Les obsèques de Gabriel (dit « Gaby ») Mifsud se sont déroulées ce mardi 11 juin en l’église Saint-Roch de Francheville, avant l’inhumation au cimetière local. Plus de 150 personnes sont venues dire adieu à cet ancien instituteur, maire adjoint d’une commune algérienne après 1962.
Gabriel Mifsud est né en 1926 en Algérie française. Ses grands-parents étaient entre autres d’origines maltaise et italienne. Photo diffusée par la famille aux obsèques
La gorge serrée, petits-enfants et arrière-petits-enfants défilent dans le chœur de l’église Saint-Roch à Francheville-le-Haut. Chacun à leur tour, ils lâchent une anecdote, un souvenir qui, mis bout à bout, composent le portrait d’un homme d’une grande générosité, en résonance avec cette photo reproduite sur le livret distribué au début des obsèques. Son regard pétille, il sourit, prêt à vous accueillir sans même vous connaître.
Ce mardi 11 juin, en fin de matinée, plus de 150 personnes sont venues dire adieu à Gabriel Mifsud, décédé une semaine plus tôt à l’âge de 98 ans. « Grand Gaby » repose désormais au cimetière local auprès de « Petite Gabie », son épouse Gabrielle disparue en août dernier. Pour ce couple, la fraternité n’était pas négociable. L’héritage familial d’un christianisme social vécu en Algérie française, leur territoire de naissance assez vite pris dans la tourmente du soulèvement indépendantiste…
La cérémonie revient sur ce moment de bascule dans l’existence du défunt. C’était le 8 mai 1945 à Guelma. Comme à Sétif et Kherrata, des manifestations pour fêter la capitulation de l’Allemagne nazie avaient dégénéré. Un proche raconte : « Gaby avait été scandalisé par les propos d’un général français. “Pas de prisonniers ! Tuez, tuez ! Il en restera toujours assez”, avait ordonné l’officier [en représailles à l’assassinat d’un paysan français - N.D.L.R.] ».
La réponse de Gabriel Mifsud à la répression sanglante des autorités coloniales (1) fut de s’engager plus encore dans les échanges avec la population musulmane, notamment via le scoutisme. Instituteur avec sa femme à l’école publique de Souk Ahras quand éclate la guerre d’Algérie (guerre d’indépendance) en 1954, il participe à la création de l’Entr’Aide Fraternelle - des prêtres sont dans le coup, un rabbin et un imam s’associent à l’entreprise.
Menacé de mort par l’OAS
Soutien matériel aux autochtones miséreux et dénonciation de la torture pratiquée par des militaires français finissent par lui valoir les menaces de mort de l’OAS (Organisation de l’armée secrète). En mars 1962, l’armée doit exfiltrer les Mifsud vers la métropole. Le retour en Algérie indépendante se fera dès l’été pour aider à la reconstruction, parmi ceux surnommés les “pieds-rouges” - Gaby Mifsud devient, en plus de ses fonctions enseignantes, maire adjoint de Souk Ahras.
Hier à 06:00
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