Dans une déclaration commune, une soixantaine d'intellectuels israéliens - parmi lesquels Eva Illouz, David Grossman ou Mossi Raz - déplorent la réponse inadéquate de certaines voix de la gauche aux événements. « Nous insistons sur le fait qu'il n'y a pas de contradiction entre le fait de s'opposer fermement à l'assujettissement et à l'occupation des Palestiniens par Israël et le fait de condamner sans équivoque les actes de violence brutaux commis contre des civils innocents. »
Déclaration au nom des progressistes et des militants pour la paix basés en Israël concernant les débats sur les événements récents dans notre région :
Nous, universitaires, leaders d'opinion et militants progressistes installés en Israël et engagés en faveur de la paix, de l'égalité, de la justice et des droits de l'homme, sommes profondément peinés et choqués par les récents événements survenus dans notre région.
Nous sommes également très préoccupés par les réponses infondées avancées par certains représentants de la gauche américaine et européenne, après que tant de civils israéliens eurent été visés par le Hamas. De telles réactions témoignent selon nous d’une tendance inquiétante dans la culture politique de la gauche mondiale.
Le 7 octobre 2023, le Hamas a lancé une attaque sans précédent conduisant à des meurtres de masse sur les personnes de civils innocents tués dans leurs maisons. Une violence aveugle s’est déchaînée contre des femmes, des personnes âgées et des enfants, doublée d’enlèvements de citoyens pris en otages.
Des familles entières ont été anéanties dans ce carnage, des communautés entières ont été réduites en cendres, des corps ont été mutilés, des enfants en bas âge ont été massacrés. On ne saurait nier les dommages causés par de telles actions, tant au niveau personnel que collectif. Les événements traumatisants de ce samedi d'octobre marqueront durablement nos cœurs et nos mémoires.
Comme prévu, en représailles aux actions du Hamas, l'État d'Israël a lancé une opération militaire massive contre Gaza. Nous ne pouvons encore connaître avec certitude le nombre de victimes de ces attaques, mais il est probable qu'il dépasse tout ce dont nous avons été témoins jusqu'à présent.
Ces agressions en chaîne nuisent gravement à notre lutte de longue date contre l'oppression et la violence, ainsi qu’à notre recherche en faveur de l’égalité et des mêmes droits pour tous les habitants d'Israël et de Palestine. Nous avons plus que jamais besoin du soutien et de la solidarité de la gauche mondiale, sous la forme d'un appel sans équivoque contre la violence aveugle envers les civils des deux côtés.
Nombre de nos homologues dans le monde ont exprimé une réelle opposition à l'attaque du Hamas et ont offert un soutien sans ambiguïté aux victimes. D'éminentes voix dans le monde arabe ont également fait savoir que rien ne justifiait le meurtre sadique d'innocents.
Toutefois et à notre grand désarroi, certains éléments de la gauche mondiale, des individus qui étaient jusqu'à présent nos partenaires politiques, ont réagi avec indifférence à ces événements horribles et ont même parfois justifié les actions du Hamas.
Certains d’entre eux allant jusqu’à refuser de condamner les violences du Hamas, au prétexte que ce n’est pas à des étrangers du juger les types d’action choisis par les opprimés. D'autres ont minimisé les souffrances et les traumatismes subis, arguant que la société israélienne avait provoqué cette tragédie. D'autres encore se sont abrités derrière de prétendues comparaisons historiques et de pseudos- arguments rationnels coupés de toute émotion. Enfin il y a même un petit nombre, minoritaire, pour qui ce jour le plus sombre de l'histoire de notre société s’est avéré un motif de célébration.
Une telle gamme de réponses nous a surpris. Nous n'aurions jamais imaginé que des personnes de gauche, défendant l'égalité, la liberté, la justice et le bien-être, puissent faire preuve d'une insensibilité morale et d'un détachement politique aussi extrêmes.
Soyons clairs : le Hamas est une organisation théocratique et répressive qui s'oppose avec véhémence à toute tentative de promotion de la paix et de l'égalité au Moyen-Orient. Ses engagements sont fondamentalement incompatibles avec les principes de la gauche progressiste – et la tendance de certains extrémistes de gauche à glorifier les actions du Hamas nous paraissent totalement absurdes.
Rien ne justifie que l’on abatte des civils chez eux, que l'on assassine des enfants sous les yeux de leurs parents, ou que l'on torture et assassine celles et ceux qui font la fête. Légitimer ou excuser de tels actes revient à trahir les principes essentiels de la gauche.
Nous insistons sur le fait qu'il n'y a pas de contradiction entre le fait de s'opposer fermement à l'assujettissement et à l'occupation des Palestiniens par Israël et le fait de condamner sans équivoque les actes de violence brutaux commis contre des civils innocents. Ces deux positions doivent être défendues, simultanément, par quiconque se réclame de la gauche.
Le 7 octobre est un jour sombre dans l'histoire d'Israël et de la Palestine et dans la vie des peuples de cette région. Ceux qui refusent de condamner les actions du Hamas nuisent considérablement à la possibilité que la paix devienne une option politique viable et pertinente. Ils affaiblissent la capacité de la gauche à présenter un horizon social et politique constructif et à réduisent à une force politique extrême, étroite et aliénante.
Nous appelons nos amis et camarades de gauche à revenir à une politique fondée sur des principes humanistes et universels, à prendre clairement position contre les violations des droits de l'homme sous toutes leurs formes et à nous aider dans la lutte pour briser le cycle de la violence et de la destruction.
Signataires :
Prof. Aviad Kleinberg, President of the Ruppin Academic Center
Avirama Golan, author and journalist
Prof. Avner Ben-Zaken, Institute for Israeli Thought
Ibtisam Mara'ana, Former MK, Labor Party
Adam Raz, Historian, Human rights activist
Prof. Eva Illouz, Directrice d’études EHESS Paris, Membre of Institute for Israeli Thought
Dr. Ofek Birnholtz, Bar Ilan University
Ortal Ben Dayan, Social Activist
Ori Ben Dov, Social Activist
Uri Weltmann, National Field Organizer - Standing Together
Ori Kol, Social Entrepreneur
Dr. Orit Sônia Waisman, David Yellin Academic College of Education, Jerusalem
Eilon Tohar, Social Activist
Iris Leal, Authorן, Alon-Lee Green, National Co-Director of Standing Together
Dr. Eli Lamdan, Nemala Publishing House
Dr. Eli Cook, Head of the General History Department, Haifa University
Dr. Almog Kasher, Bar Ilan University
Prof. Orna Ben-Naftali, the College of Management Law Faculty and the Van Leer Jerusalem Institute
Josh Drill, Social Activist
Ghadir Hani, peace activist, Standing Together
Prof. Gila Stopler, Faculty of Law, College of Law and Business
Prof. Galia Sabar, Tel Aviv University. Former President of Ruppin College
Dr. Dov Khenin, Former MK, Hadash, Tel Aviv University
Dr. David Lehrer, Arava Institute for Environmental Studies
David Grossman, author
Dorit Hadar Persky, M.A teacher for special education, David Yellin Academic College of Education, Jerusalem
Dr. Dahlia Scheindlin, Political Scientist and board member, A Land for All
Prof. Dan Rabinowitz, Tel Aviv University
Dr. Dana Mills, author and human rights activist
Prof. Danny Gutwein, Haifa University
Prof. Dani Filc, MD PhD, Standing Together
Dr. Hagar Gal, David Yellin Academic College of Education, Jerusalem
Vered Livne, former Director General of The Association for Civil Rights in Israel (ACRI) and leadership member of Standing Together
Taleb el-Sana, Former MK, Arab Democratic Party, Head of High Committee for Arab Citizens of the Negev
Yoav Hareven, leadership member of Standing Together
Prof. Yoav Goldberg, Bar-Ilan University
Prof. Jonathan Rubin, Bar Ilan University
Yossi Sucary, Author
Dr. Yofi Tirosh, Tel Aviv University
Prof. Yael Hashiloni-Dolev, Ben-Gurion University, Sociology and Anthropology Department
Dr. Yael Sternhell, Tel Aviv University,
Dr. Yiftah Goldman, David Yellin Academic College of Education, Jerusalem
Dr. Carmel Shalev, Faculty of Law, Tel Aviv University
Dr. Lisa Kainan, David Yellin Academic College of Education, Jerusalem
Prof. Meir Yaish, Haifa University,
Mossi Raz, former MK, Meretz
Dr. Meital Pinto, Zefat Academic College, Ono Academic College
Meital Peleg Mizrachi, Postdoctoral fellow at Yale University, environmental justice researcher
Mickey Gitzin, New Israel Fund, Executive Director in Israel
Dr. Miri Lavi Neeman, Arava Institute for Environmental Studies
Prof. Moshe Zuckermann, Tel Aviv University
Nadav Bigelman, Social Activist, member of Standing Together
Prof. Noam Zohar, Bar Ilan Univesity
Niv Meyerson, Social and environmental justice activist
Prof. Nir Avieli, Ben Gurion University
Dr. Nir Barak, Ben Gurion University of the Negev
Sally Abed, Member of national leadership, Standing Together
Dr. Adi Makmal, Engineering Faculty, Bar-Ilan Uni. Israel
Odeh Bisharat, Writer
Prof. Eran Dorfman, Literature Department, Tel Aviv University
Prof. Amit Schejter, department of communication studies, Ben-Gurion University, chairman of ACRI
Dr. Anat Herbst-Debby, The Gender Studies program, Bar-Ilan University
Dr. Ofri Ilany, Van Leer Institute, historian and journalist
Eran Nissan, Mehazkim, CEO
Tzlil Rubinshtein, Social Activist
Ran Heilbrunn, Writer
Dr. Ronit Donyets Kedar, College of Law and Business
Prof. Ruth Halperin-Kaddari, Bar-Ilan University Faculty fo Law
Dr. Raphael Zagury-Orly, Institut Catholique de Paris
Dr. Shlomit Aharoni Lir, Bar Ilan University
Prof. Sharon Armon-Lotem, Bar-Ilan University
Tom Yagil, Social and Environmental Justice Activist
Dr. Tamar Ascher Shai, David Yellin Academic College of Education, Jerusalem
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