Livres
Par Belkacem Ahcene-Djaballah
1. MEMOIRES D'UN ALGERIEN. Tome 4 : Craintes et espérances (1988-2019). Mémoires de Ahmed Taleb-Ibrahimi. Casbah Editions, Alger 2023, 392 pages, 1.500 dinars
Indubitablement, le Dr Ahmed Taleb-Ibrahimi est un homme politique complet. En ce sens qu'après une vie de militant actif durant la guerre de libération nationale, une vie parsemée d'épreuves et d'emprisonnements et après une longue carrière de haut fonctionnaire au service du pays, il reste, à 91 ans, toujours homme fidèle à son «monde», n'évitant aucunement le «je». En plus de «porter beau», de sa grande maîtrise des langues arabe et française, et de sa vaste culture (englobant les textes religieux), il parle «vrai», tout en restant attaché à ses principes de vie. (...)
Donc, tout y passe : les derniers mois de la présidence de Chadli avant sa «destitution», l'intérim de Boudiaf et sa fin tragique, le président Zeroual et «les manœuvres de torpiller» l'initiative de San'Egidio, la spirale de la violence et du terrorisme, les élections présidentielles de 1999, la création du mouvement Wafa, les deux premiers mandats de Bouteflika, la fin de Bouteflika...
A signaler un dernier chapitre assez émouvant, concernant des hommages à des compagnons et amis de l'auteur, aujourd'hui, pour bien d'entre eux, disparus (...)
L'Auteur : Né à Sétif en janvier 1932, fils de Cheikh Bachir El-Ibrahimi, docteur en médecine. Président de l'Ugema (1955-1956), détenu politique dans les prisons françaises (1957-1961), puis détenu politique en Algérie indépendante (1964-1965), plusieurs fois ministre (Education nationale, Information et Culture, Affaires étrangères)... candidat à l'élection présidentielle en avril 1999, fondateur d'un parti politique (décembre 1999). Essayiste avec «Lettres de prison «1957-1961». Déjà auteur de trois ouvrages consacrés à ses mémoires (Casbah éditions, 2006, 2008 et 2013).
Avis : Un ouvrage très fourni en informations et en noms susceptibles de contribuer à mieux connaître et à mieux comprendre, et surtout, à saisir le sens et l'importance d'événements politiques de notre passé récent, aujourd'hui peut-être oubliés
2. A ZOULIKHA. Recueil de «lettres de prison» commentées par Malika El Korso et d' «images de prison» présentés par Nadira Aklouche-Laggoune.
Avant-propos de Souâd Inal. Edition Association «Les Amis de Abdelhamid Benzine. Illustration de quatrième de couverture (acrylique sur papier) : Maya Benchikh El Fegoun. Alger 2023, 281 pages, 2.600 dinars
On a déjà eu les «Lettres de prison» de Ahmed Taleb El Ibrahimi et les «Lettres à Lucette» de Bachir Hadj Ali. Mais, toutes ces correspondances «ne doivent pas nous faire oublier celles des personnes ordinaires dont l'écriture simple, sobre, sans fioritures les rendent attachantes». On les a lues déjà dans quelques (rares) ouvrages édités en Algérie. Heureusement, «À Zoulikha» vient combler, à temps, un grand vide, rajoutant une pierre (assez originale et/ou novatrice) à l'écriture de l'Histoire de la guerre de libération nationale (...)
Zoulikha Benzine est arrêtée, une première fois, le 11 novembre 1959, pour ses activités nationalistes et son frère aîné, Abdelhamid, le journaliste arrêté en novembre 56, suite à un accrochage avec l'ennemi, est détenu à Lambèse (...). En liberté provisoire (en juillet 1961) après un «passage» à Barberousse (Serkadji), elle rejoint le maquis.
Les Auteures : Malika El Korso, professeur d'université, historienne/
-Nadira Aklouche-Laggoune, historienne et critique d'art/
-Souad Inal fille de Zoulikha Benzine, documentaliste et journaliste.
Avis : Un très bel ouvrage qui a «historicisé» un fait (et un document, la «lettre de prison») en apparence banal. Et, qui nous (vous) (re-)plonge pleinement dans l'univers de guerre et l'atmosphère carcérale émouvants, tragiques et douloureux. (...)
3. TERMINUS BABEL. Roman de Mustapha Benfodil. Editions Barzakh, Alger 2023, 272 pages, 1.200 dinars
Chaque année, en France, des machines broient environ 100 millions de livres. 100 millions, ce qui représente le cinquième des 500 millions de volumes fabriqués annuellement dans le pays. Pour un écrivain, c'est là une incommensurable tragédie... car ce sont là des ouvrages soit invendus, soit détériorés, soit ne trouvant pas (ou plus) preneurs au niveau des marchés extérieurs, soit..., en tout cas inutilisables bien qu'utiles quelque part... et ce n'est pas demain la veille que le numérique résoudra le problème.
Ceci dit, pour l'écrivain qui voit les exemplaires de son chef-d'œuvre aller au pilon. Lui qui a marché des kilomètres avant d'être un livre... car «marcher, c'est écrire un livre»... c'est faire «marcher les turbines», c'est «ramasser sur le trottoir des pépites de malice et de sagesse»...
Pour le livre lui-même (un exemplaire pris comme modèle), c'est aussi une tragédie... et c'est cette tragédie couplée (écrivain-livre) avec, pour témoin, le lecteur, que raconte l'auteur (...)
L'Auteur : Né en 1968 à Relizane. Journaliste reporter (El Watan/Quotidien). Auteur de nouvelles, poèmes et pièces de théâtre. Déjà quatre romans («Zarta», «Les Bavardages du Seul», «Archéologie du chaos (amoureux)», «Body writing. Vie et mort de Karim Fatimi, écrivain, 1968-2014»), tous parus aux éditions Barzakh.
Avis : Une gymnastique (excellemment maîtrisée) des mots et des phrases qui vous transporte dans le monde intérieur, si ignoré même par les plus grands lecteurs, du livre. Une écriture originale qui interpelle. Le tout dans une langue accessible à tous. Un auteur à la vaste érudition et à l'imagination sans bornes, peut-être le plus brillant de sa génération. Bref, un «artiste total», entièrement «habité» !
4. L'ALIENATION COLONIALISTE ET LA RESISTANCE DE LA FAMILLE ALGERIENNE. Essai de Salima Sahraoui-Bouaziz dite Saadia et Rabah Bouaziz dit Lakhdar. Casbah Editions, Alger 2014, 221 pages, 850 dinars
Un travail à deux accompli au cours de la guerre de libération nationale. Basé sur des observations, sur de la documentation durant les moments de répit alors que la Fédération de France du Fln voyait son action armée «réduite», après les spectaculaires actions du «second front» de l'été 1958. Un travail de recherche et de réflexion engagé et il ne pouvait en être autrement vu le contexte et les dangers de l'époque...
Les Auteurs : -Salima Sahraoui-Bouaziz, née le 2 février 1936 à Blida. Grande sportive (athlétisme). Militante Fln dès 1956... Permanente, entre autres dans l'Os de la Fédération de France du Fln. Médecin neurologue.
-Rabah Bouaziz, né le 13 avril 1928. Emprisonné pour ses activités politiques dès 1955. Maquisard (wilaya IV) puis, en 1957, responsable de l'Os (action armée) auprès de la Fédération de France du Fln. Député et membre du Comité central du Fln après l'indépendance. Etudes de droit et avocat de 1978 à 1983). Décédé à Alger le 11 octobre 2009.
Avis : Un ouvrage «militant» écrit par deux patriotes engagés dans la lutte clandestine. Une écriture simple et claire et, surtout, directe et sans fioritures. Une approche qui pourrait apparaître comme «has been»... mais d'une qualité historique incontestable. Une partie de l'histoire du pays et de sa résistance introuvable ailleurs.
5/ Conversations méditerranéennes. Recueil d'entretiens de Ali Ghanem. Casbah Editions, Alger 2022, 413 pages, 1.300 dinars.
On en apprend des choses sur les interviewés. Il est vrai que lorsque l'interviewer sait y faire en matière de maïeutique (art de faire «accoucher»), l'interviewé, bien souvent pris au dépourvu, se «laisse aller», nous faisant ainsi découvrir des faces cachées (toujours lumineuses, cela va de soi) de sa personnalité ou de sa vie ou de ses expériences (...)
Une véritable mine d'informations sur tous ceux -Algériens ou étrangers- qui ont, pour la plupart, l'Algérie au cœur et au corps ! En apparence légères, mais qui nous font les aimer encore plus ou ne pas les détester.
L'Auteur : Cinéaste, auteur de plusieurs films dont «Mektoub» et «Une femme pour mon fils» sont les plus connus. Auteur de romans.
Avis : Assez surprenant comme ouvrage. On attendait Ali Ghanem (qui écrit très bien, qui sait entretenir l'attention, tout particulièrement avec ses questions très directes, parfois provocatrices) et on rencontre, en direct, une cinquantaine de «confessions» et de confidences express. Commencez à lire et vous irez de (bonne) découverte en (bonne) découverte.
6/ Mémoires. La haine comme rivale, 1987-1997. Tome III. Mémoires de Saïd Sadi, Editions Frantz Fanon, Alger 2023, 589 pages, 2.000 dinars
Tome I : L'auteur restitue tout ce qui fait la vie d'un être humain, de sa famille, de sa société, de ses rêves, de ses espoirs (...).
Avec le Tome II, l'auteur nous fait participer à la vie presque intime de tout un groupe, se faisant et parfois se défaisant au fil du temps, les anciens du lycée Amirouche de Tizi Ouzou surtout, devenus étudiants à Alger, tentant, avec succès (on le verra par la suite) malgré les multiples obstacles, les incompréhensions et le «système» au pouvoir, de «penser» un projet de société alternatif, adossé à une identité qu'ils estimaient niée, une société ouverte sur l'universel et le monde (...)
Enfin le tome III. Un ouvrage toujours aussi volumineux, ce qui démontre pleinement, une fois de plus, que l'auteur en a vraiment «gros sur le cœur», racontant la vie politique (et socioculturelle) du pays durant toute une décennie. Une décennie agitée, tragique même par bien de ses côtés, donnant à l'homme politique du moment une dimension hors du commun. (...)
L'Auteur : Né le 26 août 1947, médecin psychiatre. Militant, déjà très jeune, pour la langue et la culture berbères, les Droits de l'homme et les libertés démocratiques. Il fonde, en février 1989, le Rcd, parti social-démocrate laïc qu'il présidera jusqu'en mars 2012. (...)
Avis : Quelle mémoire ! Que de détails ! Un «pavé» très épais, trop épais, très riche, trop riche en informations, en événements et
en révélations, avec des noms, des lieux et des faits
qui ne se lit pas d'un seul trait
(...)
7/ La politique étrangère de l'Algérie, 1962-2022. Des idéaux de la révolution aux exigences de la realpolitik. Essai de Amar Abba (Préface de Abdelaziz Rahabi). Editions Frantz Fanon, Boumerdès 2022, 440 pages, 1.500 dinars
La couleur est annoncée dès le départ : «La politique étrangère de l'Algérie depuis 60 ans a été, dans son style comme dans son contenu, durant longtemps, plus une diplomatie de mouvement de libération au service d'une idéologie qu'une diplomatie d'Etat». Soixante ans après l'indépendance, il y a plus de souplesse et de réalisme chez les Algériens qui semblent avoir adouci les arêtes les plus saillantes de leur démarche sur le plan international...
L'auteur n'a pas été avare en sujets, en observations et analyses. (...)
L'Auteur : Né en 1948 à Ighil Mahni (Azeffoun). Etudes à l'Ena (Alger). Longue carrière dans la diplomatie (dont plusieurs postes au Mae) et ambassades en Afrique et en Europe. Retraite depuis 2019. Enseigne à l'Idri (Mae).
Avis : Un outil didactique (car très documenté et bien structuré) pour tous ceux qui s'intéressent de près ou de loin à la politique extérieure de notre pays et au fonctionnement de l'appareil diplomatique national. Mais pas que...
8/ Les Gens du Peuplier. Roman de Arezki Metref, Casbah Editions, Alger 2023, 233 pages, 1.200 dinars
Un quartier populaire et populeux, «Le Peuplier», juste avant et juste après l'indépendance du pays. Et, une bande d'adolescents, malmenés par la guerre et les privations vivant presque en vase clos, se nourrissant de rencontres de foot interminables (avec des balles faites de chiffons), d'illustrés (quand ils étaient disponibles), de films bas de gamme (quand cela était possible financièrement... sinon l'un d'entre eux assistait à la séance grâce à la cotisation puis devait raconter le film), d'échos, bien souvent confus, sur la résistance anticoloniale clandestine et la guerre de libération nationale (...)
On a donc des jeunes vies se croisant.
Destins croisés avec, pour certains, des amours d'adolescents se limitant à des échanges furtifs de petits mots ! Destinées différentes ! Portraits d'une génération et, avec elle, d'un pays malmené par les tourments de la guerre puis de la violence.
L'Auteur : Né en mai 1952 à Sour El Ghozlane. Sciences-po Alger. Journaliste chroniqueur (El Moudjahid, Algérie Actualités, Horizons, Nouvel Hebdo, Le Soir d'Algérie...), écrivain, poète, documentariste, auteur de plusieurs recueils de poésie, de nouvelles et de romans, de pièces de théâtre, d'essais...
Avis : Démarrage de la lecture quelque peu laborieux mais la suite et la fin sont un régal de récit et d'écriture. Avec des portraits savoureux de personnages et des moments... qu'on a, presque tous, à un moment ou à un autre de notre (jeune) vie croisés, affrontés, rencontrés, écoutés... Il ne s'agit nullement d'une chronique du temps qui passe, mais aussi et surtout une interrogation originale sur l'exil, l'amour et le destin du pays.
-9/ D'audace et de liberté. Roman de Akli Tadjer. Casbah Editions, Alger 2023, 229 pages, 1.200 dinars.
La guerre (la 2ème) est finie, Adam Bousoulem ne retourne pas en Kabylie natale. (.............)
« D'audace et de liberté » renoue avec un héros ignoré et rendu à un pays qui se reconstruit. Lecteur de « Combat », admirateur de Danton, il tire, peu à peu les leçons du passé tout en dirigeant, en compagnie (jusqu'à l'intime) d'Elvire, la fille, de confession juive, du propriétaire (non revenu des camps nazis) d'une tannerie dont il a hérité à Gentilly.
Ce deuxième volet de la fresque épouse, petit à petit, les contours d'un monde colonisé impatient, prêt à faire craquer les anciennes coutures. (..................)
L'Auteur : Né en 1954 à Paris. Auteur de onze romans (et d'un essai à succès: « Qui n'est pas raciste, ici ? », Lattès 2019) dont trois adaptés à la télévision (........) Ses romans sont traduits dans de nombreux pays. Sa bio-express indique qu'« il poursuit son exploration des liens entre la France et l'Algérie pour mieux tisser notre histoire commune »
Avis : Un auteur facile à lire et à comprendre grâce à sa maîtrise de l'écriture et au rythme du récit. Cela va vite, très vite, mais pas trop. Peut-être un peu trop tendre à l'endroit des autres... de ceux, il le sait, qui ne nous aiment pas. En attendant, assurément, la suite... .certainement la guerre de Libération nationale en France même ou ...en Algérie. (.....)
10/ Le serment d'Oujda. Roman de Mansour Kedidir. Editions Frantz Fanon, Boumerdès 2023, 350 pages, 1500 dinars
L'auteur fait dire à un de ses personnages-clés : « Dieu n'a pas créé uniquement le diable et l'ange, il a créé aussi notre frère Laassel qui unit les deux » (p196). Laassel, le personnage central du roman, a réussi ses études (secondaires), son militantisme lors de la guerre de Libération nationale et son intégration auprès des plus hauts rangs du commandement militaire de l'époque, auprès desquels il a compris et perfectionné son art de manipuler les idées et les hommes , tout en jouissant pleinement des facilités offertes par la vie alentour. Sa seule obsession était le pouvoir, « il ne l'aimait pas seulement. Il le vénérait. Plus qu'un sacerdoce, il en avait fait une mystique » (......)
Une philosophie (?) de vie qui l'amena au sommet du pouvoir politique du pays (......). Il avait seulement oublié, en cours de route, ce qu'un jour, un de ses cheikh-conseiller lui avait dit : « Prends garde aux succès momentanés qui te griseront ; ce ne sont que des mirages qui te feront oublier la promesse faite aux humiliés et aux pauvres. Si tu t'écartes de la voie de Sa vérité, tu connaîtras une fin malheureuse tragique, ta mort sera alors lente et atroce ». Ainsi fut-il ! (........)
L'Auteur : Natif de Mecheria, enarque, sciences politiques, ancien juge d'instruction, procureur général (Tizi Ouzou) et chef de cabinet à la chefferie du gouvernement (gouvernement Benflis Ali). Auteur de plusieurs romans... ainsi que d'un essai sur « l'Armée algérienne dans la lutte contre le terrorisme » (en 2012 aux Editions universitaires européennes). Ancien chercheur au Crasc. Enseignant chercheur à l'Ecole supérieure d'Economie d'Oran
Avis : De l'histoire -fiction......qui cache l'Histoire (naissance, jeunesse, militantisme, calculs politiques....) d'un homme, cultivant des complexes multiples et malade de pouvoir et d'un pouvoir malade de ses hommes.
11/ La crise du FLN de l'Etat 1962. Indépendance nationale et enjeux de pouvoir(s). Essai de Amar Mohand-Amer, Editions Frantz Fanon, Alger 2023, 382 pages, 2 000 dinars
Un ouvrage qui reprend et reconfigure une thèse soutenue il y a dix ans et dont le contenu n'est nullement dépassé de nos jours. Un ouvrage qui démontre, faits à l'appui, qu'en matière de détention et d'exercice du pouvoir politique, rien n'est jamais « joué d'avance » et rien n'est durable. Un ouvrage qui analyse un moment de l'Histoire du pays ; un moment en apparence assez court, mais qui se trouve parsemé de très nombreux et difficiles événements où les revirements, les combats fratricides et les protagonistes sont légion. Enfin, un ouvrage qui nous permet de découvre un « historien qui connaît son métier ».
L'Auteur : Docteur en Histoire (Paris 7), chercheur en socio-anthropologie de l'Histoire et de la Mémoire, directeur-adjoint du comité de rédaction de la revue Insniyat (Crasc d'Oran).Travaille sur les processus de transition, les trajectoires individuelles et de groupes, la violence en temps de guerre, les questions mémorielles et les récits historiques alternatifs
Avis : Pour bien comprendre l'évolution politique du pays de l'Indépendance......à nos jours......ou presque. Un ouvrage qui détricote une « crise » avec force
Détails ; une crise certes passagère mais aux retombées profondes sur le poids, l'exercice et les dérives du « pouvoir ».
12/ Sartre et l'Algérie . Essai de Kamal Guerroua (Préface de Salah Guemriche). Tafat Editions, Alger 2023, 239 pages, 1.200 dinars
C'est, je crois, le premier ouvrage consacré pleinement au « couple » : Sartre/Algérie. Faut-il s'en étonner avec l'auteur qui comble ainsi une carence bibliographique dommageable pour la connaissance de la lutte de Libération nationale d'une part et, d'autre part, pour mieux comprendre les engagements des intellectuels étrangers à notre cause. (......)
Côté Algérie, l'auteur vient donc de réparer une immense injustice politique et intellectuelle en osant le pari (réussi) d'étudier le parcours médiatico-politique algéro-français d'un intellectuel de « légende », admirateur et ami de Frantz Fanon (.....)
A la base, J-P Sartre s'est abreuvé et inspiré dans le côté révolutionnaire de Jean Jacques Rousseau lequel en 1762, avait écrit la première phrase du « Contrat social » : « L'homme est né libre et partout est dans les fers ». Un prélude à l'existentialisme sartrien. Aussi avait-il pris parti, à partir de 1950, dans ses œuvres littéraires, sa philosophie et son action, des pays de l'Est, en rupture avec le bloc soviétique, défendu le Tiers monde et ses luttes pour se libérer des griffes de l'impérialisme occidental (Vietnam, Cuba, Algérie...)
L'Auteur : Né en 1982 en Kabylie. Etudes en Algérie puis en France. Journaliste, poète et écrivain. Plusieurs publications dont « Le Chant des sirènes » (premier roman en 2019), « Le Souffle du printemps », « La contagion du bonheur », « L'Algérie révoltée », « Hymne à l'espérance »., « Journal d'un hittiste) ......
Avis : Un essai aussi pertinent par son approche que percutant par son contenu. De la recherche fine et ciblée qui nous réconcilie avec un philosophe qui (en dehors de ses autres positions politiques), grand admirateur et ami de Fanon, a été un fervent défenseur et sans concessions- de la Cause indépendantiste algérienne
13/ Le noble Coran.Traduction du sens de ses versets et annotations..... Recueil de Messaoud Boudjenoun et Kamel Chekat. AlBayazin Editions, Alger 2023, 595 pages, 3 000 dinars
Le Coran (114 sourates : 86 d'origine mecquoise et 28 d'origine médinoise ; 6236 versets), Le Livre sacré par excellence des musulmans, a suscité, depuis toujours, certes l'intérêt des non-musulmans mais aussi, hélas, pas mal de curiosité malsaine, emplie d'arrière-pensées. Les toutes premières traductions vers le français, qui furent l'œuvre d'hommes d'église avaient beaucoup plus comme intention non la connaissance du Livre sacré mais surtout une volonté de le réfuter et démontrer qu'il n'est pas une révélation divine.
Bien d'autres traductions suivirent sous la plume d'orientalistes, pour la plupart Occidentaux ......certaines assez complètes. Des intellectuels musulmans suivirent (Mohammed Hamidullah, Ahmed Ghedira, Salah Eddine Kechrid.......), dont des Algériens (Hamza Boubekeur, Ahmed Laimeche, Malek Chebel, Hachemi Hafiane, Hocine Rais, Mohand Tazrout...).
Aujourd'hui, on a (enfin !) une traduction bien de chez nous, qui , cerise sur le gâteau , est accompagnée d'annotations et de renvois nombreux et précis, fournissant aux croyants, aux sceptiques et ......aux simples curieux , les explications et les clarifications nécessaires pour une meilleure compréhension des versets , surtout ceux à connotation scientifique.
Les Auteurs :-Messaoud Boudjenoun est né en 1959 à Alger. Journaliste, écrivain et traducteur (...................)
-Kamel Chekat est né le 30 janvier 1967 à Alger. Théologien , animateur d'émissions religieuses, en langue française, à la télévision et à la radio nationales (...................)
Avis : Enfin une traduction algérienne très fine et, surtout, accompagnée de notes explicatives. Un travail fabuleux qui mérite une lecture attentionnée. Destiné surtout aux francophones, croyants ou sceptiques ......tout en espérant voir les annotations traduites......en arabe (si ce n'est pas déjà réalisé !)
14/ Mon enfant est différent. Témoignage de Houria Bousdira. Editions El Qobia, Alger 2023, 101 pages, 800 dinars
Hasard malheureux de la vie dans une famille alors heureuse avec des enfants sans handicaps. Nora Ahlem, née dans un véhicule transportant sa maman à l'hôpital le plus proche, est atteinte de microcéphalie : son crâne contenant son cerveau ne se développe pas correctement et, donc ne laisse pas le cerveau grandir, d'où le retard.Une affection très rare.....et il n'existe pas de traitement contre cette pathologie (
)
La seule issue: D'abord un temps de rééducation -assez court en hôpital - pour essayer d'acquérir une gestuelle et une rééducation de confort pour que l'enfant ne se raidisse pas encore plus . Ensuite, une prise en charge par les parents eux-mêmes.
Tout cela va durer des années et des années pour Nora et pour la maman, tout particulièrement. (
)
L'Auteure: Diplômée en sciences naturelles
Avis : Si émouvant que l'on a peine à continuer la lecture. Heureusement l'écriture , simple, directe et claire, aide à surmonter la peine partagée et à continuer la lecture.
Par Belkacem Ahcene-Djaballah
Jeudi 28 decembre 2023
http://www.lequotidien-oran.com/?news=5326398
.
Les commentaires récents