous ne pouvez pas vous reposer, il y a une pollution sonore permanente, des bruits, les ruines partout, des difficultés à se ravitailler, à manger, boire de l’eau potable. C’est un combat sans repos », rappelle l’historien militaire – et chroniqueur chez Mediapart – Cédric Mas. Il s’agit probablement de l’un des facteurs expliquant qu’Israël ait appelé des centaines de milliers de réservistes – afin de permettre des rotations régulières de soldats se fatiguant rapidement.
D’autant que la forme des probables combats à venir – une opération dite de « contre-insurrection » – sera au désavantage de Tsahal. « C’est la configuration la plus compliquée » pour des armées régulières, pointe Cédric Mas. « Les villes sont un terrain difficile qui agit comme un égalisateur de puissance : les armées régulières perdent leur avantage », analyse notre chroniqueur, qui convoque à l’appui plusieurs exemples historiques. « Très peu d’opérations de contre-insurrection en milieu urbain ont réussi. Et quand elles ont réussi, cela a toujours été avec un coût humain très lourd pour les civils – qu’on pense à la deuxième bataille de Falloujah [en 2004], à la reconquête de Mossoul [en 2016-2017] ou encore à la reconquête de Saïgon après l’offensive du Têt. »
Outre les roquettes et les armes antichar du Hamas, les unités israéliennes qui pénétreront dans la bande de Gaza ont toutes les chances d’être également ciblées par des embuscades, des snipers, des engins explosifs improvisés et des attaques kamikazes.
La campagne de bombardement de Gaza déjà en cours devrait, de ce point de vue, encore compliquer la tâche de l’armée israélienne. « Cela a été expérimentépendant la guerre d’Espagne,lors de la bataille deStalingrad et ailleurs : quand vous faites des ruines, vous faites autant d’abris supplémentaires pour les défenseurs [de la ville]. Prendre des ruines est encore plus difficile que prendre des bâtiments qui sont sur pied », rappelle Cédric Mas.
Jeudi 12 octobre, les forces armées israéliennes ont annoncé avoir largué 6 000 bombes en cinq jours sur la bande de Gaza. Ce déluge de feu s’est poursuivi depuis. Les décombres, gravats, carcasses de voitures et autres objets jonchant le sol après les bombardements pourraient se transformer en terrain propice pour dissimuler pièges chargés d’explosifs et autres mines.
Guerre largement souterraine
Autre particularité, sans doute déterminante, de la bataille qui s’annonce : le sous-sol de Gaza est parcouru de centaines de tunnels, s’étendant sur des dizaines de kilomètres. Le réseau qu’ils constituent, jalonné de bunkers, est tellement élaboré qu’il est parfois surnommé « le métro de Gaza ».
À la différence des tunnels utilisés pour pénétrer sur le territoire israélien – qui ne servent généralement qu’une fois –, ceux s’étirant sous la bande de Gaza sont fortifiés, mieux équipés et probablement plus adaptés à une présence prolongée.
Ce réseau pourra servir doublement aux combattants du Hamas : à des fins offensives, « pour manœuvrer les attaquants sous terre, et pour rester à la fois cachés et protégés afin de mener des attaques surprises », et à des fins défensives, « pour se déplacer entre les positions de combat afin d’éviter la puissance de feu de Tsahal et ses forces au sol », prédit John Spencer.
Combattre sous terre a des implications très concrètes. Outre que les soldats n’y sont pas libres de leurs mouvements et qu’ils s’exposent à de possibles guet-apens, ils ne peuvent par définition pas y disposer d’appui aérien, et les communications y sont très limitées.
Cette configuration rappelle la bataille de Mossoul, en 2017. La reprise de la ville, sous laquelle l’État islamique avait également creusé de nombreux tunnels, avait pris neuf mois et mobilisé plus de 100 000 soldats irakiens. À un prix humain et matériel extrêmement élevé : à l’issue de la bataille, la ville n’était quasiment plus que ruines.
Le Hamas a eu tout le temps nécessaire pour piéger l’ensemble du réseau [de tunnels souterrains].
Daphné Richemond-Barak, enseignante et spécialiste de la guerre en milieu souterrain
« Les dirigeants [du Hamas] s’y cachent, ils y ont des centres de commandement, les utilisent pour le transport et pour leurs communications. Ils sont électrifiés, éclairés et disposent de voies ferrées »,détaille Daphné Richemond-Barak, enseignante à l’université privée Reichman de Herzliya (Israël) et autrice d’un livre sur la guerre en milieu souterrain (Underground Warfare, Oxford University Press, 2018).
Elle émet plusieurs hypothèses sur ce qui pourrait attendre les militaires israéliens qui tenteraient d’y entrer. « Le Hamas a eu tout le temps nécessaire pour piéger l’ensemble du réseau.Il pourrait simplement laisser les soldats pénétrer dans le réseau de tunnels puis tout faire sauter », avance-t-elle, ou encore « kidnapper [les soldats lors d’attaques surprises] ».
Ce réseau de tunnels servira-t-il uniquement au Hamas à des fins militaires ou ses bunkers pourraient-ils également constituer des abris pour les civils palestiniens ? Cela reste à déterminer. Dans une vidéo mise en ligne le 12 octobre, un porte-parole des forces armées israéliennes assure que « ce ne sont pas des bunkers pour les civils de Gaza ; c’est uniquement fait pour permettre au Hamas et aux autres terroristes de continuer de tirer des roquettes vers Israël ». La réalité pourrait être plus complexe, avec un Hamas qui pourrait laisser des civils y entrer par endroits, non pas pour les protéger mais afin de compliquer encore la tâche des soldats israéliens qui voudraient détruire ces tunnels.
Armes dystopiques et bataille « terriblement meurtrière »
Pour se frayer un chemin dans ce dédale souterrain, et plus globalement dans ce milieu urbain très dense et jalonné de pièges, les forces armées israéliennes pourraient également utiliser leurs technologies les plus sophistiquées en matière de drones et de robots. Tsahal disposerait en effet de petits véhicules sans pilote utilisés pour les repérages et de drones conçus pour se déplacer (et même tuer, si l’on en croit certains clips promotionnels dystopiques) à l’intérieur de bâtiments.
Des explosifs spécifiques, dits « anti-bunker » (« bunker buster » en anglais), permettent théoriquement de détruire des cibles souterraines. Ils sont conçus pour s’enterrer profondément dans le sol avant d’exploser – les modèles les plus récents allant théoriquement jusqu’à 30 mètres sous terre. Ce type de bombe cause des dégâts massifs, risquant en particulier de faire exploser les fondations d’habitations alentour, avec un risque de dégâts civils particulièrement élevé en milieu urbain. Israël a acheté des bombes de ce type, de modèle GBU-28, aux États-Unis dès 2005. Ses forces armées les ont déjà utilisées dans la ville de Rafa, au sud de Gaza, en 2009.
« Dans tous les cas, cela sera terriblement meurtrier », prédit Cédric Mas. L’historien relève que l’issue de cette bataille ne sera pas qu’une question de victoire ou de défaite militaire. « Une guerre des images va se jouer, dans les perceptions des opinions internationales, et plus [l’offensive israélienne à Gaza] va durer, plus il risque d’y avoir d’images qui vont annihiler l’horreur des crimes du Hamas et rendre l’opération contre-productive. Parfois, certains succès militaires sont des défaites politiques. »
Message d’un groupe d’étudiants du Département de français de l’université Al-Aqsa de Gaza, à l’adresse du Président E. Macron.
Monsieur le Président de la République française,
Nous, Palestiniens de Gaza de tous sexes et de tous âges, avons vécu et vivons encore, une vie d’esclaves et d’opprimés sous l’occupation israélienne. Cette occupation qui massacre et bombarde aveuglément les civils palestiniens, petits et grands, jeunes ou vieux, femmes ou enfants sans distinction aucune, ne cesse d’opprimer notre peuple, nous Palestiniens. La souffrance du peuple palestinien n’a pas cessé depuis les 3 grandes offensives militaires israéliennes entre 2008 -2014. Elles ont fait des milliers de victimes innocentes, elles n’ont pas été sanctionnées et 2 millions d’habitants vivent dans une grande prison à ciel ouvert à cause du blocus imposé par Israël depuis 13 ans et sans que cela ne pose de problème à la communauté européenne et mondiale.
Mais surtout à vous, Monsieur le Président de la France. La France, le pays des droits de l’homme. Mais où sont les droits de l’homme pour nous les Palestiniens ? Où sont les droits de l’homme quand Israël occupe illégalement nos terres et tue nos femmes et nos enfants ? Malheureusement, aujourd’hui, Israël continue ses crimes contre Gaza et son peuple et ne respecte aucune des résolutions de l’ONU. Israël avec ses gouvernements précédents et actuels, se proclame seul Etat démocratique dans la région. Mais ce n’est pas la réalité. Israël est un état d’apartheid, un Etat criminel envers le peuple palestinien.
Monsieur le Président de la république françaises, est-ce que ce n’est pas le moment pour la France, l’Etat des droits de l’homme, d’adopter une position claire face à ce qui se passe en Palestine ? Est-ce que ce n’est pas le temps d’une intervention française pour mettre fin au terrorisme israélien et au génocide du peuple palestinien ?
La France doit cesser de fermer les yeux et faire honneur à ses valeurs et à ce qui a fait la grandeur de votre pays pour prendre une décision radicale face à Israël ! Le peuple Palestinien ne demande qu’une protection internationale, et la vôtre en l’occurrence ! Nous ne voulons pas d’une intervention militaire comme vous l’avez faite au Mali et en Libye. Nous vous demandons seulement de nous protéger et de sauver nos âmes de ce terrorisme israélien. Ne nous tournez pas le dos, Monsieur le Président. Prenez vos responsabilités en ayant le courage d’imposer à Israël l’arrêt total de ce génocide.
Marcel Khalifé (1950, Amchit, Mont-Liban) est un compositeur, chanteur et oudiste libanais, particulièrement connu pour ses interprétations de poèmes de Mahmoud Darwish, palestinien et figure incontournable de la poésie arabe contemporaine. Parmi ses interprétations, » Rita et le fusil » (ريتا و البندقية) est sûrement l’une des plus poignantes : le poème revient sur l’histoire d’amour (tragique?) qu’aurait vécu le jeune Darwish, musulman palestinien, avec Rita, une juive israëlienne…
« Entre Rita et mes yeux, un fusil Et celui qui connaît Rita se prosterne Et adresse une prière à la divinité qui rayonne dans ses yeux de miel Moi, j’ai embrassé Rita quand elle était petite Je me rappelle comment elle se colla contre moi Et de sa plus belle tresse couvrit mon bras Et moi, je me rappelle Rita Ainsi qu’un moineau se rappelle son étang Ah Rita! Entre nous, mille oiseaux, mille images D’innombrables rendez-vous criblés de balles par un fusil Le nom de Rita prenait dans ma bouche un goût de fête Le corps de Rita dans mon sang était célébration de noces Et deux ans durant, je me suis perdue dans Rita Et deux ans durant, Rita a dormi sur mon bras Nous prêtâmes serment autour du plus beau calice, nous brulâmes dans le vin de (nos) lèvres et nous ressuscitâmes. Ah Rita! Qu’est-ce qui aurait pu éloigner mes yeux des tiens, Hormis le sommeil et les nuages couleur de miel, avant ce fusil ? Il était une fois Ô silence du crépuscule Au matin, ma lune a émigré, loin dans ces yeux couleur de miel Et la ville a balayé tous les aèdes…et Rita. Entre Rita et mes yeux, un fusil. »
Romantique avant tout, Darwich n’a jamais eu pour ambition d’être la voix du nationalisme arabe. Lui voulait être un poète de l’amour. La mystérieuse Rita, dont le nom a fait le tour du monde arabe grâce à Marcel Khalifé, est évoquée dès les premiers recueils (La Fin de la nuit, Les oiseaux meurent en Galilée…). En 1995, Darwich raconte enfin l’histoire de cette danseuse juive (nommée Tamar dans la réalité), rencontrée autrefois au bal du Parti communiste israélien, dont il était adhérent. La guerre des Six-Jours (1967) aura eu raison de leur intense idylle… « Entre Rita et mes yeux : un fusil. Et celui qui connaît Rita se prosterne. Adresse une prière. A la divinité qui rayonne dans ses yeux de miel. » Rita incarne l’amour impossible. A travers elle, Darwich, toujours très métaphorique, pleurait à la fois la femm
A l’Institut du monde arabe (Paris 5e), De pierre et de thym, par la compagnie Du grain à moudre. Lecture du poème de Mahmoud Darwich Ahmad Zaatar.
Photo : Claire Lenormand
L’absente
Opéré trois fois du cœur, Mahmoud Darwich avait pressenti sa mort. De Murale (2003) à Présente Absence (2006), son septième et avant-dernier recueil, il entame un dialogue intime avec elle. L’absente est cette mort qu’il tente d’apprivoiser. C’est aussi l’exilé, le déraciné, l’ami assassiné, l’impossible patrie, dont l’absence, au quotidien, fait présence. S’adressant dans Présente Absence à son moi à différents âges, Darwich fait le bilan poétique d’une vie d’errance et d’espoir : une sorte de testament, publié deux ans avant sa mort. Ecrits dans une prose magnifique (ce qui reste exceptionnel dans son œuvre), ces trente et un poèmes constituent une véritable élégie, entre fragments de mémoire vive et douloureuse mélancolie.
Yasser Arafat, Mahmoud Darwich et Georges Habache en Syrie vers 1980
Mahmoud Darwish - Algerie 1983 محمود درويش في الجزائر
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