La prestigieuse université new-yorkaise est l’épicentre des crispations agitant les campus américains dans le sillage de la guerre à Gaza. Des arrestations ont déclenché des mouvements de solidarité dans tout le pays, où les tiraillements sont vifs entre les manifestants propalestiniens et leurs adversaires, qui pointent des dérives antisémites.
Quelques mois après l’apparition des premières tensions sur les campus dans le sillage de la guerre à Gaza, les universités sont à nouveau gagnées par des crispations aux États-Unis. L’épicentre des divisions se trouve ces jours-ci à New York, sur le campus de Columbia, théâtre de manifestations propalestiniennes quotidiennes. À tel point que la direction a annoncé lundi 22 avril que les cours se feraient à distance, le temps que le calme revienne.
Crispations à Columbia, et effet tache d’huile
L’arrestation, jeudi, de plus d’une centaine de manifestants protestant contre la guerre menée par Israël dans la bande de Gaza n’a pas contribué à apaiser les esprits. Pour les uns, ces arrestations constituent une atteinte à la liberté d’expression, bienvenue sur les campus ; pour les autres, il s’agit de lutter contre l’essor de l’antisémitisme, des étudiants juifs dénonçant des actes d’intimidation. La mobilisation n’a toutefois pas faibli, des manifestants installant des dizaines de tentes sur l’esplanade centrale de Columbia. Parmi leurs revendications figure le boycott de toute activité de l’université en lien avec Israël, à commencer par un programme d’échanges avec Tel-Aviv.
Ces arrestations ont par ailleurs déclenché des mouvements de solidarité dans le pays. Lundi, plus de 130 personnes ont été interpellées à l’université Yale, au nord de New York, et à la New York University, à Manhattan. Le parc du campus de Harvard, dans les environs de Boston, est fermé au public toute la semaine. Un groupe propalestinien a annoncé sa suspension par l’université.
Des auditions au Congrès sur l’antisémitisme sur les campus
Depuis le début du conflit entre Israël et le Hamas, les universités américaines sont le théâtre de tensions et des voix s’élèvent pour dénoncer une montée de l’antisémitisme. Les républicains, majoritaires à la Chambre des représentants, se sont emparés du sujet, sous la houlette de l’élue trumpiste de l’État de New York, Elise Stefanik. Après une audition houleuse, la présidente de l’université de Pennsylvanie Elizabeth Magill, puis son homologue de Harvard Claudine Gay avaient fini par démissionner, en décembre et en janvier.
Auditionnée à son tour par le Congrès le 17 avril, la présidente de Columbia a été plus ferme que ces dernières. Nemat Shafik a assuré que l’« antisémitisme (n’avait) rien à faire sur notre campus». Ce qui n’a pas empêché les appels à sa démission d’élus républicains, qui dénoncent l’« anarchie » sur le campus new-yorkais.
La controverse est telle que, lundi, le locataire de la Maison-Blanche est intervenu dans le débat. Joe Biden a condamné les « manifestations antisémites » tout en dénonçant « ceux qui ne comprennent pas ce que vivent les Palestiniens ». Pour le président américain, la tâche est délicate : il s’agit d’être ferme contre toute flambée d’intolérance, sans écarter les militants propalestiniens, qui gagnent du terrain au sein de la gauche américaine et de la jeunesse.
Les événements publics de Joe Biden, en campagne pour sa réélection, sont régulièrement perturbés par des militants opposés au soutien américain à Israël. Et les médias évoquent déjà le spectre de l’élection présidentielle de 1968, perturbée, notamment lors de la convention démocrate de Chicago, par les militants opposés à la guerre au Vietnam
https://www.la-croix.com/international/guerre-a-gaza-aux-etats-unis-de-vives-tensions-sur-le-campus-de-columbia-20240423
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