Second tour des législatives en France
Terrassé par une mobilisation sans précédent de l'électorat français, debout unanimement face à la menace des partisans de la xénophobie et du racisme auxquels s'ajoute la haine de l'islam et de ses communautés, le RN, qui aura tout fait pour se dédiaboliser et jouer au parti BCBG, est brutalement renvoyé à ses chères études.
La désillusion est totale
Hier, les électrices et les électeurs français étaient attendus en masse pour trancher sur un second tour des législatives décisif non seulement pour le sort de leur circonscription administrative mais aussi, et surtout, pour une France qui cherche à conserver son rôle moteur au sein de la machine européenne.
A 17 h, déjà, la majorité des instituts de sondage (Ifop, Ipsos, OpinionWay et Elabe) indiquaient un taux de participation record de plus de 59,7%, estimation appelée à atteindre au bout du compte, voire même dépasser, les 67%! Du jamais vu depuis l'élection de Français Mitterrand à l'Elysée, en 1981, suivie des législatives qui ont propulsé la gauche au gouvernail de l'Assemblée nationale. Le vote d'hier avait un double impact: d'une part, l'objectif républicain était de barrer la route à l'extrême droite, devenue triomphante et expéditrice sur un bon nombre de sujets qui avaient de quoi donner des frissons non seulement aux ressortissants de l'Hexagone mais même au-delà. D'autre part, il s'agissait de concrétiser, sur la base du front républicain érigé face au péril du Rassemblement national (RN) et de ses alliés LR versus Ciotti, une alliance entre courants de gauche, centriste et macroniste à même de prétendre constituer une majorité parlementaire conséquente et de former un gouvernement.
Pour savoir si cela est devenu possible, il faudra attendre les résultats définitifs mais il est clair, au su des premières données livrées à 20h locales, que le principal objectif est largement atteint. Les estimations mettant le Nouveau Front Populaire, acté par les formations de la gauche, en tête devant le RN puis la coalition présidentielle Ensemble, suivie du parti Les Républicains et divers droite, données à plusieurs reprises par les enquêtes d'opinion, depuis le premier tour du scrutin qui devait lever l'hypothèque d'une extrême droite nantie de la majorité absolue et poussant la France dans un gouffre insondable que redoutaient ses partenaires européens, maghrébins et africains, au premier chef, sont bel et bien confirmées.
Rappelons qu'au premier tour, il y a eu 76 députés élus dont 39 pour l'extrême droite (RN) et 32 pour l'union de la gauche (NFP). Il restait donc hier 501 sièges à pourvoir dont la répartition sera conforme aux pourcentages de voix acquises par les uns et les autres, sachant que 4 quadrangulaires et des triangulaires dans 306 circonscriptions ont quelque peu compliqué les manoeuvres. Toujours est-il qu'à en croire les tout derniers sondages sortis des urnes, et qu'il faut considérer avec des pincettes parce que rien n'est encore totalement joué, c'est bien le Nouveau Front Populaire qui est en tête du scrutin, avec un nombre de 170 à 210 députés. Vient ensuite, juste derrière le NPF, la coalition macronienne Ensemble qui affiche entre 150 et 180 élus. Quant au Rassemblement national et ses alliés de l'extrême droite, ils tombent de haut, et même de très haut, avec un score calamiteux de 130 à 160 sièges. En se voyant foudroyé par une mobilisation sans précédent de l'électorat français, debout unanimement face à la menace des partisans de la xénophobie et du racisme auxquels s'ajoute la haine de l'islam et de ses communautés, le RN, qui aura tout fait pour se dédiaboliser et jouer au parti BCBG est brutalement renvoyé à ses chères études. Il convient cependant de ne pas perdre de vue que la montée de l'extrémisme politique est commune à bien des pays européens, y compris l'Allemagne, et que si aujourd'hui le danger semble écarté, il n'en faut pas moins regarder avec lucidité les enjeux et les exigences d'un lendemain porteur de nuages plus ou moins désastreux.
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