Published date: Dimanche 16 octobre 2022 - 11:26 | Last update:5 hours 29 secs ago
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Le drame a choqué toute l’Algérie. Le 26 septembre, en Kabylie, Ryma Anane, 28 ans, enseignante de français, a été attaquée par son voisin alors qu’elle s’apprêtait à prendre le bus pour aller à son travail. Il l’a aspergée d’essence et brûlée vive à l’aide d’un briquet.
La nouvelle s’est répandue très vite sur les réseaux sociaux. Selon des sources locales, l’agresseur a fini par se rendre à la police quelques heures après l’attaque. D’après ses aveux, il aurait agi ainsi parce que la jeune femme avait refusé de se marier avec lui et choisi un autre futur époux.
« Son dos et son cou en flammes, Ryma s’empresse d’aller chercher de l’aide. Arrivée chez elle, elle s’effondre, et bredouille quelques mots : ‘’Il a brûlé mon avenir !’’ », rapporte le site d’information TSA.
Après son transfert à l’hôpital de Tizi Ouzou (Kabylie), les médecins ont jugé que son état nécessitait une prise en charge rapide à l’étranger au regard de la gravité des brûlures (60 % de son corps).
Rapidement, la solidarité s’est organisée à travers les réseaux sociaux et une cagnotte a été lancée pour payer les frais d’un transfert en Europe.
« La famille s’est d’abord tournée vers l’hôpital Saint-Louis à Paris, connu pour son expertise des grands brûlés. D’après le devis consulté par France 24, l’hôpital demandait plus de 316 000 euros pour 70 jours d’hospitalisation en réanimation », relate France 24.
Mais l’établissement n’a pas accepté l’échelonnement de la facture. « Qui peut faire ça ? Cela a retardé la prise en charge de Ryma à l’étranger. Et pendant ces quelques jours, elle aurait pu y passer », témoigne toujours sur France 24 un ami de la victime.
Faute d’avoir pu obtenir un visa pour la France, l’entourage de Ryma s’est tourné vers l’Espagne, qui a accepté de lui en délivrer un. Et grâce à une société d’assistance médicale, ADM international, la famille a pu trouver un hôpital à Madrid qui proposait un devis moins onéreux, avec par ailleurs la possibilité de payer par tranches.
Ryma a donc été transférée en Espagne par avion médicalisé grâce aux efforts de ses proches et des nombreux donateurs en Algérie et à l’étranger. Selon les dernières informations, son état se serait stabilisé.
La cellule de veille indépendante Féminicides Algérie relève qu’une jeune femme, mère de quatre enfants, a été assassinée, brûlée vive, par son époux le 16 avril 2022. Depuis le début de l’année, 32 cas de féminicides ont été recensés par les militantes.
Par
MEE
Published date: Dimanche 16 octobre 2022 - 11:26 | Last update:5 hours 29 secs ago
Ce beau navire qu'était le "Kairouan" ne mouillait que quelques heures à Oran. "Joé, tché, t'y es plus pressé que le Kairouan !", disaient certains Oranais.
Je regrette de ne l'avoir connu que pour notre départ d'Oran.
IMO 5179117 - Paquebot - 142,52 x 18,31 x 9,00 m - TE 6,30 m - JB 8 589 - PL 1 869 t - V 24 nds - Lancé en janvier 1942 par les Forges et Chantiers de la Méditerranée à La Seyne, mais bombardé par les Allemands en août 1944 alors que sa construction n'est pas encore terminée - Renfloué en juin 1947 - Achevé à La Ciotat et mis en service le 15 juillet 1950 entre Port-Vendres et l'Algérie.
Il possédait 3 ponts complets et une jauge brute de 8.800 tonneaux pour un port en lourd de 2.100 tonnes. Ses 3 cales étaient desservies par 4 grues de 3 tonnes.
Son équipage au complet était composé de 17 officiers, 39 hommes des services pont et machine, et de 70 membres du service général. Ses aménagements pour passagers étaient conçus pour 121 personnes en cabines de première classe, 330 en classe touriste et 923 en quatrième classe, soit au total 1.374 passagers.
La propulsion turboélectrique était assurée par 2 moteurs synchrones de 3.300 volts triphasés. Ces moteurs pouvaient développer un total de 28.000 chevaux à 194 tours-minute. Chaque moteur était alimenté par un groupe turboalternateur. L'appareil évaporatoire était composé de 4 chaudières à circulation forcée du type « La Mont » produisant 35 tonnes de vapeur à l'heure à la température de 425°c. Ces chaudières fonctionnaient à l'eau distillée et nécessitaient seulement 45 minutes de chauffe pour monter en pression.
Ce fut le seul paquebot affecté aux lignes d'Afrique du Nord à être entièrement peint en blanc, avec une silhouette fine... magnifique.
Il transporta les soldats français en Tunisie et en Algérie. Pendant la guerre d'Algérie, il effectua des transports de troupes de deux mille hommes, à grande vitesse et avec un bon confort.
Lors de l'évacuation de l'Algérie, il accueillit les rapatriés à pleins bords et les dégagea du cauchemar à un rythme accéléré et assura leur retour vers la métropole.
En 1964, il assura encore la liaison Alger Marseille et c'est sur ce navire que la première compagnie du Groupe de Transport 535 quitta l'Algérie pour la France.
Il effectua son dernier voyage sur l'Afrique du Nord pour le compte de la Compagnie Générale Transméditerranéenne en septembre 1973. La Compagnie de Navigation Mixte prit alors possession du navire, le désarma et le mit en vente amarré au quai de l'oubli, à coté du VILLE DE TUNIS.
Après 31 ans de bons et loyaux services, le paquebot fut vendu aux chantiers de démolition espagnols de Vinaroz. Remorqué par le Provençal IV, il arriva à Vinaroz le 23 décembre 1973 ou il y fut démoli l'année suivante.
Pour nombre de soldats il restera le paquebot de leurs 20 ans et souvent le paquebot des seuls voyages en mer de leur vie.
ÀAlger, dès le mois de mars dernier, le procédé d'élimination des chiens et chats errants, que nombre d'activistes amis des animaux ne cessent de dénoncer, a été interdit. Une victoire inespérée contre la Galoufa ! L'histoire remonte à la fin du XIXe siècle dans ce faubourg algérois de Bab el-Oued, quand la municipalité d'Alger, alertée par les cas de rage transmis par les chiens errants, charge un certain Garufa, d'origine espagnole, de les capturer. Armé de son fouet-lasso et tirant sa charrette à cages d'animaux, Garufa devient le croquemitaine que les mamans invoquent devant leurs enfants le soir pour qu'ils se tiennent tranquilles. L'Algérois Albert Camus cite cette pratique de chasse aux chiens errants dans Le Premier Homme pour dépeindre la bravoure des enfants de son quartier...
L'organisation d'extrême gauche pratiquant la lutte armée s'était fait connaître dans les années 1970, notamment lors du massacre de l'aéroport de Lod, à Tel Aviv.
La fondatrice de l'Armée rouge du Japon, Fusako Shigenobu (au centre), après sa libération de prison, aux côtés de sa fille, Mei Shigenobu (à droite) et de son avocate (à gauche), à Akishima, dans la préfecture de Tokyo, le 28 mai 2022. | Charly Triballeau / AFP
On la surnommait la «Reine rouge»: Fusako Shigenobu, militante communiste de longue date, fondatrice de l'Armée rouge japonaise, une brigade terroriste anti-impérialiste pro-palestienienne très active au Liban au début des années 1970, vient d'être libérée de prison après avoir purgé une peine de vingt ans.
Elle avait été condamnée pour avoir orchestré la prise d'otage du siège de l'ambassade de France aux Pays-Bas, à La Haye, en 1974, au cours de laquelle deux officiers de police avaient été grièvement blessés.
Recherchée par Interpol pendant près de trente ans, ce n'est qu'en novembre de l'an 2000 qu'elle fut arrêtée à Osaka, alors qu'elle venait de rentrer clandestinement au Japon sous une fausse identité. Si Shigenobu n'était pas présente au moment de l'attaque de l'ambassade, qui visait à faire libérer Yoshiaki Yamada, un militant de l'Armée rouge japonaise arrêté deux mois plus tôt en possession de plans pour de futures attaques, elle fut néanmoins désignée comme figure centrale du groupe terroriste, et conséquemment condamnée en 2006, au terme d'un long procès.
Deux ans avant la prise d'otages, en 1972, le groupe de gauche radicale s'était fait connaître dans le monde entier pour une action meurtrière de grande ampleur, perpétrée dans l'aéroport de Lod, à Tel Aviv, censée témoigner de son soutien à la cause palestinienne, et qui avait fait vingt-six morts (dont deux assaillants de l'Armée rouge) et près de quatre-vingt blessés.
Avant l'arrestation de Fusako Shigenobu, l'Armée rouge japonaise fut encore à l'origine de trois opérations importantes: une prise d'otages à l'ambassade de Kuala Lumpur, en Malaisie, en 1975, le détournement d'un avion de Japan Airlines vers le Bangladesh, en 1977, et une attaque à la bombe du club militaire américain de Naples, en 1988, qui fit cinq morts.
«Je m'excuse pour les désagréments que mon arrestation a causés à tant de personnes. C'était il y a un demi-siècle… Mais nous avons causé des dommages à des personnes innocentes qui nous étaient étrangères en donnant la priorité à notre combat, par exemple en prenant des otages», a déclaré Shigenobu après sa libération.
En 2001, elle avait annoncé la dissolution du groupe armé depuis sa prison, et avait admis en 2017, dans une lettre adressée à un journaliste du Japan Times, l'échec de l'entreprise: «Nos espoirs n'ont pas été comblés et cela s'est terminé de manière hideuse.»
Ce thriller politique et documentaire historique raconte l’ascension d’Oussama Ben Laden, jeune milliardaire Saoudien, créateur d’une organisation internationale : Al Qaïda. Ses héritiers vont donner naissance au groupe Etat Islamique Daech.
De la guerre en Afghanistan à l’éxecution de Ben Laden au Pakistan, pour arriver à la naissance de Daech, ce documentaire nous permet de retracer 40 ans de terrorisme international pour mieux comprendre la genèse des événements qui secouent l’actualité. Après plusieurs mois d’enquête aux Etats-Unis et au Moyen-Orient, ce documentaire inédit regorge d’images d’archives exceptionnelles et de témoignages de premier plan comme ceux des agents de la cellule Ben Laden de la CIA, du chef des services secrets saoudiens ou d’anciens djihadistes. Un film de Yannick Adam de Villiers.
«Revoir Paris», film émouvant avec Virginie Efira et Benoît Magimel, a été projeté samedi au Festival de Cannes, avant la présentation dimanche de «Novembre» de Cédric Jimenez, autre long-métrage sur les lendemains des attentats de Paris en 2015.
A gauche l’affiche de «Novembre», avec Jean Dujardin et Anaïs Demoustier, à droite Virginie Efira et Benoit Magimel dans «Revoir Paris»
Revoir Paris, à la Quinzaine des réalisateurs, suit le parcours de deux rescapés de l’attaque terroriste d’une brasserie, qui se croisent dans un groupe de parole revenu sur les lieux quelques mois plus tard. Novembre (hors compétition) est une plongée au cœur de l’anti-terrorisme les jours suivant les évènements, avec Jean Dujardin.
Ces deux films s’inscrivent dans une année 2022 où le grand écran s’est attaché aux attaques jihadistes du 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis, en banlieue. Ces attentats ont fait 130 morts, dont 90 dans la salle du Bataclan avec un assaut en plein concert.
En février, un film en compétition à la Berlinale, Un año, una noche, dressait d’ailleurs le bouleversant portrait de survivants de l’attaque du Bataclan.
Dans Amanda (2018), où Vincent Lacoste doit prendre soin de sa nièce subitement orpheline après la mort de sa mère, l’attentat n’était pas relié à ceux de 2015.
Pour Revoir Paris, Alice Winocour s’est inspirée de l’histoire de son frère, un rescapé du Bataclan et de la communauté des survivants qu’elle a pu approcher. Mia, jouée par Virginie Efira, ne se souvient plus de l’attaque quand Thomas, incarné par Benoît Magimel, se souvient de tout.
«Comme des fantômes»
«L’attentat est comme un trou noir, le miroir a éclaté, après il faut recoller les morceaux, elle le fait dans cette relation et dans toute une sorte de chaîne (de rencontres d’autres survivants)», explique la cinéaste, après une projection longuement applaudie.
«Les personnages de Mia et de Thomas sont un peu pour moi comme des fantômes, un peu dans les limbes, ne font plus partie de la communauté humaine». «Elle déambule dans sa mémoire mais revient petit à petit dans le monde réel», glisse la réalisatrice.
Le sujet est lourd mais jamais cafardeux. Alice Winocour, dont c’est le 4e long-métrage, a choisi Virginie Efira car elle collait à ce personnage «qui ne s’apitoie pas sur elle-même».
Benoît Magimel s’est également retrouvé dans Thomas. «Avec le temps, j’aime bien trouver des rôles en résonance avec des choses que je peux avoir vécues, là j’y ai trouvé des choses que je comprenais, comme se réparer à plusieurs, et puis il ne se victimise pas». Benoît Magimel a combattu dans sa vie des addictions à la drogue.
Le comédien est parfait dans le rôle de cet homme cassé qui répare les autres. «J’aime filmer dans tous mes long-métrages une sorte de fragilité derrière la carapace, comme Matt Dillon dans Proxima ou Matthias Schoenaerts dans Maryland qui abordait déjà le sujet du post-traumatisme», dissèque la cinéaste.
«La mort, pour parler de la vie»
«Ça m’a rappelé De son vivant (Emmanuelle Bercot) où on partait aussi de la mort pour parler surtout de la vie», met en parallèle Benoît Magimel, qui a obtenu un César pour ce film.
Revoir Paris aborde aussi les proches, ceux qui n’étaient pas sur les lieux des attentats, et qui n’arrivent plus à communiquer avec les survivants. «Comment votre compagnon, votre épouse peut comprendre ça ? C’est pour ça qu’ils ont besoin d’être au contact des autres survivants», insiste Benoît Magimel.
«Ça m’a fait penser à Voyage au bout de l’enfer, Robert de Niro a besoin de son ami (Christopher Walken), il repart là-bas (au Vietnam) pour le ramener, pour se guérir avec lui», développe-t-il.
Chez Michael Cimino, ça finit mal. Dans Revoir Paris, on entrevoit la lumière. «Tous ce que les terroristes veulent détruire est toujours là, la chaleur humaine, les lumières de Paris» conclut Alice Winocour.
Événement-phare de la saison touristique en Tunisie et symbole de sa réputation de terre de tolérance, le pèlerinage juif a pu reprendre cette année sur l’île de Djerba après deux ans d’interruption pour cause de covid, sous haute sécurité.
Un pèlerin juif lit la Torah dans la synagogue de la Ghriba, sur l’île tunisienne de Djerba, le 18 mai 2022 (AFP/Fethi Belaïd)
Cette année, après deux ans d’interruption en raison du covid-19, la synagogue de la Ghriba accueille à nouveau ses pèlerins. L’édition 2022 a lieu du 14 au 22 mai. Durant une semaine, des centaines de fidèles juifs affluent du monde entier sur l’île de Djerba, souvent en faisant escale à l’aéroport de Tunis. L’importance de l’événement est telle qu’un dispositif de sécurité renforcé a été mis en place, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’aérogare.
Arrivant en provenance de Rome, Haïm Attoum, 82 ans, dit avoir attendu ce voyage pendant trois ans, lui qui ne ratait quasiment aucune édition. « Malgré mon âge, c’est toujours un plaisir pour moi de revenir à Djerba. C’est à chaque fois un grand moment d’émotion », déclare-t-il à Middle East Eye.
Il est vrai que la fête de la Ghriba constitue un moment de recueillement et de ressourcement pour des milliers de juifs, pour la plupart originaires d’Afrique du Nord, qui y prennent part souvent en famille. Certaines éditions ont rassemblé jusqu’à 8 000 personnes dans cette synagogue, la plus ancienne d’Afrique, faisant de cette fête religieuse un événement-phare de la saison touristique en Tunisie.
Important dispositif sécuritaire
Dans les rues de Djerba, une forte présence policière est remarquée. Des barrages de contrôle sont mis en place aux principaux ronds-points, plus particulièrement sur le chemin menant à la synagogue de la Ghriba.
Amir, un chauffeur de taxi, est impressionné. « On a rarement vu circuler autant de véhicules des forces de sécurité sur l’île de Djerba. On dirait que c’est la visite d’un chef d’État », dit-il à MEE.
Des forces spéciales tunisiennes montent la garde près de la synagogue de la Ghriba sur l’île balnéaire tunisienne de Djerba, lors du pèlerinage juif annuel, le 18 mai 2022 (AFP/Fethi Belaïd)
De nombreux bus transportant des touristes font des allers-retours entre les hôtels de l’île et la synagogue, escortés par les voitures de police. « On parle de plus de 5 000 touristes venus spécialement pour cette cérémonie. C’est vrai que ça encombre les routes, mais ça rapporte beaucoup pour l’économie locale », commente Amir.
En effet, une majorité d’hôtels affiche complet, à tel point que de nombreux visiteurs se rabattent sur les rares auberges de jeunesse qu’abrite l’île. « Les prix des hôtels sont revus à la hausse durant la période du pèlerinage de la Ghriba car la demande est très forte et les chambres sont souvent réservées à l’avance », confie un hôtelier.
« On parle de plus de 5 000 touristes venus spécialement pour cette cérémonie. C’est vrai que ça encombre les routes, mais ça rapporte beaucoup pour l’économie locale »
- Amir, chauffeur de taxi
Aux abords de la synagogue, à plus de 200 mètres de la porte d’entrée, un énorme barrage filtrant est érigé. Contrairement aux éditions des années précédentes, l’accès est très restreint. Une invitation officielle est exigée pour les visiteurs non juifs. « Ce sont les instructions ! », lance un officier de police visiblement tendu.
Le 11 avril 2002, le lieu de culte avait été la cible d’un attentat meurtrier, revendiqué par al-Qaïda, qui avait entraîné la mort de 21 personnes.
Partage et convivialité
De leur côté, les pèlerins juifs affluent parés de leurs habits de fête. Les chemises de soie et les colliers de perles sont souvent de mise. D’aucuns arrivent avec des sacs de nourriture, notamment des fruits, et des boissons à la main.
Le pèlerinage consiste aussi à suivre en procession une grande menorah montée sur trois roues et décorée de tissus colorés (MEE/Nourredine Bessadi)
La fête de la Ghriba est aussi un moment de partage et de convivialité entre des fidèles venus du monde entier, d’autant plus que les retrouvailles se font cette année après deux ans de suspension due à la pandémie.
Le pèlerinage consiste aussi à suivre en procession une grande menorah, le chandelier (ou candélabre) juif, montée sur trois roues et décorée de tissus colorés.
Cette année, pour des raisons de sécurité, la procession a été limitée à un périmètre réduit à l’intérieur de la synagogue, alors qu’elle n’hésitait pas, dans le passé, à sillonner certaines autres parties du Hara Sghira (le « petit quartier », où les juifs ne sont pas majoritaires, contrairement au « grand quartier », le « Hara Kbira ») .
Beaucoup de pèlerins se contentent ainsi de se recueillir et de prier à l’intérieur de la synagogue. Des prières rythmées par des chants mystiques séfarades, souvent interprétés par des personnes âgées.
Djerba, terre de tolérance
Avant son indépendance en 1956, la Tunisie comptait pas moins de 100 000 juifs. Aujourd’hui, ils sont environ un millier, installés essentiellement sur l’île de Djerba.
Bien que leur nombre soit en net déclin, la présence juive sur l’île de Djerba demeure un témoin de la tolérance dont jouissent les membres de cette communauté sur cette île qui constitue un dernier îlot de coexistence confessionnelle en Afrique du Nord.
Conscients de la fragilité de cet équilibre, les autorités de l’île multiplient les initiatives pour le protéger. La dernière en date est le dépôt du dossier d’inscription de l’île de Djerba au patrimoine mondial auprès de l’UNESCO. Un dossier qui a été accepté en janvier 2022 après plusieurs tentatives infructueuses.
Une liste de 24 monuments implantés partout sur l’île, dont la synagogue de la Ghriba, sont ainsi proposés à l’inscription. L’objectif de cette démarche est la consécration de ces monuments en tant que patrimoine de l’humanité, qu’il importe de protéger et de transmettre aux générations futures.
Parmi plus de 380 000 soldats cubains qui ont combattu pour les indépendances africaines, au moins 12 000 sont morts. Fidel Castro a été un acteur important des décolonisations africaines. Une Histoire que les Africains ont tendance à oublier…
Le 13 août 2016, pour son 90e et dernier anniversaire, le chef de la révolution cubaine, Fidel Castro, portait le survêtement de l’équipe de football nationale de l’Algérie. C’était alors la dernière apparition publique d’«el Comandante ». Un peu plus de trois mois plus tard, Castro décède. En Afrique, de nombreux pays ont décrété un deuil national en son honneur.
Incompréhensible pour l’Occident. Mais incompréhensible aussi pour une grande partie de la jeunesse africaine. Si l’on n’est pas Angolais, Algérien, ou Bissau-Guinéen, difficile de comprendre la relation entre le leader cubain et l’Afrique. Certains médias africains annonçaient la mort du « tyran cubain », une narrative que même les médias occidentaux n’osaient pas.
Mais, si l’on ne doit pas pour autant oublier les figures de la libération de l’Afrique du joug de la colonisation européenne, Fidel Castro a, lui aussi, une place indéboulonnable dans l’Histoire africaine du XXe siècle.
La politique nationale de Fidel Castro ne regarde pas outre-mesure les Africains. Il faut toutefois dénoter le système de santé à Cuba, salué d’ailleurs par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui considère les soins publics cubains comme « un exemple pour le monde entier ». L’ère Castro a laissé aussi le plus haut taux de vaccination contre les maladies virales du monde entier — l’immunisation à Cuba s’élève à plus de 96 % contre 27 maladies selon une recherche américaine. Puis, si on en croit l’Unicef, l’alphabétisation à Cuba s’élevait à 100 % à la mort de Fidel Castro.
Si tous ces indicateurs de gouvernance peuvent être mis en doute, la contribution cubaine à la libération de l’Afrique, elle, demeure un fait largement documenté.
Afrique-Cuba, une amitié née dans le sang des martyrs
En 1987, le Los Angeles Times affirmait que 10 000 soldats cubains avaient été tués en Angola depuis 1976. « Un chiffre proportionnellement plus grand que le nombre d’Américains morts au Vietnam », affirmait le journal américain.
Selon Fidel Castro lui-même, « 381 432 soldats cubains se sont battus main dans la main avec des soldats africains pour l’indépendance nationale ou contre une agression étrangère ». Une estimation d’un Fidel Castro qui était friand de précisions, que personne n’a jamais niées.
Car la lutte anticoloniale afro-cubaine fait partie de ce peu de romantisme révolutionnaire que les indépendances africaines ont pu, un jour, revendiquer. Aujourd’hui, l’amitié afro-cubaine, tout autant que l’indépendance africaine, sont également incertaines.
Si on peut rappeler la répression de l’opposition à Cuba pendant le long mandat de Castro, « l’une des plus grandes ironies est que les mêmes personnes qui exigent la reconnaissance de ses torts, étaient du mauvais côté de l’Histoire ou ont parrainé des dictatures dans de nombreux pays africains », écrit l’auteur Sean Jacobs.
Après avoir libéré Cuba du règne corrompu de Batista en 1959 et pris le pouvoir, Fidel Castro s’est rapidement retrouvé aux antipodes des Etats-Unis et des pays occidentaux en général. Mais contrairement à ce que l’on pourrait penser, son rapprochement de l’Union soviétique s’était opéré par élimination. Pour Fidel Castro, la diplomatie relevait d’un facteur : la décolonisation et l’intérêt commun.
La campagne militaire africaine de Fidel Castro
Pour cette raison, ainsi que son activisme dans les réseaux antiracistes depuis l’adolescence, Fidel Castro s’était rapidement tourné vers l’Afrique. Il faut préciser qu’une majorité de Cubains étaient aussi descendants d’Afrique.
Le premier « acte africain » concret de Castro a été son soutien à l’indépendance algérienne pendant la guerre d’Algérie au début des années 1960. Trois ans plus tard, Cuba avait envoyé des soldats pour entraîner les guérilléros d’Amílcar Cabral au Cap-Vert en en Guinée-Bissau. C’était d’ailleurs ce dernier qui avait déclaré : « Quand les combattants cubains rentreront chez eux, ils n’emporteront que les restes de leurs compagnons morts ».
Le 24 avril 1965, le compagnon de Fidel Castro, Ernesto « Che » Guevara a débarqué dans l’est de l’actuelle République démocratique du Congo (RDC). Accompagné de soldats, de docteurs et d’infirmiers, le contingent cubain a mené une guerre sanglante contre les troupes américaines et belges déployées alors du Tanganyika jusqu’au Kasaï.Plus tard, entre 1966 et 1974, les forces cubaines ont combattu avec le PAIGC pour l’indépendance de la Guinée-Bissau. Puis, depuis 1976 et jusqu’à la fin de l’apartheid en Afrique du Sud, des dizaines de milliers de soldats cubains ont arpenté l’Afrique australe, infligeant des défaites humiliantes à l’armée sud-africaine et ses alliés rebelles angolais.
Nelson Mandela écrivait d’ailleurs, depuis sa prison de Robben Island : « C’est la première fois qu’un pays d’un autre continent vient, non pas pour prendre quelque chose, mais pour aider les Africains à obtenir leur liberté ».
Affaire Ben Barka: Documents révélés par le hacker Coleman – Maroc, Israël, Mossad, Hassan II, Miloud Tounzi, services secrets,
Courrier de Maître Ralph Boussier du 08 décembre 2010:
—– Message transféré —- De : Ralph BOUSSIER <[email protected]> À :[email protected] Envoyé le : Mer 8 décembre 2010, 16h 59min 24s Objet : 20071097 – TOUNZI – CONSULTATION
Cher monsieur,
Conformément à la stratégie arrêtée lors de notre dernier rendez vous général voici la déclaration d’appel qui fut régularisé par maitre Clément.
J’ajoute que le greffe de la Cour d’appel lui a indiqué que depuis 34 ans que dure cette instruction et en dépit des 11 juges d’instructions qui se sont succédés dans ce dossier , jamais la Cour n’avait connu de ce dossier.
RALPH BOUSSIER Avocat à la Cour SCP Normand & Associés 7, place de Valois-75001 PARIS
De : Ralph BOUSSIER <[email protected]> À :[email protected] Envoyé le : Ven 24 décembre 2010, 15h 00min 07s Objet : note de lecture livre de me Buttin
cher monsieur, merci de transmettre cette note à monsieur le Directeur général. bien entendu e suis à son entière disposition pour lui commenter de vive voix à sa convenance. cordialement
RALPH BOUSSIER AVOCAT A LA COUR SCP NORMAND FRANCE +33 1 47 20 30 01 +33 1 47 20 06 01 +33 6 76 86 91 50
NOTE DE LECTURE DU LIVRE DE MONSIEUR MAURICE BUTTIN
sur cette publication :
il convient de souligner d’ores et déjà et en introduction que cet ouvrage est édité chez KARTHALA qui est une société d’édition très confidentielle qui ne produit que des ouvrages très particuliers à audience restreinte.
Pour preuve s’agissant de celui-ci, il n’est pas encore à ce jour diffusé chez les libraires ou les grandes enseignes de diffusion d’ouvrage et il convient d’aller l’acquérir chez l’éditeur lui-même.
présentation générale de l’ouvrage :
Ce livre est en réalité un prétexte pour son auteur de réaliser une biographie en se dissimulant derrière un titre particulièrement accrocheur puisqu’il utilise le nom de trois personnalités à très forte notoriété que sont feu sa majesté HASSAN II, le Général DE GAULLE et BEN BARKA.
Le titre et la première de couverture indiquent clairement que l’essentiel du livre concerne le dossier qui aura occupé presque toute la vie professionnelle de cet avocat à savoir l’affaire BEN BARKA ;
Au travers de 479 pages, dont 430 sont consacrés à Mehdi BEN BARKA, il est retracé les premières années de l’Indépendance jusqu’à la disparition de Mehdi BEN BARKA en ce mois d’octobre 1965.
L’aspect témoignage politique n’est pas l’objet de la présente et j’en fais l’économie. C’est pourquoi je vais directement à ce qui est intitulé « l’affaire BEN BARKA » et qui est la troisième partie du livre qui comprend trois sous-parties que sont :
la première plainte (1965-1975)
la deuxième plainte (1975-2010)
« les responsables ».
l’analyse de la troisième partie :
la première plainte et sa gestion de 1965 à 1975 :
Au travers de cette première sous-partie, il est essentiellement décrit tout d’abord l’influence supposée de Mehdi BEN BARKA, puis les éléments politiques qui auraient conduit à sa disparition et enfin l’impact de sa disparition au sein du Royaume du Maroc.
Cette partie se termine bien entendu par les éléments fondamentaux que sont les procès de 1966 et 1967 et il faut d’ores et déjà souligner que de façon très contrastée l’auteur relève que si l’instruction de cette affaire n’a pas été bâclée par le Juge ZOLLINGER, en revanche elle aurait été réalisée dans un délai beaucoup trop court pour, comme cela est indiqué : « (…) dégagées toutes les mailles du filet (…) » (Cf. page 297).
Afin de fonder son propos, Maître BUTTIN reprend l’interview qu’avait donnée le Juge d’instruction le 21 mars 1990 dans une émission d’enquête de Charles VILLENEUVE où ce magistrat à la retraite avait répondu :
« je ne pouvais plus rien ajouter. Toutes les portes étaient fermées, tous les verrous poussés (…) ».
Pour achever l’illustration de cette première thèse, il est cité un extrait du journal suisse La Liberté Fribourg du 4 avril 1966 qui aurait affirmé que le dossier du juge fut d’autant plus rapidement clos qu’il était visible que le pouvoir avait hâte d’en finir avec un dossier plus volumineux que lumineux.
C’est sur ces appréciations donc que s’ouvre la relation du procès de 1966 qui, et il n’est pas neutre de la souligner, s’appelle pour le commun des mortels « l’affaire BEN BARKA », nom de la victime, et non du nom des accusés, ce qui est plus habituel en matière criminelle.
Dans cette première affaire l’audience durera 17 semaines, six accusés sont présents dans le box. Ils sont accusés d’arrestation illégale et de séquestration et pour le Roy Finville de non dénonciation de crime.
Bien entendu, cette première partie de procès sera interrompue par l’arrivée de Monsieur DLIMI, ce qui renverra le procès et conduira à une deuxième session d’assises.
Pour synthétiser l’essentiel du procès, en tout cas de cette première partie du procès, il faut reprendre la citation qui est faite par Maître BUTTIN s’agissant de la plaidoirie de l’un de ses confrères qui relève qu’ « il est regrettable que beaucoup de gens n’ait connu l’existence de BEN BARKA, ce leader du Maroc et du Tiers-Monde, qu’à propos de son enlèvement (…) » (Cf. page 299) nous sommes manifestement dans une tribune politique et non dans une enceinte de justice.
Il faut relever qu’avec une certaine franchise, Maître BUTTIN note que cette première série de journées d’audience est très décousue, que les témoignages sont contradictoires et qu’il est tellement impliqué dans le dossier que le Président va même jusqu’à s’interroger, s’adressant à lui, en lui disant :
« (…) êtes-vous témoin ou avocat ? (…) »ceci est intéressant pour la situation actuelle de ce dossier et des agissements du juge Ramael.
La réflexion du Président de la Cour d’Assises de Paris résulte de l’interrogatoire de EL MAHAI qui est pris à partie par Maître BUTTIN lorsqu’il déclare qu’il est étudiant, alors qu’il l’aurait reçu précédemment au Ministère de l’Intérieur à Rabat en lieu et place du Général OUFKIR.
D’ores et déjà, on s’aperçoit que Maître BUTTIN est arc-bouté sur le fait de savoir qui est Monsieur CHTOUKI.
En effet, il explique au Président que pour sa cliente Madame BEN BARKA, il a besoin de savoir qui est ce personnage, qui est selon lui la charnière du dossier et que personne n’a pu retrouver.
Le Président en bon magistrat lui coupe la parole et lui dit :
« (…) se sont des appréciations je voudrai que vous posiez votre question (…) » (Cf. page 301)
Il n’est pas neutre non plus de relever avec quelle insistance LOPEZ est interrogé afin d’identifier CHTOUKI et la seule information qui ait pu avoir la Cour d’Assises est que cette personne existait puisque Monsieur EL MAHAI le connaissait.
Monsieur EL MAHAI va jusqu’à dire qu’il l’a connu comme Commissaire de police et que son prénom était Miloud.
Monsieur EL MAHAI va être très disert puisqu’il va définir le rôle de DLIMI auprès d’OUFKIR et il identifie le cabinet 1 puis fait référence à la Villa MOKRI. (page 303)
Manifestement, les débats se tendent et le Président menant de façon ferme et respectueuse du Code de procédure criminelle ceux-ci, va jusqu’à suspendre l’audience compte-tenu de la volonté qu’ont certains avocats des parties civiles de transformer en tribune politique l’audience.
Ces incidents d’audience vont aller jusqu’à ce que le Président interdise à Maître BUTTIN d’intervenir à tout bout de champ et il ne se retirera pas de ce procès à la demande de Abderrhaman YOUSSOUFI qui lui demande de se maintenir pour pouvoir plaider.
Pour illustrer la tension qui existait, il est fait référence à un article paru le 30 septembre 1966 dans le journal Combat qui relevait que :
« Lorsque le 30 septembre, le Président PEREZ a osé censurer le témoignage du Bâtonnier YOUSSOUFI, la partie civile a menacé de se retirer, (…), il ne s’agissait pas d’un chantage. Et c’est pourquoi soudain apeuré le Président, après une courte suspension d’audience a platement battu en retraite, (…), mais je crois comprendre que la partie civile a désormais perdu toute illusion, le pouvoir de Matignon a prévalu sur celui de l’Elysées, (…), la partie civile est revenue pour la forme à la barre. Moralement elle s’est retirée. Le procès des assassins de BEN BARKA peut se poursuivre maintenant sur un autre plan que le judiciaire. L’affaire ne fait que commencer. Le mort aura la vie dure. Le mort aura le dernier mot (…). »
Cette position et cette relation des faits, en un mot ce témoignage, sont particulièrement importantes dans la situation actuelle puisqu’on s’aperçoit qu’en réalité les parties civiles n’auront de cesse à partir de ce moment là que « ..d’affirmer que cette tragique et ténébreuse affaire à la double responsabilité marocaine et française, ne peut avoir de conclusion puisque les verrous mis par les complices français à une instruction complète et le silence obstiné des accusés et des autres personnes vraisemblablement au courant, empêche que le sort réservé à la victime ne soit connu… » (Cf. page 308)
La position deviendra éminemment politique, à tel point que les journaux retiennent que Maître BUTTIN fait œuvre de militant en faisant plaidoirie essentiellement centrée sur la politique marocaine pour aboutir à la théorie du complot.
De façon curieuse, Maître BUTTIN règle le réquisitoire de l’Avocat général TOUBAS en deux lignes en indiquant qu’il est implacable mais qu’il se garde bien de mettre en cause le souverain marocain.
C’est donc au terme de 37 jours d’audience que le verdict doit être rendu mais un coup de théâtre intervient le 19 octobre, puisque le Directeur général de la Sûreté Nationale Ahmed DLIMI se présent au Palais de justice et se constitue prisonnier.
Cette arrivée, certes spectaculaire, permet à Maître BUTTIN de retenir que « … le pouvoir marocain en joueur avisé s’sacrifia une pièce importante de son jeu, ce qu’il qualifie être le troisième pilier du régime selon ce qu’aurait écrit le Bâtonnier YOUSSOUFI dans son ouvrage intitulé L’Evènement paru en novembre 1966 page 22. … »(page 311).
Bien entendu le procès est ajourné et après avoir rappelé la tragique série de décès des confrères de la partie civile, Pierre STIBBE, le Bâtonnier THORP et Michel BRUGUIER Maître BUTTIN une nouvelle fois va extrapoler et à indiquer que tous trois seraient décédés épuisés par les semaines de travail, de présence aux audiences, de tension et de passion lors du procès BEN BARKA.
Certains seraient même allés jusqu’à parler de la malédiction qui s’abattait sur les avocats de la partie civile.
Ceci renvoie au 17 avril 1967 où le même Président, à savoir le Président PEREZ ouvre la nouvelle session d’Assises qui est l’objet d’entrée de jeu d’un incident des parties civiles qui souhaiteraient qu’elle soit tenue plus tard.
Les parties civiles savent que cette demande de renvoi du procès à un mois n’est bien entendu pas acceptable pour le Président.
Ceci conduit Maître BUTTIN à affirmer qu’à compter de ce jour, Madame BEN BARKA a décidé de consacrer désormais sa vie et ses moyens à la recherche de la vérité, et c’est face au refus de cette demande de renvoi que la partie civile quitte l’audience et deviendra un spectateur silencieux. (Cf. page 315).!
Faisant manifestement l’objet d’une orchestration et d’une organisation particulière qui avaient pour seul but, dès cette époque là, de montrer que dans cette affaire l’instruction dans un premier temps puis le procès dans un second ne sont pas normalement menés, la partie civile va avoir le beau rôle de quitter les débats et sera soutenue par une partie de la presse française comme par exemple le Canard Enchaîné qui écrit le 19 avril 1967 :
« Dieu merci, la mort, puis le Président PEREZ ont finalement réussi à écarter cette inconvenante partie civile du prétoire, où elle jetait le trouble. Désormais, le linge sale de l’affaire BEN BARKA se lavera, comme il se doit, en famille. Tous les espoirs sont permis (…) Quant à Monsieur le Président PEREZ, le voici réduit au silence. Son rôle principal consistait, en effet, à dire « la question ne sera pas posée » et l’on saura enfin la vérité, comme toute la vérité, comme l’a promis DE GAULLE à la mère de BEN BARKA ».
Fort de cette position de témoin silencieux, Maître BUTTIN va ensuite dans son ouvrage faire sa plaidoirie, en disant « si j’avais pu plaider les débats auraient été différents ».
Comme vous le savez le verdict est rendu le 5 juin 1967. Monsieur SOUCHON est condamné à six ans, LOPEZ à huit ans de réclusion criminelle. Maître BUTTIN rappelle que l’Avocat Général avait requis 20 ans contre le premier et 15 ans contre le second. Tous les autres accusés sont acquittés et c’est ainsi que seront clôturés 70 journées d’audience.
L’auteur nous livre également une citation parue dans la revue L’Evènement sous la plume de K. Archibald qui écrivit que :
« en rendant leur verdict, les jurés n’ont fait que rendre au Tribunal la monnaie de sa pièce. Les faiblesses du dossier, les références sempiternelles au secret professionnel et à l’acte de gouvernement, leur ont fait comprendre qu’ils n’avaient pas droit à la vérité mais aux quelques parcelles que la raison d’état jugeait bon de leur livrer. Dans ces conditions, ils ont estimé qu’ils n’avaient pas à juger (…) ».
Mais la Cour rendit également le même jour un deuxième arrêt pour condamner par contumace OUFKIR, CHOUKI et les quatre truands français dans cet arrêt Ahmed DLIMI est acquitté, OUFKIR condamné par contumace. Ainsi se clôture la première partie de cette affaire.
Maître BUTTIN renvoie à des appréciations politiques en faisant référence notamment au livre « Les officiers de sa Majesté » mais ce n’est pas particulièrement dirimant.
deuxième plainte de 1975 à 2010 :
Comme nous le savons, Maître BUTTIN a régularisé une plainte contre X le 21 octobre 1975 pour assassinat, complicité d’assassinat et toute autre infraction que l’instruction révèlerait.
Cette plainte est motivée par le fait que les arrêts du 5 juin 1967 n’ont pas fait justice. (Cf. page 339)
Il ne me semble pas très pertinent de faire des développements sur l’introduction afférente à cette deuxième plainte puisqu’il s’agit essentiellement d’appréciation de Monsieur BUTTIN et le premier élément intéressant développé visé les mandats d’arrêt en page 352.
Ce qui ne sera pas pour nous surprendre, il retient que le Juge RAMAEL a incontestablement adopté une attitude plus offensive que ces prédécesseurs et cette offensive bien entendu prend la forme des cinq mandats d’arrêt d’octobre 2007 qui sont motivés uniquement pour entendre les survivants de l’époque « et non à priori pour les mettre en examen comme certains médias l’ont soutenu » (page 352).
Il rend également hommage au courage du journaliste Joseph TUAL et relève que cette décision du Juge RAMAEL est une première depuis le dépôt de la nouvelle plainte.
Ensuite, il est rappelé que manifestement les mandats d’arrêt internationaux n’ont pas gêné dans ses déplacements le Général BENSLIMANE et qu’en juin 2009 lorsque Michèle ALLIOT-MARIE devient Ministre de la justice et des libertés, après qu’elle ait été saisie par lettre, s’étonnant de la non exécution par le Maroc des commissions rogatoires internationales, il aura reçu une réponse le 28 août, lui indiquant qu’elle saisissait immédiatement le Directeur des affaires criminelles et des grâces et à mi-septembre, la décision est prise de diffuser les mandats d’arrêt.
Il est relevé que moins de 24 heures après, une décision contraire intervient.
Fort de cela, et de ces errements quant à l’exécution des mandats d’arrêts ou des commissions rogatoires internationales, Maître BUTTIN rappelle que le 2 octobre 2008 il avait été reçu au quai d’Orsay par trois représentants du Président de la République française et qu’on lui aurait proposé un marché, à savoir d’échanger l’exécution des commissions rogatoires internationales contre la mise à néant des mandats d’arrêts internationaux. Marchandage auquel il se serait refusé.
Il termine ce chapitre en apothéose en citant in extenso la lettre écrite le 7 octobre 2009 par le Juge RAMAEL au Procureur de la République en lui indiquant :
« (…) Interpol revendique le blocage des diffusions sollicitées selon des procédures internes confidentielles qui tiennent compte des intérêts politiques et diplomatiques. En conséquence, j’estime inutile et hypocrite de fournir de plus amples éléments afin de permettre d’apprécier s’il s’agit d’une affaire mettant en cause des responsabilités étatiques. Manifestement l’affaire BEN BARKA continue de déranger 44 ans après, (…) ».
L’auteur ajoute que le Juge renouvelle alors les quatre mandats d’arrêt et ajoute un cinquième visant Monsieur EL ASSOUNI puisque semble-t-il il vient d’obtenir l’identité complète de celui-ci.
L’auteur s’exclame en conclusion que le Maroc refuse d’exécuter les commissions rogatoires internationales et que la France s’oppose à l’exécution des mandats d’arrêt. Une fois de plus la raison d’état et des Etats l’a emporté sur l’exigence de justice. (page 354)
A partir des pages suivants, il s’agit plus d’un travail d’enquête qui est mené par l’auteur, qui a reconstitué certains éléments à partir soit des pièces pénales soit d’auditions récentes de personnes qui subitement se présentent chez le Juge RAMAEL, tel un agent d’Orly Monsieur Daniel TROUBLE qui, le 18 juin 2009, va déclarer au Juge d’instruction :
« Lorsque je suis arrivé comme jeune agent des services commerciaux aux frets d’Orly, en 1969, j’ai entendu parler les anciens et je suis venu vous livrer mon témoignage (…). Il se disait qu’un dimanche, me semble-t-il, vers 5 heures du matin, l’employé de permanence pour la taxation des colis avait vu arriver en personne Maurice PLAGIAS, chef du centre de fret, et deux autres personnes. La présence de ces deux responsables ce jour là et à cette heure là, était totalement inhabituelle.
Ils étaient venus faire taxer un colis parallélépipédique, identique à ceux servant à transporter les cercueils, d’un poids de 125 à 140 kg, supposé contenir des pièces détachées à destination de Casablanca.
Ce colis a été embarqué dans un DC3 qui n’aurait embarqué rien d’autre (…). Le lendemain, deux gendarmes sont venus récupérer la souche de la LTA, qui est le titre de transport d’une marchandise et l’ont emportée. Là aussi c’est étrange (…), quelques semaines plus tard PLAGIAS et FOSSATI ont été muté tous les deux. Il faut dire que les rumeurs de leur appartenance au SDECE allaient bon train (…) ».
Tout à l’avenant jusqu’à la fin de l’ouvrage et sur le dernier chapitre afférent aux responsabilités de façon paradoxale et peut-être consensualiste, on peut relever que quatre pays semblent avoir une responsabilité aux yeux de Maître BUTTIN, à savoir le Maroc, la France, Israël et les Etats-Unis.
Dans le cadre de cet ouvrage et au regard de ce qui nous intéresse plus particulièrement, je souhaite relever l’attention du lecteur sur la page 251.
Je reviens sur celle-ci car elle me semble essentielle sur la relation des faits et l’analyse qui en est faite par Maître BUTTIN au regard du mandat d’arrêt international visant Monsieur Miloud TOUNZI.
Bien entendu, de façon lapidaire et sans que ceci soit nullement fondé, bien au contraire tout permet de contester cette affirmation, l’auteur fait un amalgame entre Miloud TOUNZI et Miloud CHTOUKI.
Je rappelle que le mandat d’arrêt international vise un homicide volontaire à l’encontre de Monsieur Miloud TOUNZI et donc suppose que celui-ci ait à tout le moins rencontré l’hypothétique victime dans le cadre de sa présence à Paris le 30 octobre 1965.
Or, ce samedi 30 octobre 1965, Maître BUTTIN a semble-t-il collationner dans le premier dossier généré par la première plainte des informations chronologiques très précises qui conduisent à pouvoir affirmer que Monsieur CHTOUKI n’a jamais rencontré Mehdi BEN BARKA à Paris à cette date là.
Par voie de conséquence, juridiquement le mandat d’arrêt, bien entendu passée la difficulté première de faire un amalgame et une parfaite superposition de personne, succomberait à l’analyse juridique puisque Maître BUTTIN affirme :
« (…) OUFKIR arrive à son tour à Orly à 17 heures. Accueilli par CHTOUKI, EL MAHI et LOPEZ. Il se fait conduire par celui-ci à Fontenay le Vicomte où DLIMI l’accueille vers 18 heures. Le Général a confié sa valise à EL MAHAI et lui a demandé de lui prendre une chambre à l’hôtel ROYAL ALMA et de l’y attendre avec CHTOUKI. Tous deux patienteront une partie de la nuit en vain. OUFKIR n’occupera à aucun moment la chambre, mais fera chercher sa valise. EL MAHI passe plusieurs coups de fils chez BOUCHESEICHE et chez LOPEZ sans réponse (…) ».
Donc cette reconstitution, si on la retient comme étant juste, et il n’y a aucune raison de ne pas le faire, atteste incontestablement d’une impossibilité physique de rencontre entre Mehdi BEN BARKA et le sieur CHTOUKI.
Bien entendu, cet ouvrage peut donner lieu à d’autres réflexions mais j’ai volontairement cantonné mon analyse à cette partie du dossier afférente à Monsieur Tounzi.
***
En conclusion, il faut retenir que cet ouvrage n’aura sans doute pas beaucoup de lecteurs. Toutefois il est une note de synthèse très intéressante même si elle est à charge puisqu’elle dissimule certainement des éléments à décharges contenus dans le premier dossier pénal qui nous sont inconnus, tout comme des éléments contenus dans le deuxième dossier pénal et qui viendraient les uns comme les autres asseoir incontestablement la position selon laquelle les mandats d’arrêt internationaux qui ont été relancés en octobre 2007 à l’encontre des quatre personnes susnommés, n’ont aucun fondement et ne sont, comme Maître BUTTIN le dit lui-même dans son ouvrage, que des ballons sondes qui ont uniquement comme ambitions d’obtenir des informations qu’ils ignorent encore aujourd’hui après plus de 35 ans d’instruction et 11 juges d’instruction.!
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LA DISPARITION DE BEN BARKA DANS LA PRESSE FRANÇAISE
Le Monde : Révélations en Israël sur l’implication du Mossad dans l’affaire Ben Barka Deux journalistes viennent de publier une enquête sur le rôle des services de renseignements israéliens dans la disparition de l’opposant marocain, cinquante ans après son enlèvement à Paris.
Entretien. Quel rôle a joué le Mossad dans l’affaire Ben Barka ?
L’enlèvement de l’opposant marocain en plein Paris, le 29 octobre 1965, puis son assassinat, ont fait l’objet d’innombrables thèses, rumeurs et conclusions plus ou moins fiables. Le corps de Mehdi Ben Barka n’a jamais été retrouvé, mais l’implication de plusieurs parties a été établie. En 1966, deux journalistes israéliens avaient été arrêtés pour avoir publié dans l’hebdomadaire Bul un article laissant entendre que les Israéliens auraient été mêlés à l’enlèvement, devant la brasserie Lipp. L’hebdomadaire, aussitôt retiré de la circulation par les autorités, mettait en cause le général Meïr Amit, chef du Mossad à l’époque. En 1987, le Haaretz écrivait que le gouvernement israélien (dirigé alors par Lévi Eshkol) avait été tenu dans l’ignorance de cette opération.
Le 20 mars, deux journalistes du quotidien Yediot Aharonot, Ronen Bergman et Shlomo Nakdimon, ont publié une enquête fleuve dévoilant les coulisses de l’implication logistique du Mossad, en
soutien des assassins marocains de l’opposant. Une enquête qui a été soumise, comme l’exige la loi en Israël, à la relecture de la censure militaire. Les journalistes ont mis au jour les détails de l’incroyable conflit politique survenu en Israël, entre le chef du Mossad, le premier ministre et celui qui fut chargé d’enquêter sur cette affaire d’État, Isser Harel. Mort en 2003, Harel fut une figure mythique des services israéliens, d’abord fondateur du Shin Bet (renseignement intérieur) après l’établissement de l’Etat en 1948, puis directeur du Mossad entre 1952 et 1963. L’enquête s’appuie sur les minutes des rencontres entre ces trois hommes, ainsi que sur des témoignages de certains des acteurs.
Ronen Bergman, célèbre journaliste d’investigation en Israël, spécialisé dans les questions militaires et les services de renseignement, revient sur les coulisses d’une opération du Mossad à
l’issue non préméditée, qui s’est fini en désastre. Ronen Bergman met actuellement la dernière main à un livre sur l’histoire du Mossad.
Pouvez-vous revenir sur les circonstances dans lesquelles le Mossad s’est retrouvé impliqué dans l’affaire Ben Barka ?
Le Mossad ne souhaitait pas être impliqué. Cela apparaît clairement dans les documents et les rencontres entre les dirigeants de l’époque.
Le service voulait parvenir à l’impossible : ne pas être partie prenante, tout en parvenant à satisfaire leurs homologues marocains, en leur fournissant ce qu’ils souhaitaient. Les relations secrètes avec les Marocains étaient considérées comme stratégiques, de la plus haute importance. Elles relevaient de ce que le Mossad appelait la théorie de la périphérie, consistant à développer des relations avec des pays entourant Israël et les ennemis d’Israël, comme l’Iran, l’Ethiopie, la Turquie, et donc le Maroc. Le Maroc représentait un grand défi car c’est un pays arabe, aux très fortes relations avec la Ligue arabe, et n’entretenant pas de conflit avec une partie du monde arabe, comme l’Iran. Le Mossad a réussi à créer des intérêts communs avec le roi Hassan II et ses services. Cela a commencé en convainquant le roi de laisser les juifs de son pays émigrer vers Israël. Puis Israël a fourni une aide militaire et en matière de renseignement. En échange, on a obtenu un accès à des informations par le Maroc.
Un mois et demi avant l’enlèvement de Ben Barka, il y a un sommet crucial de la Ligue arabe à Casablanca…
Effectivement, il y a eu un sommet arabe en septembre 1965, lors duquel le Mossad a obtenu la possibilité d’observer. Les Marocains ont fourni au Mossad des documents décrivant les délibérations. Je en peux m’appesantir sur le détail de ces activités car elles sont en partie
couvertes par le secret militaire. Mais le contenu des discussions a été qualifié comme étant le plus grand succès en matière de renseignement de notre histoire. L’un des sujets du sommet était de
savoir si les pays présents étaient prêts à une nouvelle guerre contre Israël. Les informations obtenues ont été une des bases de la confiance en eux des chefs militaires israéliens, au moment de la guerre des Six jours, en 1967. Pourtant, à l’époque, beaucoup pensaient que le pays serait rayé de la carte.
Mais cet accès privilégié a eu un prix…
Oui. Trois jours après le sommet, les Marocains ont réclamé le paiement pour ces informations : il s’agissait d’aider à localiser et à tuer Ben Barka. Il y a eu des versions divergentes sur ce sujet. Selon le professeur Yigal Bin-Nun, que nous citons dans l’article, qui a beaucoup travaillé sur l’affaire et recueilli de nombreux témoignages auprès des services marocains et israéliens, le plan initial était d’enlever Ben Barka, de l’amener au Maroc et de lui faire une proposition qu’il ne pouvait refuser : accepter un poste de ministre sous peine d’être poursuivi pour haute trahison.
Je ne suis pas sûr que ce soit vrai. Les documents rapportant les entretiens entre le directeur du Mossad, Meïr Amit, et le premier ministre, Lévi Eshkol, suggèrent clairement qu’Amit avait appris des Marocains qu’ils voulaient le tuer. Par ailleurs, dans le cadre de leur aide logistique, le Mossad s’est vu demander à deux reprises de fournir aux Marocains des poisons différents. Pourquoi demander du poison si on ne veut pas le tuer ?
Quelle est la nature des documents que vous citez, concernant les rencontres officielles ?
Ce sont les minutes, rédigées par l’un des plus proches conseillers du premier ministre, au moment de ces rencontres. Ils sont très secrets. On nous les a montrés. Ils ne sont pas publics. Ce genre de document était scellé, selon la loi, pour cinquante ans. Il y a cinq ans, je me suis adressé à la Cour suprême pour obtenir la publication de toutes les archives confidentielles antérieures à cinquante ans. Le gouvernement a fait savoir à la Cour que le délai était dorénavant porté de cinquante à soixante-dix ans.
Vous citez une rencontre, le 4 octobre 1965, entre le premier ministre et Meïr Amit, le directeur du Mossad, qui dit : « Le roi Hassan a donné l’ordre de tuer Ben Barka ».
Amit comprend qu’ils veulent le tuer. Mais ça laisse une question en suspens : pourquoi ne pas assassiner Ben Barka en pleine rue à Paris ?
Ça serait bien plus simple que de le conduire dans un appartement, de le torturer, si ce n’est pour leur plaisir personnel. Les Marocains avaient donc peut-être d’autres objectifs, même s’ils envisageaient de le tuer à la fin.
Amit et peut-être le premier ministre avaient l’impression que l’opération n’aurait pas lieu, que les Marocains laisseraient les choses en l’état. Amit pensait pouvoir recueillir le bénéfice de la coopération, en apparaissant comme un bon partenaire, sans être impliqué dans un assassinat. Il ne ment pas quand il rapporte au premier ministre que le Mossad n’est pas impliqué directement dans l’assassinat de Ben Barka. Ce ne sont pas des mains israéliennes qui ont serré le cou, le Mossad n’était pas présent au moment des faits et n’a pas autorisé sa mise à mort. Mais il minimise le rôle joué par le service.
Quelle a été l’implication logistique du Mossad ? On sait que, dans la phase initiale, ils avaient aidé à repérer Ben Barka en Suisse, à Genève…
Ils ont ensuite aidé en fournissant de faux documents pour louer des voitures et ils ont donné des passeports aux Marocains et aux mercenaires français pour pouvoir prendre rapidement la fuite après les faits. Il est clair aussi que le Mossad a fourni un appartement, une cache aux Marocains, mais on’est pas certain que ce fut celui où Ben Barka a été conduit.
Et le corps de Ben Barka ?
Quelques minutes après le drame, Ahmed Dlimi [adjoint du ministre de l’intérieur, Mohammed Oufkir] a appelé le Mossad de l’appartement en disant : « Je ne voulais pas, il est mort. » Selon
certains témoignages de premier ordre dont nous disposons, le Mossad s’est chargé d’évacuer le corps de l’appartement, puis de s’en débarrasser. Les agents connaissaient une forêt près de Paris, très prisée pour les pique-niques familiaux. Le service a eu l’idée de dissoudre le corps avant de l’enterrer avec de l’acide, à base de produits chimiques achetés dans plusieurs pharmacies. Cette nuit-là, il a plu. La pluie a accéléré le processus. C’est l’aspect le plus visuel, le plus dramatique de l’implication du Mossad. Le service était très réticent à l’idée d’être impliqué dans l’opération. Au début des années 1960, Ben Barka avait été en contact avec les Israéliens, notamment les services, qui n’avaient aucune hostilité contre lui. Mais ils avaient une énorme dette envers les Marocains.
Quel a été le rôle d’Issa Harel, figure mythique de la communauté du renseignement israélienne, dans la crise politique qui s’est nouée après l’assassinat, en Israël même ?
Il faut rappeler le contexte. Harel avait dû démissionner comme directeur du Mossad deux ans plus tôt. Il y avait eu une dispute très sévère entre lui et David Ben Gourion [alors premier ministre]. Il
pensait que Ben Gourion ne pourrait gérer le Mossad sans lui. Mais Ben Gourion a accepté sa démission et a nommé le chef du renseignement militaire, Meïr Amit, à la tête du service. Harel était convaincu que le Mossad, c’était lui, et qu’Israël, c’était le Mossad.
Par la suite, il y a eu un clash interne au sein du camp travailliste, pour capter l’héritage de Ben Gourion, entre Eshkol, Golda Meir et d’autres. Harel, lui, voulait se venger et prouver que son successeur était incompétent. Il a alors entendu parler de l’affaire Ben Berka.
Nommé conseiller du premier ministre Eshkol, il lui a dit qu’il devait virer Amit. Eshkol a refusé. Harel lui a dit alors : vous devez démissionner vous-même ! Il menaçait, dans le cas contraire, de tout dire en public et de causer un énorme tourbillon.
Est-il possible d’imaginer que le premier ministre n’ait pas été au courant de l’opération Ben Barka ?
Je ne suis pas sûr qu’il était courant de tout. Quand on compare ce que savaient les acteurs sur le terrain et ce que Amit rapportait à Eshkol, il y a une grande différence. Cela concerne le degré d’implication du Mossad, ses contacts directs avec les Marocains avant et après l’assassinat de Ben Barka, les informations fournies aux Marocains pour pouvoir localiser Ben Barka, le fait que le Mossad était derrière le piège destiné à attirer Ben Barka à Paris (un projet de documentaire sur lui). Je n’ai trouvé aucun rapport d’Amit au premier ministre détaillant le niveau d’implication du Mossad. Eshkol a fini par demander l’ouverture d’une enquête sur cette affaire, une enquête extrêmement superficielle. Deux feuilles manuscrites, après un travail de trois jours.
El Watan : Français et Israéliens derrière la disparition de Ben Barka
Un nouveau témoignage, cette fois d’un homme du «système» marocain, accable de nouveau les services de renseignement français (DGSE) et israéliens (Mossad) de l’enlèvement et l’assassinat du célèbre opposant marocain, Mehdi Ben Berka, à Paris en 1965, sur demande des services secrets marocains. Le voile sera-t-il un jour levé sur l’affaire Mehdi Ben Barka, grand opposant au régime marocain et un des leaders du mouvement tiers-mondiste et panafricaniste ? Avec le temps, les langues se délient.
Des révélations sont attendues sur l’affaire liée à l’assassinat, en France, de l’opposant marocain, Mehdi Ben Barka, à l’occasion de la présentation, hier à Rabat, par l’ancien Premier ministre marocain, Abderrahmane Youssoufi, de ses Mémoires, dans lesquels il atteste de l’implication des services secrets marocains, français et israéliens dans ce crime politique.
Dans son ouvrage intitulé Récits du passé, l’ancien Premier ministre du gouvernement de l’Alternance marocain (1998-2002), a décidé, au crépuscule de sa vie (94 ans), de donner sa version des événements vécus par le Maroc le long de la deuxième moitié du siècle passé. Chacune des trois parties, le Maroc, la France et Israël, avait «un intérêt particulier à faire taire Ben Barka», selon l’homme politique marocain. Abderrahmane Youssoufi, ancien militant du parti Istiqlal, avait été chargé de suivre le dossier de l’assassinat de Mehdi Ben Barka auprès de la justice française.
Depuis sa disparition à Paris, le 29 novembre 1965, le corps de l’opposant de Hassan II n’a jamais été retrouvé et l’affaire n’a jamais été élucidée. Il fut l’un des principaux opposants socialistes au roi Hassan II et le chef de file du mouvement tiers-mondiste et panafricaniste. De son vivant, il avait initié de nombreuses mobilisations populaires au Maroc.
L’ex-président français, François Hollande, avait décidé, en mai 2017, quelques jours avant de quitter ses fonctions, de lever le secret défense sur 89 documents relatifs à l’affaire de l’assassinat, en France, de la figure de la gauche marocaine, dont le corps n’a jamais été retrouvé. Ces documents englobent les rapports, notes de synthèse, bulletins de renseignement, procès-verbaux, auditions, questionnaires, fiches, biographies, des photos et lettres détenus. Mais un document est resté bloqué dans cette déclassification et la CSDN a refusé de lever le secret-défense.
Selon les médias français, il s’agit d’un document qui se trouvait, en 2010, dans les locaux de la Direction générale de la sécurité extérieure et dont on ignore le contenu. L’auteur de Récits du passé, qui a tenu à faire coïncider la parution de ses Mémoires avec son 94e anniversaire, Abderrahmane Youssoufi en l’occurrence, regrette à ce titre que son pays «n’ait pas pu amorcer un virage démocratique pour plusieurs raisons». Parmi ces causes, «l’incapacité» de l’élite politique marocaine elle-même à opérer cette transformation. A cela s’ajoutent une «mauvaise gouvernance» et «une administration archaïque».
Ont été évoqués notamment, outre son enfance, les dessous de son retrait de la vie politique en 2003, des épisodes du mouvement national marocain, des premières heures de l’aube de l’indépendance, ses liens avec feu Mehdi Ben Barka, son opposition au régime, sa prise de commande de l’Union socialiste des forces populaires (USFP) et sa pratique politique au sein du gouvernement de l’Alternance marocain.
Divisés en trois parties, les Mémoires, rédigés par son compagnon de route M’barek Boudarqa, seront présentés au théâtre Mohammed V de Rabat, qui coïncide avec son 94e anniversaire.
Alhadith fi ma jara (Récits du passé) est une compilation en trois tomes d’éléments biographiques, d’entretiens et de discours de l’ancien opposant et chef du gouvernement. L’ouvrage sortira en librairie le lendemain de sa présentation au public au théâtre Mohammed V à Rabat, une présentation à laquelle prendra part Abderrahmane Youssoufi, en compagnie de nombreuses personnalités marocaines et internationales de la politique.
Europe1 : Comment le Mossad a aidé les services secrets marocains à éliminer l’opposant Mehdi Ben Barka ?
Au micro de Patrick Cohen sur Europe 1, Ronen Bergman, qui publie « Lève-toi et tue le premier : l’histoire secrète des assassinats ciblés commandités par Israël », revient sur l’assassinat de l’opposant marocain Mehdi Ben Barka, auquel les services secrets israéliens auraient participé. INTERVIEW Près de 1.000 pages et de multiples révélations. Ronen Bergman, journaliste au New York Times et investigateur israélien, publie aux éditions Grasset Lève-toi et tue le premier : l’histoire secrète des assassinats ciblés commandités par Israël, un livre événement qui revient sur les nombreuses exécutions réalisées par le Mossad, l’agence de renseignements de l’État hébreu. Dans « C’est arrivé demain », le journaliste raconte sur Europe 1 comment les services secrets israéliens ont aidé le gouvernement marocain à éliminer Mehdi Ben Barka, l’un des principaux opposants au Roi Hassan II dans les années 1950.
« Dans le monde du renseignement, il n’y a rien de gratuit » « Ce n’est pas simplement que le Mossad a œuvré, c’est beaucoup plus que cela », explique Ronen Bergman. « Le service de renseignements du Maroc a rendu service énorme aux Israéliens en donnant au Mossad la capacité d’écouter les conversations les plus secrètes des dirigeants arabes », affirme le journaliste du New-York Times. « Mais ils voulaient quelque chose en échange, car dans le monde du renseignement, il n’y a rien de gratuit. »
Si des Français étaient déjà impliqués dans l’élimination de l’anticolonialiste Mehdi Ben Barka, le Maroc demande aussi au Mossad de l’aider, raconte Ronen Bergman. Le 29 octobre 1965, le leader panafricain se rend à un rendez-vous à la brasserie Lipp à Paris, mais les services secrets israéliens l’ont traqué afin que les Marocains l’enlèvent. L’opposant socialiste au roi Hassan II est alors torturé et tué par les services secrets marocains. « Le Mossad aide les assassins à se débarrasser du corps et à l’enterrer sous ce qui est aujourd’hui le musée Louis Vuitton, dans le bois de Boulogne », poursuit Ronen Bergman.
« L’utilisation quasi systématique des éliminations a changé de nombreuses fois l’histoire en bien » Interrogé par Patrick Cohen sur les conséquences des éliminations commanditées par le Mossad, Ronen Bergman se veut nuancé. « Ça change l’histoire, parfois du bon, parfois du mauvais côté », affirme-il. « Mais après huit ans de recherches, je peux affirmer que l’utilisation quasi systématique des éliminations a changé de nombreuses fois l’histoire en bien », explique Ronen Bergman, prenant en exemple les éliminations qui ont suivi les attentats de Munich.
Algérie, Maroc et Tunisie : Ces trois pays d'Afrique du Nord constituent une destination privilégiée pour la diaspora et touristes étrangers à l’occasion des vacances d’été. Après plus de deux années de fermeture en raison de la crise sanitaire, l’Algérie, le Maroc et la Tunisie se préparent à accueillir à nouveau leurs visiteurs, pour la saison estivale 2022.
C’est une évidence. Le coût de la vie a toujours été moins cher en Algérie, au Maroc et en Tunisie comparativement aux pays européens. C’est l’une des raisons d’ailleurs qui font que ces trois pays du Maghreb sont très visités par leurs diasporas respectives, mais aussi par des touristes européens durant l'été. Mais avec la crise économique qui frappe de plein fouet la majorité des pays, nombreux sont ceux qui s’interrogent sur le coût de la vie en Algérie, au Maroc et en Tunisie avant de planifier leurs vacances pour cet été.
En Algérie, le coût de la vie est 65 % moins cher qu’en France. En mai 2022, 1 euro vaut près de 160 dinars au change officiel et peut atteindre 215 dinars au marché parallèle. Il est possible de changer vos devises dès votre arrivée auprès des bureaux de change des aéroports, des ports, dans les principales banques algériennes (Banque d’Algérie, BNA, BEA, CPA, BADR... ), ainsi qu’à la réception des grands hôtels.
Quels prix vous attendent pour vos vacances d’été en Algérie ?
Bien que son économie ait été affectée à l’instar de tous les pays par la guerre en Ukraine, l'Algérie reste une destination où tout est moins cher pour un touriste en provenance de l’étranger. Un litre de gasoil coûte 19 centimes d'euro. Le litre d’essence est affiché dans les stations-service à 30 centimes d'euros. Toujours dans le transport urbain, un ticket de bus ne dépasse pas une dizaine de centimes d’euros.
Pour ce qui est de la restauration, un menu de trois plats dépasse rarement les 10 euros, selon les estimations du quotidien français La Dépêche. Un prix très raisonnable comparativement à certains pays touristiques en Europe. À titre d’exemple, le prix moyen d'un déjeuner au restaurant en Espagne est de 11 euros. Si vous cherchez en Algérie un menu de luxe, cela vous coûtera dans les 4 000 dinars, soit 25,98 euros.
Concernant l’hébergement, les prix sont variables. Vous trouverez des hébergements aux alentours de 17 euros la nuit pour une qualité moyenne et jusqu'à 160 euros pour du grand luxe. Selon Le Guide du Routard un hébergement bon marché vous coûtera entre 5 000 et 8 000 dinars par nuit et entre 8 000 et 15 000 dinars pour un hébergement à prix moyen. L’hébergement luxueux est de 15 000 à 25 000 dinars et très luxueux au-delà de 25 000 dinars.
Globalement, les prix en Algérie sont relativement peu élevés. Prévoir un budget minimum de 25 à 30 euros par jour et par personne et entre 40 et 50 euros pour un séjour confortable, indique la même source. Les prix des vêtements sont affichés à des prix cassés. Vous pouvez acheter des habits de marques pour seulement 30 euros. Mais faites attention, depuis quelques années, des produits contrefaits (textiles, cosmétiques, montres, etc.) sont répandus sur le marché algérien, précise le Guide du Routard.
Voici le budget qu’il faudra pour des vacances au Maroc
Au Maroc, le taux de change des devises est stable depuis plusieurs années. 1 euro vaut un peu moins de 11 dirhams (MAD). En comparant le cours de l'euro à celui du dirham marocain, on remarque que l'inflation a fait quelques dégâts depuis quelques mois. En mai 2022, un litre de gasoil coûte en moyenne 1,307 euros et celui de l’essence est affiché à 1,47 euro le litre.
Selon les estimations du quotidien français « La Dépêche », en moyenne, le coût de la vie au Maroc est 40 % moins cher qu'en France. Dans les restaurants marocains, les prix sont variables avec 2,86 euros en moyenne pour un menu dans un restaurant bon marché et environ 19 euros pour deux personnes dans un restaurant de gamme moyenne.
Globalement le Maroc reste une destination raisonnable en termes de budget. On compte en moyenne 75 € par jour pour deux personnes, selon Le Guide du Routard. Ce budget comprend un hôtel correct, les visites et la nourriture. Si vous souhaitez vous loger dans un Riad ou un hôtel plus luxueux, il faut prévoir un budget journalier de 120 à 150 euros.
Ce qu’il faudra débourser pour passer les vacances d’été en Tunisie
En Tunisie, le cours des devises est relativement stable. Actuellement le dinar tunisien (DT) vaut environ 0,33 euro au change officiel. On trouve des comptoirs de change un peu partout, dans les banques, les bureaux de poste ainsi que dans certains hôtels. Pour se procurer de l’argent liquide avec Visa et Mastercard, il y a des distributeurs automatiques dans toutes les villes en Tunisie.
La vie en Tunisie est moins chère qu’en France et dans la majorité des pays d’Europe. Avec un budget moyen, on peut s’en sortir sans problème pour 50 à 60 euros par jour pour 2 personnes, selon le Guide du Routard. Le budget se décompose comme suit : 25 euros pour la chambre avec petit déjeuner, repas pour 20 à 27 euros, le reste étant consacré aux boissons, visites, transports, etc. En optant pour un voyage économique, on peut même se contenter d’un budget de 30 à 40 euros par jour pour 2 personnes, précise la même source.
Le général Chengriha, chef d’état major algérien, a chois Paris pour les études de son fils malgré son attachement proclamé à la Russie.
Le patron de l’armée algérienne et à ce titre l’homme fort du pouvoir à Alger qui affiche résolument ses liens avec Moscou, a pourtant installé son propre fils, Chafik Chengriha, à Paris où ce dernier est cornaqué par quelques hauts gradés, notamment le colonel Omar Zemirli.
Le général Chengriha, chef d’état major algérien, a chois Paris pour les études de son fils malgré son attachement proclamé à la Russie.
Le commandant Chafik Chengriha, fils du général Said Chengriha, chef d’état major de l’armée algérienne, a la formation d’un ingénieur informaticien. Depuis 2020, le jeune Chafik réside à Paris pour les besoins d’un stage qui serait indispensable … à sa formation. Un stage? Quel stage? Le fils de Chengriha est en fait rattaché au bureau militaire de l’ambassade d’Algérie à Paris, l’un des services les plus discrets de la diplomatie algérienne rattaché directement au ministère algérien de la Défense nationale.
Ce bureau gère depuis Paris et en toute opacité des budgets de plusieurs millions d’euros. Ces fonds servent à financer les soins médicaux des hauts responsables militaires algériens nombreux à venir se soigner en France. Ce bureau prend en charge également les formations des rejetons de la nomenklatura dans les établissements civils ou militaires français.
Autrement dit, le chef d’état major algérien n’est pas à l’abri d’une contradiction. L’homme fort du pouvoir algérien ne manque pas une occasion d’affirmer sa fidélité à la Russie, principal fournisseur d’armements à l’Algérie, qu’il soutient notamment dans son conflit avec l’Ukraine. Mais le même fait en sorte que son fils vive à Paris, aux frais du contribuable algérien. Et qui plus est au sein d’un département qui gère le véritable scandale des soins dispensés en France aux gradés algériens et autres privilégiés du système.
La sinécure parisienne est confortable. Le propre gendre de Gaïd Salah, le prédécesseur de Chengriha à la tète de l’armée, jusqu’en décembre 2019, date de son décès brutal est suspect, occupait pratiquement les mêmes fonctions à l’ambassade d’Algérie en France
Le fils Chengriha bien encadré
A Paris, la route de Chafik Chengriha a croisé celle d’un colonel devenu depuis 2021 un des lobbyistes les plus influents du sérail militaire algérien en France. Il s’agit du colonel Omar Ould Zemirli, un ex-haut responsable de la Direction Centrale de la Sécurité de l’Armée (DCSA), le tout puissant bras armé de l’armée algérienne. Rattaché au célèbre DRS du fameux général Toufik du moins jusqu’à l’éviction progressive de ce dernier en 2015, ce service de renseignement s’est peu à peu approprié les principales prérogatives de l’appareil sécuritaire algérien (sécurité de l’armée naturellement, mais aussi enquêtes financières, surveillance des journalistes…etc)
Le colonel Omar réside entre Paris et Lille au nord de la France. Ses adversaires au sein de l’institution militaire n’hésitent pas à envoyer en France quelques barbouzes qui scrutent la moindre de ses initiatives. L’irrésistible ascension du colonel Omar a démarré lors de la nomination de son propre frère, le général Sid Ali Ould Zemirli à la tête de la DCSA à partir de fin avril 2020. De nombreux officiers ayant fait l’objet d’une purge profonde menée par le défunt Ahmed Gaid Salah dés 2013-2014 pour mettre fin au pouvoir du général Toufik, ont pu ainsi regagner des postes importants grâce aux interventions de notre colonel.
Le pouvoir d’influence du colonel Omar s’est accru par le fréquentation de Chafik Chengriha qu’il a hébergé chez lui à Paris. C’est ainsi que le colonel a pu peser sur les promotions, les réhabilitations et nominations de plusieurs officiers. Un véritable clan s’est constitué au coeur de l’institution militaire algérienne qui a pour but d’en devenir l’épicentre, comme le fut le DRS des belles années 1990-2015.
Mais les interventions intempestives du colonel Omar ont fini par irriter à Alger et éveiller les soupçons de l’entourage du président algérien Abdelmadjid Tebboune. Lorsque le scandale a éclaté en janvier dernier après la publicité donnée aux enregistrements des vidéos de Ghermit Bounouira, l’ex-secrétaire particulier de Gaid Salah pourtant détenu dans une prison de haute sécurité à Blida, le général Said Chengriha se retrouve sous le feu des révélations sur les réseaux sociaux. Plus que jamais menacé de déstabilisation, Said Chengriha demande alaors à son fils de cesser toutes relations avec le colonel Omar.
Nouvelles guerres de clan
Le fils Chengriha prend ses distances avec son mentor, mais ne reste pas inactif dans les coulisses. Cette situation risque de braquer à nouveau les projecteurs sur Said Chengriha qui, lors des promotions qui auront lieu comme chaque année début juillet au sein de l’armée, risque de se retrouver affaibli face au Président Abdelmadjid Tebboune. Ce dernier tentera de peser sur les nominations pour nouer des alliances avec une partie de l’armée. De belles chicayas en perspective. « Si le général Chengriha ne fait pas le ménage dans son entourage, explique un ancien ministre algérien, il risque d’y laisser des plumes ».
De nombreux medias algériens mènent une campagne féroce de dénigrement contre le colonel Omar Zemirli et son protégé. Derrière Chafik Chengriha, c’est clairement son père qui est dans le collimateur de clans puissants.
Des enquêtes, dit-on, seraient menées par la Direction Générale de la Lutte contre la Subversion (DGSLS), dirigée par le puissant général-major M’henna Djebbar, un poids lourd de l’armée algérienne et ancien du DRS du général Toufik, qui cherche à imposer une nouvelle configuration au sein du pouvoir algérien.
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