Published date: Dimanche 16 octobre 2022 - 11:26 | Last update:5 hours 29 secs ago
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Le drame a choqué toute l’Algérie. Le 26 septembre, en Kabylie, Ryma Anane, 28 ans, enseignante de français, a été attaquée par son voisin alors qu’elle s’apprêtait à prendre le bus pour aller à son travail. Il l’a aspergée d’essence et brûlée vive à l’aide d’un briquet.
La nouvelle s’est répandue très vite sur les réseaux sociaux. Selon des sources locales, l’agresseur a fini par se rendre à la police quelques heures après l’attaque. D’après ses aveux, il aurait agi ainsi parce que la jeune femme avait refusé de se marier avec lui et choisi un autre futur époux.
« Son dos et son cou en flammes, Ryma s’empresse d’aller chercher de l’aide. Arrivée chez elle, elle s’effondre, et bredouille quelques mots : ‘’Il a brûlé mon avenir !’’ », rapporte le site d’information TSA.
Après son transfert à l’hôpital de Tizi Ouzou (Kabylie), les médecins ont jugé que son état nécessitait une prise en charge rapide à l’étranger au regard de la gravité des brûlures (60 % de son corps).
Rapidement, la solidarité s’est organisée à travers les réseaux sociaux et une cagnotte a été lancée pour payer les frais d’un transfert en Europe.
« La famille s’est d’abord tournée vers l’hôpital Saint-Louis à Paris, connu pour son expertise des grands brûlés. D’après le devis consulté par France 24, l’hôpital demandait plus de 316 000 euros pour 70 jours d’hospitalisation en réanimation », relate France 24.
Mais l’établissement n’a pas accepté l’échelonnement de la facture. « Qui peut faire ça ? Cela a retardé la prise en charge de Ryma à l’étranger. Et pendant ces quelques jours, elle aurait pu y passer », témoigne toujours sur France 24 un ami de la victime.
Faute d’avoir pu obtenir un visa pour la France, l’entourage de Ryma s’est tourné vers l’Espagne, qui a accepté de lui en délivrer un. Et grâce à une société d’assistance médicale, ADM international, la famille a pu trouver un hôpital à Madrid qui proposait un devis moins onéreux, avec par ailleurs la possibilité de payer par tranches.
Ryma a donc été transférée en Espagne par avion médicalisé grâce aux efforts de ses proches et des nombreux donateurs en Algérie et à l’étranger. Selon les dernières informations, son état se serait stabilisé.
La cellule de veille indépendante Féminicides Algérie relève qu’une jeune femme, mère de quatre enfants, a été assassinée, brûlée vive, par son époux le 16 avril 2022. Depuis le début de l’année, 32 cas de féminicides ont été recensés par les militantes.
Par
MEE
Published date: Dimanche 16 octobre 2022 - 11:26 | Last update:5 hours 29 secs ago
Celui qui ne distingue pas le sinus du cosinus a tendance à prendre la tangente. On se dit alors qu’il est sur la mauvaise pente. Il n’a pas trouvé le sens de l’histoire. Il ne s’est pas retrouvé parce qu’il a cherché une échappatoire. Tout vire au noir, quand on a du mal à reconnaître sa défaite ou à connaître la victoire. L’Amérique, l’Amérique… je veux l’avoir et je l’aurais… disait Joe Dassin… comme pour exprimer en amont le plus vieux dessein des sots : être, devenir, rester le plus fort. Et à chaque nouvelle élection, et à chaque nouvelle érection, on retrouve toujours la même tentation : Qu’on ne peut rien entreprendre de grand, si on ne commence pas par se prendre pour Jupiter, pour goûter ou dégoûter du sel de la terre… Ainsi va… Ainsi vont… (Trump aujourd’hui et demain Macron)… Ainsi vont tous les enfants qui croient pouvoir devenir tous puissants… Pire, plus puissants que le tout puissant… des répliques de Dieu. Ce ne sont que des fragments de ce qui demeure dans le firmament : des semblants d’être qui finissent un jour ou l’autre par comprendre que l’être ne fait pas semblant… il est le même que lui-même, dirait Platon ou Plotin… Et plus ça change et moins il y a de changement… Après Trump, le débile désaxé, ce sera Joe… le taxé de sénile… l’Amérique avait 7 ans d’âge mental, la revoilà à 77 ans, pour prétendre au même idéal : Refaire l’histoire. Sans y renoncer, il aurait fallu changer d’idéal. Cesser de donner des leçons et apprendre à en recevoir… c’est tout le sens de son histoire, de Ben Laden à Joe Biden, qu’elle va devoir revoir… un petit coup de main d’Alzheimer… et la pilule qu’elle nous fera avaler sera sans doute moins amère… puisqu’on sait désormais ce que c’est qu’un Looser…C’est quelqu’un qui se prend ou s’est pris pour un winner.
C kompliké -:)
Incendies criminels en Algérie: 2 morts et des évacuations
Des feux de forêt d’origine criminelle ont fait deux morts à Tipasa, célèbre site archéologique à l’ouest d’Alger, et entraîné l’évacuation de dizaines d’habitants, alors que plusieurs incendies se sont déclarés dans le nord du pays, selon les autorités algériennes.
Selon le Premier ministre Abdelaziz Djerad, ces feux de forêt “ne laissent aucun doute sur leur caractère criminel”.
“Les incendies meurtriers ont des conséquences écologiques désastreuses, à l’instar de la déforestation, la destruction du couvert végétal, l’effondrement de la biodiversité ou encore l’assèchement des sols, la diminution des ressources en eau et la pollution de l’air”, a déploré M. Djerad.
Les deux victimes se sont retrouvés encerclés par des flammes alors qu’elles se trouvaient dans un poulailler, a précisé à l’AFP le colonel Farouk Achour, directeur de l’information de la Protection civile.
Au moins 25 habitants ont dû être évacués.
Les feux de forêts dans la préfecture de Tipasa ont été maîtrisés en fin de journée, a indiqué à l’AFP le colonel Farouk Achour, directeur de l’information de la Protection civile.
Eloigné des principaux foyers du sinistre, le célèbre site archéologique de Tipasa — qui abrite d’importantes ruines romaines et qui a été chanté par le prix Nobel de littérature Albert Camus — a été épargné par les flammes.
Les médias ont fait état de l’arrestation de plusieurs pyromanes pendant l’été.
Plusieurs incendies ont été localisés ces dernières 24 heures dans 10 wilayas (préfectures) du nord du pays.
Plus de 800 hectares ont été détruits par les feux, selon un bilan provisoire de la Protection civile.
En septembre, la préfecture de Tipasa avait annoncé avoir subi, durant l’été 2020, son “plus lourd bilan” de dégâts occasionnés par des feux de forêts depuis 2010, avec des pertes estimées à près de 900 hectares de végétation.
Plus grand pays d’Afrique, l’Algérie ne compte que 4,1 millions d’hectares de forêts, avec un maigre taux de reboisement de 1,76%.
Chaque année le pays est touché par des feux de forêt. En 2019, 21.048 hectares sont partis en fumée entre le 1er juin et le 31 octobre.
Des incendies de forêts se sont déclenchés hier vendredi dans plusieurs wilayas du centre et de l’ouest de l'Algérie.
À Tipaza (Nord-Ouest), deux personnes encerclées par les feux n’ont pas pu être sauvés par les pompiers déployés pour lutter contre les incendies. Elles sont décédées, selon la Protection civile.
Trois familles de 15 personnes ont été évacuées dans un camp de Naftal et dix personnes ont été sauvées de l’asphyxie par la fumée dégagée par les flammes à Gourara (nord), selon la même source.
Le monde est devenu un grand hôpital psychiatrique où les fous se promènent en liberté… Chaque pays a élu son chef : le Roi des fous. Et pour ne pas que les rois s’ennuient, on leur donne des jouets : des petits soldats, des camions et des canons. Et les rois des fous du monde entier comparent leurs jouets. – Tu as vu mon sous-marin ? – Et toi, tu as vu mon canon comme il tire bien ? Tous les soirs, ils jouent très tard… ils font la bombe. Ils poussent leurs petits soldats qui tombent sous les balles… Quand il n’y en a plus, on les remplace… Et puis les rois des fous échangent leurs jouets : – J’te prête mon pétrole, mais toi tu me passes ta bombe à neutrons. – D’accord, file-moi ton uranium et j’te donnerai mes petits camions de soldats.
Et puis, il y a des rois qui n’ont rien à échanger : ils n’ont pas de jouets, même pas de quoi manger… A quatre heures, ils ont droit à un petit goûter à partager en trois… Ils vivent au tiers… c’est le tiers-monde… Ils traînent derrière eux, au bout d’une ficelle, un lapin qui joue du tambour ou une brosse à dents… Et en les voyant passer, les rois des fous du monde entier leur jettent pour s’amuser, des petits noyaux d’olive nucléaire…
Et puis de temps en temps, il arrive un docteur qui veut soigner les fous… on l’appelle : Prix Nobel de la paix ! On lui met une grosse médaille sur le cœur qui brille au soleil pour qu’on voit bien l’endroit où il faut tirer pour le tuer… et la vie continue !
Les rois des fous du monde entier s’entourent de débiles qu’ils choisissent eux-mêmes : le premier débile, le débile des finances, le débile des armées, ça s’appelle un gouvernement. Et dans le monde entier, les débiles donnent des conseils aux rois des fous pour gouverner les Cons… et les Cons… cherchez pas, c’est toujours nous… !
Mais si les cons du monde entier voulaient se donner la main, on obligerait les fous à casser leurs jouets, leurs chars, leurs canons, leurs avions, et nous pourrions enfin nous promener en paix sur les jardins de la terre qui sont si jolis quand on n’y fait pas la guerre.
55EME ANNIVERSAIRE DE SON ENLÈVEMENT ET DE SA DISPARITION
Le 29 octobre prochain marquera le cinquante-cinquième anniversaire de l'enlèvement et la disparition de Mehdi Ben Barka.
Comme chaque année, cette date est l’occasion pour une large mobilisation afin qu'éclate la vérité sur son sort, et pour dénoncer la persistance de la raison d'Etat(s) qui continue d’étouffer l'action de la justice. Cette année, en raison de la crise sanitaire et des contraintes qu’elle engendre sur les activités publiques, nous avons été amenés à ne pas organiser l’habituel rassemblement devant la brasserie Lipp le 29 octobre prochain. Nous mesurons et partageons pleinement votre déception et la frustration de ne pas se retrouver ensemble comme chaque année depuis près de 35 ans à ce rendez-vous pour la vérité, la mémoire et la justice. Malgré ce contre-temps, notre combat continue sous d’autres formes avec la même détermination et le même engagement. L’INSTITUT MEHDI BEN BARKA – MEMOIRE VIVANTE et le SNES - FSU
Pour que cessent les raisons d’Etats, pour faire échec à l’organisation de l’oubli et de l’impunité, nous, signataires, exigeons ➢ La levée du secret-défense sur les documents des services secrets relatifs à l’enlèvement et la disparition de Mehdi Ben Barka. ➢ La pleine coopération des autorités marocaines à l’action de la justice
Avec le soutien de :(Premières signatures) Association des Marocains en France (AMF) ; Association des Travailleurs Maghrébins en France (ATMF) ; Association de Défense des Droits de l’Homme au Maroc (ASDHOM) ; Forum Marocain pour la Vérité et la Justice (FMVJ-France) ; Association de parents et amis de disparus au Maroc (APADM) ; Association des Marocains de Belgique pour les Droits de l’Homme (AMBDH) ; Association Marocaine des Droits Humains (AMDH Paris/IDF) ; Fédération Euro-méditerranéenne contre les disparitions forcées (FEMED) ; Parti socialiste unifié (PSU-Maroc) ; La Voie démocratique – Europe ; Parti de l’avant-garde démocratique et socialiste (PADS-Europe) ; Union socialiste des forces populaires-France (USFP-France) ; Association Mémoire Vérité Justice France (MVJ-France) ; Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples (MRAP) ; Sortir du colonialisme ; Association Française d’Amitié et de Solidarité avec les Peuples d’Afrique (AFASPA) ; Agir pour le changement et la démocratie en Algérie (ACDA) ; Fondation Frantz Fanon ; Ligue des Droits de l’Homme (LDH) ; Association Josette et Maurice Audin ; Collectif Faty KOUMBA (Association des Libertés, Droits de l'homme et Non-Violence) ; Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires (FUIQP) ; Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l'Homme en Tunisie (CRLDHT), Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives (FTCR Parti communiste français (PCF) ; Pour une écologie populaire et sociale (PEPS) ; Centre d'études et d'initiatives de solidarité internationale (CEDETIM) ; Collectif secret-défense : un enjeu démocratique Marseille en commun ; Association Arts et cultures des deux rives (ACDR) ; Manifeste des Libertés ; Assistance Conseil pour le Citoyen (ACC) ; Comité parisien pour la Vérité et la Justice pour Ustica
Lorsque j’écris que le Maroc contre la France, c’est le verbe « contrer » que j’utilise pour décrire la crise que nos deux pays traversent à travers l’affaire des caricatures. Le Maroc n’est pas la Turquie. Entre le Maroc et la France, le conflit n’est pas requis. Alors pourquoi le Maroc va-t-il à l’encontre de la France ? Pourquoi s’oppose-t-il au lyrisme, pour ne pas dire au cynisme de l’Etat Français ? Non que le Maroc soit devenu du jour au lendemain dogmatique ou fanatique mais c’est qu’il est resté ce qu’il a toujours été, respectueux. Préférant la sagesse à l’adresse des nations. Les droits de l’homme ne doivent pas faire abstraction des droits de l’autre homme, de celui qui partage ton pain mais pas forcément ton destin. Qu’est-ce que reproche le Maroc à la France de Macron ? C’est de fournir les grains à moudre à tous les fous de Dieu, d’attiser leur folie au lieu de la paralyser… d’être encore plus folle que les fous qu’elle prétend chasser ou mettre sous les verrous…
Macron s’est exprimé ouvertement pour la republication des caricatures du prophète… et le Maroc s’y oppose absolument, non pour infonder la liberté d’expression mais pour fonder le sens de l’altérité… ou le rappeler : Il n’y a pas que moi, il y a d’autres « moi », d’autres rois dont il faut respecter les droits. La liberté de caricaturer peut s’avérer in fine, la caricature de la liberté. Sa face sotte ou sa facette sombre. C’est futile et inutile d’offenser pour offenser ; La France évoque la liberté de blasphème avec ses anathèmes à répétition… Mais pour le Maroc c’est mal poser le problème… Car il ne s’agit pas là d’offenser Dieu, nul ne le peut mais de froisser des âmes qui ont une partie liée avec les cieux. Acte gratuit, geste odieux… La France est aveugle, la Maroc est lucide. Parce que l’une ne retient que son texte, alors que l’autre tient compte du contexte socio-politique, stratégique avant d’être spirituel ou métaphysique. Car il ne s’agit pas là de grimer quelques zonards mais de blesser deux milliards de musulmans. Pourquoi ? Pour prouver au café du commerce qu’on fait tout pour humilier la partie adverse. La France ne peut être libre que si elle laisse être libres tous ceux qui ne partagent pas son sens de la liberté. Pour elle, c’est la laïcité. Pour d’autres, c’est la spiritualité. Laquelle de ces deux valeurs est la plus digne de respect ? Laquelle est vraiment sacrée ? N’en déplaise a ceux qui l’abiment, l’islam est une sublime ascèse, qui ne peut qu’inciter les uns comme les autres à ne pas souffler sur les braises.
C’est le plus grand acteur du monde, il sait tout jouer, tout.
Un livre, un film pour saluer le monstre sacré.
C’est le plus grand acteur du monde. Il sait tout jouer, tout. Du loubard Jean-Claude, dans Les Valseuses, à Robert Taro, maire de Marseille, en passant par Danton, Rodin, Staline, Cyrano, Obélix, Marin Marais, l’abbé Donissan, etc. Plus de 220 films. Vertigineux. Il n’a aucune limite. Une scène est une scène, on la joue, voilà. Il ne faut pas être hanté par le personnage, sinon on va dans le mur. Jouer un suicidé ne signifie pas qu’il faille passer à l’acte. Il doit y avoir une sortie de secours.
Instinctif
Depardieu est un instinctif. Il sent. Il se moque d’analyser. Son corps ne le trahit jamais. Dans son nouveau livre, Ailleurs, il écrit : « Un bon acteur, c’est quelqu’un qui n’a pas peur. La peur a une odeur. Ça pue un acteur qui pense. » La peur qui nous domine, et nous empêche de vivre. Nous y sommes, au cœur de l’époque, avec des dirigeants politiques qui entretiennent au quotidien cette peur paralysante pour mieux nous asservir. C’est pour ça que Depardieu va voir ailleurs, pour échapper à ce qui gâche notre envie de vivre. Il se rend en Éthiopie, découvre un « pays merveilleux », où se résume « toute l’histoire de l’humanité ». Ce pays n’a jamais été colonisé. Les Italiens ont pourtant essayé, en vain. Depardieu : « Aucune greffe n’a pris. » L’acteur recherche un « Ailleurs proche de l’origine. » Il fustige la colonisation qui, sous prétexte de civiliser, a corrompu les hommes. Il s’en prend au passé colonial de la France. Il rappelle les monstruosités perpétrées en Algérie.
Il revient de la ville d’El Djamila, souligne sa beauté, les fruits et les légumes qui se développent sous le ciel bleu, « sans une merde de glyphosate dessus. » Les paysans connaissent tout, ils se souviennent des leçons de la nature. Il les admire. Comme il admire ceux de Tchétchénie, du Kazakhstan, ou encore d’Ouzbékistan. Mais il ne peut oublier que dans sa ville natale, Châteauroux, où il fut voyou, il a vu « des gamins revenir de la guerre avec des colliers d’oreilles d’Arabes ».
En attendant Des hommes de Lucas Belvaux
Depardieu refuse l’amnésie collective de la France. Début novembre sort le film Des hommes, de Lucas Belvaux, sur la guerre d’Algérie. Depardieu incarne Feu-de-Bois, un appelé, devenu sexagénaire raciste. De quoi en déranger plus d’un dans sa petite mort à crédit.
La France est vieille et se veut jeune. C’est terrible
L’acteur envoie un uppercut à la bien-pensance. Il est ami avec Poutine, il aime l’homme, connaît son passé, ses failles, ses douleurs. Il sait que sa mère a failli mourir sous les décombres, à Stalingrad, en 1943. Elle fut sauvée in extremis par le courage et l’amour de son mari.Depardieu, bourré, a chassé le lion avec Fidel Castro, il lui a donné la recette des rillettes au lapin. Il a passé des nuits entières à converser avec François Mitterrand, à l’Élysée. Le président lui avait conseillé de lire les mémoires de Casanova. Il n’a de compte à rendre à personne. Cet homme, dont la tête ressemble de plus en plus à l’immense écrivain Joseph Kessel, est furieusementlibre. Il dit ce qu’il pense et ses vérités sont salutaires. Comme ses coups de gueule dans un pays « cassé », proche du chaos, hors de l’Histoire. « La France est vieille. Très vieille, écrit-il. Elle pourrait profiter des leçons de son ancien temps. Mais non. La France est vieille et se veut jeune. C’est terrible. »
Un regard étrangement neuf
Sa curiosité demeure pourtant celle de l’enfant qu’il n’a jamais été. Sa quête est celle des prophètes. Il cherche la façon dont « la vie, la matière et l’énergie » sont liées. Il se méfie en revanche du pouvoir politique et des religions, qui « chacune prêche une idée d’une foi qui toutes les dépasse. » C’est un animal aux aguets dans la jungle des hommes. Il fuit ceux qui veulent dicter leur loi. Il déteste les écolos, par exemple, qui se foutent de sauver la planète. Il tempête : « Ce sont des inquisiteurs, des ayatollahs, des Hitler du bien, les totalitaires de demain. »
Depardieu continue de promener sa silhouette épaissie sur des chemins de hasard. Son regard reste étrangement neuf, son esprit ouvert à l’impossible. Fils d’un père analphabète et alcoolique, le Dédé, il a quitté l’école très jeune, n’est pas baptisé, et possède aujourd’hui une culture encyclopédique. C’est qu’il a été épargné par les radiations idéologiques de l’Éducation nationale. Il a lu seul. « Un livre, note-t-il, c’est une porte sur la vie. » Il aime Michel Houellebecq, « dandy magnifique ». Depardieu : « J’ai passé quelques semaines avec Houellebecq, je l’ai vu amoureux, je l’ai vu pervers, je l’ai vu manipulateur, je l’ai vu insupportable, je l’ai vu engoncé, mais je l’ai toujours vu honnête. Jamais il ne se ment. Sinon tu ne peux pas écrire ce qu’il écrit. »Depardieu a raison, on devient vite un fonctionnaire du culturel. Ils grouillent sur le cadavre du style.
Cet excessif sans surmoi est encore debout à chanter Barbara, il vagabonde dans le désert, pleure devant un troupeau de chevaux sauvages dans la steppe d’Asie centrale. Il a connu le pire drame qu’un père puisse connaître : la mort de son fils, Guillaume. Guillaume, cet écorché vif, détruit d’avoir porté le nom de Depardieu, à qui les juges n’ont laissé aucune chance — trois ans de prison ferme pour deux grammes d’héro. L’acteur est allé le voir en taule. Les prisonniers, dans leur cellule, gueulaient : « On va l’enculer, ton fils ! »
Depardieu continue, malgré tout, d’aimer la vie. Sa mère, la Lilette, a tenté de se débarrasser de lui à l’aiguille à tricoter. Il a survécu, aidé la Lilette à accoucher de ses frères et sœurs. Il a coupé le cordon, tapé sur le corps du nouveau-né pour « ouvrir » les poumons. Comme le font les paysans. Depardieu, c’est un « acteur agricole », a dit un jour Bertrand Blier. Il a pardonné à sa mère, il est passé à autre chose, ne regardant jamais derrière lui. Il y avait un secret de famille : le père de la Lilette avait une liaison avec la mère du Dédé. Lilette, en l’apprenant, avait voulu faire passer celui qui ne s’appelait pas encore Gérard. « Quand je suis arrivé, elle allait se barrer à cause de ça, confie Depardieu. Je lui ai coupé les jambes. » Il a pris, en effet, les jambes de sa mère. Quant à ce lourd secret, il l’a inhibé très longtemps devant les femmes.
Ailleurs, composé de courts chapitres, nerveux, avec des phrases parfois paradoxales, recèle une sagesse solaire. L’Ailleurs doit nous amener à « la beauté de la vie. À ne plus juger. À aimer tout simplement. » Il doit nous inviter à voyager là où personne ne va, sans bagage, la tête vidangée. Il doit nous permettre de rencontrer des hommes qu’on comprendra d’un simple regard.
Un rêve ouzbek
Dans le très beau film d’Arnaud Frilley, Mon rêve ouzbek, Depardieu marche sur le sable blanc de la mer d’Oural asséchée par « un abruti de politique, Khrouchtchev ». Il est au milieu d’immenses épaves de bateaux, rouillées. Il parle. Sa voix grave nous touche. Il suit sa nature de nomade. Les paysages sont grandioses. Le vent souffle comme au premier matin du monde. Plus loin, dans le film, Depardieu se met à prier, lèvres salées, cheveux en désordre, bras tendus vers le ciel. Il dit, de cette façon de dire si particulière : « Désert, il faut tout le silence des mots pour dire ton nom. » À cet instant, l’homme semble en paix avec lui-même.
Abdelhakim Sefrioui, le 29 décembre 2012, lors d'une arrestation pendant une manifestation non-autorisée, à Paris. (MIGUEL MEDINA / AFP)
A mes yeux, Mr Sefrioui, vous êtes le commanditaire de cet acte barbare. Vous avez instrumentalisé la violence qu’il y avait dans le sang de ce jeune tchétchène de 18 ans qui, assurément, n’avait même pas commencé à structurer le début d’une réflexion propre et surtout, enfant ayant été éduqué par la guerre, était habité d’une violence sans limite. Vous prétendez défendre l’Islam mais vous êtes le premier complice de l’Islamophobie en France. Vous prétendez protéger vos enfants, mais vous condamnez leur avenir et vous les emprisonnez dans la geôle de votre ignorance crasse. Au regard du discours que vous avez tenu et qui montre tout de votre bêtise, je m’en vais vous expliciter avec pédagogie et bienveillance la médiocrité de votre interprétation très personnelle de l’Islam. Un Islam dévoyé à la gloire de votre égo pathologique. J’espère que jamais votre conscience ne vous laissera en paix avec vous-même. J’espère que vos enfants sauront se défaire des tentacules intellectuelles malveillantes dont vous les entrelacez pour mieux étouffer leur liberté. Je vous souhaite Assalamu alaykum, Mr Sefrioui, en vain je pense.
Tout d’abord, il semble important que vous sachiez, Monsieur, que je suis né en terre d’Islam : mes parents étaient musulmans et j’ai grandi dans un environnement où l’éducation musulmane était la norme. À la maison, il y avait deux écoles, l’Islam de mon père et celui de ma mère. D’un côté, un Islam de l’invective, d’une fausse érudition pervertie, de frustrations mal digérées, un Islam Tartuffe au service de pervers narcissiques qui entendent rayonner en maintenant une emprise malsaine sur leurs proches, leurs femmes, leurs enfants.
De l’autre, il y avait l’Islam de ma mère qui reposait avant tout sur une profonde humilité, une peur du néant post-mortem, la certitude de devoir faire le bien et de respecter les autres, un Islam qui reposait sur un amour profond pour ses enfants et sur le vœu déterminé qu’ils aient un avenir paisible.
Deux parcours : mon père était né en Algérie et avait grandi là-bas, dans un petit village des montagnes kabyles, dont le mode de vie plus qu’harmonieux était comme figé dans le temps. À 11 ans, en pleine guerre d’Algérie, son père l’emmena lui, ses 13 frères et sœurs en France. Mon grand-père travaillait à l’usine et fit tout ce qu’il pouvait pour que ses enfants se construisent un avenir. Tous étaient scolarisés à l’école de la république. Mais, devant le comportement décevant de ses enfants, mon grand-père décida d’en ramener certains en Algérie pour les remettre sur le bon chemin. C’est ainsi que mon père, après son service militaire, commença une carrière professionnelle en Algérie. L’Algérie était son pays, ses ambitions étaient algériennes, son avenir s’éteindrait là-bas. Son seul lien avec la France, c’était finalement cette femme qu’il avait épousé pour obtenir la carte d’identité et les enfants qu’elle lui donna.
Cette femme, elle, était une enfant d’immigrés née en France. Une première génération comme on dit. Mon grand-père était ainsi fier de travailler à la mine et de faire vivre à la force de son poignet toute sa famille. Ma mère, contrairement à mon père, avait épousé le rêve de son père de s’installer en France : elle était travailleuse, s’intéressait aussi bien à la culture française qu’à celle de son pays d’origine, tout en restant fidèle aux préceptes musulmans que ses parents lui avaient inculqués. Elle n’avait aucune velléité, aucune rancœur, aucune pensée guerrière ou revancharde. Pour elle, l’équation était simple : il fallait bien se comporter, respecter les autres, selon les préceptes de l’Islam, et surtout travailler. Elle ne s’adapta pas à l’environnement de la cité dans laquelle nous grandîmes : alors que mon père, après la grasse matinée quotidienne, passait son temps à faire de la politique, à diligenter les affaires de la famille, à dénoncer les cochons de français, elle venait nous chercher pour ne pas que l’on traîne dehors, prête à se battre avec les caïds du quartier pour ne pas qu’ils traînent avec nous, pour ne pas que l’on finisse dealer.
Être musulmane pour ma mère, c’était avoir peur du bon dieu, de ne pas faire le mal pour ne pas avoir de malheur, s’agenouiller devant le transcendantal en signe de petitesse et d’humilité. Pour mon père, c’était clamer haut et fort sa supériorité, sa certitude d’avoir raison sur tout.
Je vous connais Mr Sefrioui. Je vous connais même très bien, vous me faites penser à ce père qui, à travers ma mère, moi et mes frères, ne souhaitait qu’une chose: enfermer ses proches dans un passé mal digéré, dans un fantasme obsessionnel d’une grandeur volée, assouvir sa soif de vengeance envers une France colonisatrice, une France qui n’a jamais su reconnaître sa grandeur, la grandeur des maghrébins, de l’Islam, cet Islam politique qui est le bras armé de l’ignorance haineuse que certains brandissent pour s’exonérer de leur propre bêtise. Car, derrière votre prose grandiloquente Mr Sefrioui, à votre dépit, on ne sent que la détresse intellectuelle d’une personne associable qui se vend comme érudit. Cette prose grandiloquente, autant qu’haineuse, que vous vomissez sur les réseaux sociaux et même sur la place publique dit tout du mal dont vous souffrez : un égo pathologique qu’une trop grande paresse et une fierté mal placée empêche d’être satisfait.
Qui êtes-vous Monsieur Sefrioui ? Vous êtes un imam autoproclamé en France. Êtes-vous vraiment Imam ? La seule organisation qui vous a reconnu ce titre fut créée par vous et n’existe plus, même si vous vous en réclamez encore. Vous n’êtes pas plus imam que vous n’avez été enseignant en informatique pendant 15 ans comme vous le prétendez. Vous êtes un affabulateur. Qu’êtes-vous donc alors Mr Sefrioui ? Vous n’êtes qu’un fardeau pour les sociétés contemporaines. Qui étiez-vous au Maroc avant de venir en France ? Un fardeau déjà. Comme en France, vous avez bien tenté de vous construire une carrière politique. Au Maroc, on rigole moins avec les clowns dans votre genre. C’est d’ailleurs pour cela que vous en êtes parti malgré vos grandes ambitions politiques, le Maroc ne voulait pas de vous et de votre parti de prédicateurs haineux. Vous trouviez alors une femme pour venir exercer vos talents d’orateur incompris en France. S’improviser grand prédicateur auprès d’une population où de nombreuses personnes sont en détresse sociale et culturelle, quand soi-même on vient d’un pays arabophone musulman et que l’on maîtrise mieux que les autochtones la langue française, qui est très bien enseignée dans les pays africains, c’est effectivement tellement facile, bien plus facile qu’au Maroc où vous auriez fini en prison. Pourquoi travailler : on s’est marié à une française, on lui fait des enfants, on perçoit les aides sociales. On a ainsi tout le temps de faire de la politique dans la rue, de montrer à tous comment on s’exprime aussi bien en arabe qu’en français, en leur disant bien sûr ce qu’ils veulent entendre, ce que vous n’avez cessé de faire de la rue Jean-Pierre Timbaud à République.
C’est d’ailleurs très intéressant de savoir que c’est justement rue Jean Pierre Thimbaud que vous faisiez vos premières armes en France. Ce quartier de la capitale qui va des buttes Chaumont, berceau des frères Kouachi, jusqu’à République en passant par Belleville et sa cité blanche, est l’endroit le plus révélateur de la fantasmagorie qui ensanglante notre pays depuis les attentats de Charlie Hebdo. Je suis monté à Paris à la suite de mes études. Après avoir payé très cher des logements insalubres loués par des marchands de sommeil, j’eus la chance d’obtenir un logement HLM à la cité blanche à Belleville, à deux pas de République. 350 euros pour 50 m² alors que je payais jusque-là 6 à 700 euros pour 20 m². Je vivais cela comme un privilège, au début. Très vite, je déchantai car, malgré ce privilège social de pouvoir ainsi loger en plein Paris pour un loyer plus que modeste, l’environnement était pollué par une bande de Greemlins qui se prenaient pour des blacks panthers à l’américaine vivant à Harlem. Et comme aux Etats-Unis, dans ce scénario bas du front, il y avait la Nation de l’Islam qui venait prospérer sur le désarroi intellectuel, la violence et la misère affective. Là, il n’était pas question de misère matérielle, cette excuse n’avait ici aucun fondement : on était à Paris, la richesse était partout, les opportunités à deux pas du métro Thimbaud. Pas question non plus de problème d’intégration, de Ménilmontant à Barbès, il n’est pas au monde d’endroits plus cosmopolites. Pourtant, une certaine jeunesse se complaisait dans cette comédie qui consistait à se faire passer pour un déshérité, pour une victime d’injustice, de racisme, alors même que tous les possibles s’offraient à eux. Cela s’explique en partie par le fait que ces enfants de la république ont été enfermés très tôt dans une pensée auto-destructrice: détester tout ce qu’il y a en soit de français, d’occidental, de sensibilité romantique, de rêve d’un avenir paisible et sans histoires. Et ce sont vous, les prédicateurs de cage d’escalier qui les enfermez dans cette vie vouée à l’échec ou à la mort, vous les imposteurs, qui n’ayant pas prospéré chez eux, viennent en France vivre conjointement paresse et rêves de grandeur. Votre discours vous dénonce Mr Sefrioui.
Quel est ce discours ? Intéressons-nous d’abord à l’un de ces nombreux discours que vous avez distillé sur les places de Paris. Vous êtes en effet un militant pro-Palestinien très engagé. Cela n’est en rien un mal. Je suis moi-même fermement opposé à la politique Israélienne depuis la mort d’Izaak Rabbin alors qu’un processus de paix était en gestation. J’ai été indigné par l’élection d’ Ariel Sharon puis de Netanyaou et par le sort réservé aux enfants palestiniens. Nous sommes nombreux de par le monde à être indignés par ce crime contre l’humanité dont est coupable l’extrême droite israélienne. Mais l’extrême droite israélienne n’est pas Israel: de nombreux israéliens dénoncent aussi les exactions commises par l’armée israélienne. Et Israel n’est pas les juifs, peuple qui, par son histoire, a dû passer son temps à fuir le racisme et qui s’est ainsi installé dans le monde entier. Mais vous êtes incapable de saisir ces éléments Mr Sefrioui, d’ailleurs, on pourrait vous les démontrer un à un, vous n’en voudriez toujours pas, car, ce que vous souhaitez, vous, c’est la guerre. Que souhaiterait un vrai musulman, un parent pour les enfants palestiniens ? Qu’ils n’aient pas à prendre les armes, qu’ils puissent vivre normalement, se construire un avenir. Que souhaitez-vous, vous Mr Sefrioui ? La guerre sans compromis. Vous vous permettez même de faire la leçon aux dirigeants palestiniens qui font tout ce qu’ils peuvent pour défendre un Etat Palestinien et un avenir pour leurs enfants. Qui êtes-vous Mr Sefrioui pour dire aux dirigeants des pays arabes quel est le chemin vers une paix durable et bénéfique pour tous, Israéliens et Palestiniens. Quel est votre fait d’arme ? Vous parlez de tout avec prétention mais qu’avez-vous fait pour les enfants palestiniens, à part quelques missions humanitaires qui avaient avant tout vocation à démontrer votre grandeur ? Qu’attendez-vous pour aller vivre en Palestine et prendre les armes ? C’est tellement plus facile de faire le beau parleur en France. Tellement plus simple d’inciter des gamins en perdition à faire la guerre. Vous êtes un lâche qui exhorte des enfants à se battre alors que vous avez passé votre vie à chercher une bonne planque, au Maroc ou en France.
Venons-en au discours que vous avez tenu pour dénoncer Samuel Paty. Samuel Paty était enseignant. À ce titre, il respectait les programmes et traitait des sujets qui figuraient dans ces programmes, dont la liberté d’expression. Quelle modalité choisir pour évoquer la liberté d’expression ? Devant des élèves qui sont happés par les séries Netflix et les réseaux sociaux, leur parler de l’assassinat de Jean Jaurès ou de l’exil de Victor Hugo, pourquoi pas...Mais, il semble tellement plus intéressant, passionnant, stimulant pour ces élèves d’évoquer des sujets qui les concernent, des sujets d’actualités. Pouvoir parler avec eux des attentats de Charlie, des caricatures, eux qui, pour une part ne se sentaient pas Charlie et étaient dénoncés pour cela...Au moins, parvenir à un consensus qui, sans les exhorter à être Charlie, à apprécier ces caricatures, les inviterait à accepter qu’on ne tue pas les gens parce qu’ils ne sont pas musulmans, et qu’à ce titre, ils ne se sentent pas concernés par les règles qui régissent la vie des musulmans et donc peuvent se permettre de moquer Mahomet, les musulmans, comme on l’a toujours fait en France, pour Jésus, les prêtres, les rabbins. Que souhaitez-vous Mr Sefriouoi, vous et vos copains qui vous prenez pour des prophètes ? Imposer vos règles religieuses à tous, en lieu et place des lois françaises ? Imposer vos règles musulmanes à 95 % de la population française qui n’est pas musulmane ? Imposer votre lecture moyenâgeuse du Coran aux 5 millions de musulmans français ? Moi, par exemple, je ne suis pas musulman malgré l’éducation que j’ai reçue. Ce n’est pas faute d’avoir été conditionné par mon père et les imams autoproclamés du quartier dans lequel j’ai grandi. L’Islam, Mr Sefrioui, à votre grande damne, à vous et à vos homologues islamophobes d’extrême droite, n’est pas un gène que l’on se transmet. Vous pouvez tenter de conditionner ces enfants en leur faisant taper la tête contre un Coran 1000 fois par jour, la foi est une affaire personnelle. Et, à moins de vouloir réduire vos enfants à de simples animaux domestiques que l’on dresserait, vous ne pourrez jamais les obliger, et encore moins en France, à être musulmans. Vous ne pourrez pas plus les enfermer dans cette interprétation moyenâgeuse de l’Islam. Vous et les parents qui ont dénoncé le cours de Samuel Paty devez comprendre cela : votre prosélytisme éducationnel a plus de chance de rendre l’Islam trop étroit aux yeux de ces enfants et de les en éloigner que de les convaincre de l’opportunité de suivre vos pas Mr Sefrioui. Et si par malheur pour eux, ils s’enfermaient dans la haine et le séparatisme que vous proposez, ils ne seront jamais en paix en France car nous ne cesserons jamais de vivre comme on y a toujours vécu, avec le blasphème comme étendard de la liberté d’expression. Blasphèmes contre les institutions, Blasphèmes contre les religions, Blasphème contre toutes les sortes de prison.
Pensez-vous être un exemple pour ces enfants ? Pensez-vous qu’ils rêvent de devenir comme vous ? Nous, enseignants, notre rôle n’est pas de leur proposer comme avenir de devenir des prophètes de cages d’escaliers. Et comme nous, enseignants, pensons que les musulmans de France sont aussi capables de devenir Avocat, Ingénieur, Médecin, Chefs d’entreprises, en conciliant leur foi de musulman et le cadre démocratique dans lequel s’inscrit la France, nous avons pour mission de leur transmettre, de leur expliquer la société française, ses mœurs, son cadre juridique, son histoire passée ou plus récente. Ces caricatures font partie de l’Histoire de France, c’est vous et tous les prédicateurs de cages d’escaliers qui avez fait entrer ces caricatures dans l’Histoire. C’est vous, les nouveaux prétendants aux Hadits conquérantes et sanglantes, qui avez rendu ces dessins sacrés en trucidant les auteurs de Charlie Hebdo, pour des dessins, de simples dessins, qui en plus avaient vocation à dire que les musulmans n’étaient pas tous des terroristes et que l’Islam n’exigeait pas d’eux qu’ils se comportent comme des barbares. Mais vous n’avez rien compris à ces dessins que pourtant vous souhaitez brûler. Jamais ces dessins n’auraient été autant diffusés sans vous, sans la publicité sanglante que vous leur faites. Si blasphème il y a, vous êtes alors les premiers complices de ce blasphème et de son rayonnement, et plus vous continuerez à vouloir nous imposer votre tyrannie plus égotique que prophétique, plus ces caricatures diffuseront de par le monde. N’est-ce pas là la plus belle des morales ? Une morale qui mériterait bien une Hadit.
En tant qu’enseignant en sciences, je n’aurai de cesse de leur expliquer qu’en France, on distingue la science et la croyance, les faits factuels et éprouvés, des prophéties trop souvent fantasmées. Je n’aurai de cesse de leur démontrer, au grand damne des religions, de toutes les religions, que la Terre a 4,6 Milliards d’années, que l’homme descend du singe et qu’il n’a aucune destiné divine et que, s’il ne se rend pas rapidement compte de sa petitesse, Allah Akbar, il disparaîtra de cette planète. La plupart des musulmans de France ont compris les règles du jeu et s’en accommodent très bien: ils font des études, deviennent de grands acteurs, de grands footballeurs, des avocats, des médecins et des chercheurs de renom. D’ailleurs, eux ne vous considèrent pas. Pis, ils sont encore plus sévères à votre encontre que toute l’extrême droite française. Car, à leurs yeux, à mes yeux, vous faites du mal aux musulmans de France en ordonnant qu’ils demeurent dans l’ignorance, l’exclusion et la précarité. Très tôt, j’ai cessé d’être musulman, trop attiré par la science, par l’Astronomie, par Darwin, par la musique et la littérature française, par Brel et Brassens...Très tôt, j’ai été en conflit avec mon père et avec les imams autoproclamés de cage d’escalier comme vous, Mr Sefrioui. Lors de nos échanges, j’étais affligé des mystifications débiles que ces prédicateurs faisaient entrer dans la cervelle des gamins acculturés avec lesquels je grandissais: Neil Armstrong serait devenu musulman en posant le pied sur la Lune car il aurait alors entendu la prière musulmane venant de La Mecque, le commandant Cousteau lui-même serait devenu musulman lorsqu’il découvrit une source d’eau douce en méditerranée seulement décrite dans le Coran...Comment faire entrer des conneries aussi énormes dans la tête d’enfants et souhaiter leur bien ? Comment prétendre vouloir les protéger quand on fait tout pour les empêcher de se servir de leur cerveau et d’éveiller leur esprit ? Comment même en faire des musulmans pieux en avortant même le début d’une réflexion propre et sérieuse ? Heureusement, pour la France et pour les musulmans de France, vous n’êtes que la frange misérabiliste d’un Islam pour les nuls, vous êtes les Thénardiers de l’Islam, des sortes de nécrophages de destins trop tôt condamnés.
Car, c’est bien cela le plus ridicule dans votre discours qui dénonce Samuel Paty: vous parlez au nom des musulmans de France ! Pour qui vous prenez-vous ? Pour le prophète lui-même ? Dans ce cas, vous blasphémez bien plus que toutes les caricatures de Charlie Hebdo. Avez-vous été élu ? Non. Avez-vous au moins été formé ? Non, plus. Ce n’est pas faute de faire des vidéo Youtube, de twitter frénétiquement, d’haranguer la foule place de la république... Votre auditoire est insignifiant tant sur la place publique que sur les réseaux sociaux.
Vous ne parlez qu’au nom de vous-même Mr Sefrioui et de votre ambition mégalomaniaque. Cette Fatwa contre notre collègue était votre moment de gloire. Personne ne vous écoutait sur la Palestine, cette affaire était une opportunité pour enfin exister et faire prospérer vos ambitions politiques. Vous vous foutez de ces enfants et même des familles qui ont été, d’après vous, choquées par le cours de Samuel Paty. Vous dites que les enfants musulmans se sont sentis humiliés ? Qu’auraient dit alors de vrais imams, des sages de l’Islam ? S’en fiant à Allah, ils auraient expliqué que Dieu seul savait quel est ce chemin par lequel chacun passe et que si épreuve il y a, c’est Allah qui leur impose pour éprouver leur foi. Tout au pire, ils les auraient invités à s’éloigner de la culture française et à inscrire leur fille dans une école confessionnelle. Pour votre information, Mr Sefrioui, le prophète Muhammad a passé sa vie à, justement, trouver des compromis avec les autres religions pour permettre à l’Islam de se répandre. Il a même fait reposer le début de son règne à Médine, sur une entente avec les tribus juives qui lui ont permis de prendre le pouvoir et d’installer l’Islam. C’est d’ailleurs la Sahifa, la constitution de Médine, qui grave dans le marbre le respect des autres religions, qui représente le plus la pensée du prophète Muhammad, pour la simple raison qu’il s’agit du texte islamique le plus ancien et qu’il a été écrit du vivant de Muhammad. Ce texte invite à la cohabitation intelligente des communautés d’alors, quand vous, vous prêchez la guerre de tous contre tous. Est-ce utile de vous parler, alors que je soupçonne votre ignorance d’être volontaire et perverse, du pacte d’Hudaybiyya conclu avec les païens de La Mecque d’alors, pacte conclu pour obtenir la paix ? Vous ne comprenez rien à l’Islam Mr Sefrioui, mais il est tellement facile de se faire passer pour érudit devant des cerveaux désemparés.
Al Anfal-8-61 : « Et s’ils inclinent à la paix, incline vers celle-ci (toi aussi) et place ta confiance en Allah, car c’est Lui l’Audient, l’Omniscient. ».
Samuel Paty était un être paisible. Il ne faisait que faire son travail d’enseignant, travail pour lequel nous sommes salariés. Notre mission est dirigée vers la paix, la paix des hommes, de toutes les communautés, de tous les individus. Notre combat est d’assurer, à tous les enfants que l’on nous confie, un avenir paisible en France. Le cours sur la liberté d’expression de Samuel Paty était un message de paix : permettre à ces enfants musulmans de sortir du cours pour ne pas se sentir offensés ou au contraire d’assister à l’exposition de ces caricatures, c’est les respecter, leur offrir une liberté dont vous et vos acolytes entendent les priver. Samuel Paty ne faisait qu’offrir à ces enfants la possibilité d’exprimer leurs opinions sur un sujet qui nous divise, car ce n’est que par la communication qu’un vivre ensemble sera envisageable. Cherchait-il à dénoncer l’Islam ou à dénigrer les musulmans ? En aucun cas et d’ailleurs là encore, relisez le coran, vous n’y retrouverez un verset interdisant la représentation du prophète Muhammad, qui d’ailleurs accepta à plusieurs reprises d’être représenté. Cette règle débile vient de Hadit, rédigée par des égo pathologiques dont vous vous inspirez. Mais être Musulman veut dire suivre la vie du prophète, pas celle de pervers mégalomaniaques trop ambitieux, déclinée dans les Hadit. Et quand bien même, vos règles interdiraient la représentation du prophète, ce sont vos règles, celles de quelques dizaines, peut-être centaines de milliers de musulmans rigoristes. Ce ne sont pas et ne seront jamais nos règles à nous français de toutes les confessions. Vous n’avez pas à me dire comment faire mon travail d’enseignant. Vous n’avez pas, ni vous, ni aucun parent, à me dire quel support j’ai le droit ou non d’utiliser. Je suis plus que suspicieux quant aux diatribes qui vous servent de prêche auprès des enfants auxquels nous essayons de donner un avenir, quand vous, vous rêvez de les envoyer à la mort. Pour autant, je ne viens pas dénoncer vos prêches haineuses, je ne viens pas vous agresser, je n’invite pas les français à venir vous égorger. Pourtant vos prêches sont bien plus violents que ne le seront jamais les caricatures de Charlie Hebdo. Notre intention, à nous enseignants, c’est que ces enfants vivent en paix. Samuel Paty travaillait en Banlieue, c’était son choix et, comme beaucoup de mes collègues qui travaillent en banlieues, il le faisait car il pensait qu’il était important d’être là pour ces enfants, pour leur offrir un horizon. L’utilisation qu’il a fait de ces dessins avait justement vocation à leur ouvrir un horizon intellectuel, à les inviter à une tolérance quant à la satyre qui est une tradition séculaire française, et même plus, un droit fondamental. Sans cette tolérance nécessaire vis à vis de nos libertés en tant que citoyen français, ces enfants s’enfermeront dans une opposition frontale et violente qui ne leur permettra pas de s’épanouir et de vivre paisiblement en France.
Et c’est bien cela que vous souhaitez Mr Sefrioui, l’affrontement. Et vous usez de ces gamins paumés, comme de ce jeune Tchétchène, comme d’une armée. En cela, vous êtes le plus grand complice de l’Islamophobie, car jamais les musulmans ne pourront vivre en paix en France tant que des politiciens de votre genre détourneront l’Islam pour leur ambition personnelle. Ce gamin Tchétchène a crié Allah Akbar. Vous êtes bien trop limité intellectuellement pour comprendre la profondeur de cette expression ainsi que celle de la prière musulmane. Dieu est grand, signifie que nous les hommes, et même son messager, ne sommes rien, sommes tout petits. S’agenouiller en direction du tout puissant est un signe de soumission à la toute puissance, à laquelle nous n’aurons jamais accès. Si ce gamin tchétchène avait appris cela, s’il avait été accompagné par des vrais musulmans et non des politiciens de maisons de quartiers, jamais il n’aurait eu la prétention de s’autoproclamer martyrs, d’infliger la sentence à la place du tout puissant. Humble, il s’en serait remis à Allah. Aujourd’hui, des parents ont vu leur enfants de 18 ans se faire abattre après avoir commis un acte d’une barbarie et d’une lâcheté sans pareil face à une personne sans défense. Aujourd’hui, les gamins que vous prétendiez défendre et qui ont dénoncé auprès de vous cet enseignant, auront une responsabilité dans la mort de Samuel Paty. Souhaitons-leur de trouver le chemin de la paix intérieure. Quant à vous Mr Sefrioui, vous et tous les prédicateurs de France et de Navarre, allez-vous-en. Il y a de nombreux pays dans lesquels vos enfants ne seront jamais agressés par un dessin, par un baiser à la télévision, par les mots liberté, égalité, fraternité, par l’idée des droits de la femme et de l’enfant. Vous avez tué Samuel Paty. Avant lui, vous avez tué de nombreux autres innocents qui vivaient en paix. Nous continuerons pourtant à faire des caricatures, de Mahomet, des Imams, des rabbins, des prêtres, nous continuerons à enseigner la liberté d’expression, l’égalité des sexes et la liberté des femmes, nous continuerons à trouver beau le sexe et à ne croire en rien d’autre qu’à l’urgence de vivre paisiblement, pour ne pas mourir dans l’horreur. Si votre présence dans notre pays a vocation à nous priver de cette paix, nous vous invitons aux bannissements, nous nous cotiserons pour vous payer votre billet d’avion aller, sans retour, et même s’il le faut votre installation. Partez, laissez nos enfants tranquilles. Ne voyez aucune haine dans mes propos Mr Sefrioui et autres prédicateurs, je vous souhaite, d’ailleurs, d’assumer vos responsabilités et de trouver la paix intérieure, loin de nous, de notre pays, la France... Même si je doute que ce soit là votre dessein, Assalamu alaykum Mr Sefrioui.
Publié le 21/10/2020
Auteur(s): Jean Mohamed de la Bastille pour FranceSoir
Ce texte écrit il y a qq semaines. Je comptais le partager en novembre. Je le dédie à la vie et à tous les profs qui ont été ma chance. Et à cet homme tué hier et que je n'oublierai pas.
El Harrachi et Lennon
Les croyances affûtent leurs couteaux et l'être n'est plus que barbaque jeté à la loterie du paradis où coule tant de sang
Ça emmerde qui que sur ma guitare je joue El Harrachi et Lennon? Que j'aime jusqu'à l'os la France et l'Algérie? Par dessus toutes les guerres, par amour de tous les morts.
Qu'on se le dise : j'ai deux langues maternelles : celle de ma mère-mère, celle de ma mère- l'école. Soyons précis : arabo-berbère ( pas la Haute lettrée de Tlemcen importée des érudits de Grenade et Seville, mais la vernaculaire comme on dit avec mépris, alliage d'arabe déformé et de berbère, de français, de maltais, une lumière de dialecte sur la plaine de Remchi où poussent les amandes qu' on ouvre d'une pression des doigts, pas l'Algérois, loin du parler de Béjaïa) et française ( deuch'nord puis ma rolap de Seine Saint Denis avant qu'on le baptise 9 3, puis la gouaille du 11ème côté avenue Parmentier, puis oh là là...la langue savante devant laquelle oh là là)
Le boulevard Richard Lenoir circule dans mon sang et croise la rue Didouch
Mes fils sont les prénoms des deux rives. De toutes les rives.
Dis-moi, comment fait-on pour lire le monde et les êtres.
Toi qui tues, combien de coups assènes-tu dans le corps de la vie
Mais la vie...
Je me souviens de toi quand tu m'as dit ne t'égare pas, méfie-toi de la vie, je me souviens quand tu m'as dit tu es perdu, quand au chant du muezzin tu venais accomplir ta chorégraphie bigote à la porte de mon père et au vu du village, je me souviens de tes yeux de triomphe quand j'ai refusé d'être de ta meute endjellabée et de toutes tes arlequinades de dévot, je me souviens être resté avec mon père l'imam à qui tu voulais apprendre le vrai du texte, mon père a posé son front et ses années de foi sur le tapis en direction du mihrab de son coeur et a prié pour toi, moi je suis resté sous la clim du salon, heureux de l'entendre psalmodier en lisant Freud, Dieu est en effet plus grand que toi puisqu'il chante dans un vieil homme et me laisse lire l'homme de Vienne, et le vieil homme a plié un siècle de son corps, c'est ainsi qu'il veut lire et écrire, tant de voix dans son souffle, tant de mondes
Et toi qui me lis, viens me parler, le brouillard fendu, dans la langue qui nous relie, l'inaltérable qui saute par dessus les mots et se dit aux yeux et à la peau, la langue des débuts, celle du bébé nu riant aux éclats quand frémissent les feuilles du bouleau et que pédalent ses jambes soulevées de joie
Et si nous étions nus. De tout
Ne me perds pas, ne fais pas de moi un territoire perdu, une pensée insoluble : c'est ce que veulent les bombes de croyances. Trouve d'autres éclats
Regarde-moi comme le témoin du possible, lis comme on puise dans les yeux et la chorégraphie des corps, quand un silence, un clignement de cils libèrent la présence liminaire, l'amorce d'un homme vers l'autre, quand le plus près ouvre sur le lointain, sans mièvrerie, au frotté des arêtes, mais ouvre et s'éprouve. Puise, oh puise, prélève patiemment dans une marche lente embrassant les grains du réel : à chaque fois il y aura la chance d'une phrase découverte se donnant à l'autre phrase. Nous sommes l'un à l'autre notre faille, à l'échancrure il faut peu que la plaie ne soit une source.
Le débat affligeant mardi entre les deux candidats à la présidentielle américaine a été déroutant par son indigence et par la réelle nature et le vrai profil de ceux qui s'imposent comme régisseurs du sort du monde. Plus haut et plus loin que les ressentiments, les sympathies, les idéologies, les colères ou les adhésions que chaque terrien peut nourrir en lui, l'intérêt porté sur un événement aussi important que la présidentielle américaine est impossible à occulter parce qu'il a, mal gré bon gré, des répercussions toujours prouvées sur la marche de l'humanité entière.
Le spectacle offert a quelque chose de terrifiant quand il réveille la conscience souvent embuée par de fausses idées reçues sur une prétendue grandeur des hommes. On sait que l'être humain n'est pas toujours un animal bien-pensant. Mais quand cet animal détient entre ses mains l'ensemble des destins et qu'il ne se situe pas à la hauteur de la fabuleuse responsabilité qu'il doit assumer, il laisse place à la désespérance bien qu'elle soit née d'une basse chamaillerie entre deux hommes d'Etat étrangers.
Il n'est pas non plus question de s'immiscer dans un débat a priori interne. Le monde étant devenu un petit village, le sujet n'a pas de frontière et ce qu'il a de grave est qu'il dénude deux hommes avec leurs basses afférences censés occuper la Maison Blanche.
Les Etats-Unis d'Amérique restent une puissance omniprésente avec la particularité évidente de rythmer la cadence du monde. Peu importent l'antipathie ou l'empathie que chacun en fonction de ses idées et de ses visions arrêtées pourrait leur vouer. Mais le jugement est permis car le sort de tous les pays est lié, d'autant que les Américains se targuent d'être les gendarmes du monde.
Dans le débat de mardi entre l'actuel président et le vice-président d'Obama point d'analyses ni d'échanges sur la réalité du monde, les prises de bec n'ont été qu'un crêpage de chignons. L'empoignade a surtout démontré pourquoi le monde va si mal.
Cheb Khaled: «Je chante pour donner du bonheur aux gens, c’est le principe de la musique Rai en Algérie, comme pour la musique populaire Chaabi au Maroc. Notre philosophie commune repose sur la fête, la danse et la joie de vivre» (Ph. L’Economiste)
l prépare son comeback avec un nouvel album en 2021
Il est le Roi de la musique Rai et une icône dans le monde entier depuis plus de 40 ans. Cheb Khaled a fait un «Break» pendant près de 8 ans pour s’occuper de sa famille et de ses 5 enfants. Aujourd’hui, il prépare un nouvel album qui verra le jour à l’horizon 2021. Celui-ci réunira plusieurs chanteurs maghrébins et arabes qui chanteront à l’unisson pour des valeurs de paix, d’amour et de partage. En attendant, le chanteur de «Aicha» et de «C’est la vie» dédie sa nouvelle chanson «Beyrouth» au peuple libanais, suite à la tragédie qui a touché le pays du cèdre. Il lance, également, un single avec une chanteuse palestinienne, «Elyanna», en octobre. Cheb Khaled livre à L’Economiste une interview exclusive.
- L’Economiste: Que pensez-vous de cette situation liée au Covid-19, et surtout, comment la vivez-vous? - Cheb Khaled: Pour ceux qui en doutent, ce virus existe bel et bien et il tue. Nous avons vécu des moments d’une extrême intensité depuis plusieurs mois, et il faut dire que nous ne sommes pas encore sortis de cette phase de tension. C’est une situation inédite, malgré cela, il faut garder le moral et avoir foi en l’avenir. Nous n’avons pas le droit de nous plaindre, il y a des gens qui ont perdu des proches. J’ai la chance d’avoir ma famille à mes côtés, et nous nous serrons les coudes pour affronter ensemble cette crise sanitaire sans précédent. Je suis allé voir ma mère que je n’avais pas vue depuis plusieurs mois à Paris, je l’ai serrée fort dans mes bras et je l’ai embrassée partout sur le visage, car elle m’a manqué terriblement. Je n’ai pas pu m’empêcher de le faire. Il faut se protéger, certes, en respectant les gestes barrières, néanmoins, il ne faut pas arrêter de vivre, d’aimer, de rire… L’avenir est incertain, mais il faut garder la foi, car elle seule peut nous aider à traverser l’horreur et les moments pénibles.
- Les artistes aussi ont été fragilisés par cette pandémie… Comment promouvoir l’art en ces temps difficiles et incertains? - Avant le confinement, j’étais aux Etats-Unis pour réaliser un album avec French Montana, ainsi que d’autres artistes arabes et maghrébins. Cette collaboration à été ralentie avec la crise sanitaire, comme beaucoup d’autres projets, et comme pour d’autres artistes également. Cependant, nous allons bientôt reprendre le travail. Je reste optimiste quant à l’évolution des événements. Il y a des personnes fabuleuses qui travaillent dans l’ombre pour nous sortir de cette pandémie qui a figé le monde. Mes fans que j’appelle mes soldats, sont derrière moi et ils me portent et me donnent la force d’aller de l’avant. Je chante pour donner du bonheur aux gens, c’est le principe de la musique Rai en Algérie, comme pour la musique populaire Chaabi au Maroc. Notre philosophie commune repose sur la fête, la danse et la joie de vivre.
- Vous êtes le seul artiste maghrébin à avoir pris les devants pour réaliser un clip, le 18 août 2020, en faveur du Liban. Avez-vous sollicité d’autres artistes pour ce projet? - En tant que Maghrébin, Africain et citoyen du monde, il me paraissait essentiel de réagir par rapport à cette tragédie qui a touché nos frères libanais. Je connais bien le Liban, je me suis rendu dans ce merveilleux pays à de nombreuses reprises, et j’ai toujours été frappé par cette joie de vivre, cette gaieté et cet amour du peuple libanais pour leur pays, qui a connu plusieurs moments difficiles, et qui a toujours su faire face aux épreuves, malgré tout. A travers cette chanson «Beyrouth», que j’ai réalisé en 4 jours avec le Disc-Jokey «Rodge», je souhaitais leur prouver à ma manière que j’étais présent dans ce douloureux moment pour les aider à traverser cette tragédie. Suite à la sortie de cette chanson, d’autres artistes arabes ont réalisé des compositions musicales et je suis fier du mouvement qui a suivi. Le plus important à mon sens est de créer une musique «joyeuse», «optimiste» et remplie d’espoir pour avancer. Il faut renouveler la musique arabe qui est souvent triste et mélancolique pour la peindre d’amour, de vie et de bonne humeur. En 40 ans de carrière, j’ai toujours prôné ces valeurs positives qui me sont chères. Tous les bénéfices de ce titre iront à la Croix Rouge pour aider le Liban et les Libanais, que j’aime profondément, à se remettre sur pied et retrouver leur superbe.
Au festival Gnaoua et musiques du monde à Marrakech en 2009, en compagnie du maître gnaoui, Hamid El Kasri. Khaled est un habitué des grandes scènes marocaines (Ph. Jarfi)
- Dans votre clip «Beyrouth», un drapeau marocain apparaît. Vous avez également obtenu la nationalité marocaine en 2013, ce qui a pu heurter certains de vos compatriotes algériens... - Depuis que j’ai débuté dans ce métier, il y a toujours eu des personnes qui critiquent, mais elles sont minoritaires, je suis aguerri à ces attaques depuis plusieurs années. Je suis originaire de la ville d’Oran, nous sommes à une heure trente de route de la ville de Oujda, et nous avons avec les Oujdis plusieurs points communs, dont la culture. Au Maghreb, il y a quelques siècles, il n’y avait pas de frontières. Ma ville de naissance est africaine et andalouse, comme Tanger. Ma mère parle couramment l’Espagnol et nous sommes des maghrébins, une même famille qui a été séparée au fil du temps. Il faut dire qu’il y a des marocains dans ma famille, ma tante était mariée avec un berbère du Maroc, donc j’ai grandi avec des marocains qui ont vécu en Algérie. Aussi, il y a des chanteurs marocains en Algérie comme Cheba Zahouania, dont la situation avait été régularisée en même temps que plusieurs marocains qui vivent en Algérie depuis toujours.
- Pour vous, les frontières n’ont pas lieu d’être… - Je me bats pour un «Maghreb Uni», je suis un artiste qui représente cette partie de l’Afrique dans le monde entier. Aux Pays-Bas, quand un tueur d’origine marocaine a commis un crime odieux en assassinant l’arrière petit neveu de Van Gogh en 2004, les hollandais venaient me voir et je leur expliquais que l’acte d’un seul homme ne pouvait pas condamner tout un peuple. Je l’ai fait pour le Maroc, je l’aurais fait pour l’Algérie ou la Tunisie, nous ne sommes qu’un seul peuple séparé par l’histoire. J’ai été invité en Egypte pour un concert en faveur de la jeunesse égyptienne, ils m’ont expliqué que s’ils avaient beaucoup de chanteurs talentueux qui parlaient aux égyptiens, ils savaient qu’à travers moi leur message serait délivré au monde entier. Je suis heureux que ma musique soit écoutée aussi bien par les rabbins, que par les imams. Cela prouve que la musique peut réaliser ce que les politiques n’ont pas réussi à accomplir. Je suis ravie que cela se fasse à travers ma musique, c’est une bénédiction.
«Je suis intimement convaincu que l’union fait la force, il faut ouvrir les barrages, casser les murs, abolir les frontières et permettre ainsi aux maghrébins de travailler et de vivre» (Ph. Bziouat)
- Vous militez donc pour un «Maghreb uni». Comment envisagez-vous cette union? - Je me battrai toute ma vie, jusqu’à ma mort, pour casser les frontières entre le Maroc et l’Algérie. Il faut laisser les politiques faire leur travail, qui est loin d’être facile, mais j’ai foi en l’avenir. C’est des sujets que nous avons évoqué avec le Roi Mohammed VI. Les Algériens aiment profondément leurs voisins et ils attendent l’ouverture des frontières pour rassembler des peuples frères. Nous avons décidé avec mon épouse cette année de créer ma propre société de production, afin de pouvoir réaliser des projets tels qu’un «we are the world», une initiative maghrébine avec des artistes de tous bords, de toutes origines pour montrer au monde que nous sommes un seul peuple, uni, et que nous ne sommes pas en guerre.
- Vous êtes un monument de la musique Rai, pourtant, vous vous êtes écarté de la scène musicale depuis plusieurs années. Pour quelle raison? Quels sont vos projets? - Je travaille actuellement sur mon prochain album. Il y a des projets qui ont été retardés avec cette crise sanitaire, mais les choses se profilent doucement et sûrement. Je souhaiterais m’engager davantage dans l’humanitaire, j’ai eu l’occasion de voyager au Soudan où il y a des graves inondations, ils vivent une situation très difficile avec l’Embargo et il ne faut pas les oublier. Quand je vois ce qui se passe dans le monde, je me dis qu’il y a tant à faire, et la conjoncture actuelle va davantage creuser les inégalités sociales. En octobre, je sors un single avec une chanteuse palestinienne «Elyanna», suite à notre rencontre aux USA, en attendant la sortie de mon album en 2021. Depuis «c’est la vie», je me suis occupé de la mienne et de mes 5 enfants que j’ai vu grandir ainsi que ma famille. Je veux donner de la joie à la jeune génération et lui insuffler l’espoir, car c’est grâce à l’espoir que tout est possible, c’est grâce à lui que la vie continue.
Idir, ce grand artiste
(Ph. L'Economiste)
- Ces dernières années, de grands chanteurs algériens, tels que Idir, Rachid Taha, Cheb Akil … ont tiré leur révérence. Idir disait de vous, et de Cheb Mami, que vous étiez les «Grands enfants naïfs du Rai». Quels sont vos souvenirs avec ces artistes? - J’ai beaucoup de respect pour «Idir» qui était un grand artiste. J’ai repris sa chanson «El harba Ouine», qui était en Amazigh, et je l’ai chantée en arabe. Depuis, la situation en Algérie entre Amazigh et Arabe s’est améliorée. J’ai même eu le privilège d’aller chanter à Tizi Ouzou. Cette chanson est dédiée aux jeunes qui risquent leur vie pour aller en Europe. Alors que les mères pleurent la disparition de leurs enfants, ces jeunes traversent la mer avec l’illusion d’un eldorado, mais ils n’ont pas idée de ce qui les attend de l’autre côté. J’ai visité le monde entier, et il n’y a pas plus bel endroit que le Maghreb. Nous avons des richesses insoupçonnables que beaucoup nous envient. Nous avons un paradis, et ces jeunes ne sont pas conscients de la chance qu’ils ont de vivre dans cette magnifique région du monde.
«Je voue une grande admiration au Roi Mohammed VI»
- Vous êtes ami avec le Roi Mohammed VI depuis l’époque où il était prince héritier. Vous aviez déclaré en 2018: «Quand le prince héritier est devenu Roi, il ne m’a pas tourné le dos». Comment décririez-vous votre relation? - Le Roi du Maroc Mohammed VI est une personne exceptionnelle avec un grand cœur et d’une grande générosité. Nous avons des relations d’amitié, de respect et de confiance. Il a fait des choses merveilleuses pour son pays, et il a consacré sa vie pour son peuple et sa patrie. Que Dieu lui apporte le succès, la santé et la prospérité. Nous avons une relation protocolaire depuis plusieurs années, je demande souvent de ses nouvelles et nous avons l’occasion d’échanger de temps en temps. Je voue une grande admiration à sa Majesté, qui me donne aussi son avis sur des sujets qui me concernent. La politique n’est pas facile, il y a des choses dont on n’a pas conscience. Ce n’est pas donné à tout le monde d’en faire, que le créateur l’accompagne dans sa mission qui est grande, noble et pure.
Par Ghizlaine BADRI | Edition N°:5852 Le 28/09/2020
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