La partie gazaouie du tournage du film a dû être confiée à des opérateurs palestiniens. © Hérisson Rebelle Production
Le documentaire de Roland Nurier, Yallah Gaza, sort en salles le mercredi 8 novembre. De nombreux témoignages et des images rares de ce bout de territoire racontent le quotidien de ses habitants. Avant le 7 octobre.
Yallah Gaza (en avant Gaza) a été tourné en 2022. Le réalisateur, ne pouvant se rendre à Gaza, a confié la partie gazaouie du tournage de son film à des opérateurs palestiniens, assurant lui-même la réalisation des séquences tournées en Israël et en France. Que nous donne à voir le film de cette prison à ciel ouvert ? Des enfants qui jouent dans les rues avec des jouets de fortune ; des jeunes dansant le dabké au milieu des ruines de la ville ; de jeunes footballeuses qui tapent fièrement dans un ballon, quand, dans l’équipe des garçons, certains n’ont plus qu’une jambe pour jouer. Deux vieux amis, l’un musulman, l’autre chrétien qui se rend à la messe du vendredi soir. Un pêcheur contraint de pêcher sous la menace de la marine israélienne. Un paysan dont les champs sont régulièrement arrosés de pesticides par des avions israéliens. Et ce vieux grand-père qui raconte à ses petites-filles la Nakba. Mais aussi des enseignants, des étudiants, des assistantes sociales. Des étals et des marchés achalandés, des embouteillages dans les rues de Gaza City. Des images rarement vues, loin d’une vision uniforme de cette prison à ciel ouvert.
Gaza filmé dans toutes ses composantes
Yallah Gaza raconte le quotidien des Gazaouis soumis à un blocus féroce qui n’est jamais venu à bout de cette « résilience légendaire », des soldats israéliens tirant sur des manifestants en visant systématiquement les jambes, un territoire où « il n’y a pas de frontières, mais des checkpoints ». À Gaza, « le simple fait d’exister, c’est résister » entend-on dans le film. Si Gaza est victime du blocus israélien, Gaza souffre, Gaza danse, Gaza étudie, Gaza travaille, Gaza joue. Gaza vit.
Depuis le 7 octobre et les crimes perpétrés par le Hamas, puis les raids aveugles opérés depuis un mois par l’armée israélienne contre la population gazaouie, difficile de voir ce film comme on l’aurait regardé avant. Gaza était une prison à ciel ouvert. Elle est en passe de devenir un cimetière à ciel ouvert.
Les opérateurs palestiniens ont filmé Gaza dans toutes ses composantes. Le film donne la parole à la société civile, y compris à un dirigeant politique du Hamas, ce qui n’est pas simple à entendre et à accepter aujourd’hui. Ce sera la seule allusion au pouvoir politique à Gaza et on se demande bien pourquoi. Censure ? Autocensure ? Il faudra attendre des paroles extérieures à Gaza, celles de militants israéliens pour la paix, d’observateurs étrangers pour que la question du pouvoir politique à Gaza soit abordée.
Puissant, bouleversant, dérangeant parfois
Le réalisateur Roland Nuriez donne la parole à des militants israéliens qui dénoncent les colonisations, à un ancien militaire qui a refusé de bombarder Gaza lors de l’opération « Plomb durci ». À des historiens (Jean-Pierre Filiu, professeur à Sciences-Po), des journalistes (Sylvain Cypel d’Orient XXI), des avocats (Gilles Devers), un chirurgien français qui opère à Gaza (Christophe Oberlin) ou encore au cinéaste Ken Loach. Et on comprend que le pouvoir fondamentaliste et autoritaire du Hamas, comme l’instrumentalisation cynique et meurtrière du pouvoir israélien (Hamas contre Fatah) finissent par rendre définitivement impossible toute perspective de paix.
Yallah Gaza est un film puissant, bouleversant, dérangeant parfois. Un film qui rend hommage au peuple gazaoui, à son courage. Que peuvent engendrer la politique suicidaire du gouvernement israélien, le blocus de la bande de Gaza depuis 2007, la stratégie meurtrière du Hamas ? Que sont devenus ces hommes, ces femmes et ces enfants filmés il y a à peine un an ? Sont-ils encore vivants ? Sont-ils blessés ? Ont-ils pu quitter Gaza ? Sont-ils morts ? Nous reviennent en mémoire les mots de Mahmoud Darwich : « Nous
souffrons d’un mal incurable qu’on appelle l’espoir. »
SOURCE : Filmer la vie à Gaza - L'Humanité (humanite.fr)
GWENAËLLE LENOIR > 25 NOVEMBRE 2023
Jamais un média populaire et indépendant, qui n’est détenu ni par de riches oligarques ni par l’Etat, n’avait arraché le droit d’être diffusé à la TV ! Nous si !
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Par micheldandelot1 dans Accueil le 26 Novembre 2023 à 11:07
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