La manifestation du jour, souligne son président Abdennacer Naït-Liman, «a pour objet de rappeler aux oppresseurs israéliens qu’ils sont tenus, eux aussi, de respecter les principes de la Charte des Nations unies.» L’événement intervient alors que plusieurs pays d’Europe serrent la vis aux démonstrations de soutien à la Palestine, jugés «susceptibles de générer des troubles à l’ordre public».
«N’importe quel peuple se rebellerait dans ces conditions»
L’air résigné, Rachid Houchen, Genevois originaire d’Algérie, se gratte le front. «Ça fait des décennies que ça dure, dit-il. On grignote le territoire palestinien. Les traités internationaux sont ignorés. C’est l’habituel deux poids deux mesures. On n’en peut plus. On est venus pour défendre la cause palestinienne.»
Derrière lui, un autre homme déambule avec une pancarte portant cette question: «Quand viendra le jour où les sionistes seront jugés comme des nazis?» En attendant les premiers discours, de la musique orientale s’enclenche dans les haut-parleurs. Hania, la vingtaine, n’est pas non plus Palestinienne, dit-elle, «mais Libyenne». Toutefois, elle précise partager le fardeau palestinien. «Il est temps que l’occupation israélienne prenne fin, dit-elle. Il est décevant de voir les Ukrainiens fêtés comme des héros qui résistent à l’envahisseur alors que tous les Palestiniens sont mis dans le sac des terroristes. N’importe quel peuple se rebellerait dans ces conditions.»
Qualifier le Hamas de «terroriste»?
A la question qui occupe la politique suisse de savoir si le Hamas doit désormais être labellisé «organisation terroriste», la réponse est toujours la même. «Et les Israéliens? Ce ne sont pas aussi des terroristes?»
De l’autre côté de la rue, une dizaine de policiers surveille la situation, alors qu’Hani Ramadan, frère de Tariq, prend le micro: «Comment en est-on venu au sein des gouvernements occidentaux à soutenir une armée qui massacre des civils par milliers? demande le prédicateur. Et cela, depuis des décennies. Comment criminaliser une résistance légitime? Comment passer sous silence la colonisation sioniste au mépris du droit international? Les maisons de Jérusalem-Est qui sont détruites? Et personne ne dit rien. Gaza, qui est une prison à ciel ouvert, soumise à un blocus inhumain. Et personne ne réagit. Nous déplorons que le sang soit versé de part et d’autre, mais les premiers responsables sont les colonisateurs. Et pas les colonisés.»
Un message de Gaza
Envoyé depuis Gaza, le message vocal d’un résident enregistré avant que son téléphone ne s’éteigne faute d’électricité disponible fait état d’une situation «génocidaire». Dans la foule, les participants hochent la tête. «Au moins, dit Abdennacer Naït-Liman, ici nous pouvons nous exprimer. Je remercie la police et la ville de Genève. Dieu merci, nous sommes en Suisse!»
Des interdictions de Zurich à Berlin, en passant par la France
En fin de journée, Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur français, ordonnait en effet l’interdiction des manifestations pro-palestiniennes «parce qu’elles sont susceptibles de générer des troubles à l’ordre public», ajoutant que «leur organisation devait donner lieu à des interpellations».
La ville de Berlin interdisait également une manifestation pro-palestinienne ce jeudi, tandis que l’Université de Zurich et l’EPFZ annonçaient aussi «ne pas tolérer» un rassemblement prévu sur le site intitulé «Solidarité avec la Palestine – Intifada jusqu’à la victoire».
https://www.letemps.ch/suisse/geneve/geneve-a-accueilli-une-rare-manifestation-autorisee-de-soutien-a-la-palestine
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