Rien n’a filtré de la teneur des discussions qu’a eu à Alger le ministre français de l’Intérieur, ni sur l’objet de sa visite d’ailleurs, mais le fait qu’il soit reçu au plus haut niveau de l’État peut être interprété comme un signe de réchauffement entre les deux capitales.
Comme nous l’avions annoncé samedi, Gérald Darmanin effectue une visite surprise en Algérie. Ce dimanche 5 novembre, il a été reçu par le président de la République Abdelmadjid Tebboune.
Le communiqué de la présidence de la République annonçant l’audience n’a rien précisé de sa teneur, indiquant seulement que le ministre de l’Intérieur, Brahim Merad, le directeur de cabinet de la présidence Nadir Larbaoui et l’ambassadeur d’Algérie en France Saïd Moussi, étaient présents.
De son côté, le ministère de l’Intérieur a indiqué que la visite de M. Darmanin s’inscrit dans le cadre de l’agenda des rencontres prévues sur les dossiers de coopération bilatérale entre les ministères de l’Intérieur algérien et français.
Avant d’être reçu par le chef de l’État, le ministre français avait été reçu par son homologue algérien.
La rencontre a vu la présence des cadres du ministère, de l’ambassadeur d’Algérie en France et du directeur général de la Sûreté nationale. Ce qui suppose que la coopération sécuritaire et la question des reconduites aux frontières des clandestins algériens en France sont parmi les points au menu du déplacement à Alger du ministre français de l’Intérieur.
Le déplacement survient en effet alors que Gérald Darmanin lui-même a annoncé l’accélération des procédures d’expulsion de près de 200 radicalisés. Au lendemain de l’assassinat d’un professeur à Arras, le 13 octobre, le président Emmanuel Macron avait ordonné de passer au peigne fin le fichier national des personnes radicalisées expulsables.
L’actualité en France est dominée, outre par les répercussions en interne du conflit israélo-palestinien, par la présentation d’une nouvelle loi sur l’immigration que la droite et l’extrême-droite veulent plus dure. Ce courant réclame aussi la révocation de l’accord algéro-français de 1968 sur l’immigration, contre l’avis des gouvernements des deux pays.
Alger – Paris : des signes de réchauffement
La visite de Darmanin vient confirmer qu’il y a au moins un léger mieux dans la relation entre Alger et Paris. Depuis l’affaire Amira Bouraoui en février dernier, il n’y a pas eu d’incident majeur qui puisse justifier une crise, mais la relation bilatérale a traversé une période de ni brouille ni lune de miel, marquée par les spéculations sur le report de la visite de Abdelmadjid Tebboune à Paris. Annoncée pour mai puis pour juin dernier, le déplacement n’a jamais eu lieu alors que le président algérien s’est rendu à Moscou puis à Pékin et Ankara.
En août dernier, M. Tebboune a néanmoins assuré que la visite était maintenue et qu’Alger était dans l’attente de sa programmation par la partie française.
Ces dernières semaines, le chef de l’État a reçu à deux reprises le nouvel ambassadeur de France en Algérie, Stéphane Romatet, porteur à chaque fois d’un message d’Emmanuel Macron. Lors de la présentation de ses lettres de créance, fin septembre, M. Romatet avait déclaré à sa sortie du bureau du président algérien qu’il arrivait en Algérie, « un pays si proche de la France », avec « un agenda positif ».
Ayant la charge de la gestion de la dimension humaine de la relation algéro-française, très importante par la forte communauté algérienne présente en France, Gérald Darmanin est autant concerné par la relation avec l’Algérie que son homologue du Quai d’Orsay.
Il était aux avant-lignes lors de la crise de l’automne 2021, lorsque la France avait décidé d’imposer un taux de refus de 50% sur les demandes de visas des Algériens pour contraindre les autorités algériennes à délivrer les laissez-passer consulaires à leurs ressortissants sous OQTF (obligation de quitter le territoire français).
Aux chiffres présentés par le ministre français de l’Intérieur, le président Tebboune a répondu qu’il s’agissait d’un « gros mensonge ». « Moussa Darmanin a bâti un gros mensonge », avait indiqué le président de la République en octobre 2021 lors d’un entretien télévisé, désignant le ministre français par son autre prénom qu’il tient de son grand-père, un tirailleur algérien.
C’est le même Darmanin qui a acté le retour à la normale dans l’octroi des visas lors de sa visite à Alger en décembre 2022.
Par:
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