Gérard Araud, ancien ambassadeur de France en Israël et aux États-Unis, l’affirme sans ambages : un « nettoyage ethnique » insidieux mais bien réel est en cours au détriment des Palestiniens de Cisjordanie ancrés dans cette terre depuis des millénaires. Et l’Occident fait mine de ne pas s’en rendre compte…
À deux reprises – sur la chaîne de télévision LCI le mardi 14 novembre, puis lors d’une audition à l’Assemblée Nationale le mercredi 15 novembre – l’ancien diplomate, expert de la situation politique du Proche Orient, a clairement qualifié de « nettoyage ethnique au détail » ce qu’il se passe actuellement en Cisjordanie. Or n’en déplaise au député franco-israélien et ami personnel de Benyamin Netanyahou Meyer Habib – le lobbyiste le plus actif d’Israël en France –, force est de constater que les colons juifs poursuivent, avec une effarante détermination dénuée de toute forme de scrupule, leur fuite en avant spoliatrice en continuant de faire main basse sur les terres palestiniennes.
Selon Gérard Araud, les colons israéliens de Cisjordanie mettent en effet à profit les évènements de Gaza « pour se débarrasser d’un village gênant, d’une agglomération, voire d’une famille ». Et pour parvenir à leurs fins « se livrent à des violences aux dépens des Palestiniens » de la région. Des constats pour le moins choquants que confirme à l’AFP l’agriculteur militant palestinien Jaber Dababsi : « Ils utilisent la guerre comme prétexte pour vider nos maisons et s’approprier nos terres ». Et cela au prix de la douleur et du sang des Palestiniens : près de 200 d’entre eux ont été tués depuis le 7 octobre, soit par les colons eux-mêmes, soit par des soldats israéliens en soutien de leurs exactions.
Connu pour son franc-parler, Gérard Araud a également qualifié Israël d’« état d’apartheid ». Entre cette accusation, hélas ! étayée par de nombreuses discriminations à l’égard des Palestiniens, et celle de « nettoyage ethnique », on n’est pas très loin de l’accusation d’« état fasciste ». D’ores et déjà, elle est proférée ici et là, et trouve sa justification dans le projet de « mise en œuvre de l’annexion de la Cisjordanie », publiquement théorisée par le Likoud dès 2017. Et cela avant même que le gouvernement israélien ne soit de facto placé sous l’influence des plus extrémistes des religieux et des plus radicaux partisans de la colonisation de la Cisjordanie.
« En aucune façon, nous n’accepterons de devenir fascistes et racistes », clamaient en janvier 2023 des opposants au gouvernement de Netanyahou, soucieux de constater les inquiétantes dérives du pouvoir en place. Encore membre du gouvernement il y a moins d’un an, Avigdor Liberman – ancien membre du Likoud - a très bien illustré ce que pensent, à défaut de le dire ouvertement, les plus extrémistes de ceux qui encouragent la dérive fasciste dans les allées du pouvoir : « Les Israéliens arabes n’ont pas leur place ici ; ils peuvent prendre leur baluchon et disparaître ». Liberman est même allé plus loin en affirmant : « Ceux qui sont contre nous méritent d’être décapités à la hache » !
Pousser les Palestiniens de Cisjordanie (et même les Israéliens arabes qui disposent pourtant sur le papier des mêmes droits) vers la sortie du pays – qu’ils aillent au Liban, en Jordanie ou même au diable – pour accaparer définitivement leurs biens est clairement l’objectif des tenants d’un État d’Israël élargi et placé dans les seules mains des Juifs. Et ce ne sont ni Itamar Ben-Gvir, ministre de la Sécurité nationale, ni Bezalel Smotrich, ministre des Finances, tous deux issus du Parti sioniste religieux – des extrémistes qui promeuvent en toutes occasions le suprémacisme et la colonisation sans le moindre état d’âme – qui introduiront de la mesure dans la prise de décision gouvernementale.
« Mon droit, ainsi que celui de ma femme et de mes enfants, de circuler en Cisjordanie est plus important que celui des Arabes », affirmait Ben-Gvir au mois d’août sans être démenti par Netanyahou. De son côté, son ami Smotrich se vante ouvertement d’être un « fasciste homophobe », partisan d’une annexion pure et simple de la Cisjordanie. Mais quid de Gaza qui n’a jamais fait partie d’Eretz Israël ? La question n’est pas tranchée, mais la légitime réplique de l’État hébreu aux atroces crimes terroristes commis par le Hamas le 7 octobre offre une belle occasion aux faucons d’imposer à ce territoire des destructions massives et d’effrayants massacres sous la forme d’une Loi du talion exercée à la puissance 10.
Dès lors, où peuvent aller les Gazaouis ? L’Égypte ne veut pas d’eux, le nord de l’enclave est presque totalement réduit à l’état de ruines, et Israël a entrepris de bombarder le sud. La nasse ne cesse de se refermer sur une population qui compte, chaque jour, toujours plus de morts, notamment parmi les enfants, les femmes et les vieillards. Qu’à cela ne tienne, Yoav Gallant, le ministre de la Défense, affirmait le 10 octobre être déterminé à « combattre des animaux humains » (comprendre les militants du Hamas). Il est en passe de réussir à en éliminer quelques-uns dont on retrouvera les cadavres au milieu de ceux de milliers de Gazaouis n’ayant jamais touché une arme de leur vie ni menacé le moindre Juif israélien !
Peut-on parler à propos d’Israël de « nettoyage ethnique », de « dérive fasciste » ? À chacun d’en juger...
IL FAIT FUIR MEYER HABIB
Par micheldandelot1 dans Accueil le 21 Novembre 2023 à 13:17
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