Les keffiehs et drapeaux palestiniens ont flotté dans le cortège ce mercredi à Paris. Le mot « génocide » est revenu souvent sur les pancartes et dans la bouche des manifestants.
Reportage Les keffiehs et drapeaux palestiniens ont flotté dans le cortège ce mercredi à Paris. Le mot « génocide » est revenu souvent sur les pancartes et dans la bouche des manifestants.
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Ce 1er-Mai, la solidarité avec le peuple gazaoui s’est mêlée aux revendications traditionnelles de la fête des travailleurs. Alors que l’année dernière, le défilé s’était déroulé dans un contexte de vive opposition à la réforme des retraites. Cette année, un peu partout dans le défilé parisien, ce sont les couleurs de la Palestine qui sont brandies. Dans la foule de la place de la République - 18 000 dans la capitale selon la préfecture, 50 000 selon la CGT - les keffiehs et les drapeaux palestiniens se comptaient par centaines au milieu des traditionnelles banderoles et mots d’ordre syndicaux, réclamant une hausse des salaires ou la défense des services publics.
Toute l’après-midi, les chants et les demandes de cessez-le-feu ont ainsi retenti pendant que les manifestants défilaient dans le calme - même si 45 personnes ont été interpellées dans la capitale, selon la préfecture de police. Sur les pancartes, dans les slogans, un mot est sans cesse revenu : « génocide ». Pour beaucoup de manifestants, c’est ce qui est en cours à Gaza, même si la Cour internationale de justice évoque, elle, « un risque plausible ».
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« On ne peut pas voir cette injustice, ce génocide, et fermer les yeux », déclare au « Nouvel Obs » Ayad, retraité de 68 ans. Les manifestants propalestiniens ont défilé derrière les cortèges « Urgence Palestine » ou « Europa Palestine » ou dans les rangs du NPA, de Révolution Permanente et de La France Insoumise
Les convocations de Panot et Hassam commentées
Une mobilisation étudiante ? Certes, ces derniers, qui dans certaines facultés se mobilisent pour la cause palestinienne, étaient représentés - difficile de dire combien - mais ils étaient aussi entourés de personnes de tous âges. Il faut dire que l’actualité a galvanisé des participants. D’abord, la convocation de Mathilde Panot et de Rima Hassan pour « apologie du terrorisme » devant la police judiciaire. « C’est du jamais vu, c’est scandaleux », s’indigne Skander, 21 ans, étudiant en école de commerce. « Il y a une atmosphère particulière en France autour des voix qui s’élèvent pour demander un cessez-le-feu », surenchérit un informaticien de 52 ans. Ces polémiques concernant la France Insoumise ont aussi été commentées par Jean-Luc Mélenchon sur la place de la République avant le début du défilé.
Le chef des insoumis a appelé à de multiples reprises à « ce que l’on appelle en langue française un soulèvement de conscience, intérieur, moral et permanent », en référence aux propos tenus par Rima Hassan la semaine dernière concernant Sciences Po. La candidate en septième position sur la liste LFI avait appelé sur X les étudiants au « soulèvement »
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« Vous pourrez trafiquer mes déclarations ou celles de Rima Hassan autant que vous voulez, traduire celles de Mathilde Panot en japonais », a-t-il poursuivi après que la candidate franco-palestinienne ait été renvoyée à la traduction en arabe de ses propos lundi sur France 2 (soit « intifada »).
« Nous connaissons le sens de nos mots en langue française. »
Une colère qu’il a également manifestée en commentant la convocation de Rima Hassan et de Mathilde Panot devant la police judiciaire mardi matin pour « apologie du terrorisme » ; une police devant laquelle son groupe n’a pas « envie de se présenter avec le sourire », car « nous vous méprisons ! », s’est-il exclamé en s’adressant aux policiers. « Il est temps de passer à l’action qui brise l’adversaire », a-t-il conclu.
« Il y a comme un air de mai 1968 ! »
Les mobilisations à Sciences-Po Paris, la Sorbonne ou encore à Paris I Tolbiac, et les images de leur évacuation par la police, ont aussi poussé certains participants à venir. « A la fac, on se fait réprimer. Moi, je regarde de loin parce que la police est tout le temps là, on se fait évacuer, alors oui c’était d’autant plus important de venir », déclare Anouk, 21 ans, étudiante en philosophie. « Je n’arrive pas à comprendre qu’on empêche des gens de manifester pacifiquement… » s’indigne aussi Ayad. Le retraité revient alors sur ses jeunes années :
« C’est normal qu’ils se mobilisent, moi, à l’époque des hippies et du Vietnam, on faisait la même chose ! »
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Une référence qui revient souvent, dans les cortèges. « On ne parlait pas d’importation du conflit en France à ce moment-là », rappelle un participant d’une cinquantaine d’années. Un autre, enseignant, venant de la même génération, s’ose à une comparaison :
« Il y a comme un air de mai 1968 ! »
Au total, le Ministère de l’Intérieur a comptabilisé 121 000 manifestants partout en France, contre les 800 000 de l’an dernier juste après l’adoption de la très contestée réforme des retraites. La CGT, quant à elle, en revendique plus de 200 000.
https://www.nouvelobs.com/monde/20240501.OBS87856/on-ne-peut-pas-voir-cette-injustice-et-fermer-les-yeux-la-cause-palestinienne-s-invite-au-defile-du-1er-mai.html
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