Edwige Laure Mbe et ses quatre enfants ont goûté à la neige deux semaines seulement après leur arrivée en octobre au Canada.
PHOTO : RADIO-CANADA / CAMILLE PAUVAREL
Un premier hiver canadien peut être un moment parfois difficile pour les nouveaux arrivants, généralement peu préparés à faire face à des températures très basses.
Edwige Laure Mbe avait une idée très vague de ce qu'est l’hiver avant son arrivée à Edmonton avec ses quatre enfants, le 5 octobre dernier. Quand on disait l’hiver, la neige et tout, je voyais du tout blanc, du beau, des photos... Je n'avais pas pensé au froid. Je n'arrivais pas à faire le rapport entre l'hiver et le froid
, affirme-t-elle.
Partie de Yaoundé, où la température tourne autour de 28 degrés Celsius, la Camerounaise est sortie de son rêve dès que la première tempête de neige, le 22 octobre, a frappé la capitale albertaine.
Quand la neige a commencé, j'ai dit non. Attendez! Vous blaguez! C'est ça, l'hiver? Il y avait un froid terrible et, du coup, qui gâchait le plaisir de la neige. Un contraste entre la beauté que j'espérais voir depuis toutes ces années et ce que je vis actuellement.
Comme Edwige, Sabrine Mzad a connu le même choc émotionnel lorsqu'elle est arrivée d’Algérie avec son fils et son mari, en mars 2021. Le choc thermique, c'était à l'arrivée, déjà, à Montréal, avant de venir même à Edmonton, qui est censée avoir encore des températures plus négatives. Ma peau avait réagi super bizarrement; j'avais des brûlures de partout, j'avais des plaques rouges au visage
, relate-t-elle.
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En raison de sa peau asséchée et extrêmement déshydratée, Sabrine a dû adopter de nouvelles habitudes : elle a utilisé de l’huile de lavande toute une année pour retrouver l'uniformité de son visage.
Sabrine n'était cependant pas au bout de ses déboires. Elle dit s’être fait mal au dos à plusieurs reprises, à force de glisser sur de la glace.
Je ne savais pas que ça ne suffirait pas à avoir de bonnes bottes, quand il y a du verglas. Il faut faire très attention; il faut, à la limite, imiter le pingouin dans sa démarche.
Edwige et ses quatre enfants ont eux aussi compris qu’ils n’étaient ni assez informés ni équipés pour faire face à l’hiver. La présence de la neige a forcé la famille camerounaise à visiter le magasin le plus proche. On a foncé au supermarché, à Costco; on a pris les manteaux, les blousons, les chaussettes, les gants, les pulls, les chapeaux, bref, tout le nécessaire
, explique la mère de famille.
Dans les rayons, elle devait chaque fois préciser qu’elle ignorait tout de l'hiver, afin de bénéficier des conseils des vendeurs. Ils m'ont juste dit : il faut regarder les températures. Oui, il y a des températures écrites sur les vêtements – -20, -35, -40 degrés –, et les prix aussi…
De tels vêtements peuvent se vendre jusqu’à 1000 $ l’unité, ce qui est trop cher pour cette nouvelle arrivante, habituée au franc CFA, la monnaie de l'Afrique centrale, bien plus faible que le dollar canadien.
Bien s’équiper coûte cher
Edwige Laure Mbe s'ajuste à sa nouvelle réalité, mais le défi reste budgétaire. What? Je vais acheter ça [un manteau] à 300 000 francs (700 $)? Mon budget a trop vite dépassé... Je n'avais pas prévu ce gros écart!
s’exclame-t-elle.
Les manteaux sont vraiment chers pour de nouveaux arrivants comme moi. Mon mari, malgré qu'il soit resté au Cameroun, nous soutient financièrement. Il sait qu'à tout moment, on pourrait avoir des besoins supplémentaires… Je cherche aussi à avoir un job qui nous permettra aussi de gérer à deux.
Pour les soulager, des organismes tels que la Francophonie albertaine plurielle (FRAP) offrent de l'équipement et des conseils aux nouveaux arrivants francophones pour les soutenir et les aider à mieux s’adapter.
C’est sous leurs conseils que Edwige a choisi une option de logement qui garantit à sa famille de rester au chaud durant tout l’hiver. J'ai vu un logement, celui dans lequel nous sommes actuellement, qui correspondait : il y avait le chauffage inclus, et les arrêts de bus sont à trois ou quatre minutes de la maison.
L’organisme offre aussi chaque année, à l’intention des nouveaux arrivants, un atelier qui explique comment s'habiller en hiver.
Avec des informations de Camille Pauvarel
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