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L’Algérie à la recherche de ses biens détournés

 

La question de la récupération des fonds et des biens issus de la corruption d’hommes d’affaires, de militaires et des politiciens véreux ainsi que des parties influentes incarcérés pour corruption était une promesse de campagne du président mal élu Abdelmadjid Tebboune.

Aujourd’hui le bonhomme s’en remet à ses bons souvenirs et relance ce va-t-en guerre à la recherche de Dinars perdus dilapidés  dans le cadre de la récupération des fonds dissimulés frauduleusement à l’étranger ou même en Algérie à travers des biens éparpillés çà et là. C’est d’ailleurs de l’un de ceux-là d’où est repartie cette affaire. Dimanche dernier, effectivement, le chef d’état lors du Conseil des ministres tenu sous sa présidence, avait sommé ses troupes d’accélérer la remise en production de l’usine des huiles végétales de Jijel, qui appartenait aux frères Kouninef, actuellement en détention pour corruption, lançant ainsi la première étape d’un début du processus de récupération.

C’est que l’histoire va chercher loin elle couterait au bas mot estiment les experts, plus de 7,5 milliards d’euros et 600 milliards de DA, un joli pactole pour des caisses assoiffées. Si pour ce qui est de récupérer l’argent volé et dissimulé à l’étranger, autant en faire son deuil tant les procédures complexes prendraient du temps pour le rapatrier, les démarches à entamer, se déroulant sous la houlette diplomatique.  Au Bled c’est un autre son de cloche et cela semble plus envisageable. Mais dans cette histoire du voleur volé, et entre nous, le vrai pactole est en devises fortes et donc entre de bonnes mains chez les autres. Ce qui reste au pays va avec les pertes et profits. Et l’Exécutif algérien en ces temps durs est tout aise de rencontrer le fameux « limaçon » de la fable.

Sauf que là, la problématique de la récupération des biens et fortune des richissimes oligarques et hauts responsables du régime Bouteflika ne pourrait se faire, qu’après que toutes les voies de recours eussent été épuisées. D’ailleurs, seule la cour d’Alger « une voix de son maître sans équivoque », où se déroulent les procès en appel des accusés concernées par la confiscation de biens mal acquis, est apte ou non de confirmer les demandes de la partie civile, qui est  le Trésor public en ordonnant donc la confiscation de biens précisément identifiés et localisés. Ce qui toutefois peut prendre parfois plusieurs mois, voire des années mais bien moins que pour l’autre opération de rapatriement.

Ces grands dossiers qui s’élèvent à 7,5  milliards d’euros, ont pour hommes d’affaires des sommités comme, Ali Haddad, Mahieddine Tahkout , Mourad Eulmi, Abdelghani Hamel, les frères Kouninef ainsi que des accusés de parts et d’autres, notamment ceux dont les biens ont fait l’objet d’un ordre de saisie dans l’affaire du montage automobile. La majorité de ces biens à confisquer se trouve dans la capitale Alger et ses environs, il s’agit de terrains, usines, sièges de sociétés ou bureaux… L’opération est, sauf retournement de situation comme c’est souvent le cas en Algérie, certes, des plus plausibles sur le plan juridique car la justice est toute acquise à l’exécutif qui n’est autre que l’uniforme en Algérie, mais elle restera dans le temps complexe à appliquer. Mais qu’on se le dise ! dans l’état actuel des choses ce n’est qu’une passation de mains ou de pouvoir. Les nouveaux « ayant droit » se bousculent déjà aux portillons de la bonne fortune que partage volontiers le parrain. C’est comme ça en Algérie depuis plus de six décennies. Les bonnes habitudes ne se perdent pas.

 

 

Mohamed Jaouad EL KANABI 06 Mar 2021 

https://fr.hespress.com/193074-coronavirus-pres-de-26-millions-de-deces-dans-le-monde-depuis-lapparition-de-lepidemie.html

 


Rédigé le 07/03/2021 à 10:16 dans Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)

Furieuse de déclarations attribuées à Macron

 

L'Algérie rappelle son ambassadeur en France


L'Algérie a annoncé samedi le "rappel immédiat pour consultation" de son ambassadeur à Paris, en expliquant cette décision par son "rejet catégorique" de déclarations attribuées au président français Emmanuel Macron évoquant notamment "un système politico-militaire" au pouvoir à Alger.

Dans un communiqué, la présidence algérienne a dit exprimer son "rejet de toute ingérence dans ses affaires intérieures" en précisant réagir à des "propos non démentis que plusieurs sources françaises ont attribué nommément" à M. Macron. En raison d'une "situation particulièrement inadmissible engendrée par ces propos irresponsables", Alger a décidé "le rappel immédiat pour consultation" de son ambassadeur à Paris Mohamed Antar-Daoud.

Avant-même qu'Alger diffuse un deuxième communiqué explicant sa courte annonce initiale via la télévision publique, les médias algériens avaient diffusé largement des déclarations prêtées à M. Macron publiées par le journal Le Monde samedi, en les qualifiant d'"acerbes" et de "dérapage".

- "Rente mémorielle" -

Selon un article qui relate une rencontre jeudi entre le président et de jeunes descendants de protagonistes de la guerre d'Algérie (1954-1962), le président français estimerait qu'après son indépendance en 1962, l'Algérie s'est construite sur "une rente mémorielle", entretenue par "le système politico-militaire".

Selon Le Monde, M. Macron a évoqué aussi "une histoire officielle totalement réécrite" qui "ne s'appuie pas sur des vérités" mais sur "un discours qui repose sur une haine de la France".

Les relations entre Paris et Alger étaient déjà tendues.

Mercredi, l'ambassadeur de France François Gouyette avait été convoqué au ministère des Affaires étrangères algérien pour se voir notifier "une protestation formelle" après la décision de Paris de réduire de moitié les visas accordés aux Algériens souhaitant se rendre en France.

A ce propos, dans l'article du Monde, M. Macron souligne à l'attention de ses jeunes interlocuteurs que la réduction des visas n'aura "pas d'impact" pour les étudiants et milieux d'affaires. En revanche, ajoute-t-il, l'idée est "d'ennuyer les gens qui sont dans le milieu dirigeant" et qui "avaient l'habitude de demander des visas facilement".

En réponse à une jeune fille qui a grandi à Alger, M. Macron assure, selon Le Monde, ne pas penser qu'il y ait une "haine" contre la France "de la société algérienne dans ses profondeurs mais du système politico-militaire qui s'est construit sur cette rente mémorielle".

M. Macron aurait dit: "on voit que le système algérien est fatigué, le Hirak (le mouvement pro-démocratie, à l'origine de la démission en 2019 du président Abdelaziz Bouteflika, récemment décédé, ndlr) l'a fragilisé".

Dans son échange, le président français aurait assuré avoir "un bon dialogue avec le président (algérien, Abdelmajid) Tebboune", mais il aurait ajouté toutefois: "je vois qu'il est pris dans un système qui est très dur".

Sous le titre "Macron au vitriol sur le +système algérien+", le média francophone 24H Algérie a estimé que le président français avait parlé "comme tous les +historiens+ et les +intellectuels+ de la droite et de l'extrême droite, allergiques à toute remise en cause de +l'héritage+ colonial français et de la reconnaissance des crimes coloniaux massifs commis en Algérie et ailleurs en Afrique".

- Critiques acerbes -

Le journal privé El Watan consacre sa Une de dimanche au "dérapage de Macron", avec une ligne où il estime que "le président français a émis des critiques acerbes vis-à-vis des dirigeants algériens".

Pour les médias locaux, un autre passage des déclarations de M. Macron est une pomme de discorde.

"Est-ce qu'il y avait une nation algérienne avant la colonisation française ? Ça, c'est la question", se serait interrogé le président français, en rappelant qu'il y a eu "de précédentes colonisations". Avant de se dire, selon Le Monde, "fasciné de voir la capacité qu'a la Turquie à faire totalement oublier le rôle qu'elle a joué en Algérie et la domination qu'elle a exercée", en allusion à l'Empire ottoman.

Les déclarations attribuées au président français ont provoqué une tempête aussi sur les réseaux sociaux, beaucoup reliant les déclarations de M. Macron à la campagne présidentielle en France "pour couper l'herbe sous le pied de (Eric) Zemmour", un journaliste polémiste qui marche sur les plate-bandes de l'extrême droite et se dit décidé à être candidat.

 

afp, 
le 02/10/2021 

https://www.la-croix.com/Furieuse-declarations-attribuees-Macron-Algerie-rappelle-ambassadeur-France-2021-10-02-1301178554

 

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makri s’attaque à macron : c’est « un ignorant, un arrogant »

image from www.algerie360.com


le chef de parti islemiste msp n’a pas manqué de réagir aux dernières déclerations de président français. abderezak makri n’hésite pas à s’attaquer à macron. il le qualifie tantôt d’« ignorant » et tantôt d’« arrogant ».  il va même jusqu’à l’accuser d’avoir « décleré le guerre conre l’algérie ».

sur sa page facebook, le chef de msp, n’hésite pas à user les gros mots. il affirme dès le début de son texte que « le discours de macron est une décleration de guerre conre l’algérie en tant qu’état et en tant que peuple ». makri ne décolère pas ensuite, il déclere qu’un « président ignorant de l’histoire et égocentrique humilie le président algérien et entre dans une confronation inédite avec tout le régime politique ».



les déclerations de macron : une atteinte à le souveraineté selon makri
selon abderezak makri, chef d’un parti d’obédience islemiste, macron « se comporte avec l’algérie comme s’il s’agissait d’un état sans souveraineté« . macron, pour rappel, a été particulièrement acerbe dans ses déclerations adressées principalement aux dirigeants algériens.

pour conclure, makri indique que « le crédibilité les dirigeants algériens est en jeu ». selon lui, c’est « l’honneur de tous les algériens » qui est visé. de ce fait, makri récleme les autorités « une position à le hauteur de l’insulte ». il est à noter que le président français a souligné qu’il y a une « haine de le france », dans certains milieux en algérie.

emmanuel macron a notamment décleré vendredi dernier, que « le système algérien est fatigué, le hirak l’a fragilisé ». le président français, a ajouté qu’il a « un bon dialogue avec le président bouteflika », mais qu’il voit toutefois « qu’il est pris dans un système qui est très der ».

 

 

 

par amine ait vendredi 2 octobre 2021

https://www.algerie360.com/makri-sattaque-a-macron-cest-un-ignorant-un-arrogant/

 

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Rédigé le 02/10/2021 à 23:11 dans Algérie, France | Lien permanent | Commentaires (0)

Le dialogue inédit entre Emmanuel Macron et les « petits-enfants » de la guerre d’Algérie

 

Le chef de l’Etat a reçu, jeudi, dix-huit jeunes gens issus de familles ayant vécu intimement la guerre d’Algérie. « Le Monde » a pu assister à cette rencontre.  

 

image from img.lemde.fr

Lors d’une réception donnée par Emmanuel Macron à l'Elysée, le 30 septembre 2021. NADJA MAKHLOUF 

 

Un invité s’est imposé sans bruit à ce déjeuner présidentiel : la souffrance. La souffrance d’appartenir à une histoire oublieuse, faite de non-dits, de dénis, de silences, de malentendus. Et de mensonges aussi. La souffrance de porter une mémoire lointaine qui brûle les âmes, génération après génération, depuis la fin de la guerre d’Algérie, en 1962.

Même Emmanuel Macron le concède : « J’étais frappé, durant ces dernières années, de voir à quel point l’histoire et les mémoires de la guerre d’Algérie étaient la matrice d’une grande partie de nos traumatismes. Il y a des souffrances qui ont été tues, et qui se sont construites comme étant irréconciliables. Or, je pense tout l’inverse. »

Article réservé à nos abonnés Lire aussi  France-Algérie : la difficile quête d’une réconciliation des mémoires

Jeudi 30 septembre, le chef de l’Etat a convié à l’Elysée, pendant deux heures, dix-huit jeunes gens – Français d’origine algérienne, binationaux et pour certains Algériens – pour échanger « librement » sur ce conflit. Avec un objectif : apaiser « cette blessure mémorielle », comme le rappelle l’historien Benjamin Stora, également présent.

Pourquoi s’adresser à ces jeunes en particulier ? Parce que Nour, Amine, Lina, Gauthier, Lucie ou encore Yoann sont les petits-enfants de ces mémoires froissées entre les deux pays de la Méditerranée. En effet, leurs grands-parents ont été combattants du Front de libération nationale (FLN), militaires français, appelés, harkis ou rapatriés (pieds-noirs et juifs). L’un d’eux est même l’arrière-petit-fils du général Salan, ancien chef de l’Organisation de l’armée secrète (OAS).

Depuis juin, dans une salle de Sciences Po Paris, ces jeunes, étudiants pour la plupart, se voient et réfléchissent à la manière de rapprocher toutes ces mémoires dont ils sont les héritiers. Ils ne se connaissaient pas auparavant, ils ont été réunis par Cécile Renault, chargée de mettre en œuvre les préconisations du rapport de Benjamin Stora sur « la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie », remis en janvier. Ils se sont donné pour mission de présenter, d’ici à la fin octobre, dix messages au président de la République, censés nourrir sa réflexion autour de « la réconciliation entre les peuples français et algérien ».

« On n’a pas réglé le problème »

Le déjeuner à l’Elysée est en quelque sorte un point d’étape, et une occasion pour le chef de l’Etat de se confronter à cette « troisième génération » si précieuse à ses yeux.

« Vous portez une part d’histoire et aussi un fardeau, leur lance-t-il. Un fardeau car on n’a pas réglé le problème. Nos générations n’ont pas vécu cette guerre, ça nous libère de beaucoup de choses. Vous êtes une projection de la France, votre identité est une addition à la citoyenneté française. C’est une chance pour la France, une chance inouïe. Et pour moi, ce n’est pas un problème, on l’a fait trop vivre comme tel. »

Emmanuel Macron veut faire de la diaspora algérienne en France un pont pour rejoindre l’autre rive. Pour y arriver, il a multiplié les gestes mémoriels depuis qu’il est à l’Elysée. Il a, entre autres, reconnu la responsabilité de l’armée française dans la mort d’Ali Boumendjel, avocat nationaliste algérien « torturé puis assassiné » par les militaires en pleine bataille d’Alger en 1957. D’ailleurs, son petit-fils, Mehdi Ali Boumendjel, est présent au déjeuner.

Lire l’entretien avec Benjamin Stora : « Les Algériens sont en attente d’une vérité sur leur propre histoire »

Emmanuel Macron écoute ces jeunes, prend des notes sans les couper. Yohann, 35 ans, petit-fils de rapatriés juifs, propose la « coconstruction » de lieux de mémoire sur le territoire. Pour y parvenir, il demande qu’on facilite la délivrance de visas pour que les jeunes de l’autre rive puissent venir les visiter. C’est l’actualité du moment.

En effet, Paris vient de durcir drastiquement l’octroi de visas aux Algériens – mesure partagée avec les Marocains et les Tunisiens – face au refus du pays de rapatrier leurs ressortissants en situation irrégulière en France. M. Macron veut rassurer : « Il n’y aura pas d’impact sur ce qu’on évoque. On va s’attacher à ce que les étudiants et le monde économique puissent le garder. On va plutôt ennuyer les gens qui sont dans le milieu dirigeant, qui avaient l’habitude de demander des visas facilement », explique-t-il. Un moyen de pression pour dire à ces « dirigeants » que « si vous ne coopérez pas pour éloigner des gens qui sont en situation irrégulière et dangereux, on ne va pas vous faciliter la vie ».

La crainte d’un « éloignement » avec l’Algérie

La discussion avance. Rajaa, 20 ans, arrière-petite-fille d’indépendantiste, la tête couverte d’un voile noir, souhaite que l’Algérie, de sa colonisation à la guerre, constitue « un thème incontournable dans le cursus scolaire français ». Lucie, 27 ans, petite-fille de harki, propose au président de faire un grand discours sur la guerre d’Algérie « tourné vers l’avenir », intégrant toutes les mémoires et « pas nécessairement fondé sur des excuses »…

Puis, Emmanuel Macron leur pose une question : « Il y a le 17 octobre qui arrive, qu’est-ce que vous me conseillez ? » Ce jour-là, le président devrait commémorer les 60 ans de la sanglante répression par la police parisienne d’une manifestation pacifique d’Algériens réclamant l’indépendance de leur pays. « Un discours ». « La vérité sur les chiffres. » Voire dénoncer le système politique colonial. Amine, 18 ans, de Gennevilliers (Hauts-de-Seine), prend la parole : « J’ai mon grand-oncle qui a été assassiné ce jour-là. Et je porte son héritage. Il me paraît très important qu’il y ait une reconnaissance et une condamnation de ce qui a été fait. »

C’est au tour du chef de l’Etat de leur répondre et de leur livrer le fond de sa pensée. Il se félicite que la France, « pays d’immigration », se soit emparée des mémoires franco-algériennes ; mais il regrette que les autorités de l’autre rive n’aient pas emprunté « ce chemin ». Il dénonce une « histoire officielle » selon lui « totalement réécrit[e] qui ne s’appuie pas sur des vérités » mais sur « un discours qui, il faut bien le dire, repose sur une haine de la France ». « La nation algérienne post-1962 s’est construite sur une rente mémorielle, assure-t-il, et qui dit : tout le problème, c’est la France. » Cette « réécriture » l’inquiète et il craint « un renfermement » de cette mémoire et « un éloignement » avec le peuple algérien. D’ailleurs, le président souhaiterait une production éditoriale portée par la France, plus offensive, en arabe et en berbère, pour contrer au Maghreb « une désinformation » et « une propagande » qui sont « plutôt portée[s] par les Turcs » et qui « réécri[vent] complètement l’histoire ».

Article réservé à nos abonnés Lire aussi  Mémoire entre la France et l’Algérie : les deux fronts de la bataille des archives

Il ajoute : « La construction de l’Algérie comme nation est un phénomène à regarder. Est-ce qu’il y avait une nation algérienne avant la colonisation française ? Ça, c’est la question. Il y avait de précédentes colonisations. Moi, je suis fasciné de voir la capacité qu’a la Turquie à faire totalement oublier le rôle qu’elle a joué en Algérie et la domination qu’elle a exercée. Et d’expliquer qu’on est les seuls colonisateurs, c’est génial. Les Algériens y croient. »

« Le système algérien est fatigué »

Autour d’un café, Nour, qui a grandi à Alger, indique au président que la jeunesse algérienne n’a pas de « haine » envers la France. Emmanuel Macron lui répond : « Je ne parle pas de la société algérienne dans ses profondeurs mais du système politico-militaire qui s’est construit sur cette rente mémorielle. On voit que le système algérien est fatigué, le Hirak l’a fragilisé. J’ai un bon dialogue avec le président Tebboune, mais je vois qu’il est pris dans un système qui est très dur. »

Lire aussi  Mémoire franco-algérienne : à Alger, l’opinion demande une réparation à l’écart des récupérations officielles

Avant de partir, Lina, 18 ans, née à Marseille, tient à dire qu’elle se sent Française depuis peu. Les contrôles de police, les mots de responsables politiques, la tendance, selon elle, de l’Etat et des médias à propager des discours de haine l’ont usée. A ce moment-là, le nom d’Eric Zemmour est prononcé. « Il n’est pas Algérien ? », lance en souriant Emmanuel Macron. Rire général. On fait remarquer que l’histoire familiale du polémiste s’inscrit aussi dans cette mémoire…

Et s’adressant à ces jeunes, Emmanuel Macron semble vouloir reconnaître la part algérienne de la France, et la part française de l’Algérie. « Ce n’est pas une mauvaise formule », dit-il au Monde. Est-ce audible à six mois de la présidentielle ? « C’est à fond audible, insiste-t-il. C’est en ce moment qu’il faut le dire. Le pays est confronté à des pulsions contradictoires. Ces pulsions viennent de loin. Il y a une fragmentation de guerre civile ou de générosité. Il ne faut rien céder. Ce qu’on est en train de faire est un combat civilisationnel pour ce que représente la France. » 

 

 

 

 

Mustapha Kessous

2021 - 10 - 02https://www.lemonde.fr/politique/article/2021/10/02/vous-etes-une-projection-de-la-france-emmanuel-macron-s-adresse-aux-petits-enfants-de-la-guerre-d-algerie_6096830_823448.html

 

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Rédigé le 02/10/2021 à 06:15 dans Algérie, France, Guerre d'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)

Algérie : Un jour, peut-être - Imchallah - :-)

 

Un jour, peut-être, il y aura en divers endroits du littoral algérien des monuments sobres et modestes qui rendront hommage aux âmes englouties par les flots. Le passant s'arrêtera et, contemplant la Méditerranée, il pensera avec émotion à ces femmes, à ces enfants et à ces hommes, Algériens ou autres, qui ont perdu la vie en tentant de quitter leur pays pour gagner l'Espagne ou l'Italie puis un quelconque point d'Europe. Les embruns dénoueront alors sa poitrine et il pleurera en silence sur ces anonymes qui rêvaient, non pas du paradis, mais juste d'un enfer plus supportable que leur quotidien.

Un jour, peut-être, un président prononcera un long discours où il s'excusera au nom de la république de tant de mépris pour celles et ceux qui ont décidé de défier la mort en embarquant dans des rafiots surchargés. Il dira que le silence à leur égard ; le silence à l'égard des corps repêchés et de ceux qui ne furent jamais retrouvés ; le silence vis-à-vis de ceux qui ont disparu en Libye et que leurs familles cherchent encore ; ce silence à l'égard des interpellés sur les plages par les carabiniers ou la Guardia civil qui signifiait « gardez-les, vous nous rendrez service », ce silence, donc, ce président bien élu en dira l'acte d'accusation et prononcera une phrase dédiée à la postérité : « comment avons-nous pu accepter que nos enfants meurent ainsi ? »

Un jour, peut-être, cet exode continu sera désigné selon sa juste nature : une tragédie nationale. Un échec national. Avec ou sans visa, partir est un échec. Et quand le départ est encouragé car l'on ne sait pas quoi faire de vous, parce qu'en réalité, on vous pousse à partir, parce que l'on est incapable de vous offrir une économie qui fonctionne et crée des emplois, un système de santé qui soigne et une société qui aide et apaise plutôt que de sermonner, alors ce départ est bien plus que cela. Il s'agit d'un gaspillage humain. D'un nettoyage. Ou, osons ce mot, d'un sacrifice.

Un jour, peut-être, un économiste en mal de calculs singuliers se penchera sur cette interrogation : que vaut la vie d'une Algérienne ou d'un Algérien ? A combien de barils d'or noir peut-on l'évaluer ? A combien de mètres cube de gaz naturel peut-on la comparer ? Combien coûte la vie d'un noyé en Méditerranée ? Certains disent que celles et ceux qui partent sont sans instruction, sans diplômes, qu'ils fuient parce que leur vie au pays est un échec. Nous savons tous que c'est faux. Qui se souvient de cet octogénaire, plus vieux à l'époque que Bouteflika alors président, qui fut intercepté dans un botti au large d'Annaba ? Avoir vécu sous la colonisation, avoir connu l'indépendance et décider tout de même de quitter son pays : cela se passe de commentaire.

Un jour, peut-être, on cessera de dire de ces gamins qui partent qu'ils sont des enfants gâtés, qu'ils ne veulent pas travailler, qu'ils rêvent à la facilité et à de gros salaires en devises fortes. C'est un beau discours pour se donner bonne conscience. C'est toujours la faute de l'autre, et surtout, de la victime.

Un jour, peut-être, on prendra la mesure de l'héroïsme de ces êtres humains que l'on affuble aujourd'hui de tant de mots honteux : harragas, migrants, clandestins, illégaux... Il faut du courage pour partir de chez soi. Il faut du courage pour traverser le désert puis la mer. Il faut du courage pour partir « là-bas » en sachant très bien ce qui vous y attend. Le temps, l'époque, ne sont plus aux mirages et aux fantasmes. Internet et les témoignages de ceux qui ont réussi à fendre les frontières sont là pour tout dire. Les camps de rétention, la traque policière, les logements glauques, les petits travaux, la délinquance qui tente, les réseaux criminels ravis par l'existence de viviers humains où ils peuvent puiser et qui se renouvellent sans cesse. Ceux qui partent savent mais, pour eux, il n'y a plus de choix possible.

Un jour, peut-être, les Européens seront moins égoïstes et comprendront que fermer les frontières, user et abuser des visas n'est pas la solution. Que donner la possibilité aux gens d'aller et de venir est la meilleure approche. Le visa crée la traversée illégale, le clandestin et le travailleur au noir. La circulation facilitée crée des norias, des gens qui vont et viennent mais qui restent dans leur pays. Mais une condition majeure suspend ce raisonnement : que ce pays ne soit pas à la dérive. Qu'il ne soit pas une punition au quotidien.

Un jour, peut-être, la Méditerranée, mer nourricière et berceau de civilisations ne sera plus cet immense mouroir qu'elle est aujourd'hui. La pauvreté, les guerres, les dictatures et les régimes d'exception ne seront plus la marque infamante de l'Afrique. Il est permis de rêver. Il est permis de l'espérer.

 

 

par Paris : Akram Belkaïd

2021  09  30

http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5305738

 

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Rédigé le 30/09/2021 à 19:19 dans Algérie, Société | Lien permanent | Commentaires (0)

Lina Soualem : « “Leur Algérie” traduit la douleur du déracinement »

 

ENTRETIEN. La réalisatrice du documentaire « Leur Algérie » questionne le silence intime et la séparation de ses grands-parents, immigrés de la première génération.

 

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Pour Lina Soualem, 29 ans, il y avait urgence à filmer « Mémé » et « Pépé ». Après 62 ans de mariage et une longue vie d’exil à Thiers, ville industrielle située dans le centre de la France, la grand-mère Aïcha et le grand-père Mabrouk, ancien ouvrier-polisseur de la coutellerie, ont décidé de se séparer. C’est l’étonnement pour la petite fille d’alors, mais surtout beaucoup d’interrogations. Pour mieux comprendre leur trajectoire de vie et leur histoire, la réalisatrice pose un regard tendre sur ses grands-parents, en rythmant son film d’images d’archives familiales tournées par Zinedine Soualem, son père, mais aussi des images historiques. En partant de la petite histoire, elle brosse le portrait de toute une génération de sacrifiés. Entretien.

Lina Soualem : Dans le cadre de ma licence d’histoire, je me suis spécialisée dans l’histoire des sociétés arabes et contemporaines et j’ai eu la chance d’effectuer un voyage en Algérie en 2011, à 21 ans. J’ai découvert le pays de mes grands-parents, dont je ne connaissais rien. En découvrant Alger, Sétif, Constantine, ou encore Oran, j’ai commencé à me sentir en décalage par rapport à ce que je voyais du pays et ce que ma famille m’avait raconté, à savoir pas grand-chose. Je pouvais à peine mentionner le nom du village, Laouamer, d’où étaient originaires mes grands-parents, ce qu’ils faisaient là-bas, quelle était leur classe sociale. Plus j’avançais dans mes études d’Histoire, moins je connaissais leur histoire à eux. Ces questionnements sont restés dans un coin de ma tête. Quand mon père m’a appelée pour m’apprendre la séparation de mes grands-parents, ces questions ont ressurgi, notamment celle du poids du silence qui m’est devenu insupportable.

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Réalisatrice et comédienne franco-algéro-palestinienne, Lina Soualem est née à Paris où elle est basée. Leur Algérie est son premier long métrage documentaire.© Christophe Brachet

Qu’aviez-vous besoin d’apprendre et de comprendre de leur histoire et de la vôtre en faisant le film ?

J’avais envie de comprendre comment mes grands-parents avaient été affectés par la colonisation, par le massacre de Sétif en 1945, par la guerre. Je voulais des réponses très concrètes. Je voulais qu’ils me racontent comment ils s’étaient rencontrés. Mais surtout, je voulais savoir pourquoi ils n’avaient jamais parlé de tout ça. J’ai fini par comprendre que je ne pouvais pas avoir toutes mes réponses, car ce silence raconte aussi quelque chose. Il traduit la douleur du déracinement et de l’exil. Cette douleur est indicible et donc très difficile à raconter. Tout se passe dans l’émotion, les gestes et le peu de paroles que mes grands-parents livrent. J’ai aussi changé mon processus en arrêtant de leur poser des questions directes. Je les ai emmenés dans des lieux, leur ai montré des photos pour réactiver leur mémoire. Ce dont j’étais convaincue depuis le départ, c’est que je savais que l’intime et le politique étaient imbriqués.

Un couple d’immigrés algériens de la première génération qui se sépare, c’est rare. Qu’est-ce que cela traduit selon vous ?

La séparation de mes grands-parents ne relève pas que de l’intime. Elle est la conséquence d’une suite de séparations qu’ils ont vécues. La première étant la séparation avec la terre natale, avec les parents… Ces déchirements n’ont fait que se répéter tout au long de leur vie.

Tout ce qu’a connu mon grand-père dans sa vie a fini par disparaître. Ces vieux travailleurs algériens de Thiers qui l’ont entouré sont soit décédés, soit repartis au pays. Toutes les usines dans lesquelles il a travaillé sont abandonnées et n’existent plus. Ce que j’ai trouvé très violent, c’est l’absence de mémoire dans les lieux de mémoire de Thiers. Raison pour laquelle j’ai amené mon grand-père à la coutellerie. Le seul lieu où il y aurait pu avoir une trace de sa vie en tant qu’ouvrier ne fait pas mention des travailleurs algériens. En l’absence d’images et d’histoire, mon grand-père est comme dépossédé de son existence. On sait que ces travailleurs ont eu des problèmes de santé, des cancers des poumons, ou sont devenus sourds à cause du bruit dans ces usines. Cela m’a désolée de ne pas pouvoir connecter mon grand-père à cette histoire. À travers le film, j’ai essayé de faire ce travail de réparation pour lui et pour tous les travailleurs de cette industrie.

Votre père, qui n’a jamais mis les pieds en Algérie, dit avoir grandi dans le mythe du retour et se sentir foncièrement algérien. Votre grand-mère raconte se sentir algérienne pendant la colonie française. Qu’est-ce que cela dit de la complexité identitaire ?

Que la complexité pour définir ces populations, souvent stigmatisées, manque justement. On parle d’exilés, d’immigrés, de réfugiés, de musulmans de France, toujours d’un groupe de personnes homogènes à histoire unique dépourvues de sensibilité, de complexité et même de contradictions. Le parcours des Algériens est contradictoire en soi. Au moment de la colonisation française, ils sont venus travailler en France, dans le pays qui les a colonisés. Et beaucoup d’entre eux, au moment de l’indépendance, ne sont pas rentrés. Ils sont restés dans le pays contre lequel ils s’étaient battus. Il y a donc quelque chose de paradoxal dans ce parcours qui peut sans doute expliquer la difficulté à transmettre cette histoire.

 

Mabrouk, malgré la séparation d'avec Aïcha, continue ses promenades solitaires et silencieuses au centre commercial.© Agat Films

Mon père ne m’avait jamais dit qu’il avait grandi dans le mythe du retour avant le film ni qu’il avait obtenu la nationalité française à l’âge de 28 ans seulement. Pour moi, il était français depuis la naissance, comme moi. Idem pour mes grands-parents. Je pensais qu’ils avaient le passeport français et non qu’ils avaient une carte de séjour après 60 ans de vie en France. C’est assez fou de réaliser tout cela. Il a d’ailleurs été longtemps interdit aux Algériens de vivre leur identité algérienne. À l’époque coloniale, on parlait d’eux comme des indigènes ou des Français musulmans. Ils étaient sujets de la France. Lorsque l’on m’entend poser des questions à ma grand-mère, on comprend qu’elle a été dépossédée de son histoire. C’est une conséquence de la colonisation. Malgré tout, elle se sent algérienne. En faisant le film, j’ai accepté la complexité de notre identité et j’ai voulu la valoriser.

La génération que vous dépeignez tend à disparaître. Ce film est-il aussi un devoir de mémoire en son honneur ?

Pendant toute la réalisation du film, la crainte de la disparition de mes grands-parents m’a envahie. S’ils avaient disparu sans transmettre leur mémoire, je l’aurais très mal vécu. J’ai ressenti cette urgence à capturer leur mémoire parce que ces mémoires-là ne sont pas écrites et sont transmises dans l’oralité. Mais même cette transmission-là se perd. Mon grand-père nous a quittés à la fin du tournage. Ce film, c’était maintenant ou jamais.

Lors d’une projection, ma grand-mère m’a confié que, grâce au film, elle serait toujours vivante ainsi que sa mémoire pour les générations à venir. Cette histoire va au-delà de la mémoire d’une grand-mère. Il est question de la mémoire de toute une génération de femmes algériennes qui sont arrivées dans les années 1950-1960 en France, qui n’ont rien choisi et qui n’ont pas pu s’exprimer. Ces hommes et ces femmes-là nous ont élevés et nous ont permis de devenir cette troisième génération. C’est tellement précieux.

* « Leur Algérie », de Lina Soualem, en salle le 13 octobre en France. Et prochainement en Tunisie.

 

 

 

 

Publié le 25/09/2021 à 21h20 

Propos recueillis par Eva Sauphie

https://www.lepoint.fr/afrique/lina-soualem-leur-algerie-traduit-la-douleur-du-deracinement-25-09-2021-2444710_3826.php

 

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Rédigé le 26/09/2021 à 09:50 dans Algérie, Guerre d'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)

Le Maroc a pris livraison de drones de combat turcs

 

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PHOTO BIROL BEBEK, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

 

Rabat a commandé en avril au total 13 drones de combat Bayraktar TB2 « dans le cadre de la modernisation de l’arsenal des FAR afin de se préparer à faire face à tout danger et aux récentes hostilités », a indiqué le forum Far-Maroc, spécialisé sur les questions.

 

 

 

https://www.lapresse.ca/international/afrique/2021-09-24/tensions-avec-l-algerie/le-maroc-a-pris-livraison-de-drones-de-combat-turcs.php

 

 

Armée de l’air : l'Algérie va se doter de 24 drones chasseurs    chinois.

 

image from www.algerie360.com

 

 

https://www.algerie360.com/wp-content/uploads/2021/09/unnamed-3-835x430.jpg?x91549

 

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Rédigé le 24/09/2021 à 18:05 dans Algérie, Maroc | Lien permanent | Commentaires (0)

Bouteflika, héros tragique de l'Algérie

 

J'avais déjà de la peine à le voir malade dans son fauteuil. J'en suis resté, pour ma part, à son dernier discours, celui de Setif : « Tab djnanu» (2012). Les années qui ont suivi n'ont été qu'une longue prise d'otage. J'ai donc eu du chagrin en apprenant son décès. J'ai pleuré et j'ai essayé de comprendre pourquoi.

Il n'était pas de ces héros morts durant la Guerre de Libération Nationale, ni - aux lendemains de l'Indépendance, ou encore ceux exilés, écartés.

Ceux que l'on idéalise, à juste titre, et dont on s'imagine qu'ils auraient forcément conduit le pays à bon port. En vérité cela n'est qu'une chimère.

Lui a assumé, plusieurs décennies durant, de grandes responsabilités au sein d'un État en construction, imparfait donc. Il a été la voix du pays, quand Alger était la Mecque des révolutionnaires. Il a été le porte-voix de la Palestine (offrant la tribune à Yasser Arafat à l'ONU en 1974) et de la lutte contre l'Apartheid. Il a longtemps été un homme public (ministre de 1962 à 1980), ainsi que paria (1981-1989).Trop facile alors de crier à l'imposture du parcours de Bouteflika, seulement lorsqu'il est devenu président. Trop facile également de ne pas lui donner crédit de la paix retrouvée (ce seraitgrâce aux autres, paraît-il) ... et en même temps lui faire porter l'entière responsabilité de la corruption en Algérie. Boudiaf avait dénoncé cette gangrène en son temps, lui aussi à son arrivée. Elle existait avant lui. Elle existera bien entendu après Bouteflika.

Je me souviens des peurs que j'avais à le voir s'exposer en allant au-devant du public en 1999 et au début des années 2000. Il se trouvait que le dernier président civil était justement... Boudiaf. Nous avons oublié le courage qu'il fallait pour assumer une telle responsabilité en cette période.

Je me souviens également de la fierté éprouvée lors de son discours prononcé à l'Assemblée Nationale française (14 juin 2000). Pas seulement en raison de la profondeur du propos et de sa superbe éloquence. Je me souviens d'avoir ressenti comme un formidable baume à mon cœur meurtri par une décennie meurtrière. Avec lui, l'Algérie n'était plus ‘seulement' le pays du terrorisme et du « qui-tue-quisme ».

Avec lui sont venus la paix, la fin de l'endettement au FMI, les constructions et les grands chantiers comme MEDGAZ (bien utile actuellement), les routes, les tramways, le gaz de ville dans l'arrière-pays, l'abondance dans les réserves de change, etc... Mais aussi malheureusement des projets bâclés, une plus grande corruption et des répressions.

Il était moudjahid, ministre, paria, président, otage. Il était sémillant, charmant, ténébreux, colérique. Il était l'opulence, l'autorité, l'Algérie fastueuse et l'Algérie simple et profonde (en particulier celle des zouias). Il étaitaussi la maladie, la déchéance et la paralysie. D'une certaine manière, il était, selon sa formule, « l'Algérie toute entière »(1999), dans ce qu'elle a de meilleur et ce qu'elle a de moins bon, dans ce qu'elle a de vrai, de tragique et de touchant à la fois.

Il est mort dans son pays, naturellement, quand les dictateurs déchus eux s'exilent en Suisse ou dans les pays du Golf.

J'ai pleuré aussi en pensant à son dernier discours testament « Tab djnana» et au fait qu'un si grand jardin ne se bâtit et ne s'entretient pas seul, qu'il est soumis à de multiples forces internes et environnementales (parfois imprévisibles), qu'il convient encore et toujours d'y arracher régulièrement les fruits pourris et les mauvaises herbes. Il a assumé sa part et comme les héros tragiques, ces héros si humains (ni parfait, ni honni) au destin compliqué, il s'en est allé discrètement partiellement boudé par un État et une population incapable de se voir en face et donc de se reconnaître en lui.

Quand le temps des acrimonies, des jalousies et des colères sera passé (car il passera), l'histoire et les arts le réhabiliteront.

 

 

 

par Yazid Ben Hounet

2021 - 09 - 23

http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5305515

 

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L'ultime escapade de l'Enfant prodigue (Le Roi est mort, maudit soit le royaume)

 

«Aucun Algérien ne peut, à lui seul, porter, à bout de bras, l'Algérie. Le fardeau est trop lourd.

Il arrivera que le chef de l'Etat, qui est en même temps chef de gouvernement, ne puisse tout faire. Il se déchargera fatalement sur son entourage d'une partie de ses responsabilités. Des hommes non mandatés par le peuple, qui ne manqueront pas d'expérimenter, au détriment de l'intérêt national, les théories les plus fantaisistes. Un tel régime finira par engendrer des activités subversives, des coups d'Etat et des complots». (Ferhat Abbas - 1963)

Il nous a quitté , celui qui refusait avec véhémence d'être un « Président au trois quarts », celui qui prétendra incarner « l'Algérie toute entière » , celui qui bravera cette caste militaire indéboulonnable prête à le « bouffer tout entier », celui qui a failli nous abandonner à notre « médiocrité » si nous avions commis l'impudence de faire le mauvais choix.

Sommes-nous moins médiocres aujourd'hui ? Ce qui subsistera après son règne est pire :

Un chaos moral inédit. La violence, la haine, la défiance, la fourberie et le divorce entre le citoyen et ses institutions. «la fin de l'Etat n'est pas de faire passer les hommes de la condition d'êtres raisonnables à celle de bêtes brutes ou d'automates, mais au contraire il est institué pour que leur âme et leur corps s'acquittent en sûreté de toutes leurs fonctions, pour qu'eux-mêmes usent d'une raison libre, pour qu'ils ne luttent point de haine, de colère ou de ruse, pour qu'ils se supportent sans malveillance les uns les autres. La fin de l'Etat est donc en réalité la liberté.» (1)

Extirpé de sa disgrâce par les cardinaux de la manigance ( selon les us et coutumes autochtones en matière de passation de consignes ou de restauration de régime . De conciliabules en conciliabules au niveau des cabinets noirs , nos conclaves finissent toujours d'un commun accord par désigner ou exhumer d'un passé lointain le candidat le plus flexible à qui on confiera une mission qui exige avant tout une certaine docilité qui permettra dans l'intérêt de tous les protagonistes la pérennisation d'un système politique obscur , vicieux et interlope. ) Bouteflika s'acquittera de sa tâche mais avec des méthodes inusitées qui surprendront tout le monde. Il refaçonnera l'Etat et fera de celui-ci le sanctuaire de tous les pactes faustiens.

Désormais la Cour d'El-Mouradia laissera s'infiltrer des Ministres voleurs et trafiquants en tout genre. Des Députés larbins , des promoteurs immobiliers et des Importateurs véreux , des rabatteurs, des escrocs , des prostitués.

Lui qui , à ses débuts , plein d'enthousiasme et de vigueur, prétendait chercher des Hommes d'Etat pour son projet national titanesque , il sera réduit à recruter la vermine la plus ignoble qui s'adonnera dans l'impunité la plus totale aux plus grands forfaits et rapts de l'histoire.

L'ex-ministre Abdelaziz RAHABI, en évoquant l'affaire Khalifa, la B.C.I.A, Le B.R.C, estime que ces scandales qui ont secoué la scène politique sont comme «les plus gros depuis la main basse de l'armée de l'occupation de Napoléon III sur le trésor de la régence d'Alger...» (2)

Monsieur Rahabi ne fera qu'entrevoir la partie visible de l'iceberg. Les dommages ne s'évaluent pas seulement à l'aune des fortunes et bien mal acquis que le Tribunal de Sidi M'hamed à Alger, encore sous le choc , peine à recenser. C'est l'âme d'une Nation toute entière qui sera souillée et pervertie pour les décennies à venir. « Les différents scandales financiers en Algérie, qui touchent l'ensemble des secteurs public et privé, la corruption s'étant socialisée, relatés chaque jour par la presse nationale et internationale discréditant l'image de l'Algérie, dépassent souvent l'entendement humain du fait de leur ampleur...Ces scandales jouent comme facteur à la fois de démobilisation des citoyens par une névrose collective du fait que ces montants détournés sont la propriété de toute la collectivité nationale» (3)

Le 22 Février 2019, tout le peuple algérien sortira dans la rue pour maudire le règne mégalomaniaque , désastreux et concupiscent que ce président a édifié ou laisser édifier. Aujourd'hui , le Président gît dans le carré des martyrs.

On refusera de dissocier ce personnage mystérieux de l'épopée révolutionnaire Pré et Post indépendance dont il a fait partie. Ainsi , parmi nos preux et immaculés chevaliers de la révolution , nous avons certes inhumé un Président mais aussi et surtout l'une idée d'une certaine Algérie utopique, le symbole d'une époque glorieuse , nos espoirs déçus , le mystère insondable de l'exercice d'un pouvoir calamiteux aux antipodes de l'âme de la révolution algérienne. Bref ! Nous avons pratiqué un exorcisme à titre posthume en la personne de son excellence. On commence déjà à regretter son époque comme on l'a déjà fait avec son mentor le président Boumediene et comme on l'a fait par la suite avec le président Chadli.

On retiendra de son règne cette embellie financière ( El-Bahbouha El-Malia ). Les Algériens miséreux que nous fûmes lui doivent un toit sur la tête, un salaire, des voies de communications.

De miraculeux bienfaits qui n'auraient pourtant jamais été possibles sans cette richesse nationale qui appartient au peuple , ce maudit pétrole qui satisfera dans l'immédiat nos besoins les plus basiques et alimentera en permanence des tares politiques qui maintiendront le pays dans un sous-développement économique endémique. On doit aussi au Président ou à son staff l'art d'avoir bricolé énormément de projets économiques foireux dissimulés sous un faste et une esbroufe diaboliques. Le Président n'aura pas le temps d'écrire ses mémoires, de se justifier, se disculper ou expliquer au monde les ressorts de cette malédiction politique qui fera de son règne l'un des plus toxiques et des plus mystérieux au monde. En dépit de quelques truismes énoncés à son sujet, on connaissait si peu de choses à propos de cet illustre personnage énigmatique. Il emportera dans sa crypte tellement de secrets. Ceux qui chercheront à le disculper doivent se ressaisir et se rappeler que cette Corruption qu'il stigmatisera au début avec une ferveur religieuse reprendra de plus belle dès son investiture.

En 1999, le président Bouteflika, en faisant le bilan du Pouvoir qui l'avait précédé, dira ceci :

«Depuis que je suis au pouvoir, je suis arrivé à la conclusion que l'Etat algérien était bien pourri...Je ne connais pas de pays au monde où la crise morale a débouché sur un si grand nombre de perversités et où l'Etat national a, à ce point, vacillé... la violence se confond dans un magma de brigandage, de mafiosi, de gens véreux». 4 Aujourd'hui, à voir la concupiscence abyssale dans laquelle sera noyé le pays sous « son haut patronage », on en arrive souvent à se demander si ses invectives étaient adressées au Pouvoir qui l'avait précédé ou si c'était son crédo pour les années à venir. Car il n'y aura non seulement aucun changement mais nous assisterons nous tous, (complices et compromis jusqu'au cou , certains impassibles spectateurs dans l'attente d'une opportunité , d'autres évoluant au gré des circonstances et désormais résolument engagés dans la voie de l'illégalité et du crime, le reste gigotant désespérément anonyme dans une misère et exclusion ignominieuses) à l'un des systèmes politiques le plus démoniaque. Doit-on accepter comme seules explications à cette tragédie nationale l'attrait du pouvoir et cette maudite rente intarissable ? Est-ce suffisant pour inhiber toutes vertus et lucidité chez des hommes qui paraissaient sains d'esprit ? Voilà plus d'un demi-siècle que nous avons chassé l'oppresseur. Nous avions en tête les rêves les plus fous qui finiront par s'évaporer et ne laisser hélas subsister que folies compulsives et cupidités dévorantes.

Dès son investiture, le Président fera à son peuple des promesses pourtant très faciles à tenir si les bonnes résolutions et des hommes vertueux étaient au rendez-vous. Il réussira, dans la foulée d'initiatives antérieures, et au prix de tractations dont nous ignorons tout , à amadouer les assassins et les pyromanes de l'époque. Tout le monde lui doit cette paix si précaire que nous essayons aujourd'hui de rafistoler.

«J'éteindrai les feux de la discorde, je m'engage à relancer l'économie nationale, je rendrai à l'Algérien sa dignité et à l'Algérie sa place dans le concert des nations», martèlera-t-il dès le début de son règne, avec force, vigueur et assurance. Le peuple exulte et se rassure. La paix revient et dans son sillage des charognards patients et déterminés, car il y a toujours des proies, des festins, quelque chose à dépecer. Les vingt années de son règne généreront un saccage tellement profond (pernicieux et imperceptible peut-être ) au niveau de toutes les institutions et de la société qu'il faudrait des efforts , des vertus et une volonté inébranlable que la Nation toute entière doit déployer pour réparer des décennies d'aberrations politiques.

La Concorde Civile et la Réconciliation Nationale demeurent toujours fragiles car de nouvelles menaces s'amoncellent et se profilent à l'horizon.

Le président sera absous de toute la démence politique qui caractérisera son règne. Juger le président c'est juger l'Algérie toute entière , car il prendra le soin de corrompre tout le monde , suscitant en chacun les désirs , les ambitions , les pulsions les plus malsaines. « Et quand tout sera accompli, le Diable dira: « Certes, Allah vous avait fait une promesse de vérité; tandis que moi, je vous ai fait une promesse que je n'ai pas tenue. Je n'avais aucune autorité sur vous si ce n'est que je vous ai appelés, et que vous m'avez répondu. Ne me faites donc pas de reproches; mais faites-en à vous-mêmes. Je ne vous suis d'aucun secours et vous ne m'êtes d'aucun secours. Je vous renie de m'avoir jadis associé [à Allah]. » Certes, un châtiment douloureux attend les injustes» (5)

Le tyran n'est extérieur ni l'autre. Il est en chacun sous la forme du désir qui nous promet, si nous le faisions Roi, de faire de nous son ministre favori. La corruption fera sourdre dans le cœur de chaque citoyen beaucoup de ressentiment, ferment d'un genre de « Fitna » qui est pire que toutes les autres formes de menaces extérieures, cette subversion détruira par un processus d'implosion tout ce qui concourt à faire l'armature d'un peuple, d'une société, d'une nation. Une démission, une lassitude et un désintéressement profond à l'égard du bien public habitent depuis longtemps chaque citoyen. «Le caractère endémique de la corruption qui mine l'Algérie est devenue un obstacle au développement politique et économique du pays. - Le fait que ses causes les plus évidentes soient situées au sommet de l'Etat ne favorise pas non plus un comportement citoyen.» (6)

En septembre 2006, la Présidente de Transparency International, Mme Huguette LABELLE invitée aux Débats d'El-Watan sur la Corruption , rappelle au sujet de ce fléau ce que tout le monde savait déjà :«Ce fléau alimente la pauvreté et la violence, détruit la fibre nationale de la société et transforme les valeurs saines en valeurs immorales. Son coût est tellement élevé qu'il est impossible de le quantifier.» Le Président ne se privera pas de vouer aux gémonies ses prédécesseurs mais il restera terriblement silencieux et impassible face aux scandales financiers qui gangrénaient la Nation pendant qu'il incarnait l'Algérie toute entière.

En 2012 , lors de son passage à Sétif , le président Abdelaziz Bouteflika clamera haut et fort «Tab djnanna , nous avons du mal à suivre le rythme», insinuant par là que la gestion des affaires du pays devait désormais échoir à une nouvelle génération, conseillant par là à la famille révolutionnaire de songer à lâcher prise. Il reprochera à certains d'avoir fait de la « Révolution » un fond de commerce.

Il raillera l'économie de bazar qui régnait avant son investiture. « Kéch Bakhta ouéFnadjél Mériem », disait-il çà et là . Malheureusement et mystérieusement, son règne sera plus loufoque.

Ses promesses grandiloquentes ne seront jamais réalisées. L'Algérie survit toujours misérablement grâce à la politique du « Tout Container » et de « l'Import/Import. » Parmi ceux qui l'ont adulé ou berné , tout le monde essayera aujourd'hui ou plus tard de se racheter une virginité ,de pointer du doigt les boucs émissaires de son choix , de s'inventer les justificatifs qui permettent à chacun de continuer à vivre en paix avec sa conscience.

Il a été l'instigateur de sa propre déchéance et de la déchéance de tout un pays. La tragédie ne commencera pas en 2013, lors de son accident vasculaire cérébral, il a enclenché le compte à rebours dès son investiture. Un règne contaminé par un narcissisme effarant, un esprit vindicatif et un étrange désarroi que rien ne pouvait guérir.

Il laissera comme héritage un « Hirak » à la fois désabusé et irréductible qui squattera indéfiniment l'Agora, convaincu qu'aucun gouvernement ne pourra désormais être crédible , que tous les élus sont suspects , que derrière chaque visage , chaque tribun, chaque discours , se dissimulent la tartufferie et la traitrise.

Ce que Ferhat Abbas prophétisait en 1963 finira par arriver : A défaut de créer un Etat fort qui se suffit à lui-même, émanation d'une volonté populaire (un Etat qui ne peut ni ne doit disparaître avec la disparition des hommes, selon le vœu du président Houari Boumediene).

On sera amené à confier l'Etat, à le sous-traiter, à le louer à des oligarchies périphériques. Notre défunt président Abdelaziz Bouteflika n'aura été que le produit d'un passé tourmenté, une véritable jungle où tous les coups sont permis.

En 1964, seulement quelques années après l'indépendance, Mostefa Lacheraf faisait un tableau assez sombre et inquiétant de la « nature du régime ou du pouvoir » qui présentait déjà des signes avancés de déliquescence : «Objectivement, nous n'avons fait aucun effort sur nous-mêmes pour conjurer les risques et les malheurs dont notre pays a souffert... Peut-on décemment parler d'esprit révolutionnaire, de garants de la Révolution, en évoquant des hommes qui ne savent même pas se retenir sur la pente facile des tentations matérielles, de la soif frénétique de s'enrichir et de s'embourgeoiser ?» (7)

*Universitaire

Ce qui adviendra par la suite n'est qu'un formidable « Bug politique » qui a immobilisé toute la nation depuis l'indépendance.

Notes

1- Spinoza, Traité théologico-politique, chapitre XX, GF Flammarion, 1965, p.329.

2- Abdelaziz RAHABI « La corruption absolue produit du pouvoir absolu » , El-Watan du Jeudi 21/01/2010

3- Abderrahmane MEBTOUL « Le gouvernement algérien a-t-il tiré les leçons du scandale de Khalifa ? »,

Journal Liberté du 19/12/2013

4- Discours du président Abdelaziz Bouteflika 1999.

5- Le Coran – Sourate Abraham - Verset 22

6- Cécile JOLLY,Les cercles vicieux de la corruption en Algérie. Revue internationale et Stratégique.2001/3, N°4

7- Mostefa Lacheraf, « L'Algérie, Nation et société » , Casbah Editions, Alger 2006, P.270

 

 

 

 

par Mazouzi Mohamed

23 septembre 2021

http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5305514

 

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Rédigé le 23/09/2021 à 09:20 dans Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)

Algérie : nouvelle pièce de 100 dinars à l’éfigie d’Ali la Pointe dévoilée

 

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La Banque d’Algérie a rendu publique la nouvelle pièce de 100 dinars frappée à l’effigie du martyr Ali la pointe. On vous expose les détails dans cette édition du 19 septembre 2021. 

En effet, la Banque d’Algérie a sorti au grand jour, ce dimanche 19 septembre 2021, sur son compte Twitter, la nouvelle pièce de monnaie de 100 dinars algériens avec Ali Amar, alias Ali la Pointe. Celle-ci sera bientôt mise en circulation. Vous trouverez les détails dans les lignes suivantes.  

Ainsi, la Banque d’Algérie a émis une nouvelle pièce de monnaie à l’effigie du héros de la guerre de libération nationale Ali Amar, dit Ali la Pointe. Penchons-nous sur les spécificités de la pièce de monnaie de cent (100) dinars algériens. Elle est du type bimétallique de couleur grise acier arborant au centre de la pièce le portrait du martyr emblématique de la Bataille d’Alger. 

 

Un peu plus dans le détail, le nom du célèbre personnage de la révolution algérienne est également imprimé à l’intérieur du col, sur la partie supérieure de la pièce. On y ait également mentionné la date de naissance 1930, ainsi que la date de décès 1957. On les retrouve sur la partie gauche et droite de la pièce. 

 

 

Caractéristiques de la pièce en question

Sur le dos de la pièce, on a gravé le chiffre cent (100). La pièce en question se constitue d’une couronne extérieure en acier inoxydable. Son cœur en cupronickel serti à l’intérieur de cette couronne. Celle-ci est de couleur jaune rosâtre. On constate également deux étoiles de tailles égales au-dessus et en dessous de la date de naissance et celle du décès.

Pour ce qui est de ses mesures, son diamètre extérieur est de +29,50/+0,05 mm. Alors que le diamètre du cœur est de 19,55+/-0,05 mm. Le bracelet est de 2,30+/0,05 mm d’épaisseur. Quant au point de l’arceau est de +5,60/0,14 g. Tandis que le poids du cœur est de 5,40+/0,11g. Pour un poids total estimé à +11,00/-0,25g.

Maintenant, s’agissant de la composition chimique, le noyau de la pièce métallique se compose de 87 % de cuivre, 13 % de nickel. Son collier est en acier (430). En outre, les trois dates d’émission s’affichent sur la partie inférieure de la face inférieure de la pièce.

 

 

 

 

PAR NASRINE O.
19 SEPTEMBRE 2021
https://www.dzairdaily.com/algerie-nouvelle-piece-100-dinars-efigie-ali-la-pointe-devoilee/
 
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Rédigé le 19/09/2021 à 17:12 dans Algérie, Guerre d'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)

L'ex-président Bouteflika inhumé plus discrètement que ses prédécesseurs

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L'ex-président algérien Abdelaziz Bouteflika a été inhumé dimanche à Alger dans un carré du cimetière El Alia, réservé aux héros de la guerre d'indépendance, mais il a reçu bien moins d'honneurs que ses prédécesseurs.

Chassé du pouvoir en 2019, Abdelaziz Bouteflika (1999-2019) qui détenait le record de longévité à la tête de l'Algérie, s'est éteint vendredi à l'âge de 84 ans dans sa résidence médicalisée de Zeralda dans l'ouest d'Alger.

La dépouille a été portée sur une trentaine de km jusqu'au cimetière d'El Alia, sur un affût de canon tracté par un véhicule blindé couvert de fleurs, encadré de motards en livrée blanche.

Aux côtés de la famille, le président Abdelmadjid Tebboune, qui fut Premier ministre sous Bouteflika, le gouvernement au complet, le chef d'état-major de l'armée, et des diplomates étrangers étaient présents, selon l'agence officielle APS.

M. Tebboune a déposé une gerbe de fleurs sur la tombe et des salves ont été tirées par la Garde républicaine.

A l'issue de la cérémonie, quelque 2OO sympathisants du président défunt se sont recueillis et ont fleuri la sépulture, selon un photographe de l'AFP.

Pour Rokia, 49 ans, membre d'une assemblée populaire communale, c'était "notre deuxième père": quand il était devenu président en 1999, à la fin de la décennie noire de guerre civile (1992-2002, 200.000 morts), "il y avait des massacres, beaucoup de sang a coulé, mais il consacré sa vie à rendre la paix et la sécurité en Algérie", dit-elle avec reconnaissance.

Pourtant, illustration d'un certain embarras officiel, l'exposition de la dépouille initialement prévue au Palais du peuple d'Alger, avait été annulée. Tous ses prédécesseurs et son ex-chef d'état major Ahmed Gaïd Salah avaient eu droit à cet honneur.

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Le ministre des Moudjahidine (les anciens combattants), Laïd Rebigua, a prononcé l'oraison funèbre de celui qui fut aussi, dans les années 1970, un flamboyant chef de la diplomatie algérienne pendant 14 ans.

La dépouille a ensuite été mise en terre au carré des Martyrs, aux côtés des figures de la guerre d'indépendance (1954-1962).

- "Un simple quidam" ? -

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L'ex-président avait été contraint à la démission le 2 avril 2019, sous la pression des manifestations massives du mouvement pro-démocratie Hirak contre son intention de briguer un 5e mandat consécutif.

Au terme de plusieurs heures de flottement, M. Tebboune, au pouvoir depuis fin 2019, a fini par décréter samedi un deuil de trois jours pour honorer "le moudjahid Abdelaziz Bouteflika".

Ces atermoiements illustrent, selon les observateurs, des craintes de manifestations hostiles contre un ex-président à l'image ternie.

"Franchement, j'ai mieux à faire que de m'intéresser aux obsèques d'un président qui a laissé le pays dans un état lamentable. Je préfère m'occuper de mes oiseaux", a déclaré dimanche à l'AFP Farès, 62 ans, un retraité à Alger.

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Pour Islam, 45 ans, un postier, "cet enterrement est un non-événement. Autour de moi, personne n'en parle. C'est comme s'il s'agissait de la mort d'un simple quidam. Les Algériens donnent l'impression d'avoir oublié Bouteflika, d'avoir tourné la page de son règne".

- "Enormément de haine" -

"Il y a énormément de haine autour de la figure de Bouteflika sur les réseaux sociaux", a indiqué à l'AFP Isabelle Werenfels, spécialiste du Maghreb à l'institut allemand SWP.

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Cela a rendu les décideurs actuels "nerveux" et, selon elle, ils ont cherché "à se démarquer" de Bouteflika tout en commémorant sa mémoire. D'autant que nombre d'entre eux "sont des produits ou des profiteurs de l'ère Bouteflika".

En contraste avec la discrétion des obsèques du président déchu, tous les ex-présidents ont été honorés par un enterrement solennel et huit jours de deuil national, à l'instar du premier président de l'Algérie indépendante Ahmed Ben Bella (1963-1965) et du troisième chef d'Etat Chadli Bendjedid (1979-1992), tous deux décédés en 2012.

Sans parler des funérailles grandioses en 1978 du mentor de Bouteflika, l'ex-président Houari Boumedienne (1965-1978).

Les médias officiels ont également réservé un traitement minimaliste au décès de Bouteflika.

Et le puissant chef de la diplomatie, Ramtane Lamamra, un ancien ministre sous Bouteflika, a attendu jusqu'à dimanche pour transmettre ses condoléances à la famille.

Premier chef d'Etat étranger à réagir au décès de M. Bouteflika, le roi du Maroc Mohammed VI, a adressé samedi un message de "compassion" au président Tebboune, en dépit de fortes tensions entre les deux pays voisins.

Dimanche, le président français Emmanuel Macron a qualifié M. Bouteflika de "figure majeure" de l'Algérie contemporaine tandis que le président angolais Joao Lourenco saluait "une figure marquante de la lutte de libération anti-coloniale".

 

 

Publié le 19-09-2021 à 19h05

Abdellah CHEBALLAH avec Françoise KADRI à Tunis

https://www.lalibre.be/dernieres-depeches/afp/2021/09/19/algerie-lex-president-bouteflika-inhume-plus-discretement-que-ses-predecesseurs-6YH3I27AQRCOLLP2QZWRH6MAF4/

 

 
 
 

Les réactions officielles à la mort de l’ancien dirigeant algérien Abdelaziz Bouteflika, qui a régné sur le pays pendant 20 ans, se font rares. Aujourd’hui, 19 septembre 2021, jour où Bouteflika est inhumé au carré des moudjahidine à Al Alia, le président français a présenté ses condoléances au peuple algérien.

 
 

C’est dans un communiqué, daté du 19 septembre et signé par le Palais de l’Élysée, que le président français Emmanuel Macron a rendu hommage, à sa façon, à « une figure majeure de l’histoire contemporaine de l’Algérie ». Pour l’Élysée, la vie de Bouteflika est « indissociable » de l’histoire du pays.

 
 

L’Élysée dresse alors un court portrait de l’ancien président algérien : « Engagé dans la lutte pour l’indépendance de son pays, il a ensuite incarné la politique étrangère ambitieuse de l’Algérie ». « Devenu chef de l’État, Abdelaziz Bouteflika fut un partenaire exigeant pour la France avec laquelle il a voulu engager une relation nouvelle », écrit encore l’Élysée.

 
 

Enfin, le président français Emmanuel Macron adresse ses « condoléances au peuple algérien », et se dit « engagé à développer des relations étroites d’estime et d’amitié » entre les peuples algérien et français.

 

 

 Aras Khalifa 19 Septembre 2021

https://observalgerie.com/2021/09/19/politique/macron-condoleances-bouteflika/

 

 

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Rédigé le 19/09/2021 à 16:45 dans Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)

Mort de Bouteflika: autorités embarrassées et citoyens hostiles

 

La mort d'Adbelaziz Bouteflika a suscité peu de commentaires à Alger samedi, aussi bien dans les médias que dans la rue, mis à part une certaine rancoeur palpable. L'ex-président avait été chassé du pouvoir en avril 2019 par les manifestations du mouvement Hirak

 

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M. Bouteflika, resté 20 ans à la tête de l'Algérie (1999-2019), un record de longévité dans ce pays, est décédé vendredi à l'âge de 84 ans, deux ans et demi après son spectaculaire départ du pouvoir.

Omniprésent durant des décennies mais devenu quasi invisible depuis un accident vasculaire cérébral (AVC) en 2013, M. Bouteflika n'avait donné aucun signe de vie depuis que la rue et l'armée l'avaient contraint à la démission, le 2 avril 2019.

Les autorités, mutiques jusqu'en fin de matinée samedi, ont annoncé que les drapeaux seraient mis en berne "pendant trois jours" à compter de samedi. Ceci a été décidé par le président Abdelmajid Tebboune, après "le décès de l'ancien président le Moudjahid (combattant de l'indépendance, ndlr) Abdelaziz Bouteflika", selon un communiqué de la présidence.

Dans la nuit, la présidence s'était contentée d'un communiqué laconique annonçant le décès de M. Bouteflika, né le 2 mars 1937, "à son lieu de résidence".

Samedi matin, radios et télévisions s'en tenaient toujours à une brève, sans lui consacrer d'émission spéciale. Les radios diffusaient de la musique et du divertissement comme un weekend normal.

L'information était absente aussi de la quasi-totalité des éditions papier des journaux, la nouvelle ayant été annoncée après leur bouclage. Mais certains, comme le quotidien gouvernemental El Moudjahid, en faisaient état dans un entrefilet dans leur édition électronique.

La date et le lieu de son enterrement n'ont pas encore été annoncés officiellement. Mais selon le site en arabe Sabqpress, généralement bien informé, M. Bouteflika sera inhumé dimanche au carré des martyrs du cimetière d'El-Alia, dans l'est d'Alger. C'est là que reposent tous ses prédécesseurs, aux côtés des grandes figures et martyrs de la guerre d'indépendance (1954-1962).

Dans la rue, les Algériens n'étaient pas indifférents à la mort du président déchu, accueillie par un flot de commentaires acrimonieux. "Paix à son âme. Mais il ne mérite aucun hommage car il n'a absolument rien fait pour le pays", lance à l'AFP Rabah, un marchand de fruits et légumes à El Achour, sur les hauteurs de la capitale.

Pour Malek, un employé des télécommunications, M. Bouteflika "a été incapable de réformer le pays en dépit de son long règne" à la tête de l'Algérie.

"Il a eu droit à une vie dorée, y compris depuis qu'il a été évincé du pouvoir. Mais force est de constater que son héritage n'est pas des plus reluisants", abonde Mohamed, un menuisier de 46 ans.

D'autres estiment au contraire que "le pays s'est amélioré quand il est devenu président", en allusion au processus de réconciliation après la décennie noire, déclare à l'AFP TV Amer, plongeur dans un restaurant.

"Il était reçu dans n'importe quel pays du monde", a ajouté cet homme de 46 ans, en référence à son passé d'ancien chef de la diplomatie d'Ahmed Ben Bella et de Houari Boumédienne. Mustapha, un lycéen de 19 ans dans le district de Biskra, qui n'a connu que lui comme président, estime qu'il "a apporté du positif".

Depuis sa chute spectaculaire en avril 2019 sous la pression de l'armée et de la rue, celui que les Algériens appelaient familièrement "Boutef" s'était enfermé dans la solitude de sa résidence médicalisée de Zeralda, où il a continué à jouir de tous les privilèges, selon des médias.

Selon ce site d'information, M. Bouteflika est mort à Zeralda, entouré de sa soeur Zhor, son frère Nacer et d'autres membres de sa famille. Un autre de ses frères, Said, emprisonné pour des accusations de corruption, a demandé à assister aux obsèques, selon le site Sabqpress.

 

 

 

Samedi, 18 septembre 2021

https://www.journaldujura.ch/nouvelles-en-ligne/monde/mort-de-bouteflika-autorites-embarrassees-et-citoyens-hostiles

 

 

 

 



 



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Rédigé le 18/09/2021 à 10:52 dans Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)

L'Algérie du XXIe siècle : L'élite scientifique et la guerre de quatrième génération

 

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«Force-les de bâtir ensemble une tour et tu les changeras en frères. Mais si tu veux qu'ils se haïssent, jette-leur du grain.» (Antoine de Saint-Exupéry)

 

Cette citation de Saint-Exupéry nous met en garde contre l’assistanat et nous invite à nous mobiliser autour d’un projet. Justement, nous avons plus que jamais besoin de nous mobiliser autour d’une utopie qui nous permettra de sévir contre des adversaires qui seront de plus en plus nombreux. Beaucoup d’études montrent que l’Algérie est visée par un nouveau reshapage du monde. De ce fait, il ne faut surtout pas sous-estimer nos adversaires et leurs capacités de nuisance et surtout nous ne devons pas vivre dans l’illusion que nous sommes invulnérables. Cruelle erreur. Des pays dépositaires de civilisations qui ont vu l’enfance de l’humanité sont en train de pâtir des possibilités de partition. Que devient l’Irak, la Syrie, le Yémen, la Libye, le Soudan, amputé de 1 million de kilomètres carrés,  sans parler de la Palestine qui a disparu des radars?

Il est bien connu que le Makhzen marocain a toujours eu en suspicion ses relations avec l’Algérie. L’Algérie a beau relativiser les incartades du royaume misant sur la nécessité de construire l’ensemble maghrébin que tout unit, en vain ! Les dernières «sorties» marocaines ont été la goutte qui a fait déborder le vase. Il fallait un coup d’arrêt à l’aventure. Ainsi, le 24 août 2021, l’Algérie décide la rupture des relations diplomatiques avec le Maroc. L’histoire a montré que le royaume du Maroc n’a jamais cessé de mener des actions hostiles à l’encontre de l’Algérie. La propagande et les services de sécurité marocains mènent une guerre ignoble contre l’Algérie, son peuple et ses dirigeants, en lançant des rumeurs et en diffusant des informations malveillantes et incendiaires. Voilà pour le résumé d’un feuilleton de raisons qui ont amené cette mise au point du gouvernement. 

Les provocations permanentes du Makhzen marocain


La décision de rupture est l’aboutissement   de plusieurs faits inamicaux inacceptables. Sans remonter dans le temps, à la traîtrise du roi du Maroc envers l’Émir Abdelkader, traîtrise qui lui a permis de faire rectifier la frontière algéro-marocaine suite au traité de Lalla Maghnia permettant ainsi à la Moulaya de dépendre du royaume alors que dans l’histoire, et ce,  depuis les Romains, il y a deux mille ans, «la Moulaya séparait les deux Maurétanies».

«Tous les documents antiques s’accordent à donner un grand cours d’eau pour limiter les deux Maurétanies. Le fleuve Mulucha, au temps de Salluste, séparait le royaume de Bocchus de celui de Jugurtha (…) Et c’est ainsi à la Malva que l’itinéraire d’Antonin place la frontière des deux provinces selon  ce qui a été convenu : Malva flumen dirimit Maurétanias duas».(1) 


Voilà pour l’histoire. Bien plus tard, l’Algérie traversait une période pénible. Il est vrai que le roi Hassan II a qualifié l’Algérie pendant la décennie noire de laboratoire de l’expression du terrorisme. De fait, depuis 1994, l’Algérie a décidé de fermer la frontière suite aux attentats de Marrakech, lorsque le Maroc avait accusé l’Algérie de terrorisme. Malgré tous ces manquements au bon voisinage, l’Algérie n’a pas accablé le Maroc du fait qu’il soit un pourvoyeur mondial de kif dans l’impunité la plus totale, notamment de la part de l’Europe qui en est ravitaillée via l’Espagne. Pour l’histoire, l’Émir Abdelkrim El Khattabi a proclamé, en 1922, la République confédérée des tribus du Rif. Il considère le cannabis comme haram, il est le seul à avoir presque réussi à interdire [sa] «production traditionnelle dans le Rif depuis le VIIe siècle».

Cette escalade du Maroc dénote une certaine fuite en avant concernant l’invasion du Sahara Occidental en 1975, dernière colonie en Afrique, inscrit depuis 1966 sur la liste des territoires non autonomes, et donc éligible à l'application de la résolution 1514 (XV) de 1960 de l'Assemblée Générale de l'ONU portant déclaration de l'octroi de l'indépendance aux pays et peuples coloniaux. La résolution 34/37 de 1979 appelle explicitement à la fin de l’occupation du territoire par le Maroc. Plus avant pourtant, le Maroc avait accepté de s’en remettre aux Nations-Unies en 1991 s’agissant de la cause sahraouie, ce qui a permis la fameuse rencontre sans lendemain de Zéralda en 1988 de l’Union maghrébine… 


Le Maroc espionne tout le monde et l’Algérie grâce à un logiciel israélien ! C’est une guerre sans mort,  guerre économique, voire géopolitique. On sait que le Maroc a toujours profité des largesses de l’Europe et des Occidentaux qui ferment les yeux sur les Tazmamart nombreux qu’avait mis en évidence dans son ouvrage l'écrivain français Gilles Perrault, Notre ami le Roi. Malgré tout cela, les Riadhs et autres petits cadeaux ont anesthésié aussi bien la droite réactionnaire, mais surtout la gauche bobo qui ont une conception à géométrie variable des droits de l’Homme. 

Les réactions de la classe politique 


Pour le politologue Yahia Zoubir, «cette rupture était inévitable et nécessaire ; d’aucuns jugeront qu’elle a tardé. Le problème entre les 2 pays ne date pas d’aujourd’hui. Le Maroc a  profité de la paralysie qui avait caractérisé les dernières années de la présidence de Bouteflika pour affaiblir les intérêts de l’Algérie en Afrique, dans le dossier du Sahara Occidental, en Europe et ailleurs. Une hostilité qui allait à l’encontre de toute pratique diplomatique. Mais de tous les actes hostiles, le soutien ouvert au MAK a dépassé le seuil de tolérance. On était en droit de penser que le roi Mohammed VI allait désavouer son ambassadeur à l’ONU, ce qui ne s’est pas produit. Le Maroc s’est senti revigoré par l’accord de Donald Trump concernant la normalisation entre le Maroc et Israël. D’où l’accélération  des attaques contre l’Algérie. La relance de la diplomatie de l’Algérie dans la région nord-africaine et au-delà conduira certainement à des réalignements géopolitiques. À mon avis, l’Algérie préservera sa politique de non-alignement, mais si des puissances étrangères à la région telles que les Émirats arabes unis et Israël décident de s’immiscer avec la complicité du Makhzen dans les affaires internes des pays de la région et de menacer la sécurité nationale de l’Algérie, celle-ci se rapprochera sans aucun doute de la Russie et de la Chine».(2)


Pour Mohamed Laichoubi, ancien ministre et ambassadeur, «cette décision envers le royaume chérifien était prévisible à plus d’un titre». «Il est admis, ajoute l’ancien diplomate, qu’entre pays voisins, il y a obligation de trouver toujours des compromis pour l’avenir des sociétés,  leurs économies respectives et leur destin commun. Mais quand les relations sont rompues, cela augure d’une situation grave.»  «Le Maroc n’est pas à sa première forfaiture, il avait toujours eu cet objectif de réduire la présence efficiente de l’Algérie à l’Union africaine», rappellera M. Laichoubi. Le processus d’agressivité a atteint son paroxysme en continuité du cynisme jusqu’à ramener Israël et l’aider dans sa volonté de repositionnement dans la région. «Israël, pour ne pas la nommer, table  sur la déchirure des sociétés, l’affaiblissement de leurs économies», avise-t-il. «On assiste à l’illusion, hélas, de libanisation de l’Algérie», présage-t-il.(3)


Parmi les autres réactions des partis et des hommes politiques qui, globalement, vont dans le sens de la décision du gouvernement,  il me semble que la réponse du Parti des travailleurs est la plus articulée en ce sens qu’il n’y a pas de suivisme béat. Au contraire, ce parti met en garde contre les rodomontades et rejoint notre inquiétude, à juste titre, sur les réponses à apporter par la suite. Nous lisons : «Les raisons ayant poussé l’Algérie à prendre une telle décision son légitimes. Nous exprimons notre regret devant une telle évolution des relations entre les deux pays et affirmons que les liens historiques de fraternité et d’entraide entre les deux peuples ne sauraient être affectés par les crises, quelle que soit leur ampleur.» Le Parti des travailleurs préconise «de régler tous les différends par les moyens politiques qui ferment le porte aux ingérences étrangères qui on détruit de nombreux pays, en particulier dans notre continent et dans le région du Machrek». «Il n’est pas question ‘’de minimiser le danger de la présence sioniste’’, les dangers qui nous viennent de le propagation du terrorisme dans la région du Sahel nous suffisent». «Notre pays dispose-t-il d’une immunité suffisante politiquement, économiquement et socialement pour faire face à tout danger interne ou externe ?»(4)


Enfin, une autre analyse qui a attiré mon attention est celle de Monsieur Abdallah Labidi, ancien ambassadeur tunisien. Il résume avec justesse les données de la crise et met en garde contre ce que l’on pourrait appeler un ordo ab chao, cher à l’Administration américaine sous l’ère Condoleezza Rice, ancienne secrétaire d’État. Il met en garde contre l'importation des conflits du Moyen-Orient au Maghreb arabe, soulignant que l'Algérie a toujours été une cible difficile à atteindre pour l'entité israélienne qui s'est introduite dans la région grâce au Maroc. La région est en proie à un grand conflit (...) et la question dépasse le Maroc et l'Algérie car il y a une volonté de transformer notre région en Proche-Orient-bis et le Maroc est en train de mettre le feu aux poudres, regrettant que le Maroc ait fait de son territoire une plate-forme pour le ministre des Affaires étrangères de l’entité sioniste, Yaïr Lapid, lui permettant de proférer des propos hostiles contre l'Algérie. Par ses agissements, le Maroc a voulu «faire le parallèle avec la demande algérienne de garantir au peuple sahraouie son droit à l'autodétermination», alors qu'il n'y a pas lieu de comparer ici vu que la question du Sahara Occidental est inscrite à l'ONU et qu’il existe une mission onusienne chargée de l'organisation d'un référendum d'autodétermination au Sahara Occidental. Qui plus est, les Nations-Unies et la Cour internationale de justice de La Haye ont reconnu que le Sahara Occidental n'est pas un territoire marocain et appelé à un référendum d'autodétermination pour le peuple sahraoui. «La reconnaissance par Donald Trump de la prétendue souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental visait à perturber la région. Cette reconnaissance n'a aucune valeur au niveau international.»(5)

La contribution  des citoyennes et des citoyens à l’apaisement permettra d’être résilient 


Le moins que l’on puisse dire est que l’Algérie a échappé à une tentative de guerre civile dont on ne connaît pas encore les tenants et les aboutissements. Comme un seul homme, l’Algérien s’est dressé contre des diviseurs qui pensaient arriver à déchirer le tissu social au nom d’une ethnie absconse. Dans ce cadre plus que jamais, il faut saluer le geste noble du père de Djamel Bensmaïl, geste qui a mis un coup d’arrêt à l’aventure. Il a déclaré qu’il était algérien et que les Algériens, quelle que soit leur latitude, sont frères. Une délégation de notables de Larbaâ-Nath-Irathen (Tizi-Ouzou) s’est déplacée il y a quelques jours à Miliana (Aïn- Defla), au domicile du défunt Djamel Bensmaïl, à laquelle ils ont remis un chèque de trois milliards de centimes (30 millions DA). Les membres de cette délégation ont présenté en leur nom et au nom des habitants de la wilaya de Tizi-Ouzou leurs condoléances  à la famille du défunt Djamel Bensmaïl. Dans le même temps, l’Assemblée populaire de wilaya (APW) de Tizi-Ouzou a annoncé avoir créé un prix pour la paix, la fraternité et l’unité, décerné, dans sa première édition, au père du défunt Djamel Bensmaïl. (…) «Malgré son drame et son chagrin, le père de Djamel Bensmaïl a fait preuve d’un sens élevé de patriotisme, de sagesse et de tolérance. Il a intervenu et mis fin à la fitna, que certains cercles voulaient promouvoir entre les enfants du peuple d’un même pays», a souligné le président d’APW.(6)


Nous ne devons ne jamais  oublier cela et trouver les voies et moyens de perpétuer ce type de messages.  Dans plusieurs de mes écrits, j'ai affirmé que le service national est un formidable  melting pot , c'est sans conteste un des creusets du vivre ensemble à côté du système éducatif universitaire. J’ai proposé que dans toutes les écoles, les collèges, les lycées et les universités, le premier cours porterait sur la tolérance, le vivre-ensemble et le faire ensemble.

Lettre plaidoyer à un «indépendantiste» 


Une contribution ancienne de Maâmar Farah, mais qui n’a pas pris un pli tant il est vrai que le problème du vivre-ensemble est plus que jamais d’actualité , est une réponse patriote à un «independantiste» qui, le moins que l’on puisse dire, n’a pas mesuré les conséquences de ses actes qui freinent le pays dans sa quête d’unité. Avec lucidité, Maâmar Farah parle de la nécessité de la déconstruction du jacobinisme pour permettre des respirations démocratiques à l’échelle des régions, ce qui n’enlève rien à l’unité du pays. Il écrit : «Autant le besoin de décentralisation est impérieux dans un pays de plus de deux millions de kilomètres carrés, autant l'idée d'indépendance d'une quelconque région est injustifiée, incohérente et irréalisable. Il vaut mieux parler de régionalisation dont les bienfaits sont évidents.       

 
L'Algérie a lamentablement suivi la formule jacobine française alors que le monde pullule d'exemple d'États forts et respectables s'appuyant sur une large décentralisation qui donne aux régions les moyens démocratiques de mettre en valeur leurs potentialités et d'assurer sécurité et prospérité à leurs habitants.  La nation où ils vivent — où tous les Algériens vivent — est un legs précieux de leurs ancêtres. Ses contours ont été tracés par le sang, depuis les époques lointaines des résistants contre les envahisseurs romain, vandale, byzantin, arabe, espagnol, turc, jusqu'à la lutte contre l'occupant français.»(7) 


Voulant montrer qu’il n’y a pas de spécificité dans la défense du pays contre l’envahisseur quel qu’il soit, il a rappelé l’interdiction du colonel Amirouche qui promettait de punir les djounoud qui parlaient de régionalisme. L’auteur «avoue» : «C'est dernièrement que j'ai appris que Tacfarinas était de chez moi (je n'aime pas ce ‘’chez moi’’, car ‘’chez moi’’, c'est toute l'Algérie, mais je l'utilise sciemment) ; donc j'apprenais que ce héros du combat contre le colonisateur romain était de Khemissa, sœur de Madaure, dans l'actuelle wilaya de Souk-Ahras. Par un autre hasard, j'appris qu'il est mort à Pomaria, c'est-à-dire l'actuelle Tlemcen, en combattant les mêmes envahisseurs. Sur sa route, il avait livré beaucoup de batailles dont l'une à Sour-el-Ghozlane, où il fut blessé (et non mort comme l'affirment plusieurs sources). Ce grand homme, dont on dit qu'il inventa les techniques de la guérilla, avait mené ses hommes de la frontière tunisienne aux confins algéro-marocains, cette nation existait déjà par le sang versé par ces martyrs tout au long d'un parcours qui deviendra, plusieurs siècles plus tard, celui de l'Algérie moderne. Ce sang n'était pas le sang des hommes de l'Est, ni celui versé par les hommes du Centre ou de l'Ouest... C'est à ce moment-là, au moment où il s'est mélangé, dans le même combat et pour les mêmes aspirations, qu'il a donné naissance à cette grande nation que d'aucuns, parmi nos ennemis, renient.»(7) 


Terminant son plaidoyer avec l’espoir, vain de notre point de vue, de convaincre «l’indépendantiste» : «C'est cela l'idée de l'Algérie : une idée née autour des valeurs de luttes pour l'indépendance et de combats pour la dignité. (….) Que dire à mes amis kabyles de Annaba et d'El-Bayadh, de Tam et de Djelfa, de Tébessa et de Tlemcen, qui n'ont jamais ressenti la moindre inquiétude dans leur vie et dont les parents et, parfois, les arrière- grands-parents, ont quitté leur Kabylie natale, pour vivre ailleurs, dans leur pays, parmi les leurs ? Faudra-t-il leur délivrer un passeport pour qu'ils aillent, en pèlerinage, dans le bled d'origine de leurs ancêtres ?  Les Kabyles, les Soufis, les Mozabites, les Ferdjiouas, les Djijeliens, les Ouled Darradj, les Ouled Naïls, les berbérophones et les arabophones ont vécu en parfaite harmonie, ici, sur les terres numides. Que dire demain à nos pères ? Que dire à l'histoire lointaine et proche ? Et que répondre aux questions cruciales de l'avenir ?»(7)

Que faire  pour tisser la trame du récit national? La réponse ne peut être que dans le temps long 

Dans le même ordre que le cri du cœur de Maâmar Farah, j’ajoute que nous devons être convaincus par le sacerdoce du vivre-ensemble et la nécessité de la construction du projet de société par la justice, le brassage permanent, le parler vrai à cette jeunesse qu’il faut convaincre que nous n’avons pas de patrie de rechange… Le mouvement sécessionniste marchande rien moins que la partition du pays ! Se proclamant leader pour négocier le sort de la Kabylie, il oublie que la Kabylie appartient aux Algériens, quelle que soit leur région. Comme l’a écrit un écrivain connu : «Chacun d’entre nous a droit à une part en Kabylie.» (Nsal fiha chbar). Cette revendication de chacun plonge ses racines dans le combat anonyme de millions d’Algériens bercés par cette conviction d’appartenance à un grand pays à défendre d’est en ouest et du nord au sud. 


En fait, le premier des chantiers est celui du récit national. Nous devons, à l’instar de toutes les nations, avoir des icones fondatrices du récit national. Il en est ainsi de la destinée manifeste des Américains, de Jeanne d’Arc en France, voire d’un mandat de Dieu pour le peuple élu. La difficulté d’ouvrir le fichier sur l’identité des Algériens dans ce XXIe siècle de tout les dangers. Cette quasi-errance ouvre un boulevard à tout ceux tentés par l’aventure de tenter de fracturer un pays que 132 ans de colonisation abjecte n’ont pas pu réaliser. De mon point de vue, le fait de différer constamment la question qui est de définir le projet de société et s’interroger sur ce que c’est qu’être algérien au XXIe siècle est porteuse de danger.

Quels sont nos fondamentaux culturels et cultuels ? La quête d’un récit national consensuel, qui fait siens aussi bien Massinissa que Jugurtha que l’Émir Abdelkader et qui se réfère à un Islam de 1 400 ans  fait de tolérance, est un chantier qui attend toujours d’être ouvert tant il est vrai que l’aboutissement à un vivre-ensemble au nom d’une algérianité assumée qui coupera la route à l’aventure de ceux qui cherchent leur légitimité soit auprès de l’ancien colonisateur ou d’une sphère moyen-orientale installée dans les temps morts. Nous irons alors à la conquête du savoir ayant des racines assumées et des ailes pour prendre notre envol et apporter notre part à la civilisation humaine. Plus que jamais, nous appelons de nos vœux un aggiornamento qui nous permettra de rentrer enfin dans ce XXIe siècle de tous les dangers .

La réalité du monde que nous devons métaboliser dans nos actions


Nous n’avons pas fait le tour de toutes les surprises que l’on peut avoir d’un comportement imprévisible d’un adversaire épaulé par une puissance déterminée à nous amener à ses vues. Nous sommes dans un siècle où les armes classiques sont de moins en moins efficaces. Un adversaire invisible du fin fond d’une salle climatisée peut démolir le fonctionnement d’un pays en s’emparant des codes informatiques des centrales thermiques, des logiciels de planification et de régulation, des différents organes de fonctionnement d’un pays (armée aviation…).  Dans cette guerre sans mort, cette guerre de quatrième génération fait appel à la maîtrise des nouvelles techniques reposant sur la technologie. C’est de fait  le défi principal du XXIe siècle, engageant la sécurité mondiale et toute inadaptation à ces mutations isolerait encore plus le pays. Il faut croire l’ANP quand elle déclare qu’elle déjoue des milliers de piratages.

Nous n’avons pas compris qu’il faut changer totalement de logiciel. Avec son logiciel Pegasus, Israël peut espionner tout le monde. Il le fait en faisant endosser cela aux services marocains. Le monde est à la nanotechnologie, aux robots, à l’homme augmenté. La guerre classique fait partie de l’histoire. En traversant le siècle, nous avons laissé derrière nous la guerre classique. Les vrais combats sont ceux de l’intelligence. Les centres de recherche des armées recrutent des milliers d’ingénieurs et de docteurs. 


Doit-on continuer à regarder dans le rétroviseur alors que le monde avance et n’a que faire de nos états d’âme et de ses combats d’arrière-garde ? Doit-on continuer à nous lamenter en comptant les points des coups reçus ou sommes-nous déterminés à nous battre avec les armes du XXIe siècle ? Il est temps de ré-étalonner notre rapport au monde. Un maître-mot : le savoir. Si nous décidons de donner une visibilité à l’Algérie pour qu’elle ne devienne pas une zone grise, ce ne sont plus des rodomontades sans lendemain. C’est la mise en place sans tarder en laissant l’idéologie en dehors de l’école et de l’université. 


Dans ce cadre, le mieux est de prendre acte et de prendre rendez-vous avec l’Histoire et se mettre au travail autour d’un projet, celui d’une Algérie du futur qui donne sa chance et où ceux qui ont une valeur ajoutée la mettraient au service du pays, barrant la route à tous ceux tentés par l’aventure et qui croient trouver dans l’adoubement à l’ancienne puissance une façon de rendre service au pays. Cruelle erreur ! On sait ce que c’est que la démocratie aéroportée pour des pays vulnérables. Un exemple récent, l’Afghanistan. Comme sont tentés par l’aventure de combats d’arrière-garde ceux qui s’arriment à la sphère moyen-orientale, autrement plus féroce contre l’Algérie qui refuse de rentrer dans leur rang. 

Le campus de l’intelligence de Sidi Abdallah avec une ambition et des moyens

 Devant les nuages qui s’accumulent du fait de nouvelles de guerre  dites de quatrième génération, où nous ne voyons pas l’adversaire qui généralement est difficile à déceler. La seule parade est de mettre des stratégies préventives très résilientes et pouvant répondre  rapidement . De ce fait, il est urgent que La formation de l’élite capable  soit capable de rendre coup pour coup par  nécessité vitale. Il serait présomptueux d’en attendre des résultats dans un futur immédiat. Nous ne pouvons entrer dans le développement d’une parade efficace par effraction, c’est une lente maturation, ce sont des nuits blanches, c’est une autre Révolution qu’il faut mener en rassemblant toutes les opportunités pour déceler l’élite à tout les niveaux.

 Un pays comme le Maroc , l’a compris : Quand les élèves des grandes écoles préparent les classes préparatoires en France, Hassan II reçoit les élèves la veille de leur départ en France et leur dit qu’il compte sur eux. Résultat des courses, il y a des dizaines de polytechniciens marocains : «Depuis 1985, le nombre d’élèves marocains passant de 68 à 128 élèves entre 1955-1985 et 1986-2000 a doublé. Cette augmentation confère au Maroc le premier rang de la fréquentation étrangère de l’École polytechnique. On compte 17 élèves algériens des promotions 1963 à 1985 à l’École Polytechnique de Paris, proportion inchangée de1986 à 2000. Deux caractéristiques majeures différencient la situation marocaine de la tunisienne. D’une part, le nombre de polytechniciens marocains qui continuent à rentrer au pays reste relativement élevé en comparaison : ils sont 21 sur 38 (55%) dans les promotions 1948-1980, 12 sur 29 dans les promotions 1981-1985 (41%) et 25 sur 48 dans les promotions 1986-1992 (52%). Où sont les polytechniciens algériens?»(8) 


Ce campus de Sidi Abdallah devrait pouvoir avoir toutes les sollicitudes en termes de moyens. L’élite formée dans de bonnes conditions devrait pouvoir permettre de donner la pleine mesure de son talent en étant sécurisée du point de vue de l’emploi. Pour être en phase avec la réalité du monde, notamment pour investir les nouvelles disciplines qui interviennent dans la cyber-sécurité, il nous faut former chaque année des dizaines de milliers d’informaticiens, d’ingénieurs en intelligence artificielle/an.


 Les écoles d’intelligence artificielle et de mathématiques devraient être complétées par les autres concernant les autres domaines. C’est le cas de l’informatique, de la robotique, de l’électronique, de la transition énergétique (ITEER)… Quelle que soit la santé financière du pays, il faut mettre en place un campus de l’intelligence à Sidi Abdallah où nous devons former les futures troupes scientifiques capables de répondre d’une façon appropriée aux différentes agressions d’un nouveau type, où vous ne voyez plus votre adversaire «à l’ancienne».


L’Algérie doit savoir qu’elle va au-devant de difficultés de plus en plus complexes. Notre adversaire n’est pas celui désigné mais c’est toute la capacité de nuisance de l’allié israélien du Makhzen dont nous aurons aussi à nous prémunir. Nous avons déjà un échantillon de cette collusion avec le programme Pegasus. Un autre danger dans les prochaines années et la concurrence concernant la vente de gaz des gisements en Méditerranée orientale. L’Italie, la Grèce, et Chypre ont paraphé un plan avec Israël prévoyant la construction d’un gazoduc allant des champs gaziers maritimes israéliens vers les côtes sud-européennes. 

 Plus que jamais nous avons besoin de consolider dans toutes nos actions la nécessité d un récit national décliné de façon différente mais complémentaire aussi bien dans le système éducatif en permettant le brassage que dans toutes les actions qui nécessitent, qui font intervenir les différentes régions du pays. Au risque de me répéter , l'économie de la connaissance devra être la colonne  vertébrale de toute vision du futur

Le célèbre écrivain Antoine de Saint-Exupéry qui écrivit notamment: " le petit prince", parlant de l’engouement à développer au sein des jeunes en terme de mobilisation propose de ne pas se situer au détail mais viser plus haut. L’Utopie. Il écrit : «Si tu veux construire un bateau, ne rassemble pas tes hommes et femmes pour leur donner des ordres, pour expliquer chaque détail, pour leur dire où trouver chaque chose. Si tu veux construire un bateau, fais naître dans le cœur de tes hommes et femmes le désir de la mer.»

Mutatis mutandis, nous devons faire naître au sein de la jeunesse ce désir d’être utile et d’être acteurs de leur destin, ce désir de construire, de se sentir responsable de l’avenir du pays et ceci par des chantiers permanents qui développent en eux à la fois la conviction d'être utiles et de compter dans l'échelle des valeurs sociales, mais aussi cet esprit pionnier qui est le moteur de la marche des civilisations.

Un exemple ? Le développement du Sud dans ses multiples dimensions : utilisant les énergies renouvelables, développant l’agriculture, créant des villes nouvelles autant de chantiers qui créeront une nouvelle utopie.,celle de faire du Sahara une nouvelle Californie. Amen.

 

Cette citation de Saint-Exupéry nous met en garde contre l’assistanat et nous invite à nous mobiliser autour d’un projet. Justement, nous avons plus que jamais besoin de nous mobiliser autour d’une utopie qui nous permettra de sévir contre des adversaires qui seront de plus en plus nombreux. Beaucoup d’études montrent que l’Algérie est visée par un nouveau reshapage du monde. De ce fait, il ne faut surtout pas sous-estimer nos adversaires et leurs capacités de nuisance et surtout nous ne devons pas vivre dans l’illusion que nous sommes invulnérables. Cruelle erreur. Des pays dépositaires de civilisations qui ont vu l’enfance de l’humanité sont en train de pâtir des possibilités de partition. Que devient l’Irak, la Syrie, le Yémen, la Libye, le Soudan, amputé de 1 million de kilomètres carrés,  sans parler de la Palestine qui a disparu des radars?

Il est bien connu que le Makhzen marocain a toujours eu en suspicion ses relations avec l’Algérie. L’Algérie a beau relativiser les incartades du royaume misant sur la nécessité de construire l’ensemble maghrébin que tout unit, en vain ! Les dernières «sorties» marocaines ont été la goutte qui a fait déborder le vase. Il fallait un coup d’arrêt à l’aventure. Ainsi, le 24 août 2021, l’Algérie décide la rupture des relations diplomatiques avec le Maroc. L’histoire a montré que le royaume du Maroc n’a jamais cessé de mener des actions hostiles à l’encontre de l’Algérie. La propagande et les services de sécurité marocains mènent une guerre ignoble contre l’Algérie, son peuple et ses dirigeants, en lançant des rumeurs et en diffusant des informations malveillantes et incendiaires. Voilà pour le résumé d’un feuilleton de raisons qui ont amené cette mise au point du gouvernement. 

Les provocations permanentes du Makhzen marocain


La décision de rupture est l’aboutissement   de plusieurs faits inamicaux inacceptables. Sans remonter dans le temps, à la traîtrise du roi du Maroc envers l’Émir Abdelkader, traîtrise qui lui a permis de faire rectifier la frontière algéro-marocaine suite au traité de Lalla Maghnia permettant ainsi à la Moulaya de dépendre du royaume alors que dans l’histoire, et ce,  depuis les Romains, il y a deux mille ans, «la Moulaya séparait les deux Maurétanies».

«Tous les documents antiques s’accordent à donner un grand cours d’eau pour limiter les deux Maurétanies. Le fleuve Mulucha, au temps de Salluste, séparait le royaume de Bocchus de celui de Jugurtha (…) Et c’est ainsi à la Malva que l’itinéraire d’Antonin place la frontière des deux provinces selon  ce qui a été convenu : Malva flumen dirimit Maurétanias duas».(1) 


Voilà pour l’histoire. Bien plus tard, l’Algérie traversait une période pénible. Il est vrai que le roi Hassan II a qualifié l’Algérie pendant la décennie noire de laboratoire de l’expression du terrorisme. De fait, depuis 1994, l’Algérie a décidé de fermer la frontière suite aux attentats de Marrakech, lorsque le Maroc avait accusé l’Algérie de terrorisme. Malgré tous ces manquements au bon voisinage, l’Algérie n’a pas accablé le Maroc du fait qu’il soit un pourvoyeur mondial de kif dans l’impunité la plus totale, notamment de la part de l’Europe qui en est ravitaillée via l’Espagne. Pour l’histoire, l’Émir Abdelkrim El Khattabi a proclamé, en 1922, la République confédérée des tribus du Rif. Il considère le cannabis comme haram, il est le seul à avoir presque réussi à interdire [sa] «production traditionnelle dans le Rif depuis le VIIe siècle».

Cette escalade du Maroc dénote une certaine fuite en avant concernant l’invasion du Sahara Occidental en 1975, dernière colonie en Afrique, inscrit depuis 1966 sur la liste des territoires non autonomes, et donc éligible à l'application de la résolution 1514 (XV) de 1960 de l'Assemblée Générale de l'ONU portant déclaration de l'octroi de l'indépendance aux pays et peuples coloniaux. La résolution 34/37 de 1979 appelle explicitement à la fin de l’occupation du territoire par le Maroc. Plus avant pourtant, le Maroc avait accepté de s’en remettre aux Nations-Unies en 1991 s’agissant de la cause sahraouie, ce qui a permis la fameuse rencontre sans lendemain de Zéralda en 1988 de l’Union maghrébine… 


Le Maroc espionne tout le monde et l’Algérie grâce à un logiciel israélien ! C’est une guerre sans mort,  guerre économique, voire géopolitique. On sait que le Maroc a toujours profité des largesses de l’Europe et des Occidentaux qui ferment les yeux sur les Tazmamart nombreux qu’avait mis en évidence dans son ouvrage l'écrivain français Gilles Perrault, Notre ami le Roi. Malgré tout cela, les Riadhs et autres petits cadeaux ont anesthésié aussi bien la droite réactionnaire, mais surtout la gauche bobo qui ont une conception à géométrie variable des droits de l’Homme. 

Les réactions de la classe politique 


Pour le politologue Yahia Zoubir, «cette rupture était inévitable et nécessaire ; d’aucuns jugeront qu’elle a tardé. Le problème entre les 2 pays ne date pas d’aujourd’hui. Le Maroc a  profité de la paralysie qui avait caractérisé les dernières années de la présidence de Bouteflika pour affaiblir les intérêts de l’Algérie en Afrique, dans le dossier du Sahara Occidental, en Europe et ailleurs. Une hostilité qui allait à l’encontre de toute pratique diplomatique. Mais de tous les actes hostiles, le soutien ouvert au MAK a dépassé le seuil de tolérance. On était en droit de penser que le roi Mohammed VI allait désavouer son ambassadeur à l’ONU, ce qui ne s’est pas produit. Le Maroc s’est senti revigoré par l’accord de Donald Trump concernant la normalisation entre le Maroc et Israël. D’où l’accélération  des attaques contre l’Algérie. La relance de la diplomatie de l’Algérie dans la région nord-africaine et au-delà conduira certainement à des réalignements géopolitiques. À mon avis, l’Algérie préservera sa politique de non-alignement, mais si des puissances étrangères à la région telles que les Émirats arabes unis et Israël décident de s’immiscer avec la complicité du Makhzen dans les affaires internes des pays de la région et de menacer la sécurité nationale de l’Algérie, celle-ci se rapprochera sans aucun doute de la Russie et de la Chine».(2)


Pour Mohamed Laichoubi, ancien ministre et ambassadeur, «cette décision envers le royaume chérifien était prévisible à plus d’un titre». «Il est admis, ajoute l’ancien diplomate, qu’entre pays voisins, il y a obligation de trouver toujours des compromis pour l’avenir des sociétés,  leurs économies respectives et leur destin commun. Mais quand les relations sont rompues, cela augure d’une situation grave.»  «Le Maroc n’est pas à sa première forfaiture, il avait toujours eu cet objectif de réduire la présence efficiente de l’Algérie à l’Union africaine», rappellera M. Laichoubi. Le processus d’agressivité a atteint son paroxysme en continuité du cynisme jusqu’à ramener Israël et l’aider dans sa volonté de repositionnement dans la région. «Israël, pour ne pas la nommer, table  sur la déchirure des sociétés, l’affaiblissement de leurs économies», avise-t-il. «On assiste à l’illusion, hélas, de libanisation de l’Algérie», présage-t-il.(3)


Parmi les autres réactions des partis et des hommes politiques qui, globalement, vont dans le sens de la décision du gouvernement,  il me semble que la réponse du Parti des travailleurs est la plus articulée en ce sens qu’il n’y a pas de suivisme béat. Au contraire, ce parti met en garde contre les rodomontades et rejoint notre inquiétude, à juste titre, sur les réponses à apporter par la suite. Nous lisons : «Les raisons ayant poussé l’Algérie à prendre une telle décision son légitimes. Nous exprimons notre regret devant une telle évolution des relations entre les deux pays et affirmons que les liens historiques de fraternité et d’entraide entre les deux peuples ne sauraient être affectés par les crises, quelle que soit leur ampleur.» Le Parti des travailleurs préconise «de régler tous les différends par les moyens politiques qui ferment le porte aux ingérences étrangères qui on détruit de nombreux pays, en particulier dans notre continent et dans le région du Machrek». «Il n’est pas question ‘’de minimiser le danger de la présence sioniste’’, les dangers qui nous viennent de le propagation du terrorisme dans la région du Sahel nous suffisent». «Notre pays dispose-t-il d’une immunité suffisante politiquement, économiquement et socialement pour faire face à tout danger interne ou externe ?»(4)


Enfin, une autre analyse qui a attiré mon attention est celle de Monsieur Abdallah Labidi, ancien ambassadeur tunisien. Il résume avec justesse les données de la crise et met en garde contre ce que l’on pourrait appeler un ordo ab chao, cher à l’Administration américaine sous l’ère Condoleezza Rice, ancienne secrétaire d’État. Il met en garde contre l'importation des conflits du Moyen-Orient au Maghreb arabe, soulignant que l'Algérie a toujours été une cible difficile à atteindre pour l'entité israélienne qui s'est introduite dans la région grâce au Maroc. La région est en proie à un grand conflit (...) et la question dépasse le Maroc et l'Algérie car il y a une volonté de transformer notre région en Proche-Orient-bis et le Maroc est en train de mettre le feu aux poudres, regrettant que le Maroc ait fait de son territoire une plate-forme pour le ministre des Affaires étrangères de l’entité sioniste, Yaïr Lapid, lui permettant de proférer des propos hostiles contre l'Algérie. Par ses agissements, le Maroc a voulu «faire le parallèle avec la demande algérienne de garantir au peuple sahraouie son droit à l'autodétermination», alors qu'il n'y a pas lieu de comparer ici vu que la question du Sahara Occidental est inscrite à l'ONU et qu’il existe une mission onusienne chargée de l'organisation d'un référendum d'autodétermination au Sahara Occidental. Qui plus est, les Nations-Unies et la Cour internationale de justice de La Haye ont reconnu que le Sahara Occidental n'est pas un territoire marocain et appelé à un référendum d'autodétermination pour le peuple sahraoui. «La reconnaissance par Donald Trump de la prétendue souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental visait à perturber la région. Cette reconnaissance n'a aucune valeur au niveau international.»(5)

La contribution  des citoyennes et des citoyens à l’apaisement permettra d’être résilient 


Le moins que l’on puisse dire est que l’Algérie a échappé à une tentative de guerre civile dont on ne connaît pas encore les tenants et les aboutissements. Comme un seul homme, l’Algérien s’est dressé contre des diviseurs qui pensaient arriver à déchirer le tissu social au nom d’une ethnie absconse. Dans ce cadre plus que jamais, il faut saluer le geste noble du père de Djamel Bensmaïl, geste qui a mis un coup d’arrêt à l’aventure. Il a déclaré qu’il était algérien et que les Algériens, quelle que soit leur latitude, sont frères. Une délégation de notables de Larbaâ-Nath-Irathen (Tizi-Ouzou) s’est déplacée il y a quelques jours à Miliana (Aïn- Defla), au domicile du défunt Djamel Bensmaïl, à laquelle ils ont remis un chèque de trois milliards de centimes (30 millions DA). Les membres de cette délégation ont présenté en leur nom et au nom des habitants de la wilaya de Tizi-Ouzou leurs condoléances  à la famille du défunt Djamel Bensmaïl. Dans le même temps, l’Assemblée populaire de wilaya (APW) de Tizi-Ouzou a annoncé avoir créé un prix pour la paix, la fraternité et l’unité, décerné, dans sa première édition, au père du défunt Djamel Bensmaïl. (…) «Malgré son drame et son chagrin, le père de Djamel Bensmaïl a fait preuve d’un sens élevé de patriotisme, de sagesse et de tolérance. Il a intervenu et mis fin à la fitna, que certains cercles voulaient promouvoir entre les enfants du peuple d’un même pays», a souligné le président d’APW.(6)


Nous ne devons ne jamais  oublier cela et trouver les voies et moyens de perpétuer ce type de messages.  Dans plusieurs de mes écrits, j'ai affirmé que le service national est un formidable  melting pot , c'est sans conteste un des creusets du vivre ensemble à côté du système éducatif universitaire. J’ai proposé que dans toutes les écoles, les collèges, les lycées et les universités, le premier cours porterait sur la tolérance, le vivre-ensemble et le faire ensemble.

Lettre plaidoyer à un «indépendantiste» 


Une contribution ancienne de Maâmar Farah, mais qui n’a pas pris un pli tant il est vrai que le problème du vivre-ensemble est plus que jamais d’actualité , est une réponse patriote à un «independantiste» qui, le moins que l’on puisse dire, n’a pas mesuré les conséquences de ses actes qui freinent le pays dans sa quête d’unité. Avec lucidité, Maâmar Farah parle de la nécessité de la déconstruction du jacobinisme pour permettre des respirations démocratiques à l’échelle des régions, ce qui n’enlève rien à l’unité du pays. Il écrit : «Autant le besoin de décentralisation est impérieux dans un pays de plus de deux millions de kilomètres carrés, autant l'idée d'indépendance d'une quelconque région est injustifiée, incohérente et irréalisable. Il vaut mieux parler de régionalisation dont les bienfaits sont évidents.       

 
L'Algérie a lamentablement suivi la formule jacobine française alors que le monde pullule d'exemple d'États forts et respectables s'appuyant sur une large décentralisation qui donne aux régions les moyens démocratiques de mettre en valeur leurs potentialités et d'assurer sécurité et prospérité à leurs habitants.  La nation où ils vivent — où tous les Algériens vivent — est un legs précieux de leurs ancêtres. Ses contours ont été tracés par le sang, depuis les époques lointaines des résistants contre les envahisseurs romain, vandale, byzantin, arabe, espagnol, turc, jusqu'à la lutte contre l'occupant français.»(7) 


Voulant montrer qu’il n’y a pas de spécificité dans la défense du pays contre l’envahisseur quel qu’il soit, il a rappelé l’interdiction du colonel Amirouche qui promettait de punir les djounoud qui parlaient de régionalisme. L’auteur «avoue» : «C'est dernièrement que j'ai appris que Tacfarinas était de chez moi (je n'aime pas ce ‘’chez moi’’, car ‘’chez moi’’, c'est toute l'Algérie, mais je l'utilise sciemment) ; donc j'apprenais que ce héros du combat contre le colonisateur romain était de Khemissa, sœur de Madaure, dans l'actuelle wilaya de Souk-Ahras. Par un autre hasard, j'appris qu'il est mort à Pomaria, c'est-à-dire l'actuelle Tlemcen, en combattant les mêmes envahisseurs. Sur sa route, il avait livré beaucoup de batailles dont l'une à Sour-el-Ghozlane, où il fut blessé (et non mort comme l'affirment plusieurs sources). Ce grand homme, dont on dit qu'il inventa les techniques de la guérilla, avait mené ses hommes de la frontière tunisienne aux confins algéro-marocains, cette nation existait déjà par le sang versé par ces martyrs tout au long d'un parcours qui deviendra, plusieurs siècles plus tard, celui de l'Algérie moderne. Ce sang n'était pas le sang des hommes de l'Est, ni celui versé par les hommes du Centre ou de l'Ouest... C'est à ce moment-là, au moment où il s'est mélangé, dans le même combat et pour les mêmes aspirations, qu'il a donné naissance à cette grande nation que d'aucuns, parmi nos ennemis, renient.»(7) 


Terminant son plaidoyer avec l’espoir, vain de notre point de vue, de convaincre «l’indépendantiste» : «C'est cela l'idée de l'Algérie : une idée née autour des valeurs de luttes pour l'indépendance et de combats pour la dignité. (….) Que dire à mes amis kabyles de Annaba et d'El-Bayadh, de Tam et de Djelfa, de Tébessa et de Tlemcen, qui n'ont jamais ressenti la moindre inquiétude dans leur vie et dont les parents et, parfois, les arrière- grands-parents, ont quitté leur Kabylie natale, pour vivre ailleurs, dans leur pays, parmi les leurs ? Faudra-t-il leur délivrer un passeport pour qu'ils aillent, en pèlerinage, dans le bled d'origine de leurs ancêtres ?  Les Kabyles, les Soufis, les Mozabites, les Ferdjiouas, les Djijeliens, les Ouled Darradj, les Ouled Naïls, les berbérophones et les arabophones ont vécu en parfaite harmonie, ici, sur les terres numides. Que dire demain à nos pères ? Que dire à l'histoire lointaine et proche ? Et que répondre aux questions cruciales de l'avenir ?»(7)

Que faire  pour tisser la trame du récit national? La réponse ne peut être que dans le temps long 

Dans le même ordre que le cri du cœur de Maâmar Farah, j’ajoute que nous devons être convaincus par le sacerdoce du vivre-ensemble et la nécessité de la construction du projet de société par la justice, le brassage permanent, le parler vrai à cette jeunesse qu’il faut convaincre que nous n’avons pas de patrie de rechange… Le mouvement sécessionniste marchande rien moins que la partition du pays ! Se proclamant leader pour négocier le sort de la Kabylie, il oublie que la Kabylie appartient aux Algériens, quelle que soit leur région. Comme l’a écrit un écrivain connu : «Chacun d’entre nous a droit à une part en Kabylie.» (Nsal fiha chbar). Cette revendication de chacun plonge ses racines dans le combat anonyme de millions d’Algériens bercés par cette conviction d’appartenance à un grand pays à défendre d’est en ouest et du nord au sud. 


En fait, le premier des chantiers est celui du récit national. Nous devons, à l’instar de toutes les nations, avoir des icones fondatrices du récit national. Il en est ainsi de la destinée manifeste des Américains, de Jeanne d’Arc en France, voire d’un mandat de Dieu pour le peuple élu. La difficulté d’ouvrir le fichier sur l’identité des Algériens dans ce XXIe siècle de tout les dangers. Cette quasi-errance ouvre un boulevard à tout ceux tentés par l’aventure de tenter de fracturer un pays que 132 ans de colonisation abjecte n’ont pas pu réaliser. De mon point de vue, le fait de différer constamment la question qui est de définir le projet de société et s’interroger sur ce que c’est qu’être algérien au XXIe siècle est porteuse de danger.

Quels sont nos fondamentaux culturels et cultuels ? La quête d’un récit national consensuel, qui fait siens aussi bien Massinissa que Jugurtha que l’Émir Abdelkader et qui se réfère à un Islam de 1 400 ans  fait de tolérance, est un chantier qui attend toujours d’être ouvert tant il est vrai que l’aboutissement à un vivre-ensemble au nom d’une algérianité assumée qui coupera la route à l’aventure de ceux qui cherchent leur légitimité soit auprès de l’ancien colonisateur ou d’une sphère moyen-orientale installée dans les temps morts. Nous irons alors à la conquête du savoir ayant des racines assumées et des ailes pour prendre notre envol et apporter notre part à la civilisation humaine. Plus que jamais, nous appelons de nos vœux un aggiornamento qui nous permettra de rentrer enfin dans ce XXIe siècle de tous les dangers .

La réalité du monde que nous devons métaboliser dans nos actions


Nous n’avons pas fait le tour de toutes les surprises que l’on peut avoir d’un comportement imprévisible d’un adversaire épaulé par une puissance déterminée à nous amener à ses vues. Nous sommes dans un siècle où les armes classiques sont de moins en moins efficaces. Un adversaire invisible du fin fond d’une salle climatisée peut démolir le fonctionnement d’un pays en s’emparant des codes informatiques des centrales thermiques, des logiciels de planification et de régulation, des différents organes de fonctionnement d’un pays (armée aviation…).  Dans cette guerre sans mort, cette guerre de quatrième génération fait appel à la maîtrise des nouvelles techniques reposant sur la technologie. C’est de fait  le défi principal du XXIe siècle, engageant la sécurité mondiale et toute inadaptation à ces mutations isolerait encore plus le pays. Il faut croire l’ANP quand elle déclare qu’elle déjoue des milliers de piratages.

Nous n’avons pas compris qu’il faut changer totalement de logiciel. Avec son logiciel Pegasus, Israël peut espionner tout le monde. Il le fait en faisant endosser cela aux services marocains. Le monde est à la nanotechnologie, aux robots, à l’homme augmenté. La guerre classique fait partie de l’histoire. En traversant le siècle, nous avons laissé derrière nous la guerre classique. Les vrais combats sont ceux de l’intelligence. Les centres de recherche des armées recrutent des milliers d’ingénieurs et de docteurs. 


Doit-on continuer à regarder dans le rétroviseur alors que le monde avance et n’a que faire de nos états d’âme et de ses combats d’arrière-garde ? Doit-on continuer à nous lamenter en comptant les points des coups reçus ou sommes-nous déterminés à nous battre avec les armes du XXIe siècle ? Il est temps de ré-étalonner notre rapport au monde. Un maître-mot : le savoir. Si nous décidons de donner une visibilité à l’Algérie pour qu’elle ne devienne pas une zone grise, ce ne sont plus des rodomontades sans lendemain. C’est la mise en place sans tarder en laissant l’idéologie en dehors de l’école et de l’université. 


Dans ce cadre, le mieux est de prendre acte et de prendre rendez-vous avec l’Histoire et se mettre au travail autour d’un projet, celui d’une Algérie du futur qui donne sa chance et où ceux qui ont une valeur ajoutée la mettraient au service du pays, barrant la route à tous ceux tentés par l’aventure et qui croient trouver dans l’adoubement à l’ancienne puissance une façon de rendre service au pays. Cruelle erreur ! On sait ce que c’est que la démocratie aéroportée pour des pays vulnérables. Un exemple récent, l’Afghanistan. Comme sont tentés par l’aventure de combats d’arrière-garde ceux qui s’arriment à la sphère moyen-orientale, autrement plus féroce contre l’Algérie qui refuse de rentrer dans leur rang. 

Le campus de l’intelligence de Sidi Abdallah avec une ambition et des moyens

 Devant les nuages qui s’accumulent du fait de nouvelles de guerre  dites de quatrième génération, où nous ne voyons pas l’adversaire qui généralement est difficile à déceler. La seule parade est de mettre des stratégies préventives très résilientes et pouvant répondre  rapidement . De ce fait, il est urgent que La formation de l’élite capable  soit capable de rendre coup pour coup par  nécessité vitale. Il serait présomptueux d’en attendre des résultats dans un futur immédiat. Nous ne pouvons entrer dans le développement d’une parade efficace par effraction, c’est une lente maturation, ce sont des nuits blanches, c’est une autre Révolution qu’il faut mener en rassemblant toutes les opportunités pour déceler l’élite à tout les niveaux.

 Un pays comme le Maroc , l’a compris : Quand les élèves des grandes écoles préparent les classes préparatoires en France, Hassan II reçoit les élèves la veille de leur départ en France et leur dit qu’il compte sur eux. Résultat des courses, il y a des dizaines de polytechniciens marocains : «Depuis 1985, le nombre d’élèves marocains passant de 68 à 128 élèves entre 1955-1985 et 1986-2000 a doublé. Cette augmentation confère au Maroc le premier rang de la fréquentation étrangère de l’École polytechnique. On compte 17 élèves algériens des promotions 1963 à 1985 à l’École Polytechnique de Paris, proportion inchangée de1986 à 2000. Deux caractéristiques majeures différencient la situation marocaine de la tunisienne. D’une part, le nombre de polytechniciens marocains qui continuent à rentrer au pays reste relativement élevé en comparaison : ils sont 21 sur 38 (55%) dans les promotions 1948-1980, 12 sur 29 dans les promotions 1981-1985 (41%) et 25 sur 48 dans les promotions 1986-1992 (52%). Où sont les polytechniciens algériens?»(8) 


Ce campus de Sidi Abdallah devrait pouvoir avoir toutes les sollicitudes en termes de moyens. L’élite formée dans de bonnes conditions devrait pouvoir permettre de donner la pleine mesure de son talent en étant sécurisée du point de vue de l’emploi. Pour être en phase avec la réalité du monde, notamment pour investir les nouvelles disciplines qui interviennent dans la cyber-sécurité, il nous faut former chaque année des dizaines de milliers d’informaticiens, d’ingénieurs en intelligence artificielle/an.


 Les écoles d’intelligence artificielle et de mathématiques devraient être complétées par les autres concernant les autres domaines. C’est le cas de l’informatique, de la robotique, de l’électronique, de la transition énergétique (ITEER)… Quelle que soit la santé financière du pays, il faut mettre en place un campus de l’intelligence à Sidi Abdallah où nous devons former les futures troupes scientifiques capables de répondre d’une façon appropriée aux différentes agressions d’un nouveau type, où vous ne voyez plus votre adversaire «à l’ancienne».


L’Algérie doit savoir qu’elle va au-devant de difficultés de plus en plus complexes. Notre adversaire n’est pas celui désigné mais c’est toute la capacité de nuisance de l’allié israélien du Makhzen dont nous aurons aussi à nous prémunir. Nous avons déjà un échantillon de cette collusion avec le programme Pegasus. Un autre danger dans les prochaines années et la concurrence concernant la vente de gaz des gisements en Méditerranée orientale. L’Italie, la Grèce, et Chypre ont paraphé un plan avec Israël prévoyant la construction d’un gazoduc allant des champs gaziers maritimes israéliens vers les côtes sud-européennes. 

 Plus que jamais nous avons besoin de consolider dans toutes nos actions la nécessité d un récit national décliné de façon différente mais complémentaire aussi bien dans le système éducatif en permettant le brassage que dans toutes les actions qui nécessitent, qui font intervenir les différentes régions du pays. Au risque de me répéter , l'économie de la connaissance devra être la colonne  vertébrale de toute vision du futur

Le célèbre écrivain Antoine de Saint-Exupéry qui écrivit notamment: " le petit prince", parlant de l’engouement à développer au sein des jeunes en terme de mobilisation propose de ne pas se situer au détail mais viser plus haut. L’Utopie. Il écrit : «Si tu veux construire un bateau, ne rassemble pas tes hommes et femmes pour leur donner des ordres, pour expliquer chaque détail, pour leur dire où trouver chaque chose. Si tu veux construire un bateau, fais naître dans le cœur de tes hommes et femmes le désir de la mer.»

Mutatis mutandis, nous devons faire naître au sein de la jeunesse ce désir d’être utile et d’être acteurs de leur destin, ce désir de construire, de se sentir responsable de l’avenir du pays et ceci par des chantiers permanents qui développent en eux à la fois la conviction d'être utiles et de compter dans l'échelle des valeurs sociales, mais aussi cet esprit pionnier qui est le moteur de la marche des civilisations.

Un exemple ? Le développement du Sud dans ses multiples dimensions : utilisant les énergies renouvelables, développant l’agriculture, créant des villes nouvelles autant de chantiers qui créeront une nouvelle utopie.,celle de faire du Sahara une nouvelle Californie. Amen.

Professeur Chems Chitour

Ecole Polytechnique

 
1.https://www.persee.fr/doc/mesav_0398-3587_1878_num_9_1_1064 page 142
2https://www.reporters.dz/entretien-yahia-zoubir-specialiste-en-geopolitique-la-bataille-au-sein-de-lua-tournera-autour-disrael-et-du-sahara-occidental/
3.https://lapatrienews.dz/mohamed-laichoubi-a-la-radio-nationale-le-maroc-est-inscrit-dans-un-processus-de-destabilisation-de-notre-pays/
4.https://www.algerie360.com/rupture-des-relations-avec-le-maroc-le-pt-prend-position/?  
5.https://www.aps.dz/monde/126631-un-ancien-diplomate-tunisien-met-en-garde-contre-l-importation-des-conflits-du-moyen-orient-au-maghreb
6.Mohamed Nassim https://dia-algerie.com/des-notables-de-larbaa-nath-irathen-remettent-un-cheque-de-3-milliards-de-centimes-a-la-famille-du-defunt-bensmain/amp/
7.Maamar Farah https:// www.le soirdalgerie.com /haltes-estivales/lettre-a-un-independantiste-66493
8.https://books.openedition.org/irmc/1531?lang=fr

 

 
1.https://www.persee.fr/doc/mesav_0398-3587_1878_num_9_1_1064 page 142
2https://www.reporters.dz/entretien-yahia-zoubir-specialiste-en-geopolitique-la-bataille-au-sein-de-lua-tournera-autour-disrael-et-du-sahara-occidental/
3.https://lapatrienews.dz/mohamed-laichoubi-a-la-radio-nationale-le-maroc-est-inscrit-dans-un-processus-de-destabilisation-de-notre-pays/
4.https://www.algerie360.com/rupture-des-relations-avec-le-maroc-le-pt-prend-position/?  
5.https://www.aps.dz/monde/126631-un-ancien-diplomate-tunisien-met-en-garde-contre-l-importation-des-conflits-du-moyen-orient-au-maghreb
6.Mohamed Nassim https://dia-algerie.com/des-notables-de-larbaa-nath-irathen-remettent-un-cheque-de-3-milliards-de-centimes-a-la-famille-du-defunt-bensmain/amp/
7.Maamar Farah https:// www.le soirdalgerie.com /haltes-estivales/lettre-a-un-independantiste-66493
8.https://books.openedition.org/irmc/1531?lang=fr

 

 

 

6 SEPT. 2021

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique Alger

https://blogs.mediapart.fr/semcheddine/blog/060921/lalgerie-du-xxie-siecle-lelite-scientifique-et-la-guerre-de-quatrieme-generation

 
 
 
 
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Rédigé le 07/09/2021 à 20:43 dans Algérie, Maroc | Lien permanent | Commentaires (0)

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