.
« mai 2024 | Accueil | juillet 2024 »
.
Rédigé le 04/06/2024 à 20:30 | Lien permanent | Commentaires (0)
.
Rédigé le 04/06/2024 à 17:17 dans Algérie, Lejournal Depersonne | Lien permanent | Commentaires (0)
C’est vrai, qu’en cette période d’élections Européennes de juin 2024, la demande de l’Algérie de la restitution d’objets historiques a été une aubaine pour ces deux tendances politiques, mais pas que.
D’une simple demande au demeurant classique et équitablement débattue par une commission Franco-Algérienne désignée par les deux pays, nous voyons ressurgir soudain dans les débats, meetings, télévisions, radios et journaux des oppositions catégoriques sans rapport avec le fond de cette demande de restitution.
Ainsi, chacun va de son ingéniosité à faire revivre les slogans pertinents, fussent-ils fallacieux, pour peu qu’ils puissent racoler quelques voix électorales supplémentaires.
C’est qu’en France, évoquer le simple nom de l’Algérie est en soi, un sujet qui mène forcément à controverse.
Allez savoir pourquoi, le monde a oublié les horribles guerres de 14-18 et celle de 39-44 qui se sont soldées de pas moins de130 millions de morts, l’Afrique du Sud a oublié les années de l’apartheid et s’est réconcilié avec ses oppresseurs, sauf qu’en France, l’ancienne Algérie Française reste, chez un grand nombre et pas que chez les Français d’Algérie, une source inépuisable chez nos politiciens, comme pour agrémenter avec une épice, la saveur d’un plat électoral.
De quoi s’agit-il au juste, dans le cadre de l’histoire mémorielle entre l’Algérie et la France, une commission franco-algérienne a été mise en place sous la direction de Benjamin STORA et un homologue Algérien, tous deux historiens assistés d’une dizaine de membres des deux états, suite à une initiative du président M. Macron, en 2022.
Il y a quelques jours, l’Algérie a donc demandé la restitution d’objets inhérente à la colonisation française de 1830, dont :
Tous ces biens ont une valeur mémorielle symbolique pour l’histoire de l’Algérie et n’affectent en rien ni financièrement ni autre préjudice quelconque pour la France en restituant ces biens historiques à l’Algérie.
Pire garder des crânes humains d’Algériens dans des musées français comme un trophée, inspire plutôt une connotation macabre pour une France du 21e siècle.
Tous les pays colonisateurs ou pays en guerre, à la fin des hostilités, ont restitué ce type de biens voire même quelquefois des indemnisations financières conséquences.
Pas étonnant, encore aujourd’hui, en France, que nous entendions, au sein même l’Assemblée Nationale, les adeptes de l’ex-empire colonial, claironner les bienfaits de la colonisation, alors que de l’autre côté de la Méditerranée, les Algériens affichent tristement des tableaux aux textes explicitement contraires :
Tableau 1, Jules FERRY :
« Messieurs, il faut parler plus haut et plus vrai, il faut dire ouvertement qu’en effet les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures ». Jules FERRY
Tableau 2, Ernest RENAN
« La conquête d’un pays de race inférieure, par une race supérieure, qui s’y établit pour le gouverner, n’a rien de choquant… La nature a fait une race d’ouvriers ; c’est la race chinoise, d’une dextérité de main merveilleuse, sans presque aucun sentiment de l’honneur… ; une race de travailleurs de la terre, c’est le nègre… Une race de maîtres et de soldats, c’est la race européenne. » Ernest RENAN 1 871
Tableau 3, général MONTIGNAC
« Toutes les populations qui n’acceptent pas nos conditions doivent être rasées. Tout doit être pris, saccagé, sans distinction d’âge ni de sexe : l’herbe ne doit plus pousser où l’armée française a mis le pied, voilà comment il faut faire la guerre aux Arabes : tuer tous les hommes jusqu’à l’âge de quinze ans, prendre toutes les femmes et les enfants, en charger les bâtiments, les envoyer aux îles Marquises ou ailleurs. En un mot, anéantir tout ce qui ne rampera pas à nos pieds comme des chiens ». Général Montignac
Tableau 5, maréchal BUGEAUX
« Le but n’est pas de courir après les Arabes, ce qui est fort inutile ; il est d’empêcher les Arabes de semer, de récolter, de pâturer, de jouir de leurs champs. Allez tous les ans leur brûler leurs récoltes ou bien exterminez-les jusqu’au dernier. Si ces gredins se retirent dans leurs cavernes, imitez Cavignac aux Sbéhas ! Fumez-les à outrance comme des renards ». Le Maréchal BUGEAUX.
Tableau 6, SAVARY, duc de Ravigo
« Des têtes ! Apportez des têtes, des têtes, bouchez les conduites d’eau crevées avec la tête du premier Bédouin que vous trouverez ! » Savary, duc de Ravigo.
massine.tacir
4 JUIN 2024
https://blogs.mediapart.fr/massinetacir/blog/040624/algerie-droite-et-extreme-droite-en-avant-toute
.
Rédigé le 04/06/2024 à 17:01 dans Algérie, France | Lien permanent | Commentaires (0)
Au Caire, la radio « Sawt Al Arab » consacrait trois émissions hebdomadaires à l’Algérie. Apprenant que le FLN recherchait un compositeur pour son hymne national, le chanteur égyptien Mohamed Fawzi proposa ses services.
Si le nom de Moufdi Zakaria est indissociable des paroles poétiques et engagées de notre hymne national Qassaman, il est important de ne pas oublier la contribution de l’Egyptien Mohamed Fawzi dans la composition de cette œuvre, devenue un symbole national.
Par Delloula Morsli
En 1958, alors que l’Algérie combattait pour son indépendance, le Front de libération nationale (FLN) confia à Mohamed Fawzi la mission de composer la musique de l’hymne national. Un choix audacieux qui aurait pu susciter des critiques et ce fut le cas. Malgré les controverses qui ont pu surgir autour de ce choix, Mohamed Fawzi a laissé une empreinte indélébile sur notre identité nationale.
Au Caire, la radio « Sawt Al Arab » consacrait trois émissions hebdomadaires à l’Algérie. Apprenant que le FLN recherchait un compositeur pour son hymne national, le chanteur égyptien Mohamed Fawzi proposa ses services.
Cependant, il essuya un refus de la part des dirigeants algériens au Caire ainsi que des responsables égyptiens de « Sawt Al Arab ». Lamine Bechichi explique qu’à l’époque, on ne croyait pas que Mohamed Fawzi, chanteur de variétés, fût capable de composer une musique pour un chant révolutionnaire.
Déterminé, Fawzi proposa au responsable de « Sawt Al Arab » de composer et d’enregistrer une musique à ses propres frais dans son studio. Le résultat fut convaincant et s’avéra être le bon. Il faut savoir qu’avant Fawzi, l’Algérien Touri et le Tunisien Triki ont tenté leur chance, sans succès. La partition de Fawzi fut donc envoyée dans le maquis, porteuse des espoirs et des sacrifices ultimes d’une génération d’Algériens rêvant d’une patrie libre et indépendante.
Mais qui était Fawzi ?
Mohamed Fawzi, né le 28 août 1918 à Tanta en Égypte, était un chanteur, compositeur et acteur qui s’est distingué par sa polyvalence et son art unique. Diplômé de l’institut de la musique arabe, Mohamed Fawzi a débuté sa carrière comme chanteur dans les fêtes populaires et les mariages. Son talent l’a amené à rejoindre les troupes de Badi’a Massabni et Fatma Rouchdi, avant de se lancer dans le cinéma en 1944. En 1946, il s’oriente vers la production cinématographique et devient, en 1950, directeur de la radiodiffusion égyptienne et président de l’union des acteurs et des compositeurs.
Mohamed Fawzi a incarné le rôle principal dans plus de 30 films, dont « L’épée du bourreau » et « Un baiser au Liban ». Parmi ses films les plus célèbres, on peut citer « Fatma, Marica et Rachèle », « Melle maman, la folle », « Les fleurs de la passion » et « La révolution d’une ville ». Il a également produit quelques films, tels que « La fin d’une histoire » et « Mon père est le marié ».
Mohamed Fawzi a composé plus de 400 chansons, allant des romances aux chants religieux, en passant par la musique populaire. Parmi ses succès, on retrouve « Le mendiant de l’amour », « Malheur à toi » et « La belle, qu’a-t-elle ? ». Il a également composé pour de grands chanteurs et chanteuses, comme la célèbre Leila Mourad pour sa chanson « Mon cœur est vide ».
Nous devons à ce Monsieur cette partition que tous les Algériens chantent aujourd’hui, depuis son adoption officielle comme hymne national de l’Algérie indépendante en 1963. En hommage à ce chanteur compositeur hors norme, l’institut national supérieur de musique porte le nom de Mohamed Fawzi.
Source : L’Algérie aujourd’hui, 04/06/2024
https://www.moroccomail.fr/2024/06/04/derriere-lhymne-national-algerien-le-compositeur-mohamed-fawzi/
.
Rédigé le 04/06/2024 à 14:13 dans Algérie, Guerre d'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)
Des sept chefs de l’État qui ont gouverné l’Algérie depuis l’indépendance il y a 62 ans, l’actuel et prochain président, Abdelmadjid Tebboune, 79 ans, aura été, sans conteste, le plus falot et le moins actif. Raison de plus pour convoiter un second mandat le 7 septembre 2024 ! Premier responsable du pays à ne pas avoir pris part à la guerre d’Indépendance (1954-1962) en raison de son jeune âge, il a dû sa désignation à un concours exceptionnel de circonstances.
Alger, 27 août 2022. Abdelmadjid Tebboune lors d’une cérémonie de signature au pavillon d’honneur de l’aéroport d’Alger dans le cadre de la visite du président français Emmanuel Macron.
JEAN-PIERRE SERENI
Journaliste, ancien directeur du Nouvel Économiste et ex-rédacteur en chef de l’Express. Auteur de plusieurs ouvrages sur… (suite)
https://orientxxi.info/magazine/election-presidentielle-en-algerie-en-avant-toute-vers-la-stagnation,7364
.
Rédigé le 04/06/2024 à 09:57 dans Alger, Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)
Députée européenne, la tête de liste des Écologistes — Europe Écologie Les Verts à l’élection du 9 juin 2024 s’exprime pour Orient XXI sur la guerre contre Gaza, après Jean-Luc Mélenchon et Fabien Roussel. La tête de liste des Écologistes a décidé de répondre par écrit à nos questions le 29 mai. Elle se dit favorable à la reconnaissance de l’État de Palestine et à une série de sanctions contre Israël au nom du non-respect du droit international. Elle salue le soulèvement de la jeunesse en faveur de la Palestine, et veut engager une lutte globale dans « une Europe en train de dérailler » contre l’extrême droite, l’islamophobie et l’antisémitisme.
Près de huit mois après les attaques du Hamas et le début de l’offensive israélienne contre Gaza, aucun cessez-le-feu n’est en vue. Où se trouve, à vos yeux d’écologiste et d’Européenne, la solution pour mettre fin à ce conflit meurtrier ?
Marie Toussaint. — Les silences répétés de la communauté internationale et de l’Union européenne (UE) ne sont pas étrangers à l’enlisement du conflit israélo-palestinien. J’ai pourtant la conviction qu’une politique étrangère commune digne des valeurs qui fondent les traités européens pourrait contribuer à un cessez-le-feu.
Mais alors que l’UE s’était exprimée clairement face à Vladimir Poutine, elle n’a pas été à la hauteur face à Benyamin Nétanyahou et se rend coupable d’un deux-poids, deux-mesures.
Le Parlement européen à mis des mois avant de s’exprimer clairement en faveur d’un cessez-le-feu1. Maintenant qu’il est adopté, c’est à l’Europe de se faire entendre et de prendre les mesures à même de faire pression sur Israël.
L’UE doit faire usage de ses instruments de politique étrangère de manière cohérente et systématique. C’est le gage de sa puissance et de sa crédibilité sur la scène internationale.
L’Europe dispose de nombreux leviers qu’elle n’a jamais actionnés. Elle est de loin le premier partenaire d’Israël en matière de commerce et d’investissements. Elle dispose d’un accord d’association dont nous demandons la suspension. Elle peut stopper l’assistance militaire, la livraison d’armes ou de composants militaires, sanctionner des personnalités politiques ou des colons actifs de manière ciblée, appeler à une force internationale d’interposition. Elle peut se prononcer, aussi, en faveur de l’application des décisions de la Cour pénale internationale (CPI). Elle peut enfin, au-delà des sanctions, travailler à la libération des otages.
L’Europe dispose également de marges de manœuvre pour faire avancer la solution à deux États qu’elle prône officiellement, en appelant à une reconnaissance officielle de l’État de Palestine (résolution de 2014), et reprendre un rôle central dans la gestion des négociations et pour le respect des résolutions internationales, dans ce conflit qui impacte le Moyen-Orient, mais aussi toute l’Europe.
O. XXI.— Le procureur de la Cour pénale internationale, Karim Kahn, vient de demander des mandats d’arrêt contre plusieurs dirigeants israéliens et du Hamas, décision sévèrement critiquée dans plusieurs pays de l’Union européenne. Les Verts sont historiquement des partisans du droit international. Qu’en pensez-vous ?
M. T. — L’action de la CPI est essentielle et je salue le courage du procureur qui a réussi à prendre une décision difficile en raison des pressions internationales à son encontre. Il est nécessaire de rappeler que la CPI est une instance indépendante.
Cette demande d’émission de mandats d’arrêt de la part du procureur de la CPI est importante pour la population palestinienne, aujourd’hui, autant que pour la population israélienne, puisqu’il faut rappeler qu’elle concerne Nétanyahou et Gallant, mais aussi trois responsables du Hamas. Au-delà d’une condamnation de ce qui se passe à Gaza, c’est pour moi la crédibilité du droit international qui se joue aussi avec cette décision, qui rappelle à toutes et tous qu’on ne peut pas commettre de massacre en toute impunité.
O. XXI.— Faut-il un embargo européen sur les ventes d’armes à Israël ?
M. T. — Bien entendu ! De manière générale, les écologistes défendent au Parlement européen et à l’Assemblée nationale un contrôle sur les exportations d’armes. Nous demandons l’introduction d’un mécanisme européen de contrôle des exportations d’armes vers tous nos partenaires et nous appelons à l’interdiction des exportations d’armes vers tous les régimes autoritaires ou violant massivement les droits humains.
En poursuivant leurs exportations à des pays qui enfreignent les droits humains, les États membres ne respectent d’ailleurs pas la réglementation européenne existante. Nous condamnons notamment la France qui contourne les réglementations européennes en ne transposant pas dans son droit la Position Commune du Conseil de 20082 sur les exportations d’armes, ce qui lui permet d’enfreindre une bonne partie des huit critères européens.
Il n’y a aucune raison qu’Israël fasse exception s’il enfreint les droits humains en utilisant par exemple sur la population occupée des armes ou composants européens.
O. XXI.— L’Espagne, l’Irlande, deux pays de l’Union européenne, ainsi que la Norvège viennent de reconnaître l’État de Palestine. Pourquoi la France ne le ferait-elle pas ? Le futur Parlement européen ne devrait-il pas s’emparer de la question de la reconnaissance par l’Union de l’État de Palestine ?
M. T. — La reconnaissance de l’État de Palestine par ces pays membres de l’UE est une excellente nouvelle. J’espère sincèrement qu’elle sera suivie d’autres décisions, on attend d’ailleurs prochainement un vote en Slovénie. Alors que 146 pays membres de l’ONU3 reconnaissent l’État palestinien, les États membres de l’UE doivent impérativement s’inscrire dans cette dynamique pour la paix. Les écologistes sont unanimes et appellent à ce que la France et l’Europe suivent, mais les majorités actuelles laissent malheureusement peu d’espoir en ce sens. Pourtant, cette décision serait un vrai pas en avant pour la solution à deux États que l’UE dit défendre et que le Parlement soutient dans ses résolutions.
Pour la famille des Verts européens, l’occupation prolongée des territoires palestiniens, à Gaza et en Cisjordanie, l’expansion record des colonies, la violence croissante des colons, les démolitions, les confiscations de terres et les expulsions, les détentions arbitraires de prisonniers politiques, sont autant d’éléments nourrissant le conflit. La reconnaissance de l’État de Palestine est une campagne que nous comptons bien mener dans notre prochain mandat en prônant la cohérence entre les paroles et les actes des députés européens… dans la suite logique de ce que nous avons déjà entamé et obtenu de haute lutte depuis le début de ce conflit, au cours des mandatures précédentes.
O. XXI.— Il existe plusieurs accords d’association entre l’Union européenne et Israël, dont la portée et l’ampleur ne sont pas toujours claires. Êtes-vous favorable à leur maintien ?
M. T. — L’ensemble de la politique étrangère de l’UE doit être basée sur la promotion et le respect des droits humains et de la démocratie4. Cela signifie que toute action de l’UE sur la scène internationale est conditionnée par le respect du droit international sans géométrie variable. Avec Israël, cette obligation concerne aussi bien le plan d’action sous la politique de voisinage que la coopération technique et financière, que les relations économiques et commerciales ou encore les programmes de recherches, etc. Inutile de vous dire que cet engagement est diversement respecté au gré des contingences du Conseil et de la Commission. Et c’est précisément la raison d’être du Parlement de contrôler l’action de ces institutions et de garantir le respect de nos traités et la cohérence de l’ensemble de nos instruments vis-à-vis d’un pays.
Les relations entre l’Union européenne et Israël sont nombreuses et pluridimensionnelles, mais nos relations politiques sont basées sur un accord d’association qui, en son article 2 labellisé clause droits de l’Homme, rappelle que le respect des droits humains et de la démocratie constitue un élément essentiel de l’accord. Pour tous les systèmes juridiques au monde, la violation d’une clause essentielle d’un contrat emporte des conséquences. Or, le gouvernement de Benyamin Nétanyahou viole le droit international. J’en appelle donc en toute logique à la suspension de l’accord d’association UE-Israël.
O. XXI.— Le gouvernement d’extrême droite israélien compte un ministre qui a parlé d’animaux à propos des Palestiniens, d’autres qui veulent chasser tous les habitants de Gaza. Il est soutenu par l’extrême droite européenne qui semble au mieux de sa forme pour les élections européennes, notamment en France. Votre réponse ne doit-elle pas être plus globale ?
M. T. — En effet, l’extrême droite française trouve aujourd’hui de nombreux points d’accord avec l’extrême droite israélienne qui tient régulièrement et sans retenue aucune des propos absolument insupportables. Les écologistes combattent les idées discriminatoires et populistes de l’extrême droite où qu’elles se trouvent.
O. XXI.— Comment combattre l’islamophobie, qui est un des moteurs de l’extrême droite européenne ?
M. T. — En tant que défenseuse des droits, je lutte contre toutes les discriminations, de manière indifférenciée. Aujourd’hui, il n’y a qu’a tendre l’oreille pour entendre la haine anti-musulman se déployer : Eric Zemmour, Marion Maréchal et le Rassemblent National ont leurs équivalents dans toute l’Europe. Face à eux, tout commence par la clarté : refuser de confondre islam et islamisme, refuser de traiter les musulmans en parias, et refuser l’instrumentalisation des questions religieuses dans le débat public.
O. XXI.— On le constate, avec une hausse des agressions individuelles et des actes violents — comme l’incendie de la synagogue de Rouen —, l’antisémitisme est en hausse en France, comme dans plusieurs pays européens. Mais il donne lieu aussi à des manipulations par la Russie, avec les étoiles bleues et les mains rouges5. Comment sortir de cette zone dangereuse ?
M. T. – Je le répète, toutes les discriminations doivent être combattues, et la poussée de l’antisémitisme depuis plusieurs années est un sujet grave qui doit interpeller toute la sphère politique et être combattu pied à pied. Il n’est pas admissible aujourd’hui, que sous couvert de défense du peuple palestinien, des actes antisémites soient commis.
Quant aux ingérences russes sur notre territoire, elles sont le reflet de la guerre hybride menée par Vladimir Poutine à nos démocraties, qu’il rêve de fracturer de l’intérieur. Il nous faut donc être vigilants : certains régimes hostiles à la France ont tout intérêt à y favoriser l’importation du conflit.
O. XXI.— Et comment en finir avec l’amalgame constant en Europe comme en France d’une bonne partie des sociaux-démocrates, des libéraux, de la droite et de l’extrême droite entre antisionisme et antisémitisme ?
M. T. — Appelons un chat un chat : on doit pouvoir critiquer la politique du gouvernement israélien. La société israélienne elle-même ne cesse de débattre, de critiquer, de s’opposer parfois de manière très dure sur les politiques à mener.
Ce que je ne peux cautionner en revanche, ce sont ceux qui profitent des drames pour venir attiser la haine. Des antisémites notoires — je pense par exemple à Alain Soral ou à Dieudonné — s’inventent un pseudo-antisionisme de surface pour masquer leur antisémitisme viscéral. La Palestine n’est pas leur vrai combat. Je ne suis pas dupe et je dis ceci : les antisémites n’ont pas leur place dans le mouvement de solidarité envers la Palestine. Le principe qui nous guide, c’est l’humanisme. Notre réponse est globale et cohérente : nous combattons toutes les haines, sous toutes leurs formes, et d’où qu’elles viennent.
O. XXI.— Une partie de la jeunesse européenne, très engagée ces dernières années contre le réchauffement climatique, se mobilise sans relâche dans le soutien aux Palestiniens. Elle parle de génocide, mais aussi d’écocide, avec la destruction massive du tissu urbain de Gaza.
M. T. — Je salue le mouvement étudiant. Je suis fière que notre pays puisse développer une telle mobilisation pour les sujets qui concernent — en réalité — aussi son avenir, pour les droits humains et la nature.
Mounir Satouri, qui est sur ma liste, a participé à l’organisation d’une conférence sur l’écocide en cours à Gaza avec l’association les Amis de la Terre6, car oui, ce qui se jouera à Gaza, une fois le cessez-le-feu obtenu, c’est sa reconstruction. Or la destruction quasi totale des infrastructures, des habitations, du réseau d’eau, des routes, la pollution du peu de zones agricoles, auront des conséquences à long terme et ne vont pas permettre à la population de se relever pendant de nombreuses années.
O. XXI.— En Palestine, l’accaparement des terres par les colons se poursuit et ils développent une agriculture intensive très gourmande en eau. Comment combattre la colonisation comme domination et comme modèle de développement obsolète ?
M. T. — En Cisjordanie, deux types de colonisation existent et prospèrent : une colonisation de type religieux (à Jérusalem-Est ou Hébron par exemple ou autour de Naplouse) et une colonisation de type économique. Aucune n’est empêchée par le gouvernement israélien et l’annexion récente de 800 hectares dans la vallée du Jourdain en est une nouvelle preuve. C’est d’ailleurs dans la vallée du Jourdain (désertique en surface mais qui dispose de nappes phréatiques) que se développe une agriculture coloniale massive qui force les déplacements de populations qui, elles, manquent d’eau et n’ont plus le droit de creuser un puits pour leur propre subsistance.
La colonisation nous paraît d’un autre temps ; elle viole les droits élémentaires des populations tout en les utilisant. Pour le gouvernement israélien, elle est un outil de développement économique certain tout autant qu’un outil d’asservissement et un outil stratégique si un partage des terres devait avoir lieu un jour. En tant que députée européenne, j’appelle Israël au respect du droit international. Depuis mai 2023, nous avons enfin obtenu de la Commission qu’elle trace mieux l’importation en Europe des biens produits dans les colonies israéliennes situées dans les territoires palestiniens occupés et sur le plateau du Golan. Ces produits ne peuvent plus bénéficier de droit de douane préférentiel. Ces produits devraient être purement et simplement interdits sur le territoire européen et des sanctions commerciales claires devraient être prises contre les entreprises violant les droits humains et le droit international.
O. XXI.— Sur la définition de l’apartheid israélien, en débat à gauche bien avant le conflit actuel, quelle est aujourd’hui la position d’EELV ? Y a-t-il une position commune des Verts européens ?
M. T. — Rien n’est jamais identique d’un point de vue historique, puisque chaque pays, chaque période de l’histoire est unique. C’est la raison pour laquelle l’utilisation du mot fait débat.
Ce qui est certain, c’est que si l’on regarde ce qui se passe effectivement en Cisjordanie, il y a une ségrégation. En voici quelques exemples : routes différenciées, jugements via une cour militaire pour les Palestiniens quel que soit le motif (un simple accident par exemple), droits élémentaires (eau, éducation, social…) différenciés entre un colon et un Palestinien, droits économiques contrôlés, etc.
O. XXI.— Il y a eu aussi de nombreux débats à gauche et chez les Verts après le 7 octobre sur la qualification du Hamas. Où EELV se situe-t-il à ce sujet aujourd’hui ?
M. T. — Le 7 octobre 2023, le Hamas s’est rendu coupable d’un acte terroriste inqualifiable en massacrant près de 1 200 personnes et en faisant plus de 250 otages : le Hamas est une organisation terroriste, sans aucune contestation possible. Les écologistes ont été très clairs sur ce sujet dès le premier jour. Rien ne justifie pour autant la disproportion de la réponse israélienne, qui a déjà fait des dizaines de milliers de morts et cherche à mettre à genoux la population de Gaza qui était déjà en très grande difficulté en raison d’un blocus illégal depuis 2014. Ce n’est pas la force qui pourra permettre de sortir de l’impasse. C’est le droit qui doit, aujourd’hui plus que jamais, être réhabilité.
O. XXI.— Quel est aujourd’hui le message central des écologistes sur les enjeux mondiaux, entre le réchauffement climatique qui s’accélère et les enjeux géopolitiques, alors que le conflit à Gaza a révélé de nouvelles fractures Nord-Sud ? Et que l’Union européenne semble lâcher de nombreux engagements ?
M. T. — Sur les sujets écologiques comme sur les sujets des droits humains, l’Europe est en train de dérailler. Les deux sont d’ailleurs souvent liés. Elle oublie d’assumer ses responsabilités face aux drames humains et écologiques que subit le Sud Global, elle balaye notamment sa dette climatique d’un revers de main, et continue parfois de piller les ressources (je pense par exemple aux ressources halieutiques au large du Sénégal). Elle est en train de se décrédibiliser et de renforcer l’exaspération des populations voisines. Nous, écologistes, appelons à une réorientation des politiques européennes en faveur d’un apaisement dans les politiques de voisinage, en conditionnant les fonds européens à des projets sociaux, écologiques, économiques ou démocratiques et non en alimentant un contrôle — par ailleurs inefficace — des migrations.
O. XXI.— Dans la région que couvre Orient XXI, la sortie de l’économie carbonée aura de nombreuses conséquences sur les sociétés des États rentiers de l’énergie fossile. Comment les aider à sortir de cette impasse ?
M. T. — La sortie de l’économie carbonée est essentielle pour la survie de nos modes de vie, mais l’Union européenne, sous la pression de sa majorité à droite, a entamé une grande régression sociale et environnementale. En tant qu’écologistes, nous avons toujours lié les questions environnementales et sociales. Les politiques en faveur de la décarbonation ne peuvent qu’être accompagnées de politiques sociales d’envergure pour être acceptées et pour que l’économie et les populations ne subissent pas les changements de manière trop importante, qu’ils puissent effectuer une transition. Cela vaut pour les pays producteurs comme pour les pays importateurs. C’est ce que nous avons par exemple défendu un axe social important dans le « fonds de transition juste » qui permet à la Pologne d’amorcer sa transition et bénéficie aussi à des régions industrielles françaises.
Le problème c’est qu’année après année le coût de l’inaction climatique augmente, et qu’il faut que l’Europe s’engage plus fortement. Le pacte brun entre la droite et l’extrême droite menace l’Europe. S’il est majoritaire, ses politiques annihileront toutes les avancées gagnées par l’écologie. C’est pourquoi nous appelons à voter en masse pour des parlementaires écologistes, qui défendent un avenir à la fois acceptable et vivable sur cette planète pour les jeunes générations.
JEAN STERN
Ancien de Libération, de La Tribune, et de La Chronique d’Amnesty International.
https://orientxxi.info/magazine/gaza-marie-toussaint-l-europe-dispose-de-nombreux-leviers-qu-elle-n-a-jamais,7379
.
Rédigé le 03/06/2024 à 21:11 dans Gaza, France, Israël, Palestine, Paléstine | Lien permanent | Commentaires (0)
Quelles sont les circonstances précises de la fusillade entre l’armée tunisienne naissante et l’armée française, le 31 mai 1957, qui a coûté la vie à Khemaies Hajeri, premier secrétaire général du ministère des Affaires étrangères? Dans son excellent ouvrage intitulé «Le Département et les ministres des Affaires étrangères, 1956 – 2010», Béchir Guellouz évoque non sans émotion la mémoire de celui qui a été la cheville ouvrière du ministère, dès son rétablissement le 3 mai 1956, après son éclipse pendant 75 ans sous le protectorat. Khemaies Hajeri était fonctionnaire international à l’ONU, basé à Genève. Sur recommandation de Bahi Ladgham et Ahmed Ben Salah, et pour ses compétences et ses qualités, indique Guellouz, Bourguiba l’a nommé secrétaire général du ministère et lui a confié en outre le dossier des réfugiés algériens hébergés en territoire tunisien. Suite aux attaques multipliées de l’armée française, la Tunisie a décidé de porter plainte auprès du Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés. Bourguiba désigna Khemaies Hajeri de se rendre à Aïn Draham, accompagné de Béji Caïd Essebsi, alors attaché de cabinet du ministère de l’Intérieur, «pour compléter et préciser les données de base du Rapport à présenter.» Béchir Guellouz a publié dans son livre une photo historique de Hajeri et Caïd Essebsi, le 30 mai 1957 à Ain Drahem.
La suite sera tragique. Le contexte et la suite sont détaillés dans l'article instructif qui suit, rédigé par le Colonel (r) Boubaker Ben Kraiem, ancien sous-chef d’Etat-major de l’armée de terre. Il appelle, «dans un souci de devoir de mémoire», à «ériger une stèle commémorative, sur la route principale, à hauteur des lieux de l’accrochage, en veillant à préciser certaines données historiques s’y rapportant et en y consignant le nom des martyrs. Cette stèle peut faire l’objet de visite, d’hommage et de souvenir, toute l’année et surtout le 31 mai, par des groupes d’élèves des écoles, des collèges et des lycées de la région et rappellera aux deux peuples, tunisien et algérien, la communauté de leur histoire et de leur destin, histoire passée, présent vécu et avenir futur.
Retour sur le contexte et l’incident
Par le Colonel (r) Boubaker Benkraiem- L’indépendance de notre pays ayant été proclamée le 20 mars 1956, le noyau de l’Armée Nationale Tunisienne, défila, trois mois plus tard, le 24 juin sur l’avenue Gambetta, devenue, depuis, l’avenue Mohamed V. L’Unité qui a défilé était composée de militaires tunisiens (1400 dont 24 officiers) servant dans l’Armée Française et volontaires pour être transférés à l’Armée Tunisienne. A cet effectif, s’est joint le détachement de près de deux cents personnels de la Garde Beylicale. Il y a lieu de rappeler, qu’à ce moment-là, sévissait à nos frontières occidentales, depuis le 1°novembre 1954, une guerre dure et cruelle, la guerre d’indépendance de l’Algérie et qui bénéficiait du soutien total du peuple et du gouvernement tunisiens. De même, est-il couramment admis que tout pays qui accède à l’indépendance, reçoive de l’ancienne puissance colonisatrice, l’assistance technique nécessaire à la mise sur pieds des composantes du nouvel Etat souverain dont l’Armée. La Tunisie ne l’a pas fait, pour les raisons évidentes qui ne sont pas difficiles à imaginer. D’autre part, il ne faut pas oublier que, lors de la déclaration de l’indépendance de notre pays, il y avait, en garnison dans la plupart des villes tunisiennes, des unités de l’Armée française dont l’évacuation nécessite l’ouverture de négociations avec la France pour en fixer le calendrier. Cependant, comme notre pays a pris, dès le premier jour, faits et causes pour l’Algérie combattante à laquelle notre soutien et notre appui étaient indéfectibles, le gouvernement tunisien décida, compte tenu de toutes ces contingences, de ne faire appel à aucun conseiller militaire étranger et que par conséquent, les officiers tunisiens transférés s’arrangeront, seuls, pour créer, organiser et mettre sur pieds, de A à Z, l’Armée Nationale. Et c’est ce qu’ils ont fait et brillamment réussi.
D’autre part, des algériens vivant non loin des frontières tunisiennes, fuyant les atrocités quasi-quotidiennes de la guerre ont, aussitôt, commencer à déferler, en très grand nombre, en territoire tunisien, en passant, illégalement, la frontière, la plupart ne possédant pas de passeports. C’est ainsi que toutes les composantes de notre Armée, malgré la faiblesse de son encadrement, à ce moment-là, seront, pour les raisons qui ne sont pas difficiles à imaginer, créées et organisées par nos propres hommes, les officiers tunisiens transférés de l’Armée Française, et très rares sont les armées, au monde, qui ont suivi pareille démarche et réussi un tel challenge.
Quoique le gouvernement français ait reconnu l’indépendance de la Tunisie et la caducité des traités du Bardo et de la Marsa, le commandement militaire français d’Algérie n’arrive pas à admettre que la Tunisie devienne indépendante et qu’en conséquence, de nombreux changements dans les relations entre la Tunisie et la France doivent s’en suivre dont:
1- Les forces françaises qui sont encore, en garnison, chez nous, sont appelées à partir, et qu’en attendant,
2- Elles ne sont pas autorisées à intervenir pour renforcer les troupes françaises servant en Algérie pour traquer les moujahidines algériens,
3- Elles ne peuvent plus exercer de pouvoir dans le pays, ni manifester une autorité quelconque, à l’égard des Tunisiens et de leurs hôtes.
La présence en Tunisie des réfugiés et des combattants algériens, installés tout le long des frontières et à l’intérieur du pays et la solidarité que leur manifestaient tous les tunisiens, peuple et gouvernement, étaient de bons prétextes, pour l’Armée française d’Algérie, pour prétendre exercer sur eux un pouvoir de police et revendiquer un droit de poursuite et de ce fait, porter atteinte à la souveraineté du pays et pourquoi pas, reconquérir, même provisoirement, le territoire tunisien. Ceci était, indubitablement, inacceptable ni par le gouvernement ni par le peuple tunisien.
Par réaction, le gouvernement tunisien, réorganise l’armée nationale en la renforçant sérieusement: ses effectifs qui étaient de moins de deux mille hommes lors de sa création ont, très rapidement et en moins de quatre ans, atteint le nombre de trente mille militaires. Elle reçut la mission de protéger les frontières et de résister, au besoin, aux troupes françaises d’Algérie. Bourguiba, alors Chef du Gouvernement tunisien, va même plus loin: il remet en question le statut des troupes françaises stationnées encore en Tunisie, pose le problème de leur évacuation et rappelle, par son discours du 20 octobre 1956 que les autorités françaises doivent respecter tout algérien se trouvant dans notre pays.
C’est la raison pour laquelle, et quelques mois seulement après le défilé symbolique de l’Armée tunisienne du 24 juin 1956, et devant les dangers qui ont, tout de suite, pointé, à l’horizon, du fait des répercussions de la guerre d’Algérie, le régiment interarmes tunisien s’est, rapidement, développé pour former quatre bataillons d’infanterie qui ont été, aussitôt, implantés le long de la frontière tuniso-algérienne comme suit: un bataillon couvrant le secteur frontalier des gouvernorats de Gafsa et de Gabes, un autre le secteur frontalier des gouvernorats de Souk Elarbaa (Jendouba) et du Kef, un troisième bataillon le secteur frontalier du gouvernorat de Kasserine et un groupement couvrant le grand secteur saharien. Chacun des bataillons devant occuper un secteur frontalier est tenu d’implanter un certain nombre de postes destinés à veiller à la protection des frontières. Le nombre de postes variait, selon le terrain, entre huit et douze postes et dont l’effectif comptait, pour chacun d’entre eux, entre un groupe de combat (onze militaires) et une section (trente et un soldats).
D’ailleurs, les incursions, en Tunisie, des troupes françaises stationnées en Algérie, les provocations et les accrochages se multipliaient, quelques mois seulement après la déclaration de l’indépendance, en de nombreux endroits du territoire national :
1- Le 22 octobre 1956, au sud, des troupes françaises ont tenté d’occuper, sans succès, le poste de police des frontières de Ben Guerdane pour s’emparer de documents et de dossiers qui s’y trouvaient;
2- Le même jour, l’Armée française d’Algérie s’empare, en plein vol, de l’avion qui transportait, du Maroc, une délégation algérienne de haut rang, devant participer au sommet maghrébin de Tunis. Elle était composée de MM. Mohamed Boudhiaf, Ahmed Ben Bella, Hussein Ait Ahmed, Mohamed Khider et Mustapha Lachraf;
3- Le 24 octobre, des soldats français ont voulu forcer les barrages dressés entre Ain Draham et Jendouba par la population pour les empêcher de se déplacer sans autorisation, occasionnant un accrochage qui a fait des blessés;
4- Le 1er novembre, un incident eut lieu à Kébili qui fit un mort;
5- Trois semaines plus tard, un autre incident survint à Bir Drassen (Cap Bon) relatif à l’installation, par l’Armée Française, d’équipements radar occasionnant deux morts et plusieurs blessés.
Cependant, à Paris et à Tunis, les gouvernements français et tunisien essaient de limiter les dégâts, d’éviter le pire, de ne pas interrompre le contact et de laisser la porte ouverte à une reprise éventuelle des discussions.
Tout cela n’a pas empêché les incidents qui eurent lieu, en avril 1957, à Tamerza. Mais le plus tragique incident eut lieu, dans la région d’Ain Draham, le 31 mai 1957. Il s’agit du plus grave accrochage survenu entre les troupes françaises et des éléments tunisiens composés de militaires et d’agents de la Garde Nationale: C’est ainsi que fuyant les arrestations, les ratissages, les tortures, les massacres et les assassinats, des algériens, hommes, femmes et enfants se sont réfugiés en Tunisie. Des unités de l’armée française d’Algérie les ont poursuivis dans les cheikhats tunisiens des Ouled Msallem et des Khmairia non loin d’Ain Draham. L’Armée Tunisienne et la Garde Nationale, tentant de les protéger et leur porter secours, se sont trouvées face à face avec elles, le 31 mai 1957, vers midi, et ce fut l’affrontement. Monsieur Khemaies Hajeri, Secrétaire Général du ministère des Affaires Etrangères, et Monsieur Béji Caïd Essebsi, Directeur Général des Affaires Régionales au Ministère de l’Intérieur étaient de passage, à ce moment-là, pour se rendre compte de la situation des réfugiés qui arrivaient quasi-quotidiennement d’Algérie, se trouvèrent, pris par ce déluge de feu. Cette visite était effectuée en prévision d’une mission à Genève pour alerter le Haut-commissariat aux Réfugiés. Monsieur Hajeri, grièvement blessé, succombe quelques semaines plus tard, le 5 août 1957. Il y a eu aussi, suite à cet incident, des morts et des blessés d’un côté comme de l’autre. Ce fut l’accrochage le plus grave et le plus meurtrier, avec l’armée française, depuis l’indépendance.
Aussi, s’agissant d’un accrochage de la jeune et inexpérimentée armée nationale, avec des martyrs et des blessés, et dans un souci de devoir de mémoire, pourquoi ne pas ériger une stèle commémorative, sur la route principale, à hauteur des lieux de l’accrochage, en veillant à préciser certaines données historiques s’y rapportant et en y consignant le nom des martyrs. Cette stèle peut faire l’objet de visite, d’hommage et de souvenir, toute l’année et surtout le 31 mai, par des groupes d’élèves des écoles, des collèges et des lycées de la région et rappellera aux deux peuples, tunisien et algérien, la communauté de leur histoire et de leur destin, histoire passée, présent vécu et avenir futur.
Cependant, n’est-il pas dommage que notre histoire, riche en actes d’héroïsmes et de courage de la part de nos soldats et de nos concitoyens, ne retienne pas ces faits et ces exploits en érigeant, là où ont eu lieu ces actions, des stèles commémoratives destinées d’une part à marquer notre fierté et notre reconnaissance vis-à-vis des martyrs et, d’autre part à immortaliser ces faits d’armes et ces actes de bravoure.
D’autre part, et en vue de mettre en valeur certains évènements de notre riche Histoire contemporaine, et pour ne pas oublier nos martyrs, pourquoi ne pas immortaliser les faits d’armes qui ont eu lieu que ce soit lors de la résistance armée (1952-55) que lors de la guerre d’indépendance de l’Algérie (1956-62) et ceux se rapportant à la lutte pour l’évacuation. De nombreux accrochages, embuscades et incidents sanglants ont eu lieu soit dans nos djebels, avant l’indépendance, soit le long de la frontière au cours desquels nos hommes ont fait preuve de courage et d’esprit de sacrifice suprême. Ces incidents sérieux ne peuvent être mis aux oubliettes de l’histoire et méritent d’être immortalisés. Par ailleurs, les grands évènements tels que le bombardement de Sakiet Sidi Youssef (8 fév. 1958), la Bataille de Remada (25 mai 1958), la guerre de Bizerte (19-22 juil.1961) et celle de Bordj el Khadra (19 -22 juil. 1961) ne peuvent être négligés et méritent des stèles commémoratives aussi dignes que simples. C’est par le rappel de pareils évènements, accrochages et incidents aux jeunes écoliers, lycéens et même étudiants que naissent, se forgent et s’élaborent le patriotisme, le nationalisme et l’amour de la patrie. D’ailleurs, plus le temps passe, plus ces stèles auront une valeur historique et symbolique indéniable et absolument remarquable.
C’est, en fait, grâce à pareils stèles et monuments qu’est perpétuée l’histoire d’un pays ou d’un peuple et si on vante, si on reconnait et on apprécie, encore et toujours la grandeur de la civilisation arabo-musulmane, au moyen âge, c’est grâce, entre autres, à l’existence concrète et physique de l’Alhambra de Grenade et de la Grande mosquée de Cordoue en Espagne, ces merveilles évidentes et sensationnelles. Il n’y a pas d’histoire sans preuves matérielles: monuments, ruines, mémorial et vestiges permettent aux historiens de fouiner dans les profondeurs des temps anciens pour nous éclairer sur ceux qui étaient à l’origine de ces édifices et retracer leur parcours, leurs œuvres et leur Histoire avec toutes ses composantes et ses détails.
Ne sommes-nous pas fiers de notre riche Histoire? Certainement oui car nous n’inventons rien. Au contraire, nous voulons que nos petits ou arrière-petits-enfants ainsi que nos compatriotes soient fiers de leurs parents ou tout simplement de certains de leurs concitoyens qui, à un moment donné, ont brillé de mille feux pour défendre leur pays ou laisser des traces indélébiles de leur œuvre et de leur sacrifice!
Qu’attendons –nous pour le faire? Certains parmi les acteurs et nombreux parmi les témoins de certains de ces évènements sont encore parmi nous, pourquoi on ne les associe pas à cette œuvre qui sera très bien appréciée par les générations futures d’une part et d’autre part, les auteurs de ces évènements ou leurs proches nous remercieront du lègue que nous laisserons aux prochaines générations.
Que Dieu veille et protège la Tunisie Eternelle, l’héritière de Carthage et de Kairouan.
Boubaker Benkraiem
Ancien Sous-chef d’Etat- Major de l’Armée de Terre,
Ancien Commandant du secteur frontalier de Sakiet Sidi Youssef (1958-61),
Ancien adjoint au Commandant du Btn tunisien de l’ONUC au Katanga (1961-63),
Ancien Gouverneu
03.06.2024
https://www.leaders.com.tn/article/35948-l-incident-du-31mai-1957-qui-a-coute-la-vie-a-khemaies-hajeri
.
Rédigé le 03/06/2024 à 20:41 dans France, Guerre d'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)
Pour combattre le Vietminh, de 1945 jusqu’à Diên Biên Phu, le corps expéditionnaire français a enrôlé 180 000 soldats africains et maghrébins, envoyés loin de chez eux faire une guerre qui ne les concernait pas.
L’écrivain marocain, Abdellah Taïa, ne sait rien du premier mari de sa mère. Son premier amour, celui avec qui, très jeune, elle a eu son premier enfant. M’Barka Allali n’a jamais rien dit à son fils, huitième de la fratrie issue de son second mariage. L’auteur de « Vivre à ta lumière » (éd. du Seuil, 2022), hommage émouvant à sa mère, s’en veut terriblement de ne pas l’avoir questionnée de son vivant. Quel choc lorsqu’il a appris par l’une de ses sœurs lors de ses obsèques en 2010 que ce mari avait été envoyé en Indochine dans les années 1950 se battre pour la France et n’en était jamais revenu.
https://boutique.nouvelobs.com/site/obsb/hors-series__obsb.19992.35548__/fr/boutique/produit.html
« Cet homme est allé si loin faire une guerre qui ne le concernait pas, pour tuer des gens qui ne lui avaient rien fait… Il a rencontré la mort dans un territoire qui n’existait pas pour lui, un pays qui n’avait aucune réalité pour lui », nous dit Abdellah Taïa. Quelque part au Vietnam, une tombe attend depuis soixante-dix ans d’être visitée. Ou peut-être n’y a-t-il pas de tombe. Personne ne sait. « Depuis ce jour de 2010, j’ai le désir d’aller au Vietnam, essayer de retrouver là où il est mort. Pour lui rendre hommage, faire la prière musulmane à laquelle il n’a pas eu droit. Personne n’est allé sur sa tombe. C’est d’une solitude extrême », dit l’écrivain de l’exil et des identités.
On a souvent justifié l’oubli de la guerre d’Indochine par sa géographie lointaine, ainsi que par la concurrence de la guerre d’Algérie en 1954 et de celle menée par les Américains au Vietnam qui ont toutes les deux éclipsé la débâcle française en Extrême-Orient. Une autre raison explique pourquoi on s’y est peu intéressé. Pour composer le corps expéditionnaire, le gouvernement français a fait appel aux soldats de métier, à la Légion étrangère (50 % d’Allemands), mais surtout aux soldats de son empire. Une grande partie des « anciens d’Indo » étaient originaires de l’Indochine, du Maghreb et de l’Afrique subsaharienne.
Les indigènes ? La France les avait déjà mobilisés, lors des deux guerres mondiales, les tirailleurs indochinois se battaient aux côtés des Sénégalais et des Algériens. Quand il s’est agi de faire la guerre en Indochine, elle décida aussi d’envoyer des soldats africains. Plus de 180 000 hommes y débarquèrent entre le printemps 1947 et l’été 1954. Soit près de 30 % des effectifs (490 000). Des dizaines de milliers y sont morts.
En 1947, sur le terrain, l’armée française a besoin d’hommes. On refuse le recours aux appelés pour ne pas brusquer l’opinion publique en métropole. L’Afrique est vue par les militaires comme leur réservoir humain traditionnel, et une aubaine : les soldats africains ont l’avantage de coûter moins cher que leurs homologues français à grade égal.
Lors de la bataille de Phu Ly, le 3 juillet 1954 (après Diên Biên Phu), des tirailleurs marocains ont capturé des soldats vietminhs. JENTILE / AFP
Les responsables politiques, eux, hésitent. Est-ce bien une bonne idée d’envoyer des colonisés combattre d’autres colonisés ? Les événements de Sétif en Algérie en 1945, les soulèvements nationalistes du Maroc en 1944, les manifestations à Thiaroye au Sénégal en 1944, et la montée du communisme français font craindre un noyautage. Mais face aux difficultés de recrutement, les autorités acceptent à contrecœur, au compte-goutte d’abord, puis de manière plus systématique.
Pour les soldats africains, l’armée, c’est la gloire militaire et le moyen de gagner un petit pécule – une misère, en réalité – et d’échapper à la grande pauvreté. Vétérans et plus jeunes s’engagent en nombre. A l’exception des quelques gradés (comme le futur empereur de Centrafrique Jean-Bedel Bokassa, qui, devenu adjudant après sa participation à la Seconde Guerre mondiale, part en Indochine), la majorité des premiers engagés ne parlent pas français, sont illettrés, et viennent des campagnes.
On les forme à Fréjus très vite et parfois mal. On les met en garde contre les méfaits de l’alcool et les maladies vénériennes. On leur parle de ce qui les attend, la chaleur humide, les paysages verdoyants, les fameuses « congaïs », ces « petites épouses » disponibles pour les tâches ménagères et le plaisir charnel.
Après avoir traversé les mers dans des conditions sordides, les soldats africains découvrent une Indochine avec des réalités sociales et un quotidien proche de leur pays d’origine. Les officiers français s’étonnent des contacts qui se nouent entre ces deux groupes de colonisés que les circonstances ont rendus adversaires.
Les soldats africains ont bien quelques superstitions. Certains craignent les esprits des eaux qui attendent le passage des humains pour les attirer dans les fonds et leur prendre leur âme. « Les troupes africaines sont en grande majorité des fantassins », note Michel Bodin (in « Les Africains dans la guerre d’Indochine », L’Harmattan, 2023), un historien parmi les rares à avoir travaillé sur les Africains dans la guerre d’Indochine.
En 2014, le goumier marocain Hammou Moussik, qui a servi plus de dix ans dans l’armée française, décrivait au « Nouvel Obs » la misère, l’eau infestée d’amibes qui l’obligeait à ne boire que du vin. « L’ennemi surgissait de partout, derrière chaque coin d’arbre, chaque rizière. » Yoro Diao avait, lui, la vingtaine. Le tirailleur sénégalais restera trois ans aux côtés de camarades maliens et ivoiriens. « C’était la guérilla. Tout était utilisé : il y avait des flèches empoisonnées, des sarbacanes », a-t-il raconté aux médias français en avril 2023.
L’administration militaire est convaincue de l’importance des ethnies en fonction des formes de combat. On estime que les Nord-Africains, parce qu’ils ont fait leurs preuves à Verdun ou lors de la campagne d’Italie en 1944, sont plus adaptés aux unités mobiles destinées à la « destruction » de l’ennemi. Quand arrive la bataille de Diên Biên Phu en 1954, les soldats africains, environ 2 600 qui y participent, sont épuisés.
Le Vietminh prend très vite conscience que ces soldats sont une cible inespérée pour sa propagande. Le Dich Van, le service spécial de propagande, fait passer des tracts pour encourager les désertions. « Les Français se servent de vous, cette guerre n’est pas faite pour vous », leur hurle-t-on à travers des haut-parleurs, en arabe, même si l’accent est laborieux. L’une des directives préconise l’emploi de jeunes femmes pour séduire les hommes, et de porter l’effort sur les soldats africains dont on pense qu’ils sont plus faciles à berner.
A la demande d’Hô Chi Minh, l’émir du rif marocain Abdelkrim el Khattabi, figure indépendantiste, envoie un cadre du Parti communiste marocain, Maârouf (de son nom de guerre vietnamien Anh Ma) au Vietnam en 1949. Il monte un réseau de guerre psychologique à destination des troupes nord-africaines. Selon les chiffres de l’Office national des anciens combattants (Onac), qui se fondent sur les condamnations militaires pour des faits de désertions, plus de 300 soldats africains sont « passés à l’ennemi ».
Détail d’une affiche éditée par l’Etat français vers 1930 lors d’une campagne de recrutement. BRIDGEMAN IMAGES
Coté français, on fait d’ailleurs attention à bien traiter les soldats africains pour qu’ils ne désertent pas. « Des noix de kola sont distribuées aux Subsahariens. On leur envoie des instruments de musique de leurs pays, comme le balafon. Des émissions de radio avec des musiques traditionnelles sont organisées. Des moutons pour l’Aïd sont offerts aux unités nord-africaines, et on est attentif à leur régime alimentaire. Des films de western leur sont diffusés, car on pense qu’ils en sont friands. Des voyages à La Mecque pour le pèlerinage sont proposés aux plus valeureux », dit Michel Bodin. On va même jusqu’à leur « fournir » des femmes d’origine berbère ou arabe dans les bordels militaires de campagne (BMC).
Dans son journal intime, cité par l’historienne Nelcya Delanoë (in « Poussières d’empires », Puf, 2002), un lieutenant français s’inquiète pourtant du moral des troupes : « Ce matin, un tirailleur de ma compagnie s’est tiré une balle de fusil dans la tête et est mort sur le coup. […] On prend des petits montagnards à 19 ans, […] moins de huit mois après, ils sont ici et c’est la rizière. […] ils sont perdus, à la dérive. »
Mais ils continuent à faire cette guerre, pourtant. « Beaucoup considèrent leur capitaine de compagnie comme leur chef du village. Ils se battaient pour une communauté. Ce qui les intéresse, c’est de gagner des médailles et de l’argent pour faire des cadeaux en rentrant. Quand ils découvrent que leurs camarades ont été torturés par le Vietminh, certains ont voulu se venger », explique Michel Bodin.
Le faible chiffre des « ralliés » au Vietminh ne rend pas compte de l’ampleur du phénomène d’un point de vue politique. La déposition du sultan Mohammed V puis sa déportation à Madagascar – une autre colonie française – aura été centrale dans la désertion de nombreux Marocains. Ces « ralliés » resteront au Nord-Vietnam presque vingt ans après la fin de la guerre. Mariés avec des Vietnamiennes avec lesquelles ils ont des enfants, ils deviennent paysans dans des fermes d’Etat. Du souvenir de leur combat, il reste, au nord-ouest de Hanoï, un monument : la porte du Maroc.
Pour acheter le hors-série du « Nouvel Obs » sur l’Indochine, c’est en kiosque dès le 18 avril ou sur la boutique de notre site. L’intégralité de nos articles est aussi à retrouver sur le web dans ce dossier, complété au fil des jours : « Voyage au pays de mes ancêtres », « Histoire d’une longue invasion », « Quand la France était un narco-Etat », « Marguerite Duras, la Vietnamienne », « La naissance du porno-colonialisme », « Hô Chi Minh, un apprenti révolutionnaire à Paris »… et des entretiens avec les écrivains Viet Thanh Nguyen et Eric Vuillard ou l’historien Christopher Goscha.
Qu’ils aient déserté ou non, l’impact de la guerre d’Indochine, la première guerre où des colonisés vaincront le colon, sera déterminant. Dans son livre « la Guerre d’Indochine » (1963-1967), Lucien Bodard évoque ainsi ces bataillons de goumiers marocains du troisième tabor, après le désastre de Cao Bang en 1950. « Ce sont eux qui, en racontant ce qu’ils ont subi et vu, contamineront peu à peu toutes les forces nord-africaines du corps expéditionnaire […] et qui, encore plus tard, de retour au Maghreb, serviront la Révolution. »
Ainsi, Miloud, ancien goumier, a raconté à l’historienne Nelcya Delanoë ses conversations avec des prisonniers vietnamiens. Ils lui répètent :
« Tu fais la guerre, mais contre qui ? Nous devons défendre notre indépendance ! Et un jour, vous les Marocains là-bas, ce sera la même chose. »
Les vétérans africains de la guerre d’Indochine sont estimés à 5 000 encore vivants. Beaucoup ont perdu leurs lettres et leurs souvenirs. Plus de 45 000 soldats du camp français sont restés dans les terres indochinoises. Des corps reposent encore sur les lieux des combats. Des travaux d’urbanisation sur le site de Diên Biên Phu ont fait remonter à la surface les corps des combattants abandonnés, enterrés dans des fosses communes ou ensevelis à la va-vite lors de la bataille.
Selon des informations du « Monde », l’institut médico-légal de Hanoï a analysé les ossements retrouvés. Ces premières dépouilles étudiées seraient des hommes porteurs de l’insigne d’un régiment de tirailleurs marocains. Le 29 mars, le secrétariat des Anciens Combattants annonçait que six de ses dépouilles seraient rapatriées, parmi elles deux gradés, de « type européen », trois paras. Et un soldat anonyme. Qui est peut-être, lui, marocain…
Dans « Vivre à ta lumière », Malika, qui porte la voix de la mère d’Abdellah Taïa, se donnait pour mission d’enterrer symboliquement dans un mausolée son époux mort en Indochine. Une façon pour l’écrivain de sortir de sa solitude ce soldat inconnu.
« Vous avez du sang sur les mains ! » Nous sommes en février 1991, dans un colloque sur le Vietnam au palais du Luxembourg, et, alors que Georges Boudarel, éminent universitaire spécialiste de la question, s’apprête à faire son exposé, Jean-Jacques Beucler, ancien secrétaire d’Etat à la Défense sous Giscard et détenu pendant quatre ans par les vietminhs, prend la parole, avec, à ses côtés, d’autres anciens de l’Indochine. Ils accusent Boudarel d’avoir torturé des militaires français au camp 113, quand il était commissaire politique vietminh…
Soudain le passé ressurgit. Et l’histoire, hallucinante, de ce jeune homme arrivé comme professeur au lycée Marie-Curie de Saïgon, en 1948, militant communiste qui, en 1950, décide de rejoindre le Vietminh. Où il deviendra commissaire politique. Déserteur, il est condamné à mort, mais la loi d’amnistie de 1966 lui permet de revenir en France. Il fait carrière à l’université Paris-7, devient un éminent spécialiste de la question vietnamienne. Et même l’un des premiers à alerter contre le régime de Hanoï, dénonçant la mort de l’intellectuel saïgonnais Ho Huu Tuong à la sortie d’un camp de rééducation en 1980.
C’est donc une vraie déflagration dans le milieu de la recherche que cette plainte pour « crimes contre l’humanité », contre un professeur soutenu par Pierre Vidal-Naquet ou Jean Lacouture. « J’étais stalinien, je le regrette à 100 % », dit-il au « Monde » en 1991. Dans son livre « Cent fleurs écloses dans la nuit », il dissèque le communisme vietnamien en profondeur, et de fait, comme il le rappelle, « [il a] plus ou moins partagé certaines des vues qu’[il] critique aujourd’hui », et « connu certains des contestataires ou des officiels dont [il] parle ». Georges Boudarel meurt en 2003.
Par Sarah Diffalah
Publié le
https://www.nouvelobs.com/histoire/20240603.OBS89232/quand-des-indigenes-africains-se-battaient-contre-des-indigenes-asiatiques-au-nom-de-la-france.html
En 1885, l’empereur Ham Nghi, âgé de 13 ans, engage la guérilla contre les Français. Capturé, déporté en Algérie, il abandonne la politique pour… la peinture et la sculpture.
Par Hélène Lam Trong
Publié le
.
Rédigé le 03/06/2024 à 17:15 dans Indochine, Vietnam | Lien permanent | Commentaires (0)
Je me propose de vous restituer le contenu de son message qui n’a rien de convenu. A la question de ce qui est survenu le 7 octobre, il ose et propose le terme : d’offense légitime du Hamas pour faire face à celui qui l’a mis au bord de l’abime en lui disant : il ne te reste plus qu’à sauter si tu veux cesser d’être victime!
C’est ce qui explique la barbarie ou le recours à l’infamie du Hamas.
La légitime défense d’Israël sera proportionnelle à ce qu’il appelle : une menace existentielle. Israël pour punir le Hamas, va tenter de toutes ses forces d’effacer toute trace de la Palestine.
Rédigé le 03/06/2024 à 15:30 dans Gaza, Israël, Lejournal Depersonne, Palestine, Paléstine | Lien permanent | Commentaires (0)
La première et la dernière fois où fut publiquement commémoré ce triste événement remonte au 11 mars 2004, grâce à l’initiative de Hocine Mérabet, président de l’APC d’Arzew et de son adjoint Khalfaoui qui organisèrent, au siège de la mairie, une matinée commémorative lors de laquelle le Cheikh Iyadh Bouabdelli rappela les douloureux événements qu’avait connus la ville d’Arzew, le 11 mars 1962 durant laquelle plus d’une vingtaine de victimes innocentes, hommes, femmes et enfants furent massacrés par l’OAS et l’armée française.
Arzew important centre militaire
En dehors d’Oran, d’Arzew et Mers-el-Kébir étaient les centres de l’ouest algérien où la proportion des Européens était prédominante (soixante pour cent environ) ; mais également, les villes qui accueillaient de très importantes installations militaires des trois armes : armée de terre, marine et aviation.
Arzew petit port de pêche, mais également et surtout place forte militaire marquée notamment par la présence de nombreux centres à caractère stratégique : camp Franchet- d’Esperey, base aéronautique navale, le centre de repos dit «l’Ile d’Elbe»1 et principalement la présence au cœur de la ville du fameux Centre d’Instruction des Opérations Amphibies (C.I.O.A.)2 qui abritait également le sinistre Centre d’Instruction de Guerre de Contre-Guerilla et de Subversion (C.I.G.C.G.S).3
Le mois de mars 1962, la ville d’Arzew n’est pas épargnée
Tandis qu’Oran était mise à feu et à sang ; Arzew, à l’approche de la date fatidique de la signature des Accords d’Évian, et sous le choc du prétendu massacre par le FLN de Mme Ortéga et de ses deux enfants, le 1er mars à Mers-el-Kébir ; la population européenne d’Arzew chauffée à blanc par la propagande OAS, sentant que le rêve d’une Algérie française était en train de se dissiper irréversiblement comme le brouillard au lever du soleil, dans chaque geste, dans chaque parole certains Européens d’Arzew, plus particulièrement les jeunes mourraient d’envie d’en découdre avec les «Arabes» en recourant à la méthode des effroyables «ratonnades» qui ont fait leur preuve à Oran laissent présager le pire.
Préludes de sang
Alors que le Ramadhan tire à sa fin, le lundi 5 mars 1962/28 ramadhan1381, à quatre jours de l’Aïd Seghir, à midi ; un commando OAS se rend à une villa du quartier des Jardins où habitait Kerbouci Mnaouer, 52 ans, Conseiller général, dirigeant de l’OMA et responsable du Bureau de main-d’œuvre du port d’Arzew ainsi que Malki Miloud, 51 ans, garde champêtre qui se trouvait avec lui, et les abat. La population algérienne est sous le choc.
Que s’est-il passé durant cette fatidique journée du 11 mars 1962 ?
À partir de témoignages écrits et oraux nous avons essayé de reconstituer le drame dans ses différentes phases. Deux journaux relatèrent les «événements», L’Écho d’Oran et Le Monde. Sous le titre de «Incidents à Arzew»L’Écho d’Oran4 relate que l’agitation «a régné dans la petite ville depuis vendredi soir [9 mars]. Elle fut déclenchée à la suite d’un attentat FLN commis par deux terroristes dans un bar de la cité où ils lancèrent une grenade qui n’éclata pas. L’auteur de l’attentat et un complice furent poursuivis et malmenés par la foule.» ; quant au journal Le Monde5, il rapporte que «... Les incidents avaient commencé par un attentat FLN manqué dont les auteurs avaient été malmenés par la foule. Des manifestants européens avaient saccagé alors une vingtaine de magasins musulmans, à la suite de quoi des magasins européens situés près du quartier arabe avaient été incendiés.»
Le seul témoignage écrit par un Algérien de ce drame est celui que relate Touhami Derkaoui dans son livre.6 Il écrit à la page 126 «Un autre drame de cette époque, dont je me souviens avec encore plus d’amertume, est celui de l’affaire du jet de grenade au bar Schmitt à Arzew. Un dénommé Hanane Driss, et lors d’une visite chez son beau-frère au bain maure, fera la connaissance avec les trois djounouds, Bourguiba, Mussadek et Nadji. Pris de sympathie pour le jeune homme, Nadji lui fera cadeau d’une grenade vide comme souvenir. Le 9 mars 1962, à Arzew toujours, le jeune Driss consacrera d’abord sa journée à aider un parent à déménager son salon de coiffure vers son domicile. Passant devant le bar Schmit, Driss s’amusa alors à y jeter la «fausse grenade». Il sera poursuivi jusqu’au domicile où il sera arrêté en même temps que Isri Mustapha. Emmené à la base marine dans les locaux du 2ème Bureau, Driss sera torturé et exécuté. Deux autres membres de la famille Hamidèche, les dénommés Amar et Mustapha, parents de Driss, seront aux aussi arrêtés puis relâchés dans les champs, sans aucune explication ni procédure. L’occasion de ce «faux attentat» sera une aubaine et un prétexte pour les brigades de l’OAS qui mèneront une véritable opération punitive en assassinant, au lieu-dit «les jardins de la Guetna», une vingtaine d’Algériens innocents, Pour moi et pour ceux qui gardent en mémoire ce drame, la journée du 11 mars 1962 à Arzew est une journée de deuil.»
Un autre témoin que personne n’a eu la présence d’esprit de questionner pour nous donner la version des faits vue du côté européen c’est Germaine Ripoll, la seule Européenne qui est restée à Arzew jusqu’aux années 2000.7
Le déroulement du massacre
En ce dimanche printanier, du 11 mars 1962 correspondant au quatrième jour de l’Aïd Séghir 1381 ; civils et militaires européens se retrouvaient dans les bars de la ville ; notamment L’Escale et le Cappricio.
Hennane Driss, un jeune fidaï qui venait d’être intégré au réseau reçut de Nadji une grenade désamorcée comme cadeau de bienvenue. Le jeune fidaï inexpérimenté pensait avoir entre la main une vraie grenade. Voulant montrer son ardeur patriotique de néophyte, cible le bar L’Escale qui, à 8h30 accueille déjà ses premiers clients constitués principalement de militaires basés à Arzew ; notamment les Légionnaires, les marins du C.I.O.A. et les stagiaires du C.I.P.C.G.
Hennane Driss accompagné de deux autres camarades, arrivé, au niveau du bar, descendit de voiture et jeta l’engin à l’intérieur de l’établissement et prit la fuite à toute vitesse. La grenade désamorcée ne fit plus de peur que de mal. Les militaires présents, se lancent à sa poursuite et le rattrape au seuil de son domicile. Emmené à la base marine dans les locaux du Centre d’Instruction des Opérations Amphibies. Il sera torturé et exécuté, son corps ne fut jamais retrouvé.8
Deux autres membres de la famille Hammidèche, Amar et Mustapha, parents de Driss, seront aux aussi arrêtés puis relâchés.
Aussitôt la nouvelle de la tentative d’attentat se répandit comme une traînée de poudre parmi la population européenne. Celle-ci, à l’approche de la date fatidique de la signature des Accords d’Évian était déjà chauffée à blanc par la propagande OAS. Peu de temps après, un premier groupe de jeunes européens se forma et se mit à saccager les magasins appartenant à des Algériens; situés près de la Guethna, le quartier «arabe» d’Arzew.
Cependant, ce qu’il a lieu de noter, c’est que la réaction des Européens ne s’était pas limitée aux saccages ; mais, elle prit une toute autre tournure qui se transforma très vite en une vaste chasse à l’homme.
Des groupes d’Européens de tous âges composés d’éléments de l’OAS assistés par des militaires, équipés de véhicules blindés armés de mitrailleuses 12/7 ; commencent à parcourir la ville, tuant tout «Arabe» qui se trouvait sur leur chemin.
Cela a commencé par le quartier mixte des Chevriers où le premier Algérien rencontré fut Hamada Hadj abattu devant sa mère et ses sœurs, en continuant à semer la mort aux quartiers de Tourville et des Jardins, où ils abattent Belkébir Mohamed ; et après lui, Rebbouh Bekhada.
En l’espace de deux heures, de dix heures à midi, la ville d’Arzew a vécu une véritable Saint-Barthélemy qui s’est soldée par plus de 23 morts, tous «Arabes». Un véritable massacre du 8 Mai 1945 à l’échelle d’Arzew. 9
Le bilan des victimes algériennes de cette sinistre journée s’est soldé de 23 morts ; à savoir :
par Saddek Benkada
Dimanche 2 juin 2024
https://www.lequotidien-oran.com/?news=5328452
.
Rédigé le 02/06/2024 à 16:57 dans France, Guerre d'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires récents