Livres
Des choses qui arrivent. Nouvelles (9) de Salah Badis, traduites de l'arabe (Algérie) par Lotfi Nia. Editions Barzakh, Alger 2023,151 pages, 900 dinars
Achevées en décembre 2018, les nouvelles présentées dans ce recueil ont été publiées la première fois à Milan et Baghdad. Elles sont au nombre de 9.Et, comme elles ont été écrites à différents moments, entre l'Algérie et les Etats -Unis, elles paraissent correspondre à des tranches de vie de l'auteur... ce qui les rend, d'ailleurs, intéressantes en ce sens qu'elles nous interpellent quelque part.
-Comment laver son «linge sale», le sien et celui des autres.
-Une jeune totalement déphasé qui cherche son «monde» et sa voie et qui finira par «partir»
-Un déjà vieux garçon lesté d'une «mère-hélicoptère» menant une vie «merdique»
- Une vie menée dans la peur du terrorisme
-Nostalgie de la vie passée accrochée aux appels des «brocanteurs» ambulants.
-Un couple qui projette d'investir dans une laverie automatique... à Alger, bien sûr, car il y en a si peu ou plus du tout.
-A la recherche (A Alger-centre) du balcon de rêve... bien plus que de l'appartement.
-Le preneur de son à la recherche de la «voix de la mer»
Pour résumer : Un(e) personnage à la recherche d'une voie qui lui permettra de s'épanouir sans rien devoir aux autres. Mission impossible ?
L'Auteur :Né en 1994 à Alger, journaliste, traducteur, poète, écrivain de langue arabe. Diplômé en sciences politiques (Université d'Alger). Premier recueil de poésie en 2016 suivi de son recueil de nouvelles (2019) publiées toutes deux à l'étranger. Quant au traducteur, Lotfi Nia, né en Algérie, c'est,aussi, un poète, résidant en France
Extraits : «J'ai observé les regards des clients autour de nous. Ils étaient tendus et tristes, je me suis demandé s'ils avaient aussi peur que moi de rencontrer quelqu'un de leur famille ou une connaissance en sortant de ce magasin, des sacs noirs à la main-on aurait dit des sacs poubelles pleins de bouteilles d'alcool» (p 52), «Il paraît que ceux qui cassent des objets, des assiettes, sous le coup de la colère, se calment dès qu'ils entendent le bruit du choc» (p 61), «Ça achète des appartements et ça les laisse aller à vau-l'eau» (p 96),»Quand j'ai levé la tête, j'avais les Babors dressés devant moi,massifs... énormes... couverts de neige... entre ciel et mer... un monde bleu. Bon Dieu de bon Dieu ! T'avais l'impression que la nature nous narguait et nous disait : toutes cette splendeur, vous ne pourrez jamais en profiter tant que vous vous massacrerez les uns les autres» (p105), «Quand on s'est connus, la route n'était bloquée que le matin. Quand on s'est mariés, ils la fermaient le matin, mais parfois seulement... T'avais les gendarmes qu'une fois sur deux. En ce moment, ils y sont tous les jours et la route est bloquée matin et soir» (p131)
Avis - Des écrits qui relèvent bien plus du reportage et du récit de vie que de la nouvelle au sens classique du terme. Plus près des réalités, ce qui les rend proches et compréhensibles.
Citations : «Une œuvre d'art, c'était comme un plat compliqué ou un joli meuble : des extras, non essentiels à la vraie vie dont les fondements restaient la science et le travail» (p 31), «Tricher avec un livre ne tuerait personne, mais il était autrement plus dangereux de tricher sur la construction d'un immeuble» (p 81), «Le sommeil est un train qui trace sa route dans la nuit... rien ne l'arrête» (p110), «Peut-être est-ce vrai, mais les mères attribuent toujours les défauts de leurs enfants au père- n'importe quoi !» (p111), «L'arabe, c'est sympa... Tout le monde aime sans connaître» (p 122), «Les humains ne sont pas maîtres de leurs matinées, l'école et le travail étouffent tout» (p141)
LE BONHEUR D'ÊTRE ALGÉRIEN. Essai de Fadéla M'Rabet. Enag Editions, Alger, 2019, 103 pages, 530 dinars (Fiche de lecture déjà publiée en janvier 2020. Extraits pour rappel. Fiche complète in www.almanach-dz.com/société/bibliothèque d'almanch).
Quelle mémoire que celle de Fadela M'Rabet ! En peu de pages et en dix-huit textes assez courts, elle vous conte et raconte presque toute sa vie .
Elle nous transporte du Sila à Skikda, de Skikda à Vienne, de Vienne à Ostende, d'Ostende et sa mer à Strasbourg, de Strasbourg, à Montréal, Stockholm, Istanbul, Paris... et de Paris à Skikda, une ville qui ne quitte plus sa pensée
Elle nous raconte sa rencontre (et son amitié) avec Taos Amrouche, «la plus grande cantatrice de tous les temps, dépositaire du chœur antique de l'Algérie, chœur berbère... »...
Elle nous raconte Ben Badis et les Oulémas d'antan, ceux modernistes et des Lumières
Elle nous raconte Djedda, sa grand-mère, dépositaire de l'identité algérienne si précieuse ... et la grande maison - aux 14 enfants réunis- de Skikda «dont toutes les portes restaient ouvertes»
Elle raconte sa douleur palestinienne et la peur arabe (les dirigeants) de la démocratie
Elle raconte sa vision de la religion et la place de celle-ci dans les combats d'aujourd'hui
Elle raconte la responsabilité des intellectuels maghrébins dans le jugement que portent les Français sur l'islam
Grande supportrice de la fameuse Jsmp (Jeunesse sportive musulmane de Skikda, ancêtre de la Jsms), elle raconte le foot, Zidane et Ronaldo
Elle raconte, aussi, la féminité et le féminisme..
Et, toujours, Skikda, Skikda... Nostalgie
De soliloque en soliloque, de moments bénis en drames inoubliés...
L'Auteure : Née Abada à Skikda. Docteur en biologie... interdite (au milieu des années 60) d'enseignement (Lycée Frantz Fanon) et d'animation à la radio chaîne 3 (à la suite de la publication de ses deux ouvrages, «La femme Algérienne», en 1965 et «Les Algériennes» en 1967... et de ses émissions avant-gardistes). Exilée (ainsi que son époux, Tarik Maschino) en France, elle a été maître de conférences et praticienne des hôpitaux parisiens. Auteure de plusieurs ouvrages
Extraits : (...), «La chance de l'Algérie vient d'abord de sa situation géographique. Son socle est l'Afrique ... une femme africaine» (p 17), «Etre a«Pourquoi l' «élite» est-elle devenue si conservatrice ? Parce qu'elle se sent menacée ? Celle qui résiste a été éliminée. Ne reste que celle, dominatrice, qui préfère ses intérêts à la vérité» (p 31), (...)
Avis- De la belle écriture, prose et poésie mêlées... Et, toujours, droit au but !
Citations : «Etre Algérien devrait suffire à notre bonheur» (p 19), (...), «Le combat d'aujourd'hui est celui de tous les temps. Il n'est pas d'ordre religieux. La religion n'a jamais été le vrai mobile d'une guerre. D'aucune guerre, nulle part. En terre chrétienne comme en terre musulmane. Il est d'ordre économique entre ou contre les puissances mafieuses, celles des marchands d'armes et de drogue. Pour l'or, pour le diamant... » (p 33), (...)
Des choses qui arrivent. Nouvelles (9) de Salah Badis, traduites de l'arabe (Algérie) par Lotfi Nia. Editions Barzakh, Alger 2023,151 pages, 900 dinars
Achevées en décembre 2018, les nouvelles présentées dans ce recueil ont été publiées la première fois à Milan et Baghdad. Elles sont au nombre de 9.Et, comme elles ont été écrites à différents moments, entre l'Algérie et les Etats -Unis, elles paraissent correspondre à des tranches de vie de l'auteur... ce qui les rend, d'ailleurs, intéressantes en ce sens qu'elles nous interpellent quelque part.
-Comment laver son «linge sale», le sien et celui des autres.
-Une jeune totalement déphasé qui cherche son «monde» et sa voie et qui finira par «partir»
-Un déjà vieux garçon lesté d'une «mère-hélicoptère» menant une vie «merdique»
- Une vie menée dans la peur du terrorisme
-Nostalgie de la vie passée accrochée aux appels des «brocanteurs» ambulants.
-Un couple qui projette d'investir dans une laverie automatique... à Alger, bien sûr, car il y en a si peu ou plus du tout.
-A la recherche (A Alger-centre) du balcon de rêve... bien plus que de l'appartement.
-Le preneur de son à la recherche de la «voix de la mer»
Pour résumer : Un(e) personnage à la recherche d'une voie qui lui permettra de s'épanouir sans rien devoir aux autres. Mission impossible ?
L'Auteur :Né en 1994 à Alger, journaliste, traducteur, poète, écrivain de langue arabe. Diplômé en sciences politiques (Université d'Alger). Premier recueil de poésie en 2016 suivi de son recueil de nouvelles (2019) publiées toutes deux à l'étranger. Quant au traducteur, Lotfi Nia, né en Algérie, c'est,aussi, un poète, résidant en France
Extraits : «J'ai observé les regards des clients autour de nous. Ils étaient tendus et tristes, je me suis demandé s'ils avaient aussi peur que moi de rencontrer quelqu'un de leur famille ou une connaissance en sortant de ce magasin, des sacs noirs à la main-on aurait dit des sacs poubelles pleins de bouteilles d'alcool» (p 52), «Il paraît que ceux qui cassent des objets, des assiettes, sous le coup de la colère, se calment dès qu'ils entendent le bruit du choc» (p 61), «Ça achète des appartements et ça les laisse aller à vau-l'eau» (p 96),»Quand j'ai levé la tête, j'avais les Babors dressés devant moi,massifs... énormes... couverts de neige... entre ciel et mer... un monde bleu. Bon Dieu de bon Dieu ! T'avais l'impression que la nature nous narguait et nous disait : toutes cette splendeur, vous ne pourrez jamais en profiter tant que vous vous massacrerez les uns les autres» (p105), «Quand on s'est connus, la route n'était bloquée que le matin. Quand on s'est mariés, ils la fermaient le matin, mais parfois seulement... T'avais les gendarmes qu'une fois sur deux. En ce moment, ils y sont tous les jours et la route est bloquée matin et soir» (p131)
Avis - Des écrits qui relèvent bien plus du reportage et du récit de vie que de la nouvelle au sens classique du terme. Plus près des réalités, ce qui les rend proches et compréhensibles.
Citations : «Une œuvre d'art, c'était comme un plat compliqué ou un joli meuble : des extras, non essentiels à la vraie vie dont les fondements restaient la science et le travail» (p 31), «Tricher avec un livre ne tuerait personne, mais il était autrement plus dangereux de tricher sur la construction d'un immeuble» (p 81), «Le sommeil est un train qui trace sa route dans la nuit... rien ne l'arrête» (p110), «Peut-être est-ce vrai, mais les mères attribuent toujours les défauts de leurs enfants au père- n'importe quoi !» (p111), «L'arabe, c'est sympa... Tout le monde aime sans connaître» (p 122), «Les humains ne sont pas maîtres de leurs matinées, l'école et le travail étouffent tout» (p141)
LE BONHEUR D'ÊTRE ALGÉRIEN. Essai de Fadéla M'Rabet. Enag Editions, Alger, 2019, 103 pages, 530 dinars (Fiche de lecture déjà publiée en janvier 2020. Extraits pour rappel. Fiche complète in www.almanach-dz.com/société/bibliothèque d'almanch).
Quelle mémoire que celle de Fadela M'Rabet ! En peu de pages et en dix-huit textes assez courts, elle vous conte et raconte presque toute sa vie .
Elle nous transporte du Sila à Skikda, de Skikda à Vienne, de Vienne à Ostende, d'Ostende et sa mer à Strasbourg, de Strasbourg, à Montréal, Stockholm, Istanbul, Paris... et de Paris à Skikda, une ville qui ne quitte plus sa pensée
Elle nous raconte sa rencontre (et son amitié) avec Taos Amrouche, «la plus grande cantatrice de tous les temps, dépositaire du chœur antique de l'Algérie, chœur berbère... »...
Elle nous raconte Ben Badis et les Oulémas d'antan, ceux modernistes et des Lumières
Elle nous raconte Djedda, sa grand-mère, dépositaire de l'identité algérienne si précieuse ... et la grande maison - aux 14 enfants réunis- de Skikda «dont toutes les portes restaient ouvertes»
Elle raconte sa douleur palestinienne et la peur arabe (les dirigeants) de la démocratie
Elle raconte sa vision de la religion et la place de celle-ci dans les combats d'aujourd'hui
Elle raconte la responsabilité des intellectuels maghrébins dans le jugement que portent les Français sur l'islam
Grande supportrice de la fameuse Jsmp (Jeunesse sportive musulmane de Skikda, ancêtre de la Jsms), elle raconte le foot, Zidane et Ronaldo
Elle raconte, aussi, la féminité et le féminisme..
Et, toujours, Skikda, Skikda... Nostalgie
De soliloque en soliloque, de moments bénis en drames inoubliés...
L'Auteure : Née Abada à Skikda. Docteur en biologie... interdite (au milieu des années 60) d'enseignement (Lycée Frantz Fanon) et d'animation à la radio chaîne 3 (à la suite de la publication de ses deux ouvrages, «La femme Algérienne», en 1965 et «Les Algériennes» en 1967... et de ses émissions avant-gardistes). Exilée (ainsi que son époux, Tarik Maschino) en France, elle a été maître de conférences et praticienne des hôpitaux parisiens. Auteure de plusieurs ouvrages
Extraits : (...), «La chance de l'Algérie vient d'abord de sa situation géographique. Son socle est l'Afrique ... une femme africaine» (p 17), «Etre a«Pourquoi l' «élite» est-elle devenue si conservatrice ? Parce qu'elle se sent menacée ? Celle qui résiste a été éliminée. Ne reste que celle, dominatrice, qui préfère ses intérêts à la vérité» (p 31), (...)
Avis- De la belle écriture, prose et poésie mêlées... Et, toujours, droit au but !
Citations : «Etre Algérien devrait suffire à notre bonheur» (p 19), (...), «Le combat d'aujourd'hui est celui de tous les temps. Il n'est pas d'ordre religieux. La religion n'a jamais été le vrai mobile d'une guerre. D'aucune guerre, nulle part. En terre chrétienne comme en terre musulmane. Il est d'ordre économique entre ou contre les puissances mafieuses, celles des marchands d'armes et de drogue. Pour l'or, pour le diamant... » (p 33), (...)
par Belkacem Ahcene-Djaballah
Jeudi 18 avril 2024
https://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5329146
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