.
« avril 2024 | Accueil | juin 2024 »
.
Rédigé le 18/05/2024 à 17:45 dans France, Guerre d'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)
La judéophobie représente une menace pour tous les juifs qu’ils soient sionistes ou non.
L’islamophobie représente une menace pour tous les musulmans qu’ils soient islamistes ou non.
Pour l’exprimer plus simplement, on va dire que ce sont les extrémistes des deux camps qui suscitent cette peur en deux temps : Aucun des deux n’a peur… les deux font peur.
Mais plus maintenant, heureusement ou malheureusement pour tous les innocents.
Il y a eu un sacré renversement au cœur de l‘Occident depuis le 7 octobre.
Un regain d’amour pour les juifs et des relents de haine pour les musulmans…
Le contexte a fourni le prétexte pour bénir le sionisme et maudire l’islamisme.
.
Rédigé le 18/05/2024 à 17:26 dans Gaza, Islam, Islamophobie, Israël, Lejournal Depersonne, Palestine, Paléstine | Lien permanent | Commentaires (0)
Dans une communication intitulée : « La guerre d’Algérie revisitée : zones d’ombre, points aveugles » datant de 2002, l’historien Guy Pervillé notait que des événements importants de la guerre d’Algérie restaient « méconnus ou mal connus, soit parce que les enquêtes sérieuses qui ont été faites sont trop peu diffusées et trop peu relayées par les médias, soit parce qu’aucune enquête méthodique n’a pu être faite » [1][1]Guy Pervillé, « La guerre d’Algérie revisitée : zones d’ombre,…. Parmi ces zones d’ombre, il évoquait des événements relatifs à la période qui suit les accords d’Évian. C’est en effet au moment des négociations du cessez-le-feu que le Comité des Affaires Algériennes (CAA) prend la décision de créer une force complètement hybride, aux multiples dénominations dont l’appellation la plus courante est celle de « force locale [2][2]C’est pourquoi nous retiendrons cette dénomination dans notre… ». Rares sont les ouvrages sur la guerre d’Algérie qui évoquent son rôle durant la période de transition du pouvoir. Pourtant cette force inédite de par sa composition a connu la période trouble qui s’est déroulée du 19 mars 1962, date de la proclamation du cessez-le-feu en Algérie, aux premiers jours de l’indépendance. De fait durant environ cent cinq jours, le Haut-Commissaire de la République Christian Fouchet et l’Exécutif provisoire, institution mixte dirigée par Abderrahmane Farès [3][3]L’Exécutif provisoire est composé de douze personnes : trois… s’accordent sur des mesures de maintien de l’ordre, en particulier dans les deux principales villes d’Algérie, Alger et Oran, où l’Organisation Armée Secrète (OAS) conteste activement le cessez-le-feu par une série d’attentats. L’Exécutif provisoire a également la charge d’organiser le scrutin sur l’autodétermination de l’Algérie [4][4]El Watan, 1er octobre 2004. « L’Exécutif provisoire entre le…. C’est à cette fin qu’il a obtenu la création d’une force locale qui devra garantir le bon déroulement du référendum [5][5]Vitalis Cros, Le Temps de la violence, Paris, Presses de la…. Pour les autorités françaises elle pourra également faire concurrence à l’Armée de Libération Nationale (ALN), le bras armé du Front de Libération Nationale (FLN) en devenant l’embryon de la future armée algérienne bien qu’elle inclue des recrues européennes. Analyser le rôle de la force locale, c’est donc non seulement mettre en lumière la création d’une force militaire sans précédent mais aussi mettre en évidence les nombreux événements tragiques de la fin de la guerre d’Algérie.
2L’historique de la force locale révèle que sa création, d’essence française car préparée en amont par le gouvernement français, a été sévèrement discutée aux Rousses et à Évian voire contestée par les deux parties [6][6]Chantal Morelle, Comment de Gaulle et le FLN ont mis fin à la…. Si elles sont d’accord sur cette création, la pierre d’achoppement porte sur sa composition et son effectif [7][7]François-Xavier Hautreux, « L’armée française et les…. Ainsi c’est au CAA que revient l’initiative de la formation d’une force algérienne. Mais il faut attendre le mois de mars 1962 pour que la force locale soit définitivement créée. La valse hésitante des civilo-militaires n’a donc pas laissé un grand souvenir d’efficacité et révèle une grande improvisation.
3Le 20 janvier 1961, un groupe de travail civilo-militaire dépendant du CAA prévoit pour la fin de l’année la constitution d’une force qui comptera entre 30 000 et 35 000 hommes. Placée sous l’autorité d’un délégué général, elle sera transférée « le cas échéant, à un organisme algérien chargé de préparer l’autodétermination [8][8]Ibid., p. 342. ». Le 24 octobre, son nom est modifié. Elle est désormais appelée : « force d’ordre, locale » et en théorie sa composition serait la suivante : elle comprendrait 4 500 gendarmes auxiliaires, 11 000 gardes des Groupes Mobiles de Sécurité (GMS) et 18 000 moghaznis, sous l’autorité d’une personnalité civile musulmane, assistée d’un officier supérieur musulman [9][9]Maurice Faivre, Les Archives inédites de la politique…. Initialement, les autorités françaises et le FLN s’opposent au recrutement de supplétifs dans la force locale. Redha Malek négociateur à Évian, rappelle dans son livre que les « harkis et groupes d’autodéfense en seront exclus [10][10]Redha Malek, L’Algérie à Évian. Histoire des négociations… ». En réalité les auxiliaires de gendarmerie sont des supplétifs qui ne sont pas désignés par leur appellation courante : « harkis gendarmerie [11][11]François-Xavier Hautreux, « L’armée française et les… ». Selon l’historien François-Xavier Hautreux, la force locale représente donc une solution de reclassement pour l’ensemble des GMS et de nombreux harkis [12][12]Ibidem, p. 345.. D’ailleurs le lieutenant Georges Grillot, chef du « Commando Georges » crée en 1959, demandera en vain l’intégration de ses supplétifs dans la force locale afin qu’ils ne rejoignent pas l’OAS [13][13]Guy Pervillé, Les Accords d’Évian (1962). Succès ou échec de la….
4Pourtant, un problème de recrutement est posé en raison du déficit de l’encadrement musulman. Les autorités françaises décident donc de recruter des cadres européens [14][14]Maurice Faivre, Les Archives inédites de la politique…. En février 1962, la composition de la force locale est encore étudiée aux Rousses et elle est l’objet de vives discussions entre les deux parties. D’un effectif de 30 000 à 35 000 hommes, elle comprendrait des unités de sécurité à base de GMS, de maghzens et de pelotons de gendarmes auxiliaires. Néanmoins, la délégation du FLN n’accepte pas qu’il y ait des GMS et des moghaznis. C’est pourquoi, les négociateurs envisagent de remplacer les moghaznis par 19 000 appelés dont 1 000 Européens [15][15]Ibid., p. 71.. Pour Pierre Messmer, le ministre des Armées, qui souhaite la création de la force locale afin de ne pas mêler l’armée aux tâches secondaires :
5
La moitié des officiers musulmans n’étant pas volontaire pour l’encadrer, il faudra désigner sans faire appel au volontariat (sic) des cadres français, qui ensuite pourront constituer des organismes d’assistance technique de l’armée algérienne, comme cela a si bien réussi au Maroc. Les gendarmes, peuvent fournir 4 500 hommes. Ou bien on obtient 10 000 à 15 000 GMS, complétés par 15 000 appelés. Ou bien aucun GMS, il faudrait alors trouver 25 000 appelés, qui seront « d’une mauvaise qualité technique » [16][16]Ibid., p. 72..
6Une autre alternative est également proposée. Il s’agirait d’utiliser des unités existantes, retaillées en gardant les cadres et en y mettant des appelés [17][17]Ibid.. Selon le capitaine de Camille Renaud – une ancienne recrue de la force locale – cette solution a été confirmée. Il lui aurait dit lors d’un entretien téléphonique en 2000 :
7
« Votre commando 127, on n’en a plus besoin. On va le transformer en force locale ». Il raconte ensuite : « Après ça, il arrivait des Algériens (appelés) de partout. Alors, on a utilisé les anciens locaux du commando 127 et la structure » [18][18]Entretien avec Camille Renaud..
8Cependant d’emblée, des responsables sont réticents à la création de la force locale. La composition comme la direction de cette force sont controversées [19][19]Le Soir d’Algérie. Abdelmadjid Merdaci, « Actualités :…. Et ce, du côté des autorités européennes comme des autorités algériennes. À Reghaia, le commandement est hostile à cette initiative. Le général Emmanuel Hublot, chef d’état-major, estime que le maintien de l’ordre requiert des forces spécialisées. Tandis que les frontistes refusent cette force qui ferait concurrence à l’ALN [20][20]Chantal Morelle, Comment de Gaulle et le FLN ont mis fin à la…. En effet, pour le général de Gaulle cette force locale pourrait constituer le noyau de la nouvelle armée et boycotter l’ALN :
9
Plus l’Exécutif provisoire exercera une emprise, plus il souhaitera avoir une armée. Ces forces peuvent être appréciées et devenir le noyau d’une future armée au lieu de l’ALN. Le but à atteindre est de fournir des éléments militaires valables qui puissent constituer l’embryon de cette armée [21][21]Maurice Faivre, Les Archives de la politique….
10Selon Chawki Mostefai, membre de l’Exécutif provisoire, elle sera « l’armée algérienne de demain [22][22]Ibidem, p. 350. ». Cette idée est confirmée par le colonel Mohamed Ramdani, ancien moudjahid, sur son blog :
11
De grandes opérations ont été menées pour réduire la pression sur les wilayas […] Noyauter le passage à une armée nationale avec la constitution à la veille de l’indépendance, durant la période de cessez-le-feu, précisément, d’une force locale. Pour les Français, la force locale devait servir de colonne vertébrale à la constitution d’une armée nationale [23][23]http://www.mohamedramdani.com « Ramdani Mohamed rend hommage à….
12Par ailleurs l’effectif de cette force est aussi critiqué dès le premier jour des négociations à Évian, le 7 mars. Les nationalistes algériens veulent qu’elle soit nombreuse afin de lutter efficacement contre l’OAS. C’est pourquoi le nombre de 40 000 hommes avancé par les autorités françaises est jugé « dérisoire » par Saâd Dahlab. Celui qui est alors ministre des Af- faires étrangères du Gouvernement Provisoire de la République Algérienne (GPRA) propose un volume entre 50 000 et 80 000 hommes [24][24]François-Xavier Hautreux, « L’armée française et les….
13En dépit de ces critiques, la force locale est tout de même créée et correspond à la composition déjà prévue par les autorités françaises bien avant les accords d’Évian ; comme le révèle une lettre de Pierre Messmer au commandant supérieur des forces armées en Algérie le général Charles Ailleret, en date du 24 février 1962 [25][25]SHD 1H 2457, dossier 1. Le ministre des Armées à M. le général….
14C’est finalement l’arrêté interministériel du 30 mars 1962 pour l’ap- plication du Titre IV du décret 62-306 du 19 mars 1962 portant sur l’organisation provisoire des pouvoirs publics en Algérie qui fixe dans l’article 2, la répartition des 40 000 hommes en :
15– une direction des commandements régionaux et départementaux ;
16– 114 GMS ;
17– 110 Pelotons de Garde Territoriale (PGT) constitués par des gendarmes et des auxiliaires de gendarmerie ;
18– 114 compagnies constituées par des appelés, dont la numérotation commence à 401.
19À ces unités s’ajoutent des compagnies sahariennes d’un effectif total de 3 500 hommes. Destinée à être l’embryon de la future armée algérienne, la force locale comporte pourtant des Européens.
20Dans son livre intitulé C’était de Gaulle le ministre de l’Information Alain Peyrefitte, rapporte une discussion au cours du Conseil des ministres du 18 avril 1962 sur la mise en place de la force locale et sa composition : « Diverses unités sont constituées de 90 pour cent de musulmans du contingent et de 10 pour cent de Français de Souche Européenne (FSE) [27][27]Alain Peyrefitte, C’était de Gaulle, Paris, Fayard, 1994, t. I,…. » Les Unités de Force Locale (UFL) sont donc mixtes [28][28]SHD 1H 3605, dossier 3. Le commandant supérieur des forces…. Majoritairement composées de Musulmans [29][29]SHD 1H 2918, dossier 1. Exécutif provisoire algérien.…, elles comportent aussi quelques Européens ce qui donne lieu à des « compagnies caméléons ».
21De nombreux Européens refusent d’en prendre le commandement. C’est l’exemple du capitaine J. de F., dont le témoignage est rapporté par l’historien Maurice Faivre. Il a été désigné en avril 1962 pour être à la tête d’une UFL par le colonel Bernard, commandant le 19e RC. N’acceptant pas cette responsabilité il est, en conséquence, condamné à une peine d’un mois d’arrêt de forteresse. Finalement il change d’avis et prend le commandement d’une UFL déplacée de Bou Saada à Bouira [30][30]Maurice Faivre, Les Combattants musulmans de la guerre….
22En outre le transfert dans la force locale est très mal vécu par certains Européens. On peut citer à ce propos le témoignage de Camille Renaud. Appelé européen métropolitain de 2e classe, il a appris son incorporation dans la 514e UFL à son retour de permission, en avril 1962. Il insiste sur le changement brutal résultant de l’alliance de l’armée française avec le FLN :
23
Je m’adressais au capitaine qui me connaissait : « Je n’ai pas demandé cette affectation ! Je ne les considère pas comme mes frères ! Je n’ai rien à faire de la force locale ! » Dès les premiers mots, le capitaine m’arrêta : « Puisque vous le prenez sur ce ton, Renaud, je refuse de vous écouter. » Il me tourna le dos. Fou de rage, je continuais à crier mon désespoir. Le lieutenant Ghazzi, un Arabe, militaire de carrière, me prit par le bras et m’entraîna à l’écart : « Qu’est-ce qu’il y a Renaud ? Qu’est-ce qui ne va pas ? » J’étais incapable de parler, les larmes me brouillaient les yeux. Et je me dégageais sans douceur. Notre désarroi était total. Nous étions livrés, aux ordres d’une armée arabe, commandés par des Arabes, que nous venions de combattre, un mois auparavant [31][31]Témoignage de Camille Renaud tiré du courrier des lecteurs….
24Quand nous l’interrogeons sur cette réaction, Camille Renaud s’explique a posteriori :
25
Mon désarroi n’était pas d’être commandé par des Musulmans, mais d’avoir été muté malgré moi, dans une armée étrangère, celle-là que nous combattions, depuis 16 mois pour mes camarades et moi. Comme je l’ai indiqué à ma première entrée dans cette chambrée que je connaissais bien, j’ai instantanément compris que je n’incorporais pas l’armée française mais l’armée du FLN [32][32]Entretien avec Camille Renaud..
26Il avait donc le sentiment de servir l’armée algérienne même si la force locale dépendait clairement des autorités civiles françaises. Les propos de Camille Renaud sont corroborés par le général de brigade Robert-Jacques Frat, commandant la Zone Nord-Constantinois (ZNC) qui affirme au mois de mai 1962 que :
27
Les cadres européens se trouvent aux ordres d’un organisme pour moitié composé de membres du FLN qu’ils combattent depuis sept ans. Aux difficultés d’ordre interne qu’ils vont connaître va s’ajouter l’impression d’être sous les ordres de l’adversaire [33][33]SHD 1H 3605, dossier 3. Le général de brigade Robert-Jacques….
28En revanche pour certains supplétifs, l’engagement dans la force locale est un moyen de rester en Algérie. En effet alors que J.-P. Sénat, chef de Section Administrative Spécialisée (SAS) à la SAS du barrage de Ghrib, à l’ouest de Médéa, conseille à ses moghaznis d’aller en métropole, certains décident de rejoindre les UFL, à l’image de Z. dont l’entretien est rapporté par l’historien Gregor Mathias. « Moi, on m’a dit que la force locale, c’était comme l’armée », raconte le témoin qui s’est engagé volontairement dans la force locale, de mars à juillet 1962 [34][34]Gregor Mathias, Les Officiers des SAS et des SAU et la….
29Ce n’est pas le point de vue de M. Saadi. Abandonné par ses supérieurs, ce moghazni doit essayer de rejoindre la métropole par ses propres moyens. Le chef de SAS d’Azrou M’Béchar, le capitaine J.M. a mis ses affaires dans un conteneur et l’armée a récupéré ses armes et ses munitions. M. Saadi semble alors très perplexe quant à son intégration dans la force locale, qu’il attribue à tort à Ahmed Ben Bella, où se côtoient des recrues de diverses origines :
30
On nous a dit de nous débrouiller et de faire ce qu’on voulait. De toute façon, Ben Bella va nous intégrer soi-disant dans une force locale : comme si on pouvait mettre ensemble un chien et un chat [35][35]Ibid., p. 759..
31Finalement se dégage une impression de force hybride voire « fourre-tout », qui est confirmée par le témoignage de Jean Kersco, auteur du livre : Quand le merle sifflera. Algérie, 1961-1962, du putsch à l’indépendance :
32
On en profite pour déverser le tout-venant des harkas, des maghzens, des forces supplétives de gendarmerie, etc. qui déserte au bout de quelques jours avec son arme afin de donner des gages tardifs au FLN. C’est la démarche du patron qui veut licencier sans respecter ses obligations légales : il crée une structure provisoire dans laquelle il entasse les candidats au licenciement. Un véritable fiasco, un tonneau des Danaïdes qui se vide aussitôt qu’il se remplit [36][36]Jean Kersco, Quand le merle sifflera. Algérie, 1961-1962, du….
33À cela s’ajoute le problème de la gestion de la force locale : son autonomie est théorique.
34La force locale est censée être sous l’autorité de l’Exécutif provisoire selon l’article 3 de l’arrêté interministériel du 30 mars 1962 :
35
Les pelotons de garde territoriale, les compagnies de force de l’ordre ainsi que les personnels militaires désignés pour servir dans la direction et les commandements, sont mis pour l’emploi à la disposition de l’Exécutif provisoire.
36L’article 4 précise que :
37
L’emploi des unités de la force de l’ordre relève normalement des autorités préfectorales. L’Exécutif provisoire peut, toutefois donner à une partie d’entre elles, normalement aux groupes mobiles de sécurité et exceptionnellement seulement aux autres formations, des missions particulières hors de la région où elles sont stationnées. Les pelotons de garde territoriale et les compagnies agissent en principe dans les limites de l’arrondissement où ils sont implantés.
38En effet si elle est d’abord organisée par le général de gendarmerie Corberant [37][37]Maurice Faivre, Les Archives inédites de la politique…, à partir du mois d’avril cette responsabilité est confiée au colonel Ghenim et au commandant Yazid, attachés au cabinet d’Abderrahmane Farès. Son commandement est quant à lui, assuré par le préfet de Saida, le commandant Omar Mokdad [38][38]Omar Mokdad a servi dans l’infanterie comme officier entre 1941… et par son adjoint le lieutenant-colonel Abdelkrim Djebaili, nommés au début du mois d’avril par l’Exécutif provisoire [39][39]Journal Officiel de la République française, 10 avril 1962.. Enfin la force locale est supervisée par Abdelkader El Hassar [40][40]Guy Pervillé, Les Accords d’Évian (1962). Succès ou échec de la….
39Néanmoins pour Redha Malek, son autonomie est fictive car elle dépend de la logistique française [41][41]Redha Malek, L’Algérie à Évian. Histoire des négociations…. Initialement, le but était de créer une force indépendante des autorités françaises et du FLN, uniquement aux ordres de l’Exécutif provisoire [42][42]François-Xavier Hautreux, « L’armée française et les…. En réalité cette institution n’a que trop peu de pouvoir et de légitimité en Algérie. De plus le maintien de l’ordre relève, en dernier ressort, de l’autorité du Haut-Commissaire de la République en Algérie : Christian Fouchet. D’ailleurs, lorsque le ministre des Affaires algériennes Louis Joxe demande au général Philippe de Camas d’exposer les conceptions françaises sur la façon d’assurer l’ordre en Algérie pendant les mois critiques il affirme que :
40
En cas de situation grave et, si la force locale était débordée, l’Armée française interviendrait sous la requête du Haut-Commissaire [43][43]Robert Buron, Carnets politiques de la guerre d’Algérie par un….
41Il est vrai que le maintien de l’ordre restera finalement essentiellement entre les mains de Christian Fouchet [44][44]Hubert Michel, « Les institutions politiques algériennes »,…. C’est donc conjointement que le Haut-Commissaire et le président de l’Exécutif provisoire inspecteront les rangs de la force locale [45][45]« Christian Fouchet et Abderrahmane Farès inspectent la force….
42Selon l’article 1 de l’arrêté interministériel du 30 mars 1962 sa principale mission est de faire régner l’ordre :
43
La force de l’ordre créée par l’article 19 du décret 62-306 du 19 mars 1962 est chargée d’assurer la surveillance de générale, la protection des personnes et des biens et le maintien de l’ordre à l’exclusion de toutes des missions en matière de police judiciaire et de police militaire.
44Le 14 avril 1962 lors d’une réunion de l’Exécutif provisoire, Abdelkader El Hassar annonce que la force locale doit servir à lutter contre l’OAS. Cette idée est soutenue par Chawki Mostefai [46][46]Maurice Faivre, Les Archives inédites de la politique…. En revanche pour Abderrahmane Farès, la force locale devrait être employée dans les maquis du Sud afin de combattre les opposants aux accords d’Évian [47][47]Abderrahmane Farès, La Cruelle vérité. L’Algérie de 1945 à…. Mais Abdelkader El Hassar maintient sa volonté de déplacer des UFL dans les villes, lors de la réunion du 19 avril. Puis le 24 avril, il propose également la création de policiers auxiliaires car il estime que la force locale n’est pas assez efficace [48][48]Maurice Faivre, Les Archives inédites de la politique….
45Il est vrai que dans les grandes villes fortement européanisées : Alger et Oran, les activistes pratiquent la stratégie de la tension qui se manifeste par de nombreux attentats [49][49]Jean Monneret, La Phase finale de la guerre d’Algérie, Paris,…. C’est pourquoi Rabah Zerari, dit Si Azzedine, le commandant de la Zone Autonome d’Alger (ZAA), attend avec impatience le déploiement de la force locale dans Alger afin de liquider les groupes de l’OAS [50][50]Si Azzedine est un combattant de l’Algérois. Il passe à…. À la suite de l’attaque orchestrée par l’OAS à l’encontre des dockers musulmans qui a eu lieu le 2 mai sur le port d’Alger, le chef de la ZAA décide de riposter ouvertement en opérant une série d’attentats visant des commerces européens dans la ville, le 14 mai. Puis lors d’une conférence de presse, il réclame la force locale insistant sur le fait que les autorités françaises ne luttent pas assez contre l’OAS [51][51]Jean Monneret, La Phase finale de la guerre d’Algérie, op.…. Cet argument récurrent dans le discours nationaliste est peu justifié : au même moment, commence l’opération Fouchet, une série de mesures prises par le Haut-Commissaire afin de dissoudre l’OAS [52][52]Soraya Laribi, « Le plan Simoun ou l’appel anticipé des…. Mais la présence d’une force composée majoritairement de Musulmans est aussi réclamée par Si Azzedine à des fins stratégiques car elle serait plus bienveillante envers les nationalistes.
46Le gouvernement français renforce ainsi la lutte contre l’OAS en déplaçant dans les grandes villes des UFL, comme le montre un article du journal Le Monde datant du 14 mai 1962 qui a pour titre : « La reprise en mains dépend de l’emploi de la force locale. L’absence de la force locale à Alger. » D’ailleurs certaines recrues de la force locale protestent elles aussi contre leur affectation dans des zones relativement calmes. Elles demandent à être transférées à Alger où leur rôle serait, selon elles, plus utile : « Dans la région de Batna en particulier deux groupements ont protesté contre leur maintien dans une région où ils n’ont rien à faire alors que leur présence paraissait beaucoup plus nécessaire à Alger [53][53]Le Monde, 14 mai 1962, p. 3.. » Les UFL sont également aidées par les Auxiliaires Temporaires Occasionnels (ATO), désignés dès le mois de mai 1962 [54][54]Soraya Laribi, « Le dernier “gouverneur général” de l’Algérie :…. Ce sont des policiers musulmans au nombre de 1 200 à 1 500 qui seront encadrés par des gendarmes mobiles, dont 150 venant du Maroc [55][55]Maurice Faivre, Les Archives inédites de la politique…, et établis dans huit commissariats d’Alger. Ils poursuivront la lutte contre les activistes sous la houlette du commandant Omar Oussedik, officier de liaisons et de renseignements de la wilaya 4 [56][56]Libération, 13 mai 1962, p. 3. Cependant il sera difficile pour….
47Mais la force locale a aussi d’autres missions comme le montre le témoignage de Jacques Macé – sergent de la 3e compagnie du 3e Zouaves dans le Constantinois – affecté au sein de la 403e UFL au mois de mars 1962 :
48
Début avril, la 403e UFL, rassemblée à Ouled Rahmoun-important nœud ferroviaire au sud de Constantine-était transférée en plein bled, à la Cheffia à une quarantaine de kilomètres au sud de Bône.
Sa mission nous allions l’apprendre progressivement-était triple :
– protéger le chantier d’un important barrage hydraulique en construction dans le cadre du Plan de Constantine ;
– assurer la sécurité d’un regroupement de population situé près de notre camp ;
– ouvrir le barrage de la frontière tunisienne (la Ligne Morice) pour permettre l’entrée en Algérie des unités de l’ALN stationnées de l’autre côté de la frontière [57][57]Jacques Macé, « Mes cent jours dans la force locale », Guerre….
49Pour Jean-Claude Enard, 2e classe, transféré dans le Sud Constantinois avec une trentaine de soldats européens et environ 300 Musulmans dans une SAS à Henchir Toumghani afin d’encadrer la 413e UFL :
50
[La] mission consistait notamment à les former à la discipline militaire. J’étais moi-même secrétaire, trésorier et je devais enseigner à un jeune Algérien comment gérer les effectifs, effectuer la paye, acheter la nourriture pour les hommes [58][58]« J’ai rencontré pour vous : Jean-Claude Enard », L’Ancien….
51Une autre mission est d’assurer le bon déroulement du référendum sur l’autodétermination en veillant à la protection des urnes et au maintien de l’ordre aux abords des bureaux [59][59]Vitalis Cros, Le Temps de la violence, op. cit., p. 258.. Yvon Marie-Noël Priou – 2e classe du 4e Bataillon de Chasseurs à Pied (BCP) – affecté dans la 434e UFL à T’kout puis à Guyotville raconte :
52
Au milieu d’une circulation imposante et d’une foule assourdissante, le matin du 1er juillet 1962, j’avais accompagné le capitaine […] de l’unité 434 et le nouveau chauffeur de la jeep J… M. du 86, pour aller vérifier l’installation des bureaux de vote de Guyotville, pendant que l’armée française était consignée dans leurs cantonnements respectifs [60][60]http://wwww.marienoelyvonpriouforcelocale19mars1962.e.monsite.co….
53Les recrues de la force locale se sentent pourtant en danger car elles ont connaissance de l’insécurité grandissante avec notamment les vols de voi- tures, les occupations abusives d’appartements, les enlèvements d’Européens et le sort des supplétifs. Les missions des UFL sont donc risquées [61][61]ANOM. MA 155, dossier 1. Ce dossier contient des lettres des…. Certes un plan a été rédigé afin d’assurer le repli des UFL et de garantir la sécurité des civils qui dépendaient des autorités françaises. Appelé « Carrousel », ce plan en trois volets prévu pour les mois de juin et de juillet 1962 n’était que théorique et il ne fut pas appliqué en dépit des nombreux accrocs au cessez-le-feu. Par ailleurs il concernait le Constantinois [62][62]Soraya Laribi, « Le plan Carrousel, mesures à prendre contre…. Il semble qu’aucun plan similaire n’ait été préparé pour l’Algérois ou l’Oranie.
54Finalement les UFL n’ont pas pu mener à bien leurs missions car elles souffraient de nombreuses carences comme le raconte rétrospectivement Bernard Tricot, secrétaire du Haut-Commissaire durant cette période troublée :
55
Une force algérienne de l’ordre fut créée et le préfet Omar Mokdad en fut nommé directeur début avril. Les premiers éléments de cette force commencèrent tout de suite à intervenir ; mais bien qu’elle ne fût pas sortie d’un coup du néant, elle manquait d’entrainement et de cohésion [63][63]Bernard Tricot, Les sentiers de la paix. Algérie 1958/1962,….
56D’ailleurs, le rôle de la force locale est très vite limité par les nombreuses désertions et le noyautage.
57Très rapidement, des désertions avec emports d’armes sont notables dans les UFL. Charles Koenig membre de l’Exécutif provisoire raconte que : « Ses effectifs fondaient comme neige au soleil, ses membres désertant pour aller grossir les rangs de l’ALN avec armes et bagages [65][65]Guy Pervillé, Les Accords d’Évian (1962). Succès ou échec de la…. » De fait au printemps 1962 beaucoup de Musulmans souffrent d’une « crise d’identité ». Ils sont écartelés entre l’armée française dans laquelle ils combattaient auparavant, la force locale, nouvel organisme, et le FLN qui les incite à déserter et à rejoindre ses rangs [66][66]Gilbert Meynier, Histoire intérieure du FLN, Paris, Fayard,…. Ceux qui prennent le parti de rejoindre le FLN, sont appelés les « marsiens ». Ces désertions sont grandement favorisées par le FLN car elles ont pour but de renforcer son potentiel militaire [67][67]François-Xavier Hautreux, « L’armée française et les…. Ainsi en témoignent les propos du général Lennuyeux commandant la zone de l’Oranais qui dans une lettre du 2 avril 1962 évoque les difficultés à « maintenir les appelés Français de Souche Nord-Africaine [FSNA] sous les drapeaux ou au sein de la force locale ». Il est impossible alors, selon lui d’accorder « la moindre confiance » à ces hommes ce qui entraîne une « discrimination entre “Français de Souche Européenne” et “Français de Souche Nord-Africaine” dans l’usage des armes ». Il propose ainsi leur démobilisation [68][68]SHD 1H 1393, dossier 1. Le général Lennuyeux à M. le général…. Ces désertions ont aussi lieu dans le Constantinois, comme le révèle le général Frat, à la date du 18 avril :
58
Le FLN les considère comme un objectif prioritaire dans son action subversive. Il empêche leur mise sur pied sous le drapeau français ou tout au moins les rend inefficaces, laissant le champ libre à l’action de ses propres forces. De surcroît, il y trouve, sans bourse délier, des armements supplémentaires [69][69]SHD, 1H 3605, dossier 3. Le général de brigade Robert-Jacques….
59Michel Passicos – sous-lieutenant au 51e Régiment d’Infanterie (RI) dans l’Ouest-Constantinois – affecté après le cessez-le-feu dans une UFL dans la région de Grarem, met en évidence, dans son récit, le climat de peur suscité par les nombreuses désertions et les emports d’armes des Musulmans :
60
Pour les cadres européens, de moins en moins nombreux, au fil des jours, les choses n’étaient pas simples, les inquiétudes et la méfiance régnaient de façon insidieuse. Le bruit courait que des compagnies des forces locales, sans attendre l’indépendance, étaient passées de l’autre côté après avoir liquidé les “roumis” encore présents [70][70]Bulletin de l’association des officiers de réserve de Bordeaux,….
61À ces désertions et noyautages s’ajoute une certaine méfiance de toutes parts. Du côté des Européens, certains pensent à tort, que ce sont des membres de la force locale qui auraient tiré sur la foule durant la manifestation de la rue d’Isly, le 26 mars 1962 [71][71]Jacques Macé, « Mes cent jours dans la force locale », op. cit.. La mise en place de l’opération Fouchet qui vise à lutter contre l’OAS ainsi que l’installation des UFL et des ATO dans Alger suscite aussi l’inquiétude des Pieds-Noirs comme Francine Dessaigne qui écrit dans son journal, à la date du 13 mai, les lignes suivantes :
62
Hier, au Rocher Noir, on a pris des mesures en vue de détruire l’OAS et de réduire la résistance des Européens. Des milices musulmanes vont être armées, quinze mille hommes de la force locale implantés en ville, et dans les commissariats il y aura des gardes mobiles assistés de policiers musulmans. Ces mesures avivent l’inquiétude au moment où on retire aux Européens l’autorisation de posséder des armes mêmes déclarées [72][72]Francine Dessaigne, Journal d’une mère de famille Pied-Noir,….
63Du côté des nationalistes la méfiance est également de mise. Le commandant Si Azzedine, qui avait pourtant insisté pour que la force locale s’installe à Alger, révèle qu’elle était surveillée par ses hommes :
64
La ZAA doit s’assurer, de son côté, que la force locale sert la paix et la sécurité. Nous la contrôlons en douce, car des milliers d’hommes armés et formés par l’ennemi d’hier ne peuvent avoir, d’un coup de baguette magique, les mêmes aspirations que les militants FLN/ALN [73][73]Si Azzedine, Et Alger ne brûla pas, op. cit., p. 322..
65Face à l’échec de cette force hybride contestée par tous, plusieurs options ont été proposées. Sa suppression et sa relève par l’ALN. La création d’une gendarmerie mobile algérienne ou le maintien dans sa forme actuelle [74][74]Maurice Faivre, Les Archives de la politique algérienne.…. Par ailleurs, lors des accords OAS/FLN, respectivement signés le 17 juin 1962 par Jean-Jacques Susini et Chawki Mostefai mais désavoués par les représentants des deux parties, une clause signalait que les Européens pourraient rejoindre la force locale [75][75]Chantal Morelle, Comment de Gaulle et le FLN ont mis fin à la…. Finalement elle a été maintenue jusqu’aux premiers jours de l’indépendance qui furent critiques pour ses recrues.
66Les premiers jours de l’indépendance, proclamée le 3 juillet et célébrée le 5 juillet ont été très difficiles pour les membres de la force locale. Les UFL se retrouvent mêlées au conflit intra-FLN qui oppose les groupes de Tlemcen et de Tizi-Ouzou. Il y a des prises d’otages dans un contexte de guerre entre les wilayas comme le rappelle Yvon Marie-Noël Priou :
67
Au soir des élections, il [Yvon Priou] fut considéré comme déserteur, les 3 et 4 juillet 1962, comme tous ses camarades, par toute la presse les radios françaises et la télévision, ainsi que par des hauts responsables de son régiment et de l’armée française, lors d’une mutinerie. Mutinerie et prise d’otage par des éléments civils et armés d’une wilaya, sur l’unité 434 de la force de l’ordre algérienne cantonnée à Guyotville-Alger, au cours du soulèvement des wilayas, en dissidence entre elles, et, contre le Gouvernement Provisoire de la République algérienne pour la prise de pouvoir [76][76]Témoignage d’Yvon Marie-Noël Priou, op. cit..
68Dans la même logique Jean-Claude Enard raconte que le 5 juillet son UFL devait se rendre à Djidjelli. Après avoir passé plusieurs barrages de l’ALN, elle est arrêtée à Ain M’lila où la population en liesse fêtait l’indépendance et acclama les recrues de la 413e UFL. Au Nord de la ville, le convoi fut arrêté par un barrage de l’ALN et les Européens assistèrent impuissants à la désertion des 212 Musulmans qui faisaient partie de l’unité. Puis survint le pillage des paquetages, des vivres, des armes, des munitions, des dix-huit véhicules par la foule. Celle-ci était soutenue par l’ALN qui tenait en joue les chauffeurs [77][77]« J’ai rencontré pour vous : Jean-Claude Enard », op. cit.,….
69Tandis que l’UFL de Brahim X, un supplétif dont le témoignage est rapporté par Maurice Faivre, est désarmée par l’ALN. Le préfet Mokdad l’avait affecté en mai 1962 au 6° Régiment des Chasseurs d’Afrique (RCA) et il commandait un peloton half-track de la force locale. Mais le 4 juillet, l’ALN fait emprisonner les cadres de la force locale. Brahim X arrive à s’évader et à rejoindre le 1er RCA à Fort de l’Eau [78][78]Maurice Faivre, Les Combattants musulmans de la guerre….
70Seules quelques UFL sont restées intactes à l’image de celle du lieutenant Rabah Kheliff. La 4e compagnie du 30e BCP dont il était lieutenant a été transformée en 430e UFL [79][79]Id., p. 162.. Contrairement aux ordres du général Joseph Katz, ce lieutenant a décidé d’intervenir au secours des personnes menacées lors des massacres du 5 juillet à Oran [80][80]Maurice Faivre, Les Archives inédites de la politique…. Il en fut de même pour l’officier musulman R.B. qui commandait la 502e UFL [81][81]Jean Monneret, La Phase finale de la guerre d’Algérie, op.….
71La déflation des effectifs de la force locale a lieu quelques jours plus tard. De Gaulle décide de replier rapidement les recrues européennes des UFL ce qui confirme l’échec total de cette force militaire. Il écrit à Messmer le 10 juillet : « Étant donné l’anéantissement de la force locale par désertion, il paraît nécessaire de reprendre les cadres français que nous y avons encore [82][82]Charles de Gaulle, Lettres, notes et carnets. 1961-1963, Paris,…. » L’ordre est confirmé le 17 juillet : « Le retrait des cadres de la force locale doit être achevé dans les meilleurs délais [83][83]Décisions prises le 17 juillet 1962 et notifiées le 21 juillet.…. » C’est la fin de la force locale.
72En somme la force locale ne fut jamais qu’une création de circonstance, une force mixte, de maintien de l’ordre au moment du changement de souveraineté sur l’Algérie. Les diverses appellations de la force locale dite : « force bancale » à Alger ou « petit monstre » [84][84]Entretien avec Yvon Marie-Noël Priou. reflètent l’échec de cette création [85][85]Maurice Faivre quant à lui, parle d’un « constat de faillite ».…, en raison des nombreuses désertions des Musulmans et du refus d’y adhérer des Européens, notamment. Cette force n’est plus qu’un témoignage du drame de la fin de la guerre d’Algérie. C’est pourquoi, pour les anciennes recrues un sentiment d’incompréhension est encore très vivace plus de cinquante ans après. Ainsi en témoigne la conclusion de Camille Renaud :
73Qu’une force de l’ordre algérienne ait été décidée cela semble normal. Qu’elle ait été créée durant la période transitoire peut s’admettre. Que cette force locale ait été saupoudrée de soldats métropolitains, cela semble aberrant surtout pour d’anciens combattants de la France Libre ayant connu le chaos qui a suivi la libération de la France [86][86]Entretien avec Camille Renaud..
https://www.cairn.info/revue-guerres-mondiales-et-conflits-contemporains-2015-3-page-77.htm?ref=doi#re82no82
.
Rédigé le 17/05/2024 à 22:13 dans France, Guerre d'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)
Guerre d'Algérie (1954-1962) (archives ecpad)
La guerre d’Algérie ou Révolution algérienne est aussi appelée guerre d’indépendance algérienne ou guerre de libération nationale.
C’est un conflit qui s’est déroulé de 1954 à 1962,
principalement en Algérie, avec des répercussions en France métropolitaine puisqu’elle a entraîné de graves crises politiques avec pour conséquences le retour au pouvoir du général de Gaulle et la chute de la Quatrième République.
Chez nombre d’anciens combattants, ce souvenir de ces mois douloureux de service et de guerre est toujours vivace.
André Chiffré a fait son service militaire pendant la guerre d’Algérie de 1958 à 1960 près de la frontière avec le Maroc. Cette période reste pour lui très douloureuse et surtout une guerre inutile puisqu’elle s’est soldée par une Indépendance.
Il faisait partie des jeunes appelés « envoyés pour rien » en Algérie, « sacrifiés » comme les nombreux Algériens qui servaient dans l’armée française et qui ont fini soit rapatriés en France, soit égorgés.
Il nous raconte que pendant cette guerre il faisait des patrouilles et des embuscades la nuit et des opérations le jour.
A neuf, ils parcouraient la campagne de minuit à 6h du matin pour essayer de surprendre les groupes ennemis qui changeaient de place, les Fellagas marocains, et passaient la frontière pour venir rançonner les Algériens et retournaient ensuite chez eux pour racheter des armes avec cet argent et continuer le combat. Ils les attrapaient grâce à des embuscades posées près des guets mais risquaient un coup de poignard dans le dos ou une balle de mitraillette. Il se souvient de ces balles qui sifflaient et tapaient sur la paroi rocheuse en faisant des étincelles.
Tous les matins il devait faire des ouvertures de route pour de riches propriétaires avec un engin blindé de reconnaissance (petit tank sur roues) pour voir s’il n’y avait pas de fils tendus qui déclencheraient des mines.
Alain Jurado avait 20 ans à l’époque, mais il n’a pas oublié son voyage mémorable de janvier 1962 depuis Port-Vendres jusqu’à Alger. Le bateau qui les transportait, lui et 200 à 300 jeunes, était un simple rafiot et tout le monde avait le mal de mer et vomissait.
Une fois arrivés, « ça pétait de partout !», nous dit-il et tous étaient vraiment très impressionnés. Ils sont restés deux nuits dans le bateau avant de débarquer.
Des camions les ont emmenés au campement dans la montagne d’Ouarsenis, au sud d’Alger,à Tiaret, où ils ont eu droit au « baptême du feu » : on leur tirait dessus pour de faux pour les habituer à ce qui allait les attendre et ces pauvres jeunes pris par surprise ont eu si peur qu’ils ont sauté depuis le camion jusque dans le fossé !
Il se souvient qu’ils dormaient sous des tentes sur des lits picot et tous les soirs ils marchaient de nuit dans le froid pendant 20 à 30 km, sac au dos, sans lumière ! Pendant ces opérations commandos, il leur arrivait de tomber de temps en temps dans des embuscades comme un jour où il y a eu une douzaine de morts et lui a pu se réfugier sous un espèce de dolmen pour ne pas mourir.
Il se rappelle qu’il y a eu les vivres bloqués pendant trois mois et qu’ils vivaient alors sur les réserves. La nourriture journalière était une simple boîte de sardines pourries, une feuille de salade et beaucoup de bières pour oublier. D’ailleurs il a perdu 15 kg pendant cette guerre !
Il y avait aussi beaucoup de petites tortues grecques et donc chacun en avait une en guise de compagnie, « la mienne s’appelait Gertrude », nous confie-t-il.
« Une période difficile mais on se fait des tas d’amis à cause de la peur », explique Alain. Il n’oubliera jamais celui qui lui a sauvé la vie : c’était un copain qui était libéré mais qui a tenu à le remplacer pour faire une dernière opération et qui est mort à sa place avec toute la section.
Il se souvient aussi d’un autre copain qui était marié, avait un enfant et en attendait un autre. Il a été libéré le jour où sa femme a accouché du second pour être rapatrié en France ; mais malheureusement sur la passerelle à Alger une rafale de mitraillette l’a tué.
Il était toujours en Algérie pour le « cessez-le-feu » au mois de mars, suite aux accords d’Evian où on leur a pris les armes et il n’était pas rassuré du tout !
Puis il y a eu l’Indépendance de l’Algérie le 5 Juillet et finalement ils ont été rapatriés en septembre avec 200 ou 300 harkis (arabes éclaireurs pour l’armée françaises) qui n’ont pas été protégés par De Gaulle qui était au pouvoir et ont fini égorgés dans la vallée du Chelif comme il a pu le voir de ses propres yeux…
Enfin arrivé à Port-Vendres, il a dû prendre le train directement pour l’Allemagne, sans même pouvoir s’arrêter à Portel.
PUBLIÉ LE
https://www.lepetitjournal.net/11-aude/e11n-littoral/2020/12/07/nous-avons-ete-sacrifies-en-algerie/
.
Rédigé le 17/05/2024 à 21:44 dans France, Guerre d'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)
Rami Abou Jamous écrit son journal pour Orient XXI. Ce fondateur de GazaPress, un bureau qui fournissait aide et traduction aux journalistes occidentaux, a dû quitter en octobre son appartement de la ville de Gaza avec sa femme et son fils Walid, deux ans et demi, sous la pression de l’armée israélienne. Réfugié depuis à Rafah, Rami voit désormais cette ville se vider à son tour et les déplacés reprendre la route de leur exil interne, coincés dans cette enclave miséreuse et surpeuplée. Cet espace lui est dédié depuis le 28 février 2024.
Cette image satellite montre l’agrandissement des tentes et des abris pour les Palestiniens déplacés de Rafah vers Al-Mawassi.
Jeudi 16 mai 2024.
La ville de Rafah est presque devenue une ville fantôme. Cette ville où il y avait à peu près 1,5 million de personnes entassées les unes sur les autres, des tentes partout, sur les trottoirs, dans les écoles, dans les rues, au bord de la mer, dans les zones où il y a du sable, du désert, à côté de la frontière égyptienne, cette ville est maintenant presque vide. Le grand marché du rond-point Nejma, où les grossistes vendaient toutes sortes de produits dans des cartons, est vide, alors qu’il n’a pas été désigné comme zone d’évacuation par les Israéliens. Pareil pour le rond-point Awda — « retour » en arabe, ce qui est assez ironique – qui était plein de déplacés, à tel point qu’on ne pouvait pas marcher sur la route, et qu’il fallait une heure pour passer en voiture. Aujourd’hui, cela prend cinq minutes à pied. L’UNRWA dit que plus de 450 000 personnes ont évacué Rafah.
Personnellement, je crois qu’ils sont plus nombreux. Qu’il s’agit de la majorité de ceux qui étaient ici, qui sont de nouveau déplacés. Pour certains, c’est la cinquième, voire la sixième fois. Même des habitants de Rafah, des « locaux », sont en train de partir. Ils quittent même les endroits qui ne sont pas des « zones rouges » marquées sur les tracts lancés par Israël. La majorité des maisons ici sont des résidences familiales. Dans les immeubles habitent le père et ses enfants avec leurs familles, avec un étage par famille.
Les gens se sont partagé la tâche : sur une fratrie de six, trois partent avec leurs enfants pour Al-Mawassi, au bord de la mer, ou ailleurs, afin de réserver un morceau de terrain en cas de départ.
Trouver un emplacement n’est pas évident. La bande de Gaza est déjà trop petite. Et la cage dans laquelle les Israéliens nous demandent d’aller l’est encore plus. Ceux qui ont la chance d’avoir une tente la montent sur ce morceau de terrain, les autres mettent des bouts de bois et de plastique pour marquer l’endroit de leur abri de fortune. Si l’évacuation est ordonnée, le reste de la famille les rejoindra. Ils ont appris la leçon, maintenant. Les commerçants font de même et évacuent leurs magasins ou leurs étals, parce qu’ils savent que les Israéliens détruisent toutes les marchandises.
Ceux qui sont partis ont emporté tout ce qu’ils avaient. Ceux qui restent pourront partir sans rien, plus rapidement. On trouve encore des magasins ouverts mais avec peu de marchandise, souvent à même le sol. Les grossistes qui font de l’importation peuvent passer par le terminal de Kerem Shalom qui a rouvert depuis deux jours, qui donne directement sur Israël. La majorité de cette marchandise est partie vers Deir El-Balah, où de nombreux camps de fortune se sont installés. Ceux qui sont restés à Rafah cherchent à rester proches des ONG et de l’Unrwa, car même ceux qui étaient riches dépendent maintenant à 100 % de l’aide alimentaire.
Ma belle-famille, les frères et les sœurs de Sabah, ne voulaient pas partir, parce que moi j’ai décidé de rester tant qu’un tract ne me demande pas d’évacuer. Comme d’habitude, ils me considèrent comme l’homme qui sait tout.
Une journée de plus, c’est une journée gagné sur l’humiliation de devoir vivre sous la tente. Mais finalement, mardi, ils ont décidé de partir, parce que tous ceux qui étaient avec eux au rond-point Al-Alam, à l’ouest de Rafah, du côté de la mer, étaient partis. Ils ont alors commencé à avoir vraiment peur, parce que l’endroit était désert et ils entendaient le bruit des F-16 et surtout celui des quadcopters. Il faut parler de cette nouvelle arme.
Quand nous avons été chassés de chez nous à Gaza-ville, ces engins étaient là. C’est comme un jouet de PlayStation, avec quelqu’un derrière l’écran en train de surveiller tout le monde grâce à son drone. Mais ce drone-là sert plutôt à tirer sur les gens, ou à lancer des ordres via son haut-parleur, comme ils l’ont fait pour l’évacuation de l’hôpital Nasser.
Et il sert aussi à faire peur. Pendant la nuit, ces appareils émettent des sons destinés à effrayer les gens : le bruit d’un bébé qui pleure toute la nuit, d’une femme qui appelle au secours, de chiens qui aboient. Les Israéliens les utilisent aussi pour faire la coordination avec les camions. C’est un quadcopter qui contrôle les chauffeurs. Il se positionne au-dessus du camion et on entend : « Attendez une heure » ou « Passez maintenant, prenez telle route ». Dans notre quartier, à Tell Al-Soltan, ils diffusent des bruits de tirs alors qu’il n’y a pas de combats.
Ma belle-famille ne savait pas si ces quadcopters n’avaient pas arrêté de tirer toute la nuit, ou s’ils émettaient seulement des bruits de tirs. Toujours est-il qu’elle a fini par quitter le rond-point. Ses membres vont tenter de trouver un terrain pour rester tous ensemble, car ils considèrent cela comme une sorte de protection. Pas seulement en restant en famille, mais aussi parmi les gens de leur quartier, des gens qu’ils connaissent. La famille de Sabah est de Chajaya, elle va donc chercher à s’installer avec des gens de la même zone.
C’est la version 2024 de 1948. Les camps de réfugiés portaient le nom des villages d’origine dont ils avaient été chassés. Par exemple, le camp de réfugiés de Yibna regroupait des habitants chassés de ce village, même chose pour le camp de Falloujah. C’est une forme de protection parce que tout le monde se connait, donc si les hommes partent, ils peuvent confier la protection de leur famille à un voisin.
Nous sommes allés dire au revoir aux frères et sœurs de Sabah. Ce fut un moment de tristesse parce qu’ils se sont déjà déplacés plusieurs fois, mais cette fois le pilier de cette famille, Souleiman, mon beau-père, n’était pas là. Ils l’ont laissé à Rafah, enterré aux côtés d’autres martyrs. Les sœurs de Sabah n’ont pas arrêté de pleurer. Elles disaient : « Même s’il était décédé, il était toujours avec nous. On se sentait bien parce qu’on n’était pas loin de lui. »
Je ne sais pas si je peux expliquer ce que l’on ressent quand on doit quitter l’endroit où ses parents sont enterrés. Même si on ne va pas très loin, et qu’on reste dans la bande de Gaza. Les Israéliens ont tellement réussi à rétrécir notre espace géographique, que ce déplacement équivaut à quitter un pays pour un autre, alors qu’on bouge seulement de quelques kilomètres. Ma belle-famille m’a demandé conseil mais ça a été difficile pour moi de les conseiller, parce qu’ils voulaient rester à Rafah, comme moi. Mais je leur ai dit :
Vous avez des tentes, vous avez des bâches, vous avez beaucoup de choses à emporter. Moi je n’ai que deux sacs et une petite tente, je peux partir à la dernière minute. Vous êtes nombreux, il vous faut un camion, et le jour J, vous n’en trouverez pas. Vous êtes une cinquantaine de personnes alors que nous sommes seulement six, et nous pourrons nous contenter d’une charrette.
Finalement ils ont convenu que c’était la meilleure solution. Ils ne seront pas loin, on pourra aller les voir. Mais Sabah, pour la première fois, a commencé à avoir peur. Elle m’a demandé :
Pourquoi on ne fait pas la même chose ? Pourquoi on partirait à la dernière minute, au risque de revivre ce qu’on a connu quand on a fui Gaza sous les bombes et les balles des snipers ?
Ma réponse a été simple : « Un jour de plus, c’est un jour gagné sur l’humiliation. » Mais on ne va pas faire la même erreur qu’à Gaza. À l’époque, le porte-parole de l’armée disait à toute la population de Gaza-ville et du nord de partir vers le sud. Et c’est pour cela que je voulais rester jusqu’à la dernière minute. À l’époque, je préférais même mourir que de me déplacer, parce que je sais très bien ce que c’est de partir de chez soi pour aller vivre dans une tente.
Je veux épargner ça à ma famille. J’ai dit : « On vit dans un hôtel cinq étoiles par rapport aux autres, à ceux qui vivent sous les tentes. » La petite tente Décathlon qu’un ami m’a envoyée, c’est une tente de camping, pour passer un bon moment de vacances. J’ai essayé avec mes contacts, mais je n’ai pas réussi à obtenir une vraie tente, un peu plus grande et qui protège de la chaleur et du froid. On va dormir les uns sur les l’autres, mais ce n’est pas grave.
Cette guerre ce n’est pas seulement des bombardements, c’est aussi une guerre psychologique et émotionnelle. On perd des gens, on les enterre, on s’en éloigne. Les émotions de tristesse, de peur, d’angoisse et d’inquiétude se bousculent en moi. Jusqu’à présent on n’a ressenti que des émotions négatives. Ni la tranquillité, ni l’espoir, ne sont là. Et quand je regarde les gens quitter Rafah, je vois cette ville comme quelqu’un qui attend la mort dans un bloc opératoire, où le calme total règne. On entend juste le bruit de cette machine branchée sur son cœur. Mais cet appareil-là au moins peut sauver des vies. Rafah c’est le patient, mais les seuls appareils qu’on a ici c’est les drones et leur bruit qu’on entend 24 heures sur 24. Au lieu de sauver le patient, la machine lui insuffle la peur, pour le garder entre la vie et la mort.
RAMI ABOU JAMOUS
https://orientxxi.info/dossiers-et-series/j-ai-decide-de-rester-tant-qu-un-tract-ne-me-demande-pas-d-evacuer,7348
.
Rédigé le 17/05/2024 à 16:44 dans Gaza, Israël, Palestine, Paléstine | Lien permanent | Commentaires (0)
.
Alain Gresh : ancien rédacteur en chef du Monde diplomatique, fondateur des journaux en ligne Orient XXI et Afrique XXI, spécialiste du Proche-Orient. Rony Brauman : ancien président de Médecins Sans Frontières, enseigne au Humanitarian and Conflict Response Institute (HCRI), chroniqueur à Alternatives Economiques.
Rédigé le 17/05/2024 à 16:08 dans Gaza, Israël, Palestine, Paléstine | Lien permanent | Commentaires (0)
Dans son dernier ouvrage Solitude d’Israël comme dans les interventions médiatiques qui s’en sont suivies, BHL conteste la qualification d’Israël de « fait colonial », opérée en juin 1967 par l’orientaliste Maxime Rodinson dans un texte au titre éponyme. Les arguments farfelus et fallacieux que le philosophe mobilise à cet effet ne sont jamais contestés par ses interviewers. Mise au point.
Orient XX
Le dernier opus de Bernard-Henri Lévy mérite-t-il ces quelques lignes et le temps gaspillé à sa lecture ? Les interviews complaisantes que l’auteur multiplie lui permettent de dérouler, la plupart du temps sans contradicteur – l’ignorance de ses interviewers est souvent abyssale -, sa routinière défense d’Israël, de ses crimes de guerre, de son armée ô combien morale. Tout en déplorant la solitude d’un État qui dispose — excusez du peu — d’un soutien robuste des États-Unis et de la plupart des pays occidentaux, dont la conscience est à peine ébréchée par les quelque 35 000 morts, en majorité civils, dénombrés à Gaza. Rien de bien nouveau dans le monde selon BHL.
Nous aurions donc pu dédaigner ce pamphlet, triste ramassis des éléments de langage du discours politique et médiatique dominant, qui se drape dans les habits de la dissidence. Pourtant, l’ouvrage vaut pour un seul point : il fait remonter à la surface un texte oublié de l’orientaliste Maxime Rodinson, paru dans la revue de Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir, Les Temps modernes à la veille de la guerre de juin 1967, et intitulé « Israël, fait colonial ? ». BHL en cite la conclusion :
Je crois avoir démontré, dans les lignes qui précèdent, que la formation de l’État d’Israël sur la terre palestinienne est l’aboutissement d’un processus qui s’insère parfaitement dans le grand mouvement d’expansion européo-américain des XIXe et XXe siècles pour peupler ou dominer les autres terres.
Une phrase qui ne peut que susciter l’indignation de ce « Jean-Paul Sartre dévalué » que moquait Renaud dans sa chanson « L’Entarté ».
Les migrants sionistes n’étaient-ils pas animés par des idéaux de la révolution d’Octobre ? Ne brandissaient-ils pas le drapeau rouge ? N’entonnaient-ils pas des chants spartakistes ? Ne se réclamaient-ils pas pour certains du marxisme-léninisme ? Dans une lettre à son ministre des affaires étrangères datée du 29 novembre 1924, le consul de France à Jérusalem notait :
Dans les colonies coopératives tout est indivis, le sol, les instruments de travail, les bénéfices, le plus souvent les repas se prennent en commun, tous les enfants sont rassemblés dans une nursery où l’une des femmes s’occupe d’eux. Ce système a, sous le rapport de la culture, des inconvénients graves qu’il est superflu de signaler, mais les chefs sionistes s’y résignent parce qu’il satisfait cette espèce de curiosité, d’inquiétude des formules sociales nouvelles qui tourmente l’âme de la plupart de leurs recrues. (…) Le sionisme, ne vivant que d’un appel aux forces morales, aux traditions nationales, doit utiliser tout ce qu’il fermente de vieilles passions communistes au cœur d’Israël.
Les dirigeants sionistes surent, comme l’a démontré l’historien israélien Zeev Sternhell1, manipuler ces « vieilles passions communistes » pour créer des kibboutz très militarisés – « une main sur la charrue, l’autre sur le glaive » – dont l’objectif réel était le maillage du territoire palestinien, premier pas vers sa conquête.
Marx écrivait qu’on ne juge pas un individu sur l’idée qu’il se fait de lui-même. On ne peut évaluer non plus un mouvement sur l’idée qu’il se fait de lui-même. Il ne s’agit pas de nier la sincérité de cette « passion communiste » qui animait (certains) émigrants juifs, mais d’analyser leur pratique politique réelle, nombre de massacres et de crimes se sont fait au nom du Bien et de « la civilisation ». Rodinson a bien mis en lumière le point aveugle de ces colons :
La suprématie européenne avait implanté, jusque dans la conscience des plus défavorisés de ceux qui y participaient [à l’émigration en Palestine], l’idée que, en dehors de l’Europe, tout territoire était susceptible d’être occupé par un élément européen. Le cas de l’utopie sioniste n’était pas, de ce point de vue, différent de celui des utopies socialistes du type de l’Icarie de Cabet2. Il s’agit de trouver un territoire vide, vide non pas forcément par l’absence réelle d’habitants, mais une sorte de vide culturel. En dehors des frontières de la civilisation (…), on pouvait librement insérer, au milieu de populations plus ou moins arriérées et non contre elles, des « colonies » européennes qui ne pouvaient être, pour employer anachroniquement un terme récent, que des pôles de développement.
Ce sentiment de supériorité n’était pas propre au seul mouvement sioniste, on le retrouve dans le mouvement ouvrier à la fin du XIXe siècle et au cours du XXe siècle. Ainsi, les communards en Algérie qui se réclamaient de la Commune de Paris de 1871, saluaient la répression de l’insurrection des indigènes, qui embrasait alors le pays3. Les fédérations algériennes de la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO) votèrent massivement l’adhésion à l’Internationale communiste au congrès de Tours en 1920, tout en dénonçant le nationalisme indigène « rétrograde » et en prônant l’assimilation. Tous ces socialistes chantaient pourtant « L’Internationale », se réclamaient de « la dictature du prolétariat », appelaient au soulèvement des « damnés de la Terre » réduits aux seuls ouvriers européens. Il fallut la création de l’Internationale communiste pour que s’impose, non sans obstacles, le mot d’ordre « prolétaires de tous les pays et peuples opprimés unissez-vous », et pour rompre en paroles et parfois en actes avec les vieilles tendances coloniales de la social-démocratie.
Pour contester le caractère colonial de l’entreprise sioniste, BHL rabâche plusieurs thèses auxquelles le long texte de Rodinson dans Les Temps Modernes avait répondu par avance, mais qu’il ne s’est pas donné la peine de relire, ne serait-ce que pour les contester.
« Il y a toujours eu des Juifs sur la terre de ce qu’est aujourd’hui l’État d’Israël », écrit-il, depuis des milliers d’années, avant et après la destruction du Temple en l’an 70. Certes, ils n’étaient pas constitués en nation, concède BHL, mais « les autochtones arabes ne l’étaient pas davantage ». Ils n’acquirent ce statut, selon lui, que dans les années 1940, en même temps que les Juifs, ce qui permet, par un tour de passe-passe, d’apposer un signe d’égalité entre les aspirations des Palestiniens et celles des Juifs en Palestine. Cette logique amènerait à prétendre que les peuples autochtones amérindiens ou africains, qui n’étaient pas des communautés nationales, n’ont donc pas subi le colonialisme.
Et quelle est la légitimité d’une revendication juive sur la Palestine ? Rappelons que Theodor Herzl, le fondateur du sionisme politique, avait envisagé une installation des juifs en Argentine ou au Congo. BHL invoque la Bible désignée comme le « Malet et Isaac des sionistes », pour justifier cette prétention. Rappelons que Malet et Isaac est la collection de manuels d’histoire conçue par la République au début du XIXe siècle, et qui a inventé plusieurs thèmes de la mythologie nationale, dont « nos ancêtres les Gaulois ». S’il relève plus de l’idéologie que de l’Histoire, il a quand même quelques rapports avec cette dernière, ce qui n’est pas le cas de la Bible, même s’il reste un texte majeur pour l’humanité. Et qui peut considérer, sauf quelques illuminés, l’Ancien Testament comme un titre de propriété ?
Évoquant les droits historiques des juifs sur la Palestine, Maxime Rodinson ironise : « Je ne ferai pas à mes lecteurs l’affront de les croire séduits par cet argument », ou alors — c’est nous qui complétons — on ouvrirait les portes à une guerre de mille ans, notamment en Europe, avec les revendications « historiques » de la Russie sur l’Ukraine, de la Serbie sur le Kosovo, voire de la France sur la partie francophone de la Belgique.
Dans sa préface à un livre que j’avais écrit sur l’histoire de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), Rodinson avait illustré l’absurdité d’une revendication reposant sur les mythes développés par les mouvements nationalistes :
Qu’on cherche à s’imaginer les Tsiganes – peuple persécuté depuis des siècles et exterminé en masse par les hitlériens – réclamer un État dans le département des Bouches-du-Rhône où se situe un sanctuaire qu’ils révèrent, celui des Saintes-Maries-de-la-Mer, réaliser leur projet grâce à l’appui des États-Unis et de l’Union soviétique, après s’être constitué une base territoriale en achetant systématiquement des terres, après avoir vaincu militairement les forces françaises s’efforçant de résister. Qu’on pense à la réaction des habitants placés dans une position subordonnée, forcés d’apprendre le tsigane pour avoir une place dans l’État tsigane, poussés autrement à aller s’établir ailleurs (la France est grande, il y a 95 autres départements diraient les apologistes de l’État tsigane).4
« Il y a un point, un au moins, sur lequel tous s’accordent, argumente ensuite BHL, la colonisation, c’est le vol. Or il n’y eut ni vol ni dol. Les terres acquises par les migrants non moins que par les autochtones juifs ne furent, sauf exception, pas ravies mais achetées. (…) Il n’est pas vrai que les terres constitutives du futur Israël aient été prises par la force ou au mépris de la loi. » Là encore, BHL n’a pas lu Rodinson qui explique comment en Afrique noire comme en Tunisie, l’acquisition des terres par les colons s’opéra le plus souvent légalement. À la veille du plan de partage de la Palestine voté par l’Assemblée générale de l’ONU le 29 novembre 1947, le pourcentage des terres cultivables de Palestine possédées par des Juifs ne représentait que 9 % à 12 % des terres cultivables ; il fallut la création de l’État d’Israël, « le vol et dol » des terres des réfugiés palestiniens, la « judaïsation » des propriétés des Palestiniens citoyens d’Israël pour bouleverser le cadastre. Résultat : à la veille de la guerre de 1967, 72 % des terres aux mains de Juifs israéliens avaient appartenu à des Palestiniens avant 19475.
Ultime pierre du raisonnement de notre philosophe, « qui dit colonialisme dit métropole coloniale. Or la réalité c’est que la métropole, c’est-à-dire, en la circonstance, la Grande-Bretagne, s’opposa de toutes ses forces, ici comme ailleurs, à la dislocation de son empire. … [La naissance d’Israël] est un moment de l’histoire, non des empires, mais de leur dissolution ; et le sionisme n’est pas un impérialisme, mais un anti-impérialisme. » Ce raccourci qui trouverait sa place dans un Mallet et Isaac israélien occulte le rôle central de Londres. À partir de 1922, date du début de leur mandat sur la Palestine, les Britanniques ont encouragé non seulement une émigration massive juive, mais ont aidé le Yichouv — la communauté juive en Palestine — à se constituer en corps séparé, avec ses institutions politiques, sa vie économique reposant sur « le travail juif » et la séparation d’avec les Arabes, et bientôt ses milices armées par les Britanniques. Le Royaume-Uni ne le fit pas par « amour des juifs », nombre de défenseurs du projet sioniste, Lord Balfour en tête, étaient antisémites, mais parce que Londres voyait ces colons européens comme « un poste avancé de la civilisation » et un point d’appui pour la défense de ses intérêts dans la région.
Cette approche se modifia durant la Seconde guerre mondiale, quand le Royaume-Uni dut prendre en compte les demandes de ses commensaux arabes sur lesquels il régnait (Égypte, Transjordanie, Irak). L’utilisation du terrorisme par les groupes sionistes contre des intérêts et des soldats britanniques – qui soulevèrent une véritable indignation dans l’opinion publique du royaume - et la volonté du sionisme de s’appuyer sur les États-Unis élargirent le fossé entre les alliés d’hier. Peut-on parler pour autant d’une guerre de libération sioniste contre l’empire ? Il faudrait alors considérer comme un soulèvement anticolonial la révolte des pieds-noirs d’Algérie contre Paris en 1960-1962, et l’Organisation armée secrète (OAS) comme un mouvement anti-impérialiste. Ou saluer la sécession des Blancs de Rhodésie en 1965 de la tutelle britannique comme un coup porté à l’empire de Sa Majesté. L’engagement d’Israël contre tous les mouvements d’émancipation des peuples du tiers-monde, du Vietnam aux colonies portugaises en passant par l’Amérique latine, a confirmé l’inscription durable de ce pays dans « le camp impérialiste ». Comme l’illustre l’alliance stratégique tissée avec l’Afrique du Sud de l’apartheid à partir de 1948, que poursuivirent tous les gouvernements israéliens de « gauche » comme de droite, allant jusqu’à aider Pretoria dans son programme nucléaire militaire.
On ne conseillera pas à BHL de relire Maxime Rodinson dont le texte dense — même s’il est parfois un peu daté - fait voler en éclat ses piètres démonstrations. En revanche, les lecteurs y trouveront de quoi nourrir leur réflexion à un moment où le caractère colonial du projet sioniste apparaît dans toute son horreur à Gaza.
ALAIN GRESH
Spécialiste du Proche-Orient, il est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont De quoi la Palestine est-elle le nom ?
https://orientxxi.info/lu-vu-entendu/israel-fait-colonial-maxime-rodinson-met-ko-bernard-henri-levy,7337
.
Rédigé le 17/05/2024 à 08:41 dans Gaza, Israël, Palestine, Paléstine | Lien permanent | Commentaires (0)
ÇA DÉGÉNÈRE•Entre « milices loyalistes armées », « logique émeutière » et « pacification coloniale », la situation en Nouvelle-Calédonie inquiète. L’Etat pointe, lui, le rôle de la CCAT, qualifiée de « groupe mafieux », par Darmanin, et envoie.
L'état d'urgence entre en vigueur à partir de 20 heures, heure de Paris (05 heures à Nouméa) ce jeudi. - T. Rouby / AFP / AFP
Alexandre Vella
Au moins trois Kanaks et deux gendarmes sont morts ces dernières quarante-huit heures dans des pillages et affrontements entre habitants et forces de l’ordre, soutenus par des milices loyalistes en Nouvelle-Calédonie. Une situation qualifiée « d’insurrectionnelle » mercredi, par Louis Le Franc, haut-commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie.
Celle-ci a commencé à dégénérer ce mardi, après des blocages à l’appel de la CCAT commencés il y a dix jours, un mois après une manifestation qui avait réuni, selon ses organisateurs, 50.000 personnes, soit près de quart de la population de l’île. La CCAT réclame l’abandon du projet de réforme du corps électoral en Nouvelle-Calédonie, qui verrait le poids des populations autochtones diminué dans les élections locales, et qui a été voté ce mardi soir par l’Assemblée nationale.
« Des voyous », a dit Louis Le Franc ; « un groupe mafieux » a pour sa part lancé Gérald Darmanin ministre de l’Intérieur et des Outre-mer qui considère la CCAT comme « le bras armé du FLNKS (Front de libération nationale kanak et socialiste) ». La CCAT pour Cellule de coordination des actions de terrain, est un regroupement de mouvements, syndicats et partis politiques kanaks – un peu à l’image du FLNKS, créé en 1984, dont la CCAT est une émanation – né en novembre 2023 avec une première mobilisation contre cette réforme.
Dans un communiqué publié ce mercredi, jour qui a vu le décès d’un premier gendarme, la Cellule a appelé « à l’apaisement et aux respects des consignes » tout en maintenant « les actions de terrains de manière pacifique ». « Il y a un contraste énorme entre les discours et les actes, bien sûr que les organisations, qui ne représentent pas tous les Kanaks sont débordés par les jeunes », observe Fabrice Riceputi, historien spécialiste des questions coloniales.
« Un peu à l’image de la Corse après l’assassinat d’Yvan Colonna, on est dans une logique émeutière, où la jeunesse kanake exprime d’abord un fort sentiment de mépris et de déclassement », analyse Thierry Dominici, spécialiste des mouvements nationalistes à l’université de Bordeaux-Montaigne. « En réduisant et en imputant ces actions à un “groupe mafieux”, l’Etat cherche à labelliser la violence. Comme lorsqu’il qualifie d’autres d’écoterrorisme, il cherche à les mettre hors champ, hors démocratie », complète Thierry Dominici. Et de là à préparer la répression.
« L’envoi de l’armée et la mise en place d’un couvre-feu, des mesures typiques de pacification coloniale, n’augurent rien de bon. A cela s’ajoute la constitution de milices loyalistes armées, qui ont semble-t-il tué un jeune Kanak pour lequel le gouvernement n’a pas eu un mot. Personne ne peut dire ce qui va se passer à présent », estime l’historien. Des milices qui inquiètent aussi le sociologue Thierry Dominici, qui rappelle que les populations autochtones sont devenues minoritaires dans leur pays (41,2 %) et pour qui « on se retrouve dans des scénarios que la France a connus pendant la guerre d’Algérie ». Scénario que visaient précisément à éviter les accords de Matignon de 1988 suivi des accords de Nouméa en 1998 et qui a été remis en question par cette réforme.
Alexandre Vella
Rédigé le 16/05/2024 à 21:43 dans France, Guerre d'Algérie, Nouvelle-Calédonie | Lien permanent | Commentaires (0)
Rédigé le 16/05/2024 à 21:07 dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)
«J'ai oublié le nombre de républicains à qui j'ai parlé et qui s'inquiètent également d'un second mandat de Trump», déclare Sadiq Khan. Chris J Ratcliffe / REUTERS
Selon les sondages, le parti travailliste britannique pourrait bien travailler avec une deuxième administration Trump à partir de 2025. Toutefois, Sadiq Khan, maire travailliste de Londres, se dit «très inquiet» par la possibilité d’un second mandat du candidat républicain.
«Il est raciste, sexiste et homophobe». Sadiq Khan, le maire travailliste de Londres, n’a pas mâché ses mots pour décrire Donald Trump dans une interview accordée au média politique américain Politico, jeudi 16 mai.
À l’origine de cette remarque: un discours du travailliste David Lammy au Hudston Institute, un think-tank de centre-droite à Washington DC, le 8 mai. Connu pour avoir des liens forts avec les démocrates, le secrétaire d’État des Affaires étrangères du cabinet fantôme s’y est rendu pour rencontrer des républicains. Lors de sa visite, il a tendu un rameau d’olivier à Donald Trump en le qualifiant de «souvent incompris» sur sa politique à l’égard de la sécurité européenne.
Cela n’a pas été au goût du maire de Londres, qui a déclaré à Politico que Trump était loin d’être «incompris». «Je suis très clair, je comprends Trump. C’est un raciste. Il est sexiste. Il est homophobe. Et c’est très important, particulièrement quand on entretient une relation spéciale avec lui, de le traiter comme un meilleur ami. Si mon meilleur ami était raciste, sexiste et homophobe, je le dénoncerais et je lui expliquerais pourquoi ses opinions sont fausses», a déclaré Khan au média politique.
Selon des sondages, Donald Trump semble de plus en plus en capacité de gagner les élections américaines. Le parti travailliste britannique, quant à lui, pourrait également gagner les prochaines élections générales et aurait alors à travailler avec une deuxième administration Trump en 2025. «Je suis très inquiet par la possibilité d'un second mandat de Trump», a déclaré le maire londonien, réélu ce mois-ci pour un troisième mandat consécutif. «Bien sûr, nous entretiendrons des relations, quel que soit le président. Mais nous ne devrions pas littéralement dérouler un tapis rouge pour une visite d'État». «Il est vraiment important que nous ayons bien sûr de bonnes relations avec les démocrates et les républicains. Mais j'ai oublié le nombre de républicains à qui j'ai parlé et qui s'inquiètent également d'un second mandat Trump», rajoute-t-il.
Sadiq Khan et Donald Trump entretiennent une relation conflictuelle depuis plusieurs années. En 2019, l’ex-président américain avait, par exemple, qualifié Khan de «loser» et «très bête» sur les réseaux sociaux. «Écoutez, j'ai plus de latitude en tant que maire pour dire ce que je ressens à propos de Trump. Il m'a traité de “loser“. J'en ai gagné trois [élections, NDLR]. Combien en a-t-il gagné ?», déclare le maire travailliste à Politico.
Publié , mis à jour
https://www.lefigaro.fr/international/royaume-uni-sadiq-khan-traite-donald-trump-de-raciste-sexiste-et-homophobe-20240516
.
Rédigé le 16/05/2024 à 20:30 dans Donald Trump | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires récents