Accompagné du souvenir de sa mère décédée et de sa caméra, le réalisateur entreprend pour la première fois un voyage intime dans le pays natal de son père, l'Algérie. Un journal filmé qui explore les thèmes de la famille, de l'amour et de la révolution, un récit à la fois personnel et politique. Le documentaire de Karim Aïnouz offre une traversée hantée qui sort en salle ce 17 avril, soutenu par le Label Oh My Doc !
« La mer s’agite, un nouveau départ. Je voyage pour toi, je voyage pour finir ce que tu as commencé. Je pars aussi pour trouver enfin mon Ithaque, mes origines, un sens à mon existence. Pour trouver ce que tu n’as jamais pu avoir.pour trouver ce que tu n’as jamais pu avoir. La mer m’emporte, presque malgré moi. »
En 2019, après la mort de sa mère, brésilienne, le réalisateur Karim Aïnouz décide de partir sur les traces de son père, algérien, toujours vivant mais dont il n’a jamais vraiment fait la connaissance.
Pour la première fois, Karim Aïnouz se rend en Algérie. Accompagné du souvenir de sa mère décédée et de sa caméra, le réalisateur entreprend un voyage intime, à la fois personnel et politique.
À travers son œuvre, Marin des Montagnes, il construit des ponts entre les deux cultures qui le traversent et le définissent, brésilien de naissance et algérien de nom, il mêle dans son documentaire à la forme essayiste les thèmes de l'amour, de l'identité et de la solidarité.
Après son premier long-métrage, Madame Satã en 2002 sélectionné au Festival de Cannes à Un Certain Regard et son film Le Jeu de la Reine sélectionné en compétition officielle à Cannes en 2023, le réalisateur s'éloigne cette fois de la fiction.
Pour aller plus loin, écoutez l'entretien de Karim Aïnouz dans l'émission Les Midis de Culture de Géraldine Mosna-Savoye et Nicolas Herbeaux ou découvrez ci-dessous la note écrite par Karim Aïnouz.
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« Durant plus de 50 ans, j’ai vécu dans une entre deux, dans l’interstice, oscillant entre un sentiment indéterminé d’appartenance et de non-appartenance. Brésilien de naissance et de lignée maternelle, algérien par mon nom et par les circonstances de la vie, j’ai toujours vécu dans une zone entre ces cultures, ni ici ni là, mais en quelque sorte partout.
Marin des montagnes est un carnet de voyage épistolaire dans un pays où mon père est né, mais que je n’ai jamais vu. C’est aussi une lettre d’amour à ma mère, qui m’a élevé seule, abandonnée par l’homme dont elle était tombée amoureuse avant ma naissance, sans jamais faire elle- même le voyage dont nous avons parlé tant de fois. Bien qu’elle ne soit plus là, j’ai fait ce voyage et ce film pour elle, pour moi et pour vous.
La forme du film est essayiste et intuitive, créant un espace pour les pensées et les observations du public. Il tire parti de la spontanéité et de l’imprévisibilité qu’offre le documentaire, ne suivant aucun itinéraire précis, sans carte ni plan, laissant le même destin que celui qui a tiré ma caméra vers lui, d’un côté et de l’autre.
En même temps, ce film jette un pont entre de multiples cultures, qui font toutes partie de moi et qui, dans une certaine mesure, me sont également étrangères. Il tend la main vers l’extérieur tout en regardant vers l’intérieur, établissant des liens qui existent depuis longtemps, même s’ils ont été longtemps occultés. À ce moment de l’histoire, où les frontières sont violemment fermées et les allégeances oubliées, j’espère que ce film nous permettra d’établir des liens et de réaliser que, par dessein ou par hasard, nous sommes tous inévitablement liés.
Ma motivation est une enquête personnelle et poétique qui part d’une histoire d’amour et s’élève jusqu’aux destins entrelacés de deux sociétés - algérienne et brésilienne - qui ont un jour tenu des promesses utopiques de souveraineté, de progrès, de richesse, et qui ont finalement toutes deux trahi ces chères promesses en l’espace de quelques décennies - littéralement en l’espace de ma vie.
Le Brésil et l’Algérie n’ont pas des destins parallèles, mais leurs histoires récentes, qui mènent au moment présent, ont des motifs en résonance.
Ces deux pays ont été et sont encore, de manière très similaire, des laboratoires de l’amour, de la révolution et de l’échec. Alger était autrefois connue comme la Mecque de la révolution et l’Algérie était une lueur d’espoir dans les luttes anticoloniales, tandis que les efforts anticoloniaux brésiliens sont légendaires et que les événements plus récents d’une prise de pouvoir par la droite après une période d’espoir résonnent profondément non seulement en Algérie, avec ses propres déceptions désastreuses, mais aussi dans le monde entier.
Je crois que ce journal intime peut nous aider à rêver à nouveau
- ici et là-bas, ou n’importe où - d’un avenir : de rage, de joie, de liberté et de justice sociale. D’autant plus que dans le contexte actuel, avec la menace grandissante que fait peser sur demain l’expansion des mouvements d’extrême droite sur la scène politique mondiale, nous avons besoin de films qui suivent un chemin différent, moins prévisible, qui nous montrent une alternative aux circonstances désastreuses d’aujourd’hui.
Pour Marin des Montagnes, j’ai voulu prendre les risques que la maturité et l’expérience m’autorisent - avant tout un risque artistique en me distançant de ce que je connais, en ouvrant le projet à l’inattendu, en laissant le hasard, qui est après tout mon droit de naissance, m’amener à découvrir des choses que je n’aurais pas pu savoir au début de mon voyage. Ce film nous invite à tendre la main, à croire en l’inattendu, à nous souvenir d’avoir l’espoir et la foi en nos compatriotes qui vivent sur la planète.
Peu importe la distance ou la différence que nous pensons avoir, nous sommes tous, en fait, intimement liés. »
Karim Aïnouz
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Marin des montagnes - Brésil, France, Allemagne • 2021 • 98 minutes de Karim Aïnouz // Image : Juan Sarmiento G. // Son : Björn Wiese, Laure Arto // Montage : Ricardo Saraiva // Musique originale : Benedikt Schiefer // Production : Globo Filmes
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Ce film a reçu le label “Oh my doc !” créé en 2020 par France Culture, la Cinémathèque du documentaire, l’associationLes Écrans, la plateforme Tënk et Mediapart afin de chaque mois soutenir la sortie en salle d’un documentaire remarquable.
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