Claude Bouguet, aujourd'hui âgé de 87 ans, revient avec émotion sur la guerre d'Algérie et sur son implication durant les 28 mois de son engagement alors qu'il n'avait que 20 ans.
Claude Bouguet, avec sa femme Marie-Claire qu’il a rencontrée après son retour de la guerre d’Algérie. ©Marie-Laure Gauthier
Au moment d’être appelé, il n’avait que 20 ans. Claude Bouguet est aujourd’hui âgé de 87 ans et il est vice-président de l’association des anciens combattants de Casteljaloux.
Il a évoqué pour nous et avec une grande émotion son départ pour Alger, ses souvenirs de la guerre en Algérie et son retour difficile en France suite à ses 28 mois d’engagement jusqu’en 1959.
Appelé au combat à l’âge de 20 ans
Boulanger depuis peu, c’est à l’âge de 20 ans qu’il a été appelé pour combattre en Algérie : » À l’époque, on ne se rendait pas compte d’où on allait ; nous étions inconscients. On est parti la fleur au fusil avec l’euphorie des 20 ans ! Surtout qu’à Casteljaloux, deux copains venaient d’être tués au front… mais je devais partir, c’était comme ça ».
Après avoir reçu son ordre de mission, Claude Bouguet, et d’autres appelés, sont partis ensemble sur Bordeaux, pour prendre le train pour Marseille avant la traversée en bateau direction Alger.
Pour certains, qui venaient des Landes, c’était la première fois qu’ils prenaient le train ! Et quand on passait dans les villes françaises, on avait interdiction de chanter, à cause des manifestations des parents qui ne voulaient pas que leurs enfants partent à la guerre…
« Je n’avais jamais pris le bateau, c’était la première fois ! On était 2 000 sur le Kairouan, l’un des plus beaux bateaux de la traversée. On a fait le voyage dans des conditions pas très agréables et j’ai passé un jour et demi sur le pont, mais on était heureux d’être ensemble ! ».
De Casteljaloux à Alger
Arrivé à Alger, il passera 3 mois au 818 GRT avant d’être sélectionné pour Mogador.
Claude Bouguet en tenue militaire. ©Photo transmise à la rédaction.
Il fera alors partie d’une équipe d’une vingtaine de personnes affectées aux transmissions par télétype : » C’était une machine perforée qui permettait de transmettre des messages secrets. On était 12 h en poste dans des souterrains avant d’être relayé. C’était très intéressant, car nous étions au cœur de tout ce qui se passait, mais c’était aussi très sérieux et on ne devait pas se tromper ».
Libéré en mars 1959, il était très heureux de rentrer chez lui, car « ça chauffait beaucoup en Algérie ! », mais il pensait souvent à certains de ses copains qui ne sont jamais rentrés.
J’avais du mal à me retrouver, car les choses n’avaient plus les mêmes valeurs ; ce n’était plus pareil. On n’avait pas envie de communiquer, on n’avait pas envie de parler de ce qui s’était passé en Algérie. On restait froid…
« Au bout d’un mois en Algérie, j’avais pris conscience de là où on était. Et pendant les patrouilles, on n’était pas tranquille… J’avais peur parfois, mais je n’étais pas seul ! On restait soudé, car on était tous embarqués dans la même galère, et on se donnait du courage. On était solidaire et pendant les opérations, on était quand même en confiance, car on se surveillait mutuellement. L’esprit de corps, de camaraderie, c’est très important ! Je n’ai pas retrouvé cela dans le civil« , se souvient Claude lors de son retour en France.
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https://actu.fr/nouvelle-aquitaine/casteljaloux_47052/nous-etions-inconscients-a-casteljaloux-le-recit-dun-ancien-combattant-de-la-guerre-dalgerie_61089866.html
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