Le premier ministre israélien a annoncé s’être rendu dans l’enclave palestinienne. Le ministère de la santé du Hamas a rapporté des bombardements pendant la nuit et lundi matin dans le centre et le sud de la bande de Gaza. Du côté israélien, plus d’une quinzaine de militaires sont morts au cours des trois derniers jours, selon l’armée.
Des soldats israéliens pendant des combats de rue à Khan Younès, le 24 décembre 2023.
Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a annoncé s’être rendu à Gaza lundi 25 décembre, et promis « une intensification » des combats en cours dans le territoire palestinien contre le Hamas.
« Je reviens maintenant de Gaza. Nous n’arrêtons pas, nous continuons de nous battre et nous intensifierons les combats dans les jours à venir et ça sera une longue guerre qui n’est pas près de finir », a déclaré M. Nétanyahou devant les élus de son parti, le Likoud, selon un communiqué de ce dernier.
L’armée israélienne avait également annoncé dimanche intensifier ses opérations dans le Sud de la bande de Gaza, où les frappes israéliennes se poursuivent et les civils sont toujours au bord de la famine. L’enclave palestinienne n’a connu aucun répit pour les fêtes de Noël.
Tôt lundi, un bombardement a fait douze morts près du petit village d’Al-Zawaida (Centre), selon le ministère de la santé de la bande de Gaza, administrée par le Hamas. Pendant la nuit, un bombardement à Khan Younès (Sud) a fait au moins dix-huit morts, a-t-il ajouté dans un communiqué. Le centre du territoire a, par ailleurs, subi une cinquantaine de frappes.
Le week-end a été particulièrement meurtrier dans cette langue de terre surpeuplée et contrôlée depuis 2007 par le Hamas, organisation considérée comme terroriste par Israël, les Etats-Unis et l’Union européenne. Au moins soixante-dix personnes ont été tuées lors d’une frappe dimanche sur le camp de réfugiés d’Al-Maghazi, selon le gouvernement du Hamas. Un bilan qui n’a pas pu être confirmé de manière indépendante par l’Agence France-Presse (AFP). Sollicitée par l’AFP, l’armée israélienne a dit « enquêter » sur cet « incident » et respecter le droit international.
Il faut « tourner la page », dit le patriarche latin de Jérusalem
Du côté israélien, plus d’une quinzaine de militaires sont morts lors des trois derniers jours. Lundi matin, l’armée a annoncé la mort de deux nouveaux soldats, portant à 156 le nombre de ses pertes depuis que ses troupes opèrent au sol dans Gaza. « Nous payons un très lourd tribut à la guerre, mais nous n’avons pas d’autre choix que de continuer à combattre », a martelé dimanche le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou. « Nous sommes confrontés à des monstres », a-t-il insisté dans son message de Noël, adressé aux chrétiens du monde entier.
Le conflit a fait 20 674 morts dans la bande de Gaza, selon le dernier bilan du ministère de la santé du Hamas. Il a aussi forcé 1,9 million d’habitants à fuir leur domicile, soit 85 % de la population selon l’Organisation des nations unies (ONU). Israël a juré de détruire le Hamas, à la suite de l’attaque d’une ampleur et d’une violence sans précédent menée par le mouvement islamiste le 7 octobre, qui a fait environ 1 140 morts, en majorité des civils, selon les derniers chiffres officiels israéliens.
Ce jour-là, les commandos palestiniens ont aussi enlevé environ 250 personnes, dont 129 restent détenues à Gaza, selon Israël. « Nous devons arrêter ces hostilités et tourner la page », a plaidé dimanche le patriarche latin de Jérusalem, Pierbattista Pizzaballa, venu célébrer Noël à Bethléem, en Cisjordanie occupée, arborant un keffieh noir et blanc autour du cou. Dans cette ville qui a vu naître Jésus, selon la tradition chrétienne, les célébrations de Noël ont été largement annulées par la municipalité palestinienne, et la tristesse domine.
Situation humanitaire désastreuse
Dans la bande de Gaza, la situation humanitaire reste désastreuse : la plupart des hôpitaux sont hors service et dans les six prochaines semaines, l’ensemble de la population risque de subir un niveau élevé d’insécurité alimentaire, pouvant aller jusqu’à la famine, selon l’ONU. « La décimation du système de santé de Gaza est une tragédie », a déploré dimanche le chef de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus.
Malgré le vote vendredi par le Conseil de sécurité de l’ONU d’une résolution réclamant l’acheminement « immédiat » et « à grande échelle » de l’aide humanitaire, celle-ci n’avait pas encore connu d’augmentation significative.
« La conduite de l’ONU depuis le 7 octobre est une honte pour l’organisation et la communauté internationale », a écrit sur X le ministre des affaires étrangères israélien, Eli Cohen, s’insurgeant contre les positions du secrétaire général de l’organisation, Antonio Guterres, son personnel et ses institutions.
Insécurité alimentaire
Samedi, une nouvelle mission dirigée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’est rendue dans des hôpitaux de la ville de Gaza, permettant notamment la livraison de plus de 19 000 litres de fioul à l’hôpital Al-Shifa, le plus grand du territoire palestinien, qui avait été assiégé par l’armée israélienne en novembre, a annoncé dimanche soir son directeur général, Tedros Adhanom Ghebreyesus.
Ce que les membres de la mission du 23 décembre ont constaté, « c’est un désespoir croissant dû à la faim », a déclaré M. Tedros, qui a plaidé pour « une augmentation immédiate de [l’acheminement de] la nourriture et de l’eau pour garantir la santé et la stabilité de la population ». Selon le patron de l’OMS, « les combats incessants et un nombre massif de blessés ont mis les capacités [de l’hôpital Al-Shifa] à genoux ». L’établissement ne peut fournir en l’état « que des premiers soins les plus basiques ».
Le chef de l’OMS a d’ailleurs rapporté que des habitants désespérés s’étaient emparés d’aide alimentaire à bord d’un camion qui faisait route vers l’hôpital. « Dans ce contexte de graves pénuries alimentaires, la quête de nourriture (…) pousse certains – désespérés – à prendre de la nourriture des camions de livraison », écrit M. Tedros.
L’armée jordanienne a annoncé dimanche soir que ses forces aériennes avaient largué de l’aide à environ 800 personnes réfugiées dans l’église Saint-Porphyre, dans le nord de Gaza.
De leurs côtés, les médiateurs égyptiens et qataris tentent toujours de négocier une nouvelle trêve, après une pause dans les combats de sept jours à la fin de novembre, qui a permis la libération de 105 otages et de 240 prisonniers palestiniens ainsi que l’entrée à Gaza d’importants convois d’aide humanitaire. Selon une source au sein du Jihad islamique, le chef de ce mouvement armé palestinien allié du Hamas est arrivé à la tête d’une délégation au Caire.
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