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El Djazaïr De la barbarie du «système colonial»

 

 

iL esconstant qu'à la veille de toutes les élections présidentielles françaises, outre la récurrente thématique de l'immigration , éternelle bouc-émissaire, l'Histoire fait également irruption pour certains candidats qui espèrent engranger les voix d'une partie de l'électorat sensible à la démagogie. Ici, rappel des faits d'Histoire démontrant les méfaits de ce qu'il a été convenu d'appeler «le système colonial».

Force donc est de revenir à un réel débat sur les réalités historiques significatives qui exigent plus que des «excuses» et appelant une juste réparation («excuses» que d'autres pays ont officiellement formulées : Canada, Australie...) ; ainsi : restitution du Trésor d'Alger ayant servi à l'industrialisation de la France et aujourd'hui évalué à plusieurs milliards d'euros, restitution des archives non accessibles aux chercheurs et encore moins au commun des mortels (notamment celles des périodes coloniale et ottomane, indemnisation de centaines de milliers de familles d'Algériens ayant subi le génocide du système colonial de tout un peuple (enfumades, napalm, tortures...) et des Algériens du Sud suite aux essais nucléaires de l'ancienne puissance coloniale...

Ainsi, selon une légende tenace, le «coup de l'éventail» datant de 1827 a été le coup d'envoi du blocus maritime d'Alger par la marine royale française. L'aventure coloniale avait pour objectif de consolider l'influence française dans le bassin occidental de la Méditerranée. Le 5 juillet, les Français occupèrent Alger ; le même jour, le dey Hussein signa l'acte de capitulation. Premières conséquences : l'effondrement du pouvoir ottoman, le pillage des caisses de l'État, l'expulsion des janissaires d'Alger vers l'Asie Mineure et l'accaparement par la France de toutes les terres du Beylik. Le 1er décembre 1830, Louis-Philippe nomma le duc de Rovigo chef du haut-commandement en Algérie pour mettre en œuvre la colonisation dont la violence est notoire. Après avoir battu Abd-El-Kader, le général Desmichels signa avec ce dernier un traité qui reconnut l'autorité de l'émir sur l'Oranie et permit à la France de s'installer dans les villes du littoral. Officiellement, le 22 juillet, la Régence d'Alger devint «Possession française d'Afrique du Nord». Abd-El-Kader battit le général Trézel dans les marais de la Macta, près de Mascara. Il put également encercler la ville d'Oran durant une quarantaine de jours. Arrivé en renfort de métropole, le général Bugeaud infligea une défaite à celui-ci. Courant janvier 1836, le général Clauzel s'empara de Mascara et de Tlemcen. Le traité de la Tafna fut signé le 30 mai 1837 entre le général Bugeaud et l'émir Abd El Kader. Ce dernier établit sa capitale à Mascara. Le comte de Damrémont, devenu gouverneur général de l'Algérie en 1837, se mit en rapport avec le bey de Constantine pour obtenir une Convention similaire se heurtant au rejet de Ahmed Bey. Courant octobre 1837, ledit gouverneur général se mit en marche sur Constantine fort de dix mille hommes. Après sept jours de siège au cours desquels le comte de Damrémont fut tué, la ville fut conquise.

En 1839, l'armée française ayant entrepris d'annexer un territoire situé dans la chaîne des Bibans, (chaîne de montagnes du Nord d'El DjazaÏr), l'Emir Abdel El Kader considéra qu'il s'agissait d'une rupture du traité de Tafna. Il reprit alors sa résistance ; il pénétra dans la Mitidja et y détruisit la plupart des fermes des colons français. Il constitua une armée régulière (dix mille hommes, dit-on) qui reçut leur instruction des Turcs et de déserteurs européens. Il aurait même disposé d'une fabrique d'armes à Miliana et d'une fonderie de canon à Tlemcen. Il reçut également des armes provenant de l'Europe. Nommé gouverneur général de l'Algérie française en février 1841, Bugeaud arriva à Alger avec l'idée de la conquête totale de l'Algérie. Par l'entremise des «bureaux arabes», il recruta des autochtones tout en encourageant l'établissement de colonies.

Il a pu dire alors : «Le but n'est pas de courir après les Arabes, ce qui est fort inutile ; il est d'empêcher les Arabes de semer, de récolter, de pâturer, [...] de jouir de leurs champs [...]. Allez tous les ans leur brûler leurs récoltes [...], ou bien exterminez-les jusqu'au dernier.» Ou encore : «Si ces gredins se retirent dans leurs cavernes, imitez Cavaignac aux Sbéhas !

Fumez-les à outrance comme des renards». De fait, en mai 1841, l'armée française occupa Tagdemt (situé à Tiaret qui fut capitale des Rustumides), puis Mascara pratiquant la razzia et détruisant récoltes et silos à grains. Il semble que l'Emir Abd-El-Kader fit en vain appel au sultan ottoman. C'est ainsi que, courant mai 1843, le duc d'Aumale prit par surprise la «smala» d'Abd-El-Kader faisant trois mille prisonniers (smala : «réunion de tentes abritant les familles et les équipages d'un chef de clan arabe qui l'accompagnent lors de ses déplacements»).

En février 1844, la France mit en place une Direction des Affaires Arabes pour contrôler les bureaux arabes locaux dans les provinces d'Alger, d'Oran et de Constantine avec le dessein de disposer de contacts avec la population autochtone. Fin mai 1844, des troupes marocaines prirent d'assaut les troupes françaises installées dans l'Oranais, mais furent repoussées par le général Lamoricière. Réfugié au Maroc, l'Emir Abd-El-Kader a pu décider le sultan Moulay Abd-El-Rahman d'envoyer une armée à la frontière algéro-marocaine provoquant ainsi des incidents qui, après d'infructueux pourparlers, décida le général Bugeaud de repousser l'armée du sultan marocain qui fut défaite (bataille d'Isly). L'armée marocaine dut se replier en direction de Taza, obligeant le sultan à interdire son territoire à Abd-El-Kader qui finit par se rendre aux spahis (à l'origine, les spahis furent un corps de cavalerie traditionnel du dey d'Alger, d'inspiration ottomane ; lors de la conquête de l'Algérie par la France, ils furent intégrés à l'Armée d'Afrique qui dépendait de l'armée de terre française). L'Emir Abd-El-Kader fut d'abord placé en résidence surveillée durant quatre ans en France (il fut libéré par Napoléon III), puis résida en Syrie jusqu'à la fin de sa vie. C'est ainsi que la Constitution française de 1848 fit de l'Algérie une partie intégrante du territoire français, notamment par l'institution de trois départements français : Alger, Oran et Constantine, les musulmans et les juifs d'Algérie étant considérés des «sujets français» avec le statut d' «indigènes». La résistance continua d'être vive en Kabylie et dans l'oasis des Zaatcha dans l'actuelle wilaya de Biskra. Plus tard, la domination française s'étendit à la Petite Kabylie. Jusqu'en juillet 1857, le la résistance continua dans le Djurdjura avec Lalla Fatma N'Soumer.

Révoltes constantes

A la veille du début de la conquête française, on estimait la population algérienne à trois millions d'habitants. La violente guerre de conquête, notamment entre 1830 et 1872, explique le déclin démographique de près d'un million de personnes. On évoque également les invasions de sauterelles entre 1866 et 1868, les hivers très rigoureux à la même période (ce qui provoqua une grave disette suivie d'épidémies tel le choléra). Pour les Européens d'alors, cette donnée était bénéfique dès lors qu'elle diminuait le déséquilibre démographique entre les «indigènes» et les colons. Ce, outre que le nombre important de constructions détruites avait pour dessein de gommer l'identité d'El Djazaïr. L'objectif était de détruire matériellement et moralement le peuple algérien. Sous Napoléon III, il fut question d'un «royaume arabe» lié à la France avec celui-ci comme souverain. A la même période, on a estimé que quelques deux cent mille colons, français ou européens, possédaient environ sept cent mille hectares. D'un point de vue législatif, il y eut le sénatus-consulte du 14 juillet 1865 inspiré par le Saint-Simonien Ismaël Urbain, ayant trait au statut personnel et la naturalisation de l'«indigène musulman» et de l'«indigène israélite» (voire à la naturalisation des «étrangers qui justifient de trois années de résidence en Algérie», appelés plus tard «pieds noirs»). Force est de constater qu'en décembre 1866, furent créés des conseils municipaux élus par quatre collèges séparés : français, musulmans, juifs et étrangers européens, les Français disposant des deux tiers des sièges.

La révolte de 1871 est considérée comme la plus importante insurrection contre le pouvoir colonial français. Ainsi, plus de deux cent cinquante tribus se soulevèrent (environ un tiers de la population de l'Algérie d'alors). Elle fut menée depuis la Kabylie (les Bibans ou Tiggura) par le cheikh El Mokrani, son frère Boumezrag et le cheikh Haddad (chef de la confrérie des Rahmanya). Après cette révolte, plus de cinq cent mille hectares furent confisqués et attribués aux «émigrés hexagonaux» suite à la défaite française de 1870 face à l'Allemagne. C'est ainsi que de 245.000, le nombre des colons aboutit à plus de 750.000 en 1914. A la même date, le nombre des Djazaïris («indigènes») passa de deux millions à cinq millions. Après la chute de Napoléon III, les tenants de la Troisième République préconisèrent une politique d'assimilation, notamment par la francisation des noms et la suppression des coutumes locales. Le 24 octobre 1870, en vertu des décrets du Gouvernement provisoire, le gouvernement militaire en Algérie céda la place à une administration civile. La nationalité française fut accordée aux Juifs d'Algérie (décret Crémieux) qui furent néanmoins soumis à l'antisémitisme des colons. En accordant aux juifs algériens le même statut que les Français d'Algérie, ce décret divisa les autochtones qui continuèrent de vivre dans une condition de misère accentuée par de nombreuses années de sécheresse et de fléaux. Les biens des insurgés Algériens de 1871 furent confisqués. Ainsi, une loi du 21 juin 1871 attribua quelque cent mille hectares de terres en Algérie aux «migrants d'Alsace-Lorraine».

Et le 26 juillet 1873, fut promulguée la loi Warnier qui eut pour objectif de franciser les terres algériennes. Le 28 juin 1881, fut adopté le code de l'indigénat qui distingua deux catégories de citoyens : les citoyens français et les sujets français («indigènes»). Ces derniers furent soumis au code de l'indigénat qui les priva de leurs libertés et de leurs droits politiques (seul fut conservé le statut personnel, d'origine religieuse ou coutumière).

Lors de la première guerre mondiale, la France mobilisa les habitants des départements français d'Algérie : Musulmans, Juifs et Européens. C'est ainsi que les tirailleurs et spahis musulmans combattirent avec les zouaves (unités françaises d'infanterie légère) européens et juifs d'Algérie. Il semble que près de 48.000 Algériens furent tués sur les champs de bataille lors de la première Guerre mondiale, ayant été de toutes les grandes batailles de l'armée française (notamment à celle de Verdun). Plus tard, en 1930, la célébration par la France du centenaire de la «prise d'Alger» fut ressentie comme une provocation par la population. Le projet de loi Blum-Viollette (Front populaire) pour l'attribution de droits politiques à certains musulmans sera rejeté à l'unanimité lors du congrès d'Alger du 14 janvier 1937. Au cours de la seconde guerre mondiale, plus de 120.000 Algériens furent recrutés par l'armée française. Avec l'occupation allemande (1940-1944), plusieurs centaines de musulmans («Nord-Africains») installés en France furent engagés pour constituer ce qui a été appelé la «Légion nord-africaine». De trois millions en 1880, la population d'El Djazaïr passa à près de dix millions en 1960 pour environ un million d'Européens.

Il semble qu'à la veille du déclenchement de la guerre d'indépendance, «certaines villes sont à majorité musulmane comme Sétif (85 %), Constantine (72 %) ou Mostaganem (67 %)». L'essentiel de la population musulmane était pauvre, vivant sur les terres les moins fertiles. La production agricole augmenta peu entre 1871 et 1948 par rapport au nombre d'habitants, El Djazaïr devant alors importer des produits alimentaires. En 1955, le chômage était important ; un million et demi de personnes était sans emploi (la commune d'Alger aurait compté 120 bidonvilles avec 70 000 habitants en 1953). Dans ce cadre, l'Algérie était composée de trois départements, le pouvoir étant représenté par un gouverneur général nommé par Paris. Une Assemblée algérienne fut créée ; elle était composée de deux collèges de 60 représentants chacun : le premier élu par les Européens et l'élite algérienne de l'époque et le second par le «reste de la population algérienne».

Le Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques en Algérie (MTLD) de Messali Hadj avait alors obtenu une large victoire lors des élections municipales de 1947 ; ce parti devint la cible de la répression des autorités françaises. Il y eut ensuite des fraudes massives lors de l'élection de l'Assemblée algérienne. Il est vrai qu'au début du XXe siècle, les leaders algériens réclamaient alors tantôt le droit à l'égalité, tantôt l'indépendance. C'est ainsi que plusieurs partis furent créés : l'Association des Oulémas musulmans algériens, l'Association de l'Étoile Nord-Africaine, le Parti du Peuple Algérien (PPA), les Amis du Manifeste des Libertés (AML), le Parti communiste algérien (PCA)...

Le 8 mai 1945, prélude à la révolution

Le 8 mai 1945, eurent lieu des manifestations d'Algériens dans plusieurs villes de l'Est du pays (notamment à Sétif, Kherrata et Guelma) ; ce, à la suite de la victoire des Alliés sur le régime nazi. A Sétif, la manifestation tourna à l'émeute. La répression par l'armée française fut des plus brutales provoquant la mort de plusieurs centaines de milliers de morts parmi les Algériens. Cette férocité sans nom eut pour conséquence davantage de radicalisation. Certains historiens ont pu estimer que ces massacres furent le début de la guerre d'Algérie en vue de l'indépendance.

Devant l'inertie des leaders qui continuaient de tergiverser, apparut l'Organisation spéciale (OS) qui eut pour but d'appeler au combat contre le système colonial devenu insupportable. Elle eut pour chefs successifs : Mohamed Belouizdad, Hocine Aït Ahmed et Ahmed Ben Bella. Un Comité révolutionnaire d'unité et d'action (CRUA) fut créé en mars 1954 et le Front de libération nationale (FLN) en octobre 1954. En Algérie, le déclenchement de la guerre de libération nationale est caractérisé comme étant une Révolution (en France, on utilisa le terme de «guerre d'Algérie» après l'avoir désigné comme étant des évènements d'Algérie jusqu'en 1999). L'action armée intervint à l'initiative des «six historiques» : Rabah Bitat, Mostefa Ben Boulaïd, Mourad Didouche, Mohamed Boudiaf, Belkacem Krim et Larbi Ben M'hidi lors de la réunion des 22 cadres du CRUA. La Déclaration du 1er novembre 1954 fut émise depuis Tunis par radio.

La guerre d'Algérie débuta le 1er novembre 1954 avec quelques soixante-dix attentats dans différents endroits d'Algérie. La réponse de la France ne se fit pas attendre ; des mesures policières (arrestations de militants du MTLD), militaires (augmentation des effectifs) et politiques (projet de réformes présenté le 5 janvier 1955). François Mitterrand a pu alors déclarer : «L'Algérie, c'est la France». Il déclencha la répression dans les Aurès ; ce qui n'empêcha pas à l'Armée de libération nationale (ALN) de se développer.

De quelques cinq cent hommes, elle augmenta ses effectifs en quelques mois pour atteindre quinze mille et plus tard plus de quatre cent mille à travers toute l'Algérie. Les massacres du Constantinois des 20 et 21 août 1955, notamment à Skikda (alors Philippeville) constituèrent une étape supplémentaire de la guerre. La même année, l'affaire algérienne fut inscrite à l'ordre du jour à l'Assemblée générale de l'ONU, tandis que plusieurs chefs de l'insurrection de l'armée furent soit emprisonnés, soit tués (Mostefa Ben Boulaïd, Zighoud Youcef...). Des intellectuels français aidèrent le FLN, à l'instar du réseau Jeanson, en collectant et en transportant fonds et faux papiers.

Le 22 octobre 1956, eut lieu le détournement de l'avion qui transportait la Délégation des principaux dirigeants du FLN : Mohamed Khider, Mohamed Boudiaf, Aït Ahmed, Ahmed Ben Bella, Mostefa Lacheraf.

Ce fut là un acte caractérisé de piraterie aérienne. De même, il y eut l'opération d'intoxication de la bleuite (1957-1958) menée par les services secrets français ; le colonel Amirouche Aït Hamouda mit alors en place des purges internes (Wilaya III) qui firent de très nombreux morts dans différentes wilayas. Plus tard, le France déclencha de grandes opérations (plan Challe 1959-1961), les maquis ayant été sans doute affaiblis par ces purges internes.

Ce plan amoindrit davantage les maquis. Arrivé au pouvoir, Charles de Gaulle engagea une lutte contre les éléments de l'Armée de libération nationale algérienne (ALN). Il semblerait que le plan Challe ait entraîné, en quelques mois, la suppression de la moitié du potentiel militaire des wilayas. Les colonels Amirouche Aït Hamouda et Si El Haouès furent tués lors d'un accrochage avec les éléments de l'Armée française. En 1959, à sa sortie de prison, Messali Hadj fut assigné à résidence.

En France, les Algériens organisèrent des manifestations en faveur du FLN. En 1960, le général de Gaulle annonça la tenue du référendum pour l'indépendance de l'Algérie ; certains généraux français tentèrent en vain un putsch en avril 1961. Il n'est pas anodin de rappeler qu'en février 1960, la France coloniale a procédé à un essai nucléaire de grande ampleur dans la région de Reggane (sud algérien). Avec 17 essais nucléaires opérés par la France entre les années 1960 à 1966, il semble que 42.000 Algériens aient trouvé la mort ; des milliers d'autres ont été irradiés et sujets à des pathologies dont notamment des cancers de la peau.

Le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) fut proclamé avec à sa tête Ferhat Abbas. Le colonel Houari Boumediene était alors le chef d'état-major de l'Armée de libération nationale. En 1960, l'ONU annonça le droit à l'autodétermination du peuple algérien. Des pourparlers avec le GPRA furent organisés pour aboutir aux accords d'Évian (18 mars 1962). Ce qui ne mit pas fin aux hostilités puisqu'il y eut une période de violence accrue, notamment de la part de l'OAS. Près d'un million de Français (Pieds-noirs, Harkis et Juifs) quitta l'Algérie entre avril et juin 1962. Le référendum d'autodétermination (1er juillet 1962) confirma les accords d'Évian avec 99,72 % des suffrages exprimés.

Le bilan de cette guerre, en termes de pertes humaines, continue de soulever des controverses des deux côtés de la Méditerranée. Si El Djazaïr se considère avec fierté comme le pays du million et demi de chahids, en France circulent d'autres chiffres qui oscillent entre 250.000 à 300.000 morts. Outre cette comptabilité macabre, bien d'autres sujets continuent de constituer un contentieux entre les deux pays. Il est vrai aussi que la guerre fratricide entre le FLN et le MNA (mouvement de Messali Hadj) fit quelques centaines de morts tant en France qu'en Algérie (notamment à Melouza), outre le nombre de harkis tués après le cessez-le-feu. Ce, sans oublier les luttes pour le pouvoir : d'un côté, le pouvoir civil avec le GPRA présidé par Ferhat Abbas appuyé par les wilayas III et IV, et de l'autre côté le pouvoir militaire (le «clan d'Oujda») et l'«armée des frontières») avec à sa tête Houari Boumediene.

A l'indépendance, El Djazaïr est sortie exsangue des suites de la guerre, des conflits internes et du départ massif des Européens ayant servi d'encadrement durant la période coloniale. L'armée française évacua ses dernières bases en Algérie (enclaves autorisées par les accords d'Évian) : Reggane et Bechar (1967), Mers el-Kébir (1968), Bousfer (1970) et B2-Namous (1978). Ainsi, nonobstant l'indépendance, la France continua d'avoir des bases en Algérie.

Le GPRA de Ferhat Abbas fut évincé par l'ALN au profit d'Ahmed Ben Bella qui fut ainsi le premier président de l'Algérie indépendante du système colonial français. Le FLN devint parti unique et prôna un socialisme à l'algérienne marqué par le populisme et le culte de la personnalité. Et, depuis le coup d'Etat du 19 juin 1965 à ce jour, El Djazaïr ne cesse de s'interroger sur son destin à travers l'Histoire, y compris jusqu'au Hirak dont on peut encore espérer un antidote au pouvoir politique marqué par l'échec de la gérontocratie.

Qu'émerge enfin une nouvelle élite de jeunes, organisés et conscients des enjeux et des défis à relever par El Djazaïr, au-delà des «excuses» de l'ancienne puissance coloniale ! Les gesticulations électoralistes outre-méditérranée ne sauraient faire oublier la barbarie du «système colonial».

 
 
 

par Ammar Koroghli*

http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5305949
 
 
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Rédigé le 07/10/2021 à 19:19 dans colonisation | Lien permanent | Commentaires (0)

Thomas Bugeaud : Maréchal de France, génocidaire en Algérie

 

image from recitsdalgerie.com

 

Vendredi 21 mai 2021, le conseil municipal de la ville de Marseille a voté pour le changement de nom de l’école primaire du 3ème arrondissement. L’école Bugeaud se nommera donc désormais l’école Ahmed-Litim. L’occasion de dresser le portrait de ces deux personnages historiques, afin de mieux saisir les enjeux des débats relatifs au changement de noms de rue glorifiant des personnalités controversées de l’histoire française.

Déjà en juin 2020, le militaire français suscitait de nombreux débats. Dans un contexte social où des militants antiracistes luttaient pour déboulonner les statues et débaptiser les noms de rue d’esclavagistes et colons du passé, Jean-Michel Apathie disait à la télévision française : « Bugeaud est un salopard, il a inventé les chambres à gaz, et il a une avenue à Paris. » Qui est ce Maréchal de France, génocidaire en Algérie, au cœur des débats aujourd’hui ?

 

« Bugeaud est un salopard, il a inventé les chambres à gaz, et il a une avenue à Paris. » – Jean-Michel Apathie

 

 

Bugeaud, impérialiste dans l’âme ? Ses premiers pas dans l’armée française

En France, le Maréchal Bugeaud est connu pour être un homme militaire victorieux, notamment pour sa conquête de l’Algérie. Né en 1784 dans une famille de nobles de Limoge, Thomas-Robert Bugeaud débute sa carrière de militaire en 1804 dans l’armée napoléonienne et participe en tant que caporal à la bataille d’Austerlitz. Cette dernière lui permet très vite de monter en grade : il devient sous-lieutenant puis lieutenant et chef de bataillon lors de la campagne de Prusse, de Pologne et d’Espagne. Bonapartiste invétéré, il participe alors aux nombreuses campagnes impérialistes napoléonienne en Europe. Son engagement auprès de Napoléon, notamment lors de la période des Cent Jours (1815), lui vaut le licenciement de l’armée durant la seconde restauration de la monarchie française. Bugeaud décide de retourner dans le Périgord pour gérer l’exploitation agricole familiale. Néanmoins, de vocation militaire évidente, il demeure attiré par l’actualité militaire de son pays, notamment après l’invasion de l’Espagne par le duc d’Angoulême en 1823. Il demande ainsi à plusieurs reprises de rejoindre l’armée française, ce qui lui est chaque fois refusé. Mais Bugeaud est rapidement réintégré à l’armée à la suite de la chute du roi Charles X. Le nouveau régime monarchique, « la monarchie de Juillet » de Louis-Philippe connait des oppositions républicaines entraînant des révoltes en 1834. Bugeaud, enfin mommé maréchal par le nouveau souverain, est ainsi au commandement de trois brigades pour réprimer l’insurrection parisienne, entraînant la mort d’une dizaine de personnes. Thomas Bugeaud apparait alors déjà comme un homme militaire accompli.

Bugeaud, fossoyeur de l’Algérie, bienfaiteur de la France 

C’est en Algérie que le maréchal Bugeaud se fait un nom. En 1836, il y est envoyé dans le dessein de réprimer la résistance de l’Émir Abdelkader face à l’invasion française. En effet, devant la ténacité de l’Émir, le Général Desmichels – alors commandant des troupes françaises à Oran – avait octroyé au combattant algérien sa souveraineté sur l’ouest du territoire algérien, en échange de la liberté commerciale et d’un traité de paix en faveur des Français. Jugé trop défavorable, cet accord entraîne le renvoi du Général Desmichels, poussé par les troupes françaises alors en position de désavantage et contraintes à la défaite face au commandement stratégique de l’Émir. C’est à cet instant que la personnalité de Bugeaud s’affirme comme pilier de la conquête de l’Algérie : une nouvelle tentative de conquête militaire de l’Algérie est lancée par l’intermédiaire de Bugeaud. Son armée est alors allouée de tous les moyens pour limiter l’influence du pouvoir de l’Émir Abdelkader, et remporte plusieurs victoires, telles que la bataille de Sikkak en 1836. Les défaites que connait la résistance algérienne contraignent l’Émir à négocier avec le maréchal, aboutissant au traité de la Tafna de 1837. Il est convenu par ce traité de reconnaître une souveraineté totale à l’Emir sur la province d’Oran, de Tittéri et d’Alger, en contrepartie d’une reconnaissance de la souveraineté impériale française sur le territoire algérien. L’Émir dénonce toutefois une violation du traité par les troupes françaises en 1839, qui souhaitent étendre le pouvoir français au-delà des termes définis par l’accord. L’occupation de l’Algérie par la France, limitée par le pouvoir de l’Émir Abdelkader, s’inscrit désormais dans l’objectif d’une conquête absolue de l’Algérie.

Fier de son expérience au sein de l’armée impériale, le maréchal met en application son apprentissage. Débarquant en février 1841 à Alger, il affirme sa volonté de ne pas faire fuir les Arabes, mais de les soumettre. Doté d’une armée riche de 100 000 hommes, Bugeaud est le fer de lance de la colonisation, et marche sur l’Algérie. Salué par ses pairs, il est fait Grand-Croix de la Légion d’honneur et Maréchal de France en 1843. Il détruit tout soutien apporté aux résistants indigènes en soumettant le Maroc en 1844, faisant de lui le duc d’Isly. Après avoir soumis la Kabylie, le Maréchal de France retrouve la métropole en 1847 après avoir régné en maître absolu sur l’Algérie depuis son arrivé près de 10 ans auparavant. C’est en héros qu’il retrouve sa fière patrie.

Démiurge de l’Algérie coloniale pour les uns, fossoyeur de l’Algérie pour d’autres, c’est par les actions militaires de Bugeaud que la France a pu marcher sur ce pays, selon sa volonté impérialiste. Il déclara ainsi : « L’armée est tout en Afrique ; elle seule a détruit, elle seule peut édifier. Elle seule a conquis le sol, elle seule le fécondera par la culture et pourra par les grands travaux publics le préparer à recevoir une nombreuse population civile ». Pour lui, la colonisation de l’Algérie devait passer par la fondation de colonies militaires : : « De tous les moyens de faire marcher vite et bien la colonisation, le meilleur, j’en ai la conviction, c’est la colonie militaire. »

 

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Le Général Bugeaud et l’Emir Abdelakder lors de la signature du traité de la Tafna en 183

 

Les méthodes génocidaires de conquête de l’Algérie par Bugeaud

La conquête française passe alors par de nouvelles stratégies sous les ordres de Bugeaud ; enfumades et politique de la terre brûlée en font partie. Les razzias, ou politique de la terre brûlée, consistent à brûler les terres, le bétail et les maisons des populations locales. L’occupation du littoral algérien ne suffisant pas, Bugeaud donne ordre à l’armée française de conquérir les terres du pays, également afin de profiter des ressources qui y sont produites. Ces politiques de razzia sont soutenues par une nouvelle conception dans la démarche coloniale de l’État français, celle d’un pays voulant instaurer une colonie de peuplement en Algérie à travers la confiscation des terres appartenant aux « indigènes » pour les octroyer aux colons.

« J’entrerai dans vos montagnes ; je brulerai vos villages et vos moissons ; je couperai vos arbres fruitiers et, alors, ne vous en prenez qu’à vous seuls. »

La destruction et la soumission du territoire algérien fut aussi légitimée par Bugeaud à travers des massacres de masse. Pour faire face aux tribus résistantes, Bugeaud n’eut pas peur d’assumer ses méthodes inhumaines. Il déclara ainsi devant la Chambre des députés de la monarchie de Juillet : « J’entrerai dans vos montagnes ; je brulerai vos villages et vos moissons ; je couperai vos arbres fruitiers et, alors, ne vous en prenez qu’à vous seuls », menaçant alors les populations insoumises. Le 11 juin 1845, il prononce ces mots à Orléansville : « Si ces gredins se retirent dans leurs cavernes, imitez Cavaignac aux Sbéahs ! Enfumez-les à outrance comme des renards ».

Ces méthodes d’extermination entrent dans la lignée des massacres par les « enfumades ». Bugeaud écrira ainsi à propos des Enfumades du Dahra commandées par le Général Pélissier : « C’est une cruelle extrémité, mais il fallait un exemple terrible qui jetât la terreur parmi ces fanatiques et turbulents montagnards ». La violence contre les civils et contre les cultures algériennes a donc été un outil pour soumettre la population algérienne sous les ordres de Bugeaud, et leur faire accepter l’idée d’une colonisation totale de peuplement du territoire. Cette violence et déshumanisation des masses légitima sur le long terme l’action française en Algérie, hiérarchisant alors l’« indigène » sous le français colonisateur.

La mémoire de Bugeaud dans l’espace public français

Aujourd’hui en France, on retrouve plusieurs endroits portant le nom de Bugeaud, dont une avenue du 16e arrondissement de Paris, une rue du 6e arrondissement de Lyon, la place centrale de la ville de Périgueux, et jusqu’en mai 2021, une école du 3e arrondissement de Marseille, bientôt renommée Ahmed-Litim après proposition du maire de la ville, Benoit Payan. Cette initiative de changement de nom, votée par le conseil municipal de Marseille, met en avant un nom jusqu’ici inconnu : celui de Ahmed-Litim. Le rapport au conseil municipal du 21 mai 2021 permet de connaître les exploits de cet homme, tirailleur algérien débarqué à Marseille en 1944.

 

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Ecole élémentaire Bugeaud, Marseille. Source : Marsactu

 

Extrait du rapport au conseil municipal :

« Le mardi 22 août 1944, se présentent à Marseille les premières troupes de la 1ère Armée Française, dite Lattre de Tassigny, débarquées le 16 août précédent sur les côtes varoises (…) Parmi ces hommes, débarqués huit jours plus tôt et se lançant à l’assaut de la colline de Notre-Dame, se trouve Ahmed Litim.
Né à el Milia, près de Constantine, il a probablement 24 ans. Il est caporal au sein de la 1ère compagnie du 1er bataillon du 7ème Régiment de Tirailleurs Algériens. Vers 16h30, le vendredi 25 août, alors que sa compagnie monte à l’assaut de Notre-Dame de la Garde pour rejoindre leurs camarades du groupe dit « Ripoll » qui viennent déployer un drapeau français depuis le clocher, il est fauché par un obus allemand au pied de la Basilique et décède le soir même de ses blessures. Il est cité à l’ordre de l’armée : « Jeune caporal, toujours le premier aux postes dangereux, a fait preuve d’un cran remarquable dans les combats de rue à Marseille. A été gravement blessé le 25 août 1944 à Notre-Dame de la Garde, alors qu’il servait lui-même son fusil mitrailleur, son tireur ayant été mis hors de combat ». Cette citation comporte l’attribution de la Croix de guerre 1939-1945 avec palme.
A travers le nom et l’histoire de cet homme, la Ville de Marseille souhaite honorer et inscrire dans nos mémoires toutes celles et ceux, combattant et combattantes, qui, au-delà de leurs origines ou de leurs croyances, ont donné leur vie pour l’idéal universel de liberté.
Pour cela, il est proposé aujourd’hui de modifier l’appellation de l’école primaire publique sise 12, rue Bugeaud et de la dénommer « École Primaire Publique Ahmed Litim ».

Cette décision de la ville de Marseille intervient dans un contexte de remise en cause de certains noms de rues françaises. Alors que certains préfèrent la mise en contexte des noms, de sorte de ne pas laisser dans l’oubli ces personnages historiques, d’autres prônent leur effacement au profit de valeurs plus nobles. C’est la position du Maire de Marseille : « Le Maréchal Bugeaud a commis des horreurs lors des guerres en Espagne, dans la répression des mouvements démocratiques de 1834 à Paris puis lors de la conquête sanglante de l’Algérie brûlant des villages, enfumant des grottes où se cachaient femmes et enfants. Une école ne peut pas conserver ce nom car nous ne pouvons ni l’expliquer ni le justifier à nos enfants. A l’école on apprend à écrire, à lire, on apprend notre histoire. L’école Ahmed Litim portera donc le nom d’un de nos libérateurs, mort en héros à Marseille en 1944. », a-t-il déclaré sur Twitter.

 

Par Iliès et Farah

 

Bibliographie :

  • Peyroulou, Jean-Pierre, Ouanassa Siari Tengour, et Sylvie Thénault. « 1830-1880 : la conquête coloniale et la résistance des Algériens », Abderrahmane Bouchène éd., Histoire de l’Algérie à la période coloniale. 1830-1962. La Découverte, 2014, pp. 17-44.
  • Lacoste, Yves. « La conquête de l’Algérie, un cas très exceptionnel », , Géopolitique de la nation France. Sous la direction de EncelFrédéric, Lacoste Presses Universitaires de France, 2016, pp. 139-181.
  • Manceron, Gilles. « 8. La spécificité du cas algérien », , Marianne et les colonies. Une introduction à l’histoire coloniale de la France, sous la direction de Manceron La Découverte, 2005, pp. 159-175.
  • Brower, Benjamin. « Les violences de la conquête », Abderrahmane Bouchène éd., Histoire de l’Algérie à la période coloniale. 1830-1962. La Découverte, 2014, pp. 58-63.
  • « Retour géopolitique sur la situation postcoloniale et l’histoire coloniale de l’Algérie et du Maroc », Hérodote, vol. 180, no. 1, 2021, pp. 180-202.

 

 

Par Iliès et Farah

Publié le 4 juin 2021

https://recitsdalgerie.com/thomas-bugeaud-marechal-de-france-genocidaire-en-algerie/

 

 

Algérie, pages méconnues de l'histoire

 

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Comme toutes les histoires que lui racontait sa grand-mère, le roman de Salah Benlabed aurait pu commencer par ces mots: «Ken ya ma ken, fi kadim ezaman» /«Il était une fois dans les temps anciens».

 

Dans Le dernier refuge, l'écrivain montréalais

D'origine algérienne évoque une page déchirée de l'histoire coloniale française, un crime qui n'a jamais été jugé, ni puni. Nous sommes en 1845. Le corps expéditionnaire français, nommé «Troupes d'Afrique», a entrepris la conquête du territoire de la Régence d'Alger. Le général Bugeaud, commandant en chef, et ses hommes se heurtent à la résistance de l'émir Abd-El-Kader et à ses partisans. Face à des soldats lourdement armés, des paysans — hommes, femmes, enfants, vieillards — se réfugient dans des grottes avec leurs troupeaux. Une guerre d'extermination par «enfumade et s»emmurements commence. Un massacre qui est le summum de l'horreur: plus de mille personnes sont gazées par les fumées et le feu de bois qui bouche la sortie.


C'est dans ce cadre historique, qui sert de toile de fond au roman, que s'inscrit le destin de la jeune Houria, innocente bergère arrachée à ses montagnes et propulsée malgré elle au coeur du conflit. Dès les premières pages, elle traverse l'obscurité bleutée d'une forêt de chênes-lièges et d'oliviers sauvages, son fils attaché sur son ventre. La peau déchirée par les épineux, griffée par les branches basses, les pieds blessés par les cailloux aiguisés, elle fuit le brasier des grottes enfumées.

Tout au long de son errance qui la mènera de ses montagnes de Kabylie aux sables brûlants du Sahara, le narrateur dialogue avec elle: il l'interpelle, raconte ses peurs et ses cauchemars, ses amours et ses deuils. En filigrane, il brosse le portrait et le parcours de l'émir Abd-El-Kader, humaniste musulman qui a combattu la haine raciale et fait l'unité de son peuple.

Son pays devenu désormais «possession française d'Afrique du Nord», ce dernier adresse ces quelques lignes prémonitoires au général Bugeaud: «Quelle est donc cette avidité qui pousse la France, qui se qualifie elle-même de forte et pacifique nation, à venir nous faire la guerre? N'a-t-elle pas assez de territoires? Qu'importe ce qu'elle nous a pris quand on le compare à ce qui nous reste! Elle avancera, nous reculerons; mais son tour viendra d'être obligée de reculer; et alors nous reviendrons.»

Humour caustique

Dans ce roman grave où les personnages aussi bien fictifs que réels se côtoient, où les descriptions des paysages sont proches de l'atmosphère réelle, il arrive qu'on tombe sur des notes d'humour assez caustiques. Au détour d'une page, un groupe de soldats français poursuit dans la plaine des autruches. Houria demande si ces animaux sont comestibles. On lui explique que «les Françaises, semble-t-il, ont coutume d'en planter les plumes dans leur arrière-train pour danser devant leurs hommes [...] leurs succès dans la conquête ont dû leur fournir de nombreuses occasions de danser car ils ont dépeuplé la région de ces volatiles».

Dans un va-et-vient entre le passé et le présent — guerre de libération (1954-1962), guerre civile (1991-2000), le romancier nous propose une réflexion sur la guerre et ses conséquences sur ceux qui la subissent, mais aussi sur leurs descendants qui intériorisent ces tragédies.

À travers son personnage féminin en exil intérieur dans son propre pays, Salah Benlabed revient également sur son thème de prédilection, l'écriture et l'exil: «écrire pour combler le vide de l'exil». Roman hybride parce qu'il est un lieu de multiples échanges qui exposent une page tragique méconnue de l'histoire algérienne, Le dernier refuge oppose au récit politique angoissant la voix profondément humaine d'un écrivain qui n'a de cesse de jeter des ponts entre des cultures d'horizons différents, algérienne et québécoise.


Suzanne Giguère

19 novembre 2011
Collaboratrice du Devoir

https://www.ledevoir.com/lire/336422/algerie-pages-meconnues-de-l-histoire

 

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Rédigé le 24/04/2023 à 21:52 dans colonisation, France, Guerre d'Algérie, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0)

L'AUTRE 8 MAI 1945 (pétition association Les Oranges)

 

Le 8 mai 1945 pendant qu'il y avait la fête à Paris, en France et dans le monde... que s'est-il passé dans un département de la France qui s'appelait : L'Algérie ?

Bienvenue à vous au rassemblement de "L'autre 8 mai 1945"

Exister c'est Résister.

S'unir collectivement pour ne pas subir individuellement !

Les Oranges

 

image from ekladata.com

 

Le 8 mai 1945 marque bien sûr la fin de la seconde guerre mondiale et la signature de l'armistice entre la France et l'Allemagne, mais c'est également la date des massacres de Sétif en Algérie où le gouvernement français fut responsable de la mort de 45.000 civils algériens à Sétif, Guelma et Kherrata, en représailles à une émeute déclenchée par l'assassinat d'un jeune algérien par un gendarme français pour avoir brandi le drapeau algérien interdit à cette époque où l'Algérie était un département français. Pour que cet évènement, trop souvent passé sous silence ne tombe pas dans l'oubli, l'association culturelle "Les oranges", par la voix de son président, M'hamed KaKi, interpelle le président de la République française,  et appelle à signer une pétition pour que l'Etat français reconnaisse sa responsabilité dans ces massacres, pour que les archives de ces sinistres évènements soient publiées et pour qu'un lieu de mémoire soit érigé en France. 

 

www.lesoranges.com

 

 

C’était en 2015 les 70 ans du 8 mai 1945, M’hamed Kaki, président de l’association Les Oranges s’adressait à François Hollande mais ses paroles justes et émouvantes, ses paroles d'existence et de résistance peuvent s’adresser en 2023 à Emmanuel Macron, ce dernier n’a toujours pas reconnu au nom de la France et des Français le crime colonial du 8 mai 1945 à Sétif, Guelma, Kherrata et dans tout le Constantinois qui a fait 45.000 morts.

Merci M'hamed Kaki pour la vidéo ci-dessous.

 

 

Michel Dandelot

http://www.micheldandelot1.com/l-autre-8-mai-1945-petition-association-les-oranges-a214086289

 

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www.lesoranges.com

Rédigé le 24/04/2023 à 20:35 dans colonisation, France, Guerre d'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)

La jeunesse dans la colonisation : Mohamed Baalache

 

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Mohamed est né en 1942. Il a 78 ans aujourd’hui, il en avait douze quand est survenue la guerre pour l’indépendance. Son témoignage est donc celui d’un enfant pendant la colonisation, d’un adolescent pendant la guerre, d’un jeune adulte lors de la proclamation de l’indépendance.

La colonisation, l’insouciance

« Il n’y avait pas de différences… à deux, trois choses près »

C’est quoi, être enfant Algérien pendant la colonisation? Comment ressentait-on la domination coloniale? Est-ce qu’on en avait conscience ? Voilà les questions que je me posais avant d’échanger avec Mohamed. Il me confie que son enfance était banale, qu’il n’y avait pas de différences avec les Français, « enfin…à deux, trois choses près ».

« J’allais à l’école, on n’avait pas de problème, on était que des enfants. J’étais scolarisé avec les Européens et il n’y avait pas de différence avec nous, mis à part le fait que nous étions considérés comme indigènes, donc que nous n’avions pas la possibilité de continuer nos études après l’obtention du certificat d’études ».

Ce « à deux, trois choses près » interpelle, car il révèle en vérité une différence de traitement majeure, qui me rappelle le témoignage de Boualem. Ce dernier m’avait en effet parlé d’une sorte de plafond de verre, en disant que la France voulait former le « futur prolétariat » en empêchant ceux qu’elle considérait comme « indigènes » d’étudier sur son sol – ce témoignage arrivera sous peu.

L’indigénat. 

 

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Illustration par Kenza B.

 

« Les indigènes », c’est le nom qui était donné aux Algériens pendant la colonisation, par le gouvernement français. Comprendre le statut d’indigène, c’est quelque part mieux comprendre la colonisation et les ambitions dites « civilisatrices ».

Mis en place le 28 juin 1881 en Algérie et étendu en 1887 à l’ensemble des colonies françaises, le Code de l’Indigénat soumettait les « indigènes » à des règles différentes de celles des citoyens français. Les Algériens musulmans se voyaient ainsi appliquer des peines spéciales. Par exemple, le droit de vote leur était en général refusé, ou accordé de manière très restrictive. La police et l’administration pouvaient également les emprisonner ou leur infliger des amendes sans jugement. Des journées de travail non rémunéré pouvaient être imposées pour contribuer à l’entretien des routes et des travaux publics.

La citoyenneté française n’était que rarement accordée aux indigènes. Ferhat Abbas, premier président du Gouvernement provisoire de la République algérienne, et ancien chef nationaliste algérien, disait ainsi en ce sens : « Quand un Algérien se disait Arabe, les juristes français lui répondaient : non, tu es Français. Quand il réclamait les droits des Français, les mêmes juristes lui répondaient : non, tu es Arabe ! ».

Ce n’est qu’en 1946 que le Code de l’Indigénat prit fin. Par sa mise en place, la France a donc instauré des discriminations structurelles, révélatrices de la conception que la puissance coloniale avait des populations déjà présentes sur le territoire nouvellement conquis, et légalisé leur exclusion et leur assujettissement. Ainsi, Mohamed m’apprend par son témoignage que c’est ce statut d’indigène qui l’empêchait de continuer ses études.

L’adolescence dans la guerre

Mohamed m’explique que s’il ne voyait pas de différence de traitement lors de son enfance, il a commencé à remarquer un changement seulement lors de son adolescence, c’est la fin de l’insouciance de son enfance. « Vers l’âge de 16 ans, je commençais à remarquer les militaires français sillonner les villes, contrôler les gens. » On est en 1958, Mohamed évoque une « guerre atroce », il insiste sur la peur des interrogatoires menés par les autorités, qui menaient souvent à « de la torture et à des morts ». En tant qu’adolescent, comme d’autres jeunes de son âge, il raconte qu’il devait faire face à « des contrôles fréquents ». Les soldats français se méfiaient  des jeunes hommes et n’hésitaient pas à « établir des contrôles envers les Algériens suspects, qui auraient des liens directs ou indirects avec les hors la loi – à savoir la résistance ». La peur du contrôle régnait car cela« pouvait aller de simples interrogations, jusqu’à la torture. »

A côté de la patrouille française, Mohamed me décrit également « la présence et la surveillance de nombreux harkis, exécutés ensuite par les moudjahidines ». « Les Algériens qui étaient du côté des Français étaient méchants et portaient des armes contre leurs frères au djebel – maquis.».

Le début d’une vie d’adulte, celle de l’indépendance 

L’indépendance, c’est le début d’une vie nouvelle, c’est la victoire de l’exercice du droit à l’autodétermination du peuple Algérien, une nouvelle ère, la fin de plus d’un siècle de colonisation française. « Les gens étaient heureux » lors de l’indépendance, ils « chantaient, se promenaient avec le drapeau Algérien, ils étaient contents ». Mais Mohamed m’explique très vite que bien que l’indépendance a amené un sentiment de joie, tous ont été marqués par le combat qui y a mené, et nombreux sont ceux qui ont perdu « leurs pères, tués en tant que moudjahidine – combattants ».

Deux ans après l’indépendance, à l’age de 22 ans, Mohamed commence à travailler à la Poste, où il restera jusqu’à ses 60 ans.

 

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Explication du dessin et ressenti de Kenza, 20 an

 

« Pour moi, quand tu m’as expliqué l’indigénat, c’est comme si les Français avaient stigmatisé les Algériens en leur enlevant tout avenir dès leur enfance, dès leur naissance. Du coup, je me suis dit que le lieu symbolique de l’égalité entre nous tous serait la maternité: on n’a encore rien fait de notre vie. J’ai décidé de colorier uniquement le bébé Algérien pour faire référence d’abord à l’appellation « homme de couleur » mais aussi pour bien le faire ressortir et accentuer sa stigmatisation. Puis il y a le fait que tous les autres bébés dorment paisiblement, mais lui a déjà l’air soucieux et c’est le seul qui regarde en face. Ça rappelle aussi le fait que tout le monde voyait ce qu’il se passait, mais fermait les yeux face à ces injustices. »

Merci à Dahmane pour la mise en contact avec son père, à Kenza pour l’illustration, à Camille pour la relecture

 

 

Publié le 8 mars 2020

https://recitsdalgerie.com/la-jeunesse-dans-la-colonisation/

 

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Rédigé le 22/04/2023 à 21:18 dans colonisation, France, Guerre d'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)

À propos de Récits d’Algérie

 

Récits d’Algérie est un projet collaboratif et intergénérationnel né de la volonté de collecter les mémoires de nos aînés au sujet de la guerre d’indépendance algérienne, de la colonisation à l’indépendance.

 

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La parole de ceux qui ont vécu ces évènements se faisant désormais rare, il est devenu nécessaire de réaliser ce devoir de mémoire.

Pour certains ce sont nos parents, nos grand-parents, nos tantes, nos oncles…Nous côtoyons ces générations, et il est désormais temps de rendre hommage à leur vécu, en faisant sortir leurs récits des foyers. C’est vouloir dire enfin ce passé commun issu de la présence française en Algérie et, surtout, c’est vouloir transmettre la mémoire de nos aînés.

 

– Farah, fondatrice de Récits d’Algérie.  

 

En février 2020, Farah lance le site internet Récits d’Algérie et collecte les récits qu’on accepte de lui confier. Petit à petit, de plus en plus de contributeurs souhaitent nourrir le projet.

Le site s’enrichit ainsi des travaux de chacun, les thèmes des publications se diversifient et l’équipe de contributeurs s’agrandit.

Les récits sont accompagnés d’articles historiques, de recommandations culturelles, littéraires, artistiques. Les contributions ne sont plus ponctuelles mais deviennent de plus en plus régulières. Un noyau dur se forme alors. Un an après, en avril 2021, l’association Récits d’Algérie voit le jour, avec près d’une dizaine de membres actifs.

 

 

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https://recitsdalgerie.com/lassociation/

 

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Rédigé le 22/04/2023 à 16:34 dans colonisation, France, Guerre d'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)

Décolonisations : du sang et des larmes

 

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Le 6 octobre dernier, France 2 diffusait le documentaire “Décolonisations : du sang et des larmes”, réalisé par David Korn-Brzoza, co-écrit avec Pascal Blanchard. Baya et Wafâa l’ont regardé, et partagent avec nous leurs ressentis. C’est la recommandation de la semaine de Récits d’Algérie. 

 

 

 

Une re-contextualisation nécessaire

L’histoire coloniale est indispensable pour comprendre la France du XXIe siècle. L’approche temporelle et notamment la mise en œuvre d’un continuum entre périodes coloniale et postcoloniale est inéluctable. Si le passé colonial rejaillit dans notre présent, plus de cinquante ans après les mouvements de libération face à l’impérialisme français, il faut peut-être admettre que cette résurgence est une nécessité aussi bien sur le plan historique mémoriel que sur le plan social. Aujourd’hui nous sommes face à deux approches de cette histoire : celle qui entend faire valoir les « bienfaits de la colonisation », amie du mutisme, et celle qui revient sur les sombres heures, extrêmement violentes, de la colonisation, pour en comprendre ses prolongements contemporains. De la première découle la loi du 23 février 2005 ou l’on peut lire, article 4 : « les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer ».

Le colonialisme, qui traduit la volonté des nations européennes d’établir leur domination politique économique et culturelle sur le reste du monde, s’appuie sur la racialisation des identités. La France a peint sa toile de fond historique en labourant cruellement les pays colonisés et leur société, en y établissant les règles féroces d’un îlot capitaliste et en y installant la discrimination raciste comme norme des rapports humains. Et voilà qu’à présent, le documentaire en deux parties de Pascal Blanchard et David Korn-Brzoza, « Décolonisations, du sang et des larmes » est diffusée en prime time sur France 2, une chaine du service public français. Une partie de l’histoire de la France et de plusieurs anciennes colonies françaises, est retracée à travers deux films diffusés par le groupe de chaîne télévisées, France télévision. L’occasion d’en apprendre plus sur ce passé à travers des images d’archives mises en couleur.

L’accent sur le processus de décolonisation

Si l’on a, à de nombreuses reprises, entendu parler de colonisation, le terme de « décolonisation » est quant à lui moins commun. C’est ainsi que ce documentaire met l’accent sur cette partie de l’histoire, quelque peu mise sous le tapis, où des peuples tentent de se défaire de l’Empire colonial français. Un processus qui, comme l’évoque le titre du documentaire, a fait couler du sang et des larmes. De façon chronologiques, le documentaire retrace les différents évènements qui illustrent les moyens déployés par la France, dans l’objectif de garder la maîtrise de son Empire colonial.

La force de ce film documentaire réside d’abord dans l’utilisation d’incroyables images d’archives, mais aussi dans les témoignages de femmes et hommes, d’enfants et petits-enfants de victimes, de civils, de combattants… Tous impactés, directement ou indirectement par l’histoire coloniale et décoloniale qu’ils ont décidés de nous raconter. Il s’agit d’une histoire qui a marquée trois générations, cependant, le temps semble effacer ces évènements. Des documentaires comme celui-ci permettent de comprendre l’importance des mémoires quelles qu’elles soient. Les générations s’éteignent, entrainant avec elles des récits uniques. L’inscription de la mémoire d’individus ou de groupes d’individus dans la mémoire collective, est l’aboutissement de luttes entre des institutions et des acteurs antagonistes. Ces éléments sont essentiels pour combler le vide mémoriel de ce passé commun, et palier une vision très parcellaire du conflit.

Les récits d’une histoire mise sous tapis.

Une phrase marquante est prononcée dans ce documentaire : « On n’écrit pas l’histoire avec une gomme ». Ces paroles font échos à l’idée qu’une partie de l’histoire de France est trop longtemps restée tabou. On a souvent gommé la violence du système colonial. Si les programmes scolaires d’histoires sont vastes, certains évènements, notamment liés à la colonisation et décolonisation ne sont encore que très peu étudiés. En ce sens, un tel documentaire qui avant tout, comte l’histoire à travers les récits de personnes vivantes, permet de créer un certain lien avec le public, et notamment une nouvelle génération détachée. Il permet de réaliser à quel point les français ont cru en ce système colonial et à quel point ils en étaient fiers. Il permet aussi de réaliser le rôle central de la propagande au sein de cette démarche.

La diversité des récits

Finalement la mise à disposition de telles images et témoignages permet de réaliser qu’il s’agit d’une histoire collective, commune, que chacun peut tenter de comprendre et s’approprier, mais qu’elle reste aussi, pour des personnes, des récits personnels. Le côté personnel des récits se retrouve dans la diversité des témoignages. Du côté français, il ne pouvait pas en être autrement. L’existence de l’empire et des colonies étaient presque naturelle de par la puissance impérialiste Française : « De la même manière que la seine traverse Paris, la méditerranée traverse la France », peut-on écouter dans ce documentaire. C’est pourquoi des récits divers, d’Algériens, de Vietnamien, Malgache etc… mets finalement le spectateur et la France, face à la violence et la répression commise.

Enfin ce documentaire a permis de montrer les rapports de dominations encore existants entre la France sur ses anciennes colonies. Cela se manifeste par exemple par la mains mise sur les matières premières, les accords économiques d’intérêt unilatéraux (accords d’Evian) et la mise en place du Franc CFA.

Notre ressenti :

Dans les configurations mémorielles, la guerre d’Algérie occupe une place certes centrale vis-à-vis de l’histoire coloniale française, elle ne peut néanmoins pas résumer à elle seule plus de deux siècles de colonisation. La situation propre à chaque colonie a laissé des traces à élucider. Algérie, Madagascar, Vietnam, Maroc, Tunisie, Sénégal, Guinée Française, la Guadeloupe, l’île de la Réunion, le Cameroun, ont ensemble façonné des mouvements de libération des peuples colonisés.

Cette initiative, pour nous, a une importance. La démarche de Récits d’Algérie est semblable. Il s’agit de raconter l’histoire à travers des récits de personnes concernées de prêt ou de loin par la guerre d’Algérie, ayant servie le mouvement de décolonisation. Un tel documentaire est nécessaire, ne serait-ce que pour les récits qu’il a à nous offrir, aussi bien d’un coté de que de l’autre.

S’il est vrai que ce documentaire a très certainement ouvert une brèche, il reste par ailleurs énormément de travail à réaliser pour couvrir l’ensemble de cette histoire coloniale, qui rappelons le, a longtemps été enlisée. Il est selon nous, particulièrement riche et vaut le visionnage.

 

 

Par Baya et Wafâa

Publié le 5 novembre 2020

https://recitsdalgerie.com/decolonisations-du-sang-et-des-larmes/

 

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Rédigé le 22/04/2023 à 15:10 dans colonisation, France, Guerre d'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)

La Commission mixte algéro-française Histoire et Mémoire tient sa première réunion en visioconférence

 

image from dia-algerie.com

 

Commission mixte algéro-française Histoire et Mémoire a tenu, mercredi, sa première réunion par visioconférence durant laquelle la partie algérienne a présenté une feuille de route conformément aux principes fondamentaux énoncés dans la « Déclaration d’Alger » signée entre le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune et son homologue français, M. Emmanuel Marcon, et dans la déclaration du Comité intergouvernemental de Haut niveau (CIHN), indique jeudi un communiqué de la Présidence de la République.

« La Commission mixte algéro-française Histoire et Mémoire a tenu, hier, sa première réunion par visioconférence, durant laquelle la partie algérienne a présenté une feuille de route conformément aux principes fondamentaux énoncés dans la Déclaration d’Alger signée le 27 août 2022 entre le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune et son homologue français, M. Emmanuel Marcon, et dans la déclaration du Comité intergouvernemental de Haut niveau, tenu à Alger les 9 et 10 octobre 2022 », lit-on dans le communiqué.

Durant cette rencontre, « les deux parties ont convenu du traitement de toutes les questions relatives à la période coloniale, la résistance et la Glorieuse guerre de libération », ajoute la même source, précisant qu’elles ont convenu également de « poursuivre la concertation et les contacts pour la mise en place d’un programme d’action futur, et de fixer les prochaines réunions de la Commission mixte ».

 

 

 

22 avril 2023 12:24

https://dia-algerie.com/la-commission

 

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Rédigé le 22/04/2023 à 09:52 dans colonisation, France, Guerre d'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)

Isabelle Eberhardt

 

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Isabelle Eberhardt est une figure oubliée du XXe siècle. Connue par ses contemporains pour ses voyages, son indépendance et son amour pour l’Algerie, alors en pleine campagne de pacification, elle aura vécu une vie à la fois fantasque et pleine de spiritualité. Nouha se propose aujourd’hui de te faire découvrir cette aventurière d’un autre temps . 

 

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Sur les dunes du Sahara, dans l’étendue gigantesque du sable de l’Erg, un cavalier galope.

Son burnous en laine s’éparpille dans le vent et tranche dans le ciel pur bleu indigo du sud Algérien.

Le vent brûlant fouette le visage de Si Mahmoud, à demi emmitouflé par un chèche, il se stabilise sur sa monture, le fidèle Souf, en serrant ses bottes rouges autour de ses flancs.

Il laisse son regard profond errer sur l’immensité désertique et s’en imprègne. Il est vrai que celui qu’on nomme le Rimbaud des sables est connu pour trouver dans les étendues du désert sablonneux l’inspiration et la spiritualité.

Qui aurait pu imaginer à cet instant que la route de ce cavalier mystérieux eût été si longue ? Qui aurait pu penser seulement à l’incroyable épopée traversée par Si Mahmoud, de l’aristocratie russe, en passant par les hauteurs de Genève avant de se poser sur le sable chaud du désert algérien ?

Qui aurait pu imaginer toutes les vies qu’a vécues Si Mahmoud, à peine âgé de 27 ans ?

Permettez-moi de vous raconter aujourd’hui l’histoire de Si Mahmoud, l’une des plus grandes aventurières du XXe siècle, j’ai nommé Isabelle Eberhardt, qui des années avant nous s’est éprise des terres d’Algérie.

A- Isabelle la rêveuse

Isabelle voit le jour à Genève, en Suisse, le 17 février 1877. Elle est la fille illégitime de Natalia, une femme sublime issue de cette aristocratie russe un peu fantasque et d’un amant. C’est ainsi que la jeune Isabelle évolue dans une bulle bien loin de son futur monde, mais déjà hors norme en soi.

Elle reçoit de son précepteur Trophimowsky – son probable père, une éducation d’une qualité exceptionnelle, ce qui est très rare pour l’époque qui plus est pour une jeune femme.

Trophimowsky est un ancien paysan russe récemment affranchi, un autodidacte aux idées et principes éducatifs originaux : son objectif avoué est d’élever Isabelle et ses frères pour faire d’eux les hommes libres et autonomes de demain. C’est ainsi qu’Isabelle passe les premières années de sa vie dans l’ignorance totale de la différence entre les deux sexes (une éducation qui la suivra toute sa vie de jeune femme) : ainsi dans sa bouche et dans ses écrits le « je » peut à la fois être masculin ou féminin en fonction des circonstances et de l’interlocuteur.

Elle étudie les lettres, l’histoire, le latin, le grec, le français, le russe, l’arabe et le turc : une éducation polyglotte avant-gardiste

Mais bien que la vie de la jeune Isabelle soit remplie par le savoir et l’amour inconditionnel de sa famille, elle reste enclavée dans cette propriété comme dans une prison dorée. Elle s’en évade vite pour aller à la découverte de la ville. Le Genève de l’époque est une ville parfaitement étonnante. On y trouve déjà l’une des seules universités d’Europe occidentale à accueillir aussi bien les femmes que les étrangers.

Isabelle s’y retrouve vite déguisée en matelots pour se faufiler dans la foule, à la recherche de l’expérience que son savoir théorique riche ne lui apporte pas. Les cheveux coupés à la garçonne et le tempérament vif, elle s’adonne à de ses escapades en ville où elle y rencontre une société cosmopolite, des anarchistes russes, des jeunes turcs et surtout elle y rencontre le goût de l’aventure qui ne la quittera plus dorénavant.

B- Isabelle, l’aventure et l’orient.

Augustin est le frère favori d’Isabelle : avec lui elle entretient une relation fusionnelle et très forte, à la limite du tendancieux.

Ensemble ils lisent les plus grands auteurs : Zola, Baudelaire, Dostoïevski et écrivent à quatre mains des histoires fabuleuses.

Augustin lui confie un jour qu’il s’en ira du foyer et qu’il ira en Algérie : il lui parle des déserts de sables semblables à des mers d’or : la graine est plantée.

Isabelle cultivera alors le désir irrépressible d’aller voir ce pays tellement extraordinaire dépeint par son frère. Elle entretient son désir par des lectures orientalistes avec les œuvres de Pierre Lotti et se sent bientôt comme appartenir à cette terre d’orient, terre d’Islam. Bientôt ses écrits et ses pérégrinations oniriques prennent pour décor l’Orient.

La fin du XIXe siècle en Europe est une époque charnière qui interroge énormément. On s’affranchit du divin et l’on entre dans l’ère industrielle et bientôt capitaliste. Face à cela, l’on fantasme un Orient et un Islam glorieux : les courageux guerriers, l’héroïsme et la spiritualité.

Isabelle baigne dans cet orientalisme et critique l’entreprise français en Algérie dans ces fictions ou elle décrit les massacres commis au nom de la colonisation et les décombres fumantes d’une terre qu’elle appelle Dar el islam (la maison de l’Islam). Nous sommes à l’époque de la période de pacification de l’entreprise coloniale : la France cherche à tout prix à asseoir son emprise sur l’Algérie et cela coûte que coûte, souvent aux prix de spoliation et massacre de masse pour mettre enfin en joug l’Algérie.

Elle s’indigne, bouillonne et ne tient plus, elle ira elle-même en Algérie.

En mai de l’année 1897, alors qu’elle n’a que 20 ans, elle aperçoit enfin les côtes de la ville de Bône (aujourd’hui Annaba). C’est la révélation, enfin elle touche à son but et va à la rencontre des musulmans elle écrira « je ne connais pas un seul français(…) ce qui m’écœure ici c’est la conduite des européens envers les arabes : un peuple que j’aime et qui, inshaAllah sera mon peuple », un discours plein de détermination et très étonnant pour une femme de son âge et de sa condition.

Elle prend ses quartiers avec sa mère et son précepteur près d’une Zaouia, lieu mystique où se tiennent des assises soufies qu’elle fréquente avec beaucoup d’assiduité.

Elle adhère cet été là à l’islam, elle qui a été élevée dans l’athéisme le plus pur, elle dira à ce sujet « je n’attribue au fond de mon âme le peu de bonheur qui m’ait échu sur la terre qu’ à la clémence d’Allah. J’attribue ma venue en pays musulman à la volonté auguste de Dieu qui a voulu me sauver un jour des ténèbres de l’ignorance ». Sa mère la soutient et la suit dans sa conversion.

Il est important à ce stade de l’histoire de préciser que les contacts qu’Isabelle entretient dans la Zaouïa et dans la ville de Bône en général, sont fait sous une apparence masculine. Elle porte toujours les cheveux courts et se drape du traditionnel manteau en laine à capuche pointue: le burnous.

Cette période de bonheur total ne devait pourtant pas durer. Natalia meurt six mois après leur arrivée et Isabelle, dévastée de chagrin, se retrouve sous la responsabilité de son précepteur qui décide de la ramener à Genève. Elle vit son départ comme un arrachement et dès son arrivée en Suisse, elle n’a plus qu’une obsession : retourner en Algérie.

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C – Isabelle et Si Mahmoud

Son rêve se réalise quelques mois plus tard, elle profite des obsèques de son précepteur pour filer à l’anglaise et rejoindre l’Algérie. Mais cette fois tout est bien différent. Elle est seule sans soutien, sans finance et sans plan préétabli. Ceci ne semble pas constituer un obstacle pour Isabelle. Elle souhaite vivre et adhérer pleinement à l’aventure orientale. Elle devient alors Si Mahmoud et vit en nomade entre Batna, Beni Mzab et El Oued. Tantôt chevauchant seule, tantôt parcourant le désert à dos de dromadaire, dans une caravane.

On pourrait penser que la jeune femme de par son mode de vie et ses choix originaux recherchait le scandale et la polémique : en réalité, c’est tout le contraire, elle est comme un caméléon qui s’efforce de se fondre dans la foule et adopte pour cela le profil le plus typique.

Cela ne fonctionne pas du tout : elle est perçue par certains algériens comme une espionne au service du côlon : ce qui n’est pas tout à fait faux : Isabelle n’est pas foncièrement contre la colonisation, bien qu’elle réprouve les massacres et l’asservissement, elle rêve d’une alliance de l’Europe humaniste et progressiste et d’un Maghreb mystique et plein de ferveur d’égal à égal. Un rêve tout à fait dans sa vision orientaliste qu’elle a nourrit depuis la Suisse.

D’ailleurs sa présence parmi les arabes est aussi perçue comme indésirable d’un point de vue français : elle est vue comme une agitatrice russe anarchiste, qui pourrait mettre en péril la campagne de pacification.

Cependant elle n’adopte pas de position militante et vit comme une nomade arabe à la quête d’une inspiration pour ses écrit : elle écrira « le vagabondage c’est l’affranchissement, et la vie le long des routes, c’est la liberté »

Elle est saisie d’émotions et de révélations mystiques dans le désert algérien qui la bouleversent profondément : « Il est des heures à part, des instants privilégiés où certaines contrées nous révèlent dans une intuition subite leur âme, ainsi ma première arrivée à el Oued il y a deux ans fut pour moi une révélation complète et définitive de ce pays âpre et splendide qui est le Souf : sa beauté particulière, son immense tristesse aussi. C’était l’heure élue, l’heure merveilleuse au pays d’Afrique, quand le grand soleil de feu va disparaître enfin laissant reposer la Terre dans l’ombre bleue de la nuit »

Elle tombe éperdument amoureuse d’un homme, Slimane, fils d’une ligue lignée de héros musulmans qu’elle ne souhaite plus quitter. Et alors que leur mariage dérange autant du point de vue algérien que français, elle l’épouse vite.

En plus de l’écriture, Isabelle pratique la fantasia. Elle reste attirée par la marginalité, s’adonnant au soufisme qui est un mysticisme rattaché à une philosophie issue de l’islam mais en dehors des normes.

Ce personnage fantasque fait parler de lui dans les plus haute strate de la hiérarchie militaire française et ne laisse pas de marbre un certain maréchal Lyautey

D – Isabelle et le maréchal 

Bien qu’il y ait dans la vision des rapports France-Algérie d’Isabelle une certaine convergence avec celle prônée par le maréchal Lyautey, c’est surtout son côté « électron libre » qui attire l’attention du Monsieur-Afrique du Nord de l’époque : il dira d’elle « je l’aimais pour ce qu’elle était et ce qu’elle n’était pas »

Au début du XXe siècle, Lyautey est mandaté au pied levé par le gouverneur d’Algérie pour mener à bien la pacification du territoire. Il prône publiquement une volonté politique d’éviter les bains de sang ce qui n’est pas vu en odeur de sainteté par les européens en Algérie qui craignent un soulèvement des arabes. Il est seul et isolé lorsqu’il rencontre Isabelle. Il dira d’elle « personne ne comprenait l’Afrique comme elle » et voit en elle un puit de connaissance à exploiter, lui qui manque cruellement de temps.

 

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E – Isabelle l’étoile filante

En octobre 1904, Isabelle s’installe dans l’extrême sud algérien, à Ain Sefra. Depuis quelque temps, elle se consacre à l’écriture d’un roman.

C’est alors qu’une crue subite déferle sur la ville, l’eau s’immisce dans les maisons et alors qu’Isabelle tente de sauver son manuscrit, elle est emprisonnée par les eaux grouillantes et la demeure s’effondre sur elle. Elle meurt noyée à 27 ans.

Pendant six jours, Lyautey fera chercher son corps et le précieux manuscrit pour lequel elle a donné sa vie. Il sera retrouvé dans une pochette maculée de boue mais on y distingue le titre « Dans l’ombre chaude de l’Islam » et c’est un texte empreint de beauté, de spiritualité et de liberté que nous laisse Isabelle.

Aujourd’hui, sa tombe est protégée par les habitants de la ville de Ain Sefra et est visitée régulièrement par ceux dont le cœur est épris d’aventure et de liberté.

Son écriture est sans pareille : elle impulse une envie de vivre et de vivre sans limite, une envie de voyage et de liberté. Isabelle n’a pas son pareil pour insuffler une audace, une soif d’espace et de paysage et une curiosité sans limite.

Je vous laisse avec quelques lignes de sa main, comme une prédiction de ce que sera sa mort tragique à 27 ans, ultime épisode d’une vie qui telle une comète, a traversé le ciel algérien d’une traînée magnifique et glorieuse :

« J’étais couchée sur de longues herbes aquatiques molles et enveloppantes comme des chevelures, une eau fraîche coulait le long de mon corps et je m’abandonnais voluptueusement à la caresse humide. Je m’abandonnais aux visions nombreuses, aux extases lentes. Il y avait là d’immenses étangs glauques sous des dattiers gracieux. La coulaient d’innombrables ruisseaux clairs de toutes parts, des puits grinçaient répandant aux alentours des trésors de vie et de fécondité.

 

Nouha

https://recitsdalgerie.com/portrait-isabelle-eberhardht/

Publié le 27 octobre 2021

 

Lire aussi ISABELLE EBERHARDT, 1877-1904 : UNE IDENTITE DANS L'ALTERITE :

https://tipaza.typepad.fr/mon_weblog/2021/07/isabelle-eberhardt-1877-1904-une-identite-dans-lalterite.html

Isabelle Eberhardt sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Isabelle_Eberhardt

 

Mon esprit quitta mon corps et s’envola de nouveau vers les jardins enchantés et les grands bassins bleuâtres du paradis des eaux »

 

Tombe d'Isabelle Eberhardt , Cimetière de Aïn-Sefra

 

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Rédigé le 20/04/2023 à 20:13 dans Algérie, colonisation | Lien permanent | Commentaires (0)

Leïla Sebbar : "Ce livre oblige à réfléchir à l'impensé de la colonisation"

 

Dans "Une enfance dans la guerre. Algérie 1954-1962", la romancière accueille la parole et le souvenir de quarante-quatre personnes attachées à l'Algérie. Passionnant.

 

image from static.lpnt.fr

 

 

Écrivains, chercheurs, enseignants, artistes, tous ont en commun d'avoir eu une enfance en Algérie, avant l'indépendance. Ils ont accepté de parler de leur Algérie. Qu'ils soient de familles musulmanes, juives ou européennes, les auteurs disent l'empreinte, la trace, l'enfance. Ils disent aussi la tragédie d'une guerre d'indépendance qui, terminée pourtant en 1962, continue aussi à maints égards de chaque côté des deux rives de cette mer intérieure que fut pendant cent trente-deux ans la Méditerranée. Car, comme l'écrit Leïla Sebbar, ce livre oblige à « réfléchir à l'impensé de la colonisation », entre refoulement en France et confiscation d'une mémoire devenue instrument de pouvoir en Algérie. Dès l'origine, dès la Toussaint rouge du 1er novembre 1954, il y eut d'ailleurs comme une impossibilité de qualification et par là même d'appréhension des faits. Que se passait-il en effet dans ce département d'outre-mer, dans cette Algérie fleuron colonial de l'empire français ? Étaient-ce de simples « événements », comme on disait alors, ou était-ce la guerre, la crue, la cruelle ? Les Algériens, qu'on appelait alors les Arabes ou les indigènes, ne s'y trompèrent guère, qualifiant de « l'guerra » leur élan vers l'indépendance. Cette impossibilité à dire se retrouve d'ailleurs dans les mots recueillis par Leïla Sebbar. Le metteur en scène et comédien Daniel Mesguich parle de « grand trou » pour qualifier cette époque. Dans la préface, Jean-Marie Borzeix y parle aussi de « guerre fantôme », ectoplasme qui n'en finit pas de flotter autour des deux pays.  Mais l' « épidermique » de cette guerre est aussi magnifiquement dit par ces enfants devenus grands, les souffrances, les peurs, les corps effacés.  C'est là aussi l'une des vraies réussites de ces reliques précieusement recueillies par Leïla Sebbar, qui, au-delà d'un travail de souvenirs, fait aussi œuvre de mémoire.

Le Point Afrique : Pourquoi cet ouvrage ? Quelle en est la genèse ?

Leïla Sebbar : C'est un travail de mémoire et d'histoire. Il s'agit d'une histoire intime de l'Histoire. Ce livre entre dans le cadre d'une série qui porte sur les enfances, en particulier sur les enfances d'écrivains en exil ou qui ont vécu dans les anciennes colonies françaises. Moi-même, je suis née en Algérie et y ai vécu jusqu'à l'âge de 20 ans. C'est donc un pays qui m'importe. Il m'intéressait de mettre en ensemble des auteurs qui ne se sont pas forcément rencontrés à l'époque de la colonie. Ces auteurs viennent de disciplines différentes, lettres, histoire, psychanalyse, théâtre. On sait bien que la mémoire d'un pays, d'un quartier, d'une ville est constituée de l'ensemble des mémoires particulières. D'où l'intérêt d'avoir 44 auteurs. Je n'ai pas eu de mal à les convaincre de participer à ce livre ; et même, souvent, je n'ai même pas eu à les convaincre.

Certains des textes gardent une part d'enfance, comme si c'était vraiment le regard de l'enfant de l'époque qui était rendu. D'autres, en revanche, sont comme passés par le filtre du temps passé… Après lecture, on ressort avec cette idée qu'il n'y a pas une mémoire figée, mais des mémoires encore vives.

Chacun a écrit ce qu'il voulait, comme il le voulait. De fait, les consignes étaient simples : un récit d'enfance pendant la guerre, de 1954 à 1962, autobiographique. Les textes sont courts, mais denses. Je trouve que chaque texte dit quelque chose, et ce qu'il dit est important, pas seulement pour lui, mais pour tous. Déjà, de façon évidente, tout ce qui a pu se passer là où je n'étais pas. Les récits décrivent ce qui s'est passé dans l'ensemble de l'Algérie, depuis Tlemcen jusqu'à Constantine, les villes du littoral, celles de l'intérieur, des hauts plateaux. Cela constitue une géographie, non pas complète, mais représentative du pays.

Vous semblez avoir veillé à ce que ces auteurs, qu'ils soient juifs, « pieds-noirs », « indigènes », comme on disait alors, reflètent au mieux la diversité de l'Algérie pré-indépendance…

Oui, car cette diversité était alors la particularité de cette Algérie française et coloniale. Il y avait une pluralité de religion et de provenance. Les Européens venaient de tout le bassin méditerranéen, Espagnols, Italiens, Maltais. L'Algérie avait aussi sa population juive, qui était arrivée bien avant la conquête musulmane, puis après celle-ci, avec ces juifs chassés de l'Espagne après la Reconquista et le règne de l'Inquisition catholique. Or l'Algérie n'est plus cela. Les chrétiens sont pour la plupart partis, les juifs aussi. L'Algérie actuelle ne ressemble pas à celle de l'époque coloniale. Il m'importait de dire de cette Algérie ce qui n'avait pas été dit. Pour cela, aller voir du côté de l'enfance m'a semblé être une démarche inédite. Et les textes ainsi réunis disent beaucoup de cette époque. J'ai moi-même beaucoup appris à leur lecture.

Cette Algérie plurielle dont vous parlez, pourquoi n'a-t-elle pas survécu à l'indépendance ?

Il me semble qu'avec cette guerre, si violente et douloureuse pour tous, cela ne pouvait pas se terminer autrement. Elle s'est terminée dans la violence et s'est poursuivie dans une certaine forme de violence aussi. Certains des textes le montrent bien. Les juifs ne pouvaient pas rester, les chrétiens ne sont pas restés non plus. Un certain nombre d'Algériens ont quitté le pays soit avant soit après l'indépendance. Il fallait pour le jeune pays se constituer une nation. Cela impliquait une langue, l'arabe, une religion, l'islam, qui a été érigé en religion d'État. Ce qui provoquait un certain malaise du point de vue des minorités politiques. Il me semble qu'on ne peut pas dire cependant que la période post-indépendance se soit mal passée ; elle s'est passée comme cela pouvait se passer, compte tenu des circonstances complexes, difficiles.

Les mots mêmes disent la difficulté à parler de ce qui s'est passé. Certains parlent « des événements », d'autres de « l'guerra ». Daniel Mesghich a ce joli mot : il parle de « grand trou ». Que traduit cette difficulté à qualifier les faits ?

Cela dit la situation d'un certain nombre de personnes, en particulier du côté des Européens et des juifs, qui pour la plupart ne s'attendaient pas à cette insurrection. Ils ne voulaient d'ailleurs pas parler de guerre. Alors vient la tentation de la croyance, de se dire que si on n'en parle pas, la guerre n'existera pas et on pourra rester. C'était là une forme de déni. Non seulement on n'avait pas les mots, mais on refusait de les avoir.

C'était donc une conjuration du réel par l'absence de mot ? Pourtant, du côté algérien, le mot « guerre » est clairement employé.

Oui, la perception était forcément différente. La relation à la guerre et la violence était différente. Cette guerre a été d'une grande violence. Même si, au final, les Algériens ont eu ce qu'ils voulaient, à savoir leur pays et leur liberté.

Les descriptions des exactions des deux côtés sont effectivement épouvantables. Elles rappellent d'ailleurs étrangement les scènes décrites par les Algériens durant la décennie sanglante des années 90…

C'est une perception d'enfant ; les enfants veulent et ont besoin de savoir qui sont les gentils, qui sont les méchants. Mais je ne fais pas le lien entre ces deux tragédies. Il me semble que ce qui est arrivé dans les années 90 relevait d'une exaspération de la population algérienne devant l'injustice, la corruption et la mauvaise distribution de la rente pétrolière. Les gouvernements successifs n'ont pas pensé au peuple et cette politique de la rente pétrolière a été désastreuse. Est arrivé alors un mouvement insurrectionnel qui a pris en main ces sentiments d'injustice. Même si ce mouvement insurrectionnel était fait sous le couvert de l'idéologie islamiste, il s'est fait contre une certaine oligarchie et le rapt des richesses.

Comme il y a une rente pétrolière, y a-t-il aussi une rente mémorielle en Algérie ?

L'histoire algérienne commence avec l'indépendance. Pour l'instant. Peut-être que cela finira par être revu. Les Algériens vivent encore sur cette héroïsation de la guerre de libération. C'est une rente mémorielle qui est élaborée politiquement et manipulée aussi politiquement. Pour se libérer de cela, il faudra encore du temps. Du côté de la France, de nombreux chercheurs travaillent sur les archives disponibles. De nombreux travaux en sortent. En Algérie, ce n'est pas encore le cas, même si des chercheurs commencent à réfléchir, à repenser l'histoire.

Mais est-ce que le malaise identitaire parfois perçu en Algérie tient au fait que, justement, certains ne se retrouvent plus dans l'histoire officielle ; les travaux dont vous parlez pourraient alors leur permettre de redécouvrir la pluralité de leur pays…

Absolument, le travail d'histoire et de mémoire est nécessaire. Le problème est que, pour ce faire, il faut des manuels. Or les manuels sont des livres académiques, les livres académiques sont des livres politiques et donc on entre dans une zone délicate. On apprend aux Algériens ce qu'on veut leur apprendre. C'est une histoire officielle et mutilée. Mais je reste persuadée que des historiens algériens feront ce travail, avec l'aide des historiens français. Les archives de la guerre sont en Algérie, celles de la colonisation sont en France. Il faut que les chercheurs des deux pays coopèrent, car cela est important pour les jeunes générations.

Peut-on penser qu'il y a en France un retour du refoulé colonial, comme si cette guerre et ses conséquences n'étaient toujours pas acceptées…

Camus pensait que l'entente était possible et que ce n'était pas le destin des Européens et des juifs de quitter le pays. Ceux qui sont restés après 1962 ont senti qu'ils devaient devenir algériens, pleinement. Les pieds-noirs, eux aussi, étaient attachés à Algérie ; c'était leur pays, et non la France. Ils ne se remettent pas d'avoir dû partir et certains pensent avoir été chassés de leur pays natal, d'en avoir été expulsés. Surtout, ils pensent avoir été floués : par la France, par l'Algérie indépendante et par ce mouvement migratoire de l'Algérie vers la France qui, d'une certaine manière, leur prendrait encore, à leur sens, quelque chose de la France.

L'impensé de la guerre d'Algérie ne se voit-il pas aussi à travers la question des enfants issus de l'immigration algérienne et de leur place en France ? Le grand sociologue algérien Abdelmalek Sayad disait justement qu'on ne pouvait découpler la question de la colonisation de celle de l'immigration...

C'est là une question difficile. Si on couple d'une manière trop systématique colonisation et immigration, cela amène à un mouvement comme celui des Indigènes de la République. Or je pense que ce mouvement est dommageable pour les enfants issus de l'immigration maghrébine. En effet, dire qu'il y a dans l'espace national des enclos qui sont des espaces colonisés est faux politiquement, historiquement, socialement. Ceux qui sont dans cette croyance, car c'est une croyance, pensent qu'ils sont colonisés et exclus pour toujours, ce qui est faux. Il suffit de voir la nouvelle génération qui réussit en France et qui constitue une classe moyenne.

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HASSINA MECHAÏ

Publié le 31/07/2016 à 18h39

https://www.lepoint.fr/culture/leila-sebbar-ce-livre-oblige-a-reflechir-a-l-impense-de-la-colonisation-31-07-2016-2058272_3.php

 

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Rédigé le 20/04/2023 à 11:31 dans colonisation, Culture, France, Guerre d'Algérie, Littérature, Livres | Lien permanent | Commentaires (0)

La commission d’historiens sur la colonisation en Algérie se réunit

 

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La commission d’historiens français et algériens créée pour travailler sur la colonisation française et la guerre en Algérie a tenu sa première réunion mercredi, a annoncé l’Elysée en dévoilant la composition côté français de cette instance.

 

Les cinq historiens français sont Benjamin Stora (également co-président de la commission), Florence Hudowitz (conservatrice au MUCEM), le professeur des universités Jacques Frémeaux ainsi que les historiens et enseignants universitaires Jean-Jacques Jordi et Tramor Quemeneur, a indiqué l’Elysée.

« Cette commission a tenu sa première réunion ce jour, mercredi 19 avril », précise le communiqué.

La création de cette instance de dix membres avait été annoncée en août dernier à Alger par les présidents français Emmanuel Macron et algérien Abdelmadjid Tebboune. Il s’agit de « travailler sur l’histoire de l’Algérie contemporaine, pour mieux se comprendre et réconcilier les mémoires blessées », rappelle le communiqué.

Cette commission indépendante « travaillera d’abord sur les origines de la colonisation française en Algérie, au XIXe siècle, en dressant un inventaire des archives déposées en France et en Algérie, et qui traitent particulièrement de la conquête coloniale », précise le communiqué.

D’autres sujets pourront ensuite être abordés concernant « la période du XXe siècle, en particulier la séquence de la guerre et de la décolonisation », ajoute l’Elysée.

Cette commission sera coprésident par Benjamin Stora et Mohamed Lahcen Zeghidi, ancien directeur du Musée national du moudjahid.

Pour la partie algérienne, la présidence algérienne avait désigné en novembre dernier les historiens Mohamed El Korso, Idir Hachi, Abdelaziz Fillali, Mohamed Lahcen Zighidi et Djamel Yahiaoui pour faire partie de cette commission.

 

 

mercredi 19 avril 2023

https://lematindalgerie.com/la-commission-dhistoriens-sur-la-colonisation-en-algerie-se-reunit/

 

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Rédigé le 20/04/2023 à 08:07 dans colonisation, France, Guerre d'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)

Emmanuel Macron va rendre hommage à Gisèle Halimi le 8 mars

  

      Plus de deux ans après la disparition de la célèbre avocate engagée dans le mouvement féministe et la décolonisation, le président de la République programme enfin un hommage national, mercredi prochain. Une première étape avant la « panthéonisation » ?

 

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Après avoir défendu une jeune fille de 16 ans lors du fameux procès de Bobigny (1972), Gisèle Halimi fut à l’origine du Manifeste dit « des 343 salopes » publié dans « le Nouvel Observateur » qui contribua à faire évoluer la loi sur l’interruption volontaire de grossesse. Opposée au port du voile pour les femmes, elle était également hostile à la GPA. Autrice de « Choisir la cause des femmes », elle est décédée en juillet 2020.

Son nom est régulièrement cité parmi ceux qui pourraient entrer au Panthéon. Cet hommage national en est-il le prélude ? Dans le magazine « Elle », en juillet 2021, Emmanuel Macron avait évacué l’hypothèse : « Je n’ai aucun tabou pour faire entrer des femmes au Panthéon, je l’ai d’ailleurs fait à parité, avec Maurice Genevoix et Simone Veil. Mais je ne le ferai jamais sous la pression. Je rendrai un hommage à Gisèle Halimi, mais on ne doit pas considérer que la panthéonisation est la seule manière. » Il semble que sur ce point, la pensée présidentielle n’a pas évolué.

« Une grande figure féminine d’opposition à la guerre d’Algérie »

Pourtant les appels à la panthéonisation de Gisèle Halimi émanant de mouvements féministes et de responsables politiques se sont multipliés ces dernières années. En janvier 2021, dans le rapport remis par l’historien Benjamin Stora au président de la République « l’entrée au Panthéon de Gisèle Halimi, grande figure féminine d’opposition à la guerre d’Algérie », figurait dans la liste des recommandations susceptibles de réconcilier les mémoires.

 

L’avocate Gisèle Halimi, lors d’un débat, le 6 mars 1978, au Havre. (MYCHELE DANIAU / AFP)
 

Et le 25 novembre 2022, 76 députés de la majorité avaient demandé au président de faire entrer Gisèle Halimi au Panthéon, à l’occasion de la Journée internationale contre les violences faites aux femmes et au lendemain d’un vote de l’Assemblée pour l’inscription du droit à l’avortement dans la Constitution. Leur souhait : « Que Gisèle Halimi puisse être la septième femme au Panthéon » et qu’elle rejoigne « sa sœur de lutte Simone Veil ».

 

 

 

Par Carole Barjon

·Publié le 1er mars 2023

https://www.nouvelobs.com/droits-des-femmes/20230301.OBS70197/emmanuel-macron-va-rendre-hommage-a-gisele-halimi-le-8-mars.html

 

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Rédigé le 01/03/2023 à 16:44 dans colonisation, France, Guerre d'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)

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