Aau début de cet été 2020, une nouvelle maison d’édition à Marseille – Terrasses éditions – a édité un ouvrage de/sur Jean Sénac (1926-1973). Cet intérêt pour celui qui demeure un des grands poètes algériens de langue française est, pour ses lecteurs, une joie et une bouffée d’oxygène.
Le présentant dans son article sur la littérature algérienne dans l’Encyclopaedia Universalis, Jamel Eddine Bencheikh écrivait que Sénac était « sans conteste, à l’heure actuelle, le plus grand poète algérien ». La qualification « algérien » n’est pas accessoire pour celui qui confirme, dans l’introduction au Diwan algérien, en 1967, la définition de son ami : « Est écrivain algérien tout écrivain ayant définitivement opté pour la nation algérienne ». Car c’est bien autour de l’appartenance algérienne, à la fois comme appartenance citoyenne et comme appartenance créatrice que se joue l’enjeu central de l’essai réédité cet été. Lire Sénac, c’est ne pas être dans le conformisme et plonger dans la poésie « sur tous les fronts », selon le titre de l’émission qu’il animait à la Chaîne III à Alger après l’indépendance. C’est apprécier aussi l’autre constante de son écriture : l’engagement. Ce mot bien galvaudé, traité souvent aujourd’hui par le mépris par ceux qui pensent être détenteurs de la « vraie » culture, Jean Sénac l’a pris à bras le corps pour dire ce qu’il avait à dire.
Dans une note qui ouvre l’ensemble, les éditeurs expliquent leur projet : donner une nouvelle visibilité au seul essai non réédité de Jean Sénac depuis 1957, Le Soleil sous les armes. Ils en soulignent le nomadisme car son édition par Subervie à Rodez le 1er octobre 1957 a été précédée par deux conférences et un article dans le n°5 de la revue Exigence, aussitôt censuré. Notons que l’article de Sénac était accompagné de la « Lettre à Lacoste » de Frantz Fanon et de la « Porteuse d’eau » de Kateb Yacine.
Hamid Nacer-Khodja, vigile obstiné de la présence de Sénac, a donné toutes les précisions sur le poète, sa vie, ses activités et son œuvre, dans une recherche mise en valeur par le travail éditorial de Marie Virolle, chez Marsa éditions en 1999. Le volume de près de 400 pages ainsi constitué est une somme incontournable qu’on ne peut éviter dès lors qu’on s’intéresse à ce poète. Il a été suivi par d’autres publications d’Hamid Nacer Khodja, trop tôt décédé.
Dans cette nouvelle édition, nous nous attarderons sur l’essai, véritable pépite de l’histoire littéraire algérienne. Il ne nécessite ni éclaircissements, ni explications tant la plume du poète se fait didactique, ne laissant pas de zone obscure à déchiffrer. Mais son existence et sa publication, en ces années de guerre, était un événement qu’il faut apprécier à sa juste mesure. Les éditeurs ont choisi d’y adjoindre d’autres textes. Quel a été leur choix ? Après la note de mise en contexte que nous venons de rappeler, est proposée une préface de Nathalie Quintane selon le procédé d’écriture qui est le sien : une succession d’énoncés-fragments, en marge d’une argumentation organisée au profit d’un enchaînement dont l’aléatoire peut provoquer la surprise.
Rappelons qu’elle a publié en 2004, L’Année de l’Algérie, à la facture assez déroutante, avec une construction semblable, fragmentée et non-linéaire.
Vient ensuite l’essai lui-même, Le Soleil sous les armes – Éléments d’une poésie de la Résistance Algérienne. Puis la réédition de l’ensemble Jean Sénac vivant, initié et coordonné par Jean Déjeux, en 1981. Le premier texte est un essai de celui-ci sur l’itinéraire du poète, « poète pour habiter son nom ». Il est suivi par trois séries d’hommages d’intellectuels et d’écrivains – il y en a eu bien d’autres –, puis une lettre de Sénac à René Char, du 4 octobre 1950. J. Déjeux y avait aussi adjoint un recueil de poèmes inédits, A-Corpoème, selon la définition du poète : « Le corpoème se présente comme un Corps Total (la chair et l’esprit), c’est dire qu’il est une manière de roman où le poète est donné. Ébloui ». Enfin, en conclusion, un texte récent de Lamis Saïdi, traductrice qui exploite la double notion de peuple et de marche en référence au mouvement actuel du Hirak.
Il est certain qu’un ouvrage ne peut rendre compte de la richesse de l’œuvre de Sénac et chaque éditeur fait des choix selon l’objectif qu’il se fixe. Pour ma part j’aurais souhaité un ensemble de textes des années 1953 (numéro unique de la revue Terrasses) à l’année 1957, édition de l’essai. Mais finalement tous les choix sont valables car l’œuvre de Sénac est d’une grande richesse et variété.
C’est sur l’essai que je m’attarderai car il est le joyau de cette réédition comme étape à ne pas oublier d’une littérature algérienne en plusieurs langues qui n’a pas perdu de sa réalité même si elle est masquée par un discours plus univoque aujourd’hui. Auparavant, rappelons quelques portraits de Jean Sénac pour donner un visage à une plume. Marie Virolle, dans le collectif Pour Jean Sénac, de 2004 (Rubicube et le Centre Culturel Français d’Alger, Alger), rappelle l’impossible enfermement du poète dans une seule image : « Jean ne peut se réduire à ces quelques portraits. Il faut plonger dans ses textes pour entrevoir le tumulte et le chatoiement de ses mers intérieures »… Elle nous convie à accepter un voyage inédit : « Le côtoyer rend plus humain. Moins étranger. A l’Algérie, à soi-même […] Je suis éprise de Jean qui, comme cette terre, était paradoxal. Pur dans sa débauche, sauvage dans sa civilité, confus dans sa détermination, généreux dans son ascèse, déchiré et uni dans sa pluralité ».
Il y aurait plus d’un texte à citer qui offrirait les facettes multiples du poète : hors norme, il ne pouvait qu’attirer regards et appréciations. Prenons la reconstitution des biographes, Émile Temime et Nicole Tuccelli, en 2003 : « Jean, qui n’a jamais été un bel homme, est séducteur. Pas très grand, précocement chauve, peu attaché à son apparence, il a des gestes dont la chaleur lui vaut toutes les indulgences. On le devine s’attirant les amitiés les plus ferventes par sa « présence solaire »’, jouant de la parole et de la fantaisie partout où il se présente. Le charme n’exclut pas l’insolence et la violence chez cet être capricieux, dont les colères frénétiques sont évoquées par nombre de ceux qui l’ont connu. S’il fatigue et lasse parfois son entourage, il cultive comme personne l’art du relationnel et de l’amitié ». (Jean Sénac, l’Algérien – Le poète des deux rives)
Marie Virolle encore, éditrice de ses inédits et fidèle lectrice, parcourt des yeux une succession de photos : « Le Jean des derniers mois, barbu et échevelé sur une plage algéroise. Christique, plus encore. Sa vie à nu jetée au vent du large. Il est entouré, lui, le cheikh de 47 ans qui va mourir, par la belle jeunesse des artistes qu’il aime, soutient, encourage. Il leur insuffle « la Poésie d’Esprit et de Chair » qui déjà « s’accrochait avec acharnement » à lui quand il avait leur âge. Mais le sourire de cette plage ventée cache de grandes douleurs : amertume, déchéance, humble colère : « Maudit, trahi, traqué/ Je suis l’ordure de ce peuple/ Chassé de tout lieu toute page » (Citoyens de laideur). Passé « le gué de la quarantaine », il semble avoir choisi, à l’image de certains mystiques, la « voie du blâme ». Nocturne, il fréquente les voyous et les marginaux, devenant parfois leur victime expiatoire, comme cet autre Méditerranéen, Pasolini. Et il livre sans pudeur ses turpitudes dans dérisions et Vertige ».
Dans le recueil de Terrasses éditions, trois des écritures majeures de Sénac sont présentes : celle de l’essai, celle de la lettre, celle de la poésie. Et en miroir, une partie de la récolte des très nombreux hommages qui lui ont été rendus qui éclairent cette personnalité complexe entre amours, amitiés, rencontres et intrusions. Il faut aussi rappeler l’écriture autobiographique qui fut une de ses obsessions et s’est concrétisée dans Ébauche du père, roman remarquable, publié à titre posthume et incontournable si on veut approcher ses origines, sa formation et ses convictions ; écriture autobiographique que l’on retrouve dans de nombreux poèmes. Elle n’est pas une annexe mineure de l’écriture poétique. Comme dans tant d’autres domaines, Sénac brouille les frontières, ici celles des genres littéraires. Car se dire au jour le jour, se mettre à nu jusqu’à l’exhibitionnisme, débusquer ses pulsions secrètes les moins avouables est une posture de ses textes poétiques. En 1954, Jean Sénac avait entrepris la rédaction d’un journal, genre très proche de l’autobiographie, où l’on retrouve aussi la constante diariste du poème. Il y note : « Toujours, partout, parler de moi. De moi. Et le poème, le culte encore de moi. »
Dans la préface à son dernier recueil, dérisions et Vertige, il affirmait en décembre 1972 : « une fois de plus, cette poésie est un Journal. Mal foutu, incorrect, nervures détramées, persécuté jusqu’à son eau, aux lisières de nos quotidiens Sétif, Auschwitz, Hiroshima. Qui dirait, un essai pour FRANCHIR ».
Le franchissement est le passage impalpable entre le vécu et la fiction, cette ligne que Jean Sénac franchit sans cesse, dans un sens et dans l’autre. Le poète élabore son expression personnelle en forgeant une écriture de la mémoire en fragments et détours, en instants de réel détournés, en jouant et se jouant du référent et du symbole. S’y mêle l’humour, marque d’une joie de vivre, malgré tout, qui fait rebondir le texte, rendant le tragique plus acceptable et l’insupportable, burlesque ou tendre. Par son destin tragique et par sa disparition, Sénac est la référence privilégiée d’un temps difficile à comprendre mais dont les énigmes nourrissent cet échange fascinant entre l’Algérie et la France.
Ce qui n’est pas énigmatique, dans toute son écriture, quel que soit le genre élu, c’est l’attachement à un pays profond, à une terre, à un ancrage : l’Algérie et à sa langue de création, travaillée dans la jouissance et la souffrance et jamais admise comme une simple évidence, le français. Une expression artistique, une terre, une langue : les blasons sont là pour désigner une recherche identitaire comme construction permanente de l’être entre deux pays, deux cultures (au moins), deux engagements dans la période si décisive de la décolonisation algérienne, dans les années précédant et suivant 1962.
Revenons à la période de la guerre de libération : 1954–1962 puisque l’essai s’écrit et se publie en son centre. Le premier éclaircissement à donner est celui de la dédicace. Elle manifeste les attaches et amitiés de Sénac, alors :
« Aux femmes de mon pays
A mes frères écorcheurs de ténèbres
à Annie Fiorio
Ahmed Taleb et Layachi Yaker
à Kader
« Nous sommes venus au monde fraternels !
Brisées soient les mains de tout Diviseur ! »
(M.Z. Chant national algérien)
Le peuple est d’abord célébré puis viennent les noms : Annie Fiorio, plus connue sous le nom de Annie Steiner, militante, emprisonnée de nombreuses années ; Ahmed Taleb Ibrahimi, fils du Cheikh Ibrahimi, figure marquante du Mouvement réformiste avec le Cheikh Ben Badis ; Layachi Yaker, militant. M.Z. désigne Moufdi Zakaria, auteur de « Qassaman », Hymne national algérien.
L’entrée en matière s’écrit autour de deux mots privilégiés : Poésie et Résistance : « Au vif de la mêlée, éperdument aux écoutes, le poète va donc vivre du souffle même de son peuple. Il traduira sa respiration, oppressée ou radieuse, l’odeur des résédas comme celle des charniers ».
Jean Sénac célèbre les poètes, aux avant-gardes de l’Histoire en train de se faire. A l’appui (et ce sera ainsi tout au long de l’essai), un poème de Nordine Tidafi, épaulé par un extrait de « Toute la lyre » de Victor Hugo. Suivent des extraits de poèmes des années 40 de poètes des trois « communautés », « Français », « Juif » et « Arabe » qui « essayaient d’éveiller une conscience confinée dans son égoïsme ». Et rappelant les mots d’un lycéen constantinois à Sétif en 1945, il convoque Rimbaud et son appel au souvenir de Jugurtha. En ouvrant l’éventail de ses citations, Sénac montre qu’il ne défend pas « un nationalisme étroit et refermé sur ses cactus » mais qu’il veut rendre visible un fait national évident multiculturel et multilinguistique. A nouveau, il appuie son affirmation par une cascade de poèmes mêlant poètes de la terre algérienne et poètes français. Il peut alors offrir un panorama de la vie artistique en Algérie, plus précisément poétique, étouffée par la colonisation : « Si le peuple algérien est en guerre, c’est aussi parce qu’il revendique le droit à sa poésie, ses droits à la Poésie ». Vient alors la question des langues : l’arabe et le berbère sont bien présents mais amoindris dans leurs manifestations par la domination du français. Il cite alors Kateb Yacine en adhérant à sa position vis-à-vis du français qui est de conquête et d’appropriation et non de soumission sournoise ou consentie. Sénac rejette avec force remords et culpabilité d’utiliser cette langue. Le français des poètes algériens est habité par leurs langues maternelles et par les réalités de leur vécu ; il est transformé et nourri par elles et les créations expriment un univers spécifique : à l’appui Fanon, Char et le Camus de la Libération française de 1945.
Une quarantaine de pages sont consacrées à une anthologie poétique algérienne : toutes les voix se mêlent en français ou traduits dans cette langue. La conclusion est aussi brillante que l’introduction : « Nous essaierons de dresser, sur tant de misères et de larmes, une culture fraternelle qui réponde à la vertu de notre peuple et à l’espérance de ce temps. En poètes libres et lucides, fiers d’être les citoyens d’un aussi beau pays, nous aiderons à bâtir la cité radieuse des hommes ».
Ce texte est à lire tant pour sa facture d’un bel équilibre que par sa force de conviction et on ne peut que se féliciter, encore une fois, de sa réédition. Ce qu’il brasse n’a pas disparu et fait partie d’un patrimoine algérien même si les fruits espérés n’ont pas tous été offerts à l’issue de la résistance d’un peuple.
Il faut le relire en même temps que le numéro spécial, « Algérie », voulu et coordonné par Sénac, de la revue de Subervie à Rodez, Entretiens sur les Lettres et les Arts, en février 1957. On y retrouve les noms qui vont confirmer leur notoriété : Lacheraf, Kateb, Haddad, Sénac, Mammeri, Dib, Tidafi, Kréa et Mohammad-Al-Id ; des poèmes populaires ; des textes de Harbi, Mustapha Kateb, Ghani Merad et Benmiloud. Le tout est illustré par les dessins de Bouzid, Issiakhem, Khadda.
Les deux poèmes que Sénac donne, « La Patrie » et « Ébauche du père » rencontrent nos affirmations précédentes sur les préoccupations du poète. Outre les textes de créations, on y trouve aussi deux Lettres : celle de Mammeri, « Lettre à un Français » et celle de Kréa, « Lettre à un étranger incompréhensible ». Sénac y publie aussi un long texte, « Kateb Yacine et la littérature nord-africaine ».
L’autre texte, à mon sens, à lire en même temps que Le Soleil sous les armes est plus tardif : c’est l’essai ironique et frileux de Malek Haddad, en 1961, Les zéros tournent en rond, sur les critères à remplir pour être ou non écrivain algérien. Dans son essai, Malek Haddad revient sur la question qui l’a hantée : l’aliénation de l’intellectuel et écrivain francophone, séparé de son peuple par la langue dans laquelle il s’exprime, figure même d’une dépersonnalisation plus large des élites et de la domination de l’occident sur l’âme algérienne ; l’islam et la langue arabe deviennent les véritables armes de la résistance du peuple algérien. A la soif de Sénac de donner à voir une algérianité multiculturelle et multiethnique sans méconnaître la dominante des composantes arabe et berbère, à sa recherche d’une présentation de la poésie algérienne dans sa diversité d’imaginaires et de langues, s’opposent les affirmations de Malek Haddad qu’on peut lire comme une contre-réponse à l’essai de Sénac : « Mes cousins de la montagne écorchée n’auront pas déchiffré ton monument, Kateb Yacine : Nedjma. Les vieilles de « Dar-El-Spitar » n’auront pas eu à se reconnaître dans ta Grande Maison, mon cher tisserand de la quotidienneté maudite, Mohamed Dib. Qui aura lu Le Séisme de Kréa dans les ruelles sans roses de Blidah ? Pourtant la musique trouvera l’orchestre qui convint. Marcel Moussa, Malek Ouary, Feraoun, Sénac, Mammeri, Jules Roy, Amrouche, mon ami Roger Curel, Roblès, je pourrais reprendre à votre compte le mot d’un porte-parole de la France-Libre et vous dire avec tout mon respect, toute mon affection : l’Algérie présente les armes à votre solitude.
Je vous salue orphelins de lecteurs authentiques, vous nobles Représentants et tragiques Solitaires. Vous m’aurez fait comprendre l’expression « Prêcher dans le désert » ; mais, au-delà de mon amertume, je sais que la vocation des déserts est d’engendrer les amples méditations et les gazelles ».
Ce débat sur l’impossible « algérianité » des œuvres qui ne sont pas écrites en arabe n’a pas fini, encore aujourd’hui, d’être passionné. Pour notre part, on peut conclure la présentation de cette réédition par le témoignage de Mostefa Lacheraf, en 1991 : « L’Algérianité, la patrie charnelle, l’appartenance spirituelle mais pas nécessairement religieuse à un pays, la littérature comme miroir et centre sensible d’une expression identitaire liée davantage à la géographie et à la société qu’à l’Histoire et à la « nation » traditionnelle exaltées toutes deux par le sectarisme et les mythes. Et comme j’ai bien connu Sénac, Anna Gréki et J. Pélégri, je peux, en toute modestie, en parler sur ce plan-là, c’est-à-dire au sujet du « choix » algérien de chacun d’eux et de certaines de ses caractéristiques ce qui, d’ailleurs, fait de l’algérianité un véritable « registre » nuancé, diversement adopté ou motivé à l’instar des grands choix humains.
Le plus disponible, le plus enthousiaste à ce point de vue-là, ce fut Jean Sénac, un homme de gauche qu’aucun clivage idéologique ou partisan ne bridait […] Il revendiquait sans amertume son droit d’être Algérien, de partager toutes les aspirations de notre peuple ».
Jean SENAC, Le Soleil sous les armes, préface de Nathalie Quintane, Terrasses édition, 2020, 276 p., 10 €
https://diacritik.com/2020/09/23/lengagement-dun-poete-1957-un-essai-de-jean-senac/
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