iL esconstant qu'à la veille de toutes les élections présidentielles françaises, outre la récurrente thématique de l'immigration , éternelle bouc-émissaire, l'Histoire fait également irruption pour certains candidats qui espèrent engranger les voix d'une partie de l'électorat sensible à la démagogie. Ici, rappel des faits d'Histoire démontrant les méfaits de ce qu'il a été convenu d'appeler «le système colonial».
Force donc est de revenir à un réel débat sur les réalités historiques significatives qui exigent plus que des «excuses» et appelant une juste réparation («excuses» que d'autres pays ont officiellement formulées : Canada, Australie...) ; ainsi : restitution du Trésor d'Alger ayant servi à l'industrialisation de la France et aujourd'hui évalué à plusieurs milliards d'euros, restitution des archives non accessibles aux chercheurs et encore moins au commun des mortels (notamment celles des périodes coloniale et ottomane, indemnisation de centaines de milliers de familles d'Algériens ayant subi le génocide du système colonial de tout un peuple (enfumades, napalm, tortures...) et des Algériens du Sud suite aux essais nucléaires de l'ancienne puissance coloniale...
Ainsi, selon une légende tenace, le «coup de l'éventail» datant de 1827 a été le coup d'envoi du blocus maritime d'Alger par la marine royale française. L'aventure coloniale avait pour objectif de consolider l'influence française dans le bassin occidental de la Méditerranée. Le 5 juillet, les Français occupèrent Alger ; le même jour, le dey Hussein signa l'acte de capitulation. Premières conséquences : l'effondrement du pouvoir ottoman, le pillage des caisses de l'État, l'expulsion des janissaires d'Alger vers l'Asie Mineure et l'accaparement par la France de toutes les terres du Beylik. Le 1er décembre 1830, Louis-Philippe nomma le duc de Rovigo chef du haut-commandement en Algérie pour mettre en œuvre la colonisation dont la violence est notoire. Après avoir battu Abd-El-Kader, le général Desmichels signa avec ce dernier un traité qui reconnut l'autorité de l'émir sur l'Oranie et permit à la France de s'installer dans les villes du littoral. Officiellement, le 22 juillet, la Régence d'Alger devint «Possession française d'Afrique du Nord». Abd-El-Kader battit le général Trézel dans les marais de la Macta, près de Mascara. Il put également encercler la ville d'Oran durant une quarantaine de jours. Arrivé en renfort de métropole, le général Bugeaud infligea une défaite à celui-ci. Courant janvier 1836, le général Clauzel s'empara de Mascara et de Tlemcen. Le traité de la Tafna fut signé le 30 mai 1837 entre le général Bugeaud et l'émir Abd El Kader. Ce dernier établit sa capitale à Mascara. Le comte de Damrémont, devenu gouverneur général de l'Algérie en 1837, se mit en rapport avec le bey de Constantine pour obtenir une Convention similaire se heurtant au rejet de Ahmed Bey. Courant octobre 1837, ledit gouverneur général se mit en marche sur Constantine fort de dix mille hommes. Après sept jours de siège au cours desquels le comte de Damrémont fut tué, la ville fut conquise.
En 1839, l'armée française ayant entrepris d'annexer un territoire situé dans la chaîne des Bibans, (chaîne de montagnes du Nord d'El DjazaÏr), l'Emir Abdel El Kader considéra qu'il s'agissait d'une rupture du traité de Tafna. Il reprit alors sa résistance ; il pénétra dans la Mitidja et y détruisit la plupart des fermes des colons français. Il constitua une armée régulière (dix mille hommes, dit-on) qui reçut leur instruction des Turcs et de déserteurs européens. Il aurait même disposé d'une fabrique d'armes à Miliana et d'une fonderie de canon à Tlemcen. Il reçut également des armes provenant de l'Europe. Nommé gouverneur général de l'Algérie française en février 1841, Bugeaud arriva à Alger avec l'idée de la conquête totale de l'Algérie. Par l'entremise des «bureaux arabes», il recruta des autochtones tout en encourageant l'établissement de colonies.
Il a pu dire alors : «Le but n'est pas de courir après les Arabes, ce qui est fort inutile ; il est d'empêcher les Arabes de semer, de récolter, de pâturer, [...] de jouir de leurs champs [...]. Allez tous les ans leur brûler leurs récoltes [...], ou bien exterminez-les jusqu'au dernier.» Ou encore : «Si ces gredins se retirent dans leurs cavernes, imitez Cavaignac aux Sbéhas !
Fumez-les à outrance comme des renards». De fait, en mai 1841, l'armée française occupa Tagdemt (situé à Tiaret qui fut capitale des Rustumides), puis Mascara pratiquant la razzia et détruisant récoltes et silos à grains. Il semble que l'Emir Abd-El-Kader fit en vain appel au sultan ottoman. C'est ainsi que, courant mai 1843, le duc d'Aumale prit par surprise la «smala» d'Abd-El-Kader faisant trois mille prisonniers (smala : «réunion de tentes abritant les familles et les équipages d'un chef de clan arabe qui l'accompagnent lors de ses déplacements»).
En février 1844, la France mit en place une Direction des Affaires Arabes pour contrôler les bureaux arabes locaux dans les provinces d'Alger, d'Oran et de Constantine avec le dessein de disposer de contacts avec la population autochtone. Fin mai 1844, des troupes marocaines prirent d'assaut les troupes françaises installées dans l'Oranais, mais furent repoussées par le général Lamoricière. Réfugié au Maroc, l'Emir Abd-El-Kader a pu décider le sultan Moulay Abd-El-Rahman d'envoyer une armée à la frontière algéro-marocaine provoquant ainsi des incidents qui, après d'infructueux pourparlers, décida le général Bugeaud de repousser l'armée du sultan marocain qui fut défaite (bataille d'Isly). L'armée marocaine dut se replier en direction de Taza, obligeant le sultan à interdire son territoire à Abd-El-Kader qui finit par se rendre aux spahis (à l'origine, les spahis furent un corps de cavalerie traditionnel du dey d'Alger, d'inspiration ottomane ; lors de la conquête de l'Algérie par la France, ils furent intégrés à l'Armée d'Afrique qui dépendait de l'armée de terre française). L'Emir Abd-El-Kader fut d'abord placé en résidence surveillée durant quatre ans en France (il fut libéré par Napoléon III), puis résida en Syrie jusqu'à la fin de sa vie. C'est ainsi que la Constitution française de 1848 fit de l'Algérie une partie intégrante du territoire français, notamment par l'institution de trois départements français : Alger, Oran et Constantine, les musulmans et les juifs d'Algérie étant considérés des «sujets français» avec le statut d' «indigènes». La résistance continua d'être vive en Kabylie et dans l'oasis des Zaatcha dans l'actuelle wilaya de Biskra. Plus tard, la domination française s'étendit à la Petite Kabylie. Jusqu'en juillet 1857, le la résistance continua dans le Djurdjura avec Lalla Fatma N'Soumer.
Révoltes constantes
A la veille du début de la conquête française, on estimait la population algérienne à trois millions d'habitants. La violente guerre de conquête, notamment entre 1830 et 1872, explique le déclin démographique de près d'un million de personnes. On évoque également les invasions de sauterelles entre 1866 et 1868, les hivers très rigoureux à la même période (ce qui provoqua une grave disette suivie d'épidémies tel le choléra). Pour les Européens d'alors, cette donnée était bénéfique dès lors qu'elle diminuait le déséquilibre démographique entre les «indigènes» et les colons. Ce, outre que le nombre important de constructions détruites avait pour dessein de gommer l'identité d'El Djazaïr. L'objectif était de détruire matériellement et moralement le peuple algérien. Sous Napoléon III, il fut question d'un «royaume arabe» lié à la France avec celui-ci comme souverain. A la même période, on a estimé que quelques deux cent mille colons, français ou européens, possédaient environ sept cent mille hectares. D'un point de vue législatif, il y eut le sénatus-consulte du 14 juillet 1865 inspiré par le Saint-Simonien Ismaël Urbain, ayant trait au statut personnel et la naturalisation de l'«indigène musulman» et de l'«indigène israélite» (voire à la naturalisation des «étrangers qui justifient de trois années de résidence en Algérie», appelés plus tard «pieds noirs»). Force est de constater qu'en décembre 1866, furent créés des conseils municipaux élus par quatre collèges séparés : français, musulmans, juifs et étrangers européens, les Français disposant des deux tiers des sièges.
La révolte de 1871 est considérée comme la plus importante insurrection contre le pouvoir colonial français. Ainsi, plus de deux cent cinquante tribus se soulevèrent (environ un tiers de la population de l'Algérie d'alors). Elle fut menée depuis la Kabylie (les Bibans ou Tiggura) par le cheikh El Mokrani, son frère Boumezrag et le cheikh Haddad (chef de la confrérie des Rahmanya). Après cette révolte, plus de cinq cent mille hectares furent confisqués et attribués aux «émigrés hexagonaux» suite à la défaite française de 1870 face à l'Allemagne. C'est ainsi que de 245.000, le nombre des colons aboutit à plus de 750.000 en 1914. A la même date, le nombre des Djazaïris («indigènes») passa de deux millions à cinq millions. Après la chute de Napoléon III, les tenants de la Troisième République préconisèrent une politique d'assimilation, notamment par la francisation des noms et la suppression des coutumes locales. Le 24 octobre 1870, en vertu des décrets du Gouvernement provisoire, le gouvernement militaire en Algérie céda la place à une administration civile. La nationalité française fut accordée aux Juifs d'Algérie (décret Crémieux) qui furent néanmoins soumis à l'antisémitisme des colons. En accordant aux juifs algériens le même statut que les Français d'Algérie, ce décret divisa les autochtones qui continuèrent de vivre dans une condition de misère accentuée par de nombreuses années de sécheresse et de fléaux. Les biens des insurgés Algériens de 1871 furent confisqués. Ainsi, une loi du 21 juin 1871 attribua quelque cent mille hectares de terres en Algérie aux «migrants d'Alsace-Lorraine».
Et le 26 juillet 1873, fut promulguée la loi Warnier qui eut pour objectif de franciser les terres algériennes. Le 28 juin 1881, fut adopté le code de l'indigénat qui distingua deux catégories de citoyens : les citoyens français et les sujets français («indigènes»). Ces derniers furent soumis au code de l'indigénat qui les priva de leurs libertés et de leurs droits politiques (seul fut conservé le statut personnel, d'origine religieuse ou coutumière).
Lors de la première guerre mondiale, la France mobilisa les habitants des départements français d'Algérie : Musulmans, Juifs et Européens. C'est ainsi que les tirailleurs et spahis musulmans combattirent avec les zouaves (unités françaises d'infanterie légère) européens et juifs d'Algérie. Il semble que près de 48.000 Algériens furent tués sur les champs de bataille lors de la première Guerre mondiale, ayant été de toutes les grandes batailles de l'armée française (notamment à celle de Verdun). Plus tard, en 1930, la célébration par la France du centenaire de la «prise d'Alger» fut ressentie comme une provocation par la population. Le projet de loi Blum-Viollette (Front populaire) pour l'attribution de droits politiques à certains musulmans sera rejeté à l'unanimité lors du congrès d'Alger du 14 janvier 1937. Au cours de la seconde guerre mondiale, plus de 120.000 Algériens furent recrutés par l'armée française. Avec l'occupation allemande (1940-1944), plusieurs centaines de musulmans («Nord-Africains») installés en France furent engagés pour constituer ce qui a été appelé la «Légion nord-africaine». De trois millions en 1880, la population d'El Djazaïr passa à près de dix millions en 1960 pour environ un million d'Européens.
Il semble qu'à la veille du déclenchement de la guerre d'indépendance, «certaines villes sont à majorité musulmane comme Sétif (85 %), Constantine (72 %) ou Mostaganem (67 %)». L'essentiel de la population musulmane était pauvre, vivant sur les terres les moins fertiles. La production agricole augmenta peu entre 1871 et 1948 par rapport au nombre d'habitants, El Djazaïr devant alors importer des produits alimentaires. En 1955, le chômage était important ; un million et demi de personnes était sans emploi (la commune d'Alger aurait compté 120 bidonvilles avec 70 000 habitants en 1953). Dans ce cadre, l'Algérie était composée de trois départements, le pouvoir étant représenté par un gouverneur général nommé par Paris. Une Assemblée algérienne fut créée ; elle était composée de deux collèges de 60 représentants chacun : le premier élu par les Européens et l'élite algérienne de l'époque et le second par le «reste de la population algérienne».
Le Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques en Algérie (MTLD) de Messali Hadj avait alors obtenu une large victoire lors des élections municipales de 1947 ; ce parti devint la cible de la répression des autorités françaises. Il y eut ensuite des fraudes massives lors de l'élection de l'Assemblée algérienne. Il est vrai qu'au début du XXe siècle, les leaders algériens réclamaient alors tantôt le droit à l'égalité, tantôt l'indépendance. C'est ainsi que plusieurs partis furent créés : l'Association des Oulémas musulmans algériens, l'Association de l'Étoile Nord-Africaine, le Parti du Peuple Algérien (PPA), les Amis du Manifeste des Libertés (AML), le Parti communiste algérien (PCA)...
Le 8 mai 1945, prélude à la révolution
Le 8 mai 1945, eurent lieu des manifestations d'Algériens dans plusieurs villes de l'Est du pays (notamment à Sétif, Kherrata et Guelma) ; ce, à la suite de la victoire des Alliés sur le régime nazi. A Sétif, la manifestation tourna à l'émeute. La répression par l'armée française fut des plus brutales provoquant la mort de plusieurs centaines de milliers de morts parmi les Algériens. Cette férocité sans nom eut pour conséquence davantage de radicalisation. Certains historiens ont pu estimer que ces massacres furent le début de la guerre d'Algérie en vue de l'indépendance.
Devant l'inertie des leaders qui continuaient de tergiverser, apparut l'Organisation spéciale (OS) qui eut pour but d'appeler au combat contre le système colonial devenu insupportable. Elle eut pour chefs successifs : Mohamed Belouizdad, Hocine Aït Ahmed et Ahmed Ben Bella. Un Comité révolutionnaire d'unité et d'action (CRUA) fut créé en mars 1954 et le Front de libération nationale (FLN) en octobre 1954. En Algérie, le déclenchement de la guerre de libération nationale est caractérisé comme étant une Révolution (en France, on utilisa le terme de «guerre d'Algérie» après l'avoir désigné comme étant des évènements d'Algérie jusqu'en 1999). L'action armée intervint à l'initiative des «six historiques» : Rabah Bitat, Mostefa Ben Boulaïd, Mourad Didouche, Mohamed Boudiaf, Belkacem Krim et Larbi Ben M'hidi lors de la réunion des 22 cadres du CRUA. La Déclaration du 1er novembre 1954 fut émise depuis Tunis par radio.
La guerre d'Algérie débuta le 1er novembre 1954 avec quelques soixante-dix attentats dans différents endroits d'Algérie. La réponse de la France ne se fit pas attendre ; des mesures policières (arrestations de militants du MTLD), militaires (augmentation des effectifs) et politiques (projet de réformes présenté le 5 janvier 1955). François Mitterrand a pu alors déclarer : «L'Algérie, c'est la France». Il déclencha la répression dans les Aurès ; ce qui n'empêcha pas à l'Armée de libération nationale (ALN) de se développer.
De quelques cinq cent hommes, elle augmenta ses effectifs en quelques mois pour atteindre quinze mille et plus tard plus de quatre cent mille à travers toute l'Algérie. Les massacres du Constantinois des 20 et 21 août 1955, notamment à Skikda (alors Philippeville) constituèrent une étape supplémentaire de la guerre. La même année, l'affaire algérienne fut inscrite à l'ordre du jour à l'Assemblée générale de l'ONU, tandis que plusieurs chefs de l'insurrection de l'armée furent soit emprisonnés, soit tués (Mostefa Ben Boulaïd, Zighoud Youcef...). Des intellectuels français aidèrent le FLN, à l'instar du réseau Jeanson, en collectant et en transportant fonds et faux papiers.
Le 22 octobre 1956, eut lieu le détournement de l'avion qui transportait la Délégation des principaux dirigeants du FLN : Mohamed Khider, Mohamed Boudiaf, Aït Ahmed, Ahmed Ben Bella, Mostefa Lacheraf.
Ce fut là un acte caractérisé de piraterie aérienne. De même, il y eut l'opération d'intoxication de la bleuite (1957-1958) menée par les services secrets français ; le colonel Amirouche Aït Hamouda mit alors en place des purges internes (Wilaya III) qui firent de très nombreux morts dans différentes wilayas. Plus tard, le France déclencha de grandes opérations (plan Challe 1959-1961), les maquis ayant été sans doute affaiblis par ces purges internes.
Ce plan amoindrit davantage les maquis. Arrivé au pouvoir, Charles de Gaulle engagea une lutte contre les éléments de l'Armée de libération nationale algérienne (ALN). Il semblerait que le plan Challe ait entraîné, en quelques mois, la suppression de la moitié du potentiel militaire des wilayas. Les colonels Amirouche Aït Hamouda et Si El Haouès furent tués lors d'un accrochage avec les éléments de l'Armée française. En 1959, à sa sortie de prison, Messali Hadj fut assigné à résidence.
En France, les Algériens organisèrent des manifestations en faveur du FLN. En 1960, le général de Gaulle annonça la tenue du référendum pour l'indépendance de l'Algérie ; certains généraux français tentèrent en vain un putsch en avril 1961. Il n'est pas anodin de rappeler qu'en février 1960, la France coloniale a procédé à un essai nucléaire de grande ampleur dans la région de Reggane (sud algérien). Avec 17 essais nucléaires opérés par la France entre les années 1960 à 1966, il semble que 42.000 Algériens aient trouvé la mort ; des milliers d'autres ont été irradiés et sujets à des pathologies dont notamment des cancers de la peau.
Le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) fut proclamé avec à sa tête Ferhat Abbas. Le colonel Houari Boumediene était alors le chef d'état-major de l'Armée de libération nationale. En 1960, l'ONU annonça le droit à l'autodétermination du peuple algérien. Des pourparlers avec le GPRA furent organisés pour aboutir aux accords d'Évian (18 mars 1962). Ce qui ne mit pas fin aux hostilités puisqu'il y eut une période de violence accrue, notamment de la part de l'OAS. Près d'un million de Français (Pieds-noirs, Harkis et Juifs) quitta l'Algérie entre avril et juin 1962. Le référendum d'autodétermination (1er juillet 1962) confirma les accords d'Évian avec 99,72 % des suffrages exprimés.
Le bilan de cette guerre, en termes de pertes humaines, continue de soulever des controverses des deux côtés de la Méditerranée. Si El Djazaïr se considère avec fierté comme le pays du million et demi de chahids, en France circulent d'autres chiffres qui oscillent entre 250.000 à 300.000 morts. Outre cette comptabilité macabre, bien d'autres sujets continuent de constituer un contentieux entre les deux pays. Il est vrai aussi que la guerre fratricide entre le FLN et le MNA (mouvement de Messali Hadj) fit quelques centaines de morts tant en France qu'en Algérie (notamment à Melouza), outre le nombre de harkis tués après le cessez-le-feu. Ce, sans oublier les luttes pour le pouvoir : d'un côté, le pouvoir civil avec le GPRA présidé par Ferhat Abbas appuyé par les wilayas III et IV, et de l'autre côté le pouvoir militaire (le «clan d'Oujda») et l'«armée des frontières») avec à sa tête Houari Boumediene.
A l'indépendance, El Djazaïr est sortie exsangue des suites de la guerre, des conflits internes et du départ massif des Européens ayant servi d'encadrement durant la période coloniale. L'armée française évacua ses dernières bases en Algérie (enclaves autorisées par les accords d'Évian) : Reggane et Bechar (1967), Mers el-Kébir (1968), Bousfer (1970) et B2-Namous (1978). Ainsi, nonobstant l'indépendance, la France continua d'avoir des bases en Algérie.
Le GPRA de Ferhat Abbas fut évincé par l'ALN au profit d'Ahmed Ben Bella qui fut ainsi le premier président de l'Algérie indépendante du système colonial français. Le FLN devint parti unique et prôna un socialisme à l'algérienne marqué par le populisme et le culte de la personnalité. Et, depuis le coup d'Etat du 19 juin 1965 à ce jour, El Djazaïr ne cesse de s'interroger sur son destin à travers l'Histoire, y compris jusqu'au Hirak dont on peut encore espérer un antidote au pouvoir politique marqué par l'échec de la gérontocratie.
Qu'émerge enfin une nouvelle élite de jeunes, organisés et conscients des enjeux et des défis à relever par El Djazaïr, au-delà des «excuses» de l'ancienne puissance coloniale ! Les gesticulations électoralistes outre-méditérranée ne sauraient faire oublier la barbarie du «système colonial».
La commission d'historiens français et algériens a proposé une restitution à l'Algérie des biens de l'émir Abdelkader et l'établissement d'une "chronologie des crimes coloniaux" durant le 19e siècle, lors de sa première réunion en Algérie, a indiqué mardi la télévision algérienne.
Les dix membres de cette commission mixte - cinq Algériens et cinq Français -- se sont réunis mercredi et jeudi de la semaine passée à Constantine (est), ville natale de l'historien français Benjamin Stora, membre de cette instance.
Concernant les "biens pillés", il a été convenu de "restituer tous les biens symbolisant la souveraineté de l'Etat (algérien, ndlr) appartenant à l'émir Abdelkader, aux chefs de la résistance et les crânes restants (de résistants à la colonisation, ndlr), et de continuer à identifier les restes remontant au 19e siècle", selon la télévision.
Héros de la résistance à la colonisation française dès 1832 et fondateur des prémices d'un Etat algérien, l'émir Abdelkader (1808-1883) fut un habile combattant. En 2020, la France a restitué à l'Algérie les crânes de 24 résistants tués au début de la colonisation, qui a duré 132 ans entre 1830 et 1962. Mais Alger continue d'exiger le retour d'autres crânes se trouvant dans des musées français.
Concernant les archives, il a été convenu de remettre à l'Algérie "deux millions de documents numérisés relatifs à la période coloniale en plus de 29 rouleaux et 13 archives, qui constituent 5 mètres linéaires d'archives restantes relatives à la période ottomane", du début du 16e siècle jusqu'à la période coloniale, a précisé la télévision.
Dans le domaine académique, les membres de la commission ont décidé de "poursuivre la réalisation d'une bibliographie commune des recherches et des sources imprimées et manuscrites sur le 19e siècle" et de "mettre en oeuvre un programme d'échange et de coopération scientifique comprenant des missions d'étudiants et de chercheurs algériens en France et de missions françaises en Algérie pour consulter les archives".
La création de cette commission avait été annoncée en août 2022 à Alger par les présidents français Emmanuel Macron et algérien Abdelmadjid Tebboune, dans le but de "regarder ensemble cette période historique" du début de la colonisation française (1830) jusqu'à la fin de la guerre d'indépendance (1962). La commission mixte a tenu deux autres réunions: la première par visioconférence en avril et la deuxième à Paris en juin.
La femme algérienne, le soldat inconnu, un nouvel ouvrage sur le rôle majeur de la femme dans la résistance et la lutte contre le colonisateur français.
Un nouvel ouvrage La femme algérienne, le soldat inconnu, publication récente du Centre national de documentation, de presse, d’images et d’information (CNDPI), met en lumière le rôle majeur de la femme algérienne à travers l’histoire, notamment dans la résistance et la lutte contre le colonisateur français.
A travers des images d’archives et des textes, le livre retrace la lutte de la femme algérienne à travers l’histoire, notamment contre le colonisateur français, mettant en exergue son rôle primordial dans la préservation des traditions et coutumes ainsi que de l’identité nationale musulmane.
L’ouvrage évoque principalement le rôle pionnier des femmes algériennes dans la résistance face au colonialisme français durant la guerre de Libération, devenues symbole de la femme libre et fière. Ces moudjahidate, fidaiyate, moussabilat et militantes qui ont fait entendre leur voix au monde entier s’érigeant en modèle pour toutes les femmes du monde.
Le livre s’intéresse également à la participation de la femme combattante aux côtés de l’homme à la lutte contre le colonisateur, son apport et sa contribution à la guerre de Libération nationale, notamment à travers la collecte de fonds et d’informations, l’assistance des malades et des blessés de guerre, la participation à la lutte armée et sa résistance dans les geôles et prisons coloniales face à toutes formes de torture et aux sévices endurés.
Djamila Boupacha, Hassiba Ben Bouali, Djamila Bouhired, Zohra Drif, Djamila Bouaza, Meriem Bouatoura pour ne citer que celles-ci parmi les héroïnes de notre patrie connues pour leur parcours militant exceptionnel en Algérie comme à l’étranger et leur exploit inégalé qui restera gravé en lettre d’or dans la mémoire collective de la nation.
Le livre, qui renferme des biographies express de ces héroïnes, accompagnées de leurs photos et témoignages, revient sur les sacrifices de combattantes étrangères d’origine européenne qui ont voué leur vie à la cause algérienne, à l’image de Jacqueline Guerroudj et Annie Steiner.
Il s’agit, en fait, d’un document historique vivant sur lequel l’on peut se référer dans l’écriture de l’histoire de l’Algérie, d’autant plus que la majorité des femmes combattantes n’avaient pas eu l’occasion de livrer leurs témoignages. Ce livre se veut un hommage à ces femmes et une reconnaissance à leur juste valeur.
L’ouvrage met en lumière ces Algériennes qui ont consacré leur vie à préserver l’identité nationale et à perpétuer les valeurs et les traditions des Algériens, ces Algériennes qui ont su maintenir vivace le sentiment d’appartenance à la patrie et le transmettre aux autres générations.
La femme algérienne, le soldat inconnu, cette publication de 159 pages, a été réalisée à partir d’une collection de documents et de photos en noir et blanc, extraits des archives du Centre national de documentation, de presse, d’images et d’information, à l’occasion du soixantième anniversaire du recouvrement de la souveraineté nationale.
Une commission d’historiens français et algériens mise sur place pour travailler sur la colonisation française et la guerre doit se réunir mercredi en Algérie pour la première fois depuis sa création en août 2022, selon une source proche du dossier.
La réunion se tiendra mercredi et jeudi à Constantine (e
st), a précisé la source qui a requis l’anonymat.
La création de cette instance de dix membres avait été annoncée en août 2022 à Alger par les présidents français Emmanuel Macron et algérien Abdelmadjid Tebboune. Il s’agit pour les deux pays de « regarder ensemble cette période historique » du début de la colonisation française (1830) jusqu’à la fin de la guerre d’indépendance (1962).
L’idée est d’aborder le sujet « sans tabou, avec une volonté (...) d’accès complet à nos archives », avait alors souligné M. Macron.
Elle s’était réunie en avril par visioconférence.
Les cinq historiens français qui en font partie sont Benjamin Stora (également coprésident de la commission), Florence Hudowitz (conservatrice au MUCEM), le professeur des universités Jacques Frémeaux ainsi que les historiens et enseignants universitaires Jean-Jacques Jordi et Tramor Quemeneur, a indiqué l’Elysée.
Elle est coprésidée côté algérien par l’historien Mohamed Lahcen Zighidi. En novembre 2022, la présidence algérienne avait désigné M. Zighidi et les historiens Mohamed El Korso, Idir Hachi, Abdelaziz Fillali et Djamel Yahiaoui pour faire partie de cette commission.
Sa mise en place s’inscrit dans la politique d’apaisement décidée par Emmanuel Macron durant son premier quinquennat, après les recommandations du rapport de Benjamin Stora sur le conflit mémoriel entre l’Algérie et la France sur le passé colonial. Mais la relation entre les deux deux reste difficile et empreinte de malentendus et de non-dits.
Notre journaliste Anna a emmené Rim’K au Musée national de l’histoire de l’immigration, à Paris, pour parler de son histoire, de la relation complexe entre la France et l’Algérie mais également de l’immigration dans l’Hexagone au sens large. Bon visionnage !
« Tous les tragiques événements qui se sont passés (Paris, Tunisie, Mali…) et tous les endroits du monde où la paix est fragile m’ont inspiré quelques pensées, j’en ai fait un morceau qui s’appelle « tristesse ». Mon ami et réalisateur Threzor Eils a réalisé un montage sur ce titre que je tenais à vous partager, bonne écoute, paix sur vous et vos familles. »
C’est avec ces mots que Rim’K a décidé de partager son nouveau morceau, et de s’ouvrir aux yeux de tous. Entre compassion et dégoût, le cœur de Rim’K balance et ce dernier a une vision bien sombre de son avenir. Le rapper du 113 nous avait habitué à jouer l’épicurien dans ces derniers tracks. Ici, il nous prend au tournant avec ce titre poignant revenant sur les multiples attentats de ces dernières années.
n hommage à tous mes nombreux amis issus de l’immigration (maintenant ce sont les descendants).
Michel Dandelot
Par micheldandelot1 dans Accueil le 3 Novembre 2023 à 07:30
L’historienne et spécialiste de l’Algérie Malika Rahal reçoit ce samedi 8 octobre 2022 le Grand prix des Rendez-vous de l’histoire du festival de Blois, pour son ouvrage Algérie 1962. Une histoire populaire (La Découverte, 2022).
A Périgueux, sa statue trône depuis 1853, au centre de la place qui porte son nom. Il y a quelques mois une corde à son coup avaient été installée à la lumière des violences qui lui sont reprochées lors de la conquête d'Algérie.
La Tribune ci-dessous qui parait dans le quotidien Le Monde m’a été envoyée par Hubert Rouaud de la 4acg qui m’écrit :
Ce sont des éléments pour un article éventuel. Je n'avais pas indiqué le lien pour l'article de l'ECPA, seul moyen de déclencher la vidéo de propagande du 24/07/60... tournée pendant la guerre d"Algérie devant un public très satisfait !
A la fois bourreau des Algériens et ennemi des idéaux démocratiques, le maréchal Bugeaud (1784-1849) ne mérite plus d’être aujourd’hui honoré par la République, estiment, dans une tribune au « Monde », le journaliste Jean-Michel Aphatie et le politiste Olivier Le Cour Grandmaison.
Le 5 septembre 1853, il y a cent soixante-dix ans, avec le soutien de Louis-Napoléon Bonaparte qui, après avoir abattu la Seconde République, a proclamé l’Empire, les autorités de Périgueux ont inauguré, en présence de 30 000 personnes rassemblées en cette occasion, la statue du maréchal Bugeaud.
Comme on peut encore le lire sur le piédestal, il est honoré en tant que « grand homme de guerre » qui s’est notamment illustré au cours de la « pacification » et de la «colonisation» de l’Algérie. A dessein apologétiques et abstraits, ces termes recouvrent de terribles réalités constitutives d’une guerre totale, conçue et appliquée par celui qui, depuis 1840, est gouverneur général de cette colonie. Fondée sur la disparition de deux distinctions majeures propres aux conflits dits conventionnels, celle entre champs de bataille et sanctuaires, destinée à limiter autant que possible l’extension des violences, et celle entre combattants et civils, établie pour protéger ces derniers, cette guerre a été particulièrement destructrice et meurtrière.
Aux oasis, villages et agglomérations diverses anéanties en tout ou partie s’ajoutent massacres, torture, déjà, déportations en masse des populations autochtones également soumises à des « enfumades », au cours desquelles des tribus entières ont été parfois exterminées. Celle des Ouled Riah, par exemple, dont les membres désarmés, hommes, femmes et enfants, s’étaient réfugiés dans les grottes du Dahra, proches de Mostaganem. Bilan : sept cents morts, au moins, à la suite
de l’opération conduite, le 18 juin 1845, par le colonel Pélissier, qui a scrupuleusement appliqué les ordres de Bugeaud.
Un ennemi redoutable de la République
Autant de pratiques jugées indispensables au succès de la colonisation, qui ne peut prospérer que si la sécurité des Français et des Européens, et de leurs biens, est durablement assurée. Bugeaud n’a pas été « A Paris, comme dans les autres villes concernées, seulement le bourreau des « indigènes » algériens qu’il a soumis aux méthodes que l’on sait, depuis longtemps connues et désormais parfaitement documentées. Devenu maréchal de France en 1843, il fut aussi un ennemi redoutable de la République qu’il haïssait.
Nommé, par Louis-Philippe, commandant des troupes de ligne et de la garde nationale aux premières heures de la révolution de février 1848, il déclare crânement : « Eussé-je devant moi cinquante mille femmes et enfants, je mitraillerais. Il y aura de belles choses d’ici à demain matin.» Lumineuses paroles prononcées par celui qui affirmait peu avant qu’il n’avait «jamais été battu» et que si on lui laissait « tirer le canon», l’ordre serait rétabli et les «factieux» vaincus.
Il n’en a rien été, les insurgés triomphent, et, le 24 février 1848, la République est proclamée. Désormais dans l’opposition, Bugeaud ne renonce pas à combattre la «tyrannie de l’émeute», les «novateurs barbares», qui conspirent contre la « nation française », le suffrage universel masculin, selon l’expression consacrée, et les «rouges», mais il troque le sabre pour la plume.
Dispositions d’exception
En 1849, il rédige La Guerre des rues et des maisons, sans doute l’un des premiers traités de la guerre contre-révolutionnaire en milieu urbain. Objectif de cet ouvrage : penser, à la lumière de ce qu’il vient de se passer, la défense des villes en général et celle de Paris en particulier.
La capitale, populeuse et donc dangereuse, et les lieux du pouvoir politique, militaire et financier doivent être protégés au mieux. Quant aux ennemis intérieurs, il faut les vaincre rapidement, pour éviter la propagation de l’émeute. Cela fait, Bugeaud recommande l’adoption de dispositions d’exception et l’instauration de l’« état de siège », afin de châtier les coupables et de tenir la population par la peur.
Qu’un tel personnage soit toujours honoré par la République ne laisse pas de surprendre. En effet, des rues Bugeaud existent à Albertville [Savoie], Bergerac [Dordogne], Lille, Lyon, Marseille, notamment. A Limoges, c’est un cours, à Meudon un square, et à Paris une avenue et une statue sur la façade du Musée du Louvre.
Maires et élus agissez enfin
Ici et là, des initiatives ont été prises pour débaptiser une école dans la cité phocéenne et à Brest, par exemple. Il y a peu, la mairie de Périgueux a apposé une plaque circonstanciée et précise, pour rétablir la vérité et informer les citoyens des principaux événements précités.
Agir de la sorte, ce n’est pas céder aux dangers supposés du wokisme ou de la cancel culture ; ces vains fantômes forgés et exploités par de nombreux démagogues pour faire croire que des menaces existentielles affectent gravement l’écriture de l’histoire, son enseignement et, in fine, l’unité du pays.
A rebours des mythologies nationale, régionale et personnelle, aussi partielles que partiales, des chronologies oublieuses, des discours délicatement euphémisés et de la réhabilitation scandaleuse du passé colonial de la France, de telles initiatives contribuent à rappeler ce qui fut aux amoureux prétendus de Clio. Ceux-là mêmes qui affirment défendre l’histoire alors qu’ils ne cessent de raconter des histoires en traitant nombre de faits établis en chiens crevés. Dans la capitale comme dans les villes concernées, cette glorification de Bugeaud n’a que trop duré. Maires et élus agissez enfin pour mettre un terme à cette situation inacceptable qui est une injure à la mémoire des victimes algériennes, et des héritiers de l’immigration coloniale et postcoloniale, doublée d’une offense à celles et ceux qui, en France, ont lutté contre l’oppression et l’exploitation, et pour que vivent enfin la liberté, l’égalité et la fraternité.
Jean-Michel Aphatie (Journaliste) et Olivier Le Cour Grandmaison (Politiste)
Par micheldandelot1 dans Accueil le 23 Octobre 2023 à 09:04
Alors que sa caméra donne à voir Alger, Franssou Prenant fait entendre les dires et les écrits de personnages français commentant ou justifiant l’invasion du pays de 1830 à 1848.
« De la conquête », documentaire de Franssou Prenant. LA TRAVERSE
Découvrir un film de la trop rare Franssou Prenant (née Françoise Prenant en 1952), c’est entrer dans un univers doux-amer où les cauchemars de l’histoire se déroulent en rubans d’images et de sons. Monteuse de métier, formée à l’Institut des hautes études cinématographiques (l’ancienne Fémis, cette grande école parisienne), la cinéaste a réalisé une dizaine de films, a travaillé comme scripte avec Robert Bresson (Le Diable probablement, 1977), monté des films de Raymond Depardon et de Romain Goupil. Dans ses toutes jeunes années, elle incarne l’héroïne d’Albertine ou les Souvenirs parfumés de Marie-Rose (1972), de Jacques Kébadian, joyeux tract sur la liberté sexuelle.
Si Franssou Prenant a raconté la Guinée (L’Escale de Guinée, 1987) ou le Liban sous l’angle de l’exil (Sous le ciel lumineux de son pays natal, 2001), l’Algérie reste son pays de cœur : elle a passé trois années à Alger, à l’adolescence (de 1963 à 1966), avec ses parents partisans de l’Algérie libre, délaissant les bancs de l’école pour la cinémathèque qui venait d’ouvrir. Trois de ses films forment ainsi un triptyque algérien : I Am Too Sexy for My Body, for My Bo-o-dy (2012) est une captation de danses et de chants ; les deux suivants plongent dans les déchirements des conflits en dissociant textes et images, Bienvenue à Madagascar (2015) et De la conquête, qui sort ce 11 octobre après avoir été programmé, au printemps, au Cinéma du réel, à Paris, où une rétrospective était consacrée à la cinéaste.
Il ne faut pas prendre au premier degré le titre du film, De la conquête, lequel sonne comme un traité politique. S’il ravive la mémoire tragique de la colonisation de l’Algérie par la France, de 1830 à 1848, ce documentaire opère par fragments et impressionne par sa puissance formelle : en super-8 muet le plus souvent, Franssou Prenant confronte ses plans paisibles de la ville d’Alger ou du désert du Sahara à la dureté des textes et déclarations de personnages français du XIXe siècle, commentant le désastre de l’invasion en cours.
Insoutenable froideur
Le film fait ainsi résonner le langage fleuri des généraux, des intendants, des écrivains et des théoriciens (Victor Hugo, Ernest Renan, Charles Fourier, Alexis de Tocqueville…), dont on ne découvrira le nom qu’au générique de fin. Ce florilège mortifère est dit en voix off par une dizaine d’interprètes, acteurs, plasticiens, écrivains, metteurs en scène (Christophe Clavert, Jean Rolin, Aristide Bianchi, Lamine Ammar-Khodja, Marcel Bozonnet…). Alger et ce qu’il en reste se révèlent à l’image, tandis que sont énoncés les pillages de l’époque, les destructions des bâtiments et d’ornements. La ville vue par la cinéaste relève du morcellement, du kaléidoscope mouvant, avec ses couleurs, ses ombres, sa vision éclatée, tel ce plan trouble aux couleurs chaudes, laissant deviner bateaux et maisons en front de mer, vus à travers les percées d’un mur de terrasse.
Entraîné dans un flux maîtrisé de paroles, le spectateur ne cherche pas tant à identifier « qui parle » qu’à absorber les mots, à en mesurer la portée mais aussi l’insoutenable froideur. « Voilà, mon brave ami, comment il faut faire la guerre aux Arabes : tuer tous les hommes jusqu’à l’âge de 15 ans, prendre toutes les femmes et les enfants (…), les envoyer aux îles Marquises ou ailleurs, en un mot anéantir tout ce qui ne rampe pas à nos pieds comme des chiens. » On n’osera ici rapporter les comptes rendus des sinistres « enfumades », lesquelles consistaient à allumer des feux de broussailles devant des grottes, en vue d’asphyxier les populations rebelles qui se trouvaient réfugiées à l’intérieur.
Si l’autocritique perce entre les lignes, elle se voit rabotée par le ton supérieur du colonisateur : « Nous avons débordé en barbarie les Barbares que nous venions civiliser. » Ou encore : « Les pauvres diables se souviendront de notre visite. Que veux-tu, nous leur apportons les lumières, seulement nous leur faisons payer la chandelle un peu cher. » Des éclats de résistance nous parviennent enfin, notamment de l’émir Adbelkader (1808-1883), qui combattit avec force les troupes françaises, avant de se rendre, en 1847.
En une heure et quatorze minutes, Franssou Prenant livre une œuvre d’une densité rare, qui nous coupe le souffle, tout en créant une respiration inattendue à mi-parcours avec un interlude : un chant hommage à l’indépendance haïtienne (le 1er janvier 1804), comme un vent traversant les autres mouvements de libération.
Durant 130 ans, la France va tenter de faire de l'Algérie, une « région française » en assimilant des territoires, en développant le pays ou en accueillant une population d'exilés (qui deviendront les pieds noirs), sans jamais assimiler les populations « indigènes ».
Nombreux seront les rendez-vous manqués et les promesses non-tenues de la République. Pour en débattre, Jean-Pierre Gratien reçoit Benjamin STORA, historien, co-auteur du documentaire et Pascal BLANCHARD, historien, spécialiste du fait colonial LCP fait la part belle à l'écriture documentaire en prime time.
Ce rendez-vous offre une approche différenciée des réalités politiques, économiques, sociales ou mondiales....autant de thématiques qui invitent à prolonger le documentaire à l'occasion d'un débat animé par Jean-Pierre Gratien, en présence de parlementaires, acteurs de notre société et experts.
« Mon français s'est ainsi illuminé depuis vingt ans déjà, de la nuit des femmes du Mont Chenoua. (...) J'emporte outre- Atlantique leurs sourires, images de « shefa' », c'est-à-dire de guérison. Car mon français, doublé par le velours, mais aussi les épines des langues autrefois occultées, cicatrisera peut-être mes blessures mémorielles (...) c'est mon vœu final de « shefa' » pour nous tous, ouvrons grand ce « Kitab el Shefa' » ou Livre de la guérison (de l'âme) d'Avicenne/Ibn Sina, dont la précocité et la variété prodigieuse du savoir, quatre siècles avant Pic de la Mirandole, étonna lettrés et savants qui suivirent »...
Assia Djebbar
Discours de réception à l'Académie française
Une disposition technique concernant la langue française est vue en France comme un crime de lèse-langue de Voltaire ! En fait cette enième kabbale outre-Méditerranée est un coup d'épée dans l'eau. Le ministère de l'Education nationale met en œuvre un texte ancien. Le but étant de rectifier le droit permis aux établissements privés d'enseigner en plus la langue français conformément aux critères de l'éducation en France et ceci avec les services culturels qui permettent des passerelles aux candidats bacheliers du bac français passé en Algérie de pouvoir s'inscrire dans Parcours Sup et rejoignant ainsi les universités françaises C'est de fait un quasi-visa pour les candidats. De fait, les candidats au bac français ne peuvent le passer dans le pays.
Par ailleurs, d'une façon souveraine l'Algérie envisage à terme de substituer le français par l'anglais comme deuxième langue sans pour autant se dispenser du butin de guerre qui à des degrés divers peut avoir sa place si des fondamentaux sont respectés. Pour rappel, l'Algérie étant le 3e locuteur de langue française fait beaucoup pour la langue française sans être dans la francophonie et ceci sans aucune compétition d'aucune sorte si ce n'est de bricoler en attisant les différences entre les élus inscrits dans le lycée français sans vision globale de l'apport de l'Algérie pour cette langue. Il ne tient d'après nous que cette langue puisse perdurer si d'abord dans un esprit de reconnaissance, la France, comme elle l'a fait avec l'Egypte en 1990 a construit et équipé la bibliothèque d'Alexandrie puisse contribuer par la culture et la science à l'apaisement des mémoires.
La langue de Molière, un butin de guerre en perdition
Le Figaro, dans sa livraison de mardi 26 septembre, avait titré « Alger ordonne la chasse au français dans les écoles » pour évoquer une note du ministère algérien de l'Education nationale interdisant l'enseignement des programmes scolaires français dans les écoles privées. Cette stratégie des autorités algérienne a été sujette aux attaques systématiques de la part des médias et personnalités françaises nostalgiques du Paradis Perdu. Pourtant ce n'est pas l'usage de la langue française qui a été interdit puisqu'on continuera à enseigner en français mais la dispense des programmes d'enseignement scolaires français, notamment en vue de l'obtention du baccalauréat français. On sait que des écoles privées proposent le programme d'enseignement scolaire français sésame qui permet de s'inscrire dans les universités françaises.
De plus, comme l'écrit Lamia F. d'Algérie 360 : « La décision de mettre fin à l'enseignement du programme français dans les écoles algériennes a été évoqué il y a des années de cela. Une note ministérielle était même venue interdire aux établissements privés d'enseigner le programme de l'Hexagone à leurs élèves en 2021. Jusqu'à présent, les quelque 580 écoles privées algériennes étaient autorisées à enseigner le programme français, à condition que le programme algérien soit également dispensé aux élèves. Cette mesure visait à garantir une éducation équilibrée, mêlant les aspects de l'enseignement français et algérien. (...) Cette interdiction n'a toutefois été que partiellement appliquée jusqu'à cette rentrée. La décision de supprimer le programme français a été motivée en grande partie par les abus observés au sein de certaines écoles privées. Une autre conséquence majeure de cette décision est l'impact sur les élèves souhaitant passer le baccalauréat français. Désormais, ils ne sont plus autorisés à le faire en Algérie et sont contraints de se rendre à l'étranger. Les écoles privées titulaires d'un label délivré par l'ambassade de France en Algérie ont également été contraintes de renoncer à ce statut sous peine de sanctions ». (1)
Dans le même ordre, les journalistes Kessous et Ténéré Majhoul qui ont enquêté alternent fausse information comme la soudaineté de la note ministérielle et dans le même temps, ils nous informent des quasi privilèges des élus élèves qui suivent l'enseignement privé. Nous lisons : « qui parle de soudaineté de la décision en donnant la parole à des personnes bien engagées dans le débat : « un établissement privé algérien a été sommé par les autorités algériennes de ne plus enseigner le programme français aux élèves sous peine de sanctions. Un double programme jamais autorisé par la loi, mais toléré au grand jour (...) Les vingt-deux écoles qui échangeaient avec l'ambassade de France à travers un label délivré par l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger (AEFE) début août, ont reçu un premier courrier, les « sommant de se retirer de ce label » sous peine de fermeture ou de poursuites pénales. Certains établissements avaient choisi d'obtempérer, d'autres s'étaient résolus à fermer ou à changer de statut ». (2)
Les auteurs nous informent que la langue française continue à être enseignée. Ils nous informent par là même des combines pour tromper l'administration du ministère : « Au même moment, l'anglais commence à être imposé au sein d'institutions publiques dans le but de remplacer le français. La langue n'a, toutefois, pas été bannie : dans les écoles publiques et privées, elle continue d'être enseignée à raison de cinq heures par semaine. L'interdiction du programme français dans les établissements privés répond aussi à la volonté de mettre fin aux abus commis par certaines écoles, qui ont privilégié les matières françaises au détriment du programme algérien. Un enseignement parfois dispensé « de manière exclusive », reconnaît un professeur qui travaille dans le public et le privé. « Dans ces écoles, lors des inspections, il fallait cacher les manuels en français, ne pas les mettre dans les cartables des enfants car on pouvait les fouiller ». « Des élèves ne se présentaient pas au brevet ou au bac algérien, uniquement aux examens français, ça n'a pas plu aux autorités. » (2)
Enfin les journalistes nous informent d'un problème franco-français : « La décision des autorités algériennes est d'autant plus mal ressentie qu'elle coïncide avec une autre réforme, française cette fois, concernant le Centre national d'enseignement à distance (CNED). Quelque 3 000 élèves en Algérie étaient concernés, le plus important contingent au monde. « Le CNED, c'était un visa pour eux... » (2)
Les langues les plus parlées dans le monde
Pour savoir quelle est la place des langues principales, on évalue le nombre de langues dans le monde qui s'élève aux alentours de 7.000. L'anglais est parlé par près d'un milliard 452 millions personnes à travers le globe. Ainsi, on compte environ 372,9 millions de personnes dont la langue maternelle est l'anglais. C'est aussi la langue officielle de 67 pays à travers le monde. Le chinois est parlé par 929 millions de personnes. L'hindi est parlé comme langue maternelle par environ 343,9 millions. Vient ensuite L'espagnol avec 548,3 millions de locuteurs. Et l'arabe avec un nombre de locuteurs d'environ 250 millions. Le français avec moins de 79 millions comme langue maternelle.
La situation du français dans le monde
Sous la plume de Nicolas Poincaré, cette contribution le constat du déclin de l'enseignement du français en Algérie mais pas dans le monde !... : « Il n'y a qu'un lycée français, alors qu'il y en a par exemple 37 au Maroc. C'est le lycée Alexandre Dumas, qui accueille environ 2.000 élèves avec deux annexes en province. Il y a, tous les ans, environ 60 demandes pour une place. Les ministres, les hauts fonctionnaires, les apparatchiks du régime, se battent pour y inscrire leurs enfants, (...) Aujourd'hui, 15 millions d'Algériens parlent français, soit un tiers de la population. Cela en fait le troisième pays francophone du monde derrière la France et la République démocratique du Congo. (...) Et lorsque le français n'est plus enseigné, il peut très vite disparaître. Cela s'est passé au Rwanda, qui en moins de 30 ans est devenu un pays anglophone alors que c'était une ancienne colonie belge où presque tout le monde parlait français. C'est fini. Même chose au Liban, qui reste officiellement un pays francophone, mais sur Facebook, on trouve huit publications en anglais pour une en français... La pratique du français a également presque disparu dans des pays comme le Vietnam ou le Cambodge. Pourtant, au niveau mondial » (3)
L'Algérie développe l'apprentissage de l'anglais
D'une façon tout à fait imprévue en première impression, le grand journal Le Washington Post prend à son compte les dispositions prises par l'Algérie concernant l'anglais aux dépens du français. Sans être naïf c'est un combat culturel entre les pays développés pourtant du même bord ! Ainsi dans son édition du vendredi 29 septembre, The Washington Post a consacré un article au choix stratégique de l'Algérie d'opter pour l'enseignement de l'anglais : « Plus d'un an après le lancement par l'Algérie d'un programme pilote d'enseignement de l'anglais dans les écoles primaires, le pays le salue comme un succès et l'élargit dans un mouvement qui reflète un changement linguistique croissant en cours dans les anciennes colonies françaises à travers l'Afrique. Les élèves qui retourneront dans les classes de troisième et de quatrième année cet automne participeront à deux cours d'anglais de 45 minutes chaque semaine alors que le pays crée de nouveaux programmes de formation des enseignants dans les universités et envisage des changements plus transformateurs dans les années à venir. De plus, le pays renforce l'application d'une loi préexistante contre les écoles privées qui fonctionnent principalement en français » (4).
L'article fait dire que l'Algérie a perdu beaucoup de temps du fait d'une sorte de lobby, l'inoxydable Hazb França : « Nous avons perdu beaucoup de temps. Nous aurions dû introduire l'anglais dans les écoles primaires lorsque le président Abdelaziz Bouteflika a présenté sa réforme après son arrivée au pouvoir en 1999. Mais à cette époque, les factions francophones en Algérie avaient beaucoup de pouvoir de décision dans les institutions. » Cependant, ces dernières années, ils se sont affrontés à plusieurs reprises sur l'immigration, l'extradition et la façon dont chaque pays commémore le colonialisme et la guerre brutale qui a abouti à l'indépendance de l'Algérie en 1962. L'Algérie prévoit d'étendre son programme actuel à la cinquième année l'année prochaine. Bien que peu de gens contestent l'importance de l'anglais, certains s'inquiètent de la façon dont l'Algérie met en œuvre un tel changement et mettent en garde contre la déclaration de victoire trop tôt ». (4)
La France propose le français aux pays anglophones
La France développe cependant des relations avec des pays anglophones en y mettant les moyens Ainsi, on se souvient de l'acculturation qui a permit de décentraliser la « Sorbonne » University à Abu Dahbi avec une scolarité à 50.000 euros pour une licence de 3 ans. Plus récent c'est un autre pays qui est choisi. Ainsi la participation à la Foire internationale du 28 septembre au 7 octobre à l'université du roi Saoud à Riyad sous le thème «Une destination inspirante». Samia Hanafi écrit : « Cette manifestation culturelle et éducative vise à promouvoir le dialogue et à rapprocher les communautés francophones, ainsi que tous ceux désireux d'apprendre le français, de découvrir la culture française et de l'apprécier. Un pavillon francophone de plus de 500 m2 sera au rendez-vous. Cette édition s'annonce mettant en avant plus de vingt mille titres, dont dix mille dédiés à la jeunesse. L'association d'amitié franco-saoudienne Génération 2030 participera. Sa mission consiste à réunir les jeunes talents français et saoudiens pour mettre en œuvre des actions conjointes afin de construire des passerelles culturelles entre la France et le royaume d'Arabie saoudite. L'ambassadeur de France en Arabie saoudite, Ludovic Pouille, visitera le pavillon francophone » (5)
Un combat d'arrière-garde pour le futur : contenant et contenu
La mondialisation a fait que le monde est un grand village où 7.000 langues se parlent. Cependant il faut expliquer que ce qui compte par-dessus tout, ce n'est pas le véhicule de l'information (le contenant) que constitue la langue, mais l'information transmise (le contenu). Ainsi l'intelligence artificielle brise les barrières linguistiques. « L'intelligence artificielle, lit on sur cette publication, permet désormais de doubler des vidéos dans n'importe quelle langue avec une synchronisation labiale quasi parfaite. Cette innovation, qui a déjà séduit de nombreux utilisateurs, pourrait cependant créer des illusions en matière de communication » (6).
« (...) un individu parle anglais et, en un instant, s'exprime parfaitement en français, puis en allemand (...) Réaliser une vidéo en français pour toucher une audience internationale ? Autrefois, cela nécessitait une traduction minutieuse et un sous-titrage. Il ne s'agit pas seulement de traduction. Des programmes peuvent désormais faire chanter dans une autre langue. En Suisse, la start-up zurichoise Interprefy offre déjà une solution de traduction pour les conférences dans le monde réel. À l'aide d'une oreillette, les participants entendent non pas une voix humaine, mais une voix de synthèse autonome qui traduit les propos à la volée » (6)
En fait une langue n'est qu'un véhicule de l'information au sens du savoir, il faut se garder d'être naïf, ce qui compte c'est le contenu du message et non pas le contenant. C'est à cela que nos enseignants devraient joindre tous leurs efforts. De plus, que vous enseignez en anglais ou en français, dans le domaine des sciences et de la technologie le vocabulaire technique est le même. Vous pouvez faire un cours en alignant des équations mathématiques, physiques ou chimiques A titre d'exemple, le manuscrit de Gregori Perelman qui a démontré la conjecture de Poincaré qui a résisté un siècle, faisait 30 pages d'équations les unes à la suite des autres sans texte. Les mathématiciens chargés d'évaluer le manuscrit ont mis plusieurs mois pour le comprendre pour finalement déclarer que le chercheur a résolu la conjecture. Pour cet exploit, 1 million de dollars lui ont été proposés. Gregori Perelman qui habite dans un HLM avec sa maman, refusa le prix et eut cette phrase grandiose : « Que vais-je faire avec cet argent ? Je sais comment fonctionne l'univers »
On le voit, il nous faut relativiser car même dans la culture, un débat sur la création littéraire à Alger fait appel à l'intelligence artificielle qui a, semble-t-il, des répercussions sur le monde littéraire ! Devons-nous être inquiets si le dernier bastion de la beauté culturelle tombe ? Comme l'écrit Sarra Chaoui : « Quand la fiction devient réalité » a permis aux auteurs Hamza Koudri et à Magdalena Platzova de donner leur point de vue sur l'utilisation de l'intelligence artificielle et d'imaginer un monde où la machine prendrait le pas sur l'homme. Ils partagent la même vision, celle de l'impossibilité de la machine à ressentir les émotions humaines et à les transmettre. Il est impossible pour l'IA de saisir les subtilités d'une langue et de les traduire correctement. Pour eux, les textes générés automatiquement, aussi complexes soient-ils, ne pourront jamais égaler l'intelligence émotionnelle de l'humain. (10)» Nous sommes sauvés... provisoirement
Que fait la France officielle vis-à-vis de l'Algérie ?
Elle donne l'impression que le français en Algérie est là pour mille ans ! Grosse erreur ! Une langue peut disparaitre en quelques décennies si elle n'est pas entretenue d'une façon imaginative par l'adaptation constante à des situations nouvelles. Il n'y a pas de signe avant-coureur d'une politique apaisée généreuse car la visite en Algérie du député français Frédéric Petit a été contreproductive. Venu comme un censeur dictant la norme ! et annonçant des vœux pieux assortis de paternalisme du colon vis-à-vis de l'indigène Nous lisons : « explorer l'apprentissage du français. L'objectif principal de ce déplacement était de vérifier les répercussions de la réforme adoptée par l'Algérie en 2022, qui introduit l'apprentissage de l'anglais dès la 3ème année du cycle primaire. Le député cherchait à comprendre si cette réforme menace l'apprentissage de la langue française. (...) Enfin, il insiste sur le fait que privilégier l'anglais pourrait entraîner une perte d'influence regrettable, soulignant la longue histoire commune qui unit la France et l'Algérie ainsi que leurs peuples respectifs. » (7)
La dette culturelle consubstantielle de l'histoire commune
Comme on le sait, l'Algérie revient de loin. Comme on le sait, l'invasion coloniale avait pour but de remplacer l'arabe par le français. Le premier arrêté que prit le général Berthezène de rattacher le fonctionnement des zaouïas à l'administration du même coup cet arrêté a tari le financement des zaouïas et donc plus de possibilités de développement de l'éducation.
132 ans plus tard, c'est un pays exsangue qui démarre sans encadrement dans l'éducation pour les quelques milliers d'élèves en âge d'être scolarisés moins de 10%.
La langue française a servi à ratisser des individus en les privilégiant par rapport à l'immense masse des Algériens. Rien n'a été fait, au contraire on dresse des Algériens contre d'autres Algériens avec la possibilité d'ouvrir les portes à des cadres potentiels qui viendraient enrichir le vivier des compétences en France.
Ainsi, le manque de visibilité de la langue française en Algérie et le lourd fardeau de la francophonie vue comme une Françafrique ou la langue française continuait à dicter la norme est de plus en plus abandonnée. La langue française n'épouse plus son temps. De plus il semble que la France veut investir d'autres pays pensant que l'installation de la langue française est irréversible, les anciennes colonies n'oseront pas se passer du français. C'est une erreur ! beaucoup de pays africains commencent à questionner l'apport culturel et scientifique du fiançais.
La France est elle prête à aller en Algérie sur le chemin de la réconciliation par la culture ? A titre d'exemple, c'est à Doha qu'il y a la Sorbonne. C'est à Doha qu'il existe un musée du Louvres bis. Un pays qui n'a aucun passé commun avec la France, si ce n'est le carnet de chèques. En se souvenant que les soudards de l'armée de l'Afrique ont brûlé les bibliothèques algériennes avec comme point d'orgue l'incendie criminelle par l'OAS début juin 1962 de la Bibliothèque universitaire qui a vu 300.000 volumes partir en fumée.
On se souvient du discours de François Mitterrand allant inaugurer la bibliothèque d'Alexandrie construite et dotée par la France qui n'a pas d'histoire commune avec l'Egypte. Nous lisons « (...) Quelle part y eurent l'incendie allumé à Alexandrie [ndR] par Jules César en 48 avant J.C., celui des chrétiens en 390, l'occupant arabe de 641 ? (...) Mais il est sûr que les ravages de la guerre, l'indifférence, le poids des dogmes, bref les destructions et l'abandon finirent par avoir raison d'une expérience qui compte parmi les plus grandes aventures intellectuelles de l'humanité(...). Voisine de la future université francophone, flanquée d'une école internationale en sciences de l'information formant des spécialistes qualifiés, la bibliothèque d'Alexandrie sera dotée de tous les moyens modernes de conservation des collections, de stockage et de transmission des données, de restauration des documents et de communication au public » (8)
Le discours de Mitterrand en Egypte par des députés qui ne connaissaient pas la langue française est à méditer. Mutadis mutandis la France a une dette culturelle. Peu ou prou l'Algérie à son corps défendant a bonifié la langue française en l'enrichissant des mots du terroir profond. Elle a fait plus que son devoir vis-à-vis de cette langue qui appartient au patrimoine de l'humanité. Comment réparer 132 ans de déni de personnalité de la langue maternelle interdite ? C'est un miracle qu'il y eut des Algériens qui maitrisaient la langue de Voltaire ! Ils furent le petit nombre et des voleurs de feu pour reprendre la belle expression d'El Mouhoub Jean Amrouche.
Le chemin de la réconciliation entre les deux peuples qui gardent par-devers eux leurs mémoires est possible si des gestes signifiants étaient mis en œuvre. Ainsi la culture, le respect mutuel des cultures sont assurément un chemin vers une démarche apaisée. En s'inspirant de la démarche de la France en Egypte, la mise en place d'une façon résolue de la construction et la dotation d'une Grande Bibliothèque avec toutes les commodités pour accueillir l'universel mais aussi les ouvrages encore retenues dans les bibliothèques de France et de Navarre.
Conclusion
Les vrais combats sont donc ceux du contenu du savoir. Nous devons y aller résolument en évaluant les étapes. La démarche actuelle devrait être consolidée Cependant il ne faut pas espérer d'un coup de baguette magique se réveiller un beau matin maitrisant la langue de Shakespeare. Il nous faut y aller d'une façon déterminée mais à pas mesurés.
Sans se faire d'illusion sur les offres « gratuites » des pays anglophones, nous ne devons pas abandonner la proie ou le butin pour l'ombre. Ce serait une erreur d'abdiquer une langue même issue d'un compagnonnage douloureux, pour aller pointer en dernière position d'une métropole moyen-orientale avec laquelle nous n'avons pas d'atomes crochus pour apprendre l'anglais, et non la culture. Souvenons-nous, 90% du corps de documentation est en français, ce sont des millions d'ouvrages importants dans toutes les disciplines. La citation de Mandela : « Si vous parlez à un homme dans une langue qu'il comprend, vous parlez à sa tête. Si vous lui parlez dans sa langue, vous parlez à son cœur » nous offre de parler au cœur si chacun fait l'effort de parler la langue de l'Autre. Le jour ou nous verrons des lycées en langue arabe en France, ce jour-là on comprendra que la France veut tracer un chemin vers le futur dans l'égale dignité des deux peuples. Amen.
*Professeur émérite Ecole Polytechnique Alger
1 Lamia F https://www.algerie360.com/le-programme-francais-desormais-interdit-dans-les-ecoles-privees-algeriennes/? 28 septembre 2023
2. Mustapha Kessous et Ténéré Majhoul https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/09/28/l-algerie-met-fin-brusquement-a-l-enseignement-des-programmes-scolaires-francais-dans-les-ecoles-privees_6191342_3212.html
Si l’œuvre d’Ernest Renan porte sur des questions théoriques de linguistique et de philologie, elle reflète plus généralement sa perception de l’identité et de l’altérité « sémitiques », construite dès le départ sur une dimension binaire, essentialiste et conflictuelle. Renand aura ainsi contribué à l’élaboration d’une pensée légitimant l’entreprise coloniale dans la seconde moitié du XIXe siècle.
L’Arabe du moins, et dans un sens plus général le musulman, sont aujourd’hui plus éloignés de nous qu’ils ne l’ont jamais été.
Cette citation d’Ernest Renan extraite de son texte De la part des peuples sémitiques dans l’histoire de la civilisation1 s’inscrit dans la formation du discours orientaliste du XIXe siècle.
Docteur ès lettres avec une thèse sur le philosophe Averroès achevée en 1852, Ernest Renan poursuit ses études de philologie et rédige une Histoire générale et systèmes comparés des langues sémitiques, qui sera publiée en 1855. Il va alors réaliser un travail — inédit en France — de codification de la grammaire arabe d’une part, et il va également inaugurer ce qu’on appelle la linguistique historique ou philologie comparée.
Parti sur le projet d’une grammaire hébraïque, il donne une profondeur historique à sa démarche de recherche linguistique, se démarquant ainsi des recherches purement grammaticales qui lui sont contemporaines, tels que les travaux des linguistes Charles de Rémusat, Silvestre de Sacy ou encore Saint-Martin. Cette volonté de reconstituer l’histoire des langues, des religions et des grandes civilisations signe la particularité de son œuvre. Par l’Histoire générale et systèmes comparés des langues sémitiques, Ernest Renan donne leur place aux langues sémitiques dans le champ de la philologie comparée française, comme l’explique l’historienne Perrine Simon-Nahum2.
« L’ORIENT CRÉÉ PAR L’OCCIDENT »
Le contexte politique dans lequel s’inscrit Ernest Renan a indéniablement marqué sa pensée au-delà de la linguistique pure. Reprenant les principaux travaux de l’école allemande, plus avancée sur le terrain de la linguistique, il inaugure un « orientalisme franco-allemand » qui, non seulement marquera les sciences sociales, mais constituera aussi l’une des bases de la notion d’État-nation. Son célèbre discours prononcé à la Sorbonne en 1882 : Qu’est-ce qu’une nation, est encore cité aujourd’hui par de nombreux États comme un modèle de référence. C’est aussi l’époque où l’Europe connaît le développement des sciences sociales (dont la linguistique historique) et le début de l’entreprise coloniale française.
L’expédition militaire française menée par Napoléon Bonaparte en Égypte en 1798 va nourrir les imaginaires et la représentation d’une Europe plus avancée que l’Orient en proie à sa propre perdition. Cela va cristalliser une distinction culturelle binaire élaborée par les orientalistes entre l’Orient et l’Occident. L’un des tenants majeurs de la lecture critique de l’orientalisme est Edward Saïd, théoricien littéraire palestinien qui dans son œuvre L’Orientalisme. L’Orient créé par l’Occident (Seuil, Paris, 1980) étudie les discours produits par les savants orientalistes et leur reproche de présenter l’islam comme une « synthèse culturelle qui pouvait être étudiée en dehors de l’économie, de la sociologie et de la politique des peuples islamiques ». Il adresse plus particulièrement ses critiques au travail d’Ernest Renan et lui reproche d’avoir omis l’étude des réalités sociales au profit d’une polarisation sur les traditions classiques.
Car si Ernest Renan a mené un travail de philologie comparée aussi remarqué que remarquable, il a néanmoins tenté de démontrer l’infériorité des langues sémitiques par rapport aux langues indo-européennes. C’est ce que nous allons explorer à travers ces deux œuvres majeures que sont l’Histoire générale et systèmes comparés des langues sémitiques et De la part des peuples sémitiques dans l’histoire de la civilisation.
LE « CARACTÈRE GÉNÉRAL DES PEUPLES »
Dans l’introduction de De la part des peuples sémitiques dans l’histoire de la civilisation, Ernest Renan explique sa méthodologie :
Je consacrerai cette première leçon à m’entretenir avec vous du caractère général des peuples dont nous étudierons ensemble la langue et les littératures, du rôle qu’ils ont joué dans l’histoire, de la part qu’ils ont fournie à l’œuvre commune de la civilisation (p. 9).
Ernest Renan expose ici le schéma de sa pensée générale, la méthodologie à laquelle il recourra tout au long de son œuvre, qui est de partir de l’étude des langues pour en définir les caractères généraux des peuples, ce qui est le propre de la philologie comparée. Il opère un glissement d’une analyse technique de la langue vers la mise en place d’un procédé qui prétend en déduire les caractères des peuples qui la parlent :
Nous sommes autorisés à établir une rigoureuse analogie entre les faits relatifs au développement de l’intelligence et les faits relatifs au développement du langage.
L’unité et la simplicité, qui distinguent la race sémitique, se retrouvent dans les langues sémitiques elles-mêmes. L’abstraction leur est inconnue ; la métaphysique, impossible. La langue étant le moule nécessaire des opérations intellectuelles d’un peuple, un idiome presque dénué de syntaxe, sans variété de construction, privé de ces conjonctions qui établissent entre les membres de la pensée des relations si délicates, peignant tous les objets par leurs qualités extérieures devait être éminemment propre aux éloquentes inspirations des voyants et à la peinture de fugitives impressions, mais devait se refuser à toute philosophie, à toute spéculation purement intellectuelle (Histoire générale et systèmes comparés des langues sémitiques, p. 471).
Les éléments essentiels de la conception d’Ernest Renan sont ici réunis : la parenté des langues sémitiques d’une part et indo-européennes d’autre part. En cela, il essentialise les effets de chaque langue sur la pensée de peuples auxquelles elles sont attachées, et distingue clairement également les langues sémitiques des langues indo-européennes. Il met en évidence des caractéristiques de la langue qui serait partagée par tous les peuples « sémitiques » :
L’Arabe du moins, et dans un sens plus général le musulman, sont aujourd’hui plus éloignés de nous qu’ils ne l’ont jamais été. Le musulman (l’esprit sémitique est surtout représenté de nos jours par l’islam) et l’Européen sont, en présence l’un de l’autre, comme deux êtres d’une espèce différente, n’ayant rien de commun dans la manière de penser et de sentir (De la part des peuples sémitiques dans l’histoire de la civilisation, p. 18).
Dans son discours inaugural, Ernest Renan retrouve dans l’organisation politique des républiques grecques et romaines et dans les idéaux de la Révolution française : « un vigoureux élément moral, une forte idée du bien public » où « le sacrifice à un but général ». L’Orient n’a quant à lui « jamais connu de milieu entre la complète anarchie des Arabes nomades et le despotisme sanguinaire et sans compensation ». Pour conclure, « Théocratie, anarchie, despotisme, tel est, Messieurs, le résumé de la politique sémitique ; ce n’est pas heureusement la nôtre » (De la part des peuples sémitiques, p. 14). Aussi, le « vieil esprit sémitique », « antiphilosophique et anti-scientifique » par essence ne permettra aux Arabes d’éclairer l’Europe que pendant « un siècle ou deux », avant que celle-ci ne « connaisse les originaux grecs » (p. 17).
LA NÉGATION DES INFLUENCES ARABES
Plus que l’absence d’héritage politique et scientifique arabe à l’Europe, Ernest Renan s’attachera à nier les influences arabes dans l’art en général. S’il écrit par exemple que la « poésie hébraïque [qui] a pris place pour nous à côté de la poésie grecque, non comme nous ayant fourni des genres déterminés de poésie, mais comme constituant un idéal poétique » (De la part des peuples sémitiques, p. 16). C’est pour ensuite préciser « l’absence complète d’imagination créatrice, et par conséquent, de fiction », trait qui serait caractéristique de l’esprit sémitique (Histoire générale et systèmes comparés des langues sémitiques, p. 151).
Il reconnaît cependant deux apports aux « sémites » : l’écriture, dont les caractères, qui servirent pour exprimer les sons des langues sémitiques, servent encore aujourd’hui aux langues indo-européennes, et la religion, que les indo-européens auraient adoptée. Selon Ernest Renan, « Le monde civilisé ne compte que des juifs, des chrétiens et des musulmans. La race indo-européenne en particulier, si l’on excepte la famille brahmanique et les faibles restes des Parses, a passé tout entière aux religions sémitiques ». Mais il s’empresse d’ajouter dans son discours de 1862 qu’ « en adoptant la religion sémitique, nous l’avons profondément modifiée. Le christianisme, tel que la plupart l’entendent, est en réalité notre œuvre » (p. 21).
Après avoir procédé à une analyse comparative des langues indo-européennes et sémitiques, Ernest Renan entame une nouvelle argumentation par laquelle il établit une division hiérarchique des « races ». Il explique ainsi :
Quelque distincts, en effet, que soient le système sémitique et le système aryen, on ne peut nier qu’ils ne reposent sur une manière semblable d’entendre les catégories du langage humain, sur une même psychologie, si j’ose le dire, et que, comparés au chinois, ces deux systèmes ne révèlent une organisation intellectuelle analogue. Je suis donc le premier à reconnaître que la race sémitique, comparée à la race indo-européenne, représente réellement une combinaison inférieure de la nature humaine (Histoire générale et systèmes comparés des langues sémitiques, p. 469).
Si les caractéristiques d’une langue et d’une race sont données une fois pour toutes et sont par-là « a historiques », il conclut son discours en argumentant que la civilisation européenne ne perdurera qu’à la condition de la « destruction de la chose sémitique », qui :
(…) est la plus complète négation de l’Europe ; (…) ; l’islam est le dédain de la science, la suppression de la société civile ; c’est l’épouvantable simplicité de l’esprit sémitique, rétrécissant le cerveau humain, le fermant à toute idée délicate, à tout sentiment fin, à toute recherche rationnelle, pour le mettre en face d’une éternelle tautologie : Dieu est Dieu. (…) L’avenir, Messieurs, est donc à l’Europe et à l’Europe seule.
Finalement, selon Ernest Renan, l’appartenance à une famille linguistique assigne à une appartenance raciale, comme l’explique le linguiste Djamel Doukoughli. Il fonde les races selon leur organisation linguistique et par là démontre la prétendue pauvreté intellectuelle de certaines « races ».
UNE PRÉTENDUE INFÉRIORITÉ
Le travail d’Ernest Renan comporte des limites, aux conséquences encore actuelles. Comme l’explique l’historien français Henry Laurens, les écrits d’Ernest Renan ont été utilisés à des fins colonialistes, car dans la seconde moitié du XIXe siècle, les pouvoirs politiques ont « justifié l’œuvre colonisatrice en ayant recours au discours des devoirs de la race supérieure “aryenne” envers les races inférieures (sémitiques) »3. Son travail de philologie comparée a ainsi servi de justificatif à l’entreprise coloniale.
En démontrant une prétendue infériorité des langues sémitiques sur les langues indo-européennes, Ernest Renan a également contribué à cristalliser les imaginaires qui dessinent encore des lectures essentialistes du monde, notamment des relations entre Europe et islam. Il semble que la représentation qu’a aujourd’hui de l’islam la pensée dominante soit figée, comme si elle ne connaissait pas une pluralité, liée à son histoire et ses idées.
C’est ce qui constitue l’essentiel de la critique d’Edward Saïd lorsqu’il questionne ces essentialisations identitaires et propose une autre façon de penser l’« Autre », notamment au regard de notre propre histoire.
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