Ce 13 mars le poète palestinien Mahmoud Darwich aurait fêté ses 82 ans. Celui qui n’a jamais eu l’impression de réellement habiter quelque part reste, 14 ans après sa mort, une figure de la poésie arabe et de la lutte pour la reconnaissance de son pays. Panorama de son œuvre impressionnante avec cinq de ses poèmes emblématiques.
Les textes de Mahmoud Darwich ont raconté l’exil, la guerre, l’amour au monde entier. Ces poèmes en arabe ne cessent de trouver écho dans l’actualité de la Palestine. PHOTO Wikimedia Commons
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, inscris en tête de première page / Moi je ne hais pas mes semblables / et je n’agresse personne. » Devenu un réel hymne en Palestine, ce poème publié en 1964 crie une réalité toujours actuelle. Un texte si fort que jusqu’à sa mort, les Palestiniens demandaient sans cesse au poète de le réciter... Ce qu’il refusait, préférant lire ses nouveaux écrits.
Il ajoutera plus tard à ce sujet : « Je n’ai nullement cherché à devenir, ou à rester, un symbole de quoi que ce soit. J’aimerais au contraire qu’on me libère de cette charge très lourde. »
Tout aussi contesté et d’une honnêteté frappante, ce poème, qui a été discuté à la Knesset en 1988, est une réponse à la violente répression des autorités israéliennes à l’encontre des manifestants palestiniens. « Quittez notre Terre / Nos rivages, notre mer / Notre blé, notre sel, notre blessure. » Ces quelques vers font trembler les autorités. Car Mahmoud Darwich a osé affronter les auteurs des crimes produits lors de l’occupation israélienne.
L’auteur expliquera par la suite avoir voulu désigner par « notre Terre » les territoires occupés : la bande de Gaza et la Cisjordanie.
Dans l’histoire de Mahmoud Darwich, on retrouve Rita. Une jeune Juive israélienne qui deviendra sa muse et également l’amour tragique de sa vie. En 1995, l’auteur raconte leur histoire impossible, interprétée par le renommé chanteur oudiste libanais, Marcel Khalifé. « Entre Rita et mes yeux, un fusil / Et celui qui connaît Rita se prosterne / Et adresse une prière / à la divinité qui rayonne dans ses yeux de miel / Moi, j’ai embrassé Rita / quand elle était petite. »
« Qu’ai-je donc fait, mon père ? Et pourquoi moi ? Tu m’as appelé Joseph, mais ils m’ont jeté dans le puits et accusé le loup (...) / Ai-je porté préjudice à quiconque, lorsque j’ai dit : / J’ai vu onze astres et le soleil et la lune, et je les ai vus, devant moi, prosternés. » Ce texte est de nouveau interprété par Marcel Khalifé. Le poème, qui reprend un verset coranique, a énormément fait parler de lui et lui a valu 3 procès pour blasphème. L’artiste, accompagné de nombreux intellectuels arabes, se dira attristé par ces procès qu’il qualifiait de « honteux » et « d’insulte pour la culture ». En 1999, le chanteur est arrêté pour avoir repris ces vers. Près de 2 000 admirateurs manifestent et chantent la chanson incriminée en soutien.
Dans ce poème, publié en 2002 dans Le Monde Diplomatique, chaque strophe décrit une scène différente de l’offensive de l’armée israélienne. Un texte assez controversé et poignant, pour ces vers où l’artiste interpelle un soldat israélien est prêt à tuer un civil : « À un tueur : / Si tu avais regardé le visage de ta victime et réfléchi attentivement, / tu te serais peut-être souvenu de ta mère dans la chambre à gaz, et tu te serais libéré des préjugés du fusil, et tu aurais changé d’avis. / Allons, ce n’est pas une façon de restaurer une identité. » La magie de ses écrits, c’est aussi la force qu’a l’auteur pour rappeler dans le même temps la foison de cultures et de civilisations passées par la Palestine. « Vous, qui tenez sur les seuils, entrez / et prenez avec nous le café arabe. / Vous pourriez vous sentir des humains, comme nous. / Vous, qui tenez sur les seuils, sortez de nos matins / Et nous serons rassurés d’être comme vous, des humains ! »
https://www.lamarseillaise.fr/culture/cinq-poemes-pour-decouvrir-l-uvre-de-mahmoud-darwich-KB10662668
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