Alors que la guerre obscurcit le pourtour méditerranéen, les débats des Rencontres d’Averroès explorent l’histoire des empires. Du déclin de celui de Rome à nos jours. Du 16 au 19 novembre.
Il s’agit de ne pas crever séparément, mais de vivre ensemble. » Ces mots écrits par Albert Camus pendant la guerre d’Algérie, Thierry Fabre les partage « à l’heure où le désir d’empire fait son retour en Europe et en Méditerranée ». Il faut dire que le fondateur des Rencontres d’Averroès, dont la 30e édition dissèque « ce qui entraîne la chute des empires ou qui, au contraire, maintient leur cohésion », est hélas conforté dans son choix par la situation
Actuelle Moyen-Orient. Il tient d’ailleurs à apporter « une réponse émue et attentive à toutes les victimes civiles, israéliennes et palestiniennes, prises dans les mâchoires de fer de ce conflit armé. Lorsqu’elles sont nées il y a trente ans, les Rencontres d’Averroès avaient pour horizon la paix, dans le sillage des conférences de Madrid et d’Oslo. Aujourd’hui, celui devant nous c’est la guerre ». Du 16 au 19 novembre, les intellectuels conviés à La Criée lors des quatre tables rondes de cette manifestation qui « pense la Méditerranée des deux rives » frotteront leurs savoirs pour interroger si « tout empire périra ? », selon la formule empruntée à l’historien Jean-Baptiste Duroselle.
Articulée autour du thème « Empires de dieu contre empires des hommes ? », la première d’entre elles conviera des historiens. Claire Sotinel qui « a travaillé sur la fin de l’empire romain et la naissance du christianisme », Arietta Papaconstantinou, dont les recherches se tournent vers « les interactions entre l’empire byzantin et le monde de l’islam », Annliese Nef et sa connaissance de « la Sicile musulmane », du « croisement des empires », et Gabriel Martinez-Gros, « spécialiste d’Al-Andalus ».
« Avec l’empire romain, l’empire ottoman fut parmi les plus étendus dans le monde méditerranéen. Les empires coloniaux, notamment russes, britanniques et français, ont pris ensuite la main. On peut dater ce moment pivot avec l’expédition de Bonaparte en Égypte en 1798 », expose Thierry Fabre, pour introduire la deuxième table qui réunira Sylvie Thénault, spécialiste de la colonisation et de la guerre d’indépendance algérienne, ou encore M’hamed Oualdi, récemment auteur d’Un esclave entre deux empires. Une histoire transimpériale du Maghreb. Un ouvrage qui démonte les propos de Macron sur une Algérie qui aurait oublié la domination ottomane, en la comparant avec la domination coloniale.
Ingérences fatales et guerres menées par les États-Unis, la Russie et la Turquie en ligne de mire, la troisième discussion tournera autour du « choc et du retour des empires en Méditerranée contemporaine ». La dernière table ronde s’attachera, elle, à tracer le chemin pour aller « au-delà des empires », entre autres à la lumière de la sociologue libanaise Nahla Chahal ou de Kamel Jendoubi, ministre tunisien des Droits de l’homme juste après la Révolution de 2011.
Outre ces débats, les artistes auront également droit de cité lors des Rencontres d’Averroès, dirigées pour la dernière fois par Thierry Fabre : à La Criée, avec une plongée intime et musicale dans l’univers de l’auteur et dessinateur marseillais Kamel Khélif, puis la lecture de textes de la Résistance signés René Char ; mais aussi à l’Espace Julien, à travers un concert-hommage à Rachid Taha, de Rodolphe Burger, Sofiane Saidi et Mehdi Haddab ; et enfin, au Silo, où se produiront les derviches tourneurs de Damas.
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