Un livre qui détaille comment le président français est tombé dans les rets de sa complaisance envers Alger.
Dans L’Algérie de Macron: Les impasses d’une politique mémorielle (Les Presses universitaires de France-PUF-, 294 pages, 260 MAD, 29 mai 2024), les auteurs Sébastien Ledoux et Paul Max Morin rappellent que c’est le président français Emmanuel Macron qui agit activement dans ce dossier, que c’est lui qui a annoncé la création d’une «commission mixte d’historiens» pour régler le différend mémoriel entre Paris et Alger, tandis que l’autre partie se contente d’enregistrer les timides pas français.
Emmanuel Macron reste néanmoins prudent, s’il tient à «la vérité» et à «la reconnaissance», il récuse toute «repentance» sur les questions de la colonisation et de la guerre d’Algérie contrairement aux souhaits des Algériens. M. Macron se borne à quelques gestes cosmétiques, comme déposer une gerbe devant le monument aux «morts pour la France», visiter le principal cimetière d’Alger du temps de la colonisation française ou afficher sa volonté d’ouvrir les archives de l’époque coloniale.
Selon Le Point, qui a décrypté les axes du livre, «les politiques publiques mémorielles sur la guerre d’Algérie n’ont jamais cessé d’évoluer» sauf qu’elle sont «plutôt guidées par des objectifs électoralistes.» Emmanuel Macron, au pouvoir depuis 2017 a produit un «récit performatif sur la relation de la France avec le passé algérien pour en faire un objet de politique mémorielle». «En adoptant un discours sur l’oubli, Emmanuel Macron se place en homme de rupture. Définissant l’Algérie comme un problème existentiel concernant l’ensemble de la société française, il construit sa propre légitimité présidentielle de réconciliateur», insistent les auteurs.
Le président actuel «continue à jouer sur cet effet de génération pour solder les comptes et “renouveler” les relations avec les anciens pays africains de l’empire français», sauf que son pari de se présenter comme «l’homme du dépassement de l’héritage colonial» n’a fait qu’empirer la problématique du «trauma Algérie» malgré «[son] investissement considérable pour la guerre d’Algérie.» En cause, selon les auteurs, une politique mémorielle «gazeuse» réduite à «une politique catégorielle» envers les «groupes mémoriels» concernés auxquels est proposée une «inflation» d’actes mémoriels.
«Le pilotage exclusif de la politique mémorielle par l’Élysée affecte structurellement le déploiement de la politique publique, privant le président de capacités transformatrices», notent les auteurs du livre. «La politique mémorielle se fait sans la mobilisation des moyens de l’État, repose presque exclusivement sur la geste présidentielle et épouse l’agenda du président. Benjamin Stora [historien proche de Macron responsable du dossier] doit donc travailler vite, faire l’économie de la profondeur et formuler des recommandations rapidement réalisables», a-t-on détaillé.
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