La question de la récupération des fonds et des biens issus de la corruption d’hommes d’affaires, de militaires et des politiciens véreux ainsi que des parties influentes incarcérés pour corruption était une promesse de campagne du président mal élu Abdelmadjid Tebboune.
Aujourd’hui le bonhomme s’en remet à ses bons souvenirs et relance ce va-t-en guerre à la recherche de Dinars perdus dilapidés dans le cadre de la récupération des fonds dissimulés frauduleusement à l’étranger ou même en Algérie à travers des biens éparpillés çà et là. C’est d’ailleurs de l’un de ceux-là d’où est repartie cette affaire. Dimanche dernier, effectivement, le chef d’état lors du Conseil des ministres tenu sous sa présidence, avait sommé ses troupes d’accélérer la remise en production de l’usine des huiles végétales de Jijel, qui appartenait aux frères Kouninef, actuellement en détention pour corruption, lançant ainsi la première étape d’un début du processus de récupération.
C’est que l’histoire va chercher loin elle couterait au bas mot estiment les experts, plus de 7,5 milliards d’euros et 600 milliards de DA, un joli pactole pour des caisses assoiffées. Si pour ce qui est de récupérer l’argent volé et dissimulé à l’étranger, autant en faire son deuil tant les procédures complexes prendraient du temps pour le rapatrier, les démarches à entamer, se déroulant sous la houlette diplomatique. Au Bled c’est un autre son de cloche et cela semble plus envisageable. Mais dans cette histoire du voleur volé, et entre nous, le vrai pactole est en devises fortes et donc entre de bonnes mains chez les autres. Ce qui reste au pays va avec les pertes et profits. Et l’Exécutif algérien en ces temps durs est tout aise de rencontrer le fameux « limaçon » de la fable.
Sauf que là, la problématique de la récupération des biens et fortune des richissimes oligarques et hauts responsables du régime Bouteflika ne pourrait se faire, qu’après que toutes les voies de recours eussent été épuisées. D’ailleurs, seule la cour d’Alger « une voix de son maître sans équivoque », où se déroulent les procès en appel des accusés concernées par la confiscation de biens mal acquis, est apte ou non de confirmer les demandes de la partie civile, qui est le Trésor public en ordonnant donc la confiscation de biens précisément identifiés et localisés. Ce qui toutefois peut prendre parfois plusieurs mois, voire des années mais bien moins que pour l’autre opération de rapatriement.
Ces grands dossiers qui s’élèvent à 7,5 milliards d’euros, ont pour hommes d’affaires des sommités comme, Ali Haddad, Mahieddine Tahkout , Mourad Eulmi, Abdelghani Hamel, les frères Kouninef ainsi que des accusés de parts et d’autres, notamment ceux dont les biens ont fait l’objet d’un ordre de saisie dans l’affaire du montage automobile. La majorité de ces biens à confisquer se trouve dans la capitale Alger et ses environs, il s’agit de terrains, usines, sièges de sociétés ou bureaux… L’opération est, sauf retournement de situation comme c’est souvent le cas en Algérie, certes, des plus plausibles sur le plan juridique car la justice est toute acquise à l’exécutif qui n’est autre que l’uniforme en Algérie, mais elle restera dans le temps complexe à appliquer. Mais qu’on se le dise ! dans l’état actuel des choses ce n’est qu’une passation de mains ou de pouvoir. Les nouveaux « ayant droit » se bousculent déjà aux portillons de la bonne fortune que partage volontiers le parrain. C’est comme ça en Algérie depuis plus de six décennies. Les bonnes habitudes ne se perdent pas.
Le nouveau billet de 2 000 dinars émis le 2 novembre par la Banque d’Algérie a relancé ces derniers jours le débat linguistique sur les réseaux sociaux du pays et dans la diaspora. En cause ? La mention en anglais du montant sur le billet, dont la valeur sur le marché parallèle est proche de 10 €: « Two thousand dinars. » « La première réaction a été de considérer qu’il s’agissait d’un nouveau signe politique du gouvernement algérien de prise de distance avec la langue française », explique Mohamed Iouanoughene, rédacteur en chef à Radio M.
Cette tendance, soutenue par une partie de l’opinion, s’est engagée à l’automne 2021 au moment de la crise entre Paris et Alger après les déclarations du président Macron sur la rente mémorielle et sur l’existence de l’État algérien avant la colonisation. Mais, selon le journaliste, « la polémique autour de ce billet a pris des tournants inattendus ». Un tweet par Jean-Luc Mélenchon a particulièrement fait réagir : « Ceci est un billet algérien. La langue commune ne l’est plus. Tristesse. Macron et Borne ont échoué en tout et pour tout. »
Mélenchon taxé de « néocolonialisme »
« Insupportable pour les Algériens, même pour ceux, nombreux, qui ont des sympathies pour lui et ses positions contre l’islamophobie », réagit Saïd Douar, un militant de gauche choqué par le dérapage « néocolonialiste » du leader de La France insoumise. « Il n’y a jamais eu un mot de français sur les billets de banque en Algérie. Toujours que de l’arabe. De quelle langue commune parle-t-il ? »
Cette polémique illustre la confusion sur les deux rives de la Méditerranée au sujet de la place réelle de la langue française en Algérie. Karim Amellal, ambassadeur, délégué interministériel à la Méditerranée d’origine algérienne, a rappelé à Jean-Luc Mélenchon que l’Algérie ne faisait pas partie de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF).
Pourquoi pas le tamazight ?
Des voix se sont bien sûr exprimées en Algérie pour se réjouir du recours à l’anglais, en plus de l’arabe, sur le nouveau billet comme « signe d’ouverture au monde ». Mais de très nombreux commentaires montrent que la préférence est au maintien de la seule langue arabe, « comme cela a toujours été le cas » depuis l’indépendance et la création de la Banque d’Algérie et du dinar.
Certains y voient un autre problème : tant qu’à briser le monopole de l’arabe sur les billets, pourquoi ne pas l’avoir fait au profit du tamazight, langue berbère et deuxième langue nationale ? Mohcine Belabbas, ancien président du RCD (opposition démocratique) et ex-député, y voit « un abandon symbolique de la souveraineté ». Un point de vue largement partagé par les berbérophones, qui auraient souhaité que ce billet, célébrant les 60 ans de l’indépendance et la souveraineté retrouvée, consacre le pluralisme linguistique désormais reconnu dans la Constitution.
Le français, « un butin de guerre »
Le gouvernement, qui souhaite accélérer l’apprentissage de l’anglais, « langue internationale », se défend de vouloir le faire au détriment du français, qualifié de « butin de guerre » par Abdelmadjid Tebboune, reprenant les mots de l’écrivain Kateb Yacine.
Amine Kadi, de notre correspondant à Alger (Algérie)
Malgré un réchauffement diplomatique entre Paris et Alger, les demandeurs de visas pour la France peinent encore à renouveler ou obtenir un premier titre de séjour.
Un visa pour entrer dans l’espace Schengen. FADEL SENNA / AFP
Vous pouvez partager un article en cliquant sur les icônes de partage en haut à droite de celui-ci. La reproduction totale ou partielle d’un article, sans l’autorisation écrite et préalable du Monde, est strictement interdite. Pour plus d’informations, consultez nos conditions générales de vente. Pour toute demande d’autorisation, contactez [email protected]. En tant qu’abonné, vous pouvez offrir jusqu’à cinq articles par mois à l’un de vos proches grâce à la fonctionnalité « Offrir un article ».
Le couperet est tombé il y a près d’un mois, mais Nadia ne s’en remet toujours pas. Pour la troisième fois en l’espace d’un an, cette retraitée de l’enseignement public de 66 ans est repartie bredouille des bureaux algérois du Centre VFS Global, le prestataire qui sous-traite en Algérie les demandes de visas pour la France. Avec, dans son passeport, un imprimé lui signifiant un refus de délivrance. « Ça frise l’humiliation », lance celle qui n’avait jusque-là rencontré aucune difficulté à obtenir une autorisation de séjour.
« J’ai beaucoup voyagé, j’ai visité plusieurs pays, aucun ne m’avait refusé le droit d’entrer. De quoi ont-ils peur ? Que je m’installe en France illégalement ? Si j’avais voulu faire ça, je l’aurais fait avant, mais ça ne m’a jamais intéressée », confie l’ancienne professeur de français, confrontée chaque fois au même motif : ses revenus ne seraient pas suffisants pour obtenir le précieux sésame.
Pourtant, « j’avais apporté des pièces qui ne sont pas demandées comme l’avis d’imposition de mon fils qui vit en région parisienne pour prouver que sa situation professionnelle est confortable et qu’il peut m’accueillir dans de bonnes conditions, se désole la retraitée. J’ai gagné dignement ma vie, je remplis leur dossier en bonne et due forme, que leur faut-il de plus ? »
Amir a lui aussi eu la surprise de voir sa demande de renouvellement de visa déboutée. Ce cadre au ministère de la défense, qui avait l’habitude de passer des vacances France, avait prévu de s’y rendre pour acheter un véhicule neuf. Mais, mi-octobre, son dossier a été recalé sans explication pour la seconde fois de l’année.
« Je renouvelle mon visa sans problème depuis les années 1990, j’arrivais même à obtenir des visas de longue durée. Mais, là, ils ne prennent même pas la peine de justifier leur refus. C’est du mépris », lâche le quinquagénaire, qui regrette une punition collective. « Le problème est politique. On paie les pots cassés », estime-t-il.
Mesure de rétorsion
Fonctionnaires, retraités, hommes d’affaires, parents de binationaux… Depuis plus d’un an, personne n’est épargné par la réduction substantielle du nombre de visas accordés par les autorités françaises. En septembre 2021, Paris avait annoncé diminuer de moitié le nombre de visas délivrés aux citoyens algériens et marocains et une baisse de 30 % pour les Tunisiens, sur la base de l’année précédente. Une mesure de rétorsion visant à contraindre les pays maghrébins à délivrer davantage de laissez-passer consulaires, nécessaires à l’expulsion de leurs ressortissants en situation irrégulière sur le territoire français. Alger avait dénoncé une décision unilatérale « sans consultation préalable ».
Selon Matignon, 85 000 visas ont été accordés aux ressortissants algériens au cours des huit premiers mois de 2022 – avec une priorité donnée aux étudiants, entrepreneurs, hommes d’affaires, artistes et sportifs – soit un taux de délivrance d’environ 50 %. Plus de 5 000 visas ont été remis à des étudiants algériens, qui représentent le deuxième contingent d’étudiants étrangers en France – avec 29 000 Algériens poursuivant leurs études en Hexagone – derrière les Marocains, selon la même source.
« Le nombre de visas d’étudiants délivrés n’a cessé d’augmenter même pendant la période de fermeture des frontières générée par la pandémie, passant de 5 288 en 2019 à 7 717 en 2021, soit une hausse de 45 % », s’était défendue la première ministre française, Elisabeth Borne, dans les colonnes du média électronique algérien TSA.
Lutte contre l’immigration clandestine
Si Paris a annoncé un retour à la normale pour les ressortissants tunisiens fin août, les Algériens et les Marocains doivent encore patienter. Jusqu’à quand ? Dans un effort de rapprochement diplomatique, le président français, Emmanuel Macron, et son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune avaient ouvert la voie à un assouplissement du régime de visa accordé à l’Algérie en échange d’une coopération renforcée des autorités algériennes dans la lutte contre l’immigration clandestine, en marge de la visite du chef d’Etat français en Algérie fin août.
L’épineuse question était également au cœur de la visite à Alger début octobre de la chef du gouvernement français, à la tête d’une délégation de seize ministres. A l’issue de son séjour, Elisabeth Borne s’était montrée optimiste. « Je pense qu’on se comprend bien, qu’on a pu partager nos attentes réciproques, et je n’ai pas de doute que c’est quelque chose qui va pouvoir se régler maintenant rapidement », avait ainsi déclaré la première ministre française au micro de RFI, rajoutant que la levée des restrictions interviendrait « certainement dans les prochaines semaines ».
En attendant, renouveler ou obtenir un premier visa pour la France continue de relever du parcours du combattant. Et, ce, dès la prise en ligne de rendez-vous pour déposer sa demande. Le site de VFS Global, saturé, est souvent inaccessible. Djamel Yahiaoui, entrepreneur dans le BTP à Blida, a passé des journées entières depuis un mois sur la plate-forme de sous-traitance à l’affût d’un créneau libre avant de réussir à en décrocher un pour le 6 décembre. « J’étais connecté toutes les trente minutes et jusqu’à tard le soir, confie le chef d’entreprise de 52 ans, qui doit rencontrer un fournisseur de céramique en France d’ici la fin de l’année. Je n’ai jamais eu autant de mal à avoir un rendez-vous. »
La faute notamment à des officines – agences de voyages non agrémentées, cybercafés etc. – qui trustent les créneaux disponibles et les redistribuent contre rétribution, pouvant aller jusqu’à 10 000 dinars (environ 71 euros). Un marché noir en plein essor sur le continent africain, pointé du doigt dans un rapport parlementaire remis à l’Assemblée nationale française en janvier 2021.
« Je ne vais pas continuer à quémander »
Désemparé, Hilal, cadre dans une multinationale française à Béjaïa, s’est résigné à faire appel à un intermédiaire. Il a déboursé 8 000 dinars (environ 57 euros) pour ce « service ». « Je n’avais pas le choix. J’étais connecté non-stop. J’avais installé une extension d’autosaisine sur mon ordinateur pour gagner du temps. Mais, malgré tout ça, c’était impossible d’avoir un rendez-vous », lâche l’homme de 39 ans, animateur d’un groupe Facebook comprenant 9 000 membres qui s’échangent conseils et renseignements sur les demandes de visa pour la France.
Comme beaucoup d’Algériens, recalés par les autorités consulaires françaises, Hilal renonce à retenter sa chance tant que la France n’annonce pas un assouplissement de sa politique de visa concernant les ressortissants algériens. D’autant que les frais de traitements engagés, bien que très élevés, sont non remboursables.
« Il faut compter 5 000 dinars [35 euros] de frais de services à VFS Global pour valider sa réservation, plus 11 000 dinars [soit 78 euros] de traitement du visa par le consulat de France. A cela s’ajoute, une assurance de voyage obligatoire que j’ai payé 3 500 dinars [25 euros] et le voucher à 9 000 dinars [64 euros] par personne, détaille Hilal. Avec ma femme, ça nous a coûté plus de 30 000 dinars [214 euros]. » Soit plus que le salaire minimum en Algérie, établi à 20 000 dinars (142 euros).
Encore en colère, Nadia, la professeure à la retraite, a, elle aussi, tiré une croix sur son voyage en France. « Je ne veux plus en entendre parler ! J’ai dit à mon fils qu’on allait se débrouiller pour se retrouver soit en Algérie, soit ailleurs. Je ne vais pas continuer à quémander », souffle-t-elle, avant de s’indigner : « C’est une honte que les gouvernements français et algériens n’arrivent pas à se mettre d’accord et privent des milliers de familles de se rassembler. »
Le patron des services extérieurs algériens, le général Djebbar M’henna, au mieux avec les responsables français dont il est des principaux interlocuteurs à Alger, a trempé dans les mauvais coups de l’appareil sécuritaire algérien durant les années noires (1992-1998) avant d’être condamné par la justice algérienne en 2019 à huit ans de prison pour corruption.
C’est à l’époque de la sale guerre qui a frappé l’Algérie dans les années 1992 à 1998 que le général Djebbar M’henna est propulsé dans les hautes sphères du commandement militaire. Affecté à la première région militaire à Blida aux portes d’Alger, ce jeune capitaine intègre le « Centre de recherche et d’inspection » (CRI), vite transformé en « Centre territorial de recherche et d’investigation » (CTRI) (1).
Passé au grade de commandant, Djebbar Mhénna dirige ce centre névralgique de la répression en 1992 et en 1993 à la tète de plus de 300 officiers dispersés au sein de la police, de la gendarmerie et des « centres principaux opérationnels », ces groupes d’autodéfense qui combattent les islamistes par tous les moyens. La violence atteint son paroxysme au sein du triangle de la mort « Blida, Boufarik, Média ». Djebbar M’henna, qui bénéficie de la confiance du puissant général Medien, dit « Toufik », le patron de l’ex DRS (services algériens) et le vrai maitre du régime algérien jusqu’à son éviction en 2015, n’ignore rien des massacres des populations civiles et du dossier si sensible de l’assassinat des moines de Tibehirinne.
Basses oeuvres
Le CTRI de Blida est réputé être le centre de torture, d’exécutions sommaires, de disparitions. Les officiers du DRS l’avaient surnommé « one way ticket », en détournant le tube à succès des années 70. Le commandant Djebbar Mehenna se trouve au cœur du dispositif répressif, en contact direct avec le « centre de coordination de lutte contre les actions subversives » placé sous l’autorité du général Lamari, alors chef d’état major. L’officier est surtout en relation directe avec les généraux Toufik et Smain Lamari. À la tète alors des services algériens, ces deux là organisent l’éradication des groupes islamistes armés.
Le général M’henna avait sous son autorité le capitaine Hocine Boulahya, de son vrai nom Oubelaid abdelhamid, qui a été débarqué tout récemment de ses fonctions en raison de ses initiatives intempestives et brutales contre les opposants algériens de la diaspora en france et en Europe. À l’époque, une relation de confiance s’était instaurée entre les deux hommes. Hocine Boulahya, diplômé des sciences islamiques, avait la mission d’infiltration des groupes opérant dans l’Algérois, qu’il s’agisse du « Mouvement Islamique Armée » ou du « Mouvement pour l’Etat Islamique » Ces groupes seront décimés pour être remplacés par les GIA, ces « groupes Islamiques Armés » qui seront infiltrés et instrumentalisés par une partie des services secrets algériens
Le général Djebbar M’henna tenait ses réunions nocturnes avec ses officiers dans la grande salle de l’hôtel Palace de Blida, tenu par un ancien officier de la gendarmerie, loin des regards indiscrets, pour initier une lutte implacable contre les groupes armés.
La traversée du désert
Récompensé pour ses bons et loyaux services, Djebbar M’henna dirigea la DCSA (services de sécurité de l’armée) de 1995 à 2013, où la répression brutale qu’il initia en Kabylie lui vaut aujourd’hui une réputation excecrable dans cette région contestataire dont il est pourtant originaire.
La date de sa mise à la retraite brutale coïncide avec le transfert de la DCSA sous la coupe du chef d’’Etat Major, alors le général Gaîd Salah. On assiste alors en 2015 au démantèlement du fameux DRS, ces services secrets algériens qui, sous la férule du général Toufik, furent l’ossature du régime pendant vingt cinq ans (1990-2015)..
Lorsque le général Gaïd Salah devient l’homme fort du régime après le départ du Président Bouteflika en 2019, le général M’henna, est arrêté et jugé, le 20 octobre 2019, pour corruption, abus de pouvoir, enrichissement illicite, blanchiment d’argent. C’est à cette occasion qu’on apprend, via la télévision algérienne officielle, que cet officier corrompu a la haute main sur le prospère marché illégal des devises, ce poison qui mine l’économie algérienne (voir l’article ci dessous).
La situation change à nouveau du tout au tout avec le décès brutal, largement inexpliqué, de Gaïd Salah et le retour, au coeur du pouvoir, des amis du général Toufik. Bien que condamné à huit années de prison, le général M’henna sort de prison le 23 juillet 2020 et est nommé en septembre 2021 à la tête de la toute nouvelle Direction générale de la lutte contre la subversion (DGLS) chargée de la surveillance des algériens de l’étranger. Ce qui vaut à notre gradé de siéger au sein du tout puissant Haut conseil de sécurité, qui se réunit sous la présidence du cher d’état major, le général Chengriha.
Une ambition sans limites
À la fin de février 2022, une réunion informelle est convoquée par le général Chengriha, dans les locaux flambants neufs de la DGLS situés à Douira sur les hauteurs d’Alger. Le gratin de l’armée et des services est reçu par le général Djebbar M’hénna qui officie. Le message envoyé est clair. Les anciens du DRS, dont M’hena, ont à nouveau droit de cité au sein de l’institution militaire.
La mise en place d’une coordination des services, qui existait avec le président Bouteflika sous l’autorité du général Tartag, est jugée indispensable par M’henna et ses amis. La situation où on assiste à des chicayas entre les services extérieurs (DGDSE) et ceux du contre terrorisme intérieur (DGSI) empêcherait, selon eux, toute stratégie commune, notamment dans la répression contre les opposants. L’heure devrait être au rassemblement des forces sécuritaires pour affronter les défis sécuritaires face aux mobilisations du Hirak et aux contentieux régionaux (Maroc, Libye, Sahel).
Splendeur et décli
Le général Djebbar M’henna croit son heure arrivée, il prétend à des fonctions de centralisation de l’ensemble des forces sécuritaires. Hélas pour lui, les hauts cadres du renseignement militaire de la DCSA s’opposent fermement à l’idée de mettre en place une coordination des services qui ne serait pas placée sous leur autorité. Le général Ouled Zmirli, alors patron de la DCSA, refuse qu’on remette en cause les prérogatives grignotées année après année, par son propre service. Ce qui place de dernier au niveau où se trouvait, durant les belles années, l’ancien DRS du tout puissant général Toufik. Pris en étau entre les cadres de la DCSA, bras armé de l’État Major, et les ambitions des revenants de l’ex DRS, le général Said Chengriha choisit les premiers. Ce qui lui vaut encore aujourd’hui une hostilité à peine masquée du général M’henna, soupçonné de se livrer dans les médias à des « fuites » malveillantes contre le patron de l’armée algérienne.
À la rentrée de Septembre, notre homme soit se contenter d’être nommé à un poste plus modeste à la tète de la DDSE (services extérieurs algériens). Dans ses nouvelles fonctions, le général M’henna rencontre régulièrement son homologue français, Bernard Émié, le patron de la DGSE. Les deux hommes se connaissent fort bien, s’apprécient et tentent tous les deux de refonder un axe franco algérien fort.
Ces retrouvailles franco-algériennes ne pourront se construire qu’en opposition au patron des armées algériennes, le général Chengriha, dont on connait la tendresse pour la Russie. Le pays de Poutine reste malgré tout le premier fournisseur d’armes de l’Algérie et a encore mené, début Septembre à Vostok, des manoeuvres militaires communes avec ses alliés indien, chinois, birman et …. algérien.
Le conflit ouvert entre les deux généraux Chengriha et M’henna fait partie désormais des scénarios possibles
(1) Ce centre se situait au coeur de la première son région militaire et couvrait plusieurs régions, où il étend sur douze wilayas, en disposant dans chacune de relais qui lui octroient un large contrôle territorial.
Le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab a affirmé, le dimanche 6 novembre à Alger, que les recettes pétro-gazières algériennes devraient dépasser les 50 milliards de dollars d’ici à la fin de l’année en cours
« Au vu des réalisations enregistrées à septembre 2022, nous prévoyons d’ici à la fin de l’année en cours, une augmentation de 2% de la production en hydrocarbures et une augmentation des recettes pétro-gazières du pays, appelées à dépasser les 50 milliards de dollars (soit une hausse de 45% par rapport à 2021) », a précisé M. Arkab qui intervenait devant la Commission des finances et du budget de l’Assemblée populaire nationale (APN), dans le cadre de l’examen des dispositions du projet de loi de finances (PLF) 2023.
La fiscalité pétrolière « pourrait dépasser les niveaux enregistrés durant les années d’avant 2014, qui s’élevaient à 4.000 milliards de DA/an », a-t-il poursuivi, rapporte Algérie Presse Service.
Par ailleurs, ajoute M. Arkab, « les exportations hors hydrocarbures enregistreront une hausse de plus de 40% par rapport celles de 2021, appuyée principalement par l’augmentation des exportations des produits miniers et pétrochimiques ».
En ce qui concerne l’investissement dans le secteur de l’énergie et des mines, le ministre a fait état de la mobilisation d’un montant de 3,6 milliards USD durant le premier trimestre de l’année 2022, soit une hausse de 8% comparativement à la même période de 2021.
S’agissant du recrutement dans le secteur, le nombre des agents embauchés a augmenté de plus de 7.500 jusqu’en fin septembre 2022, pour dépasser 307.000 travailleurs.
Concernant le budget sectoriel, M. Arkab a fait état d’une fiscalité pétrolière prévisionnelle de 3298 milliards Da, sur la base d’un prix référentiel de 60 dollars/baril, soit une hausse de 3% par rapport à la fiscalité pétrolière inscrite à la loi des finances complémentaire de 2022.
Le budget de fonctionnement s’élève à quelque 101 milliards Da, majoritairement des affectations financières réservées à la subvention du coût de dessalement de l’eau de mer, de la facture d’électricité pour trois wilayas dans les Hauts Plateaux et les wilayas du sud, ainsi que la subvention du programme de contrôle de l’énergie à quelque 94 milliards Da (soit 92%).
Quant au budget d’équipement, il est destiné essentiellement au raccordement à l’électricité, au gaz et à la recherche minière, réparti comme suit : 55 milliards Da réservés au programme de l’électricité rural et de distribution publique du gaz, 1,3 milliard Da pour la subvention du programme de la recherche minière.
Dans le même cadre, un montant de 1,7 milliards Da est réservé aux projets du Commissariat à l’énergie atomique (COMENA) pour le développement des infrastructures et des centres nucléaires y afférents, tandis qu’un montant de 23,3 milliards Da est alloué au raccordement des six zones industrielles à l’électricité et au gaz.
Par ailleurs, M. Arkab a cité des mesures prévues dans le PLF 2023, à l’instar de l’exonération de la TVA sur les biens, les services et les travaux accomplis dans le cadre des activités des hydrocarbures, ou encore les exonérations fiscales des véhicules hybrides électriques.
OPEP+: stabiliser les prix à hauteur de 100 dollars/baril jusqu’à fin 2022
Le ministre a affirmé que la dernière décision des pays de l’OPEP et hors OPEP (OPEP +) de réduire la production de deux millions de barils/jour devrait maintenir l’équilibre du marché et la stabilité des prix à hauteur de 100 dollars/baril jusqu’à la fin de l’année.
« En dépit du recul des cours du pétrole et au vu de l’inquiétude d’une récession mondiale, la dernière décision des pays OPEP+ de réduire la production de deux millions de barils/jour devrait maintenir l’équilibre du marché et la stabilité des prix à hauteur de 100 USD/baril jusqu’à la fin de l’année », a précisé M. Arkab.
Le ministre a relevé que le débat du projet de loi de finances (PLF) intervient « dans un contexte économique et géopolitique variable ayant impacté l’industrie pétrolière et gazière à travers le recul sans précédent du volume des investissements au cours des dernières années à l’origine du recul de l’offre ».
Les cours du pétrole « ont repris après la chute sans précédent des marchés début 2020 en raison de l’apparition et la propagation du coronavirus », a ajouté M. Arkab qui a rappelé que les cours du pétrole brut ont dépassé le seuil de 109 USD/baril à la fin de septembre de l’année en cours, « confortant ainsi les indicateurs de notre macroéconomie ».
Le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab a affirmé, le dimanche 6 novembre à Alger, que les recettes pétro-gazières algériennes devraient dépasser les 50 milliards de dollars d’ici à la fin de l’année en cours
« Au vu des réalisations enregistrées à septembre 2022, nous prévoyons d’ici à la fin de l’année en cours, une augmentation de 2% de la production en hydrocarbures et une augmentation des recettes pétro-gazières du pays, appelées à dépasser les 50 milliards de dollars (soit une hausse de 45% par rapport à 2021) », a précisé M. Arkab qui intervenait devant la Commission des finances et du budget de l’Assemblée populaire nationale (APN), dans le cadre de l’examen des dispositions du projet de loi de finances (PLF) 2023.
La fiscalité pétrolière « pourrait dépasser les niveaux enregistrés durant les années d’avant 2014, qui s’élevaient à 4.000 milliards de DA/an », a-t-il poursuivi, rapporte Algérie Presse Service.
Par ailleurs, ajoute M. Arkab, « les exportations hors hydrocarbures enregistreront une hausse de plus de 40% par rapport celles de 2021, appuyée principalement par l’augmentation des exportations des produits miniers et pétrochimiques ».
En ce qui concerne l’investissement dans le secteur de l’énergie et des mines, le ministre a fait état de la mobilisation d’un montant de 3,6 milliards USD durant le premier trimestre de l’année 2022, soit une hausse de 8% comparativement à la même période de 2021.
S’agissant du recrutement dans le secteur, le nombre des agents embauchés a augmenté de plus de 7.500 jusqu’en fin septembre 2022, pour dépasser 307.000 travailleurs.
Concernant le budget sectoriel, M. Arkab a fait état d’une fiscalité pétrolière prévisionnelle de 3298 milliards Da, sur la base d’un prix référentiel de 60 dollars/baril, soit une hausse de 3% par rapport à la fiscalité pétrolière inscrite à la loi des finances complémentaire de 2022.
Le budget de fonctionnement s’élève à quelque 101 milliards Da, majoritairement des affectations financières réservées à la subvention du coût de dessalement de l’eau de mer, de la facture d’électricité pour trois wilayas dans les Hauts Plateaux et les wilayas du sud, ainsi que la subvention du programme de contrôle de l’énergie à quelque 94 milliards Da (soit 92%).
Quant au budget d’équipement, il est destiné essentiellement au raccordement à l’électricité, au gaz et à la recherche minière, réparti comme suit : 55 milliards Da réservés au programme de l’électricité rural et de distribution publique du gaz, 1,3 milliard Da pour la subvention du programme de la recherche minière.
Dans le même cadre, un montant de 1,7 milliards Da est réservé aux projets du Commissariat à l’énergie atomique (COMENA) pour le développement des infrastructures et des centres nucléaires y afférents, tandis qu’un montant de 23,3 milliards Da est alloué au raccordement des six zones industrielles à l’électricité et au gaz.
Par ailleurs, M. Arkab a cité des mesures prévues dans le PLF 2023, à l’instar de l’exonération de la TVA sur les biens, les services et les travaux accomplis dans le cadre des activités des hydrocarbures, ou encore les exonérations fiscales des véhicules hybrides électriques.
OPEP+: stabiliser les prix à hauteur de 100 dollars/baril jusqu’à fin 2022
Le ministre a affirmé que la dernière décision des pays de l’OPEP et hors OPEP (OPEP +) de réduire la production de deux millions de barils/jour devrait maintenir l’équilibre du marché et la stabilité des prix à hauteur de 100 dollars/baril jusqu’à la fin de l’année.
« En dépit du recul des cours du pétrole et au vu de l’inquiétude d’une récession mondiale, la dernière décision des pays OPEP+ de réduire la production de deux millions de barils/jour devrait maintenir l’équilibre du marché et la stabilité des prix à hauteur de 100 USD/baril jusqu’à la fin de l’année », a précisé M. Arkab.
Le ministre a relevé que le débat du projet de loi de finances (PLF) intervient « dans un contexte économique et géopolitique variable ayant impacté l’industrie pétrolière et gazière à travers le recul sans précédent du volume des investissements au cours des dernières années à l’origine du recul de l’offre ».
Les cours du pétrole « ont repris après la chute sans précédent des marchés début 2020 en raison de l’apparition et la propagation du coronavirus », a ajouté M. Arkab qui a rappelé que les cours du pétrole brut ont dépassé le seuil de 109 USD/baril à la fin de septembre de l’année en cours, « confortant ainsi les indicateurs de notre macroéconomie ».
Un nouveau billet de 2.000 dinars algériens est émis depuis mercredi, avec la mention « two thousand dinars ». Si l’anglais fait effectivement son apparition, le français, lui, ne figurait plus sur les billets depuis, au moins, les années 1990.
Elisabeth Borne lors de sa visite à Alger le 9 octobre 2022 — New Press/SIPA
Un nouveau billet de 2.000 dinars a été mis en circulation mercredi. Il fait apparaître du texte en arabe et en anglais ( « two thousands dinars »).
« La langue commune ne l’est plus. Tristesse », a déploré Jean-Luc Mélenchon. Une réaction résumant le sentiment de plusieurs internautes.
Or, l’arabe a totalement remplacé le français à partir du milieu des années 1970. Si des coupures avec des mentions en français ont pu passer de main en main pendant quelque temps, les billets en circulation en Algérie étaient écrits uniquement en langue arabe, au moins depuis la réforme de 1990 », explique à 20 Minutes la chercheuse Fatiha Talahite.
Une nouvelle preuve de l’éloignement entre l’Algérie et la France ? Ce mercredi, de nombreux internautes se sont fait l’écho d’un changement, minime à première vue, mais hautement symbolique dans les relations entre les deux pays, surtout après le voyage de la délégation française sur place au début du mois d’octobre.
Les nouveaux billets de dinars algériens ne comporteraient plus de mentions en français. Ces dernières auraient même été remplacées par des mentions en anglais. Jean-Luc Mélenchon a tweeté mercredi à ce sujet, égratignant au passage le président de la République et la Première ministre : « La langue commune ne l’est plus. Tristesse. Macron Borne ont échoué en tout et pour tout. » Le message est accompagné d’un gros plan sur un billet de 2.000 dinars sur lequel on lit « Two thousands dinars ».
Sauf que, si l’anglais est bien présent sur les nouveaux billets en Algérie, les internautes accusateurs et le chef de file de la France insoumise ont un train de retard. 20 Minutes fait le point.
FAKE OFF
La Banque d’Algérie a émis, ce 2 novembre, un nouveau billet de 2.000 dinars et une nouvelle pièce métallique de 50 dinars avec des mots en arabe et en anglais, comme le confirme le Journal officiel du 23 octobre.
« Le thème du billet de 2.000 dinars est le 60e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie et le 31e sommet de la Ligue Arabe qui se tient à Alger le 1er novembre 2022, symbolisé par une carte du monde arabe, explique Fatiha Talahite, économiste et chercheuse associée au CNRS. La pièce de 50 dinars est à l’effigie de Hassiba Benbouali, martyre de la révolution. Elle porte le triple millésime hégirien, grégorien et amazigh de l’année de frappe. »
L’arabe remplace le français dès les années 1970
Des billets avec leur valeur nominale écrite en français ont bien circulé après 1964, et l’entrée en vigueur de la monnaie algérienne. « Lorsqu’elle s’appelait Banque centrale d’Algérie (BCA), il arrivait que son nom aussi soit écrit aussi en français sur certains billets », ajoute Fatiha Talahite. Un reste de la colonisation puisque le français « n’est pas la langue officielle en Algérie, sa présence ne se justifiait donc pas ».
Mais l’arabe a totalement remplacé le français à partir du milieu des années 1970. Si des coupures avec des mentions en français ont pu passer de main en main pendant quelque temps, selon la chercheuse, les billets en circulation en Algérie étaient écrits uniquement en langue arabe, au moins depuis la réforme de 1990 et le nouveau statut de la Banque centrale, devenue Banque d’Algérie. Et ce, jusqu’à ce mercredi 2 novembre.
Promouvoir la langue anglaise
La confusion semble avoir démarré avec un article de l’agence turque Anadolu titré « Algérie : l’anglais remplace le français sur le nouveau billet de 2.000 DA » et qui cite « au lieu de "deux mille dinars" qu’on retrouve sur les anciens billets, le nouveau billet contient une mention en anglais "two thousand dinars" ». Reprise par plusieurs médias étrangers, l’idée s’est vite retrouvée sur les réseaux sociaux.
Mondafrique offre à ses lecteurs une photo récente du célèbre général Mohamed Mediene, dit Toufik, le patron des puissants services secrets algériens pendant un quart de siècle (1990-2015), qui apparait vieilli et diminué. Le cliché a été pris lors d’une réception, cet été, donnée à Alger en l’honneur d’un mariage. Les photos de cette incarnation du pouvoir algérien sont extrêmement rares, l’homme étant très secret.
À ses cotés, se trouve un général qui a appartenu en 2011- 2012 au cabinet du général Attafi, alors patron des renseignements extérieurs (voir la photo ci dessous). Diminué physiquement mais disposant de toutes ses facultés, le général Toufik se déplace avec peine en s’appuyant sur l’épaule d’un proche, jamais sur une cane. Lorsqu’il est sorti de sa résidence surveillée en janvier 2021, il n’avait pas souhaité être soigné à l’étranger comme beaucoup d’autres gradés et avait été pris en charge dans une clinique privée algérienne.
Le général Toufik habite désormais dans sa belle villa d’Hydra, le quartier le plus résidentiel d’Alger, pas loin de chez le général Nezzar, l’autre homme clé du pouvoir algériens durant les années de guerre civile, qu’il voit presque chaque jour. Malgré leur grand âge et leurs maladies, les deux hommes ont conservé une forte capacité de manoeuvre et une influence déterminante sur l’institution militaire, surtout depuis l’été dernier (voir l’article ci dessous en PJ)
24 octobre 1870: Crémieux donna la citoyenneté française aux Juifs d’Algérie
Le 24 octobre 1870, un décret donne la citoyenneté française aux 37.000 Juifs d’Algérie. Dans la foulée, les résidents originaires d’Europe (Italie, Espagne, Malte…) sont aussi francisés en bloc.
Quant aux musulmans d’Algérie, ils sont maintenus dans le statut d’indigène. Pour certains c’est le début d’une fracture douloureuse et irréductible entre les deux communautés.
Les poncifs malveillants
L’un des poncifs malveillants les plus répandus sur ceux qu’on nomme ici » les Pieds-noirs « concerne le prétendu favoritisme dont auraient bénéficié une partie d’entre eux, les Juifs d’Algérie.
On les accuse d’avoir, en 1870, grâce à leur connivence avec un Juif métropolitain, membre du gouvernement provisoire replié à Tours, obtenu un traitement de faveur qui aurait été refusé à leurs compatriotes musulmans.
On les aurait favorisés en leur accordant la nationalité française tandis que les Arabes restaient des citoyens de seconde zone dépourvus de droit de vote.
Il importe de couper les ailes à cette idée reçue qui, comme tant d’autres rumeurs, ne se propage avec tant de facilité qu’en raison des douteuses satisfactions qu’elle procure à ceux qui la répandent.
Ici, ceux qui s’activent à propager ces contre-vérités constituent un étrange amalgame composé de nationalistes algériens, fonctionnaires en charge d’entretenir les mythes fondateurs du FLN, d’idéologues français dont l’anticolonialisme est le seul bréviaire, et d’antisémites du modèle le plus ordinaire. Chacun de ces trois groupes est motivé par les ressorts qui lui sont propres. Ce n’est pas ici le lieu de les mettre chacun au jour.
Contentons-nous de montrer le peu de pertinence des rumeurs malveillantes qui accompagnent le décret dit « Crémieux » (mais il serait tout aussi justifié de le qualifier de « décret Gambetta » ) du 24 octobre 1870.
La situation des juifs à l’arrivée des Français
Un peu d’Histoire est d’abord nécessaire. Quand, le 3 juillet 1830, les hommes du Maréchal de Bourmont pénètrent dans Alger, le peuple juif voit en eux des libérateurs. Ils vont lui permettre d’échapper à la relégation séculaire dont les Juifs sont victimes. En application d’une charte attribuée au Calife Omar, successeur de Mahomet, les « gens du Livre » doivent payer la dîme (on les nomme « dhimis »), et porter un signe distinctif, jaune pour les juifs (déjà !) et bleu pour les chrétiens.
Leurs bâtiments doivent être moins élevés que ceux de leurs voisins musulmans (c’est pourquoi toutes les églises grecques orthodoxes ont été construites, durant quatre siècles d’occupation ottomane, sur des plateformes encaissées au-dessous du niveau du sol). Si un musulman les frappe, ils ne doivent pas répondre. Il leur est interdit de pratiquer publiquement leur religion et bien entendu d’approcher une femme musulmane. etc. etc.
En entrant dans la ville, le Maréchal de Bourmont s’est engagé sur l’honneur à ce que les femmes, les religions et les biens soient respectés. Cette promesse s’applique donc en particulier à la religion, aux femmes et aux biens juifs. En période de turbulences, le peuple juif d’Alger n’avait pas été habitué à tant de prévenances. Les femmes se jettent aux pieds des soldats pour remercier.
Les Français font entrer deux Juifs au Conseil municipal d’Alger et un autre à la Chambre de commerce. Voici les Juifs devenus les collègues, donc les égaux d’Arabes et de Turcs.
La communauté juive est réorganisée par les Français sur le modèle, mot pour mot, des communautés juives de Métropole.
Les Juifs d’Alger deviennent de chaleureux partisans d’une intégration puis d’une assimilation qu’ils ne cesseront plus de réclamer.
Or en France, Napoléon 1er avait, le 9 février 1807, convoqué l’instance suprême de la religion juive, le Grand Sanhédrin composé de soixante et onze docteurs de la foi. Le 8 mars de la même année, du haut de son autorité religieuse, cette Assemblée avait « décidé » que si, dans les lois de Moïse, les dispositions religieuses sont, par leur nature, absolues et indépendantes des circonstances, rien en revanche ne s’opposait à ce que les dispositions politiques soient alignées sur la loi française.
Les dispositions « politiques » étaient détaillées dans cette « décision ». Il s’agissait de la polygamie, de la répudiation, du partage des héritages etc. – en fait, celles du Code civil. « (Nos) dogmes se concilient avec les lois civiles sous lesquelles (nous vivons) », tranche-t-il sans appel.(Compte-rendu paru dans le Moniteur Universel du 11 avril 1807).
Par cette décision, le Grand Sanhédrin français faisait traverser le Siècle des Lumières à tous les Juifs de France. Il séparait la Synagogue de l’État. Il permettait à Napoléon 1er d’accueillir les Juifs au sein de la Nation française.
Les Juifs d’Algérie calquèrent rapidement leur attitude sur celles de leurs coreligionnaires métropolitains. « Nos coutumes traditionnelles » (elles étaient souvent très proches de celles des musulmans) « doivent s’incliner devant les lois du pays qui a la générosité de nous accueillir ».
En 1860, lors du premier voyage de Napoléon III en Algérie, une pétition portant dix mille signatures juives demanda à « ne plus être des étrangers dans le pays qui (nous) a vus naître » et réclama « une patrie ».
Quatre ans, plus tard, revenant en Algérie et répondant aux vœux de bienvenue du Grand Rabbin d’Oran, Napoléon III déclara: « J’espère que bientôt les Israélites seront citoyens français ».
C’est l’année suivante que parut le Senatus Consulte du 14 juillet 1865. Aux trois ensembles de la population algérienne qui ne la possédaient pas encore, à savoir les musulmans, les juifs et les étrangers, il offrait la citoyenneté française.
Il commençait par s’adresser aux musulmans :
« Article 1 : L’indigène musulman est français; néanmoins il continue à être régi par la loi musulmane (…). Il peut, sur sa demande, être admis à jouir des droits de citoyen français; dans ce cas, il est régi par les lois civiles et politiques de la France ». En tant que sujet français, le musulman pouvait être admis à servir dans l’armée et dans la fonction publique. Mais s’il choisissait de devenir citoyen français et d’être « régi par les lois politiques de la France », il disposait des droits civiques de n’importe quel Français.
L’article 2 traitait de l’indigène israélite. Sa rédaction était rigoureusement identique à celle du premier, à ceci près que « musulman » y était remplacé par « israélite », et « lois civiles et politiques de la France » par « loi française ». La portée de cette dernière subtilité m’échappe. D’ailleurs dans le décret impérial d’application du 21 avril 1866, elle disparaît.
L’article 3 s’adressait aux étrangers. Il stipulait simplement que « l’étranger, qui justifie de trois années de résidence en Algérie, peut être admis à jouir de tous les droits de citoyen français ». Il doit avoir vingt et un ans accomplis, venir en personne déposer sa demande auprès de l’officier d’État-civil compétent et, suivant la pratique administrative de l’époque, justifier être de bonnes mœurs soit par la présence de deux témoins se portant garants de lui, soit par la fourniture de certificats de bonne conduite.
Ce sont donc exactement les mêmes possibilités qui étaient offertes aux musulmans, aux juifs et aux étrangers. On ne trouverait pas dans ce texte l’ombre du moindre favoritisme. La quasi-totalité des étrangers demandèrent à devenir Français. On les naturalisa par colonnes entières du Journal Officiel. Beaucoup de Juifs le demandèrent aussi, malgré les réserves que nous examinerons plus loin. En revanche, dans leur immense majorité, la réaction des Musulmans fut négative.
En effet, être régi par les lois civiles et politiques de la France signifiait renoncer au « statut personnel ». Celui-ci autorisait la polygamie, la répudiation, le partage inégal de l’héritage entre fils et filles etc. La plupart s’y refusèrent, quitte à rester de simples sujets. Obstacle encore bien plus insurmontable, les Oulémas jugèrent que renoncer au statut personnel musulman équivalait à une répudiation de la charia.
Une sorte d’abjuration. Or, en pays musulman, l’apostasie est un crime qui relève de la peine de mort. Seules quelques centaines d’Algériens musulmans eurent l’audace de prendre ce risque et de demander la citoyenneté française. Quand, plus tard, un double collège sera instauré, ces audacieux voteront avec les Européens dans le premier collège. Les autres constitueront le second collège.
La réaction des Israélites fut exactement à l’opposé de celle de la majorité des Musulmans.
Depuis qu’ils adhéraient aux principes énoncés par la décision du Grand Sanhédrin français de 1807, l’application des dispositions du Code civil napoléonien ne pouvait heurter leur sentiment religieux. Elle ne soulevait que des problèmes pratiques.
Leur seule objection portait sur l’obligation que leur faisait le Senatus Consulte d’avoir à solliciter individuellement la qualité de citoyen français. Ils revendiquaient que cette qualité n’ait plus besoin d’être « accordée », qu’elle fut automatique. Ils demandaient l’assimilation intégrale.
« Nous demandons l’assimilation et, à la faveur de ce bienfait, nous nous soumettrons sans regret et sans réserve à l’empire de la législation française, malgré les graves modifications qu’elle apporte à la constitution de la famille et au partage des successions » proclamait une des suppliques adressées à l’Empereur par le Grand Consistoire d’Alger.
A l’Assemblée nationale, Adolphe Crémieux plaida la cause de ses coreligionnaires d’Algérie.
Le ministre de la Justice, Ollivier, prépara un texte de naturalisation qui leur était destiné. Mais la guerre survint. L’Empereur et son armée furent, à Sedan, faits prisonniers par les Prussiens. Paris fut encerclé.
Le gouvernement provisoire s’échappa de la capitale pour se réfugier à Tours. Gambetta (un « Républicain », un homme de gauche) y détenait les portefeuilles de l’Intérieur et de la Guerre. Adolphe Crémieux y devenait Garde des Sceaux.
Intégrés dans ce qui restait encore de l’armée française, quelques régiments de Spahis et de tirailleurs, composés de Français d’Algérie, d’indigènes juifs et musulmans et d’étrangers fraîchement naturalisés, tentaient d’enrayer la progression prussienne.
Étendre la citoyenneté française à tous les Juifs d’Algérie ne pouvait que permettre d’étoffer un peu leurs effectifs.
C’est dans ce contexte que, le 24 octobre 1870, parut le décret déclarant citoyens français tous les Israélites indigènes d’Algérie.
Sous les mêmes signatures et à sa suite dans le même journal officiel, trois autres décrets portaient « organisation administrative de l’Algérie ». Ils créaient trois nouveaux départements français à la tête desquels étaient nommés des Préfets assistés des conseils généraux déjà existants.
On accuse parfois les Pieds-noirs d’avoir « inventé » l’Algérie française. Si « invention » il y eut, elle date du 24 octobre 1870 et fut signée Gambetta, Crémieux, Glais-Bizois et Fourichon. Nul Pied-noir parmi eux.
Durant la Grande Guerre, les citoyens français d’Algérie, quelle que soit leur origine, et les Français-musulmans se battirent admirablement pour la France, subissant d’affreuses pertes et méritant des panoplies de décorations
Dans les hôpitaux de l’armée, les français-musulmans furent soignés par les infirmières françaises exactement comme l’étaient les autres blessés. A la fin de la guerre, il sembla choquant de maintenir une quelconque différence entre ceux qui s’étaient si vaillamment battus au coude à coude.
C’est pourquoi, dès le 4 février 1919, moins de trois mois après l’armistice, parut une loi qui, utilisant le cadre juridique offert par l’article premier du Senatus Consulte du 14 juillet 1865, donnait l’assurance que :
– « Tout indigène algérien obtiendra la qualité de citoyen français » s’il remplit certaines conditions. Les premières de ces conditions étaient assez générales. Il fallait être monogame ou célibataire et ne jamais avoir été condamné. II fallait également, remplir au moins l’une des conditions suivantes : – avoir servi dans l’armée, ou être titulaire d’une décoration civile ou militaire, ou savoir lire et écrire en français, ou détenir un emploi : fermier, commerçant, fonctionnaire, élu ou toute autre fonction sédentaire, ou être fils d’un indigène ayant obtenu la citoyenneté française alors que le sujet était déjà adulte.
La somme de toutes ces catégories constituait un ensemble tellement large que les auteurs de ce texte ont certainement pensé que toute la population musulmane accéderait progressivement à la citoyenneté française. Malheureusement cette loi se référait au cadre du Senatus Consulte de 1865. Comme ce dernier, elle impliquait donc une renonciation au statut personnel musulman. Elle n’eut guère plus de succès que le texte initial de 1865.
En résumé, alignant leurs positions sur celles des Juifs de France, les autorités religieuses régissant les Juifs d’Algérie ont considéré que, malgré les graves modifications qu’un tel changement de statut apporterait à la constitution de la famille et au partage des successions, la citoyenneté française était parfaitement compatible avec les dogmes de la religion juive. L’accès à cette citoyenneté qu’ils réclamaient depuis la conquête de 1830, leur a été une première fois offerte en 1865, s’ils la demandaient à titre individuel.
La communauté juive a alors revendiqué sa complète assimilation. Napoléon III était disposé à la leur accorder. Dans les circonstances dramatiques de 1870, ce furent des hommes qu’on peut considérer comme « de gauche » qui leur donnèrent satisfaction.
La citoyenneté française a également été offerte aux musulmans algériens.
Une première fois en 1865, en même temps qu’aux Juifs et dans des conditions parfaitement identiques à celles qui ont été le même jour offertes à ceux-ci. Puis une seconde fois, d’une manière plus spécifique, en 1919. Les musulmans ont alors été les seuls bénéficiaires de la mesure puisque, pour les Juifs, c’était fait. Lire la suite dans
Le sommet de la Ligue arabe, programmé les 1er et 2 novembre 2022 à Alger, est dans toutes les têtes, depuis des mois. Qui se rendra à cette grand-messe de la diplomatie arabe, qui n’y sera pas ? Les conjectures vont bon train, et les arrière-pensées géopolitiques avec. Ce qu’on sait c’est que le prince héritier saoudien, Mohamed Ben Salmane, n’y sera pas, officiellement à cause de pépins de santé ; idem pour l’émir du Koweït, Nawaf Al-Ahmad Al-Jaber Al-Sabah. La Syrie sera également aux abonnés absents, pour ne pas semer les germes de la division en plein sommet. Mais pour le reste ça marche comme sur des roulettes…
Pas moins de 17 chefs d’Etat ont déjà confirmé leur venue à Alger, c’est beaucoup quand on sait que tout ce beau monde s’est très rarement réuni au même endroit. Par ailleurs le déplacement du roi du Maroc, Mohammed VI, à lui tout seul serait un symbole suffisamment fort pour décréter la réussite de cette rencontre. Selon TSA la participation du souverain marocain est toujours d’actualité, à ajouter à celle du président égyptien, Abdelfattah al Sissi.
Quant aux implications du désistement de Ben Salmane, les choses sont claires pour une source algérienne proche de ce dossier : «L’Arabie Saoudite, aux côtés de Qatar, est le pays qui a le plus soutenu et encouragé la tenue du sommet d’Alger». D’ailleurs le roi d’Arabie saoudite, Salmane Ben Abdelaziz, l’a souligné dimanche dernier dans son communiqué…
«Les Saoudiens sont crédibles et sincères avec l’Algérie. En matière de politique étrangère, ils sont autonomes. Mohamed Ben Salmane devait venir avec une délégation de 300 personnes. S’il n’a pas pu le faire, cela doit avoir des raisons plus personnelles que diplomatiques (…). Il y a 17 chefs d’Etat qui seront présents, ce n’est pas rien», ajoute la même source.
Et les dossiers ne manquent pas : la Palestine dont le président algérien a fait une priorité, la guerre en Ukraine, le conflit sanglant au Yémen, le problème syrien, l’instabilité politique chronique au Liban et en Irak, le bras de fer entre l’Algérie et le Maroc, etc. Mais «toutes les conditions sont réunies pour le succès du sommet d’Alger, qui n’est pas un sommet ordinaire après plusieurs années d’absence et deux ans de crise sanitaire», conclut la source.
I began writing this blog post looking back on all the good things about our three years in Algeria as Adam and I were minutes into our departure flight. Our plane — which, in addition to holding us and five large suitcases, also carried Gus and Boj, both of whom are really starting to showing their age — had just soared over the minaret (the tallest in Africa) of the Algiers mosque, which “opened” early in our stay, but somehow never really opened. We were leaving for America, where we haven’t really lived since we got married and moved to Yemen back in 2012. The past several difficult weeks in Algiers were still fresh in my mind: Me having a never-ending cold (allegedly not COVID, but I think it might have been, again), Adam being away in Ireland at an ultimate frisbee tournament for nearly two weeks, me packing up our beautiful Algiers house alone, finishing up work, saying goodbye to friends at nighttime parties and nursing the hangovers that resulted from those goodbyes, scrambling to throw an “Embassy Community Center Reveal” in the space I’d been designing for the past seven months. Those weeks were stressful and a little sad and culminated in several days spent with Adam in a nearly totally empty, echo-filled, filthy-from-packing house, sleeping on an embassy bed and sharing the single bath towel we’d left behind. So I was ready to get on the plane and fly on to the next part of life.
And now here I am in Princeton, New Jersey, putting final touches on this blog post in a coffee shop. An honest to goodness American coffee shop. I’m thrilled to be here and feeling like the cornucopia of American delights and conveniences are mine for the sampling. More on this soon! But for now, Algeria was a really great place to live for three years. I liked it much more more than I expected to. Here’s what I’ll miss the most:
The Grocery Shopping: Even as I fantasize about my first grocery trip back in America and what I’ll buy – Brussels sprouts, sweet potatoes, pre-washed bagged lettuce, coconut water – I know I’ll remember fondly for the rest of my life how I grocery shopped in Algeria.
Back when we arrived in 2019, how we’d feed ourselves was at first confounding. Not only were there seemingly no good restaurants, but the grocery stores appeared poorly-stocked and tiny. Our embassy organized a trip to a large grocery store and I was shocked at how big the store was in comparison to how little variety there was. There was an entire aisle of just one brand of bar soap! And the brand was ISIS. The produce section was pitiful. I had an Instagram post from July of 2019 that asked “Where are all the vegetables in Algeria?”
It took me a few weeks, but I realized all the vegetables are at Premier Mai, the huge everyday indoor/outdoor market housed in a giant Soviet-style concrete structure painted with in multi-color pastels. But for most Algiers folks, the produce is actually at the many small fruit and vegetable stores located every few blocks. And the quality is top-notch, the selection seasonal. Peach and nectarines season is resplendent, when the cherries come, boy to they come. The plump figs are a sight to behold for about three weeks. As almost everything is local, the variety is not huge but it’s sufficient for someone who loves to cook to make almost anything, or at least discover apt substitutes. (Did you know that purple cabbage, sautéd in butter and miso, finished with a little maple syrup, tastes almost exactly the same as the maple-miso Brussels sprouts I make when in the U.S.? Also: carrots, when roasted until nearly caramelized, very closely resemble a sweet potato fry in both appearance and taste). The guys at my vegetable stand came to know me well, and like me well enough, especially after I brought Adam and he spoke to them in Arabic. They were always throwing in a few treats – some plums, some oranges, some dates – probably mostly because I had to have been their best customer, regularly paying upwards of $20 for a few imported avocados.
It wasn’t long before I discovered that grocery shopping in Algeria requires about three or four stops to get all your things. My standard route was the fruit and veg stand, then to Presque Isle Poissonerie where I’d buy a few filets of cod (if they had it), tuna, shrimp, swordfish chunks, sometimes a few pre-rolled shrimp bourek that I’d fry up later. Then, to Le Fournée Gourmond, the best boulangerie in Algiers where I’d get three rustic baguettes (a paltry number compared to how many baguettes Algerians buy in one go) and sometimes a few tiny molten lava cakes. Then, to the Superette Chetaouni, which is like a much smaller and less orderly American grocery store. It’s notoriously difficult to ship things in to Algeria — there are delays and there are rules on what one can ship (for instance, it’s currently against the law for importers to import certain things that are produced in Algeria already). So, much of what one can purchase at a superette arrived in Algeria via a suitcase. It’s not uncommon for Algerians arriving from trips abroad – from France and Spain, for instance – to be waiting at the baggage claim to collect their five, six, seven suitcases, bursting at the seams, from the belt. That means you might see a product in a grocery store one week and then not again for several months, and this was all exacerbated during COVID. But it also makes shopping at the Algerian superette rather exciting as you never know what you’ll find. (I’m such an optimist, aren’t I?). A few weeks ago, there was Schwepps ginger beer with chili and lime and I snapped up up a four-pack, and sometimes there is even feta cheese. The superette is also where I made some trial-and-error discoveries like that the local brand of creme fraiche is an apt stand-in for sour cream, the Algerian Ben Amour pasta is every bit as good as the pricier Barilla, and the red wax wrapped Holland-A brick of cheddar cheese is pretty good. (And I love me some cheddar cheese).
I could write entire blog posts on grocery stores in foreign countries (and I have! Several times!) but one final grocery shopping observation: In three years in Algeria, I never once witnessed an ornery or rude encounter in the shops. I never heard anyone say “Hey, I was in line!” or yell at a shopkeeper, or complain about a product not being in stock. In fact, people are so pleasant when shopping that I often think about Americans pushing their carts through big grocery stores, stressed, or pissed off, or reacting to toddlers throwing tantrums. It’s not like that in Algeria. I don’t want to pretend it’s Pleasantville or anything. There’s very limited parking, nowhere to bag your groceries, the stores are not accessible to people with disabilities, and the overuse of plastic would astonish you. But grocery shopping in Algeria actually is quite pleasant and I’ll miss it.
Youyous: There is a joyous sound of female celebration in Algeria (and in a number of Middle Eastern countries) that I think everyone should know about. It’s called the youyou and it goes like this: Women do a continuous trilling of “you-you-you-you-you-you-you-you” often with one hand cupped on the upper part of the lips and it ends with a high-pitched “you-eeeeeeeeeeeee.” It’s dramatic and uproarious and I just have an enormous smile every time I hear it. It’s a sound of celebration and kind of a “you go girl” so it’s done during weddings, graduations, and you’d do it any time someone, often another female, is accomplishing something. At an embassy awards ceremony a few weeks ago, there were a few youyous (including one when I won an award!) Every Algerian woman is capable of a youyou that is astounding in both its range and length, but my favorite youyouer is my friend Selma. Not only is Selma a total champion of other Algerians and so she often celebrates people, sometimes by youyouing, but she’s also got a great voice and is a skilled linguist in Arabic, French, and English. I asked her to record a youyou when we were in a ravine, cliffs rising on either side, in the Algerian Sahara desert, just so I could post it on this blog, but I cannot find the audio file! I’m sorry to deprive the wider world of Selma’s youyou, but perhaps it’s for the best, because the youyou is such an organic sound of celebration that I get the feeling you’re not supposed to ask your Algerian friends to do it on cue.
I know there were at least a few youyous unleashed at this June party on our Algiers patio.
Kind, Open, Calm People: Every diplomat says the best part of wherever they’re living is “the people” but I swear I mean it about Algeria. Right away, Algerians invited us to dinner and they meant it. A few months back, I was at my desk at the embassy when security called and told me that someone was at the front with my wallet. A look in my bag confirmed I was indeed walletless. My colleague Khaled, who is a social media guru who became a beloved celebrity in Algeria, followed me outside, saying “this could be good for a reel!” A young guy had found my wallet on the ground in the nearby neighborhood of Sidi Yahia and seen my vaccination card inside, which is stamped with U.S. Embassy logo. I thanked him and Khaled made us film a little video in which he explained the situation and I said how I wasn’t surprised because this is how Algerians are. (The video went a little viral and I was thereafter often recognized as the “girl who lost her wallet.”) A real highlight of my three years was getting to sit next to a dozen Algerian colleagues (when we weren’t working from home). Their openness and generosity with in sharing with me their time, stories, opinions, and knowledge about Algeria helped so much in my understanding of and appreciation for Algeria.
This same sort of calm and generous vibe is also what makes the driving — which, to an untrained eye appears frenzied and lawless — actually quite manageable. Yes, there are packed little streets, no stop lights, signs, functional crosswalks, or written rules on the roads of Algiers. But the constant foot patrol police presence coupled with nice people makes driving if not easy, then at least a lot easier than it looks. Having to back up my car into a little nook to let other cars pass about a million times in the past three years was manageable because it was a rare day where someone made a rude or impatient gesture. You just do this time-consuming dance of shimmying your vehicle into whatever nook you can find to let a car squeak by with a neutral expression on your face and a little wave or nod to the other driver at the end. Often a pedestrian will come out and help direct the squeak-by. Each conflict-free time I did this – like five times each day – I’d think how such an interaction in the U.S. could go — drivers would probably make terrible faces, hand motions like “Go, you idiot!”, and swear a few times. Maybe even get in fights.
Most profound for me though, and probably most surprising, is how warm and open Algerians are. Algeria, especially the city of Algiers, experienced terrible violence at the hands of Islamic extremists in the 1990s, a time Algerians refer to as the Dark Decade. I’ve heard stories of a friend narrowly escaping being shot on the street. His childhood friend died. Women, intellectuals, artists were shot point-blank in the streets, one in the halls of the fine arts college. I figured that such a scary and sad past, from not too long ago, would have lingering effects of making the everyday Algerian closed, hesitant to talk to outsiders, not so willing to open up. But I’ve found the exact opposite to be true. One evening I was at a party in the home of an Algerian who owns a boutique. I’ll never forget eating Tipaza oysters in their backyard while they shared memories of going to clubs wearing whatever clothes they wanted as an act of resistance in the ’90s. Although I wasn’t cracking up along with them – I was more mouth agape, trying not to get stuck on French words I didn’t know – I recognized the way in which they told their side-splitting stories as way to process that oppressive and violent time.
I know family stories, embarrassments, achievements, fears, goals, cultural values, and more from many Algerians, and I feel so honored by that as someone who is interested in the interior lives of others and as a writer. Never before have we had so many local friends when we lived in a place: Certainly not Spain (where we never step foot in a Spanish person’s house), not Jerusalem, not Morocco. And it’s because Algerians are hospitable, generous, warm, and open. Algerian people are absolutely what I’ll miss the most about Algeria.
So those are the big three, but honorable mentions must go to our spacious, beautiful home; the excellent seafood in Algiers; the gorgeous colonial architecture of Centre Ville; the way Algiers – the White City – ascends from the Bay of Algiers; the many wonderful artists, musicians, designers, and creatives in Algeria who produce such beauty and are trying so hard to establish a thriving and professional cultural scene; the hilly little streets with dripping bougainvillea and wisteria; bathroom hoses; blue and grey stripped curtains hanging over balcony railings; Mount Chenoua rising from the Mediterranean Sea in Tipaza; crispy fried bourek; all the cats (so many cats!); handpainted tiles; the sweetness of Algerians being so close with their families (if they don’t live with their parents, they are speaking to their parents and siblings and maybe even cousins on the phone daily); the world class travel destination of Djanet; the gentle curves of the mosque domes, of the arched doorways, of the keyhole windows; monochromatic desert buildings; the languid daily calls to prayer.
Despite not living in Algeria any longer, I can’t quit it just yet. In the upcoming months, I’ll be doing blog posts on a few spots I traveled to included Constantine, the city of bridges; Ghardaia, home to an insular religious community and vintage rugs at low, low prices; Tlemcen, home to one of the world’s largest caves; and an incredible musical desert adventure of a lifetime in Taghit. And a post on how North African design has really influenced my own design aesthetic. And I’m already excited about writing Emily’s Guide to Algiers, with all my favorite shops, artisans, and things to eat. And, while I always prefer to focus on the positive, it’s also important to be to be honest and balanced, so there is a “What I Won’t Miss About Algeria” post in the works.
Les commentaires récents