à Mahmoud Darwich
Il pleut de la pluie sur la Palestine
De la pluie sans pluie de la pluie de feu
Pour Marie la Vierge il y eut sept épées
Il y en a bien plus dans le coeur de celles
Qui ne dorment plus dans leurs maisons frêles
Et qui ont la rue des pauvres terribles
Pour tordre leurs bras sur le fils perdu
Il pleut de la pluie il pleut de la nuit
Dans le plein soleil de ce jour perdu
Où la vie n’a plus son beau nom de vie
Le coeur n’en peut plus le coeur n’en peut plus
De voir les enfants pleurer de détresse
Le garçon morveux la fille en ses tresses
Ce pays d’olive est pays du Christ
La palme est ici son signe perdu
Nous avons chanté sa naissance claire
Sa fragilité d’enfant condamné
Par l’affreux César par l’affreux Hérode
Dont les mains jamais ne seraient blanchies
Si tous les Jourdain venaient les laver
Cet enfant d’hier renaît aujourd’hui
Dans le giron noir des Palestiniennes
Les maris sont morts les fils sont perdus
Les maisons de tôle et de béton nu
Sont tombés comme à Guernica les tuyaux crient
Face aux tanks et face aux soldats casqués
Muets du silence de ceux-là qui tuent
Moïse, Moïse
N’a pas voulu ça
C’est notre planète, terrestre et si bleue
Celle qu’on fit d’air et d’eau pour qu’ils vivent
Ensemble : celui harnaché de cuir
Et l’adolescent qu’on a laissé cuire
Dans l’incendie créé où la bonbonne
De gaz explosa sous le tir précis
Moïse, Moïse
N’a pas voulu ça
Précise mitraille ajustée au coeur
De l’enfant mort-né dans l’église blanche
Tous dorment et pas seulement les gardes
Mais l’Homme blanc de Rome aussi, si vieux,
Les Démocraties et leur Chef miteux
Celui-là de qui le front si étroit
Sur des yeux étroits confirme Darwin
Pauvre Palestine des pauvres, pourquoi
Oui pourquoi veux-tu que ça les réveille ?
A Jérusalem règne l’Ubu-Roi,
Sabra et Chatila en poche, et l’autre
Le Prix Nobel de la Paix, le faux-nez
Oui, pourquoi veux-tu que ça nous réveille ?
S’ils veulent double portion, pourquoi pas ?
Nos princes se sont assoupis en barils/jour
Le Pen en France arrive avec son oeil de verre
Et la Maison de Verre aussi, à New York
Est redevenue le " machin " qu’on sait
A quoi bon bouger, pauvre Palestine
Puisqu’on te propose enfin d’en finir ?
Pays du Christ te souvient-il du Christ ?
Pays d’Islam pourquoi veux-tu revivre ?
Il y a pour toi les chars étoilés de Sharon
Comme il y a pour la Tchétchénie Poutine
Et Bush est là pour régler la musique …
Pays du Christ pourquoi veux-tu vivre ?
Pâques est passé et c’est "printemps d’épidémie"
Il pleut il pleut il pleut sur toi, ma Palestine,
Pays sans pluie pays à pluie de feu
Et pour Marie, "la non-touchée d’un homme",
Il y a toujours, au coeur du coeur, les épines
SALAH STETIE
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