Stèle élevée à la mémoire d'Albert Camus (1913-1960). Tipaza, Algérie. ©Getty - Bénédicte Ausset / Sygma
Français par la langue, algérien par le coeur, Albert Camus n'a jamais cessé d'aimer le pays qui l'a vu naître. Nous explorons dans cette émission les liens qui unissaient l'écrivain avec l'Algérie, cette Algérie qui était, pour lui, une perpétuelle fête des sens, un perpétuel été.
Pour cette émission nous sommes en compagnie de Martine Mathieu-Job, professeure émérite à l’université de Bordeaux, auteure de nombreuses études sur Camus. Elle a écrit dans le « Dictionnaire Albert Camus », paru aux éditions Robert Laffont en 2009, où elle a signé notamment l'entrée « l’Algérie ».
Martine Mathieu-Job nous parle du lien très fort qui unit Albert Camus à sa terre natale, sensible dans des recueils de nouvelles comme Noces ou L'Été. Pour explicite qu'il fut, on n'a pas toujours bien mesuré la profondeur du sentiment algérien qui habitait Camus, visible dans ses carnets publiés après sa mort.
L'une des chances principales, l'une de celles que j'ai considérée comme étant la principale, est justement le fait d'être né en Algérie. J'ai eu l'occasion de dire que je n'avais rien écrit qui de près ou de loin ne se rattache à cette terre, en l'occurrence je n'ai exprimé qu'une chose que je sens profondément et depuis longtemps. Je dois à l'Algérie non seulement mes leçons de bonheur mais, et ce ne sont pas les moindres dans une vie d'homme, je lui dois mes leçons de de souffrance et de malheur. (Albert Camus)
Si Camus, à titre personnel, a toujours revendiqué une appartenance très fusionnelle à l'Algérie, la décolonisation va mettre en question cette relation. Camus, enfant du pays, ou enfant de la métropole colonisatrice ? Écrivain pied-noir, ou écrivain authentiquement algérien ? Lue au prisme des problématiques coloniales, l'œuvre d'Albert Camus révèle à la fois son progressisme à l'époque où toute une littérature s'emploie encore à justifier la domination française sur ses colonies, mais aussi ses manques, ses non-dits et ses doutes.
Comment l'écriture pourrait-elle retisser le lien entre des communautés que la colonisation a séparées ?
Il y a un monde cosmopolite qui est justement celui qui forme le tissu social que Camus aime et dont il se sent proche. Même parmi les Européens c'est fait de tissages, de brassages et ce qu'il aurait voulu, ce qu'il espérait, c'est une Algérie qui puisse justement conjuguer ces différences et les rendre compréhensives les unes envers les autres. (Martine Mathieu-Job)
A travers les failles de l'œuvre et de la pensée, dont l'écrivain avait conscience, se pose la question de leur réception d'un côté et d'autre de la Méditerranée, question à laquelle Martine Mathieu-Job nous aide à répondre.
Vous retrouverez en fin d'émission la chronique de Maialen Berasategui, journaliste littéraire (Lire le magazine littéraire). Elle nous présente Biribi, l’ouvrage que l’historien Dominique Kalifa a consacré aux bagnes militaires français et qui explore un autre versant, moins connu, de la présence française en Algérie.
MUSIQUE GÉNÉRIQUE (début) : Panama, de The Avener (Capitol)
MUSIQUE GÉNÉRIQUE (fin) : Nuit noire, de Chloé (Lumière noire)
- Maialen Berasategui Journaliste littéraire
- Martine Mathieu-Job Auteure, professeure de littératures francophones émérite à
- l’unhttps://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/la-compagnie-des-oeuvres/camus-et-l-algerie-9025767iversité Bordeaux Montaigne
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