Fin observateur de la vie politique, Salim Zerrouki s’est vite fait remarquer par son coup de crayon mordant et sarcastique. Le dessinateur algérien aujourd’hui installé en Tunisie revient avec un opus empli de lucidité intitulé Rwama, tome 1. Mon enfance en Algérie (1975-1992) dans les hauteurs d’Alger. Ses parents s’installent dans un immeuble flambant neuf de la cité olympique imaginée par le célèbre architecte brésilien Oscar Niemeyer afin d’accueillir les Jeux méditerranéens de 1975. Les installations modernes — qui font la grande fierté du président mégalo Boumediene — hébergent des membres de l’administration, ainsi que des familles de coopérants cubains, russes et allemands de l’Est venus enseigner le sport de haut niveau aux athlètes algériens. Au fur et à mesure que le pays s’embourbe dans la précarité économique, le quartier modèle perd de son attrait. Les étrangers ont déserté. Il ne reste que des appartements en décrépitude. Les dessins farceurs et inventifs parviennent à sortir de l’anecdotique tirant le portrait peu flatteur de politiciens prêts à faire sombrer toute une nation.
Ismaël Houdassine
Rwana, tome 1. Mon enfance en Algérie
★★★
Salim Zerrouki, Dargaud, Paris, 2024, 176 pages
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